LIBRARY UNIVERSITY OF CALIFORNIA RIVERSIDE Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/lartdevrifierl04ward L'ART DE VÉRIFIER LES DATES DES FAITS HISTORIQUES, DES CHARTES, DES CHRONIQUES, ET AUTRES ANCIENS MONUMENTS, DEPUIS tk. NAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR. L'ART DE VÉRIFIER LES DATES DES FAITS HISTORIQUES, DES CHARTES, DES CHRONIQUES, ET AUTRES ANCIENS MONUMENTS, DEPUIS LA NAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR, Par le moyrn fl'une Table Chronologique , où l'on trouve lea Olympiades, les Années de J. C. , de l'Ere Julienne ou de Jules César , des Ères d'Alexandrie et de Constantinople, de l'Ere des. Séleucldes, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, de l'Ere des Martyrs, de l'Hégire; les Indictions, le Cycle Pascal, les Cycles Solaire et Lunaire , le Terme Pascal , les Pâques , les Épactes , et la Chronologie des Eclipses ; Avec deux Calendriers Perpétuels, le Glossaire desDates, le Catalogue de^ Saints ; le Calendrier des Juifs ; la Chronologie historirjue du Nouveau Testament; celle des Conciles, des Papes, des quatre Patriarches d'Orient, des Empereurs Romains, Grecs; des Rois des Huns, des Vandales, des Gofhs, des Lombards, des Bulgares, de Jérusalem, du Chypre; des Princes d'Antioche; des Comtes de Tripoli ; des Rois desj Paithes, des Perses, d'Arménie; des Califes, des Sultans d'Iconium , d'Alep , de Damas; des Empereurs Ottomans ; des Schahs de Pêne ; des Grands-Maîtres de Malte, du Temple ; de fous les Souverains de l'Europe; des Empereurs de la Chine; des grands Feudalaires deFrance^ d'Allemagne, d'Italie; des RépubJiijucs de \ enise , de Gènes, dç\ Provinces— Unies, etc., etc., etc. PAR UN RELIGIEUX DÉ LA CONGRÉGATION DE SAINT-MAUG : Réimprimé avec des corrections et annotations, et continué jusqu'à nos jours , Par M. DE Saint-Allais, chevalier de plusieurs Ordres, auteur 4c l'Histoire généalogique des INIaisons souveraines de l'Europe. TOME QUATRIEME. A PARIS, RUE DE LA YRILLIÈRE, N". lo, PRÈS LA BANQUE. VAI..ADE, IMPRIMEUR DU ROI, RUE COQUILLIÈRE. 1618. 4) L'ART DE VÉRIFIER LES DATES. SUITE DE LA , CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES PATRIARCHES DE L'ÉGLISE D'ORIENT. X-JA ville d'Antioclie, bâtie sur TOronte par Séleucus Nicalor , premier roi de Syrie, devint la capitale des états do re prince et de ses successeurs. Réduite avec toute la Syrie sous la puissance des Romains pai Pompée , elle conserva ses anciennes préroga- tives , et continua d'être regardée comme la capitale des quinze provinces dont était composé le royaume de Syrie , et qui for- mèrent dans la suite' le diocèse d'Orient. Ces provinces , gouvernées par un vicaire du préfet du prétoire , qui pre- nait le titre de comte d'Orient, étaient .suivant la Notice de l'Empire, la Palestine, la Syrie, la Phénicie, l'île de Chypre , la première Cilicie, la deuxième Palestine, la Palestine salu- taire , la Phénicie du Mont-Liban , l'Euphratésienne , la Syrie salutaire , l'Osrohène , la Mésopotamie , la deuxième Cilicie , l'isaurie et l'Arabie ; à quoi il faut ajouter une partie de la Perse. Toutes ces provinces réduites ensuite, sans démembre- ment , par une nouvelle division , au nombre de sept , savoir : IV. I a, chuokologie historique la Syrie creuse, ou la Cëlésyrie, la Phénicie , la Palestine ^ l'Arabie, (ce qu'il faut entendre de l'Arabie pétrée ; car les Ko- mains n'allèrent jamais plus avant. } La Cilicie, la Mésopotamie et risaurie furent également soumises à l'évêque d'Antiocbe, qui jouissait du second rang dans Téglise orientale , jusqu'à ce qu'il déféra au canon du deuxième concile général, qui attri- buait le premier à l'évêque de Constanlinople. PATRIARCHES D'ANTIOCHE. I. SAINT PIERRE. Saint Pierre fonda l'église d'Antiocbe en l'an de J. C. 3G. 11 trouva en y arrivant un grand nombre de juifs et de gent'is , convertis par les fidèles qui étaient venus de Judée. Ce lut dans Antiocbe, comme nous l'apprend saint Tau., que les disciples de J. C. commencèrent à être appelés cbrérlens. Saint Pierre quitta cette ville en 42 pour' établir un nouveau siège à Rome. II. EVODE. 42. EvoDE fut nommé par saint Pierre pour son successeur dans l'église d'Antiocbe, lorsque cet apôtre partit pour se ren- dre à Rome. Son épiscopat fut d'environ vingt six ans. Il mou- rut, et probablement avec la gloire du martyre, sur la fin de la persécution et de l'empire de Néron, c'est-à-dire l'an 6<'i. L'église latine honore sa mémoire le G mal, et l'église grecque le 29 avril et le 7 septembre. III. SAINT IGNACE. 68. Ig>;ace , surnommé Théophore, disciple de saint Jean l'évangélisle, fut ordonné évcque par saint Pierre, suivant Ku- sèbe , saint Chrysostôme et Théodoret, du vivant d'Evode au- quel il succéda. Son gouvernement fut remarquable , et par sa longue durée et par l'éclat des vertus qu'il fit briller dans iVpis- copat. On admire ses lumières et Tardeur de sa charité dans les sept lettres qui nous restent de lui ; monument précieux dont Fauthenticlté a été vainement combattue par quelques pro- testants, et solidement établie par d'autres. L'empeieur Trajan , passant par Antiocbe, le fit comparaître devant lui pour rendre raison de sa foi. Sur ses réponses vraiment apostoliques, il le condamna à être conduit à Rome pour y êlie dévoré par les hèles. L'année de bon martyre est un point contesté parmi les DES PATRIARCHES D'aNTIOCHE. 3 critiques : les uns le mettent, d'après saint Chrysostôme , au 20 décembre de l'an 107; les autres,? avec le P. Pagi, le rap- portent au même jour de l'an 116. Ce dernier sentiment nous paraît le mieux appuyé. ( Pagi, le Quien. ) IV. HERON. 116. HÉRON, suivant Eusèbe , fut le successeur de saint Ignace dont il était disciple, et qui l'avait ^ordonné diacre. Le même historien lui donne vingt ans d'épiscopat. Il mourut, per conséquent , l'an i36 de J. C. Sa mémoire est honorée dans l'église le 27 octobre. V. CORNEILLE. i36. Corneille fut élu, pour succéder à Héron, sur la fin de l'an 106. Il gouverna l'église d'Antioche l'espace de treize ans, et mourut l'an i5o. YI. ÉROS. i5o. Eros monta sur le siège d'Antioche après Corneille. Ni- cpphore et Georges Syncelle lui donnent vingt-six ans d'épisco- pat. Sa mort par conséquent arriva l'an 176. VII. THEOPHILE. 17(1. Théophile fut le successeur d'Eros. Il joignait un rare savoir à une éminente piété. Il nous reste des productions de sa plume trois livres à Autolicus contre le Paganisme ; ouvrage rempli d'érudition sacrée et d'érudition profane, employées avec discernement. Dodwel a vainement tâché de transporter ces trois livres à un autre Théophile plus récent , selon lui , que l'évêque d'Antioche, et absolument inconnu. Pearson, Basnage et Til- lemont , l'ont victorieusement réfuté sur ce point. L'évêque Théophile mourut la sixième année de l'empereur Commode , Taa de J. C. 186. VIII. MAXIMIN. 186. Maximin, successeur de Théophile , occupa la chaire épiscopale d'Antioche durant treize ans, et mourut Tan de J. C. 19g. IX. SERAPION. 199. SÉRAPION succéda à Maximin. Eusèbe et Saint-Jérôme louent le savoir de ce prélat, et son zèle pour la défense de la vérité. Il avait écrit un livre contre l'hérésie de Montan , et un. < 4 CHRONOLOGIE HISTORIÇrE autreadressé aux fidèles de Rosse, en Cilicie, pour réfuter l'évan- gile supposé de saint Pierre. Sérapion mourut la première an- née de l'empereur Caracalla, de Jésus-Christ 211. X. ASCLEPIÂDE. 211. AsCLÉPiADE, successeur de Sérapion sur le siège d'An- tioche, rendit un glorieux témoignage à la foi sous la persécu- tion de Caracalla. Son épiscopat fut de 8 à 9 ans. Il mourut la deuxième année de l'empereur Héliogabale, l'an de J. C 219 , après le 7 juin. XI. PHILET. 219. PhileT devint évêque d'Antioche après Asclépiade. Son gouvernement fut de onze ans, et finit par conséquent l'an 280, XII. ZIBEN. z3o. ZiBEN remplit le siège d'Antioche après Philet, et mou- rut i an 236. XIII. S. BABYLAS. aSG. Babylas, suivant Eusèbe , fut mis à la tète de l'église d'Antioche dans le même tems que Fabien prit le gouvernement de celle de Rome ; caractère qui dénote le commencement de l'an 2.^6. Il fut arrêté pendant la persécution deDéce, et mou- rut en prison l'an 25 1. Il voulut être enterré avec ses fers. L'église latine honore sa mémoire le 24 janvier, et l'église grec- que le 4 septembre. XIV. FABIUS. 25i. Fabius, ou FABIE^^, successeur de S. Babylas , n'occu- pa le siège qu'un peu plus d'un an. Le pape saint Corneille et saint Denis, évêque d'Alexandrie, lui écrivirent touchant le schisme de Novatien, pour lequel il semblait pencher. On con- voqua même un concile pour le juger. Mais il mourut sur ces entrefaites l'an 202. XV. DEMETRIEN. ûSa. DÉmÉtrieîï succéda à Fabius. Il fit preuve de son zèle pour l'unité de l'église dans un concile qu il assembla contre Kovalicn, suivant le témoignage de saint Denis d'Alexandrie. Sa mort arriva dans la huitième année de son épiscopat l'an de J. C. ■J'^o. DES PATRIARCHES D A>'TÎOCHE. i) XVI. PAUL DE SAMOSATE. 260. Paul, natif de Saraosate, sur l'Euphrate, fut le succes- senr de Démétrien. On lui donne presque toujours , dit M. de 1 illemont, le surnom de sa patrie plutôt que d'Antioche, dont îl déshonora le siège par le dérèglement de ses mœurs et par sa fausse doctrine. Il imitait, ajoute le même critique, le faste d'un grand du siècle et non la simplicité d'un évcque. Il violait même ouvertement les lois de la pudeur et de la justice. Sa doctrine était presque entièrement semblable à celle que Sabel- lius avait publiée l'an 2.S5. La reine Zénoble, qui rassemblait alors à Palmyre , où elle tenait sa cour , les hom.mes célèbres par leurs talents et leurs lumières, y appela Paul, dans le dessein de s'entretenir avec lui des dogmes du Christianisme. Elle avait em- brassé la religion juive, et la préférait aux mystères de la reli- gion chrétienne, qu'elle ne pouvait accorder avec la raison. L'évêque, pour condescendre à ses préjugés, lui proposa sur la Trinité une doctrine qui paraissait plus assortie à son cntendc- meiit , en disant que les trois personnes dans ce mystère n'étaient en effet que des attributs différents, loin de former comme elle s'imaginait, trois dieux: et que J. C. n'était appelé Fils de Dieu que parce que la sagesse divine s'était commu nquée à lui d'une manière extraordinaire, quoique dans le fond il ne fût qu'un pur homme. La reine goûta cette exposition , mais les fidèles, et surtout les cvêques de Syrie en furent scandalisés. On assembla contre lui, l'an 264, à Ânîioche,un concile d'où il se tira en niant l'hérésie qu'on lui imputait. Fier du succès de sa mauvaise foi , il continua de débiter ses faux dogmes , et le fit avec moins de circonspection. On le cita, l'an 3^9 ou 2.10, à un nouveau concile dans la même ville. Il y fut convaincu non seu- lement d'erreur dans la foi , mais encore de dérèglement dans les mœurs , et en conséquence déposé. Il persista dans son hérésie, et se maintint sur son siège par la protection dé la reine de Palmyre. Mais après la défaite de cette princesse, il fut chassé vers la fin de l'an 270, par ordre de l'empereur Aurélien , à la demande des évèques qui l'avaient dépose. XVIL DOMNUS I. 270. DoMNUS, après l'expulsion de Paul, fut mis à sa place. Il gouverna deux ans l'église d'Antioche , et mourut l'an 27 >, le 2 janvier. (Bolland. Le t^uien.) XVIII. TIMEE. 273. TiMÉE succéda à Domnus. Il mourut , suivant Eusèbe , 6 cnno^oLOGiE historiqle 1.1 quatrième année de Probus, c'est-à-dire l'an de Jésus-Christ i-tto. (Bolland.) XIX. CYRILLE. :iSo. Cyrille, après la mort de Timée, remplit le siège d'Ântioche jusqu'à l'an 3oo , époque de sa mort. (Bolland. tom. iV, Jul., pag. 28.) XX. TYRAN. 3oo. Tyrats fut le successeur de Cyrille. La persécution de Bioclétien , dont l'effort se fit sentir particulièrement à Antio- che , rendit son épiscopat fort orageux. Sans abandonner son peuple , il fut obligé de se tenir presque toujours caché, il mou- rut, suivant les uns, en 3i3; selon les autres, en 3i(5. Nous préférons le premier sentiment , pour les raisons qu'on verra dans un moment. XXI. S. VITAL. 3i3. Vital, suivant saint Jérôme, fut placé sur le siège d'An- lioche lorsque la paix des églises commençait à prendre consis- tance, c'est-à-dire après la mort de l'empereur Maximin, arrivée en 3i3. Son nom. se trouve parnai les souscriptions des conciles d'Ancvre et de Néocésarée, célébrés l'un et l'autre l'an 3i4> H fit rétablir l'église de laPalée , ou de la vieille ville d'Antioche, qui avait été détruue pendant la persécution. Nicéphore et Théo- pbane lui donnent environ six ans d'épiscopat, c'est-à-dire qu il mourut vers l'an 3ig. XXIL S. PHILOGONE. 019 ou environ. Philogo>;e, successeur de Vital, fut tiré dit barreau pour être mis à la tête de l'église d'Antioche, et passa tout-à-coup, dit saint Chrysostôme , du tribunal des magistrats, séculiers à celui des princes de l'église. Il fit paraîire beaucoup de fermeté pendant la persécution de Licinius. Il acbeva la re- construction de l'église de la Paléc;. Saint Alexandre, évêque d'Alexandrie, après avoir chassé Arius de son église, lui envoya la sentence qu'il avait prononcée contre cet hérésiarque, comme a un défenseur des dogmes apostoliques. Saint Phllogone la con- firma, et prit hautement la défense de la foi orthodoxe tou- chant la divinité du verbe. M. de Tiilemont place sa mort au ao décembre de l'an 3^3 ; les Bollandistes la mettent en 02^.. XXÎII. PAULIN 1. Z2.1 ou o^'î. Paulin, nallf d'Antioche, était évêque de Tyr i)ES PATrilARCHES d'aNTîOCIîE. ,7 lorsque saint Philogone mourut. Le peuple d'Anlioche alors le revendiqua, dit Eusébe, corame un bien qui lui ét,iit propre, et le mit sur le siège que la mort du saint laissait vacant. Mais il le tint fort peu de lems , étant mort l'an 324, '^^ ^^l'S le com- înencemenl de l'année suivante. XXIV. s. EUSTATHE. 324 ou 825. EuSTATHE, né à Side, en Pampliille, fut transféré du siège de Berée en Syrie, qu'il occupa d'abord, sur celui d'Antiocbe. Cette translation se fit à la demande du peuple rt du clergé d'Antiocbe. Elle fut approuvée par le concile de jNi- cée, où le prélat se trouva, et où il eut l'bonneur de baranguer l'empereur Constantin. Le zèle qu'il fit paraître dans celte assem- blée, contre Arius , lui attii-a la baine dec sectateurs de cet bé- rèsiarque. L'an33i , Eusèbe de Micomédieet Eusèbe de Cérarée, le firent déposer dans un concile tenu à Antiocbe, même sur •une fausse ai-jusation dont ils étaient les auteurs. L'empereur Constantin , dont ils surprirent la religion , le relégua ensuite à Pbilippe, en Macédoine. L'année et le lieu de sa mort sont incer- tains. i>L de Tillemont place cet événement vers l'an 3'6j ; mais Socrate et Sozomène attestent qu'Evagre fut ordonné, l'an ojo, évêque de Constantinople par Eustathe , qui avait été, disent- ils , évêque d'Antiocbe, et demeurait alors caché dans la capi- tale de l'empire. Ils ajoutent que les Ariens, irrités de ceUe ordination , le firent exiler à Byzie , dans la Tbrace. Saint Jé- rôme dit qu'il mourut à Trajanopîe, ville de celte province: d'autres le font mourir dans le premier lieu de son exil en 3oo : c'est le sentiment, à ce qu'il nous paraît, le mieux appuyé. XXV, PAULIN îî. 33i. Paulin fut placé sur le siège d'Antiocbe par les EuGè- blens , après la déposition d'Eustatbe. Comme il n'était pas arien déclaré, plusieurs catboliques ne firent pas difficulté d ^ communiquer avec lui. Mais d'autres demeurèrent séparés do v communion et de celle de ses successeurs. On les nomma n :. Eustatbiens. Paulin ne tint le siège d'Antiocbe qu'environ siv mois. (Pagi, Tillemont.) Le P. le Quien ne parle point d. cet évêque , cju'il confond avec le premier Paulin. XXVL 'EULAIAU S , hérétique. 33i. EuLALius fut substitué , pas les Euseuiens , à Paulin. Il mourut l'an 332, CHRONOLOGIE HISTORIQUE XXVII. EUPHRONIUS , hèréi^ue. qu au rems d husebe de i^esaree , a qi _ avait été d'abord oilerte. Euphronias était arien, mais si dis- simulé , que l'empereur Constantin l'avait proposé lui-même pour Antioche , le croyant bon catholique. Il mourut l'an 33^. XXVIII. PLACILLE, hèréticjue. 333. Placille , ou Flacille , fut donné pour successeur à Euphronius. llprésida, l'an 335, dans le mois d'août, au con- cile de Tyr, où il se rangea du parti des Ariens contre saint Athanase et les évoques d'Egypte. Le i3 septembre suivant , il eut le même honneurau concile de Jérusalem , où l'on reçut Ariusà la communion. L'an 34i , on le voit encore à la tête du concile d'Antioche, et toujours favorable aux Ariens. M. deTil- lemont met sa mort en 345 , le P. Mansi en 342. XXIX. ETIENNE, hérétique. 345. Etienne, prêtre, autrefois déposé pour ses impiétés , fut choisi par les Ariens pour succéder à Placille. Etant venu Tan 347 au concile de Sardique , il fut du nombre de ceux qui s'enfuirent à Philipopoli , voyant que cette assemblée ne vou- lait condamner ni S. Athanase ni les autres défenseurs de la vé- rité. L'an 348, les Eusébi^ns furent obligés de le déposer pour une fourberie détestable qu il commit envers les députés du concile de Sardique. (Tillemont. ) Le P. Mansi. qui place le concile de Sardique en 344 1 m^t 1^ déposition d'Etienne eu 345. ( Voy. le concile de Sardique. ) XXX. LEONCE , hérétique. o4f^. LÉONCE, phrygien de nation et prêtre , fut mis par les Eusebiens à la place d'Etienne. Il n était pas u.euleur que son prédécesseur. Il fut le maître d'Aëtius, chef des Anoméens, qu'il fit diacre en 35o , et qu'il fut presque aussitôt contraint de dé- poser. Léonce était d'autant plus dangereux, qu'il masquait son impiété sous les dehors de la modération. Les prêtres Flavien et Diodore eurent soin de prémunir les Catholiques contre les pièges qu'il leur tendait. S'étant sépares de lui , ils apprirent aux fidèles à psalmodier dans les piières publiques , ahernaii- vemcnl et â deux chœurs ; usage qui se répandit ensuite pur DES PATRIAUCHES D'ANTIÔCHË. tj Itdtlle la terre. On croit aussi que, pour se distinguer des Ariens, ils faisaient chanter à la fin de chaque pseaume : gloire au Père au Fils et au S. Esprit ; au lieu que ces hérétiques disaient, gloire eu Péreéans le Fils et le S. Esprit^ Léonce mourut Pan 35", ou au commencement de l'année suivante. (ïilleraont, Bollandus , le Quien. ) XXXr. EUDOXE, hérétique. 358. EuDoXE, évêque de Germanicia, s'empara du siège d'Antioche après la mort de Léonce, par le crédit des eunuques du palais. Il tint la même année un concile , où il condamna le Consuhstontiel et le semblable en substance, i.'an 389, étant au concile de Séleucie, il se déclara pour les purs ariens , ce qui engagea la plus saine partie de cette assemblée à le déposer. Mais peu detems après il trouva moyen de se faire placer sur le siège de Constantinople. XXXII. AMEN. 35g. Anifn fut nommé, par le concile de Séleucie, pouf remplacer Eudoxe , sur le siège d'Antioche dont il était prêtre* Mais Acace de Cèsarée et les ariens de son parti le firent en-« voyer aussitôt en exil. Depuis on n'entendit plus parler de lui. (Tillemont, le Quien, Oisi.) XXXIII. s. MELEGE. EUZOIUS , intrus: 36i. MÉLÈCE, successeur d'Anien , fut élu par le concile d'Antioche , en présence de l'empereur Constance. Il était alors à Bèrée, où il s'était retire après avoir quitté l'evêché de Sebaste, en Arménie. Sur la nouvelle de son élection, il arriva a An- tioche avant que le concile fut séparé. Il [)rècha devant cette assemblée le jour de son intronisation, et prêcha la toi de Nicée au grand ètoonement des Ariens. L'empereur , séduit par leurs artifices , l'exila au bout de trente jours à Mélitiue, en Arménie , lieu de sa naissance. EuzOiUS, diacre d'Alexandrie, et privé de Son rang par saint Alexandre, pour avoir embrassé le parti d'Arius , fiit mis à la place de Mélèce. Les Catholiques alors se séparèrent ouverte- ment des Ariens, et commencèrent à tenir leurs assemblées à part. Les Eustathiens , legardant Mélèce lui-même comme ua intrus , firent schisme avec les autres catholiques , et se rassem- blèrent sous la conduite du prêtre Paulin. Euzoius jouit de son usurpation jusqu'en 3^6, époque de sa mort. Les Ariens lui donnèrent pour successeur Dorothée, ^ui fut chassé Tan 38 1* (Bollandus.) IV. a %0 CHRO^SfQI.OGIE HISTORIQUE XXXIV. MELECE et PAULIN ni , ensemble^ 362. MÉLÈCE , après la mort de l'empereur Constance , re-^ vint à son église , en vertu de Fëdit de Julien qui rappelait tous les évèques exilés. Il y trouva Paulin, ordonné peu de tems auparavant évcque d'Anlioche par Lucifer de Cagliari en Sar- daigne. Alors toute l'église catholique se partagea entre les deux compétiteurs, L'Orient était pour Mélèce, l'Occident avec l'Egypte pour Paulin. Ce schisme dura quatre-vingt-cinq ans. Mélèce subit , l'an 3B3 , un second exil , qui fut de peu de du- rée, et un troisième plus long en 872; celui-là pour s'être opposé au rétablissement de l'idolâtrie sous Julien , et l'autre pour avoir défendu la religion catholique sous Valens. P»endu enfin à son église l'an 878 , il convint avec Paulin que celui des deux qui survivrait à l'autre, demeurerait seul évêque d'An- tioche , et que cependant ils gouverneraient dans l'église d'An- tioche les ouailles qui les reconnaissaient pour leurs pasteurs. L'an .38 1 , Mélèce présida au concile général de Constantinople. C'était Théodose, nouvellement associé par Gratien à l'empire, qui avait convoqué cette assemblée. Quand les évêques qui la composaient vinrent saluer pour la première fois ce prince , il défendit qu'on lui montrât Mélèce, qu'il ne connaissait que de réputation. Il le reconnut entre tous d'après un songe où il avait vu, peu de jours avant son élévation ,^ cet illustre prélat le revêtir du manteau impérial. A l'instant il courut à lui , et balsa la main qui l'avait couronné. Mélèce ne vit pas la fin du ccncile , étant mort à Constantinople dans les derniers jours de mai , avec la gloire d'avoir souffert pour la vérité trois exils , et avec le titre de dmn que ses éminentes qualités lui avaient mé- rité. Les évêques le pleurèrent comme leur père. Son corps fut reporté à Antioche avec une pompe qui n'avait point d'exemple, L'Occident, qui lui avait refusé la communion pendant sa vie, lui a rendu justice après sa mort , en le plaçant au nombre des saints. XXXV. PAULIN ET FLAVIEN I". , ensemble 38i. Flavjen, prêtre d' Antioche, d'une naissance illustre et d'une vertu supérieure à sa naissance, fut substitué à Mélèce par les catholiques de son parti , contre la foi du traité fait entre lui et Paulin. Le concile de Constantinople approuva néanmoins cette élection. Paulin , accompagné de saint Êpiphane , se ren- dit, peu de tems après, à Rome, et assista au concile qui s'y tint l'an 882. Il reprit ensuite la route d'Aniioche , où il mou-^, rut vers le mois de septembre 388. ( Bollandus. ) DÏÏS PATRIARCrrES D'ANtlOCHJE. U XXXVI. FLAVIEN et EVAGRE, ensemlle. 388. EvAGRE prit la place de Paulin , qui l'avait ordonné pour son successeur avant que de mourir. L'an Sgo , l'empereur Théodose donne ordre aux deux compétiteurs de se rendre au concile de Capoue , qui se tmt l'année suivante , pour y subir le jugement de cette assemblée sur leurs prétentions. Flavien ayant fait défaut , l'affaire est renvoyée aux évêques d'Egypte ; Flavien les récuse. Les Occidentaux, irrités de cette conduite , pressent l'empereur d'envoyer ce prélat à Rome. Sur ces entre- faites , Evagre meurt l'an .^92. FLAVIEN , seul. 392. Flavien , après la mort de son rival , vient à bout d'empêcher que ses partisans ne lui donnent un successeur ; niais il ne peut les faire entrer dans sa communion. L'an 898, il est rétabli dans celle de Rome , par la médiation de saint Chrysoslôme et de Théophile d'Alexandrie, avec lequel il s'é- tait réconcilié. Alors tous les évêques d'Orient se réunissent à lui. Les seuls Eustathlens d'Antioche persistent dans le schisme. L'an 404 (peut-être le 26 septembre ), Flavien meurt avec la réputation de l'un des plus saints et des plus éloquents prélats de- son siècle. Nous avons le beau discours par lequel il désarma la colère de Théodose , sur le point d'éclater contre les habitants d'Antioche , pour avoir outragé ses statues et celles de sa famille dans une sédition occasionnée par les impôts. XXXVII. PORPHYRE. 4o4. Porphyre, prêtre d'Antioche, est ordonné furtive- ment évêque de cette église peu de jours après la mort de Fla- vien. Rejeté par la plus grande partie du clergé et du peuple, il se ligue avec les ennemis de saint Chrysostome. Cette conduite augmente l'aversion publique contre lui ; mais elle lui rend la cour favorable. Edlt de l'empereur Arcade, qui ordonne de communiquer avec Théophile d'Alexandrie , Porphyre d'An- tioche et Arsace de Constantinople. Les gens de bien sont per- sécutés à l'occasion de cette loi. L'an 407 , Porphyre obtient un ordre de faire transférer saint Chrysostome de Cucuse à Pithyunte. Il fut par-là, dit M. de Tillemont , le principal auteur de la mort qui ravit ce saint à la terre dans ce voyage. Dieu différa néanmoins encore sa punition de quelquels années, ajoute le inême écrivain , et peut-être jusquVn 4i3 ou 414, où l'on croit qu'il mourut. la CHRONOLOGIE HISTORIQUE XXXVIII. ALEXANDRE. 4i3 ou 4i4' Alexandre , exercé dans la pratique des vertus chrétiennes et mouasliques , fut élu canoniquement pour rem- placer Porphyre sur la chaire d'Antioche. Il eut le bonheur d'é- teindre le schisme de cette eghse en ramenant ce qui restait ci'eustalhîens à sa communion. Il eut aussi la gloire de rétablir en Orient la mémoire de saint Chrysoslôme, ayant donné l'exemple aux évêques de mettre son nom dans les diptiques. A l'amour de la paix, il joignait une grande charité pour les pauvres. Nicéphore ne lui donne que cinq ans d'épiscopat ; mais Bollandus , Noris, Pagi et le Quien prouvent qu'il mou- rut en 1^2.1, XXXIX. THEODOTE. 421 ou 422. ThÉodote fut placé sur le siège d'Antioche après la mort d'Alexandre. C'était un homme savant, selon ïhéodo- ret , mais peu ressemblant , à ce qu'il paraît , pour le caractère, à son prédécesseur. Un des premiers actes de son épiscopat fut de retrancher des diptiques le nom de saint Chrysoslôme ; mais les murmures de son peuple l'obligèrent bientôt à l'y remettre, l'auteur de la vie de saint Alexandre, patriarche des Acémètes, lui reproche des procédés fort durs envers ce vénérable solitaire. Jean Mosch fait néanmoins l'éloge de sa douceur. L'an 4^4» il parut à la tête d'un concile où Pelage fut convaincu d'hérésie et chassé des lieux saints, Théodoret , dont Thistoire ecclésias- tique finit à l'an 4^8, dit y avoir mis la dernière main l'année que 'J héodote d'Antioche et Théodore de Mopsueste mou- rurent, c'est-à-dire l'an 429 au plus tard. Théodote avait or- donné prêtre et chargé de l'emploi de catéchiste le fameux Nes- torius. XL. JEAN L 429. Jean , élevé dans le monastère de saint Euprèpe, voisin d'Antioche, atcc le fameux Nestorius et le célèbre Théo- doret fut élu pour succéder à Théodote dans la chaire d'An- tioche. L'an 4^0, il écrivit à Nestorius pour l engager à ré- tracter ses erreurs. Séduit par la réponse artificieuse de cet hérésiarque, il engagea Théodoret à réfuter les anathéma- tismes de saint Cyrdle. Invité l'année suivante au concile géné- ral d'Ephèse, il diffère de s'y rendre, prie qu'on l'attende avec ses suffragants , n'est point écouté , et malgré les re- montrances de 68 évpques , arrive enfin un samedi 27 juin après ia condamnation de Nestorius. Le même jour , il tient un conci- li Jamais je n'avais oui dire que l'évêque d'Aquilée et de la » Vénélie fût appelé patriarche. Je sais même que des évêques » de villes capitales plus considérables que la vôtre n'ont osé » jnendre ce titre. J'ajouterai rpi'il n'y a que l'évêque d'An- n tioche qui se nomme proprement patriarche. Ceux de l\ome » et d'Alexandrie sont appelés papes, et ceux de Constanti- }> nople et de Jérusalem sont qualifiés archevêques. » ( Coteler, Munum. Ecd. Gr.^ tom. II , pp. 108, i23. ) L'année de la mort de Pierre est incertaine. ( liollandus. ) XCI. THEODOSE III. 1047 au plus tard. Théodose , ou Théopure, fut substitué au patriarche Pierre. Il fut présent, l'an 1067, à la proclama- tion qui se ht à Constantinople de l'empereur Isaac Comnène à la place de Michel Stratiotique qu'on avait déposé ; et non con- tent de la répéter lui-même plusieurs fois , il exhorta le peuple à piller les maisons des grands qui témoignaient ne pas l'ap- prouver. Anastase de Césarée dit qu'à l'exemple de Pierre III , son prédécesseur , il recommanda le jeûne de l'assomption de la sainte Vierge. C'est tout ce qu'on sait de lui. Il a pu vivre jusqu'en 107^. ( BoUandus. ) XCII. EMILIEN. Emilien occupait le siège d'Antioche sous l'empire de Mi- chel Parapinace. Cette ville s'étant divisée au sujet de ce prince, Emilien se mit à la tête de la faction opposée à Michel. Isaac l'Ange, gouverneur d'Antioche, le fit transportera Constanti- nople pour prévenir les suites de ses niauvaises dispositions. Les Bollandistes mettent sa mort vers la fin de l'an 1089. XCUI. NICEPHOKE LE MAURE. 1089. NicÉPHORE LE Maure fut substitué par l'empereur Alexis Comnène au patriarche Emilien. On n'est pas assuré du tems de sa mort. XCIV. JEAN iV. Jean IV était assis sur le siège d'Antioche lorsque les croisés assiégèrent cette ville , c'est-à-dire l'an 1098. Il eut beaucoup à souffrir pendant ce siège de la part des Musulmans. Après la conquête on lui conserva sa place. Mais en moins Je deux ans il IV. 4 26 CHROiSOLOGIE HISTORIQUE prit le parti de se retirer, ne pouvant s'accoutumer aux rits ni aux mœurs tles Latins, et alla finir ses jours à Constanlinople. C'est ainsi que parlent de ce prélat Albert d'Aix{Hisi. IJieros., L. V , c I , ) et Guillaume de Tyr ( L. VI , c. aS , ) dont le premier le qualifie d'homme illustre et très chrétien , et le se- cond l'appelle un véritable confesseur. L'autorité de ces deux écrivains doit sans doute l'emporter sur celle d'Orderic Vital , qui le représente comme un prélat qui , s'étant rendu insup- portable aux Normands et justement suspect de trahison , n'eut d'autre partià prendre que de s'enfuir et d'aller se confiner dans un désert. Casimir Oudin n'est pas plus reccvable à lui attri- buer les écrits schismatiques d'un certain Jean d'Antioche , malgré les preuves de la différence de ces deux hommes , don- nées par Lambecius, {Bibl. Cœsar. , L. IV, p. i5o, ) qu'il s'ef- force en vain de réfuter. Les Grecs , après la mort de ce prélat, continuèrent de nommer des patriarches qui n'en eurent que le titre. Ces prélats résidèrent à Constanlinople tant que les La- tins restèrent maîtres d'Antioche, et même long-tems après qu'elle eut été reprise par les Musulmans. Nous nous dispen- serons d'en donner la suite. Les patriarches latins d'Antioche sont les seuls qui vont désormais nous occuper. PATRIARCHES LATINS D'ANTIOCHE. BERNARD , premier patriarche latin. iioo. Bernard, natif de Valence, en Dauphiné, fut trans- féré , vers le mois de juin i loo , de l'évêché d'Arthasium , en Syrie , sur le siège d'Antioche , deux ans après la re irai te du patriarche grec. Il avait d'abord été chapelain d'Aimar, évêque du Pui , légat du pape à la croisade, mort de la peste le pre- mier août 1098 dans la ville d'Antioche. L'an 1108, il devait être destitué pour faire place à un patriarche grec , suivant une des clauses du traité que Boémond , prince d'Antioche, conclut au mois de septembre de cette année avec l'empereur Alexis Comnène : car elle portait formellement qu'il ny aurait plus désormais de patriarche latin à Antioche, et qu'on y recevrait: celui que sa majesté tirerait du clergé de Constantinople pour être élevé à cette dignité : promitio etiam. et jurans iestor.... non futiivum Anliorhioù patriarcham ex génère nostro ; scd eum qucin cestra majestas in cam dignitalem pvomoverit delcclum. c numéro alumnorum magnœ Constantinopolitanœ ecdesice. (An. Comn. Alexiad. , L. Xlll, sub fin. ) Mais cette clause ne fut jamais exécutée , et Antioche continua d'avoir des patriarches latin» DES PATRIARCHFS D AN/TIOCIIF. 27 tant qu'elle fut sous la puissance des Francs. L'an iii3, Ber- nard se plaignit au pape Pascal H de ce qu'à la demande du roi Baudouin il avait soumis au patriarche de Jérusalem tout ce que ce prince avait conquis en ôyrie et en Palestine; surquoi le pape avoua dans sa réponse qu'il avait été surpris. Bernard mourut l'an 1 135 , dans la trente-sixième année de son patriar- cat. Guillaume de Tvr le donne pour un prélat simple et craignant Dieu : mais Orderic Tital le taxe d'avarice et de hau- teur ; ce qui le fit, dit-il, haïr de son peuple. II. RAOUL. ii35. Raoul, né à Domiront, en Normandie, et évêque de Mamistra , ou Mopsueste, en Cilicie , fut élu tumultuairement pour succéder au patriarche Bernard. Accoutumé à manier los armes et à vivre magnifiquement, il traila son clergé et son peuple avec hauteur et dureté. Voyant presque lous les esprits soulevés contre lui , il mit dans ses intérêts la princesse Alix , veuve de Eoémond II, sous la promesse qu'il lui donna de lui faire épouser Kaimond, fds du comte de Poitiers, Mais le fourhe travaillait en même tems avec ses amis à donner la jeune Constance, fille d'Alix, pour épouse à ce prince qu'il avait lait venir d'Occident à ce dessein. Pour le tenir dans sa dépen- dance , il exigea de lui le serment de fidélité comme son suze- rain, avant de célébrer le mariage qui devait lui procurer la principauté d'Antioche. Son arrogance alla depuis en croissant , et fut telle qu'il se croyait égal au pape , attendu que saint: Pierre avait été évcque d'Antioche avant que de l'être de Rome. Elle le rendit bientôt insupportable à Raimond lui-« même, qui se joignit aux chanoines et aux. principaux d'xVnlio— che pour le déférer au saint siège. Raoul se rendit à Rome , et en rapporta un ordre aux parties de vivre en paix jusqu'à l ai ri- vée d'un légat. Pierre, archevêque de Lyon, fut envoyé 1 an ii3c) pour examiner les plaintes et rendre son jugement. Mai* étant allé premièrement à Jéi-usalera pour y faire ses dévotioiie^ il mourut subitement de poison ou autrement sur la route de cette ville àAntioche, le 29 mai de la nivOme année. Les ad- versaires du patriarche, consternes de cet événement, ne vi- rent point d autre parti à prendre que de recourir à sa clé- mence. Mais Raoul, se confiant en la protection du prince, cju'il croyait avoir regagnée, voulut avoir un jugement, et fit une seconde fois le voyage de Rome pour obtenir un nouveau légat. L'an ii4' ? Albéric, évêque d'Ostie , vint en cette qualité sur les lieux, et y tint, le dernier de novembre, un concile où Raoul fut déposé. Le prince d'Antioche le fit ensuite renfermée 3.8 CHRONOLOGIE HISTORIQUE dans un monastère. Raoul s'échappe de sa prison après quelques mois de captivité, revient à Kome , fait sa paix avec le saint siège , reprend le chemin de Syrie , et meurt de poison sur la route. (Bollandus. ) Guillaume de Tyr fait son éloge , sans néan- moins dissimuler ses défauts. / III. AIMERI. 1142. AiMERi , gentilhomme limosin , homme sans lettres et d'une vie peu régulière, fut donné pour successeur dans îs mois d'avril 1142 au patriarche Raoul. Ce fut Armoin, soii oncle , capitaine du château d'Antiochc , qui procura celte élection par les sommes immenses qu'il distribua aux évêques du patriarcat. Lan 1102, Aimeri s'etant vainement opposé au mariage de Constance , veuve du prince Raimond , avec Re- naud de Châlillon , encourut l'inimitié de ce dernier. La rup- ture alla si loin que Renaud , ayant fait arrêter le prélat en 31 54, l'enferma dans une étroite prison où il fut inhumaine- ment traité. Cinnannis (1. IV^) dit que c'était pour avoir ses trésors. Baudouin 111, roi de Jérusalem , étant informé de ce trai- tement, dépécha larchevèque d'Acre, avec son chancelier, vers Renaud pour lui en laire des reproches et l'obliger de remettre le.pi'élat en liberté : ce qui fut exécuté. Aimeri suivit ces députes à Jérusalem , où il demeura quelques années. Il est probable que le motif de cette retraite fut l'engagement que Renaud avait pris avec Manuel, suivant le même auteur, de recevoir "un patriarche grec de sa main pour le substituer au patriarche latin. Mais ce traité n'eut pas plus d'effet que celui qui avait été conclu l'an 1107 pour le même objet entre l'empereur Alexis et le prince Boémond I'^^ suivant la princesse Anne Comnène (L. XIII, p. ^l'S. ) Aimeri résidait encore à Jérusa- lem en iiSy ; et ce fut lui qui , cette année, fit la cérémonie des épousailles du roi Baudouin III avec Marie Comnène ; Amauri , nouveau patriarche de Jérusalem, n'étartt pas encore sacré. L'an 1180, Aimeri eut un autre différent aussi sérieux que le précédent avec le prince Boemond 111 , au sujet de son mariage avec Théodore Comnène, qu'il contracta, sa première iemme étant encore vivante. Le prélat ayant employé les cen- sures contre Boémond , ce prince ne garda plus de mesures; et lui ayant déclaré la guerre, il vint l'assiéger dans un château appartenant à son église. Aimeri se défondit avec valeur et succès. Les hostilités durèrent l'espace de trois ans avec tant de lureur , que le royaume de Jérusalem était menacé d'une ruine totale , attaqué comme il était d'ailleurs par le redoutable Sala- din. Ja'S grands maîtres de l'Hôpital et du Temple, s'étant porte* DES PATRIARCHES D'aNTIOCHE. 2<) pour médiateurs, vinrent enfin à bout de réconcilier le patriarche avec le prince. L'an ii83, Aimer! eut le bonheur de réunir à l'église catholique le patriarche des Maronites, avec une partie de ses ouailles. M. Assemani prétend que ce fut moins un re- tour à l'église catholique, dont ils ne furent jamais, selon lui , séparés par l'hérésie des Monothélites , qu'on leur impute com- munément, qu'un renouvellement d'union. Cependant Eutj- chius , patriarche d'Alexandrie , Guillaume , archevêque de ïyr, auteur contemporain , et Jacques de Vitri , assurent le contraire. Quoiqu'il en soit, les Maronites ont persévéré depuis ce tems dans leur attachement à l'église romaine. L'an 1187 , après la funeste bataille de Tibériade , et pendant le siège de Jérusalem qui la suivit, le patriarche Almeri envoya deux évè- ques en Occident , avec des lettres aux princes chrétiens , pour les conjurer de venir au secours de la Terre-Sainte. Benoît de Péterborough nous a conservé celle qu'il écrivit au roi d'Angle- terre. Ce monarque, dans sa réponse adressée aux patriarches de Jérusalem et d'Antioche , et au prince de cette dernière ville , les exhorte à prendre courage , et leur promet que , dans peu de tenls , il leur arrivera des renforts si considérables , qu'ils pas- seront tout ce qu'ils pourraient imaginer. 11 s'engage même à venir en personne en Palestine. Toutes ces belles promesses furent sans effet. Aimeri mourut dans le mois de septembre de la même année 1 187. Guillaume de Tyr le représente comme un prélat adroit, fourbe, qui sacrifiait sans remords l'intérêt public à son ambition. C'est à lui qu'Hugues Ethérien dédia son livre de la procession du Saint-Esprit contre les Grecs. Aimeri , par reconnaissance, lui envoya une coupe d'argent avec une lettre de remercîments. ( Martenne , Anecd.^ tomel, col. 4^0. ) IV. RAOUL II. 1 187. Raoul II fut, à ce qu'on prétend, le successeur d'Al- meri. L'histoire ne fournit rien sur sa personne. Si ce patriar- che est réel , il mourut au plus tard en 1201. V. PIERRE I. 1201. Pierre I occupait, en 1201, le siège d'Antioche. I/an 120b , il fut arrêté et mis eu prison par Boemond , comte de Tripoli, pour avoir investi, de la principauté d'Antioche, Knpln, neveu de ce prince, et petit-fils de Léon, roi d'Armé- nie, après avoir reçu son hommage-lige. Il mourut dans les liens au commencement de l'an 1208. Le pape Innocent ÎII ( liv. XV, Epist. x8i), raj)pclle un prélat d'heureuse mémoire, 3o eHROKOi.or.iE historique qui avait souffert , pour la justice, persécution jusqu'à la mort. (Boliandus.) YI. PIERRE IL 1208. Pierre II, natif d'Amalli, de la maison des comtes de Prata , ou Patra, docteur de Técole de Paris, fut élu, vers le mois de septembre isocS, pour remplir le siège d'Antioche. Il avait déjà refusé l'archevecné de Thessalonique, auquel le pape Innocent III l'avait nommé. Ce pontife le contraignit d'accep- ter le patriarcat d'Antioche, pour lequel il partit le 16 mai ï2og. Jl est souvent fait mention de ce prélat dans les lettres d'Innocent III, et toujours avec éloge. L'an i2i5, il envoya un député au concile de Lalran , où ses infirmités l'empêchaient de se rendre en personne. Il mourut , suivant le P. Sébast. Paoli , le 23 mars de 1 an 1219. Peu de tems avant sa mort, il avait été nommé cardinal de Sainte-Croix de Jérusalem parle pape Hono- rius III. On trouve dans Ralsamon (liv. V, Jun's. Orient. Inlerr. 34), une réponse à la question que ce patriarche lui avait faite, savoir s'il pouvait accorder aux abbesses ia permission d'entendre les confessions de leurs filles. Balsamon répond affirmativement, fonde sur l'autorité de saint Basile, qui, dans ses Petites Règles, accorde cette permission aux abbesses, pourvu qu'elles soient accompagnées d'un prêtre. Nous voyons aus i qu'en Occident sainte Fare, abbesse de Farmoutiers au septième siècle, recevait les confessions de ses religieuses. (Mabil. Sœc. Bcned. , IL oit. Burgundorf^ capp. 10 et i3. ) YII. RAINIER. 1219. Rainier, toscan de nation, vicc-chancclicr de l'église romaine, fut nommé par le pape Honorius lll pour le siège, d'Antioche, et sacré par ce pape à Yiterbe , le 18 novembre J219. Deux hommes avaient été nommés avant lui, depuis la mort de Pierre II , à cette dignité. Le premier était Pelage, car- dinal d'Albanc, que les rhanoincs d'Antioche avalent eux-mêmes choisi. Sur son refus, le pape Honorius III lui substitua Pierre de Capoue ; mais peu de tems après, l'ayant fait cardinal, il mit à sa place Rainier dont il s'agit. Ce dernier mourut dans son église l'an 1226 , comme le prouve Raynaldi , et non l'an 1229, comme l'avance M. Fleuri. ( Rolland. ) Vlll. ALBERT. 1226 ou 1227. Albert fut transféré de l'évêché de Brescia , Fan 122G ou 1227, parle pape Honorius III, sur le sièy^^; DES PATRIARCHKS D'aNTIOCHE. 5t( d'Antioche. L'an 12347 Grégoire IX le chargea de la légarion qu'il avait retirée au patriarche de Jérusalem, lui ordonnant de travailler , avec les maîtres du Temple et de l'Hôpital, à ra- mener la noblesse du royaume de Jérusalem et les citoyens d'Acre à l'obéissance de l'empereur Frédéric II. L'ani235, Albert , de retour en Italie , fut envoyé par Grégoire en Lom- Lardie pour en appaiser les troubles , et disposer les peuples à une nouvelle croisade. Albert assista au concile de Lyon , tenu en 1245. Il mouiut en France l'an 1246 au plus tard, et fut enterré à Cîteaux. IX® ET DERNIER PATRIARCHE LATIN D'AnTIOCHE. CHRETIEN. Chrétien , de l'ordre des frères prêcheurs , fut le dernier patriarche latin d'Antioche. Il est douteux s'il fût le successeur immédiat d'Albert ; mais aucun monument ancien ne parle d'un Piobert Elle, dominicain, d'abord évêque de Pveggio , en- suite de Brescia , qu'Onuphre, le P. Echart et le P. le Quien mettent entre Albert et Chrétien. L'an 1268 , les Musulmarre, s'étant renilus maîtres, le 29 mai , delà ville d'Antioche, mas- sacrèrent le patriarche Chrétien dans l'église des Dominicains de cette ville, où il s'était retiré. ( Bollandus. ) SUITE DE LA CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES PATRIARCHES DE L'ÉGLISE D'ORIENT. ii'ÉGLiSE de Jérusalem, clans son origine et sous les quinze premiers évoques qui la gouvernèrent, ne fut composée que de juifs convertis , qui joignaient à la profession du Christianisme plusieurs pratiques de la Loi de Moïse, sans les croire toutefois nécessaires au salut. Sa juridiction, sous l'épiscopat de saint Jacques et sous celui de son successeur, jusqu'à la ruine de Jé- rusalem, s^étendit sur toutes les églises de la Palesline. Mais après que cette ville eut été détruite par Vespasien et Tite, Cé- sarée acquit les droits de Jérusalem , et devint , dans l'ordre ec- clésiastique, comme dans l'ordre, civil , métropole de la Phéni- cie et de la Judée. Les choses subsistèrent de la sorte jusqu'au concile de Calcédoine. Elles changèrent alors de face. Juvenal, évêque de Jérusalem , obtint, dans cette assemblée, comme on le verra plus amplement à son article, la juridiction sur toute la Palestine , divisée pour lors en trois provinces. Ses succès-' seurs se maintinrent dans cette pi-érogative tant que le pays fit partie de l'empire romain. Mais après que les Arabes s'en furent emparés , les affaires de l'église de Jérusalem tombèrent dans une telle confusion, qu'elle fut sans patriarches durant plus de soixante ans. Enfin étant venue à bout de se donner un chef, elk conserva quelques restes de son ancienne forme , jusqu'à l'arrivée des croisés. Ceux-ci s'étant rendus maîtres de Jérusa- lem , changèrent l'état de cette église, et lui donnèrent pour limites celles du royaume de Jérusalem. Les Musulmans ayant CHROIS'OL. HISTOR. DES PATRIARCHES DE JERUSALEM. 33 ^reconquis la Palestine, l'église de Jérusalem rentra sous la tlé- |)endance des Grecs , qui ont continué de lui donner des pa-. îriarchcs jusqu'à la fin de leur empire. PATRIARCHES DE JERUSALEM. I. S. JACQUES LE Mineur. Saint Jacques, surnommé le Mineur pour le distinguer de saint Jacques le Majeur, fils deZéijédée et frère de saint Jean , fut créé par les apôtres, du nombre desquels il était , évêque de Jérusalem. L'écriture le nomme frère , r'est-à-dire cousin du Seigneur ; et presque tous les critiques anciens et modernes; s'accordent à l'identifier avec Jacques, fils d'Alphée et l'un des douze apôtres que J. C. élut sur la montagne. Mais les Bollan- distes s'écartent de l'opinion commune, prétendant qu'il était fils de Cléophas et de Marie , sœur de la mère du sauveur. Car avant le dernier voyage de J. C. à Jérusalem , disent-ils , ses frères ne croyaient pas encore en lui , selon saint Jean Tévangé- liste. Il est même très probable , ajoutent-ils , qu'ils ne se con- vertirent qu'après l'avoir vu monter aux deux. D'où ils con- cluent que ce ne fut qu'après cet événement que les apôtres as- socièrent Jacques à leur collège -et le nommèrent évêque de Jé- rusalem. Mais ce sentiment ne s'accorde nullement avec celui des anciens qui prétendent que saint Jacques fut ordonné par J. C. même évêque de Jérusalem. Ecclesia Dei , dit l'auteur des Récognitions attribuées à saint Clément ( l. i , c. ^'6. ) l'n Jeru^ salem constituta , copiosissimè multiplicata crescebat per Jacobani c/ui a Dumino ordinaius in epîscopum ^ gubemata. l^'auteur des Constitutions Apostoliques (1. 8 , c. 35), joint le concours des apôtres avec celui du Seigneur pour l'ordination de saint Jacques. Ëpîscopus lerosolynwrum ab ipso Domino el ab apostolis Ordinatus. Et saint Epiphane , primus ille ^ dit-il, episcopalcm Cuthedram cepit , cum ei ante ceterus ovines suum in terris thro— niim Dominas tradidisset. ( Haires. 78, n". 7 , t. i , p. io5q. ) La chaire de Jérusalem était en effet celle du fils de Dieu , puisqu'il en fut le fondateur et le docteur, n'ayant été envoyé ,■ iilnsi qu'il le déclare lui-même , que pour les brebis de la maison d'Israël. Saint Jacques doit donc être regardé comme son successeur, de quelque manière cju'il ait été élu. Ce saint pastejir rendit un témoignage éclatant à la vérité dans la grande dispute qui s'éleva touchant les observances légales. Ceux qui soutenaient dans Antioche que la loi de Mo'ise obli- geait les Gentils , n'opposaient autre chose à saint Paul et à saint Barnabe que la croyance et la condaiîe de l'église de Jé- IV. ii B4 CHRONOLOGIE HISTORIQUE rusalem , qu'ils soutenaient leur être contraires en ce point. Pour terminer cette question , il fallut que l'église s'assemblât à Jérusalem. « Il est inutile, dit un habile homme , de re— >* chercher qui présida à ce concile: il suffit de savoir que la » charité et l'humilité y présidèrent. Saint Pierre, la bouche j) des apôtres , ainsi que saint Chrysostôme l'appelle , parla }> le premier. Son avis fut fortement soutenu par saint Paul et: }> saint Barnabe ; mais ce fut saint Jacques, le frère du Sei- i> gneur , et l'évêque de Jérusalem , qui parla le dernier , qui » l'eprit les avis , et qui conclut qu il fallait écrire aux fidèles 1) que les disciples circoncis avaient inquiétés mal à propos. Il i> marqua aussi en quels termes il fallait leur écrire; et il y a w de fortes conjectures pour croire qu'il fut l'auteur de la » lettre. » ( Duguet. ) Saint Jérôme donne .So ans d'épiscopat à saint Jacques, et met sa mort à la 7^ année de Néron, qui revient à l'an 61 de J. C. Nous admettons la dernière époque, en retranchant environ cinq années de l'épiscopat de saint Jacques. Les anciens varient sur la manière dont il termina ses jours. Hégésippe dit , qu'ayant été précipité du haut du temple , il fut achevé par un Foulon d'un coup de bâton sur la léte. Joseplie l'historien raconte qu'il fut lapidé par sentence du pontife Ananus , et du sanhédrin des Juifs , dans l'intervalle qui s'écoula entre la mort du préfet Portius Festus et l'arrivée d'Albin, son successeur; ce que ce dernier, ajoutc-t-il, blâma fort comme un attentat commis contre l'autorité romaine. Saint Jacques /est auteur de l'Epitre catholique qui porte son nom. ( Tillemont , t. I ; le Quien , Or. Chr. ; Maraachi, Ori^. EccL, t. II. ) II. SIMON , ou SIMEON. 61. Simon, ou Siméon, parent du Seignevir, frère de Jacques, de Joseph et de Judas, et par conséquent fils de Cléophas et de Marie , monta l'an 61 sur le siège de Jérusalem. Son épisco- pat fut de 46 ou 4? ans. îl fut mis en croix l'an 107 , à l'âge de i^io ans , pour la foi de J. C. Avant le siège de Jérusalem, com- mencé le 14 avril de l'an 70 , et terminé le 8 septembre suivant, il avait quitté cette ville, ainsi que tous les fidèles, et s'était retiré à Pella , petite ville située au-delà du Jourdain. III JUDE LE Juste. mmé le Jus , consultât de années de gouvernement , pen 107. JuDE, surnommé le Juste , succéda à Siméon , et mou- rutl'an 1 10, sous le consultât de Priscien et d'Orfitus, après trois nées de gouvernement, pendant lesquelles il convertit un DES PATRIARCHES DE JERUSALEM. SS grand nombre de juifs. Il y a bien de l'apparence qu'il était irère des deux précédents. IV. Z\CHEE , ou ZACHARIE. iio. Zachée , nommé Zacharie par S. Epiphane , fut le successeur immédiat de Jude, suivant Eusèbe. Son éplscopat fut très court, ainsi que celui de ses trois successeurs ; mais on n'en sait pas précisément la durée. V. TOBIE. VI. BENJAMIN. VII. JEAN I. ToBiE , succéda à Zachée. Bientôt après il fut remplacé par Benjamin'. Celui-ci eut pour successeur Jean, qui mourut , suivant Eusèbe, l'an de J. C. n6. VIII. MATHIAS. IX. PHILIPPE. 116. Après l'évêque Jean, l'église de Jérusalem fut gouver* née par Mathias ou Mathieu, dont le successeur fut Phi- lippe, mort, selon Eusèbe, la 8'= année d'Adrien, i;i5 de J. C, X. SÉNEQUE. XI. JUSTE II. , XII. LEVE XIII. EPHREM, ♦ XIV. JOSEPHE. XV. JUDE II. De ces six évêques le dernier vécut , suivant Eusèbe , jus- qu'à la dix-neuvième année d'Adrien , i3(î de Jésus-Christ , et , selon saint Epiphane , jusqu'à la onzième d'Antonin , 1^9 de Jésus-Christ. Pendant leur gouvernement, les Juifs, qui avaient relevé en partie les ruines de Jérusalem , s'étant révoltés , exer- cèrent mille cruautés sur les chrétiens du pays , pour les con- traindre à prendre part à leur révolte. Les prélats, dont oa vient de parler , furent sans doute les principales victimes de leur fureur , et c est ce qui abrégea la durée de leur gouverne- ment. L'an i36 , les rebelles ayant été entièrement défaits, toute la nation des Juifs, sans excepter ceux qui avaient embrassé le Christianisme , fut bannie de la Judée. Par cette révolution , Teglise de Jérusalem, presque toute composée jusqu'alors de juifs de naissance, le fut sur-tout désormais de gentils. Le siège de cette église était toujours à Pella, où elle s'était retirée avant la ruine du temple. XVI. MARC. ï38. Marc , le premier des évêques gentils de Jérusalezia , 3G CHRONOLOGIE HISTORIQUE fut ordonné, suivant M. de Tilleniont , la vingt et uniènie an- née d'Adrien , Fan i3y de Jésus-Christ. Ce prince ayant rebâti Jérusalem, sous le nom d' JL7/a , non pas à la vérité sur le même terrain qu'occupait l'ancienne , mais dans le voisinage , l'église de Pellas'y transporta dans la suite ; ce qui ne dut souf- frir aucune difficulté , l'entrée de la nouvelle Jérusalem n'étant interdite c|u'aux seuls juifs. On ignore l'année de la mort de Marc. Le martyrologe romain marque sa fête au 2.2. octobre. XVII. CASSiEN. XVIII. PUBLIUS. XIX. MAXIME I. XX. JULIEN I. XXL CAIUS ou GAIUS L XXII. SYMMAQUE, XXIIL GAIUS IL XXIV. JULIEN IL XXV. CAPITON. Eusèbe passe en revue ces neuf évêques sur Tan 19 d'Antonin, iBy de Jésus-Christ, et termine l'éplscopat du dernier au con- sulat de Maternus et de Bradua , c'est-à-dire à l'an i85 de Jc- sus-Christ , sans marquer le tems précis que chacun deux a gouverné. Mais saint Epiphane place la mort de Gains II, qu'il nomme Gaien, à la huitième année de Vérus , 168 de Jésus- Christ. Selon cette opinion , les seize années suivantes , c'est- à-dire l'espace écoulé depuis 168 jusqu'en i85 , sont à partager entre ses deux successeurs Julien et Capiton. . XXVI. MAXIME IL XXVII. ANTONIN. XXVIIL VALENS. XXIX. DOLICHIEN. XXX. NARCISSE. XXXL DIUS. XXXII. GERMANION. XXXIII. GOBDIUS^ NARCISSE de nouirau. i85. Maxime succéda à Capiton. Il occupa le siège de Jéru- salem avec les sept qui lui succédèrent de suite pendant l'espace de vingt-sepl ans. Le seul de ces prélats sur lequel on sache quelque détail , est Narcisse. La sôveiité de sa conduite , dit L.usèbe , lui attira la haine des méchants, qui , à force de ca-- lomnies , l'obligèrent à prendre la fuite. Incertain du lieu de sa retraite, son peuple mit à sa place Dius , dont l'épiscopat fut très-court. A celui-ci , ajoute-t-ll, on substitua Germanion , qui fut suivi de Gordius , pendant le gouvernement duquel Narcisse ayant reparu , tous les frères , remplis de joie , renga- gèrent à rcinoQlcr sur son slé£;e. Narcisse à se brouiller avec saint Epiphane et saint Jérôme, au sujet d'Oiigène, qu'il refusait de condamner. Théophile , patriarche d'Alexan- drie , le réconcilia, l'an Sgy, avec saint Jérôme. Dans celte réunion , dont quelques-uns font honneur à sainte iMélanie , fut compris Rufin , prêtre d'Aquilée , autrefois l'intime ami de saint Jérôme, et devenu, faute de s'entendre réciproquement, son adversaire , ou , si l'on veut , son ennemi. L'amitié qui attachait l'évêque de Jérusalem à Théophile , ne l'aveugla pas sur ses torts dans la conduite qu'il tint vis-à-vis de saint Jean Chrysostôme. Il se déclara hautement pour cet illustre persécuté lorsqu'il apprit sa condamnation prononcée , l'an 4^3 , par Théophile et sa cabale au concile du Chêne. Mais il ne fut pas également en garde contre les artifices de Pelage. Cet hérésiarque lui ayant été déféré , l'an 4i5, au concile de Diospolis, il eut la facilité de le renvoyer absout sur une profession de foi équi- voque qu'il présenta : ce qui étant venu à la connaissance de saint Augustin et du pape Innocent , ils écri\-irent l'un et l'autre à ce prélat pour le désabuser. La même année , le 26 décembre, il fit transférer dans l'église de Sion les reliques de saint Etienne, découvertes le 3 du même mois. Sa mort arriva , l'an 4^7 ^ dans la trentième , ou trente et unième année de son épiscopat. Plu- sieurs anciens auteurs respectables ont parlé de lui avec éloge. Le P. Pagi met sa mort en 416. XLIIL PRAYLE. 417. Pravle fut élu peu de jours après la mort de l'évêque Jean pour lui succéder. Au commencement de son épiscopat, il se laissa surprendre , comme son prédécesseur , par les arti- fices de Pelage et de Célestius. Il écrivit même en leur faveur au pape Zozime. Mais bientôt revenu de son illusion , il chassa le premier de la Palestine. On n'est pas assuré de l'année de sa mort. Idace , dans sa Chronique , dit que son gouvernement fut assez court. Théodoret néanmoins parle de lui comme vivant au trente-huitième chapitre du cinquième livre de son Histoire, et nomme son successeur au quarantième et dernier. Ce qui prouve qu'il mourut au plus tard, en 428, où finit cette his- toire. Le P. Pagi met sa mort en 426, DF.S PAl RI ARCHES DE JERUSALEM. 4l XLIV. JUVENAL. 428. JuvÉNAL succéda , l'an 4^^ au plus tarJ , à Prayle. Il assista, l'an ^01 , au concile général d'Ephèsc, où il concourut à la déposition de Nestorius, et ordonna lui-même Maximien à la place de cet hérésiarque. Mais il fît un personnage bien diffé- rent l'an 449, ûu brigandage d'Ephèse. Dans cette assemblée, IL se rangea du parti de ûioscore , et souscrivit tous les actes que ce prélat y fit dresser, tant contre la vérité orthodoxe, que con- tre les évèquesqui en prirent la défense. Cette faute, quoique très-grave, était plutôt l'effet de la faiblesse que de la méchan- ceté. L'an 45 I , il la répara pleinement au concile Je Calcédoine ; ce fut un de ceux que le concile chargea de dresser sa formule de foi. Son crédit v fut tel , que dans la septième session il fit ratifier par tous les pères, sans excepter les légats du saint siège, le traité qu'il avait fait avec Maxime d'Antioche : traité par lequel il était dit que l'évêque de Jérusalem aurait la juridiction sur les trois Palestines , et que celui d'Antioche jouirait du même droit sur les deux Phénicies et l'Arabie. C'est ainsi qu'il acquit le rang de patriarche pour lequel il avait dé^a iait des tentatives au premier concile d'Ephèse. A son retour, il tiouva son église en combustion , au sujet du concile de Calcédoine. Craignant pour sa vie, il s'enfuit à Constantinople. Pendant son absence , îe moine ïhéodose, auteur du trouble, s'empare de son siège. L'an 4^3, il rentre dans son église; Théodose prend la fuite. La même année, l'impératrice Pulcherle, suivant Nicéphore , ayant demandé à Juvénal le corps de la sainte Vierge , s'il se trouvait encore, il répond que, selon la tradition, il n'existe plus sur terre, et lui envoie son cercueil avec les linges, dans lesquels on l'avait enseveli. L'an 4^8 , Juvénal meurt avec la réputation d'un éveque rempli de zèle et de lumières, mais fort jaloux d'étendre les prérogatives de son siège. XLY. ANASTASE. 458. AnastasE, d'abord moine de Saint-Passarion , ensuite cborévèque de Jérusalem , succéda l'an 458 à Juvénal. Son attachement au concile de Calcédoine lui attira la haine des Schismaliques, dont la fureur se ranima, l'an 470 , a l'occasion des lettres encycliques du tyran Basilisque contre ce concile. Us mirent à leur tète l'archimandrite Géronce , et donnèrent beaucoup d'exercice au patriarche. Son gouvernement finit avec sa vie au mois de janvier 4" 8. lY. ' e ^2 CHRONOLOGIE HISTORIQUE XLVI. MARTYRIUS. 478. Martyrius , solitaire du Mont de Nltrie, en Egypte, puis ordonné prêtre de l'église de Jérusalem par Anastase , devint son successeur l'an 478. Les Schismatlques , sous son épiscopat et par ses soins, rentrèrent dans le sein de Téglise. Ce prélat mourut le 10 avril de l'an 4S6. XLYII. SALUSTE. 486. Saluste succéda à Martyrius. Il eut la faiblesse de souscrire Thénotique de Zenon , par amour de la paix , et non par haine de la vraie foi. L'an 491, il ordonna prêtre saint Sabas, dédia l'église desalaure, et l'établit archimandrite de tous les Anachorètes de Palestine. 11 donna la même inten- dance à saint Théodose sur tous les cénobites du ressort de son église. Le gouvernement de Salujte fut de huit ans et trois mois. Il mourut, suivant le moine Cyrille, auteur de la Vie de saint Sabas, le :i3 juillet, indiction II, c'est-à-dire, l'an 494. ( Pag'- ) XLVIII. ELIE. 494. Elie , arabe de nation et disciple de l'abbé saint Eu- thyme , fut élu le ^5 juillet 494 pour succéder à Saluste. L'an 5 1 1 , il assista au concile de Sidon , où il empêcha qu'on ne condamnât la foi de Calcédoine ; mais il feignit en même tems de ne pas recevoir ce concile. Cette dissimulation n'empêcha pas qu il ne fût chassé , l'an 5i3 , de son siège par l'empereur Anastase, pour avoir dit anathème à Sévère , usurpateur du siège d'Anlioche. L'anSiS, Elie mourut en Arabie le 20 juillet. L'église romaine honore sa mémoire le 4 juillet. XLIX. JEAN III. 5i3. Jean , fils de Marcien, fut substitué au patriarche Elie par l'autorité du gouverneur Olymplus. Il était auparavant évêque de Sébaste , en Arménie. En montant sur le siège de Jérusalem, il avait promis d'anathématiser le concile de Cal- cédoine, et de communiquer avec Sévère. Mais après son ins- tallation , il refusa l'un et l'autre. Sur ce refus, Anastase, suc- cesseur d'Olympius , le fait mettre en prison. 11 en sort peu de tems après en donnant des paroles équivoques , et continue de prêcher la vraie foi. L'an 5 18, après la mort de l'empereur Anastase , il assemble un concile où il fait recevoir celui de Calcédoine et anathématise Sévère. L'an 624, il meurt le 22 avril. ( Le Ouicn. ) DES PATRIARCHES DE jÉRUSALEII, 4^ L. PIERRE. 624. Pierre, natif d'Eleutérople , succéda au patriarche Jean. L'an 53o, il députa saint Sabas à Conslantinople pour demander du secours contre les Samaritains révoltés, qui mettaient tout à feu et sang dans la Palestine. A ces mouvements succédèrent, l'an 532, ceux des Origénistes, qui , par la mollesse du patriar- che, troublèrent son église pendant toute la suite de son gou- vernement. L'an 53G , le ig septembre, il tient un concile où il anathématise Anthyme , patriarche de Constantinople , dont il avait auparavant embiassé la communion. Il assista , l'an 541 , par ordre de Tempereur Justinien , au concile de Gaza , où Paul , patriarche d'Alexandrie , fut déposé. L'an 544» il souscrivit avec les autres patriarches , mais malgré lui , l'édit de Justinien contre les trois chapitres. Pierre iTiourut la même année. Prélat foible, mais bien intentionné. ( Pagi , Bollandus , le Quien. ) LL ELSTOCHIUS. 544- Après la mort de Pierre , les moines de la nouvelle Taure, attachés à l'Origénlsme, placèrent Macaire, homme de leur secte , sur le siège de Jérusalem. Mais l'empereur cassa cette élection au bout de deux mois, chassa Macaire, et lui fit substituer EuSTOCHlLS , économe de Teglise d'Alexandrie. Celui- ci tint le siège 19 ans , pendant lesquels il assista , l'an 553, par ses légats, au second concile général de Constantinople, dont il confirma les actes la même année dans un concile de son patriarcat. Son éloignement pour l'Origénisme le rendit odieux à Théodore Ascidas, évêque de Césarée, en Cappadoce , fameux , puissant et adroit origéniste, par les intrigues duquel il fut déposé Tan 583 et exilé. (Le Quien.) Pagi met la déposi- tion d'Eustochius en 56i, et les Bollandistes en 556. On ignore ce que devint ensuite ce prélat. LIL MACAIRE II. 563. Macaire , après la déposition d'Eustochius qui l'avait supplanté^ remonta sur le siège de Jérusalem ; mais on lui fit auparavant condamner solennellement Origène. Ce prélat gou- verna encore son église l'espace de onze ans , au bout desquels il mourut sur la fin de l'an 574. Bollandus avance sa mort de quatre ans. LUI. JEAN IV. 574. Jean, moine accmete, succéda au patriarche Macaire 44 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Il tlntlesiége 19 ans, cL mourut au commencement de Tan 594. ( 0 tiens Christ. , t. III. ) HV. AMOS. 594- AmOS ou NÉamus , fut élu vers la fin de 894 -> pour suc- céder à Jean IV. Il était moine , et avait gouverné quelque tems l'une des laures de la Palestine. Lorsqu'il se rendit à Jé- rusalem , les ahbés des différents monastères vinrent au devant de lui pour le saluer. « Priez pour moi , mes pères , leur dit-il; j> car on m'a imposé un grand et terrible fardeau. La dignité j) sacerdotale me fait trembler. C'est à Pierre et à Paul, ainsi j) qu'à leurs semblables, à gouverner les âmes. Pour moi , je ne n suis qu'un misérable pécheur. Mais ce que je redoute par » dessus toute chose , ce sont les ordinations ». Amos mourut vers la fin de 601 , après environ sept ans d'épiscopat. LV. ISAAC, ou HESYCHIUS. 601. ÎSAAC, OU Hesychius, vers la fin de l'an 601, fut élu pour remplir le siège de Jérusalem. Aussitôt après son élec- tion il envoya, suivant la coutume , sa lettre synodale au pape saint Grégoire le Grand. La réponse de ce pontife rend témoi- gnage à la pureté de la foi d'Isaac. Elle nous apprend aussi que la simonie, était commune en Orient , et cju'il régnait des dissensions dans l'église de Jérusalem. Saint Grégoire exhorie îsaac à donner ses soins pour remédier à ces abus. Ce patriarche tint le siège huit ans , et mourut l'an 609. On prétend qu'il est le même qu'Hesychius , auteur d'un excellent Lexique Grec. LYI. 7ACHARIE. 609. ZacharIE, prêtre et garde des vases sacrés de l'église de Constantinople , fut élu pour succéder au patriarche Isaac. L'an (-11 4, il fut témoin de la désolation de la Palestine , lorsque Sarbazas , général de Chosroès H, roi de Perse , y étant entré avec une armée formidable, couvrit de ruines tout le pays. Ce fut vers la mi-juin de cette année que Jérusalem tomba au pouvoir des Perses. Tout ce qui s'y trouva d'habitants, iiommes , femmes , vieillards et enlants , tut chargé de chaînes pour être traîné au-delà du Tigre. Les Juifs, que Sarbazas épargnait , en rachetèrent un grand nombre qu'on fait monter à ^o mille , pour se donner le plaisir cruel de leur arracher la vie. Le patriarche fut du nombre des captifs qu on em- mena , et avec lui fut emportée la vraie croix enfermée dans Tin étui qu'il scella de son sceau. ( Sarbazas la déposa , suivant T)r5 PATRIAUCnES DE JERUSALEM. 4^ la trarVillon des Arméniens, à Tauris , dans un cliâteau dont on montre encore les ruines. ) L'an 628, Zacbarie est ren- voyé k son église par Syroès , fds et successeur de Chosroès. J/âimée suivante , Héraclius reporte à Jérusalem la vraie croix que Syroès lui avait renvoyée ; et Zacharie l'ayant reçue de SCS mains , la replace au lieu qui lui était destiné. Ce patriarche mourut l'an G3i ou 602. L'église grecque fait mé- moire de lui le 21 février. LVII. MODESTE. 632. Modeste , prêtre et abbé du monastère de Saint-Tbéo- dose , après avoir gouverné , pendant l'absence de Zacharie , l'église de Jérusalem , est élu pour lui succéder. Son patriar- cat fut très court. Giacomelli, prélat domestique de Clé- ment XIII, a donné de ce patriarche un sermon sur le passade de la très-sainte Vierge^ mère de Dieu^ dans lequel on voit que la tra- dition sur l'assoraption corporelle de Marie se maintenait tou- jours dans l'église de Jérusalem. Le père Pagi met la mort de Modeste en 633, et le père Papebroch en 634. L'église grecque honore sa mémoire le 16 décembre. LVIII. SOPHROiNE. 634. SoPHROKE , moine de Palestine, fut élevé sur le siège de Jérusalem après Modeste. Sa vertu, sa science et les cortibats qu'il avait soutenus contre les hérétiques , lui avaient mérité cette place. Dès Tan 614 , il avait été employé avec Jean Mosch , auteur du Pré Spirituel , par saint Jean l'aumônier, patriarche d'Alexandrie , pour ramènera l'unité de l'église les Acéphales , et y avait réussi. L'an 633 , il fit ses efforts, mais inutilement , auprès du patriarche Cyrus , pour l'empêcher de publier sa doc- trine sur l'unité de volonté et d'opération en Jésus-Chrlsl. -Oevenu patriarche de Jérusalem , il assembla aussitôt un concile, où il foudroya cette hérésie, connue sous le nom de Monolhé- lisme. De là il envoya ses lettres synodiques au pape Honorius el à Sergius , patriarche de Constantinople , cju'il croyait en- core catholique. Les trouvant peu favorables l'un et l'autre à ses vues, il députe à Rome Etienne, évêque de Dore, avec un long écrit , où il explique savamment le dogme des deux volon- tés en Jésus-Christ. L'an 638 , les Musulmans ayant formé le siège de Jcrnsalem, Sophrone traite de la capitulation avec le général , et reçoit ensuite le calife Omar, qui était venu d'Ara- bie pour pr.^ndre possession de la place. On ignor^" l'année de la mort de ce patriarche , dont 'i'héophane dit qu'il remporta 46 CUROMOLOf.IE HISTORfQtîE «l'illustres trophées sur Sergius et Pyrrhus. Baronlus prétend f]u il mourut en 638. Le P. Papehroch et le P. le Quien reculent cet événement jusqu'en 644- Q"oi cf'ïI en soit , il mourut le 1 1 mars, jour auquel sa mémoire est célébrée dans l'église latine et Téglise grecque. ADMINISTRATEURS Pendant la vacance du siège de Jérusalem. Après la mort du patriarche Sophrone , le siège de Jérusalem vaqua jusqu'à l'an yoS. Car il faut regarder comme une fiction cet Anastase , évêque de Jérusalem, et ce Pierre, évèque d'A- lexandrie, dont on voit les souscriptions au bas des actes du concile in Trullo. Il est certain qu'alors , c'est-à-dire en 6g2 , ces deux sièges étaient vacants. I. ETIENNE , ÉvÊQUE de Dore. Sergius, évêque de Joppé et monothélite, voyant le siège de Jérusalem vacant par la mort de Sophrone , s'ingéra , par l'autorité de l'empereur, soit îîéraclius , soit Constant, de gouverner cette église , et y fit plusieurs ordinations. Le pape Théodore en étant instruit , confia le soin , et pi-oprement le vicariat de l'église de Jérusalem , à Etienne , évèque de Dore , qui se trouvait pour la seconde fois à Home. Etienne usa de son pouvoir avec sagesse, et fit rentrer les rebelles dans le de- voir. L'an 64.9, il se démit de ce vicariat au concile de Latran entre les mains du pape Martin. II. JEAN, ÉVÊQUE DE Philadelphie. A Etienne le pape Martin substitua , l'an 649 , Jean, èvéque de Philadelphie , pour l'admiulsliation de l'église de Jérusalem. On ignore combien de temsil exerça cet emploi. III. THEODORE, prêtre. Après Jean de Philadelphie , le prêtre Théodore fut chargé de l'administration de l'église de Jérusalem. L'an GSo, il envoya Georges, prêtre et moine, au sixième concile général, pour y tenir sa place. On ne peut dire combien de tems il gouverna depuis cette église, ni s'il eut im successeur jusqu'en yo.S. En Tin mot, c'est le dernier administrateur connu de l'église de Jérusalem. DES PATRIARCHES DE JÉRUSALEM. 4? Suite des patriarches de Jérusalem. LIX. JEAN V. L'an yoS, l'église de. Jérusalem, après environ soixante ans lie vacance, eut pour patriarche Jean , que saint Jean Damas- cène qualifie de saint homme. Eutychius lui donne quarante ans d'épiscopat. On doit lui en donner au moins quarante-neuf, s'il est auteur d'une invective contre l'empereur Constantin Co- pronyme , qui se trouve dans la nouvelle édition de saint Jean l/amascène, sous le nom de Jean, patriarche de Jérusalem : car cette pièce n'a pu être composée qu'après le conciliabule assem- Llé par ce prince en 754- Mais peut-être Jean V aura-t-il eu un successeur du même nom, que les historiens n'auront point connu. LX. THEODORE. 754. Théodore fut élevé sur le siège de Jérusalem au plus tard vers la fm de 754. H se déclara pour les saintes Images, et fulmina, l'an 768, de concert avec les patriarches d'Antioche et d'Alexandrie, une sentence d'excommunication contre Cosme, évêque iconoclaste de Philadelphie, Théodore vivrait encore en 767, tems auquel il envoya sa lettre synodique sur les saintes Images au pape Paul ; mais on ignore ce qu'il devint depuis ce tems-là. LXI. EUSEBE. Ce patriarche est assez douteux, n'étant connu que par la Yie de saint Madalvé, évêque de Verdun, où il est dit que le saint, étant allé l'an 772 ou 778 à Jérusalem, il y fut très-bien reçu par le patriarche Eusèbe. C'est aux savants à voir si Hugues de Flavigni , auteur de cette Yie , est un garant assez sûr de l'existence de ce patriarche de Jérusalem. LXII. ELiE U, V Elie, dans les Catalogues latins des patriarches de Jérusalem, est mis immédiatement à la suite de Théodore. Il était monté sur le siège avant l'an 783. Cette année, les légats de Constan- tinople étant venus en Palestine pour inviter ce patriarciie aa septième concile général, trouvèrent qu'il était en exil dans la Perse. Un moine, nommé Théodore, était l'auteur de celle dis- grâce , et avait obtenu du gouverneur la place d'Elie. Détesté des Catholiques , il prit bientôt la fuite. Le patriarche Elie re- vint à son église , et vécut au moins jusqu'en 796. LXni. GEORGES. | Georges fut le successeur d'Elie dans le siège de Jérusalem. 4i^ CURONOLOGIE HISTORIQUE L'an 800 , il fit accompagner à leur retour, par deux de ses moines, les ambassadeurs que Charlemagne avait envoyés au calife Haroun. Ces moines apportaient , par ordre du calife, les clefs du Saint-Sépulcre et de Féglise du calvaire pour ce mo- r.arque avec un étendard que M. de Fleuri croit cvdir elé le signe de la puissance et de l'autorité qu'Harnun avait remise à Charlemagne. Georges mourut au plus tard l'an .^ t. XYI, p. 00.) LXV. BASILE. 829. Basile, successeur de Thomas, occupait le siège de Jérusalem au mois d'octobre 829. lorsque rempereur Théo- phile monta sur le trône. Il écrivit, de concert avec les pa- triarches d'Alexandrie et d'Antiorhe , une lettre très forte à ce p.riitce en faveur des saintes Images. Elle ne fit aucun elfet. Ba- i..lc mourut au plus tard l'an 54^. i)ÈS PATRIARCHES DE JÉRUSALEBli 4^ LXVI. SERGIUS. iS43, Sergius fut élu patriarche de Jérusalem la seconda année du calife Watek, c*est-à-dire l'an 84^» suivant Euty- chius, qui lui donne seize années de patriarcat. Il mourut donc €n 658 ou bSc^. LXVII. SALOMON. 858 ou 85g. Salomon, fils de Zarkum , fut tiré du nombre des laïques, suivant Anastase , pour être élevé à la dignité pa- triarcale. Eutychius lui donne cinq années de gouvernement, c'est-à-dire qu'il mourut en 862 ou 863* LXVIII. THEODOSE. 862 ou 863. Théodose, ou Théodore, fut substitué, la Î première année du calife Mostain, (l'an de l'hégire ^48) à Sa- omon. Eutychius lui donne dix-neuf ans de gouvernement j mais il est certain qu'd mourut Pan 87^. 11 écrivit , l'an 8b^, à saint Ignace , patriarche de Constantinople , une lettre contre Photius, usurpateur de son siège, qui fut lue au huitième con- cile général , auquel il assista par Elie, son syncelle. Théodose mourut avant le mois de novembre 871J , puisqu'il est fait men- tion de son successeur dans les actes du faux concile que Pho- tius tint dans ce mois. LXIX. ELIE lil. 879. ËLiE fut élu l'an 879 au plus tard pour succéder au pa- triarche Théodose. Il assista, par son syncelle, nommé, comme! lui , Elie , au conciliabule que Photius tint au mois de no- vembre de cette année sur son rétablissement, ^i l'on peut ajouter foi aux actes de cette assemblée , il paraît que le pa- triarche Elie , ainsi que son syncelle , avait été surpris par les artifices de Photius. Car le syscelle se déclara, au nom de celui qu'il représentait , en faveur de cet intrus, et condamna la mémoire de saint Ignace. L'an 881 , il écrivit à l'empereur Charles le Gros et aux grands de France pour demander des sub- sides, à l'effet de réparer les églises de Jérusaleih, ruinées par les Arabes. Elie mourut la 29^ année de son gouvernement, e'est- à-dire l'an 907. LXX. SERGIUS II. 907. Sergius, nomme Georges par Eutychius , fut placé le 4 ou le 5 avril sur le siège de Jérusalem , qu'il tint l'es- pace de 4 ans. Il mourut Tan 911 , vers le commencement d'avril. IV. 7 5o . .CHRONOLOGIE HISTORIQUE LXXI. LEONCE. 911. LÉONCE , OU LÉON, monta sur le siège de Jérusalem au mois d'avril gii. Il l'occupa 17 ans, et mourut par conséquent l'an 927 ou 928. LXXIL ANASTASE. Les Catalogues latins des patriarches de Jérusalem donnent pour successeur à Léonce un nommé Anastase. Si ce patriarche est réel, son gouvernement fut très court. Il ne paraît pas avoir passé l'an 928. LXXIII. NICOLAS. Le patriarcat de Nicolas est aussi douteux que celui d'A- nastase. En supposant réel ce patriarche , il mourut l'an 937 au plus tard. LXXIV. CHRISTOPHE , ou CHRISTODULE I. Christophe , ou Christodule , natif d'Ascalon , était pa- triarchede Jérusalem l'an 987 , suivant Eutychius, qui rapporte une irruption des Musulmans, faite le jour des Rameaux de celte année , sous le patriarcat de Christophe. On ignore l'année de sa mort. LXXV. JEAN YI. Jeats VI fut le successeur de Christophe. Les Musulmans , ayant été battus plusieurs fois par l'empereur NicéphorePhocas, s'en prirent à ce prélat , comme ayant excité l'empereur à leur faire la guerre. Pleins de celte préoccupation , ils se saisirent de sa personne , et le brûlèrent vif l'an 969. LXXVI. CHRISTOPHE, ou CHRISTODULE IL Christophe, ou Christodule II, succéda au patriarche Jean VI , suivant les Catalogues latins des patriarches de Jéru- ialem. Mais on ignore quelle fut la durée de son gouver- nement LXXVH. THOMAS IL LXVIII. JOSEPH. Thomas, dans les Catalogues cités, est donne pour succes- S^idr à Christophe II. Mais ils ne s'expliquent pas davantage sur DES PATRIARCHES DE JÉRUSALEM. 5l sa personne , et ce silence n'est suppléé par aucun autre monu- ment. On n'a pas plus de lumières sur le gouvernement de Joseph, successeur de Thomas, que sur celui de ses deux pré- décesseurs. Son nom est tout ce que les Catalogues nous en ont conservé. LXXIX. ALEXANDRE. Nlcéphore Calixle {Hîst. Ecch , 1. XIV, c. 89), dit que sous l'empire de Constantin Porphyrogénète ( qui régna depuis 975 jusqu'en losS), Alexandre fut placé sur le siège de Jéru- salem. C'est vraisemblablement le successeur immédiat de Jo- seph ; mais on ne sait pas combien de tems il tint le siège. Le père leQuien ( Or. Ch., 1. 111 , p. 42 ) donne pour succes- seur cl' Alexandre, Agapius , dont il est dit, dans le IV^ livre du Droit grec-romain , p. 294, que « sous l'empire de Constantin » Porphyrogénète, Àgapius , archevêque de Séleucie , devint « patriarche de Jérusalem , et qu'ensuite s'étant retiré à Cons- j» tantinople , il y exerça le sacré ministère avec le patriarche j» Nicolas. » Mais il est visible qu'il y a faute dans ce texte, et qu'au lieu de patriarche de Jérusalem, il faut y lire patriarche d'Antioche , puisqu'il dit la même chose que ce que nous atons rapporté d'Agapius II , d'après Nicéphore Calixte. LXXX. JEREMIE. JÉRÉMIE , appelle Oreste par quelques anciens , et peut- être le même qu'un Jean, que d'autres font patriarche de Jéru- salem sur la fm du 10*= siècle , fut élevé sur ce siège par l'aulo- riléd'Aziz, calife d'Egypte, qui avait épousé sa sœur. Celte promotion se fit au plutôt l'an 984, parce que ce fut cette année cpie le calife devint son beau-frère. L'an 1012 , le calife Hakem, successeur d'Aziz , s'etant mis à persécuter les Chrétiens , fit détruire la grande église de Jérusalem , et crever les yeux à Jé- rémie qu'il emmena captif au Caire , où ce prélat mourut. LXXXI. THEOPHILE. Théophile , suivant Albéric de Trois-Fontaines , succéda immédiatement au patriarche Jérémie. Le P. Papebruch con- jecture que son patriarcat fut très-court. On n'en sait par exac-^ tement la durée, LXXXII. ARSENE. Arsène monta sur le siège de Jérusalem après Théophile, Quoique nul catalogue ne fasse mention de ce prélat , son exis>- 5a CHRONOIiOGIE HISTORIQUE tence est néanmoins certaine par la Vie de saint Siméon , er- mite en Italie , mais arménien de naissance. En effet , Tauteur contemporain de cette vie dit que ce patriarche lui a fourni les traits qui concernent le saint jusqu'à son départ pour l'Occident. Or, cette vie fut composée l'an 1024» pour servir de fondement à la canonisation de saint Siméon, qui se fitla même année par le pape Benoît VIII. Les BoUandisles (J«/, t.VI, p.324, )pc'iscnt qu'Arsène fut fait patriarche Tan loio , et mourut au plutôt l'an I023. LXXXIIJ. JOURDAIN. Jourdain , successeur du patriarche Arsène , n'est connu que par le témoignage de Raoul Glaher , auteur contemporain. Cet historien rapporte (1. IV, ch. 6 ,) que l'an io33 , Odolric, évéque d'Orléans, s'étant rendu à Jérusalem, y vit de ses yeux le miracle qui s'opérait tous les ans la veille de Pâques dans la grande église : miracle qui consistait en ce que les lampes, à la bénédiction du feu nouveau, s'allumaient d'elles-mêmes. Témoin de ce prodige , dit Glaher , l'évêque d'Orléans acheta du pa- iriarche Jourdain une de ces lampes, avec l'huile qu'elle ren- fermait , pour une livre d'or. On ne trouve nulle part combien de tenis Jourdain a siégé. LXXXIV. NICEPHORE. NiCÉPHORE , qu'Albéric de Trois-Fontaines et les Catalogues latins des patriarches de Jérusalem mettent immédiatement après Théophile sur le siège de cette église , sans parler d'Ar- sène ni de Jourdain, acheva, selon (iuillaunie de Tyr , l'an 1048, la reconstruction de la grande église de Jérusalem. C'est la seule époque connue de son patriarcat. Il mourut au plus tard l'an io53. LXXXV. SOPHRONE II, ior)3 au plus lard. SoPHRONE occupait, en ioB3, le siégp. de Jcrusalem. En voici la preuve. Un seigneur français du comté de Rouergue , nommé Odite, éêant venu cette année en dé- votion à Jérusalem, y fit vœu de bâtir à son retour un monas- tère dans le lieu de Moissac ; ce que le patriaiche, entre les mains duquel ce vœu fut fait , approuva en ces termes : Ego Suphronîus , palriarcha Hierosolymitanus , oro atque henedicQ omnes qui in hoc monasterio suprudicto seroiuut ( F. sercicnl. ) L'acte, d'où ceci est tiré, se trouve parmi les Preuves du deuxième tome de l'Histoire de Languedoc, p. 224. Sophrone fui témoin , dit Albcric , des succès des Turcs contre les Arabes^ DES PATRIARCHES DE JÉRUSALEM. 53 auxquels ils enlevèrent , l'an loSi^ , Jérusalem , où ils mirent à mort tous les habitants, à l'exception des Chrétiens qui se soumirent volontairement. LXXXVI. EUTHYMIUS. EuTHYMiUS succéda à Sophrone, suivant le même historien que nous venons de citer. Il mourut avant l'an iog4' C'est tout ce qu'on sait de sa personne, LXXXVII. SIMEON II. SimÉon II , cju'Albéric fait succéder immédiatement à Eu- thymius , était assis sur le siège de Jérusalem dès l'an »og4- Ce fut lui , suivant Guillaume de Tyr , à qui Pierre Termite , natif d'Amiens, en Picardie, s'adressa cette année dans son premier voyage de Jérusalem , et avec lequel il s'entretint sur les mal-* heurs de l'église de Palestine , et sur les moyens d'y apporter du remède. I.e résultat de leurs conférences fut que si le pape et les princes d'Occident étaient informés de l'état déplorable des Chrétiens en Palestine , ils viendraient rompre leurs fers et délivrer les lieux saints de la tyrannie des infidèles. Siméon, en conséquence, lui donna des lettres pour le pape Urbain II et pour les princes de l'Europe, Elles étaient touchantes, et Pierre, à son retour , sut les faire si bien valoir par une éloquence qui lui était naturelle , que ses discours firent naître et exécuter le projet étonnant des croisades. L'an loqS, à la nouvelle de l'arrivée des croisés, Siméon, intimidé par les menaces des Musulmans , se retira dans l'ile de Chypre , où il mourut vers le mois de juillet de l'an logg, dans le tems de la prise de Jérusalem. PATRIARCHES LATINS DE JERUSALEM. ARNOUL , PREMIER PATRIARCHE LATIN. L'an 109g, les croisés, après avoir élu Godefroi de Bouillon roi de Jérusalem, pensèrent à faire im patriarche latin. L'évê- que de Martorane et son parti firent tomber le choix sur Ar-- NOUL UFs Roches ou de Rocas, qui est un château dans le Hainaut , chapelain du duc de Normandie, qui fut proclamé le jour de saint Pierre-aux-Liens, i*^"^ août. Le défaut de sa nais- sance (il était bâtard et fils de prêtre), joint à la conduite li- cencieuse qu'il avait tenue pendant le voyage de la croisade, et qu'il ne démentait pas même depuis qu'il était élu, lui aliéna les esprits. On le déposa la même année , après la fête de INoël , par ordre du pape Pascal, Les anciens historiens le 54 CHRO^"OLOGIE HISTORIQUE nomment, les uns patriarche, les autres, vice-patriarche, selon qu'ils sont affectés. II. DAYMBERT. io()9. Dâymbert , archevêque de Pise et légat du saint siège pour la croisade , fut mis sur le siège de Jérusalem après la déposition d'Arnoul ; par le conseil d'Arnoul même. Son élection est de la fin de l'an 1099. Après l'installation du nou- veau patriarche, Godefroi de Bouillon et Boémond recurent humblement de ses mains l'investiture, l'un du royaume de Jérusalem, l'autre de la principauté d'Antioche. Dâymbert, en vertu de cet acte religieux , prétendit que la ville de Jérusa- lem avec ses forteresses , et même la ville de Joppé avec ses dépendances, lui appartenaient. Accord passé le jour de Pâques , i*' avril de l'an 1 loo, entre le roi et le patriarche. Le premier assure à l'aulre le royaume de Jérusalem au cas qu'il meure sans enfants. Le cas étant arrivé le 18 juillet suivant, Baudouin, successeur de Godefroi, ne veut point tenir la con- vention. Le prince et le patriarche se brouillent à ce sujet. L'an iio3, Dayrnbert se retire auprès de Boémond, prince d'Aniioche. Baudouin fit aussitôt placer sur le siège patriarcal le prêtre Ehremar , homme de bonnes mœurs, mais fort igno- rant. Il était né au diocèse de Térouanne , et avait été ordonné par Lambert, qui , d'archidiacre de cette église, devint évêque d'Arras. Nous avons la lettre que Dâymbert écrivit à ce dernier pour lui faire part de son élection, avec la réponse qu'il en reçut, (Baluze, Mhcell. ^ tom. V, p. 33 1.) Dâymbert passe à Rome pour se plaindre de cette intrusion. Il part en l'an 1 107 pour s'en retourner , après avoir été favorableinent écouté, et meurt à Messine le 16 juin de la même année. Gibelin, arche- vêque d'Arles, arrivé daas^ le même tems en Palestine avec titre de légat, dépose Ehremar, et lui donne l'église de Césa- rée pour dédommagement. IH. GIBELIN. 1107. Le légat Gibelin fut élu l'an 1107, pour succéder au patriarche Dâymbert , et mourut le G avril de l'an 1112. Nous suivons ici Guillaume de Tyr et Albéric de Trols-Fonlalnes,,en identifiant le patriarche Gibelin avec le légat de ce nom , ar- chevêque d'Arles. Cependant , il faut avouer qu'Albert d'Aix , plus ancien que Guillaume de Tyr et qu' Albéric, les distingue assez clairement, soit en nommant Gobclin le successeur de Dâymbert, soit en lui donnant la simple qualité de clerc. Qui dam clerkiis ^ dit-il, nowliie GoheUnus sunrogatur. Quoi qu'il en soit , ce patriarche, fort âgé lorsqu'il fut élu, gouverna bES PATRIARCHES DE JÉRUSALEM. 55 paisiljlemciil son église. Le pape Pascal lui accorda une bulle qui lui permettait d'unir à son siège les places que le roi Bau- douin prendrait sur les infidèles, quoiqu'elles relevassent an- ciennement d'autres métropolitains , ce qui excila les plaintes de Bernard , patriarche d'Antloche. ARNOUL, une seconde fois. \iii2. Arnoul, après la mort du patriarche GiLelin , trouva moyen de remonter sur le siège de Jérusalem. Il fut une se- conde fois déposé, l'an iii5 , par l'évêque d'Orange, légat du saint-siége. Mais s'étant rendu à Borne ,il se fit rétablir. Arnoul mourut peu de jours après avoir couronné le roi Baudouin II , c'est-à-dire vers le milieu d'avril iii8. Guillaume de ïyr dit qu'il fut surnommé Mala corona , parce qu'il ne menait pas une vie conforme à son état. Il ajoute qu'ayant marié sa nièce avec Eustache Garnicr , seigneur de Césarée et de Sidon, per- sonnage distingué par sa valeur , il lui donna en dot la ville de Jéricho , dont le revenu était de cinq mille besants d'or. IV. GORMOND. 1118. GoRMOND , fils de Gormond II , seigneur de Péquî- gni dans le diocèse d'Amiens , fut le successeur d'Arnoul. L'an 1 1^4 ? sur la fin de février , pendant la prison du roi Baudouin, il engagea les croisés à faire le siège de la fameuse ville de Tyr, qui fut emportée dans le mois de juillet suivant. Ce patriarche mourut Tan 1128 , de fatigue, en défendant te château de Bé- thasem, près de Sidon, que des brigands voulaient enlever à soa église. (Orderic Yital , 1. XIII. ) V. ETIENNE. 1128. Etienne, chanoine régulier , abbé de Saint- Jean- en- Tallée , près de Chartres, et parent du roi Baudouin II , fut élu pour succéder au patriarche Gormond. Son épiscopat fut; d'environ 2 ans. Il finit ses jours Tan i i3o, non sans soupçon de poison. Il était , dit Guillaume de Tyr , de bonnes mœurs, mais haut , jaloux de ses droits et ferme dans ses résolutions. Il eut de grands démêlés avec le roi de Jérusalem au sujet de la ville de Jaffa et d'autres biens qu'il voulait réunira son église, comme en ayant été aliénés; mais il ne vit pas la fin de cette dispute , et mourut à la peine. VI. GUILLAUME I. I i3o. Guillaume I, natif de Malines , et prieur du Saint- Sépulcre, fut élu pour succéder au patriarche Etienne. Il gou- verna l'église de Jérusalem jusqu'au 27 septembre de Tan 11 44, 56 CHRONOLOGIE HISTORIQUE époque de sa mort , si les quinze années de patriarcat que lin <3onne Guillaume de Tyr sont incomplètes ; mais si elles sont complètes , il faut mettre sa mort au m.ême mois de l'an ii45- C'est le même qui est nommé Frédéric par Albéric de Trois- Fontaines. Guillaume de Tyr dit qu'il était d'une belle pres-^ tance , d'une conversation agréable , qu'il était passablement instruit , et qu'il fut chéri des grands et du peuple. VII. FOUCHER. 1145 ou 1146. FoucHER, en latin Fulcherius, d'une fa-» mille noble et ancienne, connue dès les huitième et neu- vième siècles , qui subsiste encore aujourd'hui dans le Poitou et en Bretagne , natif d'Angouléme , chanoine régulier , puis archevêque de Tyr , fut placé sur le siège de Jerus alem le sS janvier 11 45 ou 1146. Il assista l'an 11 48 à l'assemblée générale qui se tint dans la ville d'Acre en présence de l'em- pereur Conrad et du roi Louis le Jeune , et les accompagna au siège de Damas. On sait le mauvais succès de cette expédi- tion. Il eut part dans la suite à une autre qui réussit mieux. Ce lut en effet par ses conseils et ses exhortations que les croisés , ayant mis le siège devant l'importante place d'Ascalon au mois de février 11 53, s'en rendirent maîtres le ig août suivant. ( Pagi , ad hune an. ) L'an ii55 , au printems , il passa en Ita- lie pour se plaindre au pape du refus que faisaient les hospita- liers de payer la dîme de leurs terres aux prélats. Il fut mal accueilli , et s'en retourna couvert de confusion. Il mourut à Jérusalem le 20 novembre de l'an 115- , à l'âge de près de cent ans. VIII. AMAURI. iiSj. Amauri , natif de Néele , au diocèse de Noyon , et prieur du Saint-Sépulcre , fut élu contre les règles et par le crédit des deux sœurs du roi , patriarche de Jérusalem. Il se maintint néanmoins sur son sifge, et obtint mêrat du pape le palliiim, malgré l'appel que Tarchevêque de Césarée et l'é- véque de Bethléem avaient interjeté de son élection à Rome. Il présida Tan 11 60 au concile de Nazareth, où celle d'A- lexandre 111 fut confirmée , non sans contradiction. C'était un homme assez lettré , dit Guillaume de Tyr, mais simple et peu capable de remplir une si grande place. Il mourut le 6 octoore de l'an 1 180. IX. HERACLIUS. 1 180. HÉRiVCLiUS, auvergnat de naissance, archevêque latîa de Césarée, fut élu le 16 octobre 1180, pour succéder au pa- triarche Amauri. Voici comment une ancienne chronique fian- DES PATRIARCHES DE JERUSALEM, By çaise manuscrite raconte son élection et ce qui la suivit : « Deux » clers en la terre d'iliérusalem estoient en cel tens , dont l'un » estoit aixevesques de Sur ( Tyr ) , li autres arcevesques de M Césaire (Césarée.) Li arcevesques de Sur et nom Guillaumes , w et fut nés en Ihérusalem. INe savoit-on en Chrestenté melior » clers de lui. A cel tens li arcevesques de Cesaire avoit nom }> Héraclès , et fu nés d'Auvergne, et poure clers ala en la terre , » et biaus clers estoit , et par sa biauté l'en ama le mère le roy , » et si le fist arcevesques de Césaire. H avint au tems de ces n deux clers que li patriarches de Ihérusalem mourut. Donc » vint le Roy, si manda les arcevesques de la terre qu'il venis- » sent en Ihérusalem à l'ésecion del patriarches, et il si fisrent. » Quand li arcevesques et li évesques furent assemblé en Ihéru- « salem , si vint l'arcevesques de Sur as (aux) canoines del » Sépulcre, à cui l'ésecion del patriarches estoit à faire ; si l'un » dist en capitre, et cria merci , Seignor , je ai trové en scrip- ->j ture que Eracle conquist la sainte Crois en Perse , et porta j> en Ihérusalem , et que Eracle la giteroit fors de Ihérusalem , » et à son tens seroit perdue. Por vos pri por Deu que vos ne le j> només raie en ésecion à estre patriarches. Car se vos le només , M sachiés bien de voir queli Roysli prendi'a a mal, et ert (sera) » la terre perdue , s'il es patriarches. Mais por Deu només deux » aultres que nos deux et se vos ne les trovés en cest païs , nos vos aiderons bien à mettre conseil de prudhome à querre en France à estre patriarches. Li canoines ne firent mie ce que li arcevesques de Sur lor avoit dit d' Eracle l'arcevesques de Césaires , qu'il ne le nomenassent ; et il le nomenerent , et si nomenerent li canoines del Sépulcre l'arcevesques Eracle^ que mère le Roy l'en avoit priés. L'ésecion estoit tele en la terre d'outremer de patriarches, d'arcevesques et d'évesques et d'abbés, qu'il en nomment deux et présentent le Roys, et liP^oysen prent un. S'on li présente la matinée, il le doit prendre dedans vespres sonans , et si on li présente à vespres , le demain il le prent après le chant , et li Roys prist Eracle , porce que sa mère l'en avoit proie par celé manière fu Eracle patriarches de Ihérusalem. Quant il fut patriarches , si manda li arcevesques et 11 évesques de la terre qu'ils fissent obédience, et si fistrent tuit, fors soulement l'arcevesques de Sur; ainsapellaà Rome sa propre personne, et que bien mos- terolt que deus estoient, et patriarches ne doit estre. Quant 11 arcevesques de Sur ôt fait son apel , si a tiré son cri et passé la mer, si s'en ala à Rome , si fu li apostres liés (réjoui ) de sa venue et li porta grant honor, et il et h cardinal ; ne oncques n'avoit-on oi parler de clers qui veni à Rome, cjue 11 apos- toiles honorast, ne li cardinal ciim il fistivnî lui .... et tant v IV. ,^ 58 CHRONOLOGIE fllSTORlQtJE i> avolt ja fait vers l'apostoile et vers les cardinaux , que g^îj i> eust vescu tant c H patriarche fust venu à Rome , qu'il eust » esté déposé : or vos dirai comment il fu mors. Alns que 11 » patriarches sot que 11 arcevesques de Sur estoit aies à Jlome , » si sot bien c[e s'il vivolt tant q'il le trovast à Uome , qu'il » seroit desposé (déposé). Donc dist à un suen fisiclen qu'il » alast après et si l'empolsonast , et cil fist, et ensl fu mors, j) Après ala 11 patriarches à Rome , et out ce qu'il veut , et s'en » retourna arière Ihérusalem Quant 11 fu revenu de Rome, » si ama la femme à nn merchier qui manolt à Naples (Naplouse) j> à douze lieues de Ihérusalem, et 11 la mandolt souvent et » la lenolt toute à vue del siècle, ainsi com 11 hom fait sa femme, 3) fors tant qu'elle ne manolt mie avec lui Cils ql la connols- »> soient , disoient che ce estoit la patriarchesse. Elle avolt à « nom Pasque de Rlven , et si avait eiifan del patriarches. » L'an 1 184, Iléracliusfut envoyé par le roi Baudouin IV en Occident , avec les deux grands-maîtres des chevaliers pour demander du secours contre les progrès de Saladln. Après quelque séjour en Italie , il arriva, le 16 janvier ii85, à Paris, et présenta au roi Philippe Auguste les clefs delà ville de Jérusalem avec celles du Saint-Sépulcre , comme une espèce d'investiture , ou du moins comme des gages de droit de protection qu'il devait acquérir par ses armes. Philippe, jeune prince, s'endamme d'une ar- deur qui était de son âge , et veut partir pour la Terre-Sainte ; mais son conseil l'en empêche , ou plutôt l'engage à différer. Le patriarche de-là , passe en Angleterre , où il met pied à terre au commencement de février , pour déterminer le roi Henri II à prendre la croix ; il s'efforce , dans l'audience qui lui est accor- dée , de persuader à ce prince qu'il n'a été al)sout qu'à cette conilitlon , du meurtre de saint ïliomas, Henri , qui était siir le déclin de l'âge, allègue le mauvais état de sa santé pour excuse, et offre de l'argent. Nous n'cn'uns pas besoins d'ar^^ni , lui répon- dit insolemment le patriarche, mais d'un chef j>lus digne que vous de nous défendre contre les infidèles. Puis , s'apercevant que le monarque rougissait de colère : Voilii ma lête ^ ajouta-t-11, vous pouvez me traiter comme vous avez traité mon frère Thomas. Il tu 'est indifférent de mourir ici par vos ordres , ou en Syrie par les viains des infidèles : aussi lien vous êtes plus viér.hanl que les Sar- rasins. Le roi se tut et respecta le droit des gens. Mais 11 n'aban- donna pas les Chrétiens d'Asie , et voulut conférer sur leurs intérêts avec le roi de France. Les secours toutefois qu'il leur fjt passer, ni ceux que Philippe Auguste leur envoya , n'empê- chèrent pas la prise de Jérusalem, dont Iléraclius fut témoin à son retour. En quittant cette ^llle, le patriarche emporta tous ks ornemeuls de sou église , rargenteria du Saint-Sépulcre , les DES PATRIARCHES DE JERUSALEM. Eg lames d'or Ct d'argent dont il était couvert, et plus de deux cent mille écus d'or. Les officiers musulmans voulaient s'y opposer, disant que la capitulation ne permettait d'emporter que les effets des particuliers. // est irai , dit généreuse- ment Saladin , quon pourrait contester sur cet article ; mais il ne faut pas donner aux Chrétiens sujet fie se plaindre et de décrier notre religion. Chargé de ces dépouilles, lléraclius se retira avec la reine Sibylle, les Templiers, et d'autres seigneurs, à Antio- che. De-là il vint au siège d'Acre, où il mourut l'an iigi. Cet infâme patriarche est loué par Héribert, dansla Yie de saint Thomas de Cantorberi , comme un prélat d'une vertu distinguée: iHtœ sanctitatc non infimus ; et cela pour donner du poids à des révélations qu'il disait avoir été faites en Palestine du. martyre de ce saint, quinze jours avant cet événement. X. ALBERT I, DIT L'HERMITE. 1191. Albert, surnommé I'Hermite, français de nation , petit-neveu du fameux Pierre I'Hermite, et évêque de Bethléem, fut nommé, par le pape Célestin 111, pour succéder au pa- triarche Héraclius. Il choisit A.rre pour le lieu de sa résidence. Albert mourut l'an ii94« (P^gi.) XL MONACO. 1 194. Albert étant mort, on élut patriarche, le 24 avril 1 194, Michel de Corbeil, docteur et doyen de Paris. IVIais quinze jours après, le clergé de Sens l'ayant choisi pour son arche- vêque , on mit à sa place , sur le siège de Jérusalem , MoiVACO , florentin de naissance, et archevêque de Césarée. C'était un homme savant et vertueux. Il tint le siège patriarcal 8 ans , et mourut vers le commencement de l'an 1200. XIL SIFUED. i2o3. SiFRED, OU Geoffroi, qu'Albéric de Trois-Fontaines nomme Simon, cardinal de Ste-Praxède , et légat en Palestine^ fut nommé par Innocent III, pour remplacer le patriarche Monaco. On a une charte de lui datée du 7 mai i2o3, où il se dit patriarche de Jérusalem et légat du saint siège. Mais il abdi- qua le patriarcat l'année suivante. (Mansi.) XIII. Le Bienheureux ALBERT II. 1204. Albrrt II, natif de Castro di Gualtèri , au diocèse do Parme, chanoine régulier et évêque de Verceil , fut élu pa- triarche de Jérusalem après l'abdication du cardinal Sifred. H était absent ; et ce fut 521 réputation de savoir et de vertu qui 6o ÎHRO^ÎOLOGÎE HlSTORIQTtJE détermina les suffrages en sa faveur. Ayant reçu la nouvelle de son élection, il vint trouver à Rome le pape Innocent III, qui lui donna \e piillium avec le titre de légat. Il aborda , l'an 1206, en Palestine, L'an 1209, il rassembla , sous un chef ou direc- teur, un petit nombre d'ermites qu'il trouva éparssur le Mont Carmel , et leur donna une règle comprise en 16 petits articles. Telle est l'origine des Carmes. L'an 1 21 4, le 1 4 de septembre, étant à la procession de la fête de l'Exaltation de la sainte croix, il fut assassiné par un italien, outré de ce qu'il l'avait repris de ses désordres. Celte mort, qualifiée de martyre par plusieurs écri- vains , couronna une vie exercée dans la pratique de toutes les vertus religieuses et aposlollques. (Papeuroch , ad diem VIIl'^^ aprilis. Le Quien. ) Gretzer {De Criicé) rapporte une médaille du patriarche Albert, sur un des côtés de laquelle on voit ses armes , qui sont un écu chargé d'un chapelet posé en chevron, accompagné de trois quintefeuilles , au chef chargé d'une croix de Jérusalem , cantonnée de quatre croisettes. Au-dessous de l'écu, qui est penchant , est une mitre avec une croix simple et une aulre à trois branchons , posés en sautoir. A côté est écrit , Mccvi ; çt pour inscription on lit ces mots: ALBEKTUS PATR. HIEROSO. L'autre côte représente une porte de ville accostée de deux tours, l inscription y est double. Au moindre cercle, on lit celle-ci: NUMUS PEREGRINOR. Au plusgrand, KIEROS. A. SARA. CAP. SED. ACC. TRANS. C'est-à- dire Hîerosuîyma a saracenls capta , sede Acconem translata. De cette médaille on tire ces inductions : i.° que Pierre l'Hermile est inventeur du chapelet ; en second lieu que la maison qui pnrle le nom de THermlte aux Pays-Bas , est issue de la même famille que le patriarche Albert, portant encore à présent pour armoiries , de slnople an dizain ou à la patenôtrs d'or , enfilé et hoxipè de même , vfiis en che^^ron^ accompagné de trois quintefeuilles d ' argent j posées deux en chef, et une en pointe ; au chef de Jérusalem. XIV. RODULFE. 1214. RoouLFE , évêque de Sayette , ou Sidon , résident à Sarepta , succéda au patriarche Albert sur la fin de l'an 12 14. Son patriarcat fut de moins de deux ans. Il mourut l'an 1216. (BoU.) XV. LOTHAIRE. i2i6. LOTHAiRE , évêque de Verceil et en'îuite archevêque de Pise , s'étant trouvé en Palestine à la mort de liodulfe, fut eia pour lui succéder. On ne sait presque rien de lui jusq'.i'à sa mort, arrivée, à ce qu'on croit, l'an 1224. Ainsi ce dut être lui qui porta la vraie croix en 1218, au siège de Damiette; car elle DFS PATRIARCHES DE JERUSALEM: 6l y fut portée par le patriarche de Jérusalem. Le P. le Quien met Lothaire avant Kodulfe , et place la mort du dernier en 1225. Nous suivons ici les Bollandistes. XVI. GEROND , ou GIRAUD. 1224 ou 1225. GÉROND , ou GiRAUD , abbé de Cluni, de- venu évèque de Valence , en Dauphiné , fut nommé par le pape Honorius au patriarcat de Jérusalem. Il emmena de France , l'an 1227, une (lorissante jeunesse au secours de la Terre- Sainte. L'an 1 228 , voyant que , faute d'exercice, une partie des croisés , au nombre de quarante mille , s'en étaient retournés , et que les autres étaient disposés à les suivre , il est d'avis, avec les autres prélats , les trois grands-maîtres et les seigneurs laïques, de rompre la trêve qui causait cette désertion. La même année, au mois de septembre, il va au-devant de l'empereur Frédéric II, à la tête du clergé et du peuple ; mais il refuse de couronner ce prince roi de Jérusalem , parce qu'il était excom- munié par le pape Grégoire IX. L'année suivante, il écrit à ce pontife pour se plaindre du traité que Frédéric avait fait avec le Soudan de Babylone. Il en était si indigné , qu'il jeta l'interdit sur la ville de Jérusalem , quoiqu'elle fut restée au pouvoir des Chrétiens , et reporta son siège à Saint-Jean-d"Acre. Il mourut le 7 septembre de l'an i23g. (Mathieu Paris, le Quien. ) XVII. ROBERT. 1240. Robert, appelé Gui, par Albéric , nommé, l'an 1240, patriarche de Jérusalem par Grégoire IX, était né dans la Pouillc , y avait été nommé évêque ; et en ayant été chassé par l'empereur Frédéric II, il s'était retiré en France, où il avait obtenu l'évêché de Nantes. A la nouvelle de sa nomination au patriarcat de Jérusalem, faite par le pape contre le vœu du clergé, qui avait élu Jacques de Vitri, il se rendit en diligence sur les lieux. Mais, l'an 1244 1 l^s Kharismiens étant venus fon- dre sur Jérusalem, il s'enfuit avec les maîtres du Temple et de l'Hôpital , d'abord à Joppé , et de-là à Saint-Jean-d'Acrc. L'an 1249 ■> ^^ s^ trouva au siège de Damielte ; et la ville ayant été prise le 4 juin, il y entra nu pieds avec le roi saint Louis, et y célébra les saints mystères. Après la prise du saint roi, il fut député vers les infidèles , pour traiter avec eux de sa déli- vrance. Mais , pend.-^nt qu'il négociait , le soudan d'Egypte fut mis a mort par les siers. Voici ce que raconte à ce sujet le sire de Joinville : « 11 y avoit ung patriarche avccques le roy , qui » estoit de Jérusalem , de l'eage de quatre-vingts ans ou envi- 62 CHRONOLOGIE HISTORIQUE » ron; lequel patriarche avoitautresfois pourchassé l'asseurance i> des Sarrazins envers le roy , et estoit venu vers le roy pour lui » aider aussi à avoir sa délivrance envers les Sarrazins. Or estoit » la coustume entre les payens et les chrestiens, que quant au- » cuns princes estoient en guerre l'un vers l'autre, et l'un se j» mouroit devant qu'ils eussent envoyé des ambassadeurs en » message l'un à l'autre, les ambassadeurs demouroient en » celui cas prinsonniers et esclaves, fust en payennie ou en » chrestienté. Et pour ce que le Soudan ( d'Egypte ), qui avolt w donné seheurté à iceluy patriarche dont nous parlons , avolt j» esté tué , pour ceste cause le patriarche demoura prinsonnler » aux Sarrazins, aussi bien comme nous. Et voyant les admiraux »» que le roy ( pour lors prisonnier ) n avolt nulle crainte de » leur menasse , l'un d'iceux admiraux dist aux aultres que c'es- » toit le patriarche qui alnsy conseilloit le roy. Et disoit l'ad- » mirai que si on le vouloit croire, qu'il ferolt bîen jurer le * roy: car il couperoit la teste au patriarche et la ieroit voler ou » giron du roy. Dont de ce pas ne le voulurent croire les aul- j> très admiraux ; mais prindrcnt le bonhomme de patriarche , » et le lièrent de\ant le rov a ung pousteau les mains darriere » le dos si estroltement, q\ie les mains lui enflèrent en peu de 3» tems grosses comme la teste, tant que le saug lui sallloit par it plusieurs lieux de ses mains. Et du mal qu'il endiiroit, il criolt i> au roy : Ha sire , sire , jurez hardiment ; car j'en prens le pé- » ché sur moy et sur mon âme , puisque ainsy est que vous avez >» désir et voulenté d'accomplir vos promesses et le serement. Et j> ne scay si en la fin le serement fut faict. Mais quoi qu'il eu n soit, les admiraux se tlndrent au derrenicr acontens du sere- n ment que le roy leur avolt faict, et des autres seigneurs qui » là estoient. » Le patriarche, délivré de cette torture, resta auprès du roi saint Louis , qui le ramena en Palestine. Il eut , peu de tems après son retour, un démêlé avec Gautier de Brlenne, comte de Jaffa, pour une tour de cette place qu'il prétendait lui appartenir , et que Gautier refusait de lui re- mettre. Le patriarche, sur ce refus, excommunu» Gautier, qui d'abord fit peu de cas de cette punition. Mais l'aunée suivante , étant obligé de marcher contre le sultan de Perse , qui avait fait irruption en Palestine, 11 demanda Tabsolutlon au patriar- che , qui la refusa. Prêt à combattre , il la demande une seconde fois au prélat qui était présent, et essuie un nouveau refus; ce qui jette la consternation dans larméc. « Et avecques le conte , » dit Joinville , se trouva ung très notable clep'. qui estoit » évêque do Kalnncs ( Rames) lequel dist ou conte: Ne j> vous troublez mie en vostre conscience de Texcommuuiement » du patriarche, car il a très grand tort ; et de ma puissance DES PATRIARCHES DE JÊRUSALF.3I. 63 » je vous absoulz ou nom du Père, et du Fils, et du Salnt- » Esprit, amen; et dlst, sus allons, marchons sur eulx. « Mais Tarmée chrétienne fut battue , et Bricnne fait prisonnier, Îmis mis en pièces par les vainqueurs. Le patriarche eut le bon- heur de s'échapper. Les PP. le Quicn et Mansi placent sa mort en 1254 , et le continuateur de Guillaume de Tvr ( Apud Mar- Icn. , tom. V , p. 370 , n°. 3 ) la fixe au 8 mai. îl était plus que nonagénaire. Wassebourg , suivi par des modernes, dit, sans preuve , qu'il fut noyé dans la mer de Syrie par les Sarrasins. XVIIL JACQUES PANTALEON. 1255. Jacques Pantaléon , surnommé de Court-Palais , natif de Troyes, en Champagne, fut nommé patriarche de Jérusa- lem avec le titre de légat par Alexandre IV. Il avait été auparavant archidiacre de Liège, puis évêque de Verdun. 11 débarqua , le 3 juin 1206, à Saint-Jean-d Acre. L'an 1261 , étant venu en cour de Rome pour les affaires de son église , il se rencontra à Vilerbe , dans le tems qu'on y délibérait sur l'élection du suc- .cesseur d'Alexandre IV. Les suffrages tombèrent sur lui , et il fut élu pape le 29 août de cotte année, sous le nom d'Urbain IV. Pendant son séjour à la Terre-Sainte, il en fit la description qui a servi au moine Brocard pour composer la sienne , et {TINO. 1272. Thomas , natif de Lentino, ou Léonlino,^ dans la Si- cde , de 1 ordre des F/oiiiiaicains, évèque de Bethléem , ensuite 64 CHRONOL. HISTOR. DES PATRIARCHES DE JÉRUSALEM, archevêque de Cosence , en Calabre , l'an 1267, fut nommé, par le pape Grégoire X, au mois de mars 1:172, pour remplir le siège de Jérusalem. ( Le Quien. ) Il arriva, le 8 octobre de cette année, à Saint-Jean-d'Acre. Dans le tems qu'il gouvernait l'église de Bethléem , il avait beaucoup relevé , suivant le té- moignage du même pape, les affaires des Chrétiens en Syrie. Il y a de l'apparence qu'il ne les servit pas avec moins de zèle étant patriarche. Mais tous ses efforts n'aboutirent qu'à reculer de peu d'années la ruine de la religion dans celte contrée. Ughelli conjecture qu'il mourut l'an 1276. Le siège de Jérusa- lem vaqua depuis sa mort jusqu'en 127g. Il a écrit la Vie de saint Pierre , martyr , de l'ordre de Saint-Dominique. XXI. ÉLIE. 1279. Élie , français de naissance, à ce qu'on croit, fut élevé à la dignité de patriarche de Jérusalem, en 1279 , par Ni- colas III , sur le refus persévérant de Jean de Vercell, général des Dominicains. On ne sait aucun détail de son administration. Il mourut , suivant la conjecture des PP. Papebroch et Mansi , en 1287. XXIP. ET DERNIER PATRIARCHE LATIN DE JÉRUSALEM: NICOLAS D'HANAPE. 1288. Nicolas d'Hanape , du diocèse de Reims et de l'ordre des Dominicains , grand - pénitencier de Rome , fut nommé , le 3o avril 1288 , patriarche de Jérusalem par le pape Nicolas IV. L'an 1291 , après que la ville d'Acre eut été em- portée d'assaut par les Musulmans, le patriarche Nicolas étant monté sur une barque pour s'enfuir, y reçut tant de monde , que la barque étant coulée à fond , il fut submergé , le 18 mai, avec tous ceux qui s'y trouvaient, excepté son porte- croix. C'est en sa personne que finirent les patriarches latins de Jérusalem. Les papes ont continué de nommer, jusqu à nos jours , des patriarches titulaires de cette église, mais sans au- cune fonction. Les Grecs en avaient fait autant de leur côté , pendant que la Palestine fut au pouvoir des Latins. Après l'ex- pulsion de ceux-ci, les chrétiens qui restèrent en Palestine , rentrèrent sous la juridiction des Grecs, qui, depuis ce tems, n'ont point cessé d avoir un patriarche de leur rit à Jérus.ilem. Le patriarche Nicolas est auteur du BlLJîa paiiperum , altribué , mal-à-propos , à saint Bonaventure. SUITE DE LA CHRONOLOGIE HISTORIQUE iDES PATRIARCHES DE L'ÉGLISE D^ORIENT. VjiOiSSTANTiNoplé, appelée Bysance avant que Constantin ïe Grand en eût fait la capitale de l'en:ipire , eut pour premier évêque Philadelphe , sous l'empire de Sévère et de Caracalla , t'est-à-dire au commencement du troisième siècle. Ce prélat et ses successeurs n'eurent aucune préroeative au-dessus des autres eveques ; ils turent même soumis au metropolitaia d'Héraclée , en Thrace , tant que Bysance demeura dans le rang des villes ordinaires. Mais lorsqu'elle eut acquis le titre de nouvelle Rome , ses évèques commencèrent à jouir d'une considération particulière, qui, s'étant accrue insensiblement,' leur lit décerner, au premier concile général de ( onstantinople, le second rang après celui de home, sans toutefois leur attri- buer aucune juridiction sur d'autres églises. On voit néanmoins que saint Chrysostome prenait soin de celles d'Asie et de Thrace, qu'il y ordonnait des évèques, et qu'il y exerçait une sorte de droit précaire qu'on nomme de préi^eniîon ; en quoi il fut imité par ses successeurs Atticus et Flavien. Les choses sub- sistèrent en cet état jusqu'au concile de Calcédoine , où l'évêque de Constantinople obtint l'autorité patriarcale sur ces églises , sur celles du Pont et des nations barbares : autorité dans la- quelle il se maintint malgré la réclamation du pape saint Léon, l'opposition de l'évêque d'Ephèse , et le rescrit de l'empereur Marcien , pour conserver à chaque église ses anciennes préro- 6G CHRONOLOGIE HISTORIQUE gatives. Les évêques de Constanlinople obtinrent par la sulfey usurpèrent ou entreprirent de s'attribuer d'autres privilèges que nous ferons connaître dans le cours de cet article. PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. I. PHILADELPHE. II. EUGÈNE. III. RUFIN. IV. MElROPHANE. Ces quatre premiers évcques de Bysance sont assez peu con- nus. PaiLADELfUE , comme on l'a dit , vivait au commence- iTient du troisième siècle. On donne la troisième année de Gor- dien , c'est-à-dire l'an 240 de Jésus -Christ pour la première de l'épiscopat d'EuGÈNE , qui fut, dit-on, de vingt-cinq ans. Rdfin , qui lui succéda l'an 260 , tint le siège neuf ans. S'il n'y eut point de vacance après lui , il faut donner ([uarante-deux ans de gouvernement à MÉTROPHAME qui le remplaça; car celui- ci mourut en 016 ou 3ij, Y. ALEXANDRE. Siy. Alexandre fut le successeur de Métropbane dans le siège de Bysance. L'an 822 , saint Alexandre d'Alexandrie lui écrivit pour lui faire part de la condamnation qu'il avait pro- noncée l'année précédente contre l'hérésiarque Arius. Cette lettre le mit en garde contre l'hérésie naissante et son auteur. L'an 32?) , il assista au concile de iSicée, dont il fit publier à son retour les actes dans les îles Cyclades. Il en conserva pré- cieusement la doctrine, et la défendit en toute occasion sans déguisement ni respect humain. Sa fermeté parut avec éclat l'an 336, lorsque l'empereur Constantin ayant fait venir à Cous- tantinople Arius, à la sollicitation des Eusébiens , voulut l'en- gager à le recevoir dans son église. Alexandre s'y opposa for- tement sans être effrayé des menaces qu'on lui fit. Arius, voulani surmonter la résistance du saint prélat , éprouva la main de Dieu qui l'arrêta. Il mourut subitement dans un lieu public d'aisance, un samedi au soir, la veille du jour que ses partisans avaient destiné pour le mener en triomphe à l'église. Alexandre, suivant M. de Tillemont, cessa de vivre la même année, vers îe mois d'août. Mais le P. Pagi, les Bollandisles et le P. le Quicn, prouvent qu'il ne mourut qu'en 34o. YI. PAUL. 340. Paul , secrétaire de l'évêque Alexandre , et prctre j DFS PATRIARCHES DE CONSTAlTriNOPLE. 67- connu par son zèle pour la foi orthodoxe , qui lui avait mérité Texil en 336 , fut élevé sur le siège de Constantmo^le en 34o , malgré les efforts des Ariens qui voulaient y placer le diacre Macédone , un de leurs partisans secrets. C'était Alexandre qui avait décidé ce choix en mourant. Interrogé par ses clercs tou- chant le successeur qu'ib devaient lui donner. Si oous rherchez^ leur dit-il, un homme savant et vertueux, vous avez Paul ; si vous aimez mieux un intrigant, vous le trouverez dans Macédone. Mais Paul fut à peine intronisé, que les Ariens le déposèrent dans un concile sur les calomnies de Macédone ; ils le firent ensuite chasser par l'empereur Constance, pour s'être fait or- donner sans avoir Tapprobation ^e ce prince. ( Pagi , Bollandus, le Quien.) EUSEBÊ , hérétique intrus. 340. EuSÈBE , évêque de Berythe et ensuite de Nicomédie ^ chef de la faction arienne , fut transféré sur le siège de Cons- tantinople après la dépo."ition de Paul. 11 avait fait semblant d'abjurer les erreurs d'Arius au concile de Nicée. Mais il prouva bien dans la suite qu'il les avait toujours conservées dans le cœur. La plus grande occupation de cet intrus fut de noircir y fiar des calomnies, les plus illustres défenseurs de la foi , dans 'esprit de Constance, comme il avait fait auprès de Constan- tin. L'an 341 , il assista au concile d'Antioche, où il fit un personnage digne de lui. Il mourut, suivant Sozomène , peu de tems après le concile d'Antioche tenu vers le mois d'août 341, c'est-à-dire sur la fin de cette année ou au commencement de la suivante. Eusèbe de Césarée fait son éloge, et ne rougit pas même de le donner pour un saint , en comptant jusqu'à ses fourberies pour des vertus. IN'en soyons point surpris, c'est un sectaire qui canonise son chef. PAUL rétabli et rhassè de nouveau, VIL MACEDONE. 342. Paul fut rétabli sur le siège de Constantinople par les Catholiques après la mort d'Eusèbe, en l'absence de l'empe- reur. Macédone , son ancien rival , lui fut opposé de nouveau par les Ariens. Les deux partis en viennent aux armes. Her- mogène, maître de la milice équestre , envoyé pour appaiser la sédition , est mis à mort. Le préfet Philippe enlève adroite- ment Paul , et le fait embarquer pour Thessalonique d'où ce prélat était originaire. Constance laisse en place Atacédooe y sans toutefois approuver son élection. ( Socrate. ) 68 CHRONOLOGIE HISTORIQUE PAUL rétabli pour la troisième fois, puis encore chassé 347. Paul remonta sur son siège pour la troisième fois , en vertu du décret du concile de Sardique , qui rétablissait Ions les évêques catholiques déposés par les Ariens. Le crédit del'em- Tpereur Constant le servit beaucoup en cette occasion. Il demeura paisible jusqu'à la mort de ce prince , arrivée l'an 35o. Sur la fin de cette année, il fut chassé de nouveau et relégué à Cucuse, où les Ariens le firent étrangler. MACEDONE seul. •35o. Macédone demeura maître du siège de Constantinople par le dernier exil de l'évêque Paul. 11 n'employa son crédit et son autorité qu'à vexer les Catholiques et les Novatiens. Mais dans la suite il irrita le Ariens purs, en se rangeant du côte des semi-Ariens. L'an 36o , ceux-là s étant assemblés dans une es- pèce de concile à Constantinople , le déposèrent le i5 du mois grec peritius , suivant Evagre , c'est-à-dire le i5 février. Macé- done , retiré dans une terre, reparut sous l'empereur Julien , forma la secte des Pneumatomaques appelles aussi de son nom Macédoniens , et mourut peu de tems après. VIIL EUDOXE. 36o. EUDOXE , évêque d'Antioche , fut transféré sur le siège de Constantinople par l'assemblée qui déposa Macédone. Il or- ^^ ^st déposé lui-même , mais sans effet, parle concile de Lampsaque , composé de macédoniens, pour avoir refusé d"y comparaître. Lorsque Valens fut élevé sur le trône impérial , il s'insinua dans son esprit par des flatteries , et réussit à l'infecter du venin de ses erreurs. Ce fut lui qui administra le baptême à ce prince en 367 : et tandis qu'il le recevait , il l'engagea à promettre solennellement de main- tenir la doctrine de l'Aiianismc. L'an 370 , vers le mois de mai, Eudoxe mourut à ISicée en sacrant Eugène évêque de cette ville. IX. EVAGRE. DEMOPHILE , intrus. 370. La miort d'Eudoxe fut suivie d'une double élection. Celle des Catholiques tomba sur Evagre , et celle des Ariens sur DEMOPHILE , évêque de Bérée , en Tbrace. Le premier est î^ussitôt envoyé en exil par l'empereur Yalens- (Quatre-vingts DES PATRIARCHES DE CONSTÂNTI^'OPLÊ; 69 eîcrcs, dcpulés par les Catholiques, vont trouver ce prince à Ni- coraédie , pour réclamer leur évéque, Valens , pour toute ré- ponse , les fait embarquer sur un vaisseau, où l'on mit le feu par ses ordres , lorsqu'il fut en pleine mer. Démophile , maître de toutes les églises de Constanlinpple , tantôt persécute ouver- tement les orthodoxes , tantôt fait semblant d'adopter leur doc- trine. Sa duplicité fut à la fin dévoilée , et il en devint la vic- time. L'an 38o , le 26 novembre , il est chassé par l'empereur Théodose. L'an 383, il se trouve à la conférence que ce prince fit tenir au mois de juin à Constantinople , entre les chefs des différentes sectes. Le personnage qu'il y fit ne démentit point son caractère. Il mourut l'an 386. X. S. GREGOIRE DE NAZIÂNZE. MAXIME LE Cynique. 879. Grégoire , fils de Grégoire et de Nonne , né l'an 829 (Tillemont), dans le territoire de Nazianze , en Cappadocc , dont son père fut évêque ; dressé à la vertu par ses parents, formé aux lettres dans les écoles d'Alexandrie, de Césarée et d'Athènes, où il brilla par ses talents et ses mœurs : élevé au sacerdoce pour aider son père dans les fonrtions de l'episcopal, après avoir passé quelques années dans la solitude avec Basile, son illustre ami ;administrateur ensuite de l'evêché de Sasime, qu'il abandonna l'an 870 pour se retirer à Séleucie , vint à Constantinople, après la mort de l'empereur Valens, pour prendre soin de celte église. 11 n'avait accepté que malgré lui cette commission , dont Pierre d'Alexandrie , à la demande de plusieurs évéques , assemblés à Antioche , l'avait cliargé. Mais presque aussitôt ce même Pierre envoya Maxime, philosophe cynique, pour remplir le siège de Constantinople. Celui-ci fut chassé par le peuple, après avoir néanmoins reçu l'ordination en secret. Le pape Damase , instruit de cette ordination , la réprouva. L'an 38 1 , l'élection de Grégoire est confirmée au concile de Constantinople. Mais les murmures des évêques égyp- tiens l'engagent à donner son abdication. L'église de Constan- tinople se vit par là privée de l'une des plus grandes lumières et du plus zélé défenseur de la religion catholique. Grégoire étant retourné à ÎNazianze, gouverna encore quelque tems cette église; puis y ayant fait mettre un évèque , il alla s'enfoncer de nouveau dans sa retraite , où il mourut l'an 3o,i , avec la répu- tation de l'un des plus saints évèques et des plus beaux génies de son siècle. XL NECTAIRE. . 38 r. Nectaire, sénateur de Tarse et simple catéchumène, ^O CHnOTîOLOGIE HISTORIQUE est choisi par l'empereur Théodose, entre plusieurs candidats qui lui furent présentes, pour remplir le siège de Conslantinople , et reçoit Tordination episcopale en présence du concile tenu dans cette ville. Son gouvernement fut plus sage et plus éclairé que n'avait semblé le promettre l'état d'où il avait été subite- ment tiré L'an 3go , à l'occasion d'un scandale arrivé dans son église, il supprime la charge de pénitencier, laissant à chaque fidèle la liberté de choisir tel prêtre qu'il voudrait pour rece- voirsa confession et le conduire dans la pénitence, soit publique, soit secrette, suivant l'ordre établi par les canons. Tous les évèques d'Orient imitèrent en ce point la conduite de Nectaire. (Tillemont.) Il présida l'an 3g4 au concile de Conslantinople, Icnu le 2Cf septeinbre , et mourut l'an Sgy, le ay septembre, suivant l'historien Socrale , après seize ans et trois mois d'épis- copat. XII. S. JEAN CHRYSOSTOME. .^97. Jean, surnommé Chrysostôme, à cause de son élo- quence admirable , né à Antioche , l'an 344, ordonné diacre par saint Mélèce , son évêque , après avoir passé quelques an- nées dans la solitude, élevé à la prêtrise en 383, par saint Fla- vien, successeur de Mélèce, fut choisi par l'empereur Arcade, à la demande du clergé et du peuple de Conslantinople, pour succéder à Nectaire. L'an 3g8 , le 26 février , il reçut la consé- ciation episcopale des mains de Théophile, patriarche d'Alexan- drie, après mille pratiques sourdes employées par ce prélat pour empêcher sa promotion. Placée sur le chandelier, celle grande lumière répandit au loin ses rayons qui réjouirent les gens de bien en les éclairant, et blessèrent les yeux malades des jaloux. La sullicltude des évèques de Conslantinople s'était ren- fermée jusqu'alors dans les bornes de leur diocèse. Celle de l'évêque Jean s'étendit au-delà. L'an 4oi , il se rend en Asie, où il dépose six évoques ordonnés à prix d'argent par Antonin d'Ephèse, mort l'année précédente. C'étaient les évèques de cette province qui , par considération pour son mérite extraor- dinaire, l'avaient appelé pour y rétablir l'ordre. Venez ^ lui ;ivaient-ils écrit, régler notre église^ troublée par les yi riens ^ par l uoari'ce des évèques^ parla cupidiié Je ces loups ravissants gui achètent le sacerdoce. Ainsi ce ne fut qu'un pouvoir précaire qu'il exerça dans celte occasion , et non une juridiction atta- chée à son siège. Les églises d'Asie, en effet, ne reconnaissaient point d'autre supérieur que l'exarque d'Ephèse , comme celles de Pont et de Câppadoce ne relevaient que de celui de Césarée. Cependant celle déuiarche, inspirée par la charité et s;jns pré- tention de la part de saint Chrysostôme, servit de prétexte , DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOÏ^LE. -I comme on la dit plus haut, a rambillon de ses successeurs. Ils firent des tentatives; ils les soutinrent, et firent rendre par l'empereur une loi portant défense d ordonner dans l'Asie et ie Pont aucun évêque sans avoir obtenu leur consentement. Enfin, nous verrons confirmée par le concile de Calcédoine , du moins une partie des droits dont l'usage les avait déjà mis en posses- sion. Cette même année 4oi . saint Chrysoslôme se brouille avec Théophile , évèque d'x\lexandrie , pour avoir donné retraite aux grands frères que ce prélat avait chassés. La véhémence de ses discours contre le luxe, l'orgueil et la violence des grands, son zèle pour la réformation du clergé et pour la ronversiort des Hérétiques > lui avaient déjà fait une foule d'ennemis. De ce nombre était l'eunuque Eutrope , ministre de l'empereur, et Gainas, l'un de ses généraux. Un sermon où l'on prétendit qu'il avait indirectement noté l'impératrice Eudoxie , en par- lant du luxe et de l'avidité des femmes, fut traduit comme un ci'ime de lèze-majesté dans le récit qu'on en fit à cette prin- cesse. Elle chercha à s'en venger. L'an /^o'à ^ au mois de juin, Théophile , de concert avec elle, assemble des évêques de sa ca- bale dans un faubourg de Calcédoine : c'est leconciliabule nomme du Chêne. On y dépose saint Chrysostôme en son absence, et Tem- pereur l'envoie en exil. Le peuple se soulève à cette occasion- Un tremblement de terre , qui arrive dans ces entrefaites à Cons- tantinople , engage l'impératrice à le faire rappeler. Il rentre dans la ville aux acclamations du peuple , et reprend les fonc- tions de son ministère sans nulle opposition. Huit mois après son retour, on érigea une statue en l'honneur de limperatrice, entre le palais du sénat et l'église de Sainte Sophie. A la dédi- cace de ce monument, il y eut des danses, des jeux et un si grand tumulte , que le bruit en retentit dans l'église et troui)la le service divin. Le pontife, indignédeccs divertissements scan- daleux, éleva la voix en chaire, et contre ceux qui s'y livraient, et contre ceux qui les permettaient. Il n'en fallut pas davantage pour réveiller la haine de ses ennemis et la remettre en mo'ji- vement. Ils assemblent peu avant Pâques un nouveau concile , où le prélat est une seconde fois déposé. Le lo juin suivant , il est envoyé en exil à Cucuse , dans la petite Arménie, au pied du Mont Taurus, Tandis qu'on l'y conduit, tous ceux qui avaient {)arlé librement ou pris la plume pour sa défense , essuyèrent a plus violente persécution. Ce qu'il y a de plus triste , c'est de voir, parmi ses adversaires , d'illustres et saints personnages , tels que saint Epiphane et saint Jérôme, que les calomnies de ses ennemis avaient séduits. Le pape Innocent l ne fut pas la dupe de leurs artifices. Il se déclara hautement pour saint Chry- sostôme , et le consola par ses lettres dans son exil. Il engagea ya CHRONOLOGIE HISTORIQUE même l'empereur Honorius à écrire en sa faveur à l'empereur Arcade , son frère. ÏNIais celle démarche fut inutile. Le saint évêqiie , après avoir long-tems souffert à Gueuse , lieu désert, où les choses nécessaires à la vie lui manquaient , fut transféré à Arahisse, puis à Pltiunte, sur le Ponl-Euxin. Mais en allant k ce dernier exil, excédé par les mauvais traitements des soldats qui le conduisaient , il mourut sur la roule à Comane , le i4 de septembre 4'>7 ■> la troisième année de son exil , la dixième de son épiscopat , à l'âge de soixante ans. La supériorité de ses talents , l'eminente sainteté de sa vie , et le zèle avec lequel il attaqua les vices des grands dans ses discours, firent tous ses crimes aux yeux de ses persécuteurs. Il est regardé à juste titre comme le plus éloquent des pères de l'église. Treize volumes in-fol. forment l'édition complète de ses Œuvres , donnée par D. Montfaucon. XIIL ARSACE, intrus. 4o4. Arsa.ce , frère de Nectaire, prêtre de la grande église cle Conslantinople, et l'un des accusateurs de saint Chrysostôme fut mis à sa place le 27 juin de l'an 4o4 -, à l'âge de 80 ans. Le f>euple refusant de communiquer avec lui , il employa la vio- ence pour se faire reconnaître. L'an 4c)5 , il meurt le 1 1 sep- tembre, après 14 mois et 16 jours d'épiscopat. « C'est bien >» peu , dit M. de Tillemont, pour une éternité d*e peines,- » qu'il avait méritée par son ambition, ses parjures et ses autres crimes. » Les Grecs font néanmoins sa fête au 1 1 septembre. XIV. ATTICUS. 4ofj. Atticus , prêtre de Constantinople, autre calomnia- teur de saint Chrysostôme , devient le successeur d'Arsace au mois de février de l'an 4o6. Le peuple refuse encore de com- muniquer avec lui ; plusieurs évêques en font de même. De- là une persécution violente qui s'exerce contre ces prélats et contre lesadhérens desaint Chrysostôme. Le pape Innocent ayant appris sa mort , presse les Orientaux pour le réiabilssement de sa mémoire. Atticus est sourd aux sollicitations du pontife ro- main. L'an 417, privé jusqu'alors delà communion du saint siège il consent cnûn par politique à remettre le nom du saint dans les diptyques. Soia zélé pour étendre sa juridiction fut bien plus sincère et plus actif L'an 4^1, il obtient de l'empereur ïhéodose une loi pour soumettre l'illyrie à son siège. Mais le pape Boniface fait révoquer cette loi l'année suivante. Atticus meurt Tan 4-5, le 10 octobre, dans la 20* année de sou épis- DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. 7 3 côpat. Les Grecs honorent sa mémoire, assez gratuitement, le 8 janvier. XV. SISINNIUS I. 4.26. SlSlNNlUS, prêtre de Constant inopîe, fut ordonné, le aS février par un grand nombre de prélats , évèque de cette église, après une élection vivement débattue par le pr^iple. l! tint le siège moins de deux ans, et mourut le 2^ décembre de l'an j^y- Le pape Célestin pleura sa mort comme par un pressentiment des njaux que son successeur devait causer. XVL NESTOniUS. 42S. Nestorius , natif de Germanicie, prêtre de l'église d'Antioche, après avoir été moine , fut nommé par l'empereur Tlieodose II, pour succéder à Sisinnius. Son ordination se fit: le premier avril, suivant Libérât, ou le 10 du même mois, selon Socrate. Dans le sermon qu''i1 fit à l'issue de cette cérémonie , il exhorta pathétiquement l'empereur à poursuivre les Hérétiques. Peu de lems après il fait prêcher et prêche lui-même une nou- velle hérésie , en soutenant que le verbe n'était point né de Marie, mais seulement le Christ adopté pjr le verbe. Les oreilles 4 ? 1^ jP"Ji~saint. '• XVIII. PROCLUS. 434. Proclus, nommé l'an 4^0 à l'évêché de Cv'zique , sans avoir pu se mettre en possession de celte église, fut élu pour suc- céder à Maximien dans celle de Constantinople , avant que ce- lui-ci fut inhumé. L'an 4^8, le 27 janvier, il fit la translation du corps desaintChrysostôme à Constantinople. L'an 44?) après avoir assidûment travaillé pour l'extirpation de l'erreur et le rétablissement de la discipline, il mourut le 12 juillet , au hout de i3 ans 3 mois d'épiscopat. L'église grecque honore sa mémoire le 24 octobre. (Le Quien.) XIX. FLAVIEN. 447' Flavien , prêtre de Constantinople , fut le successeur de Proclus. L'an 44^1 ^^ convoque un concile qui s'ouvre le 8 novembre , Eusèbe , pour lors évêque de Dorylée, le même qui avait résisté en pleine église à Nestorlns , y défère l'archlmàn- drie Eutychès, comme coupable d'une nouvelle hérésie'. Ils avaient été amis ensemble; et Eusèbe , avant que de rompre avec ce novateur , avait fait tous ses efforts pour le faire revenir de son égarement. Le 22 du même mois de novembre, Flavien prononce, avec le concile, une sentence d'anathème et de dépo- sition contre Eutychès , après l'avoir convaincu de confondre les deux natures en Jésus- Christ. La nouvelle hérésie ne fut point abattue par ce coup. Eutychès trouva des amis puissants qui entreprirent de le venger. L'an 449 1 le '^ août, Flavien est lui-même déposé au brigandage d'Ephèse , foulé aux pieds , et enfin si cruellement maltraité, qu'il en mourut trois jours après (le 1 1 août) , à Eplpe, en Lydie, sur la route du lieu où il était envoyé en exil. Son corps, l'an 4S1 , fut rapporté à Conslanti- ïiople et inhumé dans l'église des Apôtres XX. ANATOLE. 449- Anatole , prêtre de l'église d'Alexandrie , est mis sur le siège de Constantinople , par Dioscore d'Alexandrie, après la mort de Flavien , et ordonné par le inême sur la fin de novembre 449- ^^ trompa l'attente de celui qui l'avait élu , et la crainte du peuple qui lui était confié , en se déclarant presque aussitôt pour la vraie doctrine, au grand étounement de tout le monde. Ayant assemblé, l'an ^So, un concile à CP. il y souscri- vh la LiUre de S. Léon à Flavien , et anathématisa Eutychèi, Î)ES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. ^5 X«'an 45i ^ Jl assista au concile de Calcédoine, où il occupa le f)remierrang après les légats du saint siège. Il y soutint la cause de a foi ; mais il travailla en même-tems pour les intérêts de son siège, et vint à bout de faire dresser, en l'absence des légats, le 28*= canon qui , soumettant à sa juridiction les églises de Thrace , d'Asie et de Pont , l'élevait au-dessus des autres pa- triarches d'Orient , et lui donnait les mêmes prérogatives dont jouissait l'église de Rome en Occident. L'an ^^S, il meurt ver» le mois de juillet. XXL GENNADE. 45s. Getsinade , prêtre de l'église de Constantinople , fut le successeur d'Anatole. Baronius l'appelle un fidèle gardien, et un zélé défenseur de la foi et de la discipline de l'église. L'an 45q, il tint un concile contre les Simoniaques, dont le nombre se multipliait en Orient. L'an 4^)2, il favorisa la fondation du monastère de Slude , à Constantinople , qui devint si célèbre dans la suite. L'an 471 i vers le zS août , Gennade mourut en odeur de sainteté. Les Grecs font sa fête le ^5 août. XXIL AGACE. 471- AcACE, prêtre de Constantinople, monta sur le siège de cette église après la mort de Gennade. Les premières années de son épiscopat furent employées à édifier son peuple, à l'ins- truire et à le garantir de la séduction des Hérétiques. L'an 475, il résiste au tyran Basilisque , et refuse d'adhérer à sa lettre cir- culaire contre le concile de Calcédoine. L'an 4?^, il est déposé pour ce sujet au concile d'Ephèse par Tlmothée Elure, faux patriarche d'Alexandrie ; mais cette déposition fut sans effet. L'an 482 , par un changement étrange , il engage l'empereur Zenon à publier son hénotique, qui sappe l'autorité du concile de Calcédoine. Peu de tems après, il fait replacer Pierre Monge sur le siège d'Alexandrie, après en avoir fait chasser Jean Talaia. L'an 4<^4i il est excommunié et déposé par îe pape Félix, dans un concile , pour s'être uni avec les ennemis de la vi'aie foi. Le pape va plus loin , il sépare de sa communion tous ceux qui ne se sépareraient point de celle d'Acace; ce qui occasionne un schisme de trente-cinq ans. La sentence de Rome contre Acace ayant été portée à Constantinople, des moines acémètes osèrent l'attacher à son manteau. Cette hardiesse leur coûta la vie. L'an 4^9 1 Acace meurt vers le mois d'août. Esprit fourbe , intrigant , altier , ambitieux , il ne fut occupé qu'à flatter le pruice qu'il devait instruire , qu'à vexer les Catholiques zélés qu'il devait appuyer, qu'à composer avec les Hérétiques qu'il ^6 CHTlOyÔI.OGiÉ HISTORIQtîË âevâit réprimer. 11 est le premier évêque de Consfarilinople qui ait élé qualifié patriarche. XXIII. FLAVITA. . 489. Flwita , prêtre goth , du faubourg de Slcques , est élevé sur le siège de Constantinople après la mort d'Acace. Ce fut un esprit flottant qui ne savait à quoi s'en tenir sur les dis- putes de la religion. 11 envoie ses lettres synodiques à Pierre Monge , pour lui demander sa communion. Il en envoie de semblables au pape Félix , qui le suspend de sa communion jusqu'à ce qu'il ait effacé des dipliques les noms d'Acace et de Pierre Monge. Flavita mourut avant que de recevoir la réponse du pape, trois mois, dix-sept jours après son élection, vers le mois de mars 49° • XXIV. EUPHEMIUS. 490. EuPHÉMiuS succède à Flavita. Il demande la communion Je Rome , et ne |>eut l obtenir pour la même raison qui l'avait fait refuser à son prédécesseur. C'était Félix qui tenait alors le saint siège. Gélase, qui le remplaça l'an 49^, montra la même fermeté. Euphémius craignant d'exciter une sédition en rayant fies dipliques le nom d'Acace, demeura également ferme à le conserver. Eupbémlus ne gagna rien du coté des Hérétiques, que sa conduite semblait favoriser. L'empereur Anastase , leur piotecteur , Irrite personnellement contre lui pour avoir fait aballie la cbalre où il enseignait ses erreurs , étant dans le clergé de Constantinople, le nt déposer l'an 49^? selon Mu- latori , ou 49b , suivant Pagl , et l'envoya en exil a Euchaïtes. JL'aii 010 , ou environ , il meurt à Ancyre. XX Y. MACEDONE II. 49^ ou 4g^- MacÉdone , neveu , à ce qu'on croit , de Gen-^ Tiade , et prèlrc de ( onstantinople , fut substitué, par l'empe- reur x\nastase , au patrlarclie Eupbémius. Il signa , comme les autres , rbenolique. C'était la porte unique en Orient pour entrer dans 1 épiscopat. Macedone était néanmoins déclaré pour la foi catholique. Anastase fit de vains efforts , l'an .S07 , pour l'engager à condamner le concile de Calcédoine. L'an ôio , Macedone refuse de communiquer avec Sévère , chef des Acéphales, qu'Anastase av.Tii attiré à Constantinople. Ce qu'il avait lieu de j)revoir arriva. L'an "«i i , sur la fin du mois d'août, il est enlevé la nuit par ordre de l'empereur, transporté dans le Pont , ou il est déposé dans un conciliabule , et ensuite re- DES PATRIARCHES DE CÔNStA-NîlNOPLE. 77 îégué à Euchaïtes auprès de saint Euphémius , son prédécesseur. Il mourut l'an 5i5 à Gangres, où les ravages des Huns l'avalent obligé de se réfugier. L'église grecque honore sa mémoire le a5 avril. XXVI. TIMOTHÉE. 5ir. TimothÉE , prêtre et trésorier de l'église de Constan- tinople , fut substitué au palriarclie Macédone. Cet intrus , dont la religion se pliait aux circonstances , condamna tantôt le concile de Calcédoine, et tantôt le reçut , suivant que ses intérêts l'exigeaient. On peut voir dans les historiens les trou- bles qui s'élevèrent de son tems à Constanlinople au sujet de l'hymne Trisagion ^ que les Hérétiques interpolaient. Timuthée jouit de son usurpation l'espace de six ans, et mourut le 5 avril de l'an 617, suivant Victor de Tunone. Ce fut lui qui ordonna, au commencement de son épiscopat, qu'on réciterait tous les jours le symbole à l'autel. XXVII. JEAN II. 617. Jean de CapPadoce , prêtre de l'église de Constanti- nople , remplaça Timothée, qui l'avait désigné pour son suc- cesseur, et fut ordonné la troisième fête de Pâques de l'an 517. Avant son ordination , l'empereur Anaslase l'avait obligé de condamner le concile de Calcédoine. Mais l'an 5i8 , sous Justin, successeur de ce prince , il anathématisa Sévère dans un concile qu'il tint le 20 juillet , et rétablit la mémoire des pères de Calcédoine. L'année suivante , il mit fin au schisme en retran- chant des diptiques les noms d'Acace et de ses successeurs , suivant le formulaire qui lui fut apporté par les légats du pape. Jamais la joie ne fut aussi grande à Constantinople : et Ton ne se souvenait pas d'avoir vu communier une aussi grande mul- titude de peuple. L'an 620, le patriarche Jean meurt au com- mencement de février. XXVIII. ÊPIPHANE. 520. EpiPHANE , prêtre de l'église de Constantinople et syn- celle , fut élu pour succéder au patriarche Jean , et ordonné le 2.5 février. L'an 528, l'empereur Justinien lui adresse une loi du 12 février , portant défense aux évêques de venir à la cour sans un ordre particulier. L'an 535, il meurt le 5 juin avec la réputation d'un bon prélat. XXIX. AjNTHIME. t 535. Anthime, évêque de Trébizonde , quitte ce siège pour jê- CDRO^ÎOLOGIE HISTORIQUE passer sur celui de Constantinople, après la mort d'Epiphanc; C'était un fourbe qui couvrait l'Èutychianisme , dont il était in- fecté , du manteau de la foi catholique qu'il fais;ilt semblant de nrofesser. Le pape Agapit étant venu Tan 536 à Constanti- nople, refusa de le voir, quelque instance que lui fit l'empereur Justinien de conxmuniquer avec lui. Ce prince s'étant emporté jusqu'à dire au pape qu'il l'enverrait en exil, Agapit lui déclara que ses menaces ne l'effrayaient point : natures en Jésus-Christ et je communique avec lui. » An- tJiime , aussitôt mandé au palais , est sommé par l'empereur de s expliquer nettement sur ce point. Il s'embaiTasse ; on le presse ; et il répond enfm qu'il n'admet qu'une nature en Jésus-Christ. Justinien , alors désabusé , fait ses excuses au pape de son em- portement; et, de concert avec lui, chasse Anthlme de son siège et de la ville dans les premiers jours du mois de mars 536, après l'avoir fait déposer dans un concile où présida le pape. XXX. MENNAS. 536. Men^sas, natif d'Alexandrie , abbé de Saint-Snmson , fut substitué à Anthime , et ordonné par le pape Agapit le i3 mars, un jeudi. Le 2. mai suivant , il tient un concile dans le vestibule, ou la nef de Sainte-Marie , où il confirme et ordonne de mettre à exécution les décrets portés par Agapit , mort peu de tems auparavant , contre Anthime et les Acéphales. L'an 55 1 , le pape Vigile , étant à Constantinople, le prive de sa «"ommunion, ainsi que Théodose de Césarée , le 22 août , pour avoir souscrit la condamnation des trois chapitres. Le second avait fait plus ; c était lui qui avait engagé l'empereur à publier son édit contre les trois chapitres. Mennas et Théodose, pour se réconcilier avec le pape, lui envoient dans l'église de Samte- Euphémie, où il s'était réfugié, leur profession de foi, dans laquelle ils déclarèrent leur soumission aux quatre conciles gé^ néraux, avec promesse de se conformer à tout ce qui a été dé- ridé du consentement des légats et des vicaires du saint siège. Vigile , de retour à Constantinople , met cet acte à la ti^te de son Constitiitiim publié le i4 nasi 552. Mennas, la même année, termine ses jours le 2 5 août, qui est celui auquel sa mémoire est consacrée dans l'église grecque. Ce fut lui qui établit à < ons- tnntinople la fête de la Purification , qu'on y célébra pour la première fois le 2 février de l'an 542. XXXL EUTYCHIUS. ôôa. EuTYCHius , prêtre et moine d'Amasée, dans le Pont, DES PATRIARCHES DE COîiSTANTINOPLE. 79 fut mis à la place du patriarche Meniias. 11 prébiiia Tan 553 aa concile général de Constant inople , sur le refus que fit le paps^ Vigile de s'y trouver. L'an 5G5, le 2 avril , l'empereur Jusllnien le chasse de son siège, pour s'élre opposé à l'édit publie paf ce prince en faveur de ceux qui croyaient le corps de Jésus-Christ incorruptible avant sa résurrection. XXXII. JEAN III, DIT LE SCHOLASTIQUE^ 565. Jean le Scholastique, syrien, apocrisiaire de l'église d'Antioche à Constanlinople , est nommé successeur d'Eutv- chius , et reçoit, l'ordination le 12. avril 5G5. Huit jours après il fait citer son prédécesseur dans une assemblée d'évèques à Constantinople. Eutychius ayant refusé de comparaître, est condamné par défaut, puis relégué dans le Poat. Lan 677 , Jean finit ses jours le 3i août. EUTYCHIUS , rélabli. h'j'j. Eutychius , après la mort de Jean, fut rappelé à la demande du peuple , et remonta sur son siège le 3 octobre 577. L'an 58^, saint Grégoire le Grand, alors nonce à Constanti- nople , entre en conférence avec lui , sur ce qu'il soutenait que nos corps, après la résurrection, ne seraient point palpables. Euty- chius rétracte cette erreur peu deteras avant sa mort, arrivée un dimanche 5 avril de la même année. L'église grecque honora «a mémoire le 6 du même mois. XXXIII. JEAN IV , 5«r/îo/nme le Jeûneur. 582. Jean, diacre de l'église de Constantinople, fut élu le 1 1 avril pour succéder au patriarche Eutychius , et ordonné U lendemain. L'an 588 , il indique un concile général d'Orient pour juger la cause de Grégoire, patriarche d'Antioche, accusé faussement , et prend , dans ses lettres de convocation , le titre de patriarche œcuménique. Il n'en était pas à la vérité l'inven- teur. Justinien l'avait donné auparavant aux évêques de sa ca- pitale ; mais aucun d'eux n'avait encore osé s'en parer. Le pape Pelage , et depuis saint Grégoire le Grand , lui firent des re- f «roches de ce titre fastueux , et voulurent, mais inutilement, 'obliger à s'en désister. Le second , dans sa lettre qu'il lui écri- vit le premier janvier 5tj5 , traite ce titre de nom plein d'orgueiî et d^extrai'agance: Il écrivit aussi aux autres patriarches pour les engager à s'opposer à cette nouveauté. Jean mourut cette même année ôgB, le 2 septembre , jour auquel les Grecs ho- norent sa mémoire. Sa grande abstinence lui fit donner le sur- nom de Jeûneur. 8o CHROÎÎOLOGIE HISTORIQUE XXXIV. CYRIAQUE. SgS. Cyriaque , prêtre et économe de l'église de Constan- tinople , succéda au patriarche Jean. H adopta les préten- tions de son prédécesseur, et eut, comme lui , pour adversaire saint Grégoire le Grand. Cyriaque mourut le 29 octobre de l'an 606. XXXV. THOMAS 1. 607. Thomas fut élu le aS janvier 607 pour succéder à Cy- riaque. 11 mourut le 20 mars de l'an 610. L'empereur Phocas, sur les instances redoublées du pape BoniTace III , l'avait obligé de quitter le titre d'oecuménique. ( Pagi , BoUandus, le Quien. ) XXXVI. SERGIUS. 610. Sergius, diacre de l'église de Constantinople , fut éiu le 18 avril, veille de Pâques, pour succéder au patriarche Thomas. L'an 626 , consulté de la part de l'empereur Hérarlius par Cyrus , alors évêque de Phasis, si l'on devait reconnaître une seule ou deux opérations en Jésus-Christ, il se déclare pour le premier sentiment qu'il fait approuver dans un concile , et par là donne naissance à l'hérésie du Monotheiisme. L'an 634 ( et non 63,i ), il écrit au pape Honorius pour lui faire au- toriser le silence sur les deux opérations en Jésus-Christ , et II y réussit. ( Pagi. ) L'an 638, il détermina l'empereur Héra-r clius à publier son eclhèse , ou exposition de la foi , qui im- posait la même loi. ( Idem. ) Il tint un concile peu de tems après pour la faire confirmer , et mourut au mois de décembre de la même année. XXXVII. PYRRHUS. 689. Pyrrhus , prêtre et moine de Constantinople , succède À Sergius au commencement de Tan 63(). La même année il confirme dans un concile l'ecthèse d'Héraclius. Accusé, Tan 641, d'avoir contribué à la mort de Constantin , fils et successeur d'Héraclius , il est obligé de prendre la fuite. Avant de partir il déposa son pallium sur l'autel , en disant : Je quitte un peuple indocile sans renoncer au sacerdoce. XXXVIII. PAUL II. 641. Paul II , prêtre de l'église de Constantinople, devient au mois d'octobre le successeur de Pyrrhus. L'an 646 , il éciit au pape Théodore qu'il suit le sentiment d'Honorius et de Sef- DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. 8l glus sur l'unité de volonté et d'opération en J. C. I/an 648, il tend un nouveau piège aux Catholiques ensuhstituant, sous le nom de l'empereur Constant , à l'ecthèse d Heraclius , un autre édit appelle le type , portant défense de parler ni d'une ni de deux opérations en Jésus- Christ. Ayant appris sa déposition prononcée à Rome , il renversa l'autel que le pape avait à Constantiiiople dans l'otatoire du palais de Placidie , et per- sécuta plusieurs évèques et d'autres catholiques, dont les uns furent bannis , d'autres mis en prison , d'autres déchirés de coups- L'an 654 il meurt le 2B décembre. PYRRHUS de retour. 654. Pyrrhus , après avoir qulité Constantinople, se retira en Afrique , où il eut, au mois de juillet (34^1 une conférence avec saint Maxime touchant la foi. î)e là il se rendit à Rome l'an 646 , et y abjura son erreur entre les mains du pape Théo- dore , qui l'honora comme patriarche, m.iigré ce qui s'était passé à Constantinople. .Mais l'an 64'^, l'exarque de Ravenne l'ayant attiré auprès de lui , sur un ordre de l'empereur , le contraignit de rétracter ce qu'il avait fait à Rome. Revenu à Constantinople , il remonta sur son siège après la mort de Paul, le tint encore près de cinq mois , et mourut au mois de mai ou de juin 655. ( Pagi , Muratori. ) XXXIX. PIERRE. 655. Pierre, prêtre de l'église de Constantinople, succéda au patriarche Pyrrhus. Dans la vue de paraître catholique, sans s'éloigner des Hérétiques , il imagina trois volontés en J. C. , deux naturelles et une hjpostatique. Il eut part aux dernières violences qui furent exercées contre saint Maxime et son dis- ciple Anastase. Pierre tint le siège , suivant Théophane et Zo- ixaras, environ douze ans , et mourut l'an 666. XL. THOMAS H. 666. Thomas , diacre de l'église de Constantinople , fut élu pour succéder au patriarche Pierre. Il occupa le siège environ trois ans , suivant Théophane , et mourut l'an 66g. XLI. JEAN V. 669. Jean , prêtre de l'église de Constantinople , succède à Thomas. Théophane lui donne six ans d'épiscopat ; ce qui nous détermine à placer sa mort en 675. lY. II 82 CHRONOLOGIE HISTORÏQtÈ XLIL CONSTANTIN I. 675. Constantin , diacre et scevophylax , ou garde des \i$êi sacrés de l'église de Constantinople , fut le successeur du pa- triarche Jean V. Les anciens chronographes sont fort divisés sur la durée de son épiscopat. Nous suivons Théophane, qui le fait durer l'espace de deux ans, au bout desquels il fut chassé. Les Bollandistes lui donnent le titre de saint, et pensent que son attachement à la saine doctrine fut la cause de son expul- sion. XLIIL THEODORE L 6^7. Théodore, prêtre et scevophylax de l'église de Cons- tantinople, succéda l'an 677 à Constantin. Les papes ayant rejeté les lettres synodiques de ses prédécesseurs , comme peu orthodoxes , il se dispensa d'en envoyer. La deuxième année de son épiscopat il fut déposé , ou abdiqua de lui-même : on ne sait pour quel sujet. XLIV. GEORGES L 678. Georges, prêtre de l'église de Constantinople, fut suhs- sltué à Théodore sur la fin de l'an (J78. Il assista au sixième concile général tenu l'an 680 , dont il souscrivit les actes. Théophane et Nicéphore Calliste lui donnent six ans d'épisco- ftat, mais seulement commencés. Il mourut par conséquent 'an 683. ( Pagi , le Quien). Les Grecs l'ont mis au nombre des saints. THEODORE , rétabli. 683. Théodore remonta l'an 683 sur le siège de Constan- tinople, qu'il tint encore l'espace d'environ trois ans. Le père Pagi et les Bollandistes, mettent sa mort en 686. Il paraît que Théodore adopta la doctrine du sixième concile général , et que ce fut une des conditions de son rétablissement. XLV. PAUL m. 686, PAtJL, laïque et l'un des secrétaires du sixième concile, remplaça le patriarche Théodore. Il présida, l'an 69a, au concile Quinùexte ^ dit in Trullo^ dont il souscrivit les actes. Sa mort se rapporte à l'an 693, son épiscopat ayant été, suivant Nicé- phore et tous les Catalogues, de six ans et huit mois. XLYI. CALLINIQUE. 698. CALLINIQUE, prêtre de l'église de Constantinople, fut substitué au patriarche Paul. L'aa yoS , dans Tautomne, l'em- DES PATRIARCHES DE COÎîSTANTINOPLE. 8S rour Juslinien II, après lui avoir fait crever les yeux, pours'être attaché au parti du tyran Léonce, le relégua à Rome, où il mourut. L'église grecque fait mémoire de lui au 23 août. XLVII. CYRUS. yoS. Cyrus, prêtre et supérieur du monastère de Chora , dans l'île d'Amastris, fut mis à la place de Callinique, par Justinien , en reconnaissance de ce qu'il lui avait prédit son rétablissement. L'an 712, Filéplque , qui s'était emparé l'année précédente du trône impérial , chassa ce patriarche et le renvoya dans son monastère. Son zèle contre le Monolhélisme fut la cause de cette disgrâce. Il est fait mémoire de lui au 8 janvier dans les Menées des Grecs. XLYIII. JEAN VL 712. Jean, diacre de l'église de Constantinople, fut substi- tué par Fil?pique au patriarche Cyrus. Il se prêta , ainsi que la plupart des prélats, au dessein qu'avait ce tyran d'abolir le sixième concile. Mais aussitôt que Filépique eut été renversé du trône, il désavoua ce qu'il avait fait de contraire aux intérêts de la foi , et en demanda pardon au pape Constantin. H est néan- moins douteux que ce changement fut sincère. Il mourut vers le milieu de l'an 715. XLIX. GERMAIN. 71 5. Germain, évéque de Cyzique, fut transféré le 11 août 716 sur le siège de Constantinople, par le choix du clergé et du peuple. La même année il répara , dans un grand concile, ce qu'il avait fait en faveur du Monothélisme sous le tyran Filépi- que. L'an 726 , il commence à écrire pour la défense des saintes Images, contre l'édit que l'empereur Léon l'isaurien venait de rendre pour les abolir. Ce prince, l'an 780 , ayant assemblé son conseil ( Silentîum ) le 17 (et nom le 7 ) de janvier , un mardi , y lit comparaître le patriarche , et lui présente son édit avec ordre d'y souscrire sur le champ. Le patriarche s'en défend par un assez long discours qu'il termine par ces paroles : Prince ^ je respecte les ordres de l'empereur ; maïs sur un point f/ui intéresse la foi ,yV ne puis céder qu 'à l'autorité d'un concile général. En atten- dant., rendez la paix à l'église; et si je suis un autre Jouas ^ jettez-moi dans la mer. En même tems il se dépouille de son pullium ., et se retire dans une terre de sa famille, où il passa le reste de ses jours dans la prière et le silence. Il était âgé pour lors d'environ quatre-vingt-quinze ans , étant né vers l'an 635. Dieu l'appela à 84 CHROTîOLOGIË HIStORÎQtE lui le 12 mai 733, comme le prouvent, d'après \eé anciens y Pagi , le Quien et BoUandus. L. ANASTASE L 730. AnaSTASE ^ disciple et syncelle du patriarclie Germain, est mis à sa place le 22 janvier de l'an y3o. Son exaltation fut le fruit de sa perfidie. Il s'était rendu l'accusateur de Germain sous la promesse que l'empereur lui avait faite de le mettie en sa place. Léon , en le déclarant patriarche , exigea de plus qu'il s'engageât d'exterminer les images. Il tint parole , et consentit , dès qu'il fut en possession de son siège, que l'on détruisît celle du sauveur, qtii était dans le vestibule du palais impérial. Il en coûta la vie à l'officier que l'empereur avait chargé de commet- tre ce sacrilège. Comme il était monté sur l'échelle pour abattre l'image, des femmes le firent tomber, et aussitôt il fut mis en pièces. L'empereur vengea sa mort par le massacre de ceux qui en avaient été les auteurs ou les complices. IMais le patriarche eut son tour. L'an 74^ .au mois de novembre , l'empereur Cons- tantin Copronyme, ap-ès lui avoir fait crever les yeux , le fait promener dans l'Hypodrome, monté surunane, la tête tournée vers la queue, et cela pour avoir suivi le parti d'Artavasde. Ce- peudanl il ne le déposa point , sans doute , parce qu'il n'espérait pa.s alors de trouver un hontme aussi méchant que lui pour le remplacer. Cet indigne pontife mourut d'une colique vers la fin de l'an 753, dans la vingt-quatrième année de son épiscopat. (Pagi.) II. CONSTANTIN IL 7.^4- Constantin, moine, puis évêque de Sylée, en Para- pha lie, fut placé sur le siège de Constantinople par l'empereur' Copronvme, sans observer aucune forme canonique , le 8 août de Tau 754, après le faux roncile des Iconoclastes. H surpassa en méchanceté son prédécesseur , et eut aussi un sort plus fu- ncsie (jue lui. Non content d'approuver le faux concile des Ico- noclastes, il applaudit à Ihorrible persécution que l'empereur fit aux défenseurs des saintes Images, et surtout aux moines. Ce p?ince ayant donné, l'an 706 , un édit par lequel il ordonnait à tous ses sujels de s'engager par serment devant les magistrats , à ne jamais rendre aucun culte aux Images, le patriarche fut un dos plus empressés à s'y conformer. Pour cette effet , étant irionté sur la tribune de Sainte-Sophie, et tenant une croix entre ses mains, il jura qu'il n'avait jamais révéré ces figures faites (le la main des hommes, et qu'il ne leur rendrait jamais aucun hommage- Lorsqu'il fut descendu de la tribune , l'empe- reur^ comme pour le récompenser de son obéissance , lui mit DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE; 8» Sur la tête une couronne , et l'emmena au palais où il lui fit un grand festin. Mais ces honneurs furent bienlôt sui%is d'une dis- grâce éclatante. Le 3o août de la même année, l'empereur, sur une accusation d'intelligence avec des conjurés , le déposa de son autorité, puis le relégua dans Tîle du l'rince , d'où l'ayant fait revenir au bout de i3mois, sur une nouvelle accusation, il lui fit d'abord essuyer une rude bastonnade ; après quoi l'ayant fait solennellement déposer dans Sainte-Sophie , il Tenvova dans le cirque où le peuple l'accabla d'oulrages. Jeté ensuite dans un cachot , il y resta oublié jusqu'au i5 août de l'année suivante. Ce jour fut le dernier de ses souffrances. Deux patrices envoyés par l'empereur, après avoir tiré de lui une nouvelle approbation du concile des Iconoclastes et de leur doctrine, le menèrent à l'amphithéâtre où il eut la tête tranchée. C'est ainsi , dit M. le Beau , que ce prince farouche récompensa le patriarche d'avoir sacrifié sa conscience pour autoriser les ira- piétés de son maître. LU. NICÉTAS L 766. NicÉTAS, prêtre de l'église de Constant inople , sclave d'origine , et eunuque , fut mis par l'empereur, le iG décem- bre 766 , sur le siège de Conslantinople. H était iconoclaste comme ses prédécesseurs , et fort ignorant. A son entrée dans le palais patriarcal, il montra qu'il élait digne du choix de Copronyme , en détruisant de magnifiques mosaïques dont les murailles étaient ornées , et que ses deux prédécesseurs avaient laissé subsister à cause de leur beauté. Nicétas mourut le 6 fé- vrier 780. ( Bollandus. ) LUI. PAUL IV. 780. Paul, natif de Salamine, en Chypre, lecteur de l'église de Constanlinople, fut élu, malt^ré lui, le 20 février, pour succéder au patriarche Nicétas. Pendant le règne de Léon Cha- zare , il n'osa se déclarer ouvertement en faveur des saintes images. Il tint même , contre les lumières de sa conscience , «ne conduite qui favorisait l'hérésie régnante. Après la mort de ce prince, une maladie dont il fut attaqué, lui ouvrit les yeux sur sa lâcheté criminelle. Pour l'expier, il abdiqua le 01 août 784 , et se retira dans le monastère de Florus , où il mourut la même année. LIT. TARAISE. 784. Taraise, laïque et secrétaire du palais impérial, élu ,' malgré lui , sur la désignation du patriarche Paul pour kii suc- 86 CHRONOLOGIE HISTORIQL'E céder, fut ordonné le jour de Noël 784- L'année suivante lien-» voie ses lettres synodlques au pape Adrien , qui le reçoit à la communion. Le septième concile général ayant été convoqué sur ses instances, il y assiste en 787 , et y tient le premier rang après les légats du pape. L'an 796 , il s'oppose à l'empereur Constantin, qui voulait répudier Marie, son épouse, pour épouser Théodote , sa concubine. Ces noces ayant été célébrées la niême année , au mois de septembre , par le prêtre Joseph , à son refus , il use de dissimulation , ce qui engage saint Platon, abbé de Saccudion, et saint Théodore Studite , à se séparer de sa communion. Mais après la mort de Constantin , il interdit ce prêtre , et par là il se réconcilia avec les deux abbés. L'an 806 , le 25 février, Taraise meurt en odeur de sainteté. Sa fête est marquée au jour de sa mo: t. LV. MCÉPHORE. 80O, NicÉPllORE , de secrétaire du palais devenu solitaire , fut élevé sur le siège de Conslantinople après la mort de Ta- raise, et ordonné le 12 avril, jour de Pâques. L'empereur Ni- céphorc l'ayant engagé à lever, dans un concile, la censure lan- cée par Taraise contre le prêtre Joseph, saint Platon, saint Théodore , et Joseph , archevêque de Tliessalonique , frère du second, s'élevèrent contre cette condescendance, et se sépa- rèrent de la communion du patriarche, qui les fit excommunier eux-mêmes dans un nouveau concile. Comme ils persistaient dans leur opposition , l'empereur les fit mettre en prison , et ensuite les envoya en exil avec plusieurs de leurs adhérents. L'an 811 , Michel Rangabé, nouvel empereur, affligé de la di- vision qui troublait l'église de Constantinople , s'empressa de reconcilier ces exilés avec le patriarche. Le prêtre Joseph fut encoie sacrifié à l'intérêt de la réunion , et fut une deuxième fois chassé de l'église. Le patriarche eut la liberté que le [(recè- dent empereur lui avait toujours refusée, d'écrire au pape sa lettre synodique, et de donner cette marque de communion au chef du corps épiscopal. L'an 810 , son zèle pour les saintes Images lui attire l'indignation de l'empereur Léon l'Arménien, successeur de Michel. Ce prince l'ayant fait déposer dans un concile, tenu au commencement de février de cette année, l'en- voie le 1 1 du même mois en exil. Nicéphore y mourut l'an 828 , le 2 juin , jour auquel l'église grecque célèbre sa mémoire. Les Latins l'honorent le 10 mars. ( Le Quien. ) 11 est auteur d'un Abrégé d'Histoire et de quelques Traités contre les Iconoclastes. LVI. THÉODOTE CASSITERE. ëi5. Théodote de Mélisse, dit Cassîtère , officier du pa- DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. 87 îais , Rommé patriarche par l'empereur Léon T Arménien, fut ordonné le I^^ avril 81 5. Il tint la même année, par ordre de re prince , au mois d'avril , un conciliabule , où il dit anathème au septième concile général. L'an 821 , il mourut après avoir fait une guerre continuelle aux saintes Images et à leurs défen- seurs. ( Pagi , le Quien. ) ' LVIL ANTOINE I. 821. Antoine, métropolitain de Sylée ou Pergé , en Pam-^ pliylie , grand iconoclaste , frappé d'anathème pour ce sujet au concile de Constant inople , tenu vers les fêtes de Noël , en ^14 1 succéda au patriarche Théodote. Livré à ses plaisirs , in- différent sur tout le reste, il ne maltraita les Catholiques que par ses mépris. Il tint le siège douze ans commencés , et mourut Vers le mois d'avril 832. LYIIL JEAN VII. 833. Jean , surnommé LÉconomante, succéda au patriarche Antoine , par le choix de l'empereur Théophile, dont il avait été l'instituteur, et auquel il avait inspiré son aversion pour les saintes Images. Son ordination se fit le 21 avril de l'an 832 , et f>cu de tems après parut un édit foudroyant contre les Catho- iques , auquel il n'eut garde de s'opposer , si même il ne l'avait pas sollicité. Il vif avec une satisfaction cruelle les prisons s'ou- vrir ef se remplir d évêques, de prêtres , et sur-tout de moines auxquels Tempereur en voulait particulièrement. Son épiscopat finit avec le règne de Théophile. L'an 842 , après avoir tenu le siège de Conslantinople l'espace d'environ dix ans, il fut chassé par l'impératrice Théodora , puis relégué dans un monastère , où il eut les yeux crevés. ( BoUandus, le Quien. ) LIX. MÉTHODIUS. 842. MÉTHODIUS, natif de Syracuse, moine de Conslanti- nople , fut substitué le 12 fé^Tier842 au patriarche Jean. Il avait souffert de grandes persécutions sous les empereurs Michel le Bogue et Théophile , pour la défense des saintes Images. La même année, le premier dimanche de Carême (iq février), il tint un grand concile, où il rétaljht la mémoire du deuxième concile de Nicée. ( Foy. les Courues. ) Des calomniateurs ayant osé attaquer ses mœurs, il se contenta Je les confondre, cl empêcha qu'ils ne fussent punis. Son épiscopat ne fut que d.^. quatre ans et quatre mois, il mourut le 14 juin 846. Sa mc-r moire est honorée le jour de sa mort. (Pagi, le Quien.) 88 CHRO>'OL0GIE HISTORIQUE LX. S. IGNACE. 846. Ignace , fils de l'empereur Michel Curopalate , prêtre et moine de Saint- >alvre , fut placé sur le siège de Constanti- nople le 4 juillet, par les suffrages unaninies du clergé et du peuple. T.'an 84^ , i d pose dans un concile Grégoire Asbeste , évêque de Syracuse, convaincu de divers crimes. L'an 867 , le 23 novembre , le césar Bardas , irrité de ce qu'Ignace lui avait refusé la communion pour cause d'inceste, le lait exiler dans l'île de Téiebyntlie. Quelque tems après, il est tiré de cet exil et transféré dans un autre , où on Tenferme dans une élable à chèvres , avec menaces d'être traité encore plus durement, s'il ne donne son abdication. Sur son refus on lui tint parole. Amené dans un lx)m-g voisin de Constantinople , il est jeté nu , malade et chargé de chaînes , dans un cachot glacé, après avoir été cruellement fouetté. On emploie de semblables violences contre ses partisans. On porta même la barbarie jusqu'à couper la langue au garde des archives pour avoir parlé trop librement en sa faveur. Ignare , après avoir passé trois mois dans sa prison, en est tiré pour être transporté dans l'île de Mytilène. LXI. PHOTIUS. 857. Photius, protospathaire, homme de naissance et très- savant, est ordonné, le jour de Noël 807, patriarche de Cons- tantinople, par Grégoire de Syracuse, après avoir reçu les au- tres ordres dans le cours des cinq jours précédents. L'un de ses premiers soins fut d'écrire au pape Nicolas I". pour le mettre dans ses intérêts et lui faire approuver son élection. Sa lettre , pleine d'artifice , de mensonges et de flatteries , était très-propre à produire cet effet. Il gémissait ^ disait-il , de ce f/u'oii lui avait imposé le pesant fardeau de l'épisropat et de ce qu'Ignace s'en était déchargé. Il demandait des légats pour détruire avec eux dans un concile les restes des Iconoclastes , qui se réduisaient fresque à rien. INicolas sentit le piège ; il envoya deux légats avec une ample instruction pour les mettre en garde contre la sur- prise. Ils arrivèrent à Constantinople sur la fin de Tan 860. Photius, dans un conciliabule qu'il tient au mois de mal sui- vant, les oblige , après une longue résistance , à le reconnaître pour patriarche légitime. Le pape, à leur retour, desavoue ce qu'ils ont fait à Constantinople. L'intrus cependant s'assurait de la protection de l'empereur par les plus criminelles com- plaisances, jusques-là que dans un repas dont il était, ce prince ayant avalé cinquante verres de vin , il en but dix de plus. Fier de cet appui , il brave les anathèmes dont Nicolas le frappe , et ne craint pas de lui rendre la pareille. Il va plus loin , DES PATRIAnCRES RE COîsSTANTINOr-LE. 83 il ose accuser dVrretîrlcglise roniame, pour avoir inséré dans lé symbole t]iïc le Saint-Espiit procède du Fils comme du Père ^ et par l'apporl à l'usage qu'elle fait du pain itzyaie dansl'Eucha- rjsrie. {( oy. les Conciles. ) Une. autre ((^uibcrie digne de lui, ce (ut décrire à Louis 11, empereur d'Occidoat . pour l'enga- ger à déposer Nicolas , avec promesse de le foire à ce prix recon- naître empereur en Orient, Mais un événement, auquel il ne ^'attendait pas, rompit toutes ses mesures. L'empereur Michel fut assassiné le vingt-quatre septembre «^67, et Basile mis à sa place. Phoîius est chassé peu de jours après et relégué dans lé monastère de Scopé. S. IGNACE iê/aUi. 867. Ignace, après l'expulsion de Photius, est rétabli le 2.3 novembre 867 sur le siège de Constantinople. L'an ^570, il tîonne Théophylacte pour premier archevêque aux Bulgares ,. après qu'ils eurent chassé les clercs latins que le pape leur avait envoyés. L'an 877, le 23 octobre, Ignace meurt à l'âge de quatre-vingts ans. L'éghse honore sa mémoire le jour de sa mort. (Pagi.) PHOTIUS rélabii. 877. Photius , rentré en grâce avec l'empereur Basile, par le moyen d'une fausse généalogie qu'il lui avait supposée, est rappelé et rétabli^ le 26 octobre de l'an 877, trois jours après la inort d'ignace. L'an 886, au mois de septembre, il est chassé de nouveau par lempcreur Léon , et transporté dans un monas- tère, où il mourut i'an8i)i. (Pagi, le Ouien. ) Pho/ius , dit 51. Fleuri, e/ait le plus f;raiid esprit et le plus savant homme de son siècle ( témoin sa Bibliothèque et son Nomocanon ) ; mais c'était lin parfait hypocrite , ai;issani en scélérat et parlant en saint. ( Voy, les Conciles de Kome 860, 861, 860, et de Constautinople j 8G7 et 869. LXH. ETIENNE. 886. Etieîsîîe, frère de l'empereur Léon, âgé de 16 ans, fut mis à la place de Photlns, qui l'avait élevé , fait diacre et choisi pour son synccUe. Etienne lut intronisé vers les fêtes dé Noël 886. Quoiqu'il eût reçu son éducation d'un scélérat, il conserva toujours tine grande pureté de mœurs, et gouvernai très-sagement, malgré sa jeunesse, l'église de Constantinople. Son épiscopat ne lut que de six ans et cinq mois, au bout des- quels il mourut au mois de mai 8g3; Un auteur du tems rap- |)orte que voulant calmer les ardeurs importunes dé son âge par des remèdes , il se refroidit tellement réstomac qu'il lui en eoûta la vie. fjO CHROlSOLOr.IE HISTORIQUE LXIII. AISTOLNE II. 8g3. At^sTOINE II, surnommé Gaulée, de famille noble et abbé d'un monastère , succéda au patriarche Etienne dans le mois de mai s dameurs insensées, des chansons profanes et même desboniiétes , qui, mêlées au chant des hymnes, alliaient le culte du diable avec celui de la majesté divine. Un auteur qui rivait i5o ans après, observe que cet usage rnonstrueux vi'était pas encore aboli de son teins. « On peut croire , dit M. le Beau, j> que c'est de là qu'il s'est répandu jusqu'en Occident , où >» une ignorance licencieuse a maintenu dans quelques diocèses, 3) pendant des siècles , un abus aussi scandaleux que ridicule , j> malgré toutes les censures ecclésiastiques. « Les chevaux étaient la passion dominante de Théophylacte ; et l'on rapporte <|u'un jeudi-saint , tandis qu'il était à l'autel , il interrompit les saints mystères pour aller voir un poulain qu^une de ses ju- inents venait de mettre bas. Ceî indigne patriarche s'étant froissé judement contre une muraille dans une cavalcade , fut pris d'une violente hémorihagic , qui fut suivie d'une hydropisie ^Qut il mourut, api es 2 ans de langueur, le 27 février g56. LXIX. POLYEUCTE. ()56. PoLYlîUCTE , moine de Consl.uitinople , fut élevé, le 3 avril c)56 , par ordre de l'empereur Constantin Porphyro- génète, sur le siège de cette église. Ses parent5, par un esprit de dévotion fort ma! entendu , mais assez ordinaire en ce tcms-là, le destinant à la vie monastique , l'avaient fait eunuque dès, i enfance. Heureusement sa vocation répondit à leurs désirs. La science et la vertu qu'il acquit dans son monastère furent les seules recommandations qu'd eut pour le patriarcat. Celait le métropolitain d'Héraclée qui , par le droit de sa place , devait le sacrer Mais ce prélat étant dans la disgrâce de l'em- pereur , fut remplacé par celui de Césarée. On sût mauvais gré à Polyeucte d'avoir consenti à cette innovation. Il augmenta ïc mécontentement en insérant le nom d'Kuthymius dans les ^ipliques, dont il avait été retranché pour avoir admis Tem- pereur Léon à la communion. Polyeucte , moins courùgan. fai^'cvêque , perdit epcore les boii nés grâces de. Constantin, pai\ DES PATRIARCHES DE CONSTAISTINOPLE. 93 là liberté qu'il prit de lui faire des remontrances sur les mal- versations de ses proches , qui pillaient l'église et l'empire, Théodore , évêque de Cyziqne , homme puissant en intrigues , se prévalut de ces conjonctures pour soulever une partie du clergé; et l'empereur, séduit par ces cabales, cherchait l'occa- sion de déposer le patriarche , lorsque la mort de ce prince , arrivée l'an 9^9, fit échouer ce mauvais dessein. Polyeucle vécut tranquille sous les règnes suivants, et mourut le 10 janvier 970 , après avoir couronné , aux fêtes de Noël précédent , l'em-, pcreur Jean Zimisquès. LXX. BASILE I, DIT LE SCAMANDRIN. 970. Basile, solitaire du Mont-Olympe , monta, le i3 fé- vrier 970, sur le siège de Conslantinople , qu'il remplit l'espace d'environ quatre ans. Il en fut chassé , l'an 974 1 pa'' l'empereur Zimisquès , sur une fausse accusation. En vain reclama-t-il un concile œcuménique pour être jugé suivant les canons. Loin de déférer à une si juste demande, on le relégua dans un monastère qu'il avait bùti sur le Scamandre , ce qui lui fit donner le surnom de Scamandrin. Il y finit saintement ses jours. LXXL ANTOINE III , dit le STUDITE. 974- Antoine III , surnommé Paché , moine studite et syncclle , fut mis à la place de Basile en 974. L'austérité de sa vie, son savoir et son désintéressement, l'avaient fait juger (ligne de celte place. Après un gouvernement de cin([ ans, tel qu'on se l'était promis , il abdiqua au commencement de l'an 979, pour retourner dans sa retraite où il mourut l'an 983. Le respect qu'on avait pour sa venu empêcha de lui donner un successeur de son vivant. On espérait l'engager à reprendre le gouvernement de son église. Ainsi le siège vaqua quatre ans. LXXII. NICOLAS II , DIT CIIRYSOBERGE. 983. Nicolas II , surnommé Chrysoberge , fut élevé , vers, le milieu de l'année 983 , sur le siège de Canstantinople après, la mort d'Antoine le Studite. Il le tint , suivant Cédrénus , l'espace de douze ans et huit mois. Sa mort arriva par consé- quent vers le mois de mars 996, et non pas 995 , coipme le, marque le P. le Quien. LXXIÏI. SISINNIUS II. 996. SiSiNNius, médecin habile et revêtu de plusieurs dignités, séculières, succéda l'an 996 au patriarche Nicolas. « On vpil , 94 CEROKOLOGIE HISTORIQUE » dit M. le Beau , que , malgré l'improbation des papes , les j> Grecs continuaient d'élever des laïques à l'épiscopat. Sisin- j) nius, ajoule-t-il , était estimé pour sa vertu et son savoir. t) Dans la sombre ignorance dont toute l'Europe était alors j> obscurcie, on conservait encore quelques traits de lumière à }> Constantinople. » Sisinnius , par sa prudence , éteignit, l'an qqy , ies restes de la discorde qui régnait parmi les Gi^ecs depuis l'empereur Léon le «Sage, touchant la légitimité des quatrièmes noces. Maimbourg l'accuse d'avoir tenté de renouveler le schisme des Grecs, et, pour cet effet, d'avoir reproduit la lettre de Pho- tius aux trois patriarches contre les Latins, en substituant son nom à celui de l'auteur, et les noms des patriarches vivants à ceux des patriarches à qui Photius l'avait adressée. C'est de Léon Allatius que Maimbourg emprunte cette accusation. Mais Allatius ne l'avance qu'en doutant ; et MaiiTibourg tourne ce doute en assertion. Quoi qu il en soit , il n'y eut point de rup- ture ouverte du vivant de Sisinnius entre l'église romaine et l'église grecque. Sisinnius mourut Tan ggg , dans la troisième année de son patriarcat. ( Pagi , ad hune an. n. X. ) LXXIV. SERGILÎS II. 999. Sergius II, supérieur du monastère de Manuel, et issu de la famille du fameux Photius, fut élu Tan 999 pour suc- céder au patriarche Sisinnius. Il gouverna vingt ans l'église de Constantinople, et mourut au niois de juillet de l'an loig. LXXV. EUSTATHE II. 1019. EuTATHE II , chef des prêtres du palais, fut donné pour successeur au patriarche Sergius en 1019. Il tint le siège environ 5 ans et demi, et mourut au mois de décembre de l'ère de Constantinople GBi").}. (de J. C. losS). Il avait envoyé, l'an- née pré(édente, de concert avec l'empereiu' Basile, des députés à Rome pour tâcher d'obtenir par argent le titre d'œcuménique en Orient Les Romains cherchèrent les moyens de leur accor- der secrètement ce qu'ils désiraient ; mais les Italiens se décla- rèrent contre cette demande. Les Français s'y opposèrent de même i et (juillaume , abbé de S. Bénigne de Dijon , écrivit au pape Jean XIX pour le détourner de ce dessein. Sa lettre, comme il le fait entendre , n'était que l'expression des senti- ments du clergé de France. Richard , abbé de Verdun, fit aussi éclater son opposition. La cour de Rome n'osant braver ce murmure universel, renvova sans succès les députés de Constau- linonl'j. DES PAlUFARC.HES DE CONSTANTINOPLE. gS LXXVI. ALEXIS. Î025. Alexis, supérieur du monastère de Slude , fut or- donné patriarche deCP. sur la désignation de l'empereur Basile, au mois de décembre loaS , le jour même de la mort de ce prince. L'an io34, il refusa la bénédiction nuptiale à l'impéra- trice Zoé et à Michel Paphlagonlen , tous deux coupables de la mort de l'empereur Piomaln Argyre. Mais im présent de 5o livres d'or triompha de sa résistance. Il bénit les deux époux et les couronna. L'an looy, quelques évêques assemblés en synode voulurent le déposer pour mettre en sa place l'eunuque Jean, ministre de l'empereur, et l'homme le plus ambitieux de son siècle. Ils alléguaient pour prétexte qu'Alexis n'avait pas été fait patriarche par les suffrages des métropolitains, mais par le com- mandement de l'empereur. Alexis se tira heureusement d'affaire, en disant qu'il était prêt à quitter son siège, pourvu qu'on dé- posât les métropolitains qu'il avait faits pendant ii ans et demi, et qu'on anathématisât les deux empereurs qu'ilavalt courronnés. Une réponse si peu attendue déconcerta ses ennemis, et les obli- gea d'abandonner leur entreprise. L'an 1042 , le la juin, il couronna empereur Constantin Monomaque, après avoir refusé de bénir son mariage avec Zoé. Alexis mourut le 20 février io43, laissant un grand trésor qu'il avait amassé, et dont l'empereur s'empaïa. LXXVIL MICHEL I , dit CÉPxULAIRE. 1043. Michel, surnommé Cérulaire, fut placé sur le siège de Constantinople en io43,le jour de l'Annonciation. L'aa io53 , il se déclara contre l'église romaine par une lettre écrite en son nom et au nom de Léon, archevêque d'Acride, en Bulgarie, à Jean,évêque deTranl, dans la PoulUe, pour être communiquée au pape et à toute l'église d'Occident. Dans cette lettre il blâme les Latins sur l'usage du pain azyme dans la célébration des saints mystères, sur le jeûne du samedi en Carême, sur la liberté qu'ils se donnaient de manger du sang des animaux et des viandes suffoquées, sur le célibat des prêtres , etc., et enfin sur l'addi- tion Filioque faite au symbole. « Il faut , dit un habile protes- n tant ( Benedlct. Plctet) que ce Cérularlus eût un petltgénie; » car on ne peut raisonner plus pitoyablement qu'il fait. Les M raisons qu'il apporte sont , pour la plupart , si ridicules, » qu'il est étonnant qu'un patriarche eût si peu de mérite. » L'an io54, trois légats du saint siège, envoyés par le pape Léon IX . arrivent à Constantinople. Ils sont bien reçus de l'em- pereur Constantin Monomaque : mais le patriarche refuse de gë CHRONOLOGIE HISTORIQUE les voir. Ils publient un écrit en réponse à sa lettre et à l'ouvrag'^' composé par Psicétas Pectoratus, moine de Stutle, pour sa dé- fense. Nicétas se retracte; rvlichel persiste obstinément dans son Gixeur. Il fait plus, il falsifie la lettre du pape en la traduisant j afin d'exciter une séditlori. Le i6 juillet, les légats, Texcommu- nient publiquement dans l'église de Sainte-Sophie. Michel use de représailles ; il entraine le clergé et le peuple dans son parti.. Telle est Forigine du schisme déplorable, qui sépare encore de nos jours l'église grecque de Téglise latine, l-'an loSg, l'empe- reur isaac Comnène , las de l'insolence de Michel, qui voulait/ s'égaler à lui en toutes choses , portant même la chaussure d'é- cariale réservée à la majesté impériale, et qui exigeait sans cesse de nouvelles grâces , menaçant ce prince lorsqu'il était reilisé , de le déposer, le fait enlever et transporter dans l'île Proco- nèse, le 8 novembre , jour de la fête des Saints Anges chez les Grecs. On ignore l'année de sa mort. (Pagi , le Quien. ) LXXVIII. CONSTANTIN III, surnommjs LICHUDES. io5g. Constantin III , surnommé Lichudes , préfet et protovestiaire, fut élu dans le mois de juillet loSg , pour succé- der au patriarche Michel. C'était un homme savant et très-versé dans le5 affaires. Après avoir tenu le siège quatre ans et demi , il mourut sur la fin de l'an io63, ou dans les premiers jours de l'année suivante. Michel Psellus a composé un long panégyri- que de ce patriarche , qui existe en manuscrit, à la Biblloihéque du Roi. Mais comme Psellus était un schismatique déclaré, il y a bien de Tapparence que son héros, avec lequel il se vante d'avoir été étroitement lié, n'était pas mieux disposé que lui envers l'église latine. LXXIX. JEAN TllI , SURNOMMÉ XIPHILIN. icf64. Jean VIII, surnommé Xiphilin , natif de Trébi- zonde , homme sage et savant , moine du Mont-Olvmpe, après' avoir été élevé à la dignité de sénateur fut élu , malgré lui , vers' le 12 janvier 1064, pour remplir le siège de Constantlnople. La vertu de Xiphilin ne fut pas à l'épreuve de la tentation sur le siège patriarcal. L'empereur Constantin Duras , pour assurer le trône à ses enfants, avait, en mourant, fait promettre par écrit, et même avec serment, aux sénateurs de ne point recon- naître d'autres souverains qu'eux, et à sa femme de ne jamais se remarier. Sept mois se passèrent après sa mort sans qu'on donnât atteinte à cet engagement. Mais enfin l'impératrice, ennuyée du veuvage, désira de convoler à de secondes noces. Pour cela il DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. 9f fallait annuUer l'ociit fatal qui la retenait. Un eunuque, soii tonrident,se charge d'agir auprès du patriarche. 11 va le trouver, et lui fait espérer que , sMl veut user de dispense envers l'impé- >-atrice , Bardas , son frère seldn Glycas , son neveu suivant Zona- ras , sera l'époux qu'elle choisira. Xiphilin, séduit par cet: appât, s'adresse à chaque sénateur en particuUer , et réussit par Json ëlo(]uence à les enliainer daris son sentiment. L'écrit , d'ua commun consentement, est rendu à Timpéralrice. Mais au lieu (de Bardas elle épouse Uorhain Diogène . et tronipe ainsi l'am- bition du prélat. Le gouvernement de Xiphilin fut de onze ani et sept mois, au bout desquels il mourut le 2 août loyS. 11 né faut pas le confondre avec son neveu l historien Jean Xiphilin ^ abréviateur de Dion Cassius. LXXX. COSME 1. 1075. CoSME I , moine de Jérusalem, fut choisi par l'empe- reur Michel Ducas pour succéder au patriarche Xiphilin. Soii gouvernement fut de cinq ans et neuf mois. C'était un honime peu verse dans les sciences, moins encore daris les affaires, mais d'une vertu rigide. L'an jo8t , voyant que l'empereur x\lexis Comnène , nouvellement élu, non-seulement retranchait les pensions accordées par ses prédécesseurs aux personnes qui avaient le mieux servi l'état, et les largesses qu'il avait accoutumé de faire à leur avènement, mais inventait même des prétextes pour dépouiller les plus riches d'entre les sénateurs, il blâma baulement ces traits d'avarice. Alexis , piqué de cette liberté, s'en plaignit à sa mère ^ qui fit dire au patriarche, par sesémis- saîres , de quitter une place qu'il n'était pas capable de remplir. Non, répnndit Cosme, en jurant par soii nom, je ne quitterai pus (jue je n'aie couronné l'impératrice Irène. La cérémonie faite, sept jours après le couronnement de l empereur, il abdirjua le jour de Saint-Jean l'évangéliste , 8 mai chez les Grecs, et retourna dans sa solitude. (Bolland.) hts Grecs font mention de lui dans leurs Menées au 2. janvier, et lui ont donné le surnom de Thaumaturge à raison du grand nombre des miracles qu'ils lui attribuent. La princesse Aime (.omnene n'hésite pas même à lui accorder le don de prophétie. Mais ces faveurs extraordinaires du ciel sont pour le moins très-suspectes dans un homme qu'on sait avoir été attaché au schisme. LXXXL ÉUSTRATE, dit GARIDAS. \ 1081. EusTRAtE, surnommé Garidas , homme sans éru-'^ dition et sans connaissance des affaires , fut tiré de l'état mo- riâstique pour succéder au patriarche Cosme, La princesse An-its' lY. 16 9'S CHRONOLOGIE HISTORIQUE Comnène assure qu'il donna, par ignorance, dans les erreurs qtfe Jean l'Ilalicn , professeur de pliilosophie , enseignait de son tems à Conslantinople. Quoi qu'il en soit, l'empereur Alexis le 'chassa , pour raison d'incapacité , vers le milieu de l'an loyij.- LXXXII. NICOLAS III, dit le GRAMMAIRIEN. 1084. Nicolas III, surnommé le Grammairien, Kirdy- NAT et TiîéoproblÈte, fut substitué, vers le mois d'août 1084, au patriarche Eustrate. La secte des Bogomiles, espèce de Manicliéens, qui avait pour chef un certain Basile, moine et médecin , avant éclaté vers 11 10, Nicolas donna ses soins, avec l'empereur Alexis Comnène , pour la dissiper. Basile fut brûlé par jugement du sénat. Quelques-uns de ses disciples se conver- tirent, un plus grand nombre demeura attaché à ses erreurs. Le patriarche Nicolas mourut l'an un. LXXXin. JEAN IX, DIT HIEROMNEMON. im. Jean IX , diacre de l'église de Conslantinople, dit HiEROMMÉMON , et le Calcédonien du nom de sa patrie , succéda, l'an 1 1 1 1 , au patriarche Nicolas. Il était vei-sé dans les lettres divines et humaines. Le surnom qu'on lui donna d'Hié- romnémon marque une dignité de l'église de Conslantinople ^ dont les fonctions étaient de tenir le missel du patriarche pen- dant la messe, et d'enregistrer les professions de foi que les évêques faisaient à leur ordination. Suivant les catalogues , qui lui donnent vingt-trois ans de pontificat, il mourut l'an ii54. LXXXIV. LEON , dit STYPIOTE, 1134. Léon , surnommé StVpiote, remplaça le patriarche Jean IX. Au mois de niai de l'an i i4o , il tint un concile, où il condamna les écrits de Constantin Chrysomale , remplis des erreurs des Enthousiastes et des Bogomiles. C'est vraisembla- blement de son tems qu'Anselme, évêque d'Havelberg, dans la marche de Brandebourg, étant venu en ambassade à CP. de la part de l'empereur Lothaire, y eu^t une dispute pacifique avec l'archevêque de Nicomedie touchant le schisme des Grecs. On voir par la relation qu'Anselme en publia dans la suite , et qui se trouve insérée dans le tome I delédition in-folio du Spicilège, p. iGi , qae r'empeieur Jean Comnène et le patriarche voulu- lent qu'on tînt là-dessus une conférence publique, Le résultaè fut qu'on tâcherait d'assembler un concile œcuménique pour terminer défini tivejiient les controverses des Latins et des Grecsj DES PATRIARCHES DE CONSTANTIIN'OPLE. qjj ce que les conjonctures ne permirent pas d'exécuter. On peut conclure (le là que l.éon Stypiote n'était pas absolument opposé à la réunion des deux églises. Mais ce qui prouve qu'il resta néanmoins dans le schisme, c'est le titre de très-saînt que lui donne Balsamon,schismatlque décidé. Léon abdiqua l'an 1 143, après huit ans et demi de gouvernement. LXXXV. MICHEL II , dit CURCUAS. ii4'^- Michel, dit Curcuas et Oxite , supérieur du mo- nastère du Mont-Saint-Auxence, en Bilhynie , dans 1 île d'Ûxia, fut mis , l'an ' i43 , à la place du patriarche Léon par l'empe- reur Manuel Comnène, qu'il couronija peu de jours après son ordination. Ce prince, en sortant de l'église» déposa sur la table des offrandes cent écus , et en assigna autant de pension annuelle au clergé; re qui excita de grandes acclamations. Michel, l'année suivante, condamna, dans un concile, INiphon , qui TenouveLit l'hérésie des Bogomiles , et prononça contre lui et ses sectateurs la peine du feu ; ce que Théodore Balsamon , célèbre canoniste de l'église grecque , blâme comme une entre- prise sur la puissance temporelle , seule maîtresse , dit-il , de la vie de ses sujets. A l'égard de Niphon, on se contenta de le ren- fermer après lui avoir coupé la barbe. L'an i «4^5 , deux ans et huit mois après son intronisation, Michel, voyant le peu de fruit que produisaient ses instructions et ses exemples, abdique sa dignité et retourne dans le monastère d'où il était venu. Là, prosterné dans le vestibule de l'église, il se fit fouler aux pieds par 1rs moines, en punition, j l'église, et qu'ils n'avaient pas tant besoin deluqiières théo- >> logiques que de discernement et de droiture pour disliilguer » les jugements canoniques d'avec ceux que l'intrigue, la cabale, » les passions humaines voudraient faire passer pour tels. >» Luc , dans cette occasion , s'attira la haine de ceux qui défen- daient l'opinion hétérodoxe : ils l'accusèrent de plusieurs chefs; mais l'empereur le déclara innocent et le maintint dans soa siège. Ce patriarche présida à plusieurs conciles, dont nousi n'avons marqué ci-devant qu'un seul, parce que l'on n'a ni les dates , ni les actes des autres. Nous savons seulement que dans un de ceux-ci, le droit daslle, attaché à 1 église de Sainte- Sophie pour les plus grands crimes, fut restreint à légard de 1 homicide volontaire. Luc mourut vers le milieu de l'an ii6g. Ce prélat était fort versé dans le droit canonique des Grecs ^ comme il paraît par ses réponses ou décrets dont une partie i^ été recueillie par Balsaraon. (Banduri , le Quien , Mansi. ) J02 CHRONOLOGIE HISTORIQUE XCI, MICHEL III. 1169. Michel, évêque crAnchialf , devint, en 1169, le successeur du patriarche Luc 11 portait le litre de prince des philosophes: espèce de prééminence, dit M. le Beau inconnue à la bonne antiquité, et aussi chimérique que la philosophie même, telle qu'elle était alors, même dans l'empire grec, '^e patriarche fut un des plus furieux adversaires de l'église ro-« raaine. Dans une conférence qu'il eut avec l'empereur ^lanuel , louchant la reunion des deux églises , il ne rougit pas d'avancer qu'il aimerait mieux obéir au calife que de faire la paix avec les Komains. Michel mourut Tan 117b, après avoir tenu le siège de Constant inople sept ans et deux mois. XCIL CHÂRITON. 1176. CfiAPiiTOX, moine de Mangane, succéda, l'an 1176 , à Michel. Il occupa le siège de Conslantinople onze mois , et mourut vers le mois de juillet 1177. ( Mansi , Suppl. Ccjw. tom. IL) XCIIL THÉODOSE, bit BORRADIOTE. 1177. Thèodose , surnommé Borradiote , natif d'An- tioche , et moine de Saint-Auxence , fut élu patriarche de Conslantinople Tan 1177. La même année il tint un concile à Conslantinople , le 3o juillet; ce qui prouve que les EoUan- disles et le V. le Quien relardent trop son intronisation , en la rapportant, celui ci à l'an 117'^, celui-ld à l'an 1 179. ( Mansi , ihid. ^ pag. 683. ) L'an de l'-^re de Conslantinople bG(S8 , indic- tion XIII ( 1180 de Jésus-Christ ) , suivant Codin , il fiança le jeune empereur Alexis Comnène avec Agnès de France. Théo- dose fut témoin , l'an 1 182 , mais sans y prendre part qu'^ par sa douleur, d'une sédition que le césar Jean et sa femme Marie^ fille de l'empereur Manuel , excitèrent , à linstigation du vieux Andronic , contre l'impératrice m.ère et le protosébaste Alexis , son amant. L'église de Sainte-Sophie étant dev.^nue la place d'amies des rebelles, le patriarche ne put s'empêcher de faire des remontrances et des plaintes sur les profanations que les hostilités réciproques occasionnaient dans c»^ lieu saint. Le calme succéda la même année à ces mouvements. Mais le proto- sébaste ne put pardonner au patriarche l'impartialité qu'il avait piontrée dans une occasion où il avait espéré de l'avoir tout à lui. Après avoir tenté vainement de le faire condamner parune commission , il lui fit signifier un ordre secret de l'empereur d'all"r se renfermer dans un n"ion3Sière-hors de la ville. Mais à DES PATRIARCHEÇ DE CONSTANTIKOPLE. lO.Î j^eine ful-il parti, que les cris el les menaces de tous les ordres de l'état obligèrent de le rappeler. Son retour fui un vrai triomphe. L'empressement de le revoir et de le féliciter fut si général , qu'étant entré le matin dans Constanlinople , il ne pat, arrêté par la foule qui baisait à l'envi le bas de sa robe, ar- river que le soir à Sainte-Sophie. Mais Andronlc s'étant rendu maître, peu de jours après , du gonvernemenL , le patriarche se vit presque aussitôt exposé à de nouveaux assauts. L'usurpa- teur, dès [3 première entrevue cju'il eut avec lui, s'étant aperçu qu'il aurait un ennemi dans sa personne , ne chercha qu'à lui iaire perdre la haute estime dont il jouissait dans le public. Iheodose acheva de l'irriter par le refus qu il fit, l'an ii83 , d approuver le mariage qu'il projetait entre Irène, sa fille na-- turelle , et le bâtard de son cousin : alliance contraire aux lois tie l'église d'Orient. Un synode ^ assemblé sur ce sujet par Andronic, lui ayant marqué plus de complaisance, le patriar- che aima mieux se retirer que de prostituer son minislère. Ayant donc quitté la ville , il se retira dans l'ile de Térébinthe, ou il selait bàli un hospice et un tombeau. Charmé de celte démission volontaire , Andronic fit célébrer le mariage par l'archevêque de Bulgarie, qui se trouvait à la cour. XCIY. BASILE, DIT CAMATERE. ii83. Basile, dit Camatère, diacre et garde des archives de Sainte-Sophie , obtint le siège de Constanlinople en pro- tnctfaut par écrit de se conformer en tout aux volontés d'An- dronic, et de ne rejeter comme illégal que ce qui pourrait lui déplaire. Une des premières opérations de son épiscopat fut d'assembler, à la demande de ce piince, un synode, où il le releva du serment qu'il avait fait à l'empereur Manuel et à son fils Alexis, et accorda une absaltïtion g-nérale à tous ceux qui avaient contribué à son élévation. Andronic ayant été renversé du trône, l'an ii.SS, par Isdac 1 Arige,' qui lui succéda, la foriune du patriarche se ressentit de cette révolution. Isaac,^ se défiant de lui et redoutant son crédit, le. fit déposer l'année suivante, S'ius prétexte qu'il avait sécularisé des veuves et des vierges qu'Andronic avait contraintes de prendre le voile. XCT. NICETAS II, dit MUNTANÈS. , 1186. NicÉTAS II, surnommé MuntanÈs , diacre et sacel- l^ire de l'église de Constanlinople , fut élu patriarche , l'an ii86, sur la désignation d'Isaac l'Ange. L'an 1 190, ce prince le chassa, à raison, disait-il, de son extrême vieillesse et de sa trop graijde simplicité* io4 tHRONOLOGlE HISTORIQUE XCVI. LEONCE. iiQo. LÉONCE , supérieur du monastère du. Mont-Saint.-» Àuxence , lut nommé pairiarche par Isaac l'Ange , après l'expul- sion de jSicétas. Ce prince le fit encore chasser, l'an 1191 , pour des raisons qu'on ignore , après sept mois de pontificat. XCVIL DOSITHÉE. 1191. DosiTHÉE ( nommé par méprise Dorothée par M. le Beau , vénitien de naissance, fut transféré, l'an 1191 « par Tempereur Isaac , du patriarcat titulaire de Jérusalem à celui de Constantinople. Les éyèques que Tempereur avait trom- pés pour les engager à consentir à celte translation , tinrent deS assemblées , où ils déclarèrent Dosithée patriarche intrus* Théodore Ealsamon, patriarche d'Antioche et célèbre cano- niste , était à leur têle. C'était lui que l'empereur, avant de nommer Dosithée , avait engagé à déclarer les translations per- mises , à Tappàt de la chaire de Constantinople qu'il lui avait fait espérer. Piqué d'avoir été dupe , il ne rougit point de chanter îa palinodie et de cabaler éontre celui qu'on lui avait préiéré^i L'empereur toutefois maintint Dosithée pendant un an et demi ou environ. Mais, vers la fin de 1192, ce piélat , devenu de jour en jour plus odieux au clergé et au peuple , fut obligé d'abdiquer. ( Banduri , Mansi. ) XCYIiL GEORGES II, hit XIPHILIN. 1193. Georges II , surnommé Xiphilin, diacre et gardé des vases sacrés de Téglise de Constantinople, fut donné pouf successeur, vers le milieu de 1193, au patriarche Dosithée. Il tint le siège six ans et deux mois , au bout desquels il fut relé- gué dans un monastère , vers le mois d'août 1,199. De son tems, Michel Glvcas, un des écrivains de THistoire Bizantine, soutint que le corps de Jésus-Christ, dans l'eucharistie, était sujet à îa corruption : erreur que le patriarche Georges proscrivit avec éon auteur. ( Le Quien. ) XCIX. JEAN X, DIT CAMÂTÈRÉ. 1 199. JtiAN X , surnommé CamatÈre , garde des archives de l'église de Constantinople , fut substitué , dans le mois d'oc- tobre 1 199 , au patriarche Georges Xiphilin. Lan 1204 , Cons- tantinople ayant été prise, le 10 avril, par les Francs, il en partit durant le pillage, monté sur un âne , n'emportant de tous ses trésors qu une méchante tunique , et se retira à Didy-» DES PATRIARCHES DE CoNSTANTlNOPLE. Io5 motiqiie, en Thrace. L'an 1306, il abdiqua la dignité patriar- cale <'.u mois de février, et mourut au mois de juin suivant. Alberit de Trois-Foutaincs l'appelle , mais mal , Samson. De- puis la prise de Consiautinople , il y eut deux patriarches de cette église , l'un grec et l'autre latin. Patriarches grecs. C. MICHEL IV, DIT AUTORIEN. -1206. Michel IV, surnom- mé Autorien , garde des ar- chives de l'église de Constanti- nnple, fut élu, le 20 mars 1206, pour succéder au patriarche Jean Camatère. Il tint son siège j Nicée , où il mourut le 25 août 1212. ( Le Quien. ) De son tems , les violences dont usait Pelage , légat du saint siège , pour forcer les clercs et les moines grecs de Constanti- nople à reconnaître l'autorité du pape , en fit déserter un grand nombre qui se retirèrent à Nicée. Ils y furent bien ac- cueillis par le patriarche , qui pourvut , avec l'aide de l'empe- reur Théodore Lascaris, à leur subsistance. Cl. THEODORE, dit IRENIQUE. i2i3. Théodore, ditiRÉNi QUE ET CoPAS , succéda , le 28 septembre i2i3, à Michel, après une vacance de treize mois et trois jours. Il mourut le 3i janvier 121 5. (Le Quien. ) Cil. MAXIME II. 1 21 5. Maxime II , supérieur IV. Patnardies latins. I. THOMAS MOROSINL 1204. TUOMAS MOROSINI, noble vénitien , fut élu , par les Francs , au mois de mai 1204 1 patriarche de Constantinople du rit latin , après l'intronisa- tion de l'empereur Baudouin. Ce prélat fut sacré à Rome l'an- née suivante par Innocent III. S'étant ensuite rendu à Venise à dessein de s'y embarquer pour retourner à Constantinople, la seigneurie le force à promettre de ne donner les canonicafs de Sainte-Sophie qu'à des véni- tiens , et de les faire jurer qu'ils n'éliront jamais qu\m patriar- che de leur nation. Le pape , instruit de ces engagemens, les déclare nuls, avec défense à ce prélat de s'y conformer. L'an 1206, le pape, qu'il avait con- sulté par lettres sur plusieurs articles, lui permet, par sa ré- ponse, vu le trop grand nombre d'évèchés qu'il y avait dans son patriarcat, d'en conférer plu- sieurs à une même personne : premier exemple des unions personnelles de bénéfices pour la vie du titulaire. Le pape aussi confirma le concordat que le patriarche avait fait, le ly mars i2o(i , avec le régent Henri; traité par lequel on ac- cordait aux églises la quinzième i-i- ic6 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Patriarches grecs. des Acémètes, futélu, le 3 juin 121 5, à Mcee patriarche grec de Constant inople. « C'était un i) moine, dit M. le Beau, qui » ne dut son élévation qu'aux » intrigues des femmes de la Mcour, dont il était -devenu w l'idole à force de les adorer. i> Mais il ne jouit que peu de « tems du fruit de ses longues « complaisances. •> Il mourut au mois de décembre de la même année qu'il fut élu. cm. MANUEL I, DIT CHARITOPULE. 121 6. MaZ^UEL I, dit CHA- RITOPULE , diacre , succéda au patriarche Maxime en janvier 121 6. Il tint le siège cinq ans et sept mois , au bout desquels il mourut vers la fin d'août de l'an 1221. CIV. GERMAIN II, rrT NaUPLIUS. I22I. Germain II , surnom- mé Nauplius, diacre et moine, fut substitué , l'an 1221, au pa- triarche Manuel. L'an i232, il écrivit au pape Grégoire IX, pour le prier de seconder le désir qu'il avait de travailler à la réunion des deux églises. « Tout le monde est témoin , « lui marquait-il, que nous de- )> mandons à mains jointes de « nous réunir après que la vé- j» rite aura été examinée à fond, }) afin que , de part et d'autre , Patriarches iaiinsl partie de tous les domaines si- tués hors des murs de Conslan-' t inople, pour les dédommager de ce qu elles possédaient sous la domination des Grecs. Vers le même tems , le pali iarche se brouille avec les Ténitiensau sujet d'une image de la sainte Vierge, qu'ils voulaient enle- ver à son église. On la disait peinte de la main de saint Luc; et les empereurs la portaient eux-mêmes dans les processions solennelles , tant ils avaient pour elle de vénération. Le baile de la seigneurie l'ayant enlevée de force, le patriarche rcxcûmmr.nie ; ce qui fut con- firmé par le légat. Alors il fal- lut lâcher prise. L'image resta, et les Grecs la retrouvèrent lors- qu'ils eurent repris Constanti- nople. Thomas eut aussi que- relle avec Henri , parvenu alors à l'empire, louchant la séance dans l'église de Sainte-Sophie. Le pape prit sa défense, et écri- vit à l'empereur une lettre plei- ne d'aigreur, où il étalait les prérogatives du sacerdoce sur l'autorité royale. Innocent III ne se montra pas moins oppose à l'édit que Henri avait publié, l'an 1210 , pour défendre à toute personne de léguer ou vendre aucun immeuble ou hé- ritage aux églises. Les mouve- mienls qu'il se donna pour fiire révoquer cette loi , et le zèle avec lequel il fut secondé par I le clergé, obligèrent Henri den venir à un accoinodement avec LES PATRIARCHES DE CONSTAÎS;TI^•OPLE. Falriarches grecs. » on ne se traite plus de schls- » matique. Et pour toucher j> jusqu'au vif, nous croyons 3> devoir vous dire que plusieurs » personnes considérables vous i> obéiraient , si elles ne crai- » gnaient les oppressions , les j> impositions odieuses et tout n ce que vous exigez de ceux » qui vous sont soumis.... Est- » ce là ce qu'enseigne saint » Pierre quand il recommande » aux pasteurs de s'éloigner de j- l'tsprit de domination. Je •»> sais (jue , de part et d'autre , i> nous croyons avoir raison et ■ ne nous tromper en rien. » iVfais rapportons-nous en à » l'Ecriture et aux écrits des j> saints pères. » 11 écrivit avec la même franchise aux cardi- naux. L'empereur grec Jean Vatacc écrivit aussi de son coté au pape, qui répondit à ce prin- ce, ainsi qu'au patriarche, avec beaucoup de douceur. A la fin de la lettre à ce dernier , il di- sait qu'aussitôt que l'église grecque s'étaitj séparée des la- tins , elle avait perdu sa liberté, et était devenue esclave de la puissance séculière. Sur cjuoi M. Fleuri observe que le fon- dement de ce reproche est que le clergé , chez les Cjrecs, était beaucoup plus soumis aux ma- gistrats que chez les Latins, et contt^nait mieux dans ses ancien- nes bornes l'immunité ecclé- sînstiquc. Les lettres du pape furent apportées par quatre reli- gieux à iSiicce, où ils tinrent ^ Patriarches latins. le pape. Le patriarche Thomas mourut Tan laii à ïhessalo— nique , au mois de juin. Les disputes des Vénitiens et des Français, touchant son succès-; seur , firent vaquer le siège quatre ans : disputes qui furent portées jusqu'aux voies de fait dans l'église même de Sainte- Sophie. IL GERVAIS. r2i5. Gervais, appelé aussi EbÉrard , toscan de nation , fut nommé au concile de La- tran, dans le mois de novembre 12 15, patriarche latin de Cons. tantlnople par Innocent IIL II assista à la suite du concile en cette qualité. Gervais , établi sur son siège , osa s'égaler au pon- tife romain , affectant d'envoyer dans le district de son patriar- cat des légats auxquels il don- nait les mêmes pouvoirs que les papes donnaient aux leurs; ce qui déplut beaucoup à la cour de Rome. Sa mort arriva dans le cours de l'an 1220- III. MATHIEU. 1221. Mathieu, évêque de Jésol, au duché de Venise, fut nommé , dans le mois de mars 1221 , par Honorius III , au pa- triarcat de Constantinople. Ce prélat, au comîTiencement de son pontificat, suivit les erre- ments de son prédécesseur. Il vécut d'ailleurs dans le luxe et CHRONOLOGIE HISTORIQUE Patriarches grecs. des conférences avec les Grecs en présence de l'empereur. Ce furent les préliminaires d'un concile que l'empereur assem- bla dans le mois d'avril i:i.H3 à Nymphée. On y disputa beau- coup sur les points qui divi- saient les deux églises sans pou- voir s'accorder. ( Voy. les con- ciles.) L'an laSg , Germain mourut après avoir repris, dans sa dernière maladie, l'éiat mo- nastique. CV. METHODIUS II. \2.!i0. Methodius II , supé- rieur du monastère d'Hiacynthe, fut élu patriarche giec de Constantinople en 1240, après la mort de Germain. 11 mourut la même année , trois mois après son élection. CVI. MANUEL II. 1245. Mais'uel II, que M. Fleuri confond mal-à-propros avec Manuel I, ditCharitopule, fut élu, Tan i245 , pour rem- plir le siège de Constantinople après quatre ans de vacance. Il était prêtre et marié suivant la discipline de l'église grecque; d'ailleurs respectable par ses mœurs, mais ignorant. L'an 1247, Laurent, de Tordre des frèresmineurs, étant venu avec le titre de légat à Constanti- nople , eut avec Manuel , à Nic('e , des entretiens dans les quels il crut l'avoir disposé à la réunion. Sur l'avis qu'il en donna à Rome, Jean de Parme, Patriarches latins. la mollesse ; dissipa Xes, revenus de son église, et négligea le soin des «âmes dont il était chargé. On lui inputa même d'avoir fait des traités illicites avec les Vénitiens contre les autres nations. Le pape , ins- truit de ces déportements, le menaça de l'interdire, et même de le déposer, s'il ne changeait de conduite. '.)n ignore si ces menaces firent leur eftet. Quoi- qu'il en soit . iMatliieu mourut avant îa fin de l'an isiiO. ( liol- land., du Gange. ) IV. SIMON. 1227. Simon , archevêque de Tyr , fut transféré par Gré- goire IK sur le siège de Cons- tantinople, au refus de Jean d'Abbeville , archevêque de Be- sançon , qu'IIonorius 111 y avait nommé. On ignore le détail de sa vie. Albéric de Trois-Fon- taines rapporte sa mort sous l'an 1233. V. NICOLAS DE PLAI- SANCE, 1134. Nicolas de Plai- SANCE, évêque de Spolette, fut nommé , par le pape Grégoire IX , pour remplir le siège latin de Constantinople en i234, après un an et plus de vacance. Il assis! a , l'an 1240 , au concile de Lyon , où il exposa le triste état de son église, pour la- quelle il avait épuisé toiit son revenu. Nicolas mourut .i Mi- lan et fuî enterré dans l'éallse CES PATRIARCHES DE C0^'STA^;T1N0PLE. 109 Patnarches grecs. géiif-ral du même ordre , fut en- voyé sur les lieux en 1 249 avec semblable caractère ; il y resta cinq ans , honoré des Grecs pour sa vertu , sans pouvoir néanmoins vaincre leur opiniâ- treté. L'empereur Yatace dé- puta cependant au pape , en 1254, de\ix seigneurs et deux évêcjues pour lui faire des pro- positions qui n'étaient pas à rejeter. ?tlais il parut bien, par le peu d'effet de cette négocia- tion , qu'elle n'était pas sincère de la part de ce prince , et qu'elle ne tendait qu'à déta- cher le pape des Intérêts de l'empereur latin de Constanti- nople. Le patriarche Manuel finit les jours avant le mois de novembre laoS. CVIL ARSENE. 1255. Arsène, moine, fut nommé , vers Noël i255 , pa- triarche de Constantinople, par l'empereur Théodore Lascaris, au refus de l'abbé Nicéphore Blemmyde. Il reçut tous les ordres dans le cours d'une se- ïaaaine. L'an 1260, il consentit, malgré lui et au préjudice du jeune prince Jean Lascaris, à couronner empereur Michel Pa- léologue avecThéodora. sa fem- me. Les remords que lui ins- pira cette action, le détermi- nèrent , peu de jours après , à quitter son siège pour allers'en- fermcr dans un monastère. Sur le refus persévérant qu'il fit de revenir , et même d'expliquer Patriarches latins, des Frères Mineurs l'an 12S1. Le siège latin de Constanti- nople vaqua deux ans après sa mort. VI. PANTALÉON JUSTI- NIANL I253.PANTALÉON JuSTIKIANI, noble vénitien, fut nommé, l'an 1253, patriarche latin de Cons- tantinople par Innocent IV, dont il était chapelain. Il fut en même tems revêtu du titre de légat pour l'armée desFrancs, en Komanie. On voit, par une lettre du pape Alexandre IV, datée du mois de juillet 1268, que les courses et les ravages des (irecs sur les terres des Latins mettaient ceux-ci tellement à l'étroit, que leur patriarche fut obligé , pour subsister , d'avoir recours au pape , qui fit con- tribuer les évêques de laMorée. ( Hist. du Bas Emp., t. XXII , pp. 3--38.) L'an 12G1, après la prise de Constantinople par les Grecs , Justiniani revint en Italie , où il mourut Tan 128G. C'est le dernier patriarche latin de Constantinople qui en ait exercé les fonctions. Les papes ont continué, jusqu'à nos jours, de nommer des patriarches de Constantinople, qui n'en ont eu que le titre. Voyez-en la suite dans du Cange. (Ilistuire de CF. , liv. VII, n. 1 1) et dans le troisième vol. de VO riens Christ. du P. le Quien.) les motifs de sa retraite y les 110 CHRONOLOGIE HISTORIQUE évêques , assemblés en synode , le firent sommer de donner l'acte de son abdication. Il le donna ; mais l'empereur voulut encore qu'il fut déposé : et il le fut sur des prétextes qui révol- tèrent un grand nombre de personnes : ce qui occasionna un schisme parmi les Grecs. CVIII. KICEPHORE II. 1260. NicÉPHORE II , évêque d'Epîièse , fut substitué au pa- triarche Arsène dans un concile tenu à Lampsaque l'an 1260. C'était lui qui avait suggéré les prétextes qui servirent à la dé- position d'Arsène. Trois évêques s'opposèrent à son élection, et aimèrent mieux abdiquer que d'y consentir. Nicéphore , malgré cette réclamation et celle du peuple , qui regrettait son pasteur déposé , fut installé par l'empei cur dans la chaire de ISicée. Mais peu de tems après, dégoûte du séjour de Nicée par les affronts c|u'il y recevait , il quitta cette ville en secouant la poussière de ses pieds, et se retira auprès de l'empereur à Se- lymbrie , dans l'espérance d'entrer triomphant avec lui dans Constantinople , dont il préparait la conquête , et d'y établir pas le loisir d'en jouir. Une maladie l'emporta en pei de jours vers la fin de la même année 1260, n'ayant guère tenu le siège patriarcal plus de dix mois, et n'étant même ré- gardé que comme un intrus par une grande partie de l'église grecque. ARSENE , réfuhh: 1261. ARsÈ^îEfut rappelle par l'empereur Michel Palcologue deux mois après qu'il eut recouvré Constantinople , c'est-à-dire rers le mois d'octobre 1261. Mais la paix ne régna pas long- tems entre ce prince et le prélat. Michel ayant fait aveugler, le jour de Noè'l 1261 , Jeanl-ascaris , son pupille , le patriarche l'excommunia pour ce criine. L'empereur, après lui avoir inu- tilement demandé , avec des instances plusieurs fois réitérées , son absolution , le fit déposer dans un concile tenu vers la lin t!e mai 1264, suivant Bandurietle Quien. Possines et les Bol- landistes placent deux ans plus tard cet événement. L'empereur lelégua ensuite Arsène dans l'ile de Proconèse, où il mourut vers la fin de septembre 1273. Par son testament il renouvela l'excommunication de rempereur>, et confirma son aversion pour l'église latine. Sa mort n'éteignit pas le schisme que sa déposition avait occasionné dans l'église de Constantinople. t)ES PATRIARCHES DE CONSTAISTINOPLE. 1 1 I On distingua les Arseniles des autres grecs sous les patriarches suivants. CIX. GERMAIN ill. 1267. Germain, métropolitain d'Andrinople , fut élu, malgré lui, à la sollicitation de l'empereur Michel Paléologue, par une assemhlée d'évêques tenue dans l'église de Blaquernes le 5 juin 1267. C'était un homme poli, instruit dans les lettres, d'un commerce facile et agréable , plus porté à la douceur qu'à la sévérité , d'ailleurs Irréprochable dans ses mœurs. L'empe- reur , zélé pour le rétablissement des lettres extrêmement dé- chues en Orient, fonda deux écoles à Constantinople ; l'une pour la grammaire , et l'autre pour des sciences plus relevées. Germain donna ses soins pour y entretenir l'émulation parmi les élèves. Mais le penchant qu'il marqua pour la réunion des deux éi^llses, lui fit tort dans l'esprit des fanatiques et grossit ie parti des Arsenltes. On lui fit un crime de sa translation d'un siège à un autre , quoique autorisée par plusieurs exemples ; et on persuada à l'empereur que la paix ne pourrait se rétablir que par sa déposition. L'abbé Joseph, confesseur, ou, comme on parlait en Orient, père spirituel de ce prince, fomenta ces dispositions dans l'âme de son pénitent. E,tant aller trouver le patriarche de sa part , il l'ébranla tellement par la crainte d'une destitution non moins Ignominieuse qu'inévitable, qu'il le lit consentir à donner son abdication: ce qu'il exécuta le i5 sep- tembre 1267. Dans la suite ( l'an 1274 ) H fut mis à la tête des ambassadeurs envoyés par l'empereur au concile générol de Lyon , et y embrassa solennellement avec eux le parti de la réunion, ex. JOSEPH. 1267. Joseph, dont on vient de parler, abbé du monastère de Gales, fut donné, comme il l'avait désiré, pour successeur au patriarche Germain le 28 décembre , et ordonné le l^^ jan- vier 1268. Le 2 février suivant, il donna l'absolution à l'em- pereur Michel, qne Germain avait laissé dans les liens de l'ex- communication. Mais l'empereur, ayant assemblé les évèques , Fan 127.^ , dans son palais , pour leur proposer la réunion avec l'église latine , éprouva une résistance invincible à ses volonté; de la part du patriarche soutenu par l'éloquence du cartophy- lax Jean Veccus. La liberté que prit celui-ci fut punie par la prison ; châtiment qui lui devint salutaire par le loisir qu il lui donna d'approfondir la cause dont il était la victime et d'en reconnaître le vice à la lumière des preuves qu'on lui fournit. Sa conversion, fruit d'un examen impartial, n'ébranla pas le lia CHRONOLOGIE HISTORIQUE patriarche. Il publia même une lettre pastorale dans laquelle il s'engageait par serment à ne jamais consentir à la réunion. L'heureuse issue du concile de Lyon , où la concorde fut réta- blie entre les deux églises, aurait peut-être fait plus d'effet sur son esprit, s'il n'eût été retenu par son serment. Pressé d'ail- leurs par la promesse qu'il avait faite à l'empereur d'abdiquer au cas que la réunion fût acceptée , il se trouvait dans un dé- fdé d'où l'empereur le tira en faisant déclarer, par une assem- blée d'évêques, qu'il était déposé en vertu de cette promesse. Le 3 janvier i^yS, Joseph se retira hors de la ville, dans un monastère sur les bords du Bosphore, d'où l'empereur, quel- que tems après , le ht transférer au château de Chelé. CXL JEAN XI , DIT VECCUS. layS, Jean XI, surnommé Veccus ou Biiccus , diacre et cartophylax , ou garde des archives de l'église de Sainte-Sophie , fut substitué, le 26 mai layS , au patriarche Joseph, et sacré le 2 juin suivant , jour de la Pentecôte. Revenu, comme on l'a vu , de son attachement au schisme , il ne négligea rien pour main- tenir la réunion des deux églises, arrêtée et consentie de part et d'autre avec une parfaite unanimité au concile de Lyon. L'an 1277 , il tint à ce sujet deux conciles , dans le second des- quels il publia, le 16 juillet, une excommunication contre les Schismatlques. Ceux-ci lui rendirent la pareille , et envelop- pèrent dans leurs anathèmcs l'empereur et le pape. Les attaques qu'ils livrèrent au patriarche ne se bornèrent pas à sa doctrine ; ils forgèrent des accusations calomnieuses pour rendre sa fidé- lité suspecte à l'empereur. \ oyant qu'elles avaient pris faveur et changé les dispositions de ce prince à son égard , il prit le parti de donner sa démission au mois de mars isyç), et se re- tira dans un monastère. Mais, le G août suivant , il fut rappelé avec honneur. L'an 1280, le 3 mai, Veccus assembla un nou- veau concile, où il convainquit le grand référendaire Escam— matismène , schismatique des plus ardents , d'avoir altéré , dans un exemplaire de saint Grégoire de iSysse , un passage décisif sur la procession du Saint-Esprit. L'empereur Michel étant mort l'an 1282 ,• ce prélat se vit exposé à de nouvelles persécutions .sous le gouvernement de son successeur And ro- uie II. Ce jeune prince, se laissant conduire par Eulogic , sa tante, chassa Veccus de son siège le 26 décembre de la même JOSEPH , rêhM: 1282. JoSErH , après l'expulsion de Veccus, remonta sur r i "DES Ï»ATÏIIA&CHÈS DE CONSTAÎSTINnPLË. SI* ïon sîêge le 3o décembre 12S2. Au mois de janvier suivani , il assembla un concile où Veccus fut cité pour repdre raison de sa ïloctrine et donner la formule de sa démission. Après s'être victorieusement justifié sur le premier point, il donna l'acte -qu'on lui demandait, en protestant de la violence qui lui était faite. Etant ensuite retourné dans le monastère de Panachrante^ ■qu'il avait choisi pour sa retraite , il en fut tiré pour être en- fermé dans la citadelle dite de Grégoire, où il finit ses jours , à t:e qu'on croit ,, au mois de mars 1288. Oh a les ouvrages que ce prélat composa soit sur son siège, soit dans sa prison, pour la défense de l'église latine. Ils ne démentent point l'idée que donnent de son éloquence et de son savoir Pachymère et Gré- goras , tout schismaliques qu'ils sont. Les mêmes écrivains font l'éloge de sa charité compatissante envers les malheureux ; vertu qu'il poussa quelquefois jusqu'à l'indiscrétion , en inter* cédant pour eux à contre-tems auprès de l'empereur : ce qui contribua à refroidir ce prince à son égard. Le P. Goar , dans son Euchologe des Grecs (p. i56), a fait graver le portrait de ce prélat sans avertir d'où il l'a tiré. Nous le jugeons néanmoins fidèle , puisqu'il est tel que les historiens du lems représentent Veccus, d'une taille avantageuse, d'un port majestueux , d'un %'isage vénérable et serein. Revenons au patriarche Joseph. Il était cassé de vieillesse lorsqu'il remonta sur son siège, et ma* ïade lorsqu'il tint le concile dont on vient de parler. Il y survé=» eut à peine deux mois, étant mort en mars ja83. CXII. GRÉGOIRE II , dit DE CHYPRE. ' 1283. GregoiKe h, né en Chypre, fut pris de Vètaif laïque pour être élevé sur la chaire de Constantinople. Le 1 1 avril de l'an 1283, jour des Rameaux, il fut sacré patriarche, après avoir passé rapidement par tous les autres ordres ecclésiastiques. Le lendemain de Pâques suivant , il tint un concile , où l'on condamna et maltraita indignement tous les éveques qui avaient eu part à la réunion. Le fanatisme des Schismatlques alla si loin, qu'ils se mirent tous en pénitence, comme si la réunion avec les I.atlns eût été un crime. L'an 1284, le 8 avril, Gré^ goire vient à bout de ramener à son obéissance plusieui-s arsé^ nites dont le parti subsistait toujours, et cela par une épreuve superstitieuse à laquelle il s'était soumis. L'an 1289, "" écrit qu il publie sur la procession du Saint-Esprit, et qu'il fait lire publiquement dans l'église de Sainte-Sophie , soulève les es - prlts contre lui. Pour les appaiser , il est obligé de donner sa «émission vers le mois de juin de la même année. Grégoire avait été pai'tisan de Veccus arvant que d'être patriar<;he. La politioue IV, i 5 Ïl4 ClîtlOMOLQGIE HISTORIQUE le fit changer de sentiment lorsqu'il lui eut succédé. (Cantluiî ^ le Quien. ) Ce prélat mourut l'année mcme de son al)dication , à la suite d'une longue maladie , ou , comme quelques-uns di- saient, du chagrin de se voir méprisé. L'empereur défendit qu'il fut entexTé comme évêque. ( Fleuri. ) CXIII. ATHANASE. 128g. Athanask , évêque d'Andruse dans le Péloponèsc , homme grossier et sans lettres , mais de mœurs austères , fut «lu patriarche de Constanlinople le 14 octobre 1289. Dès qu'il fut sur ce sïége , il entreprit de réformer le clergé séculier et régulier de Constantinople, qui vivait dans un grand relâche- ment. Son zèle s'étendit même aux laïques de toutes les condi- tions , et jusqu'aux évêques de cour qu'il obligea d'aller résider dans leurs diocèses. Mais le peu de ménagement qu'il mit dans ses réprimandes et ses corrections , lui aliéna tous les esprits. On ne le menaça pas moins que de le mettre en pièces s il ne quittait le siège de Constantinople, Quelques-uns lui disaient des injures jusques dans l'église; d'autres lui jetaient des pierres lorsqu'il paraissait dehors. Se voyant donc abandonné de l'em- pereur conti-e son espérance , il résolut de se retirer , et demanda clés gardes à ce prince pour le pouv^oir faire en sûreté. Avec cette escorte , il sortit du palais patriarcal , la nuit du 16 octo- bre 1293 , et gagna le monastère de Cosmidion , d'où il envoya l'acte de sa démission à l'empereur. CXIV. JEAN XII. 1294- Jean, natif de Sozople , nommé Cosme au baptême ,• vieillard vénérable, qui, après avoir été long-tems prêtre et marié, s'étant fait moine, était devenu supérieur du monastère de Pampiacariste, et l'un des confesseurs de l'empereur Andro- nic , fut ordonné patriarche de Constantinople le i^^ janvier de l'an 1294. Il avait été partisan de Veccus , et avait souffert la prison pour la défense de sa cause , si l'on en croit le P. le Quien. Mais Pachymère dit au contraire qu'il avait été maltraité de la sorte pour s'être déclaré contre la réunion ; qu'il était resté long tems dans les liens , et qu'il n'en avait été tiré qu'à la prière du patriarche d'Alexandrie. L'an 1294, il couronna solennelle- ment à Sainte -Sophie, Michel, fds aîné de l'empereur Andronic, le 21 mai , jour auquel les Grecs célèbrent la mémoire du grand Constantin. Mais Andronic, ayant prié le patriarche et les pré- lats assistants d'ajouterà l'acte du couronnement, qu'il leur avait fait souscrire, des excommunications et les malédictions les plus terribles , sans espérance d'absolution pour quiconque oserait se DES PATRIARCHES DE CONSTÂNTINOPLE; il 5^ révolter contre le nouvel empereur , essuya sur ce point un. refus. Il suffit lui dirent ces prélats, cjue les lois imposent aux rebelles des peines si rigoureuses, que la vie, quand ils sont convaincus, leur devient plus insupportable que la mort. Il n'est pas juste, et il ne. convient pas à nous, qui devons être pleins de compassion , d'y ajouter contre ces malheureux la sé- paration de Jesus-Christ. Andronic , piqué de cette réponse, publia une novelle pour retrancher les présents qui se faisaient aux ordinations des évêques , traitant de simonie cet usager Celait le second ordre du clergé qui recevait ces gratifications ,' et qu'on punissait mal-à-propos pour une affaire où il n'avait eu aucune part. Les évèques s'opposèrent à cette constitution ; mais ils n'y gagnèrent rien : et le patriarche la souscrivit avec tous les évêques , excepté xeux de Smyrne et de Pergame. La conduite sévère de Jean XII lui fit un grand nombre d'en- nemis dans le clergé. On en vint jusqu'à l'accuser auprès de- l'empereur d'un crime honteux. Ayant convoqué, l'an i3o3, un concile pour se purger de cette accusation , comme il vit que plusieurs évêques-, par crainte, tardaient à s'y rendre, la patience lui échappa; et se livrant à l'ardeur de son iempéram— ment, il sortit brusquement avec chagrin, et se relira au mo— naslcre de Pammacariste. De-là, il envoya quelques jours après à. l'empereur et aux évêques , l'acte de sa démission , où il se disait chef de l'église universelle , et protestait contre les ca— - lomnies dont on l'avait noirci. Pachvmère date cet acte du 6 juillet , sixième férié i3o3 et la confirmation de la même dé-^- mission, du 21 aeût , sixième férié 1.^04. ATHANASE , rélablt. i3o4. ■Atha>"ase fut rappelé par l'empereur le aS août i3o4. Les disgrâces qu'il avait essuyées ne le rendirent ni plus hu- main ni plus circonspect envers son clergé et son peuple. Il continua a se faire des. ennemis par la dureté de sa conduite. Pour le rendre plus odieux , on fit peindre sur le marche-pied du trône patriarcal l'image de ISotre-Seigneur , et à ses deux côtés l'empereur Andronic avec un frein à la bouche , et le patriarche Athanase le tirant comme un cheval. Quelques-uns ayant dénoncé à l'empereur cette malice , il les condamna, ne doutant peint qu'ils en fussent les auteurs , à une prison per- pétuelle. Athanase, toujouis excessif dans les châtiments , ne crut pas cette peine suffisante ; et de dépit il renonça de nou — veau à son siège dans le mois de mai i3i i. ( Cuper. ) CXV. ISIPHON. î3i3. NiPiio>r, métropolitain de Cyziqutî , monta sur le H6 CHRONOLOGIE HISTORIQUE siège, de Constantinople Tan i3i3 , après environ deux ans âç vacance. C'était un prélat ignorant jusqu'à ne savoir pas écrire ; mais fort avide d'honneurs et de richesses , aimant le faste et la bonne chère : d'ailleurs fort versé dans les affaires temporelles. Il restait encore des arsénites. L'emperenr les ayant fait assem- bler, ils sortirent de leurs cachettes couverts de haillons, et firent des demandes exorbilanles que l'empereur leur accorda Four le bien de la paix. Ensuite le patriarcne étant monté sur ambon de Sainte-Sophie , prononça une absolution générale sur le peuple et le clergé au nom d'Arsène. Mais ceux des ar- sénites qui n'obtinrent pas des évécbés ou d'autres récompenses, retournèrent bientôt au schisme. L'an idi5, Niphon, accusé de divers crimes , fut déposé dans un concile tenu le 1 1 avril. ( Banduri. ) Cuper met sa déposition au commencement de la 3Tiéme année. CXVI. JEAN XIII , DIT GLYCYS. i3i6. Jeak, dit Gi.Yr.YS, grand-logothète du Drôme, ayant femme et enfants, fut placé, le 12 mai i3i6 , sur le siège de Constantinople vacant depuis un an. C'était un homme savant et vertueux. Son pontificat ne fut que de quatre ans , au bout desquels , ayant abdiqué pour raison de santé, le 1 1 mai iSao^ il se retira dans le monastère de Kyrlotisse. (le Quien. ) Cuper met celte abdication au commencement de la même année. CXVII. GÉRASIME. iSso. GÉRA.SIME fut tiré du monastère de Mangane , Pan 1020 , pour succéder au patriarche Jean. Il était fort ignorant , déjà cassé de vieillesse , et fut bientôt accablé par le poids des affaires. Il mourut le jour de Pâques, 19 avril de l'année sui- vante. ( Banduri. ) CXVIII. ISAYE. i323. ISAYE, moine du Mont-Athos, fut nommé le 3o no>- vembre i323, patriarche de Constantinople, par l'empereur Andronlc II , après une vacance de deux ans , sept mois et onze fours. Il était alors septuagénaire , n'ayant rien de la dignité d'un évêque, et sachant à peine assembler ses lettres. L'an i025y, il couronna , le 2 février , le jeune Andronic , petit-fils de l'empereur , en présence de son aïeul. Ces deux princes n'ayant point tardé à se brouiller, Isaye prit le parti du jeune, ^orma, dans son palais , une conjuration contre le vieil empereur , dans laquelle entrèrent secrètement plusieurs personnes consi- dérables ; et trois jours après , ayant assemblé le petit peuple DES PATRIARCHES DE COISISTAlSrrmOPLE. II7 au son de la cloche , il prononça excommunication contre quiconque supprimerait dans les prières publiques le nom du jeune empereur, et ne lui rendrait pas les honneurs dus à sa dignité. Il prononça encore une autre excommunication contre les évéques du parti contraire. Ceux-ci , s'étant assemblés , excommunièrent à leur tour le patriarche comme auteur de sédition. Le vieil empereur voyant à quel excès on avait porté les choses, et craignant encore pis, fit enfermer le patriarche dans le monastère de Mangane. Mais le mardi de la Pentecôte, 24 mai de la même année 1 628, il fut ramené en triomphe par le jeune empereur à Constantinople. Il voulait se venger des évé- ques qui lui avaient été opposés. Mais le grand domestique Jean Cantacuzène vint à bout de le réconcilier avec eux. Isaye mourut , Tan i.S33 , fort peu regretté de son peuple. ( Fleuri, Banduri, le Quien. ) CXIX. JEAN XIV, SURNOMMÉ d'APRI et CALECAS, i333. Jean, surnommé d'APRi du Heu de sa naissance en Thrace, et CalÉcas, prêtre, et avant femme et enfants , fut placé, l'an i333, sur le siège de Constantinople par l'adresse du grand domestique Jean Cantacuzène. L'année suivante arri- vèrent en cette ville deux nonces du pape Benoît XII , pour traiter de la réunion, sur la nouvelle qu'on avait reçue à Rome que l'empereur la désirait. Le peuple demandant qu'on entrât en conférence avec eux, le patriarche le refuse par le conseil de Nicéphore Grégoras , qui nous a conservé dans son Histoire le long discours qu'il fit pour appuyer cet avis. Ainsi la mission des deux nonces fut sans effet. L'an i34i , Barlaam, abbé de Saint-Sauveur, au retour d'un voyage qu'il avait fait à la cour d'Avignon pour travailler à la réunion, dénonça au patriarche la doctrine de Grégoire Palamas dont il avait trouvé les moines du Mont-Athos imbus. C'était en partie le Quiétisme des Mes- saliens ressuscité avec de nou%'elles extravagances , telles que celle de s'imaginer qu'en regardant son nombril pendant un certain teras et dans une certaine posture, on voyait la lumière du Thabor. On tint sur ce sujet, le 1 1 juin, un concile , où Barlaam , m.algré le patriarche , fut condamné. ( F. les Conciles. ) L'empereur Andronic le jeune étant mort , quatre jours après cette assemblée , des efforts qu'il avait faits en y haranguant , le patriarche dispute à Cantacuzène la régence de l'empire » et, le 19 novembre suivant, il couronne empereur le jeune prince Jean Taléologue , âgé de g ans. L'an i347 , l'impératrice Anne , ennemie de ce prélat , h' fait déposer dans un concile de Palamltes , sans permettre qu'il y entre pour se défendre^ IlS "' CHRONOLOGIE HISTORIQUE 11 fut ensuite jeté dans une prison où il mourut dix mois après sa déposition. L'historien Manuel Calécas était parent, et peut- être frère de ce patriarche. Jean d'Apri , fort oppose , comme on l'a \u , à Jean Cantacuzène , était grand partisan d'Apo- cauque , rival de ce dernier. Pour llatler ce patriarche , Apocauque lui conseilla d'ajouter à sa dignité de nouveaux honneurs, et entre autres d'employer, au lieu d'incie ordi- naire , une liqueur bleue, pour signer ses lettres et ses di- |>lômes , et de porter des souliers d'ecarlate. ( Grégoras , 1. xiv^ c. i3. ) CXX. ISIDORE, DIT BUCHIRAM. ■ 1347. Isidore, surnommé Bi'cmiram, évoque de Monem- base, déposé par le patriarche Jean d'Apri, pour son attache— ment à la doctrine des l-alamiles, fut élu, par ce parti, ponr- lul succéder. Son élection causa un grand schisme dans l'église de Constantinople. Isidore se soutint par la faveur de Cantacu- zène , devenu empereur, et mourut au mois d'avril i34c). ( Le Quien. ) Ce patriarche prétendait avoir des révélations, se mê- lait de lalre des prophéties, et faisait de ses visions la règle de sa conduite. La honte et le chagrin qu'il eut de voir démenti par Tévéi ement ce qu'il avait prédit, lui causèrent la longue ma- ladie qui l'emporta. ( Fleuri, ) CXXI. CALLISTE L 1.^49- Calliste I, moine du Mont-Athos, et grand ami de Palamas, succéda au patriarche Isidore par les soins de l'em- pereur Jean Cantacuzène. C'était un homme fort ignorant et sévère jusqu'à la dureté. Trois mois s'étaient à peine écoulés depuis son ordination , que la plupart des évèques se séparèrent de sa communion , protestant avec serment qu'il était messalien, Calliste le niait, et accusait par représailles ses adversaires de divers crimes. L'empereiu' fit ses efforts pour éteindre ce nou- veau schisme , et n'y réussit qu'avec peine. Mais la doctrine des Palamites ne laissa pas de se maintenir; et l'an- i35i , le patriarche la fit confirmer dans un concile qu'il tint par ordre de l'empereur. Calliste se brouilla dans la suite avec ce prince à l'occasion de Mathieu Cantacuzène , son fils , qu'il voulait faire couronner empereur. Calliste, l'an i354, pressé à ce sujet, plutôt que d'y consentir , quitta le palais patriarcal au com- mencement de février, et se retira au monastère de Saint-Ma- mas , qui lui appartenait. Une députation , que l'empereur lui. envova , ne put l'cngiger à revenir. Sur son refus , le siège pa-- Iriarcal fut déclaré vacant. DES PATRIARCHES DE COîNSTANîINOPLE. IIQ CXXII. PHILOTHEE. 1354. Phtlothée , supérieur du Mont-Athos , fut tiré de son monastère par Jeau Cantacuzètie pour succéder à Callisle. Aussitôt après son élévation, 11 couronna empereur, dans le mois de février , Mathieu Cantacuzènc , au préjudice de Jean Paléologue. L'an i355, celui-ci ayant dépouillé son rival, Plii- lolhée se sauve dans un monastère pour se soustraire à son res- sentiment. CALLISTE, rétabli. i355. Calliste , après la fuite de Phllothée , remonta sur le siège de Constantinople. L'an loGii, il est député auprès d'Elisabeth, veuve du craie, ou prince de Servie, pour l'en- gager à faire la paix avec l'empire. Calliste meurt dans son anx- bassade , sur la fin de la même année. (Banduri, le Quien. ) PHIf.OTHÉE , rélabli. i363. Philothée , après la mort de Callisle , fut rétabli par l'empereur Jean Paléologue. Il tint le siège encore treize ans et demi , et mourut l'an 1376. Nous avons plusieurs écrits de Phl- lothée , dont le principal est contre Nlcéphore Grégoras , en faveur des Palamltes. CXXIII. MACAIRE. 1376. Mac AIRE fut choisi par l'empereur Cantacuzène, en- tre trois sujets que les évêques lui présentèrent suivant la cou- tume, pour succéder à Phllothée. M. de Villoison est porté à croire qu'il est le même que Macalre Chrysocéphalc , auteur d'un ouvrage grec intitulé : Rhodonia , ou le Kosier ( espèce de florilège ou de splcllége , tiré d'un grand nombre d'anciens écrivains ) , et d'une chaîne sur saint Mathieu , souvent citéft par les commentateurs de l'Ecriture-Samte. {Anecdota Grœca. ) Macalre occupa le siège de Constantinople deux ans sept mois et demi , au bout desquels il mourut Tau 137g. CXXIV. NIL. 1379. Nil, archevêque de Thessalonique, fut porté sur le siège de Constantinople après la mort de Macalre. Il écrivit contre l'église latine , et en faveur des erreurs des Palacniles. D. Banduri place sa mort en l'àS'j. 120 CHRONOLOGIE ÔISTOHIQUÈ CXXV. ANTOINE IV. iSSy. ANTOINE I-V, surnommé Caloger, succéda au pa-» Irîarche Nil. Il mourut, suivant D, Banduri , l'an iScjG. CXX\ I. CALLISTE II , dit XANTOPULE. iSgR. Cai.liste II , surnommé Xantopule , succéda, l'art iSgb, au patriarche Antoine. Il mourut la même année, après avoir tenu le siège trois mois. (Banduri , le Quien. ) CXXVII. MATHIEU I. i3:)6. Mathieu I , métropolitain de Cyzique , fut trans- féré, vers la fin de i^t^G , sur le siège de Constantinople. Il le remplit Tespace de treize ans, et mourut l'an i4io. ( Banduri ^ le Quien. ) CXXVIII. EUTHYME IL i4io. EUTHYME II monta sur le siège de Constantinople après la mort du patriarche Mathieu. Il l'occupa jusqu'en 141 1), époque de sa mort. CXXIX. JOSEPH II. i4i6. Joseph II, métropolitain d'Ephèse , fut choisi par l'empereur Manuel Palèologue , le 21 mai, pour remplir le siège de Constantinople. I^'an i4--? il ^ut une conférence avec Anloine de Messine , nonce du pape Martin V, sur la réunion des deux églises L'an 1437 , le 27 novembre, il pari de Cons- tantinople , avec l'empereur, pour le concile général, indiqué par le pape Eugène , et arrive le 8 février suivant ^ Venise ; de là , ils se rendent à Ferrare, où le concile s'ouvrit le 9 avril i438. Lorsqu'ils furent arrives, il y eut de la difficulté pour l'en- trevue du patriarche avec le pape. Joseph, se regardant comme le chef de l'église d'Orient, prétendait traiter de pair avec la chef de l'église latine; il ne voulait point sur-tout entendre parler de haiser les pieds du pape. Eugène, pour le bien de la paix, fut oblige de se relâcher sur cet article. Le patriarche en- trant dans la chambre du pape, le pontife se leva de son trône pour le recevoir : ils s'embrassèrent et se donnèrent le baiser de paix ; après quoi l"e pape s'élant remis sur son trône , on fit asseoir à sa gauche le patriarche sur un siège semblable à ceux des cardinaux. L'an i4''9 , le concile ayant été transféré à Flo- rence, le patriarche Joseph y mourut le 9 juin, après avoir consenti, de vive voix et par écrit, à la réunion. ( Voyez le i)ES PATRIAfiCHES DE COJSStAK'i'INOÎ>LÊ. lâj- COntile général de Florence , de l'an 1439. ) Aussitôt après sâl tnort, Tempereur et les évêques grecs qui se trouvaient à Flo- rence, lui donnèrent pour successeur l'essarion , métropolitain de Nicée, aussi présent au concile. Mais ce prélat, prévoyant les troubles qui devaient agiter l'église de Constantinople, refusa cette dignité , et aima mieux se fixer à Rome , où il fut dans la suite élevé au cardinalat. CXXX. MÉTRO PH ANE IL i44o- MÉtrophane li, métropolitain de Cynique, fut élu ^ îe 4 mai i44o » patriarche de Constantinople. Le lendemain , jour de l'Ascension, le peuple et le clergé, soulevés par Marc d^Ephèse, refusèrent de communiquer avec lui dans les saints mystères, à cause de son attachement aux Latins. Métrophane, faute de ministres et d'assistants, ne put offrir le sacrifice ce jour-là. Cet abandon ne le déconcerta point. Il réprima , autant qu'il fut en lui, les efforts des Schismaîiques , les chassa des évêchés qu'ils possédaient, et en mit d'autres plus dociles à leur lace , même hors de son patriarcat. Par-là il s'attira, l'an i4't3» es anatèhmes des trois autres patriarches , quoiqu'ils eussent souscrit , par leurs députés , au concile de Florence. Voyant en- fin que l'empereur négligeait de le seconder, il en tomba ma- lade de chagrin , et mourut le i*^ août i44^« l CXXXL GREGOIRE IV , dit MAMMA et MELISSËNE,' i44'^' Grégoire IV, surnommé Mélissène , du nom de sa patrie, en Calabre , et Mamma, fut porté, malgré lui, sur ie siège de Constantinople au mois de juillet 144'^ , après une vacance de trois ans. Il était auparavant proto-syncelle et grand pénitencier. Son attachement au concile de Florence, où il avait assisté , et son zélé pour la réunion , lui suscitèrent des contradictions, qui l'obligèrent à quitter son siège. Il sortit de Constantinople au mois d août de l'an 6g6o de f ère de Cons- tantinople (1452 de J. C.) , el se retira à l\ome , où il mourut l'an 1459. On a de lui quelques écrits pour la défense du con- cile de Florence, sous le nom de Gennade ; ce qui l'a fait con- fondre avec son successeur. CXXXII. GENNADE. 1453. Gennade , moine , appelé Georges SchoWius avant son entrée en religion , fut élu patriarche de Constantinople^ après la prise de cette ville par les Turcs, avec la permission de l'empereur Mahomet II. Ce prince lui donna l'investiture, sui^ IV. iQ tZZ tlRRONOLOGIE KISTOKIQUS vant la coutume des empereurs grecs, lui mit entre les Inarn^J un bâton pastoral d'argent , travaillé avec art , et le fit accom-» pagner , monté sur un cheval , par les grands de sa cour, tous à pied , jusqu'à l'église des Apôtres , où il fut sacré par le métropolitain d'Héraclée. Gennade avait assisté, n'étant en- core que laïque , au concile de Florence , y avait disputé , et l'avait approuvé à son retour en Grèce. Marc d'Ephèse l'ayant depuis fait changer de sentiment, il devint un des plus grands adversaires de la réunion. Mais voyant les troubles s'augmen- ter , sans espérance de pouvoir les appaiser : il abdiqua vers le commencement de l'année 1468, et se retira dans le monas- tère du précurseur. ' CXXXIII. ISIDORE II. i458. Isidore II , grand-pénitencier, fut substitué à Gen- nade, en payant le tribut de deux mille ducas , établi par Ma- homet, et nommé \à pescherîe. Il tint le siège fort peu de tems» XXXIV. JOASAPH I, DIT COCAS. JoASAPH I, surnommé Cocas , fut substitué à Isidore, sur le siège de Constantinople. Ses bonnes intentions pour la paix furent traversées par son clergé. Tant de contradictions lui fu- rent suscitées , qu'il en perdit la tête , et alla se jeter de déses- poir dans un puits. On l'en tira et on le guérit ; mais peu de tems après il fut exilé par le sultan. CXXXV. MARC I , DIT XYLOGARABES. Marc I , surnommé Xylocârabes , prêtre et moine, fut donné pour successeur au patriarche Joasaph. Il eut bientôt le sort de son prédécesseur, par la révolte de son clergé qui le fit exiler. Dans la suite il obtint l'archevêché d'Acride. CXXXVI. SIMEON. SiMÉON , natif de Trébisonde et moine , fut substitué au pa- triarche Marc. Un concile le déposa pour cause de simonie. CXXXVII. DENIS I. Denis , métropolitain de Philippopoli, obtintle patriarcal moyennantsoGO ducats, qui furent payés au sultan. Il était élève de Marc d'Ephèse. Il tint huit ans le siège de Constantinople et le quitta ensuite pour se retirer dans un; monastère. DES PATRIARCHES DE C0^"STANTIÎ50PLE; 123 CXXXVIII. MARC II. Marc II , prit la place du patriarche Denis. A ccusé dans uit concile d'avoir reçu la circoncision , il se purgea de celte ac#-. cusation , et néanmoins il fut privé de sa dignité. SIMEON, rétalîi. SiMÉON , après la. dépositloa de Marc , se fit rétablir , en- payant au fisc le tribut de 2000 ducats. Il fut déposé une seconde- fois , trois ans après son rétablissement. > CXXXIX. RAPHAËL I. ÎIaphael I , moine , vint à bout de se faire mettre à la place Je Siraéon, en promettant à quelques seigneurs turcs un© grosse somme , outre celle que Simeon avait payée. N'ayant* pas satisfait à cet engagement , il fut mis en prison , d'où on ae lui permit de sortir que pour aller mendier de porte en porte de quoi se racheter. Il finit ainsi ses jours , l'an i47^> dans i'Opprobre et la misère. GXL. MAXIME III. 1476. MAXI3IE III ,i grand-ecclésiarque de Constantinople , fut élu parle concile, Tan 147^, pour succéder à Raphaël, Il était savant et zélé pour le bon ordre. Son gouvernement fut de six ans. De son teras mourut le sultan Mahomet 11^ l'an 1481. Il, mourut lui -même cette année, ou la suivante. CXLI. NIPHON II. 1482. NiPHON II , métropolitain de Thessalonique, fut élu pouf succéder, au patriarche Maxime, l'an 14S.2. Au bout de c^uelques années , les Turcs le déposèrent et le chassèrent. DENIS, rétublL DE^^IS remonta sur le siège de Constantinople, api'ès l'expul- fion. de Niphon, non tout de suite, mais au bout d une assez longue vacance. Il gouverna fort paisiblement son église depuis, son rétablissement. Mais deux ans et demi s étant écoulés, il ab- diqua de nouveau , et retourna dans son monastère» CXLII. MAXIME IV. MA^'UEL, métropolkain de Serres^ en Macédoine, fut mis J24 CHRONOLOGIE HISTORIQUE à la place du patriarche Denis. On lui fit prendre alors le nom de Maxime IV. Au bout de 6 ans, il fut déposé sur une accu- sation vraie ou fausse. NIPHON,retoè//. NiPHON , après la déposition de Maxime IV, fut rappelé par quelques évêques. Mais d'autres, s'y étant opposés , le firent exiler de nouveau. Il aimait la paix. L'an i49'^» il conseilla an métropoliiain de Kiovie de recevoir le décret d'union du con- cile de Florence. CXLUÏ. JOACHIM. JoACiim, métropolitain de Drama, en Tlirace, fut substitué à Niphon. Le sultan Bajazet II l'exila pour avoir fait bâtir une église sans sa permission. CXLIV. PACHOxME. Pachome, méiropolitain de Zichne, en Macédoine, fut élu, par les évéqucs et le clergé de Constantinople , pour succéder à Joachim. Le sultan Sélim ne le laissa qu'un an sur le siège pa- triarcal , et l'obligea ensuite de l'abandonner, JOACHIM, ré/abli- JoACHi?.! , aprèsl'expulsion de Pacbome , fut rétabli au moyen de 35oo florins que ses amis donnèrent au sultan. Le prince de Valaquie, et d'autres, ayant l'efusé de le reconnaître , il en mourut de chagrin, PACHOME, rétallu Pachome , après la mort de Joachim , fut rappelé par son tlergé. Il fut empoisonné dans un voyage , et revint mourir à Constantinople. CXLV. THEOLEPTE. Théolepte , métropolitain de Janna, dans l'Epire , fut le successeur de Pachome, Il mourut l'an iSai , à la veille d'un concile , où il avait été cité pour un crime honteux. ( Bol- landus. ) ÇXLVL JERE.MIE. L iSai. JÉbémie I , métropolitain de Sofia, dans la Mésieeu- DES PATRIARCHES DÉ CONSTANTINOPLE. IsS ropéenne , parvint au patriarcat de Constantiiiople, après la mort de Théolepte. L'an 15^3 , it fut déposé dans un concile tenu , en son absence, par des factieux , tandis qu'il était ea Chypre. CXLVII. JOANNICE. iSaS. JoANNiCE , métropolitain de Sozople , fut transféré sur le siège de Constantinople par le concile cjui déposa Jéré- mie. Celui-ci ayant appris cette nouvelle à Jérusalem , où il était allé de Chypre , assembla les autres patriarches , avec les- quels il anathéraatisa son rival. Cet anathènu- fit son effet. Joan-^ ïiice , chassé peu après , en mourut de chagrin. JEREMIE , rétablL i524. JÉRÉMIE , de retour à Constantinople , fut rétabli par un des pachas, son ami, moyennant une somme de 5oo du- cats que ses adhérents payèrent. L'an 1627 , les Turcs \oulant détruire les églises de Constantinople, Jérémie détourna ce malheur par son adresse. Il mourut enBulgarie , suivant Sponde et les Bollandistes, le 2.'à décembre i545 CXLVIIL DENIS IL iS/fG. Denis II , métropolitain de Nicomédie, fut élu pa- triarche dans un concile par une partie des évèques et des clercs, le 17 avril, veille des Rameaux, de l'an i546. L'autre partie du concile ayant refusé de consentir à cette élection , il y eut schisme dans l'église de Constantinople à ce sujet; mais Denis se maintint par la protection des Turcs. Onuphre et les Bollandistes mettent sa mort en i555. CXLIX. JOASAPH IL i555. JoAsAPH II succéda au patriarche Denis. Sous son pontificat, il se tint à Constantinople un concile, où l'on ex- communia INÏétrophane, métropolitain de Césarée , pour avoir été à Rome dans le dessein de travailler à la réunion. L'an de l'ère de Constantinople 7078, indiction viii'=, au mois de jan- vier , suivant Malaxus , c'est-à-dire Fan de J. C. i56S , et non 1664, comme le marque le père le Quien, Joasaph fut dé- posé dans un autre concile, sur une accusation de simonie. Il appella de ce jugement , mais sans succès , aux trois autres pa-« triarches. CL. METROPHANE II L i565. METROPHANE 111 , le même qui avait été excommunié 126 THRO^OLOGIE HISTORIQUE 80US JoasapTi , lui fut donné pour successeur. L'an iSji , ilab-f diqua le 4 mai. ^ CLI. JEREMIE II. 1S72. JÉRÉMIE II, métropolitain de Larisse,fut transféré, le 5 mai iSya, sur le siège de Constantinople. L'an de l'ère de Constantinople 708.^ (de J. C. lo-S) , avant reçu des docteurs luthériens de Tuhinge un exemplaire de la confession il'Ans- hourg, il leur rèponditde manière (pi'ils ne purent tirer avantage de sa lettre. Ils lui adressèrent ensuite d autres ènits pour le sé- duire ; mais ils n'y roussirent pas. Ceux de Wurtemberg élanfe revenus à la charge, Jérémie leur répondit, l an if>7S, par un. ample écrit qui leur ferma la bouche. L'an de J. C. iSjg, sui- vant Sponde , il fut chassé de son siège.. MLTROPHANE III. rétahli. 1579, Métrophâ>"E III remonta sur le siège de Constanti- nople le 24 décembre 1^71). Les prolestants le so îicilèrent en vain d'embrasser leur doctiine : il l'eut toujours en aversion. It paraît qu'il fut porté pour la réunion des deux èglise.s. Ce prelaî, mourut, suivant les Bollandisles, au mois d août 1080, JEREMIE î{, rétabli. 1S80.' JÉrÉmie II fut rétabli sur le siège de Constantinople^ au mois de décembre i58o. U se montra favorable à la réunion, et s'engagea même à faire adopter par les Grecs le calendrier ré- formé de (irèg ire lli. Mais Ihéolepte, métropolitain dePhilipr popoli , l'ayant accusé devant les Turcs d'intelligence avec Is pape et les princes chrétiens , il fut rnisen prison vers l'an i583,, 11 en sorti par les soins des ambassadeurs de France et de Ye- nise ; mais son siège était alors occupé par un autre. CLII. PACHOME II. i583 Pachome , moine de Lesbos, fut substitué à Jérémie par une faction. Il ne fit que paraitre sur Le siège; ses adver-» saires l'en firent presqu'aussilôt descendre, THEOLEPTE II. i585. Thf.olepte II, auteur de l'emprisonnement de Jéré- mie et de la destitution de Pachome, obtint du sultan le pa— Iriapcat de Constantinople. U fut intronisé le 10 mars de i^aa; SES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. 12^ l585, par les patriarches d'Alexandrie et d'Antioche. L'année Suivante au plus tard , il fut obligé de l'endre le siège à Je-, rémie. JEREMIE, pour la troisième fois. i586. JÉRÉMiE II recouvra, pour la troisième fois, son siège par le crédit de ses amis. L'an i5l)'S (de l'ère de Conslantino- pie 7101 ), au mois de février, il tint à Constnntinople un grand concile, où l'on confirma l'institution d'un patriarcat chez les Russes. Jérémie mourut l'an i5g4. (LeQuien. ) CLIIL MATHIEU IL " 1594. Mathieu II, métropolitain des Joannnins, fut le successeur de Jérémie sur le siège de Constantinople. Il ne l'oc- cupa que dix-sept ou dix-neuf jours, après lesquels ils fut ©bligé de se retirer, CLIV, GABRIEL L i5g4. Gabriel I, métropolitain de Thessalonîque, rem- plit le siège de Constantinople l'espace de cinq mois, après la retraite de Mathieu , et mourut vers la fin de Tan 1594. CLV. THEOPHANE IL iBgS. Théophaîïe II, de métropolitain d'Athènes devint patriarche de Constantinople vers le commencement de iSgS, et mourut au bout de sept mois. Après sa mort , il y eut une vacance de plus d'un an , pendant laquelle Mèlèce Piga , pa- triarche d'Alexandrie, gouverna l'église de Constantinople. MATHIEU, rétabli. i5(j6. Mathieu, rétabli sur le siège de Constantinople après la mort deThèophane, fut chassé une sexonde fois vers l'an 1600. 11 retourna au monastère du Mont-Athos, où il avait été moine, ( Le Quien. ) CLVI. NEOPHYTE IL 1600. NÉOPHYTE II, métropolitain d'Athènes substitué au patriarche Mathieu, fut envoyé en exil l'an 1602, par Maho- met III. MATHIEU, pour la troisième fois. , a6o3. Mathieu étant remonté sur son siège pour la troisième iz^ CHRONOLOGIE ÏIISTORIQUS fois après l'exil de Néophyte, ne l'occupa que dix-sept jours y au bout desquels il mourut l'an 1602. ( Le (^uien. ) CLYII. RAPHAËL IL 1602. Raphaël II, métropolitain de Méthyme ^ devint pa- patriarche de Couslantinople après la mort de Mathieu, l'an iBoi»* Léon Allatius atteste qu'il embrassa la communion de l'église romaine, et travailla, non sans quelque fruit, pour y faire rentrer les Grecs, il mourut l'an 1606. ( Le Quien. ) NEOPHYTE , rétabli. i6û6 NÉOPHYTE , après la mort de Raphaël , fut placé sur le siège de Constantinople. L'an 1610 , il fut exilé par les Turcs à Rhodes. CLVIIL TIMOTHÉE IL 161 3. TimothÉe, métropolitain de Patras , fut substitué à Néophyte , après deux ans de vacance, pendant lesquels Cyrille Lucar , patriarche d'Alexandrie , administra Téglise de Constaa« tinople. Timothée mourut Tan 1621. CLIX. CYRILLE LUCAR. 1621. Cyrille Lucar, né dans l'île de Candie en iSya, élevé dans l'école de Padoue, fait, on ne sait en quelle année , patriarche d'Alexandrie, fut transféré, le 5 novembre ib^i , sur le siège de Constantinople par les soins de l'ambassadeur de Hollande. Au mois de mars 1622, il commença à prêcher la doctrine des Protestants, sur l'Eucharistie , qu'il avait sucée en Allemagne , et désavouée depuis, c'est-à-dire avant démonter sur le siège d'Alexandrie. Les èvéques, scandalisés de ces nou- veautés, s assemblent en concile, le déposent, et obtiennent de la Porte un onlre qui le relègue à Rhodes la même année. CLX. GRÉGOIRE d'AMASÉE. 1622. Grégoire , métropolitain d'x\masée , fut mis à la place de Cyrille. Le sultan l'ayant exilé au bout de trois mois, Cyrille le fait étrangler sur la route. (Bollandus. ) CLXI. ANTHY'ME IL 162.3. AntHYME h, métropolitain d'Andrînople , fut subs- titué à Grégoire. Ayant abdiqué le troisième jour après son intronisation, il se retira au Mont-Athos , où il attendit vaine- DES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE. I2() ment quatre mille écus d'or que Cyrille Lucar lui avait promis pour l'engager à celte démarche. CYRILLE LUCAR , rétabli. 1623. Cyrille Lucar , après la retraite d'Anthyme , re- monta sur le siège de Constantinople par les intrigues de l'am- bassadeur de Hollande , suivant Allatius. il recommence alors à publier la nouvelle doctrine dans des catéchismes et des profes- sions de foi , qui excitent contre lui de nouveaux soulèvements. L'an i63i , il fut encore chassé par le sultan Amurath, et re- légué dans l'île de Ténédos. CLXn. CYRILLE de BÉRÉE. i63i. Cyrille, métropolitain de Bérée , nommé aupara- vant Confaren , fut mis à la place de Cyrille Lucar par les soins tie Zacharie , métropolitain d'Amasée. Après avoir tenu le siège deux ans, il fut déposé , l'an i633 , par un concile. CYRILLE LUCAR, pour la troisième fois. i633. Cyrille Lucar, après la déposition de Cyrille de Bérée , trouve moyen de rentrer dans le siège de Constantinople. Au bout de quatorze mois , il est encore chassé. CLXIII. ATHANASE IL 1634. Athanase II , surnommé Patellarius, candiot , métropolitain de Thessaionique , fut substitué à Cyrille Lucar; mais au bout de vingt-deux jours , il fut relégué à Chio. CYRILLE LUCAR , pour la quatnème fois. 1634. Cyrille Lucar est rappelé; mais l'année suivante, il est exilé à Rhodes. CYRILLE DE BÉRÉE, rétabli. iB3S. Cyrille de Bérée, remis à la place de Lucar, fut chassé l'an iG36. CLXIV. NÉOPHYTE III. i636. NÉOPHITE , métropolitain d'Hèraclée, substitué, l'an i63d , à Cyrille de Bérée, abdiqua , l'année suivante, en faveur de Cyrille Lucar , son maître , qu'il avait trouvé moyen de laire revenir de son exil. IV. Î7 x3o CHRONOLOGIE HISTORIQUE CYRILLE LU CA.K, pour la cinquième fois. 1687. Cyrille Lucar, par ses intrigues, trouve encore moyen de se faire replacer sur le siège de Constanlinople, Les métropolitains et les autres prélats , souffrant avec indignation un homme infecté du Calvinisme à leur tête , obtinrent du visir , le 27 juin i638 , un nouvel ordre qui Texila au château de Lyemocopien , sur les bords du Pont-Euxin. Il fut étranglé sur la route , et inhumé en terre profane. ( Voyez sur cet homme , qualijié de martyr par quelques Protestants , le quatrième tome de la Perpétuité de la Foi , p. 606 et sui\>. ) CYRILLE DE BEREE, pour la troisième fois. i638. Cyrille deBérée , rétablisur le siège de Constan- tiiw)ple l'an i638 , assembla aussitôt un concile au mois de sep- tembre de la même année , dans lequel on proscrivit les nou- veautés introduites par Lucar. L'an iGSg, à la sollicitation des amis de Lucar , il fut relégué en Barbarie , où ils le firent étran- gler. CLXV. PARTHENIUS L 1639. ParthÉnius I, métropolitain d'Andrinople , fut, malgré lui , transféré , le 4 août 163^, sur le siège de Constan- linople. L'an iC/^'j. , il tint, au mois de mai, un grand concile à Constantinople , où l'on établit clairement la doctrine de la transsubstantiation, après avoir condamné celle de Cyrille Lucar. S'étant rendu , l'année suivante , en Moldavie, il célébra un nouveau concile à Jassy, dans lequel il confirma la décision du précédent , et proscrivit de nouveau les articles calvinlens de Cyrille Lucar. Parthénius , pour être attaché à la vraie foi sur l'eucharistie , n'en fut pas moins ennemi de l'église latine. Ce patriarche mourut, ou fut exilé l'an i644- ( Le Quien.) CLXVL PARTHENIUS II. i644- ParthÉnius II, dit Cuscinès , successeur de Par- thénius I dans l'évêché d'Andrinople, lui succéda pareillement dans celui de Constantinople. Imbu de la doctrine de Cyrille Lucar , il la conserva dans le cœur , mais il n'osa la publier à la face de sou église. L'an 1646, il fut relégué dans l'ile de Chypre. CLXYIL JOANMCE II. 1646. JoanniceII, métropolitain d'Iléraclée, fut subsli- DES PATRIARCHES DE COlS'STANTINOPLi; l3t tué à Partliénius II. Il avait assisté au concile de Constanti- nople contre Cyrille Lucar. Sur la iin de 1647, il fut obligé •de prendre la fuite. PARTHENIUS II, rétabli. 1647- Parthénius II rentra dans le siège de Constanti- ïiople après la fuite de Joannice. Chassé de nouveau l'an i65o,' il iut étranglé au mois de mai de la même année, JOANNICE II, rétahli. i65o. Joannice II , rétabli sur le siège de Constanlinople l'an i65o, fut obligé de se tenir caché l'année suivante. CLXVIII. CYRILLE III. iG5i. Cyrille III, surnommé Spanum, ne tint le siège de Constantinople que dix-huit jours. ATHANASE II, rétabli. iG5i. Athanase Patellarius, rétabli dans son siège, n'y resta que quinze jours. CLXIX. PAYSIUS L i65i. Paysius I, métropolitain de Larisse, fut mis à la place d'Athanase ; au bout de neuf mois , il se retira dans l'île de Lesbos , où il mourut l'an 1 688 , après y avoir passé 87 ans. JOANNICE II , pour la troisième fois. i652. Joannice II remonte sur le siège de Constantinople qu'il remplit jusqu'en i656. Nousfinirons par lui la liste des patriarches de Constantinople. La suite n 'offre que des prélats placés , déposés , rétablis , ^ns donner aucun détail de leur gou(>erneTnent, CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES CONSULS ROMAINS, DEPUIS JÉSUS-CHBIST. JLa Chronologie des consuls a toujours été regardée , par les savants , comme très-utile et même nécessaire pour fixer les époques. En effet, durant les premiers siècles du Christianisme, la date des consuls était presque la seule qui fût reçue dans les actes et les monuments publies en Occident. (Dans l'Orient, on employait d'autres dates et d'autres époques que nous avons fait ci-devant connaître.) Nous ne pouvions donc nous dispenser de faire entrer la liste chronologique des consuls dans cet ou- vrage. Mais comme les tems antérieurs h Tavénement du Messie sont étrangers à notre dessein, nous nous sommes contentés de la prendre à ce terme , pour la continuer jusqu'au dernier consulat. Il est cependant à propos de marquer succinctement 1rs variations que le consulat éprouva depuis son institution jusqu'à la fin. J.es consulats ne duraient toute l'année que dans les tems de la république romaine. Dans la suite, comme il n'y avait pas assez de consulaires pour remplir tous les emplois qui leur étaient affectés , à cause de la multiplication des provinces, les empereurs ne firent des consuls que pour quehjucs mois , afin de pouvoir leur en substituer d'autres qu'on appelait subrogés, substitués , et petits consuls. Il n'y avait néanmoins que le nom CHRONOLOGIE HIST- DES CONSULS ROMAINS. l33 des consuls ordinaires , ou de ceux qui commençaient au mois de janvier, dont on se servît dans la supputation des tems. Le premier consulat des empereurs , surtout depuis Claude , marque l'année qui a suivi leur promotion. De plus , le même consulat des empereurs se comptait toujours jusqu'à ce qu'ils en prissent un nouveau : ainsi le cinquième consulat de Trajan se compte jusqu'au sixième , depuis l'an io3 jusqu'à l'an 112. Une autre remarque à faire , c'est que le premier consulat or- dinaire se compte pour un second consulat , lorsqu'il est pré- cédé d'un consulat subrogé , qu'il ne faut pas confondre avec les ornements ou les honneurs consulaires. Suivant cette règle , Claude , ayant pris le consulat au mois de janvier de l'an 42 de Jésus-Christ, deuxième de son règne , est nommé consul pour la deuxième fois , parce qu'il l'avait été le premier de juillet de l'an Sy de Jésus-Christ , et premier de Caligula. Il en est de même de Vespasien , dont le deuxième consulat marque l'an 70 , parce qu'il avait été pelit consul pendant les deux derniers mois de l'an 5i. Enfin, quand il n'y avait point de consuls nommés dans l'année , ou qui fussent reconnus pour tels ( re qui arriva quelquefois dans la décadence de l'empire ) , on comptait par le consulat précédent. Nous en fournirons plus d'un exemple dans cette liste. Pour obvier à toute méprise , on n'a marqué que les noms certains des consuls , sans y ajouter leurs prénoms et surnoms, lorsqu'ils ont paru douteux ou supposés. M. Muratori , dont l'exactitude est connue , nous a servi de principal guide à cet égard. Vis-à-vis de chaque consulat, nous plaçons, d'un côté, les années de l'Incarnation, de l'autre celle de la fondation de Rome , auxquelles il correspond. C'est le calcul de Varron , qui place l'époque de Rome au 21 avril delà llF année de la VF olympiade, ySS ans avant J. C. , que nous suivons comme le plus commun et le plus autorisé. Ceux qui reculent celte époque d'une année, suivant les Fastes Capitolins , ou de deux, selon le calcul de Frontin , ou même de six , d'après Fabius Pictor, peuvent aisément se concilier avec nous , au moyen du consulat qu'ils ont coutume d'indiquer. Ans de J. c. Ans de Rome 1 Caius Cœsar , fih d'ylgrippa^ et adopté par Au- guste, _ 754 M. ^Emillus Paulus. 2 P. Vinicius, y55 P. Alfenius Varus. l34 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Ans de J. C. Ans de Konie, 3 L. j^lius Lamia , nSiy M. Servilius. 4 Sex. y'iEllus Catus , nSj C. Sentius Saturninus. 5 L. Valerius Messala Volusus , n58 Cn. Cornélius Cinna Magnus. 6 M. 7Œ,miUus Lepidus , n^q L. Arruntius. 7 A. Licinius Nerva Silianus , n6o Q. Ccecilius Metellus Crelicus Silanus. P. Corn. Lent. Scipio , 'i substitués le premier j uil- T. Q. Crisp. Valcrianus, 3" ht. 8 M. Fiirius Camillus , -761 Sex, Nonius Quintilianus. Lucius Apronius , ") substitués le premier juil- Aul. Vibius Habitus, 3 let. g Q. Sulpicius Camerinus, ^62 C. Pompelus Sabinus. M. Papius Mulllus, "^ substitués le premier juil- Q. Poppœussecundus, j let. 10 P. Cornélius Dolabella , .763 C. Junius Silanus. Serv. Corn. Lent. Maluginensis, subst. le i juillet. II. M. jffimilius Lepidus, nÇ)L T. Statilius Taurus. L. Cass. Longinus , substitué le i juillet. 12 Germanicus Csesar , r-65 C. Fonteius Capito. C. Visellius Varro, substitué le i juillet. i3 C. Silius, L. Munacius Plancus. 766 i4 Sex. Pompeius (i) , ngy Sex. Appuleius. i5 Drusus Csesar , fils de Tibère , 76S C. Norbanus Flaccus. (i) Celte année Auguste fit faire un nouveau dénombrement du peuple romain, qui se trouva montera 4» 137,000 hommes. DES CONSULS ROMAINS. l35 Ans de Rome- i6 T. Statilius SisennaTaurus, ^Qn L. Scribonius Libo. P. Pomponius Grœcinus , substitué le i*^ . Juillet.' 17 C. Csecllius Rufus , --^ L. Pomponius Flaccus Graecinus , 18 Tiberius Aug. III , __j Germanicus Cœsar II. L. Seius Tubero V z • C. Rubellius Blandus , }" ^«^^^'^''^*- 19 M. JuniusSllanus, «^^ L. Norbanus Balbus. 20 M. Valerius Messala , ^^3 M. Aurelius Cotta II. 21 Tiberius Aug. V. „„/ Drusus Cœsar II. 22 C. Sulpitius Galba, --5 Q. Haterius Agrippa. M. Cocc. Nerva , ") , . C.VibiusRufînus, |*«*^^''«"- 23 c, Asinius PoUio , -„g L. Antistius Vêtus. Q. Jun. Blsesus, substitué à Pollio / novembre. Faust. Corn. Sylla , ^ substitués h Sextidius,\)« Sex. Teidius Catull. J 9 înai. L. Fulclnius Trio , substitué le i". juillet. Pub. Memmlus Reguliis, substitué le i'"'. octobre. 82 Cn. Domitlus Ahenobardus , y85 M. Furius Camillus Scribonianus. A. Vitellius , substitué au dernier le i'^'. juillet. 33 L. Sulplcius Galba (i) , 786 L. Com. Sylla Félix. L. Salvius Otho , substitué à Galba le i^'^ . juillet. 34 Paulus Fabius Persicus , 787 L. Vitellius. 35 C. Cestlus Gallus, "788 M. ServiliusNonianus , ou Monianus. 36 Sex. Papinius Allenius, 789 Q. Plautius. 37 Cn. Acerronius Proculus , 790 Caius Petronius Pontius Nigrinus (2). rr^'-L i\ 't /A > substitués le \^^ . juillet. liber. Claudius (o), j ■' 38 M. Aquillius Julianus , 791 P. Nonius Asprenas. 39 Caius Aug. II, 792 L. Apronius Cœsianus. M. Sanqulnius, substitué à Caius le \^^. février. Cn. Domitius Corbulo , subtitué le i^'. juillet. Domiiius Africanus , ou Afer, substitué le 3i aoiît. 40 Caius Aug. III , seul. (Quelques-uns lui joignent mal, L. Gellius Poplicola. 790 (i) Galba portait alors le prénom de Lucius, qu'il changea, étant empereur, contre celui de Servius. Cependant on voit des monuments où il est appelé' Servius, en parlant de son consulat. (2) Le second de ces deux consuls est plus communément appelé C. Pontius Nigiinus. (3) Caligula et Claudius ne tinrent le consulat que deux mois. On n'est pas assuré de ceux qui leur succédèrent. Pighius croit que ce furent Tiberius Yinicius Quadratiis et Q. Curtius Rufus. DES CO^SULS IIOMAIKS. 187 Ans de T. C. Ans de Rome. 4i CaiusAug. IV, ycj4 Cn. Senllus Saturnlnus. Q. Pomponlus SecunJus, substitué à Caius le 7 janvier. 42 Tib. Claudius Aug. W ^ jusqu'à la fin de fè<>rier. ygS Calus Csecina Largus. 43 Tib. Claudius Aug. \\\ ^ jusqu'à la fin de février. 796 L. Yitelllus II , p'crc de l'empei-eur de cenom. 44 L. Qulnctius Crispinus II, 797 Marcus Slatilius Taurus. Manius j'Emilius Lepidus, subtitué au premier. 45 M. Vinicius II, 798 Taurus Statilius Corvinus. 46 P. Valerius Asiaticus II , 79g M. Junius Silanus. Vellelus Rufus , ") / ^., r • ^ . • c 1 > substitues'. Ustonus tk;apiila, J 47 Tib. Claudius Aug. IV , 800 L. Vitellius m. 48 Aulus Vitellius , depuis empereur. 801 0. Vipsanius Publicola. L. Vitellius, Jrére d'XvAu^^ substitué le i^^ . juillet. 49 A. Pompcius Longinus Gallus , 802 Q. Veranius. L. Memmius PoUio , ^ 7 ,.^ , , Q. Allius Maximus, j ^^i^titues le premier mai. 50 C. Antistius Vêtus, 8o3 L. Suillius Nervilianus. Si Tib. Claudius Aug. V, 8o4 Serv. Corn. OrBlus. C. Minutius Fundanus, ■) »,.,,, o . .„ C. Vetlennius Severus, | ^"^^''^«^^ le premier juillet. Titus Flavius Vespaslanus , rubstitué à fun des deux le premier novembre. 52 Publ. Corn. Sylla Faustus, 8o5 Lucius Salvlus Otho Titianus. 53 Decimus Junius Silanus , 806 Quintus Halerius Antoninus (i). (i) Quelques-uns donnent pour consuls substitues cette anne IV, ,8 l38 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Ans de t. C. Ahs de Rome^ 54 M. Aslnius Marcellus 807 Manius Acllius Aviola. 55 Nero Aiig. , jusqu 'au premier mars. 808 L. Antlsllus Yelus. 56 Q. Volusius Safurninus, 809 P. Cornélius Scipio. 57 Nero \n^. Il ^jusqu'au premier Juillet {i). 810 L. Calpurnius Plso. 58 Nero Aug. III, Valerius Mcssala. Sg L. Yipstanus Apronîanus, L. Fonteius Capito. (]o Nero Aug. IV, Cossus Cornélius Lentulus. 61 C. Cîjesonius Fœtus , C. Petronius Turpilianus. 62 P. Marius Celsus, L. Aslnius Gallus. L. Annreus Scneca, ) z -•. - / • • -;; z r,-, 1 11- ivi • > substitues le premier luillec. 1 rebeilius jVlaximus,J ^ -' 63 C. Mcmmius Regulus, L. Verglnius Rutus. 64 C. Lecanius Bassus, M. Jiicinius Crassus. 65 A. Licinius Nerva Silianus (2), M. Vestinius Atticus. Anlcius Cerealis, suhstilué à Vestinius le premier juil- let ^ et tué par ordre de Néron. 66 C. Luclus Telesinus, C. Suetonlus Paullnus. Sex. Palpelius Hister, et L. Pedanius; mais, dans le vrai, l'on ne sait point à quelle année ils appartiennent. (i) Le P. Mansi fait durer le consulat de Néron jusqu'à la fia de l'année, et donne pour consul substitué à Pison , L. Çsesius Martialis. (2) Plautius Lateranus, celui dont la célèbre basilique de Lalran a tiré son nom, avait été désigné pour cette année ; mais il fut tué avant d'entrer en charge. DES CONSULS ROMAIM. ï3._) Ans de J. C. Ans de Romew 67 L. Fontcius Capito II , 820 C. Julius Rufus. 68 C. S'iVxus llâWcus, {c'est /e poète.) 82.1 M. Galerius ïraclialus. Gg Serv. Sulpicius Galba Aug. II, 82a T. Vlnius Rufiiius. Salvius Olho Aiig. , ") 7 .•, . » r • T c 1 ^\.i -T.-Ï- \ substitues le ib janvier. L. balv. Otno litianus ,3 ■' L. Vcrçinius Rufus, ") substitués le premier Vopiscus Pompeius Silvanus, J mars. Titus Arrius Antoninus, 7 1 ^•, > 1 Ti ivT • n ^ II ^ y substitues le premier viai. P. Manus Celsus 11,3 C. Fabius Valens , 7 7 .•, - » .1 11- r- • î" substitues le premier sept. Aulus Aliénas Csecina , J ' ' Roscius Rogulus, substitué le 3i octobre à Cœcina , dégradé ce four-là même. Cn. Cœcilius Simplex , ^ 1 ... . , r f^ r\ ■ ,■ A..- S- substitues le prem. nùvemb. L. (^Liinlius Alticus, J ' 70 Titus Fl. Vespasianus Aug. II, 82S Titus Csesar. M. Licinius Mulianus, ) substitués le premier Publius Valerius Asialicus, j" juillet. L. Annius Bassus, "),,.,,, . , t^ r • T> V r- substitues le premier novembre, L. C.œcina Fœtus , J '^ 71 Flav. Vespasianus Aug. III, Sz^ IM. Cocceius Nerva. Flav. Domitianus Ceesar I, 7 substitués le premier Cn. Pffidius Caslus , j" mars. 72 Vespasianus Aug. IV, 82S Titus Csesar II. 73 Domitianus Cœsar II, 8::6 M. Valerius Messalinus. 74 Vespasianus Aug. V, 827 Titus Ccesar III. Domitianus Ccesar III, substitué a Titus le premier juillet. 75 Vespasianus Aug. VI, 828 Titus Csesar IV. Domitianus Ccesar IV, ") substitués le premier M. Licinius Mulianus 111 , j" juillet. I^O CURONOLOGIE HISTORIQUE Ans de J. C. Ans de Rome. 76 Vespasianus Aug. VII, b^q Titus Cœsar V. Domitianus Cœsar V, ") 1 .-. , 1 . • .„ T. Plaulius Silvanus II , j ^«^^^^'««^ le premier juillet, 77 Vespasianus Aug. VIII , g3® Titus Cfesar VI. DomitianusCœsarVI, ) j ,., , , . . .„ Cn. J ul. Agricola , | ^'^^^Mucs le premier juillet, 78 L. Ceionius Commodus , 83i Decimus ÎSovius Priscus. 79 Vesp.-îsianus Aug. IX (i), 83a Titus Cccsar VU. M. Titus Frugi , ) 7 .•, . , _-. . -rr- ■ " ^T- • ]• f substitues le premier Vitius Vinius, ou Viniclianus> ■ -i, , ' T I' \ juillet. Julianus , J ■' 80 Titus Aug. VIII , 833 Domitianus Cœsar VII. 81 Lucius Flavius Silva INonius Bassus, 834 Asinius Pollio Verrucosus (2). 8a Domitianus Aug. VIII, 835 T. Flavius Sabinus. 83 Domitianus Aug. IX, 836 Q. Pelilius Hufus II. C. Valer. Messalinus , substitué à Rufus. 84 Domitianus Aug. X , «SSy Sabinus. 85 Domitiamis Aug. XI , 838 T. Aurelius Fulvus, ou Fulvius. 86 Domitianus Aug. XII (3), 83g Ser. Corn, Dolabella Metelliani>s. 87 Domitianus Aug. XIII, 840 A. Volusius Saturninus. 88 Domitianus Aug. XIV, 841 L. Minucius Rufus. (i) Le P. Mansi prétend que Domltien fut consul celte anne'e après Ja mort de son père. (2)Une inscription ancienne appelle le premier de ces deux consuls , Lucius Flavius Silvanus. (3) Ce fut sous ce consulat que les jeux capitolios furent înstitue's. DES CONSULS ROMAINS. i4l Ads de J C. Ans de Rome.' iij ï. Aurellus Fulvus II , 84^ A. Sempronius Attratinus. .30 Domitianus Aug. XV, 843 M. Coccelus Nerva H, gi M. Ulpius Trajanus , , 84i M. AclUus Glabrlo. 92 Domitianus Aug. XVI, 845 Q. Volusius Saturninus. c;3 Pompeius Coîlcga, 846 Coi'nelius Priscus (i). 94 L- Nonius Torqual.. Asprenas, 847 T. Sex. Magius Laleranus (2). L. Serg. Paullus , suhslilué à Lateranus, gS Domilianus Aug. XVII (S^, 848 T. Flavius Clemens (4). 96 C. Antistius Vêtus, 84^ C. Manlius Valcns. 97 Nerva Aug. III, 85o L. Verginius Rufus III. Cornélius ïacitus, successeur de Rufus. 98 Nerva Aug. IV, 85i M. Ulpius Trajanus Cœsar H. (1) Pluileiirs rapportent à cette anne'e les consuls substitues , M Lollius Paulius, Valeriiis Asiaticus Saturninus, et C. Annius Julius Quadratus; d'autres les mettent sous l'aniiee précédente ; mais nous n'osons lien décider là-dessus. (2) Le P. Pagi donne pour collègue, au premier de ces deux consuls, M. Arétinus, ou Arricinus Clémens , que Domitien fit mourir cette année. jM. de Tilleniont croit que Clémens lui fut seule— meiit substitué; mais l'année de son considat est fort incertaine. (3) C'est ici le dernier consulat de Domitien , suivant tous les fastes consulaires. Cependant le P. Cliamillart avait dans son cibinet une médaille qui portait la marque d'un dix-liuitième consulat de ce prmce. Elle prouvecait qu'il en aurait pris possession avant sa nioit, et ne changerait rien à la chronologie ordinaire. D'ailleurs on pourrait croire que celte médaille avait été frappée d'avance. ( Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, tome XII, page 3i3. ) (4) T. FI. Clémens était cousin et non pas oncle de Domitien , étant fils de Sabinus , frère de Vespasien. Domitien le fit mourir vers le mois de juillet de celte année, à cause du Chrislianisme qu'il pro- içsîait. 4U CHRONOLOGIE HISTORIQUE Ans de J. C. Ans de Kome. 99 A. Cornélius Palma, 862 C. Soslus Senecio. 100 Trajnnus Aug. III ^ 653 M. Corn, Fronlo 111. 10 1 Trajanus Aug. IV. 854 Sex. Articuleius. Corn, Scipio Orfitus , succéda le ^*^ mars à l'un des deux , à ce que l 'un croit. Beblus Macer , 7 i. *-4 • i ^r Tj, ,- 1 . T\ ^• i- substitues le 1^' mars. M. > aiernis rauhnus , J Rubricus Gallus , ") substitués le i juillet. Le der- Q. Cœlius Hispo , 3 nier n'est pas sur. 102 C. Soslus Senecio III (1), L-. Licinius Sura II. io3 Trajanus Aug. V. L. Applus Maximus (2). io4 L. Licinius Sura III, Publ. Horatius Marcellus (3), 3o5 Tib. Julius Candidus II, A. Julius Quadratus II. 106 L. Ceionlus Commodus Ycrus, L. Tutius Cerealis. 107 L. Licinius Sura IV, C. Sosius Senecio IV. io8 App. Annius ïrebonius Gallus, M. Atllius Metellus Bradu.i. L. Verulanus Severus ou Severianus , / i ju • I. K • r- u > substitues. Appius Annius Oailus , 109 A, Cornélius Palma II , C. Calvisius Tullus II. } 855 856 857 858 859 860 861 Publius AElius Adrianus , ) , ,.^ , T T^ 1 1- • r- 1 }• substitues. L. rubiicius Lelsus , j (i) Ce consul n'est pas aussi sûr que son collègue; mais nous suivons les meilleurs antiquaires. (2) Le P. iMansi donne pour consuls ordinaires de cette année , à la place de ces deux-ci , Sura II et Pubiius Neratius IMarcellus ; mais ses preuves ne sont nullement convaincantes. (3) Noris et Mansi placent en celte année nos deux consuls de la précédente. DES COISSULS ROMAINS. Ans de J. C. iio Servius Salvidienus Orfitus, M. Pœducœus Priscinius. m C. Calpurnius Plso, M. Vetlius Bolanus. 14.^ Ans d« Romt. 863 Orsiis Servianus II , L. Fab. Justus, 12 Trajanus Aug. VI , T. Sextius Africanus. i3 L. Publicius Celsus H, C. Clodius Priscinus. i4 Q. Ninnius Hasta , P. Manilius Vopiscus. 10 !.. Yipstanius Messala, M. Vergelianus Pœdo. i6 L. iAElius Lamia , AElianus Vêtus. 17 Quinctlus Niger, C. Vipstanius Apronianus. 18 Hadrianus Aug. II, Tiberius Claudius Fuscus Alexander. ig Hadrianus Aug. III, Q. Junius Ruslicus. 20 L. Catilius Severus (i), T. Aurelius Fulvus. 21 L. Annius Verus II , Aurelius Augurinus. 22 Manius Acilius Aviola, Caius Corn. Pansa. 23 Q. Arrius Pœlinus (2), L. Venulelus Apronianus. 24 Manius Acilius Glabrio, C. Bellicius Torquatus. substitués le i^^ mûrs ^ sui- vant une lascripiion de Panmni. 864 865 866 867 868 863 870 871 872 873 0/4 875 876 877 (i) Titus Aurelius Fulvus, ou Fulvîus, fut la première dénomina- tion de l'empereur Antonin le Pieux, suivant Jules Capitolin. (2) Une inscription, rapporte'e par le P. Mansi , appelle ce consul Q. Àrticuleius Patinus. s 44 CÏIRONOLOGIE HISTOÎIIQUE Ans de J. C. Ars de Rome, 12.S P. jCorn. Scipio Asiatlcus II, (3-6 Q. Vellius Aquillnus. 26 M. Annius Vcrus III, t)-cj Eggius Ambibulus. 27 Titianus , 8S0 Gallicanus. ■J.S L. iNonius Torquatus Asprenas II , 88 1 M. Aniilus Libo (i). 29 Q. Jullus Balbus, 88a P. Juventius Celsus II, C. Neratius Marcellus , 7 ? ^-^ ■ g-, T 11- /^ 11 > substitues. Ln. Lollius (jallus , 3 30 Q. Fabius Catullinus , 883 M. Flavius Asper. Si Ser. Octavius Laenas Pontianus , 884 M. Antonius Rufinus. 82 Sentius Augurinus , 88S Arrius Severianus , ou Sergianus II. 33 M. Ant. Hiberus , 886 Nummius Sisenna. 34 C. Jul. Servianus llï, 887 C. Vibius Varus (2). 35 Pontianus, 888 Atilianiis, ou Atelanus. 36 L. Ceionius Commodus Yerus , 889 Sex. Velulcnus Civica l'ompeianus. 3" Luclus _/^lius Cff-sar II , 890 L. Cœcilius Balbinus VibuUius Pius. 38 Camerinus, 8g i Niger. 39 Antoninus Pius Aug. II, ^>^z C. Brultius Prœscns II. Aul. Jun. Rufinus, substitué au premier. i4o T. M\. Antoninus Pius Aug. III, 8g3 M. ^lius Aurelius Yerus Cœsar. (i) Annius Libo fut onde paternel de l'empereur Marc Aurele (2) Le P. Mansi nomme ainsi res deux consuls: L. Servilius Ursus; Servianus, et Vibius Juventius Varus. DES CONSULS ROMAINS. l45 Ansdel.C, Ans de Rome: i4i M. Peducaeus Syloga Priscinus , 8q^ T. Hœnius Severus 1^2 L. Cuspius RLifinus, goS L. Slatius Qiiadratus. [43 C. Bellicius Torquatus (i), 8q6 T, Claudius Attlcus Herodes (2). 44 P- LoUianus Avitus, Sqj Maximus. 45 Antoninus Plus Aug. IV, 8q8 Marc.us Aurellus Ver us Cœsar II. 46 Sex. Eruclus Clarus II , 8qci Cn. Claudius Severus, 47 Largus , goo Messalinus. 48 L. Torquatus III, qoi M. Salvlus Julianus. 49 Serv. Sciplo Orfitus , go3 Q. Nonius Priscus. 50 Gallicanus, go3 Vêtus. 5i S. Quintilius Condianus , qo4 S. Quintilius Maximus. 52 M. Acilius Glabrio ( 3) , go5 M. Valerius Omullus. ;; • 53 C. Bruttius Preesens , go6 A. Junius Rufinus. 54 L. AEllus Aurelius Commodus y qoy Titus Sextius Lateranus. 55 C. Julius Severus , goS M. Junius Rufinus Sabinianus. 56 M. Ceionius Silvanus , go^ C. Serius Augurlnus. (i) Il était fils du deuxième consul de l'an de J. C. 124. (2) Il était d'Athènes, et avait enseigné l'éloquence à M. Aurèle et à Lucius Verus. ( 3) Norls et Pagi , d'après Panvini , donnent au premier le prénom de Sextusj et au second celui de Caius. Nous suivons INIuralori, qui donne à ces deux consuls le même prc'uom de Marcus. IV. IQ 2 45 CHRONOLOGIE HJSTOIIIQUE AnsdeJ. C. Ans de RoRïs. iSy Barbarus (i), oio Regulus. i58 Tertiillus , gii Claudius Sacerdos. iSg Plautius Quintilius II, gi2 Statius Priscus. i6o Applus Anniiis Atillus Bradua. gi3 T. Clodius Viblus Barus , ou Varus. l6i M. Aurellus Verus Caesar III , 914 L. tŒLUus Aurel. Commodus II. 162 Q. Junius Rusticus , giS C. Yeltius Aquilinus. i63 Pastor, y 16 ^lianus, ou Lselianus, Q. Mustius Priscus, substitué à l'un des deux. 164 M. Pompeius Macrinus, 917 Pub. Juventius Celsus i65 L. Arrius Pudens, g 18 M. Gavius Orfitus. 166 Q. Servllius Pudens, gig L. Fufidius Pollio. 167 L. MX. Aurelius Verus Aug. III,, 920 Quadratus. 168 Apronianus II, 921 L. Veltius Paullus (2). 16g Q. Sûsius Priscus Senecio (3) , 922 P. Ceelius ApoUinaris. 170 M. Cornélius Cethegus , 928 C. Erucius Clarus. 171 L. Septimius Severus II , 924 L. Aufidius Hereniîianus. (i) Une ancienne inscription , rapportée par Noris, ajoute au nom de Barbarus celui de ^ elulenus. (2) Gruter rapporte une inscription qui donne pour collègue au second de ces consuls, T. Jun. Montanus. Celui-ci aura vraisembla- blement été substitué au premier. (3) On ne connaît qu'une seule inscription oix le surnom de Sénécio soif donné à ce consul. DES CONSULS ROMAINS. ' l47 Ans de J. C. Ans de Rome. 172 Maximus , gaS Orfitus. 17.3 M. Aurellus Severus II, ' 926 Tib. Claudius Pompeianus. 1-4 Gallus, 927 Flaccus. 176 Calpurnius Piso , 928 M. Salvius Julianus. 17G T. Vitrasius Pollio II , 929 INI. Flavius Aper IL 177 L. Aurellus Commodus Aug. 980 Quinllllus. 178 Orfitus, 93 1 Rufus. 179 L. Aurtll us Commodus Aug. II (1), 982 Publius iMartius Vcrus. i8o C. BruUius Préesens II, gSS Sex. Quintlllus Condianus. 181 M. Aurellus Anton. Commodus Aug. III (2), 9^4 L. Antistlus Burrtius. 182 Pomponius Mamertlnus, gSS Rufus. î83 M. Aurellus Anton. Commodus Aug. IV, 986 C. Aufidlus Victorinus II. 184 L. Cossonius Eggius Marullus, gS^ Cn. Papirlus ^lianus. i85 M. Corn. Nigrinus Curiatius Maternus , 988 M. Attiiius Bradua (3). 18G Commodus Aug. V, 989 M. Acilius Glabrlo II. 187 Crispinus, 94o i\Ellanus. (t) Commode n*avait que seize ans. Il est le seiond qui ait e'té revêlu de !a dignité de consul avant l'âge de vingt ans. IScron l'avait été' le premier (l'an 55 de J. C. ) à dix-sept ans. (2) Commode changea son prénom de Lucius en celui de Marcus après la mort de Marc Aurèle. (3) On voit une ancienne inscription f\\iï Tporle Waierna et AUica Coss. Peut-être Atticus avait-il été substitué à Bradua. l4o CHRO^'OLOGIE HISTORIQUE AnsdeJ. C. AnSdeRomc. 188 C. Allius Fuscianiis II , (j^i Duillius Silanus II. 189 Silanus et ") Il y eut cette année ^ suivant h 942 Silanus (i). j" P. Pagi , zS consuls, igo M. Aur. Coramodus Aug. YI, g43 M. Peironius Septimianus. 191 Cassi-.is Apronianus, s q44 Bradua. 192 M. Aur. Commodus Aug. Vil, 945 P. Hclvlus l'ertinax II. ig3 Q. Sosius Falco , 946 C. Julius Erutius Clarusi 194 L. Sephmius Severus Aug. II , 947 Decinius Clodius Septimius Albinus Cœsar II. lyS Scapula TertuUus (2) , 948 Tinei\js Clemens. 196 C. Domilius Dcxler II. 949 L. Valerius Messala Trasea Priscus. 197 T. Sextius I.alcranns, gSo L. Cuspius Rufinus. 198 Saturnius (3), 961 Gallus. 199 P. Cornélius Anullinus II, gS M. Auiidius Fronto. 2 200 Tib. Claudlus Severus , g53 C. Aufidius Yictorinus. 201 L. Annlus Fablanus , 984 M. Nonius .■^irius Mucianus. 202 L. Septimius Severus Aug. III, gaS M. Aurelius Antonius Caracalla Aug. (i) On n'est pas certain des prenoîiis de ces consuls. (2) On croit que ce bcapula est le même qui, depuis, étant pro- consul d'Afrique, persécuta si cruellement les Chrétiens , et à qui Ter- tullien adressa son Apologétique. (3) Les prénoms lie Tibcrius et de Caius , qu'on donne à ces deux consuls, ne sont pas surs. DES CO^'SULS ROMAINS. ï4q Ans de J. C. Anj tic Kome. 2.o'6 Îj. Fulvius Plaulianus II (i) , 055 P. Soptimius Geta. 2o4 r^. Fabius Srptimius Cilo II, qSy Flavius Libo. 2.0S M. Aurel. Anfoninus Caracalla Aug. II, q58 P. Septimius Gcta Ccesar. 206 L. Fulvius Rusticus j^mllianus , qSq M. Nummius prlmus Senecio Albinus. 207 Appr, g6o Maximus. 208 M. Aurcl. Antoninus Caracalla Aug. III, 961 1'. Septimius Geta Ca^sar il. sog Pompeianus , 96a Avitus. iio Manius Acilius Faustinus , f)63 Triarius Rulinus. 2.11 Gentianus , 964 Lassus. 212 C. Julius Asper II , "} r ^ nr 4- 1 1- k ^ > jreres. qb5 C. Julu's Asper, J -^ ^ 2i3 Antoninus Garacalla Aug. IV, 966 D. (^.-elius Balbinus II (2;. 2i4 Messala, 967 Sabinus. 2i5 Laetus II , 968 Ccrealis. 216 Catius Sabinus II, 969 Cornélius AnuUinus. 217 C. Bruttius Praesens, 970 T. Messius Extricatus II. 218 ]NÎ Opcllius Soverus Macrinus Aug. 971 Oclatinus Advcntus. (i) Plautien élalt beau-père de Caracalla. Sévère voulut qu'il fût appelé consul pour la secontle fois, quoiqu'il ne l'eût pas encore e'ié. A l'égard fk- Geta, on croit qu'il était le frère et non le fils de Se'vère. (li) 11 y a lieu de douter si ce consiil ne s'appelait pas plutôt Albinus que iJalbinus. l5o CHRONOLOGIE HISTORIQUE ^nsàeJ.C. Ans de Rome. 2ig M, Aurel. Anton. Elagabalus Aug. II. n-a Sacerdos II (i). ^ 220 M. Aur. Anton. Elagabalus Aug. III, q-3 Euthyclîianus Comazon. 22 î Gratus Sabinianus, q-' Claudius Seleucus. 222 Aurel. Anton, Elagabalus A.ug. IV, oyS M. Aurel. Severus Alexander. 223 L. Marius MaximusII, q^g L. Roscius ^"SLlianus. 224 Julianus II (2), q-,- Lnspuius. 22 5 Fuscus II, q^3 Dexter. 226 Alexander Aug. II , q-q E. Aufidius Marcellus II. 227 Alblnus, g8o Maximus. 228 Modestus , qSi Probus. 229 Alexander Aug. III, 082 Dio Cassius II (3). M. Ant. Gordianus , substitué au second. 230 L. Virius Agrlcola , q83 Sex. Catius Clementinus. 23 1 Pompeianus , qgi Pelignianus. 232 Lupus, g85 Maximus. 233 Maximus, q86 Paternus, ouPaterius, (i) le prénom tle Licinius, que Pagi donne à ce consul, ne se ren- contre dans aucun ancien monument; mais Bianchini cite sur cette iinnee un tube de plomb , où il est appelé Tineius Sacerdos. (2) Il n'est pas bien sûr que Julien fût alors consul pour la seconde fois. (3) Dio Cassius est le ce'lèbre historien de ce nom, qui se trouve aussi appelé Dionysius dans une ancienne inscription rapportée par Dont. BES CONSULS RO>I\lN.5. ir,i ns de I. C. , Ans de Kom«. 234 IMaximus II , C. Ccellus Urbanus. 9<^7 235 Severus , Quinclianus , ou Quintilianus, î)88 236 C. Julius Maximinus Aug. Africanus. 989 Ci3-j Perpetuus, Coinelianus. 99° 3.2)8 Pius, oi^ Ulplus , 99' Pontianus. Claud. Julianus, ") 1 .•, > r \ Lelsus Llianus , J ^ '' 209 M. Ant. Gordianus Aug. gga Mai). Acllius Aviola. 240 Sahinus II , ggS Venus! us. z^i M. Ant. Gordianus Aug. II. 994 Clvlca Pompeianus, ^^2. C. Vetrius Atticus, ggf) C. Asinius Prœtextatus. 243 L. Annius Arrianus, gy6 C. Cervonlus Papus. 244 Percgrlnus, 997 jEmilianus. 245 M. Julius Phlllppus Aug. 99?J Titianus. 246 Prœsens, 1^99 Albinus. 247 M. JuliusPlilllppus Aug. II , 1000 M. Julius Philippus Cœsar. -2.^8 M. Julius Phlllppus ( Senior) Aug, III (2), 1001 M. Julius Pliilippus ( Junior) Aug. II. (1) Après la mort de l'empereur Maximîn , arrivée sur la fin de mars 238, le se'nat ordonna que les deux nouveaux empereurs Balbinus et Pupienus, seraient consuls le reste de l'anné. ( Murât. ) (2) Cette année lempereur Philippe célébra à Rome l'année millé- naire de la fondation de cette ville, comme le marque Capitolin dans la Vie de Gordien, c. 33. La même chose est marquée sur plusieurs de Rome. 1002 IOO.J. lOOD looG 1007 1S2 CHRO^'OLOG^E HISTORIQUE AnsdeJ. C. Jns ^4y M. x'ffimilianus H , ^ Junius Aquilinus. aSo C. Mt'ssius Q. Trajanus Decius Aug. II , ÎNIax. Gratus. 25i C. M. Q. T. Decius Aug. III , Q. Decius (Hcrennlus ) Etruscus Cœsar. 2.3z C. Trebonianus Gallus Aug. II , C. Tibius Yolusianus Caesar. ^53 C. Viblus Voluslanus Gallus Aug. II, Maxlmus. 2.S^ P. Llclnlus Valerianus Aug. II, P. Llclnlus Galllenus Aug. ^55 P. Llclnlus Valerianus Aug. III, 1008 P. Llclnlus Galllenus Aug. II. 2o6 Maxlmus, 1009 Glabrlo. 257 P. Llclnlus Yalerlanus Aug. IV , loio P. Llclnlus Galllenus Aug. III , M. Cassianus Latlnlus Postumus, substitué (1). 258 Meramlus TusciLS , ion Bassus. 269 iŒlmilianus , 1012. Bassus. 260 P. Cornélius Secularls II , ioi3 Junius Donatus II. 261 P. Llcln. Galllenus Aug, IV, ioi4 L. Petronius Tau rus Voluslanus (2). 262 P. Licinlus Galllenus Aug. V , ioi5 Faustlnus. médailles de Philippe où l'on voit : Philippus Cos. III. Millenarium sœculum. Philippe suivait les fastes capitolins qui retardaient d'un an sur ceux de \ aron. (i) C'est le même qui usurpa, cette année , la pourpre dans les Gaules, où il fut cinq lois con>ul ordinaire pendant son usurpation. On ne l'a point rais dans la liste des consuls, parce qu'il ne fut point reconnu pour tel à Rome. (2) Quelques inscriptions lui donnent encore le nom d'Egnatiu» avant celui de Yolusianus. feES CàmVLS ROMAINS, kua ds T. è. 263 Alblnus II, Maxlmus Dexter. a64 P. Lie. Gallientis Aug. VI, ïSatiirulnus. 265 P. Licinius Valerianus II , L. Crcsonius I^ucillus Macer Kiîfiniànus, a66 Galllenus Aug. VII , Sabinillus. 267 Paternus , Arcesilaûs. 2G8 Paternus H , Marinianus. 269 M. Aurelius Claudius Aug. (i) , PaleriMis. 270 Anlioclius II , Orfitus. 271 L. Domltius Aurelianus Aug. Bassus 11 (^i). 272 Quintus , Veldumianus , ou VeldumnlànuS; 273 M. Claudius Tacitus , Placidianus. 274 L- Domitius Aurelianus Aug. II. C. Julius Capitolinus. 275 L. Domitius Aurelianus Aug. III , T. Nonius Marcellinûs. Aurelius Gordiauus , et ") substitues le 26 àip- Velius Cornif. Gordianus, j tembre. 276 M. Claudius Tacitus Aug. 11(3), ^.milianus. Ans de Rbtnè 1016 1017 ioiS ioig ÎC020 1021; I023i ioaS 1024 ioaS t02é 1027 1028 (i) Il ne resie presque aucun veslige du premier consulat de L-iaiidius. (2) Une inscription publiée par Reland , d'après Gudius , donne \ Bassus les prénoms de N. Ceioniiis Virius; une a,ulre mise au jour par le intime, lui attiibue ceux de J.uciiis Ceionius Virius, mais ni l'une ni l'autre ne sont sûres , au jugement de M. i\Iuratori. (3) V opscus fait mention d'un yEianus Scorpianus, qui était consul Ifc 3 levr.er de celte année; ce qui djniie liou do croire que Tacite ne garda qu'un mois le consulat, i^. 20 l54 tHRONOLOGIE HISTOIUQTJÉ Ans de J. C . Àits de Roirtél «77 M. Aurelius Probus Aug. ig3o M. Aurelius Paulinus. 078 M. Aurel. Probus Aug. II , loSï Lupus. 37g M. Aurelius Probus Aug. III ^ io3a Nonlus Marcelius II. 280 Messala « io33 Gratus. 281 M. Aurelius Probus Aug. IV j' lo34 Tibcrianus. 282 M. Aurelius Probus Aug. V, io3^ Yictorinus. 283 M. Aurelius Carus Aug (r)^ lo36 M. Aurelius Carinus Cœsar. a84 M. Aurelius Carinus Aug. II , 1037 M. Aurelius Numerlanus Aug. a85 C. Aurel. Vaierius Diocletiauus Aug. II, io38 Aristobulus (2). 286 M. Junius Maximus II, io3g Vettius Aquillinus. 287 C. Aurelius Vaierius Diooletianus Aug. III , io4o M. Aur. Val. Maximianus ( Herculeus ) Aug. 288 M. A. V. Maximianus ( Herculeus ) Aug. Il , io4i Pomponius Januarius. 2B9 Bassus 11 , 1042 (^uinlianus. 290 Dioclelianus Aug. IV , io43i Maximianus Herculeus Aug. IIÏ. 291 C. Junius Tibcrianus H, io44 Dio. (i) La Chronique d'Alexandrie donne encore pour consuls de cette année Dioclétianus et Ijassus ; par où il parait qu'ils furent substitués aux deux précédents. (2) On voit (Carinus celle année consul. M. Muratori pense qu'il y €Ut cette année quatre consuls, deux pour l'Orient , Dioclétien avec un collègue qu'on ne connaît, et deux pour l'Occident, Carin et Aris-' tobule M. Rivaz prétend, avec pliis de fondement, qu'il n'y en eue que deux, et qu'après la mort de Carin, Dioclétien substitua son noi«^ Si celuii de ce rival, et conserva celui d'AristgbuIe. BES CONSULS ROMAINS, l55 ^^àol.C. An,d«Ron,e. 2C)2 Annibalianijs ^ jo45 Asclepiotlotus. £9.3 Dioclelianiis Aug. V , io4& Maximianus Hcrculeus Aug. IV. 294 Fl. Valerius Constantius Cœsar, 1047 C. Galerius Yalerius Maximiaijus Oesar^ 295 ïuscus , jo^8 Anullinus. 296 Dincletlanus Aug. VI, io^q Flavius Valer. Constantius CcTsar II, 207 Maximianus lierciileus Aug. V , i^-q Galerius Maximianus Ceesar II, 298 Anicius Faustus, io5% Virius Gallus. ^99 Dioçleflaiius Aug. VU ^ j^5-2 3Iaximianus Herculeus Aug. VI. 3oo Constantius Cccsar III, io53.. C. Galerius Maximianus Cœsar tlL 3oi Titianus II , ISepotianus. 302 Constantias Csesar IV , ïo55 C. Galerius Maximianus Ciesar IV. 303 Dioclelianus Aug. VIII , jo56 Maximianus Hcrculeus Aug. VI.K 304 Diocletianas Aug. IX, ioFl? Maximianus Herculeus Aug. VIII, 305 Constantius CœsarV, io58 (zalerius Maximianus Csesar V. 306 Constan'ius Aug. VI, io5q. Galerius Maximianus Aug. VI; 307 M. A. V. Maximianus ( Herculeus ) Aug. IX (1) , loCo Flavius Valerius (^onslantiiius Caesar. îO.)4 (i) Le tyran Maxence , qui regnyit alors en Italie , fle'sijiiiait cetl^ année par pos/ sexlum Consulatum. Il eptendait le consulat de l'annéa. précédente II parait, néanmoins, qu'on reconnaissait çn Occident » ou dn moins en Italie, même dès le commencement de Zo", les deux consuls que nous avons marqués. En Orient , il y en eut deux autres «jui fuient noiuraés par Galère Maximien; savoir, Sévère Auguste et l5G CHRONOLOGIE BISTORIQUE 308 M. A. Val. M.ixirnianus ( Herculeus ) Aug. X , 1061 C. Galerius Maximianus Aug. VII (i). 309 Maxentius Aug. JI , "i io5a M. Aurelius Romulus Cœsar, / " ^""""'^ (^> Post Consulatum MaximianlX , 7, , „ etGalerliVII, j- //or.j cfe fiom^. 3x0 Maxentius Aug. III, 7 , „ loGâ Romulus C-esar II , | « ^«"^^- ■ ^ Anne II post Consulatum ) JMaximiani ( Herculei ) X , > hors de Rome. et Galeril VII (3). j 3ii, Gai. Valer. Maximianus Aug. VIII, -^ hors de 1064 Maximinus Aug. J Rome. C. Ceionius Kufius Vplusianus , ") . n Eusebius , 1 « ^"'"^• 5i2 FI. Valer. Constantinus Aug. II , ^ en Oc-- io65\ Publ. Valer. Licinianus Liçinlus Aug. II, j çideift. Maxentius Aug. IV , // Rome. Maximinus Aug. Il, "> en Orient ^ selon PicentitR, j" quelques-uns. 3i3 Flav. Valer. Constantinus Aug. III, 106S Publ. ^'aler. Licinianus Liciuius Aug. llï. 3i4 t- Ceionius Rufius Volusianus II , ïo6-t Annianus. 3i5 Flav. Valer. Constantinus Aug. IV , 106S Publ. Valer. Licinianus Licinius Aug. IV'. Maximien César. P°ut-ètre aussi Constantin liit-il siibstilué à Sévère après sa mort. En général, il est difricile Ae marquer au juste les consuls «Titre les années 3o6 et 3i3, parce que ce n'étaient point les mêmes p;uloul . et qu'il y en avait en Italie qui n'çlaient point reconnus dans le reste de l'empire. (1) Ces deux consuls ne fuient point reconnus à Rome pendant les, trois premiers mois. A leur place, Maxence s'y fit déclarer consul avec son fils M. Auréiius Romulus. (2) Ce sont les consuls qui furent reconnus à Rome. Mais on nç connaît point ceux qui lurent élus dans les provinces, ni même s'il y en eût. L'usage le plus commun fut de dater cette année 3og, ^ûj^/. Consulatum Maximiani X . et Galérii VII. ou post Consulatum X et VII. (3) Dans les Fastes de Tîiéon, on voit consuls cette année Andro--^ nicus et Probus; peuî-êlre furent-Us substitués à Maxçoc«. DES CONSULS ROMAINS. l5f ^fij éel.C- Ans d« Rome. 3i6 Sabinus, io6q Rufinus. Sij Ov'jmus QaWicSiUus , 1 leur consulat ne commença 1070 Bassns, j" (jiie le ij février. 3 18 Liclnius Âug. V , 107 i Flav. Jullus Crispus Cœsar, Jîls de Constantin. Sig Constantinus Aug. V , 1073 Valerius Liclnianus Liciniu? Caesar, Jils de Vempe- reur Licinius. 3ao Constantinus Aug. VI , 107$ FI. Valer. Constantinus Caesar. 321 Fl. Jul. Crispus Cœsar II , 1074 FI. Val. Constantinus Ciesar II. 322 Petronius Probianus , lojS Anicius Julianus. 328 AclliusSeverus , 1076 Vellius Rufinus. 324 Flav. Julius Crispus Caesar III , 1077 Flav. Valerius Constantinus Caesar IIÎ. 325 Paullnus, ip-$ Julianus. 326 ( onstanllnus Aug. VII , I07<ï Flav. Jul. Constantlus Caesar. ?>s.~j Flav. Valerius Constantinus, loSa Rlaximus. 328 Januarius , ou Januarinus , W)8c Juslus. 329 Constantinus Aug. VIII 1082 Constantinus Caesar ly. 330 Gallicanus, io83 Symrnacbus. 33i Annius Bassus ^ 1084 Ablavlus- 332 Pacatianus , io85 Hllarianus. 333 Fl. Dclmatlus , io86 Zeuophllus. 334 L. Ranius Acontius Optatus, 1087 Anicius Paulinius Junior. l58 CHRONOLOGIE HISTORIQUE ^i^sdi:J.C. Ansde'Som*. 335 Julius Constantius (i) , io8ft Celonius Rufius Alliinus. 336 Flavius Popiiius Nepolianus (2) , 1089 Facundus. 337 Felicianus , loqo j ib. Fabius Titianus. 338 Ursus , loqi Polemius. 33g Constantius Aug. II, looa Flavius Jul. Constans Aug, 340 Acindynus, ïoûS L, Aradius Valerius Proculus , ou Proclus, 341 Anton. Marcellinu* , 10^ Pelronius Probinus. 342 Constantius Aug. III , ^oaS Constans Aug. II. 343 M. Memmius Metius Furius Baburius Cœcilianus Proculus, 1096 Romulus. 344 Feontius, i*>97 Salustius. 345 Amantius , 1098 Albinus. 346 Constantius Aug. IV (3), ïooq Constans Aug, 111. 34; Rufinus, II 00 Fusebius. 348 FI. Pbilippus , iioi FI. Salias , ou Salius. 3 f9 Ulpius Limenius , iio^ Aco CatuUinus Philomatius , ou Philonianus. (i) Julius Constantius lut père de Gallus et de Julien, qui fut depuis empereur. Il est le premier qui ait porté le titre de patrice avec L. Kan. Aconl. Optatus. (2) Ce Ne'potianus est le même qui usurpa l'empire en 3i5o. (3) Les empereurs ne s'e'tant point d'abord accordes sui- les consuls de cette anne'e, on eu data les prtaniers mois , pas/ Consulatum Amantii çt Albin,(. DES CONSULS ROMAINS. iSq AnsdeJiC. An9dtRome> 35o Sefgius , iio3 Nigrlnianus. 35i Post Consulatum Sergii et Nigriniani , dans l'em- pire non soumis au tvran Magnenre. Dans la partie qui lui était soumise ^ comme les Gaules^ etc. Magnentius , Gaiso. 352 Constantius Aug. V ^ Flav. Conslaiitiiis Gallus Csesar. Mais dans la partie soumise a Magnencs , Decenlius , son frère , et Paiillus. 353 Constantius Ang. VI , Constantius Gallus Cœsar II. 854 Constantius Aug. \II , Constantius Gallus Caesar IlL 355 Flav. Arbetio. Q. Hav. Metius Egnatius Lolllanus. 356 Coastanlius Ang. \ III , Flav. Cland. Julianus Cœsar* 35" Constantius Aug. lA , Julianus Cœsar II. 358 iS'eratius Cerealis , Datianus. SSg Flavius Eusebius , Flav. Hypatius, son frère (i).- 360 Constantius Aug. X , Julianus Cîesar III. 36 1 Flav. Taurus, Flav. Florentlus. 362 Mamerlinus ^ îSeviita. 363 Julianus Aug. IV , Secundus Salustlus. 364 Jovianus Aug. Flav. Varronianus nobilissiraus puer. 365 Flav. Valentinianus Aug. Flav. Valens Aug. iio4 iioS iioG 1107 iio8 1109 lii'o il ri i 112 in3 II r4 If i5 iii6 1 117 in8 (1) Frères d'Eusébie, femme de l'empereur Constance. i6o CHRONOLOGIE HISTORIQUE AMdtJ.Q-, ÀilS 4e kdft)^ 366 Gratianus nobilissimus puer j 1119 Dagalaïphus. 367 Lupicinùs, iiicJ Jovinus. 368 Valentinianus Aug. II, liai Yalens Aug. II. 369 Yalentinianus nobilissimus puer (i)^" 1122 Victor. 370 Valentinianus Aug. III ^ liaS Valcns Aug. HI. 371 Flav. Gratianus Aug. II, 1124 Sextus x\nlciusPetronius Prabusj 372 Domitius Modestus, liaS Aiintheus. 373 ValenlinianusAug.lv, I126 Valens Aug. IV. 374 Gralianus Aug. III, 1127 Equitius. 375 Post Consulatum Gratiani et Equitiî (î); 1128 376 Valens Aug. V , lïsgi V^alentinianus Junior Aug. 377 Gratianus Aug. IV, ii3o Flavius Merobaudes. 378 Valens Aug. VI, (3) ' ii3i Valentinianus Junior Aug. II. 379 Decimus Magnus Ausonius , 11 3a Q. Clodius Hermogenianus Olybriusi ûBo Flav. Gratianus Aug. V, ji33' Flavius Theodosius Aug. 38 1 Flavius Eucherius (4) , ii34 Flavius Syagrius. (i) Ce jeune Valentinien , nomme' aussi Galatès , élail fils de l'em- pereur Valens , et n'avait alors que trois ans, étant né le 18 janvier 366. II mourut dans l'enfance. (2) Le tumulte de la guerre fit qu'il n'y eut point cette année de consuls. (3) Saint Paulin, depuis évèque de Noie , fut substitué à Valens', mort pendant son consulat. (Voy. ÎNIurat., Dissert, ix , pag. 816.) (4) Le prénom de Flavius, dit Muratorij qui commença depuis* DES CONSULS ROMAIN*. l6l Ànsdel.C. Ans de Rome. 382 Antonlus, Ii35 Afranius Syagrlus. 383 Fl. Merobaudes II, en Occident. n36 Flav. Saturninus , en Orient. 384 Clearchus , en Orient. iiSy Flav. Iiichomeres, en Occident (i). 385 Flav. Arcadius Aug. ii38 Bauto. 386 Flav. Honorius nobllissimus puer , "Sa Evodius. 387 Valentinianus Aug. III , ii4o Eutropius. 388 Theodosius Aug. II , ii4i Cynegius (2). 389 Fl. Timasius, 1142 Fl. Promotus. 390 ValentinianusAug.lv. n43 Neoterius. 391 Tatianus , ") Tous deux en Occi- Q. Aurel. Syramachus, J" dent. 11 44 392 Fl. Arcadius Aug. II, 11 45 Rufinus. 393 Theodosius Aug. III , 1146 Abundanlius (3). 394 Arcadius Aug. III, Ii47 Honorius Aug. II. 395 Anicius Hermogenianus Olybrius, Anicius Probinus. ( Tous les deux pour l'Occident ^ ils étaient frères. ) 11 48 Constantin à devenir commun parmi les ge'ne'raux, fut probablement un titre d'honneur qu'ils obtinrent des empereurs, qui se faisaient gloire eux-mêmes de le porter. (i) Ou Ricimer, franc de nation. Il fut père de Théodemer, roi des Francs. (2) On voit des inscriptions qui donnent pour consuls de cette année Magnus Maximus Aug. (C'est le tyran Maxime) et Fabius Titianus, le même qui fut préfet de Rome aussi cette année. (3) Le tyran Eugène prit cette année le titre de consul en Occident. IV- ^, l62 CHRONOLOGIE HISTORIQUE AnsdeJ.C. Ans de Rome. 39b Arcadius Aug. IV. Honorius Aug. III. 397 Fl. Ceesarius , ]Sonlus Atlicus. 393 Honorius Aug. IV, Fl. Euthychlanus. 399 Fl, Mallius Theodorus, Eutiopius (i). 400 Fl. Stilicho , Aurellanus. 401 Vincentius, Fravita. 402 Arcadius Aug. V , Honorius Aug. V. 403 Theodosius Junior Aug. Fl. Rumoridus. 404 Honorius Aug. VI, Aristsenetus. 405 Fl. Stilicho II , Anthemius. 406 Arcadius Aug, VI , Anicius Probus. 407 Honorius Aug. VU , Theodosius Junior Aug. II, 408 Anicius Bassus, Fl. Philippus. 409 Honorius Aug. VIII (2) , Theodosius Junior Aug. IIL 410 Fl. Varanes , Tertullus , pour Atiale à Rome. i5a i53 i54 i55 i56 157 i58 169 160 i6i 162 i63 (i\ On ne mit poînt Eutropîus dans les actes publics d Occident. C'est ce fameux eunuque qui , le 18 janvier de la roênie année, lut privé de tous ses honneurs, relégué en Chypre , et peu de tems après TaT'on conserve à Trêves, dans l'église de Saint-Paulin, une ins- cription où l'on voit Honorius et le tyran Constantin , consuls cet e année. Constantin avait pris la pourpre à Arles, en joy, et le foiblc Honorius lui avait cédé l'Espagne avec une partie des (xaules. DES COKSULS ROMAINS. lR5 AnsdeJ.C. Ans de Rome. 164 i65 4 1 1 Theodosius Aug. IV , seul. 11^12. Honoriiis Aug, IX, Theodosius Aug. V, 4i3 Lucius , en Orient. Heraclianus (1) , en Occident. 4i4 C. Fab. Constantius (2), en Occident. FL Constans , en Orient. 4i5 Honorius Aug. X, Theodosius Aug. YI. 4iG Theodosius Aug. VII , Junius Quarlus Palladius. 417 Honorius Aug. XI, C. Fab. Constantius IL 418 Honorius Aug. XII, Theodosius Aug. VIII. 419 Monaxius. Plintha. 420 Theodosius Aug. IX , FI. Constantius III. 421 Eustathius , Agricola 422 Honorius Aug. XIII. Theodosius Aug. X. 428 Asclepiodotus, Fl. Avilus Marinianus. 424 Castinus, Victor. 425 Theodosius Aug. XI , Valentinianus Caesar. i66 167 16S 169 170 171 172 ,7.5 174 175 176 177 178 (i) Il fut mis à mort pour crime de re'volte cette année même, et l'on effaça son nom de tous les actes publics et particuliers. C'est pour cette raison que plusieurs Chroniques ne marquent pour consul de cette année que Lucius. (3) Tels sont les prénom , nom et surnom de ce consul, qui fut père de l'empereur Valentinien III, et empereur lui-même. (Voy. le t. III, P^g. 77, de la découverte de la' maison de campagne d'Horace, par M. l'abbé de Capmartin. ) ' î64 CHRONOLOGIE HISTORIQUE AnsdeJ.C. Ant de Rome. 4-6 Theodosius Aug. XII , ^'79 Valentinianus Aug. II. 427 Hierus , o« Hierius , 11 80 Ardaburius , 428 Flavius Félix, 1181 Taurus. 429 Florentius, 11 Sa Dynamius , ou Dionysius. 430 Theodosius Aug. XIII, ii83 Valentinianus Aug. III. 43 1 Bassus, 1184 Flavius Antiochus. 432 Flavius Atîlius, n85 Valerius. 433 Theodosius Aug. XIV, 11 86 Petronius Maximus. 434 Areobindus , OM Aviovindus , 1187 Aspar. 435 Theodosius Aug. XV, 1188 Valentinianus Aug. IV. 436 Flavius Anthemius Isidorus , ") Flavius Senator. } 437 Aëtius II, Sigisvultus, ou Sigisboldus. 438 Theodosius Aug. XVI, Anicius Acil. Glabrio Faustus. 43g Theodosius Aug. XVII , Festus. 44o Valentini.inus Aug. V, Anatolius. 44 ï Cyrus, seul en Orient. Il n'y eut point cette année de 1194 consul en Occident^ l^l^2. F.udoxius , II 95 Dioscorus. 443 Petronius Maximus II , "196 Paterius , ou Patemus. 444 Theodosius Aug. XVIII, 11 97 Albinus. tous deux créés en 1189 Orient. 1190 1191 1192 1193 BES CONSULS ROMAINS. iHS Am de I. C. Ans de Rome. 44^ Valentinlanus Aug. VI , 1198 Nomus, ou Nonius, appelle aussi dans quelques inscriptions , Alblnius. 446 Fl. At'tiiislII, ") tous les deux en Oc- 1199 Q. Aurelius Symmachus ,j" cident. I^l^'] Callipius, ou Alypius , en Occident {i"), 1200 Ardaburius, en Orient. 448 Fl. Zeno, 1201 Ruffius Prœtextatus Postumianus. 449 Fl. Asturius, 1202 Fl. Protogenes. 450 Valentinianus Aug. VII, i2o3 Gennadius Avienus. 45 1 Fl. Marclanus Aug. 1204 Fl. Adelphius. 452 Sporalius, i2o5 Fl. Herculanus. 453 Vincomalus , 1206 Opilio. 454 Studlus, 1207 Aëtius , différent du célèbre Aëtius. 455 Valentlnianus Aug. VIII , 1208 Anthemlus. 456 Varanes, ) /^ • , ^ , ^ \ en Orient' i2oq Joannes , 3 Eparchius Avitus Aug. , en Occident. 457 Fl. Constantinus , 1210 Rufus. 458 Fl. Léo Aug. 121 1 Fl. Jul. Val. Majorianus Aug. 459 Fl. Riciraer, 1212 Patricius. 460 Magnus, I2i3 AppoUonius. 461 .Scverlnus, I2i4 Dagalaïfus. (1) Ce fut sous ces deux consuls que les Novelles de Théodose furent publitcs, Valentinleu les confirma l'année suivante. l66 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Ans de J. C- Ar.s de Rome, 4G2 Léo Aug. II, 121 5 Libius Sevcrus Aug. (i). 4^3 FI. Coecinna Basilius , I216 Yivianus. 464 Rusticlus, ou Rusticus, ri. Anicius Olybrius. 460 FI. Easiliscus , Hermlniricus, ou Armanaricus. 466 Lco Aug. lil, ïatianus. 4^'7 Pustcus , Johannes. 468 Anthemius Aug. II, 5£«/. 469 Marcianus , Zeno Isauricus. 470 Jordanes , Severus. 471 Léo Aug. IV, Probianus. 472 Festus, Marcianus. 473 Léo Aug. V, seul, Iç-^l^ Léo Junior Aug. seul. 470 Zeno Aug. II, seul., ou post Cons. Leonis Jun. 476 Easiliscus II, Armatus (2). 4/7 Post Cons. Basilisci II , et Armati. 478 Illus , ou Hellus, seul. 479 Zeno Aug. III, seul. 4S0 Basilius Junior U. C, seul ., om post Cons. Zeno- nislll. 481 Placidus , seul. 217 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 aSo 23l 282 233 234 (i) Sévère ne fut reconnu , retle anne'e, ni en qualité iVempereur , B! en qualité' de consul, dans l'Orient. Les Fastes Siciliens et l'Anonyme de Scaliger lui donnent Serpentiuspour collègue. (2) Zenon le fit mourir la même anne'e. 239 DES CO>SULS ROMAINS. ,(^7 AjMdel. C. . j r 462 rrocondus, ^^^^ Severinus Junior. 483 Faustus, seul, ou post Cons. Trocondi. laSG 484 Thcodoricus, ro/ J^i Golhs. ,,3- Venanlius. ~ ' 485 Q. Aurel. Memmius Symmachus Junior, seul^ ou post Cons. ïheodorlci U. C. laSS 486 Decius, I.onginus. 487 Boëtius U. C. , seul. 488 Dynamius , Sifidius, 489 Probinus , Eusebius. 490 FI. Faustus Junior, FI. Longinus II. 49^ FI. Olybrius Junior, seiil. 492 FI. Anastasius Aug. ,0'^ ri. liutus, ou nuimus. 493 Eusebius II , ,246 Albinus. 494 Turcius Ruflus Apronianus Asterius , 10^7 Fl. Prœsidius. 495 Fl. Viator U. C, seul en Occident. 12^8 496 Paulus , seul, ou post Cons. Viatoris. la^a 497 Anastasius Aug. II , seul, ou post Cons. Viatoris II. 12.00 498 Johannes Scytha, 12.S1 Paullnus. 499 Johannes Gibbus, 5ez/^ (i). ,252 5ûo Fl. Hypatius , 1^53 Patricius 5oi Pmf. Mag. Faustus Avienus , io5^ Fl, Pompeius. 5û2 Fl. Avienus Junior, laS Probus. 1240 1241 1242 1243 1244 o (i) Quelques-uns y joignent Asclépion, fondes sur deux lois du code Justinienj mais ce code abonde en fausses dates. l68 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Ans de J. C. Ans de Korne. So'6 Dexicrates , j^ISG Voluslanus. 504 Ceihe^us , seul , en Orient. 1257 505 Sablnianus , 1258 Theodorus. 506 Areobindus , ^-^9 Messala. 507 Anastasius Aug. III, 12G0 Venantius. 508 Celer, 1261 Venantius Junior. Sog Importunus , seul , appelle OpporLunus mal par quelques-uns. Il fut consul en Occident. 1262 5 10 Anicius Manllus Severlnus BoëLius U. C. , seul. i263 5ix Secundinus , 1264 Félix. 5 12 Paulus, 1265 Muschianus , ou Muscianus. 5i3 Probus, 1266 Clementinus. i3i4 Senator U. C. , (Magnus Aurel. Cassio Jorus ), seul^ en Occident. 1267 5i5 Antbemius , 1268 Florenlinus, ou Florentius. 5 16 Petrus U. C, seul , en Occident. 1269 5i7 AnSiSlasius ^ différent de l'empereur Çi). 1270 Agapitus. 5i8 Magnus U, C. , seul ^ en Orient. 127 1 Sig Justlnus Aug. , 1272 Eutharicus. 620 Titalianus, 1273 Rusticus , ou Rusticlus. (1) On conserve à Liège des diptiques consulaires que ce consul avait envoyés à l'évèque de Tongres, et à la tète desquels il se donne , pour marque de sa haute noblesse , les noms et les titres suivants : I'7at'/us Anastasius Paulus Probus Sabinianus Pompeius , f/'r illustris , Cornes Domesticorum Ei/uilum , Consul orJinarius. ( \ oyez la Dissert, du P. V iltliemius sur ces diptiques. ) DES COKlUlS HÔaÎÀiïSS, iÇg B2£ JviMmiahus, ValeriuS) say^ Valerliis. 522 SymmachuS, £.27 5 Boptius. SaS Fl. Anicius Maxirau^ seul ^ en Occident'- layG 624 Justinus Aug. II, ^^77 Opilio. SaS Fl. Theoflorus Philoxenus, 1378 Anicius Pj-obus Junior. 826 Olybrius , seul .^ en Occident. ^^79 027 Vetdus Agorius Basillus Mavortius, seul, en Occi- dent. 1280 528 Juslinianus Aug. II, seul. 1281! 629 Deciuà Junior U. C. , seui, en Occident. 128a 53o Fl. LampadluSj 1283 Orestes. 53i Posl Consulatum Lampadii et Orestis. 1284 532 Post Consulatum Lampadii et Orestis II. 1285 533 Justinlànus Aug. HI , seul, J286 534 Justinianus Aug. IV, ^287, Fl. Theod. Paulinus Junior. Cest le dernier consul d 'Occident. 535 Fl. P)elisarius, smil, en Orient- I288 Post Cons. Paulini , en OccideniL 536 Post Cons. Fl. Belisarii, en Orient: i28d Post CoUs. Paulini 11^ en Occident, 537 Post Cons. Fi. Belisarii U , en Orient. ^290 Post Cons. Paulini aiino iJI, en Occident. 538 Fl. Joannes, seul, en Orieiit. 1291 609 Fl. Appio , seid ^ en Orient. t2.qà Post Consulatum Paulini V", en Occiderif. S40 Fl. Justinus Junior, seul, en Occident. Les années I2g3 (jui suidrent le consulat de ce Justin , différent de l'empereur Justin le Jeune ^ furent quehjuefois ., vuds rarement datées en Occident post Justinum, ou post Consulatum Jusiini : témoin f inscription tju 'on voit sur le tombeau de saint Aurelicn , arche- i>êquc d 'Arles . dans la chapelle de Saint-Nizier à 170 CHRONOL. HIST. DES CONSULS ROMAmS; Lyon ^ laquelle porte que ce saint mourut la onzième année avrès le cousu 'ut de Justin; témoin encore l'épit'.iphe (le saint jSiiier, évêque de Lyon . à la fin de laquelle on 11 L^ suivant Séoert , dans sa Clironolo- gie des archeccques de Lyon^ Obilt IV nonis ( no- nas)aprilis seu xxxill , post Juslinum et indic- tlone soxtâ ; ce qui revient au 2. avril S-jZ. 541 F^' Basilius Junior, e« Orient. C'est le dernier parti- I2g4 culier qui a été consul. 542 Post Consulatum r-asilii U.C. i-D^"^ 54!» l'ost Consulatura Basilii 6n/;o //. ï^yG 544 Post Con^uiatum Basilil anno III. i2.Cj-] 545 Post Consiilalum Easilii anno IF, et ainsi des armées suivantes, en ajoutant un à chaque année. Cette ma- nière de compter les années POST CONSULATUM BasilII anno primo en 042 , est très-commune ^ et c'est celle de Justinien dans ses Novelles, et des papes dans leurs Lettres. Mais il y en a une autre plus aisée , qui est de l'ictor de Tunnone. Il marque l'an 5-J.2 , par la seconde année d'après le consulat de Basile , au lieu de la marquer par la première ; l'an -^43, par la troisième année , au lieu de la se- conde après le même consulat , et aim-i des autres , en comptant toujours une année phis que n 'en comp- tent ceux qui marquent fan 642 par la première année aorés le consulat de Basile. La manière de compter de Victor., quoique plus rare que l'autre ^ ne doit point être oubliée. Ceux qui la négligent ^ sont exposés à des anachronismes d^un an. Il n'y a plus de consul jusqu'à Justin le-Jeune^ qui en prit le titre le premier jami^r de l'an 5GG, et en transféra le nom et la dignité aux seuls empe- reurs. C'était la oîngt-cinquième année après le con- sulat de Basile., selon la plus commune manière de compter., ou la vingt-sixième ^ selon la moins com- mune , que nous avons dit être de lictorde Tunnone. Depuis ce tems , les empereurs furent les seuls con- suls., et chacun d'eux pour une fois seulement; de manière qu 'après leur premier consulat , on comptait les années avec la formule POST CONSULATUM .,jus- quii ce qu'ils cessassent de régner; ce qui fut imité par les premiers emoereurs français. ( Voyez Pagi , Crit. ad an. 667, et Muratori , Annali d' Itatiu ^ X. III , pp. 464 , 468. ) CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES EMPEREURS ROMAINS, J-ii bataille de Pharsale, gagnée, l'an joS de Rome, par Jules-. César sur Pompée, fut le tombeau de la liberté romaine. Le vamnueur, aprè§ cette journée, s'empara de l'autorité souveraine dans Rome, et n'y laissa subsister qu'un vain titre de répu- blicjue. C'est la raison pour laquelle il est regardé comme le fondateur de l'empire romain. Cependant il n'en avait qu'ebau- clié le plan ; et cet empire ne prit une forme déterminée, une vraie consistance, et sa dénomination même, que sous Au- guste, lorsqu'après avoir triomphé d'Antoine 'à la bataille tl'Actium, il réunit, en sa personne, toute la puissance qui Jusqu'alors était partagée entre les différents cbefs de la répu- )lique. Auguste est donc, à proprement parler, le premier empereur romain, comme Augustule est le dernier. Odoacre ayant détrôné celui-ci, l'an 476, l'empire fut éteint, la même a,nnée, dans l'Occident. Il subsista néanmoins parmi les Grecs en Orient, où il alla presque toujours en déclinant jusqu'à son entière destruction, arrivée, l'an i453, à la prise de Constantin iiople par les Turcs. AUGUSTE , PREMIER EMPEREUR ROMAIN» Caius JuLius C^SAR OcTAviATSUS, plus connu SOUS le nom d' Auguste, qu'il reçut du sénat le 17 janvier 7:27 de Rome, petit-nôiveu de Jules-César par son aïeule maternelle ^ et son fils Ï73 CHRONOLOGIE HISTORIQUE adoptif (i), commença de régner souverainement sur les Ro- mains après la bataille d'Actium , qu'il gagna sur Antoine, le 2 (i) GÉNÉALOGIE DES OCTAVIEN! CN. OCTAVlUi CN. OCTAVIUS, e'dile l'an de Rome 543 ; préteur en 547 » CQ'^niam''' ^"^ Sardaigne, et la flotte dans la deuxième guerre punique, sous P. Sciplon l'Africain. CN. OCTAVÏUS, préteur l'an de Rome 585 ; obtint un triomphe naval sur Perse'e , roi de Macédoine ; consul avec T. Manlius Tor— quatus en Sfig ; député du sénat en Syrie. CN. OCTAVIUS, consul avec T. Annius Luscus l'an de Rome 626. C'était un homme fort éloquent. CN. OCTAVIUS, consul avec Corn. Cinna l'an de Rome 667 ; tué par C. Marcius dans son consulat.. .ÇN. OCTAVIUS, coiisulavefC. Scri- Lonius Curion l'an 677; fut ami de Cicéron. ^ — — " i°. MARCELLUS, destiné par Auguste pour lui succéder; mort h l'âge de 24 ans ; promis avec Julie , sa cousine , fille d'Auguste. L. OCTAVIUS , c onsu i avec ÎVI . A u- relius Cotta l'an 678 ; périt en Cili- cie l'an D7q. IM A R C E L L I E , ép., 1°. M. Vips. Agrippa , 20. M. Jules Antoine. Ç.JULIUS CÉSAR, mort l'an 4 de J. C. Ep. Ueviile, sœur de Germanlcu?> L.JULIUS CÉSAR, mort l'an ?> de J. C. M. OCTAVIUS, chassé du tribunal du peuple par T. Grac- ciius , auquel il étais opposé, abrogea 1^ loi Sempronia. M. OCTAVIUS, dontl'histoirf nenous apprend rien. M. OCTAVIUS, suivit, pendant la guerre civile , le parti de Pompée. 2°. ANTONIA I, ép. DomitiusEno- fcardus , père de rempereijr Néron. JULIE,' morte l'au 28 de J. C. , ép. L. Paulus Einilius. EMILIALEPID.\, ép. 1°. r«;jnpereuiç Claude , 2". Aa^ Juulus Siianus, DES EMPEREURS ROMAINS, ly^ § Septembre de l'an 728 de Rome, 01 ans avant l'ère vulgaire chrétienne. Mais la puissance souveraine ne lui fut déférée, par ET DE IL'EMPEREUR AUGUSTE. RU FUS, natif de Vélitres. C. OCTAVIUS, content du rang de chevalier romain , ve'cut sans ambition. C. OCTAVIUS, tribun militaire en Sicile sous le ge'néral Emilius Pappus, l'an de Rome 027. C. OCTAVIUS, content des dignite's municipales, ve'cut jusqu'à une extrême vieillesse. C. OCTAVIUS, se'nateur, le premier de cette branche, et préteur; mort l'an 694; e'pousa, 1°. Ancharia, 2°. Atia Balba. fille de M. Attius Balbus , et de Julie , sœur du dictateur César. 1°. OCTAVIE, ép. i». C. Marcel- lus , a». M. An- toine, triumvir. ANTONIA II, ép. Drusus Germa- nirus. perede l'em- pereur Claude. A G R 1 P P I N E , morte le 16 nov. de l'an 33 de J. C.j ep. Germanicus. CAIUS CÉSAR ÇAUGULV \ C. OCTAVIUS, dit César Auguste, né le 9 septembre 691 , empereur l'an 709, mort le 19 août 767, âgé de 78 ans et II mois, rég. 58 ans depuis César, et 44 (lepuis la victoire d'Actium ; épousa, 1°. Seryilie , 2°. Clodia, 3°. Scribonia , 4°- Livie Drusille. JULIE, e'pousa, 1°. Marcellus , 2^. Vipsanius Agrippa , S?. Tibère, empereur. "' mourut l'an i4 de l'ère chrétienne. Ella N. JULIUS AGRIPPA, pé posthume ; adopté par Auguste avço Tibère j meurt l'an i^ de J. C. 1^4 ciiriOr^oLor.iE historique le sénat, qno quatre ans après cet événement, savoir \e j jan-? vier (le i'an de Pioiue y2y ; et il ne Taccepla d'abord que pour dix ans, dans la crainte d'elfarouc'ner, par une souveraineté Perpétuelle, un peuple accoutumé àli liberté. Ce terme expiré, an de Rome yûG, Auguste reprit l'empire pour cinq an.s , ensuite pour dix, de même pour dix a;:tres à l'expiration de celui-ci , et ainsi de suite. ( Sallengre, Thcsaur. Aiitlq. , t. 1'=", p. 4^9. ) Son règne fut de quarante-quatre ans moins treize jours, ce prince étant mort, à INolc, le icj août de l'an 14 de J. (.., 7(^7 de Rome, à Tàge de soixante-seize ans. On a dit d'Auguste qu'il ne deva.t jamais naître, à cause des maux qu'il fit pour se rendre maître de la république : on a dit aussi qu'il ne devait jamais mourir, eu égard à la sagesse et à la jiiodéra- lion avec laquelle il gonverna l'éiat, après être venu à bout de ses desseins. Servilia, Clodia , Scribo>;ia et Livie furent ses quatre femmes. Il répudia les trois premières, La dernière, qu'il, pria Tibère Iséron , son mari, de lui céder, quoiqu'enceinte de six mois, sut captiver son esprit au point que ce maître du monde était regarde comme l'esclave de J.ivie. Elle finit, dit-on, par l'empoisonner. Augu.'.le n'eut de ses quatre femmes qu'une iille , nommée Julie, qui naquit, non ^s le m'hâte jour que Scribonia, sa mère, fut répudiée , comme Tavance un moderne, mais deux ans auparavant ( l'an ji'5 de Rome, quarante-deux av:7nt J. C. ) Cette princesse, l'une des plus accomplies pour les gi àces du corps et de l'esprit, mais de mœurs dépravées, après, «ivoir épousé, l'an 72,7 de Rome, Aîarcellas, son cousin, mort à Tage de vingt-quatre ans ( -joo de Rome ), se remaria, dan& Tannée de son vcu^age, à V'ipsanius Agrippa, qu'elle perdit l'an de Rome 74'^ 1 p^'is à Tibère, fils de Livie, et mérita, par ses débaucbcs, Van 782 de Rome, d'être reléguée dans l'île Pandataiie, où Tibère la fit mourir de faim., l'an i4 de l'ère chrétienne, après avoir eu d'Agrippa, son second mari, trois fils et deux filles; savoir, C. César, mort, en Lycie , le 21 fé- vrier de l'an 4 de J. C. ; L. César, décédé à î;Iûrseille veis le iio août de Tan 2 de la miéme ère ; Jul. Agrippa, né posibume , prince féroce, exilé, par l'empereur Auguste, dans l'île Pla- iiasîe ; Julie, femme de Paul Emile , morte Tan 28 de J. C. ; et Agrippine, mariée à l'illustre Germanicus, neveu de Tibère. »-'n compte quatre époques du commencement de l'empire d'AugusIe. La première est de la 2*^ gnnée de l'ère julienne, 709 de Rome, lorsqu'anrès la mort de Juks César, étant venu de Macédoine en Italie, il prit la qualité d'empereur sans avoir aucune charge de la républicjne, et assembla, d'autorité privée, quelques soldais vétérans; la deuxième est de Tan '^ delaméme^ ^;e julienne, 711 de Rome,, lorsqu'aprcs la mort des deux ccn-^ i)ES E'.rPÎLPtrî Ri T.OlAiy^. I-rS suis îliitlus et Pansa, il entra tiaiis le consulat Vacant avec Q. Pedius le 22 septembre, ou, lorsque le 27 novembre sui- vant, il fut déclaré triumvir a^ec M. Antoine et Emil. Lepidus. La troisième est du 2 septembre 72^ de Rome, i5 de Tère julienne, c'est-à-dire du jour de la balàille d'Actium. I^ quatrième est de l'année suivante, lorsqu'après la mort d'An- toine et de C.léopàfre, Augusle entra victorieux dans Alexandrie le 2g août, ])!(.'uiicr jour ile. l'annés égypiienne. Ainsi Auguste, suivant la premirre époque, régna cinquante-huit ans, cinq mois et quatre jours : c'est celle que parait avoir suivie l'histc-^ rien Josephe. Suivant la deuxième époque ^ Auguste a ré^-né cinquanîe-cinq ans , 'ix mois et vingt-huit jours, à compter depuis son premier c ni-ulat, ou cinquante-cinq ans^ huit mois et vingt-deux jours, à commencer de son triumvirat; et c'est de l'un de ces deux termes i\ne l'on doit prendre les cinquante- six ans de durée que Su'^tone, Eusèbe, saint i'.piphane , et quel- ques autres, donnent à l'empire d'Augoste. Mais l'usage le plus ordiu.iire est de compter dcpciis la bataille d'Actium; calcul dont \v résuhat est de qunrante-qu.itre ans moins treize jours. Ce fut Auguste cy.n (li^ isa Pvome en quatorze régions ou quar- tiers, soUs 1 intendance d'un pareil nombre de magistrats de l'année, ayant chacun linspecliou sur sa région. JJans le der- nier cens, ou den 1 nbreineut qu'Auguste fit faire, le nombre des citoyens se trouva montera quatre millions cent trente-sept mille. TIBERE. l4- Tibère, né te 16 novembre de Pan 712 de Rome , 42 ans avant J. C. , était fils de Tibère t laude Néron et de Livie. Adopté , le -7 juin de l'an 4 de J. C. , par Auguste, nui avait épousé sa mère , il devint , le 28 août de l'an 1 1 , comme le collègue de ce prince, auquel il succéda le 19 août de l'an li^ C'est à cette dernière époque que l'on comm<'nce , le plus ordi- nairement, à compter les années de son règne. Quelques-uns néanrpoins les coraptent du tems où le sénat et le peuple, à la demande d'Auguste, lui acordèrent Pégalité de puissance dans le gouvernement des provinces et des armées , uf œ(/imm ei jus in omnibus prDi,nndi's ex rerciiihusqueesset^ dit Velleius Paterculus ( Li U^ c. 121.) c'est-à-dire du 2(S août de l'an 11 de J. C. Avant que de rendre publique la mort d'Auguste , Tibère et Livie envoyèrent secrètement assassiner Agrippa, son petit fils, dans le lieu de son exil, de peur qu'il ne prétendit à l'empire. Telles furent les prémices du règne de Tibère, La suite ne les âénientit pas. Rien de plus imposant néanmoins que les dehois 17^ CHRONOLOGIE HISTORIQUE tés les plus inonies , les folios les plus insignes lui devïnrcnê familières, et formeront, depuis qu'il eut levé le masque, comme le tissu de sa vie. Sa tyrannie fut singulière en un point qui le distingua de tous ses semblables, « C'était y dit » Montesquieu, un vrai sophiste en cruauté. Comme il descen- « cendait également d'Antoine et d'Auguste, il disait qu'il pu- » nirait les consuls s'ils célébraient le jourde réjouissance, établi ») en mémoire de la victoire d'Actium, et qu'ils les punirait « s'ils ne la célébraient pas ; et Liville , à qui il accorda des j> honneurs divins, étant morte , c'était un crime , selon lui , » de la pleurer, parce qu'elle était déesse; et de ne la pas pleurer, » parce qu'elle était sa sœur ». Une autre de ses méchancetés était de faire écrire ses édits en caractères très-fins, et de les faire afficher très-haut, afin que personne ne pût les lire; et que l'ignorance, multipliant les contraventions, fournît ma- tière aux supplices. La patience des Romains fut bientôt épui- sée. L'an 4i , ce despote extravagant et féroce fut assassiné, le 24 janvier, par Chéréas , capitaine de ses gardes , après un régne de trois ans, neuf mois et vingt-huit jours. 11 eut cinq femme, Claudia , Ennia-N^via , Livia-Orestilla , Lollia- Paulina et CiESONiA. Celle-ci fut tuée, peu de jours après son époux, d'un coup d'épée, et sa fille écrasée contre un mur. Pline , le naturaliste , dit, L. II, qu'il avait les paupières im- mobiles. C'est une singularité de plus dans ce monstre. Il fut le premier empereur romain qui prit le titre de dominus, qu'Au- guste et Tibère avaient refusé comme trop fastueux, persuadés qu'il n'appartenait qu'à l'être suprême. Parmi les dépenses folles et ruineuses que fit Caligula , il y en eut quelques unes d'utiles, et de ce nombre fut l'entreprise qu'il fit défaire ame- ner d'Egypte le grand obélisque , que l'on posa dans le cirque «lu Vatican. Le vaisseau, dans lequel il fut transporté, surpas- sait en beauté tous ceux qu'on avait vus jusqu'alors. Il fallait quatre hommes pour embrasser le pin qui lui servait de mât, (Tilleraont.) CLAUDE L 4i, TiBERius Claudius Nero Drusus , fils de Drusus et 'd'Antonia , né à Lyon le i août de l'an 744 (et non 742) de Rome, dix ans avant la naissance de J. C, le même jour que son père fit à Lyon la dédicace du temple d'Auguste et de Home, parvint à l'empire le 2.S janvier de l'an 41 de notre ère. Il ne «'était nullement attendu à une pareille fortune, et ne devait pas s'y attendre. Ce n'était qu'un homme ébauché , disait sa mère. Méprisé de CaUgula,son neveu, dont sa stupidité l'avait rendu le jouet , il avait été se cacher, après l'assassinat de ce . J»" UÎS EMPEREURS ROMArNS. ryi!^ prince, clans un coin du palais, de peur d'être enveloppé dans son malheur. Cependant le sénat s'était assemblé pour établir une nouvelle forme de gouvernement. Tandis qu'il délibère , quelques soldats entrent dans le palais pour le piller. Ils y trou- vent Claude tremblant de frayeur, et le saluent empereur lors- f[.u'il leur demande la vie. L'ayant mis aussitôt dans une litière, ils le portent au camp des gardes prétoriennes, où il reçoit le serment des troupes. Le peuple approuva ce choix , et le sénat se vit réduit à céder à la force. Claude , reconnu de la sorte empereur, prit les noms de César et d'Auguste, quoiqu'il ne fût point de la maison de César et d'Auguste, ni par la nais-r sance, ne leur étant parent que parles femmes, ni par adop- tion,comme ses prédécesseurs. Son exemple, en cela, fut suivi de ses successeurs , qui prirent tous ces mêmes noms. Celui de César devint le titre de l'héritier présomptif de l'empire , et celui d'Auguste la marque de la puissance suprême et absolue. Claude mourut de poison, ou plutôt d'un excèsde champignons^ le i3 octobre de l'an 54 de J. C. , dans la 64^ année de son âge, après avoir régné treize ans, huit mois et dix-huit jours. On rap-r poi le qu'en mourant il disait ce vers : Boleil lethi causa fuere niei. Le règne de Claude fut celui de ses affranchis. Il en était moins le prince que le ministre. Les deux principaux furent Narcisse et Pallas. lis changaient souvent ce qu'il avait jugé ; ils mettaient tout à prix , et obtenaient de sa faiblesse les choses les plus absurdes; car ils lui faisaient quelquefois de fausses f)eurs pour en tirer ce qu'ils voulaient. Ils s'étaient rendus par- à si redoutables , que beaucoup de personnes , priées à souper- par Claude et par l'un de ces affranchis , laissaient là , sous quelque prétexte, l'empereur, et allaient chez l'affranchi. Ils pillaient le trésor impérial avec si peu de retenue, que l'empe- reur se plaignant lui-même de manquer d'argent , un plaisant lui dit qu'il en aurait en abondance , si Narcisse et Pallas vou- laient le mettre de société avec eux. Les citoyens riches étaient sur-tout exposés à l'avidité de ces valets souverains. On compte trente-cinq sénatem'S et plus de trois cents chevaliers qui furent les victimes de la stupide facilité de Claude. Ce prince ne man-> quait cependant pas de connaissances ; il savait l'histoire , et composait lui-même ses l^aî'augues ; mais du reste il était dé- pourvu de jugement au point de brouiller tout ce qu'on lui di- sait; et s'il hasardait de parler d'après sa propre pensée , il lui- échappaltquelque ineptie, llavait épousé cinq femmes, ^'\Emilia: Lepida , Urounaulla, mère de Drusus et de Claudja, AElia. Petina, mère d'Anlonia, Valeria Messalina, qui lui donna Britannicus et Octavia , et qu'il fit , ou plutôt que Narcisse , ai s,on insu, fit mourir pour ses débauches outrées, Tan 48;.et en.-^- iBo .CHR0>'0L0G1E HISTORIQUE finAcRiPPiNE qui joignit aux imeurs d'une prostituée la cruauté il'un tyran. Elle était fille île l'illustre Germanlcus , frère de Claude ; et c'est le premier exemple à Rome d'une nièce qui épousa son oncle. Claude fit une loi pour autoriser ces sortes dre les anciens ordres, en donnant à ses officiers le droit de » rendre la justice.... Auguste avait établi les procurateurs , i) mais ils n'avalent point de juridiction : et quand on ne leur •3> obéissait pas , il fallait qu'ils recourussent à l'autorité du 3> gouverneur de la province , ou du préteur. Mais , sous 3> Claude, ils eurent la juridiction ordinaire, comme lieute^ 3> liants de la province. Ils jugèrent encore des affaires fiscales : ■» ce qui mit la fortune de tout le monde entre leurs mains. » ( Grand, et décud des Rom. , p. 1 74. ) Claude , élevé comme on l'a vu , par les soldats à l'empire , fut le premier qui leur fit des largesses. Il leur donna à chacun quina dcna H, S. 2700 livres. (Suétone. ) Claude accorda , l'an 4^ '^^ Jésus-Christ aux plus anciens des nouveaux sénateurs et aux citoyens les plus illustres de Rome , la qualité de patriciens. La raison qu'en allègue Tacite, est la destruction de la plupart des maisons patriciennes, non seulement de celles qui avalent été élevées à ce rang par Romu- lus , par Tarquin l'Ancien et par la république , mais même de celles qu'avaient créées César et Auguste. (M. Perreciot. ) NÉRON, 54. Nero Cla-UDius C;esar Germanicus, fils de Cn. Do- ïnitius ^.nobardus et d'Agrlppine , fille de Germanlcus , né à Antium le 28 décembre de l'an 87 de Jésus-Christ , adopté par Claude, son beau-père, l'an 5o , lui succéda le ï.3 octo- bre de l'an 54 , au préjudice de Britannlcus , à qui l'empire appartenait par le droit de sa naissance. Le nom de Néron rap- pelle à l'esprit l'idée d'un monstre pétri de tous les vices. C'é- tait aussi ce qu'avait prédit son père , lorsqu'on vint lui faire compliment sur sa naissance. D'Agrlppine et de moi , répondit- il, il ne peut rien na?tre que de détestable. Cependant il ne négligea rien pour faire bien ékyer ce fils. C'est tout dire DES EMPEREURS ROMAI?^S. l'^l qu'il \e mit entre les mains ele Séncque et de Burrluis : deux hommes les plus capables de le former aux lettres et à la vertu. Kéron parut avoir profité de leurs leçons au commencement de son régne. Modeste, affable, humain, il rejetait les louanges , disant qu'il n'en voulait recevoir qu'après les avoir méritées ;. son cœur était si sensible à la pitié, qu'un jour, obligé de si- gner un arrêt de mort, rendu par le sénat, il dit: Je cuiidrais ne pas saimr écrire. Mais on vit bientôt ces belles cjualltés dispa- raitre et faire place aux vices les plus affreux. Après avoir se- coué le joug de ses instituteurs, Il lâcha la bride à ses passions,et se jeta, à corps perdu, dans tous les excès où elles peuvent en- traîner. Le premier trait de sa cruauté fui la mort de Britan- nicus, son fr(?re , qu'il fit empoisonner l'an 55 , et le vit , sans émotion, expirer dans un festin où ils étaient ensemble. Cet attentat le conduisit à un autre plus affreux. L'an 5t) , après avoir tenté, sans succès, différentes voies pour ôler la vie à sa mère, il réussit à la faire poignarder. L'empoisonnement de Domitla, sa tante, commis par ses ordres, suivit de près ce parricide. Afranlus Burrhus, son gouverneur, dont les leçons et les exemples le faisaient rougir, reçut de lui , au ra|)port d« Suétone et de Dion, le même traitement en 62. Ce fut aussi Tepoque de la mort violente d'OcTAViA., fdle de l'empereur Claude, qu'il avait épouSée l'an 53 : princesse vertueuse dont il n'était pas digne , et qu'il contraignit, le 9 ou le 11 de juin, à s'ouvrir les veines. L'an 64, nouvelles atrocités. Le i<^ juillet, il fait mettre le feu à la ville de Rome, et accuse les Chrétiens de cet incendie qui dura neuf jours, et consuma dix quartiers , pour avoir occasion de les persécu er. Il était réservé à sa mé- chanceté d'imaginer le supplice qu'il leur fît subir. Après les avoir enduits de cli'e et de résine , il les fit attacher à des pieux rangés en forme d'allées dans ses jardins; puis y ayant fait mettre le feu pendant la nuit , il se donna le barbare plaisir de prome- ner son char à la lueur de ces flambeaux animés. Le dessein de ^«éron , en faisant brûler Rome , était de la rebâtir sur un plan plus régulier, d'en aligner et d'en élargir les rues. C'est ce qu'il exécuta, au moyen des impôts dont il accabla les provinces , dea extorsions et des consfiscatlons qu il fit sur les particuliers. Ces voies odieuses lui servirent également pour la construction d'un palais , dont l'étendue valait une ville, et la magnificenca surpassait tout ce qui avait existé jusqu'alors en ce genre. Cha^ que année de Néron était marquée par quelque trait de cruauté. L'an 65, avant découvert , le 1:2 avril, une conjuration formée contre lui par Calp. Pison , fameux débauché , il en prit occasion de faire mourir un grand nombre de personnes distinguées, dont plusieurs n'avalent aucune part à ce crime. Entre les prc- iS-J. CHRONOLOGIE HISTORIQUE miers on compte le célèbre Lucaln , dont il était le rival en poésie. Parmi les derniers fut compris le philosophe Sénèque , son précepteur, qu'il récompensa des soins de son éducation en l'obligeant à se faire ouvrir les veines PoPPtiA , sa seconde femme, ou plutôt sa concubine , qu'il avait ôtee à son époux Othon, périt, peu de tems après, d'un coup de pied qu'elle reçut de lui étant enceinte La mollosse de cette impératrice est mémorable. Cinq cents ânesses lui fournissaient cha(|ue jour un bain de leur lait. L'an 6b , la haine de la vertu porta Néron , sans autre motil, à faire mourir Pœtus Thras;"a et Barea Soranus : deux hommes les plus estimables de leur tems. Corbulon. célè- bre par ses victoires sur les Parthes , n'avait pareillement d'au- tre crime à ses yeux que son mérite. Apprenant, l an 67 , à Corlnthe , l'ordre qu'il a donne de l'assassiner, il prévient le coup par une mort volontaire. Une inBuité tl'autres personnes fuient les victimes de ses fureurs. Jamais béte féroce ne fut plus altérée de sang que cet abominable prince. La pudeur se refuse au récit de .ses débauches qui oulrageaient la nature eu toutes manières. S(^s folies et ses extravagances ne révoltaient f)as moins la droite raison. On vit dans sa personne le chef de 'empire, le maiire du monde, sur le théâtre, jouer avec les histrions, ou disputer le prix du chant aux musiciens, sans avoir ni le talent de la déclamation , ni'les agréments de la voix. On le vit dans le cirque d^'fier , avec aussi ])eu de succès , les cochers pour l'adresse à conduire un char. On le vit se lamen- ter puVdiquement à la mort de son singe, et faire une dépense énorme pour ses ridicules funérailles. La justice divine éclala enfin sur ce monstre , le pius affreux que l'enfer eut vomi. Déclare , tout d'un coup , par le sénat , ennemi de la patrie , et dès ce moment abandonné de tout le monde, il se trouva ré- duit à se poignarder lui-même; ou, selon d'autres, à se faire égorger par son secrétaire , pour se dérober au supplice infâme qui lui était destiné. ÎSous i^xceptuns cependant de la joie co}Vi— niune la populace , à qui il ne lldlait , pour la contenter , que du pain et des jeux, paneni et circeiises ^ que Néron lui fournis- sjit abondamment, et les gens perdus de dettes et de débauches, qui menaient en lui toute leur rfssource. Le 9 juin de Tan 6y , fut le terme de sa funeste vie , après un régne de treize ans , sept mois et vingt-sept jours. Il était alors dans la trente et unième année de son âge. Quoique Néron n'ait régné que quatorze ans, cependant on conserve deux de ses médailles frappées en Egypte, dont l'une porte l'an 18 et l'autre l'an 21. Cela s'explique, en disant que, dans les médailles qu'on frappait en Orient à l'honneur des em- pereurs, on marquait j non rannée de leur régne, mai.s celle du DES EMPEBECRS ROMAINS. l8î règne de leur famille , en partant de Tépoque où l'empire y était entré. Ainsi 1 empire étant passé dans la famille Claudia, Tan 4i 1 dans la personne de Claude, la première des deux médailles dont il s'agit , se rapporte à la cinquième année da règne de Néron , et la seconde à la huitième. C'est à la quatrième année du règne de Néron, cinquante- septième de Jésus-Christ , que la valeur du denarius impérial romain fut réduite, suivant les modernes , à la quatre-vingt- seizième partie de la livre romaine d'argent , ou à celle du soixante-cmquième de nos grains et cinq huitièmes ; ainsi le quart de ce denarius impérial , appelé sestertius^ ne pesa plus que seize de nos grains et treize trente-deuxièmes. Plusieurs auteurs néan- moins font remonter cet affaiblissement à la deuxième année du triumvirat d'O'tavien, d Antoine et de Lepldus , yii de Rome, (^uoi qu'il en soit , ce denarius impérial resta sur le mcrne pied jusqu'au règne de Seplime Sévère , igS de Jésus- Christ. GALBA. 68. Serv, Sulp. Galba , né, près de Tarracine , le ^4 dé- cembre de l'an -49 de Rome, fut déclaré auguste, d'après la pro- clamation des prétoriens , par le sénat, le 9 juin de l'an 68 , à l'âge de soixante-douze ans. Il était alors en Espagne , où il s'était déclaré contre Néron , qui avait donné ordre de le faire périr. Il arriva à Rome sept jours après avoir reçu la nouvelle de sa proclamation. Son entrée dans cette ville se fit sous de fâcheux hospices. Etant à Pontemolle, à une lieue d" Rome, ks troupes de la marine vinrent lui demander la confirmation du titre de légionnaires, que Néron leur avait accordé. Galba la refusa ; et sur les signes de mécontentement qu'elles donnèrent , il fit fondre sur elles ses cavaliers, qui en massacrèrent une grande partie. Arrivé dans le palais , à peine y a-t-il mis le pied qu'un grand tremblement de terre se fait sentir, accom- pagné d'un bruit extraordinaire et d'une espèce de mugissement. La superstition tira de-là un mauvais augure. Cependant il si- gnala le commencement de son règne par le rappel de ceux que Néron avait exilés. Mais l'avarice ne lui permit pas de consommer son ouvrage par la restitution des biens dont on les avait dé- pouilles. Cette même passion lui fit refuser aux prétoriens les grandes sommes qu'il leur avait promises, lorsqu'il aspirait à l'empire ; sur la demande qu'ils lui en firent , il repondit fière- ment « qu'un empereur doit choisir ses soldats , et non les » acheter. » Eu général, son gouvernement indisposa contre lui tous les ordres de l'état. Dominé tour-à-tour par trois i8+ ^^RO^-OLOGIÈ historique hommes obscurs , de c.traclères difiérenls , mais également pervers, son indolence leur permit d'exercer sons son nom les plus criantes injustices. Les prétoriens n'oul)lièrent pas celle «jifi! leur avait f.iite. Excités par Othon, ils l'assasincrent le i6 janvier de l'an 69, avec L. Pison Frugi, qu'il avait fait césar cinq jours auparavant. Son règne fut de neuf mois et cjuatorze jours. 7acite dit de lui qu'il fut plus loin du vice que près de la vertu : Mugis extra çilia (jiiàmcum viriiitifnis. Il annonçait cepen- dant quelque chose de plus avant que de parvenir à l'empire. Suétone rapporte un jugement, qu'il rendit en Espagne, qui marque un grand sens et qu'on pourrait comparer à celui de 8alomon. Deux citoyens se disputaient devant lui la possession d'un cheval; et les témoins, produits de part et d'autre, ne s'accordaient pas. (lalba ordonne que l'animal soit conduit à son abreuvoir ordinaire les yeux bandés : qu'ensuite on lui ôte son bandeau , et qu'il appartiendra à celui des deux contendanls chez qui il retournera de lui-mpmc. Quoifpje cet empereur ait régné moins d'un an , on voit ce- pendant des médailles frappées la -j.^ année de son empire. Mais les antiquaires observent qu'elles l'ont toutes été en Orient , où la coutume était de compter les années des empereurs du premier jour de celle où ils avaient commencé à régner; et comme l'année commençait vers l'automne en Orijnt, Galba , suivant cet usage, mourut effectivement la deuxième année de son empire. OTHON. 69. M. Salvius Otho, fils de L. Salv. Otho, qui avait été consul sous Tibère , et d'Albia Terentia, né le 2'S avril de l'an 52 , fut proclamé empereur par les prétoriens dans la sédition où périt Galba , et reconnu par le sénat et le peuple le 16 janvier de l'an 69. Elevé à la cour de Néron qui l'avait fait l'a- gent de ses débauches secrètes , Othon passa sa jeunesse dans un luxe excessif et dans un rafmement de voluptés infâmes. L'an S8 , Néron, voulant lui ravir i^oPPElA , sa femme, dont il était devenu aaioureux , l'envoya gouverner la Lusitanie. La condi'.ile qu'il tint dans ce poste , le lit , selon Tacite , es- timer des grands et chérir des petits. Cependant il continua de vivre avec la même somptuosité. Galba , comme on Fa dit, commandait en Espagne , lorsqu'il fut élevé à l'empire. Othon l'accompagna dans son voyage à Rome, et se montra un de ses partisans les plus zèles. Mais la faveur du prince ne servit à Olhon qu'à augmenter la somme de ses dettes, en irritant Sun goût pour la prodigalité. Entièrement ruiné , il ne vit DES EMPEREURS ROMAINS. l35 J'aulre ressource pour lui que l'empire. L'an 69 , oubliant ce qu'il doit à son bienfaiteur , il va se joindre à la faction soule- vée contre Galba , qui , dès qu'elle le voit, le salue empereur. I/Orient s'unit à Rome pour le reconnaître. Mais la Germanie était déclarée pour Vilellius. Celui-ci fait avancer ses généraux Cecina et Valens pour combattre en Italie son rival. Othon vient à leur rencontre. Bataille de Bédriac , donnée le i4 avril, entre Vérone et Crémone , près de l'Oglio. Titien , frère tl'Otbon , qui était resté à Bersello , la perd avec la vie. Un soldat , c>ul vint le jour suivant lui annoncer cette nouvelle , se tua, dit-on, après son récit. Othon, malgré les grandes ressources que ses amis lui font entrevoir , ne peut survivre à son malheur. En vain ils l'exhortent à se l'éserver pour une meilleure fortune ; en vain ses troupes lui témoignent le plus grand courage et le zèle le plus ardent pour son service. Ne pouvant se résoudre à les exposer pour lui à de nouveaux périls, il les remercie tendrement de l'affection où ils persistent <à son égard, les congédie ensuite; et le lendemain, i5 avril, à la pointe du jour, il se perce le cœur , en disant : // vaut mieuM qu 'un périsse pour tous , que tous pour un. Sa mort fait voir , dit Al. de Condlllac , qu'il aurait été capable de vertus dans un siècle où il y aurait eu des mœurs. Trois mois , ou 90 jours , formèrent toute la durée de son règne , et trente-sept ans celle de sa vie. YITELLIUS. 69. AuLUS ViTTELLiUS , fils de L. Yilellius qui avait été trois fuis consul , et de Sextlllia , né le 24 septembre de Tan i5 , fut proclamé empereur, le 2. janvier de l'an 69, à Cologne , par l'armée de la Basse - Germanie , dont Galba lui avait donné le gouvernement. Après la vicloire de Bédriac , il arrive , le 25 mal , sur le champ de bataille cou- vert de cadavres dont la puanteur infectait l'air. Il s'arrête à les considérer, disant qu'un ennemi mort sent toujours bon. Les principaux de Rome et le peuple viennent au devant de lui , lorsqu'il en approche, et l'amènent , comme en triomphe, dans la ville. A peine fut-il assis sur le trône, qu'il donna libre carrière à sa cruauté. Une infinité de têtes précieuses, parmi lesquelles on compte sa mère , en furent les victimes. A ce vice il joignit , comme les botes féroces, une insatiable gourman- dise. La dépense de sa table était énorme. Il donna des repas où l'on servit deux mille plats dç poissons exquis et sept mille de volailles ou oiseaux rares. Il vivait dans la sécurité au milieu Je l'opprobre et de la haine publique, tandis que l'Orient lui l86 CHRONOLOGIE HISTORIQUE donnait un concurrent dans la personne de Vespasien. Il ne se réveilla de son assoupissement que lorsqu'il vit arriver en Italie les légions envoyées pour le renverser du trône Alors il arma pour sa défense ; mais il fut mal servi par ses Germains et par leurs généraux. Antonius Primus , général de Vespasien, après avoir parcouru l'Italie en conquérant , cntie à lionie presque sans obstacle. Il se livre , au dedans et au dehors des murs, plusieurs combats dans lesquels périrent plus de cin- quante mille hommes ; et ce qu'il y eut de plus étoimant , c'est que le peuple applaudissait, comme au cirque, aux combattants des deux partis. Vitellius, sur le point d'être forcé dans le palais , alla se cacher chez le portier dans la loge aux chiens. II en fut tiré et exposé aux insultes du peuple qui le mit en pièces le 20 décembre de l'an 69 , après qu'il eut régné un peu plus de huit mois depuis la mort d'Othon. Saétone et Dion Cassius, qui lui donnent un an moins dix jours de règne, en datent le commencement du jour où il fut proclamé par son armée. Il avait épousé Petrom A, et ensuite Galeria Fundana, femme de mérite et de vertu. Elle ht retirer le corps de son mari du Tibre où on l'avait jeté, pour lui donner la sépul- ture , et passa le reste de sa vie à le pleurer. Viiellus eut d'elle un fds, qui fut tué sous Vespasien, et une fdle qui épousa Va- lerius Asiaticus, gouverneur de la Belgique. Le nom de césar ne se trouve point sur les médailles de Vitellius , parce qu'il avait refusé de le prendre , suivant Tacite, ( Hist. L. I. ) VESPASIEN. 69. Titus Flavius VESPASIA^us , né le 17 novembre de l'an 9 de J. C. à Riéti, parvint à l'empire l'an 69. Pro- clame d'abord à Alexandrie le premier juillet de cette année, et le 3 du même mois dans toute la Judée, où il faisait la guerre aux Juifs , il fut peu après reconnu dans tout l'Orient. Enfin, Vitellius étant mort, il le fut aussi à Piome, où il semble n'être arrivé que vers lafm de l'an 70. Vespasien mou- rut le 24 juin de l'an 79 , âgé de soixante-neuf ans, sept mois et sept jours , après un lègne de lO ans moins 6 jours. On re- marque , comme une chose rare, qu'il jouit d'une meilleure réputation étant prince qu'avant que de l'être. Il releva l'em- pire épuisé par les dépenses excessives de ses derniers prédéces- seurs , et déshonoré par leurs vices. Pour rétablir les finances, il fallut qu'il usât d'une économie qui, dans des meilleurs tems, eut passé pour avarice. Qu'on dise, si l'on veut avec quelcpies anciens, que le penchant à l'épargne était naturel en lui. Il est certain qu'il ne fécontalt ni à l'égard des artistes , DES EMPEREURS ROMAINS. 187 ni à l'égard des familles patriciennes dont 11 convenait de sou- tenir le luxe , ni à l'égard d'un grand nombre de villes qui furent renversées sous son règne par des tremblements de terre, et qu'il fit rebâtir à ses frais. S'il fut particulier sordide , il fut empereur généreux. L'ordre qu'il remit dans les finances , il le rerablit aussi dans l'administration de la justice , dans le mili- taire et dans les mœurs publiques. On ne peut néamroins dis- simuler un trait de cruauté qui fait une tache à sa mémoire. Julius Sabinus , qui se prétendait issu de Jules César, s'était mis à la tête des légions révoltées contre Vltellius. Battu sans ressource par les Sequanais et les Autunois , il congédie ses es- claves , met le feu à sa maison de campagne où il feint de se brûler , et va se cacher dans un souterrain , n'ayant pour con- fidents de son seciet que deux affranchis qu'il avait gardés. In- formé par eux qu'Eponine, sa femme , persuadée de sa mort, se livre au désespoir, il la lait venir auprès de lui; et , dans le tours des visites fréquentes qu'elle lui rendit pendant neuf ans , elle mit au monde deux jumeaux. A la fin le mystère fut dévoilé. Sabinus ayant été découvert . fut arrêté et amené , par ordre de l'empereur , chargé de chaînes , à Rome , avec sa femme et ses enfans. Eponine s'étant présentée à Yespasien avec ses deux fils: j'ai nourri^ lui dit-elle, ces deux enfants dans une caverne , comme une lionne ses petits , afin que nous fussions plusieurs pour vous demander grâce. Ce spectacle atten- drissant toucha Tempereur jusqu'aux larmes. Mais la poli- tique l'emporta sur la bonté du cœur. Il condamna à mort le mari et la femme, et conserva les enfants. Plutarque attribue à cette condamnation barbare tous les malheurs qui arrivèrent, depuis à Vespasien et à sa famille. Il avait épousé, vers l'an 40, Flavia DoMiTlLLA , dont il eut deux fils qui lui succédèrent , et une fille. C'est du premier juillet de l'an 69 que Vespasien compte toujours les années de son empire , quoique Vitelllus fut en- core en vie alors. Porro ^ dit Onuphre, à calendis julii hujus anni (69) imperii tempus et tribunitiœ potestatis numerandi ratio observala fuit. {Fast., 1. II, v. c. 8::i2, p. m. :io6. ) Vespasien et ses deux fils sont les seuls empereurs qui portent le litre de censeurs dans leurs médailles. ( Le baron de la Bastic. ) TITE. 7g. Titus Flav. Sabinus VESPASIA^^us , fils de Vespa- sien , né le 3o décembre de l'an 4^ , élevé avec Britannicns , fils de Claude , fit paraître dès l'enfance d'excellentes qualitc» l88 CHRONOLOGIE fllSTORIQUE de coeur et d'esprit. Dès la fin de Tan 69 , il fut créé césar psr le sénat, et devint proprement le rollégne de son père, au- quel il succéda le 24 juin de l'an 79. Tite avait été laissé en Judée par Vespasien en 69, pour continuer la guerre conli-e les Juifs. Il prêta sa main à Dieu , comme il le reconnaissait lui-même , pour punir les crimes de cette nation , en ruinant Jérusalem , qu'il prit le 8 septembre de l'an 70. Le i no- vembre de l'an 79 commença l'horrible éruption du Mont-Vé- suve, qui engloutit Herculanum, Pompeia et d'autres villes , et où périt le célèbre naturaliste Pline le Vieux. Les cendres volèrent en Afrique , en E,gypte et en Syrie ; le ciel en fut cou- vert à Rorne, et le soleil obscurci pendant plusieurs jours. Tite se transporta , l'année suivante , en Campanie pour réparer les dommages que ce désastre y avait causés. Pendant son absence, un incendie , qui dura trois jours, consuma le Capitole , le Panthéon, la bibliothèque d'Auguste, le théâtre de Pompée et quantité d'autres édifices. Tite, à son retour, donna ses ordres pour tout rétablir à ses dépens , sans vouloir rien prendre des particuliers , ni même accepter les sommes que des rois offraient de lui prêter. Ce malheur fut suivi d'une peste si cruelle qu'on n'en avait jamais vu de semblable. C'est la même , suivant toute apparence , qui est rapportée dans Eu- sébe , par une transposition de date, à l'an 77. Tite, dans ce nouveau désastre, se comporta comme un père tendre, don- nant des secours aux uns , consolant les autres , veillant sur tous. La bienfaisance faisait le caractère de ce prince ; elle se montrait dans tous ses règlements, et l'empire attendait ses ordres comme des bienfaits. Personne n'ignore cette parole qu'il dit un jour qu'il n'avait rien donné ; Mes amis , voi/à un four fjue j'ai perdu. Mais ses libéralités étaient le fruit d'une sage économie , et non d'une prodigalité onéreuse à ses peuples. Loin d'augmenter les impôts ni même de les maintenir sur le pied où sou père les avait établis, il les diminua considérable- ment , et refusa jusqu'aux présents que l'usage autorisait. La vie des citoyens lui était si chère , qu'il ne se souilla jamais de leur sang , quoiqu'il ne manquât point de justes sujets de ven- geance. S aimerais mieux périr moi-même^ que de causer la perte (Tautrui. C'est ce qu'il dit à roccasion de deux sénateurs con- vaincus d'avoir conspiré contre lui. Non content de leur pardonner , il les admit à sa table le soir même de la dé- couverte de leur abominable complot, après les avoir avertis de prendre des sentiments plus équitables pour lui. Tite acheva le fameux amphithéâtre, dont on voit encore aujourd'hui , dans Rome , les ruines superbes ( c'était son père qui l'avait commence )•, et à l'occasion de la dédicace qu'il en fit , il donna DES EMPEREURS ROMAINS. l8g ries spectacles mae;nifiques , entr'autres un combat naval dans Vancienne Naumacbie. On s'aperçut qu'à la fin de ces jeux il était triste et poussait des soupirs par un certain pressentiment de quelque malheur qui le menaçait. Pour dissiper la mélan- colie où il était tdmbé, il voulut aller prendre l'air à Rléti dans la maison où son père était né. La fièvre le prit en che- min. Arrivé dans la maison paternelle, il y mourut, le i3 septembre de l'an 8i , à l'âge de quarante et un ans , après un règne de deux ans, denxmoisetvingt jours. On préjuge aisément les regrets qu'excita la perte d'un prince qui fut appelle de son vivant les délices du genre humain ; titre qui n'a jamais été donné à aucun autre souverain. Il avait aimé , dit-on, avant la mort de son père, Bérénice, fille d'Agrippa, dernier roi des Juifs , et l'avait logée dans le palais , comptant en faire son épouse. Mais au commencement de son règne il la renvoya de peur de se rendre odieux aux Romains en épousant une étrangère. ( Cette histoire néanmoins , comme on l'a déjà remarqué n'est guère probable. ) Les deux romaines , qui furent successivement les femmes de Tite , sont Arricidia Tutelta et Marcia Furmilla. U eut de celle-ci une fille nommée Julie, dont la conduite le déshonora. Tite avait une facilité merveilleuse pour faire des vers sur le champ. Il était ce que les Italiens nomment un improdsatore. Il avait aussi le talent de contrefaire toute sorte d'écriture , et il disait qu'il n'avait tenu qu'à lui d'être un insigne faussaire. DOMITIEN. 8i. TiT. Fl. Sabinus DoMITIA^'US, deuxième fils de Ves- pasien , né le 24 octobre de l'an 5i, fut déclaré césar par les soldats , le 2.0 décembre 69 , le jour même de la mort de Vitel- lius, et confirmé le lendem.ain dans cette dignité par le sénat. L'an 81 , il succéda, le i.S septembre, à Tite, son frère, dont on l'accusa d'avoir avancé les jours par le poison. Sa conduite , sur le trône, prouva qu'il était capable d'un pareil forfait. On crut voir revivre en lui le cruel JNéron. Il imita ce monstre dans la persécution qu'il commença, l'an 96, contre les Chré- tiens, ( Elle est comptée pour la seconde. ) C'étaient les der- nières victimes qu'il voulait imm.oler à sa cruauté. Il avait déjà versé le sang des plus opulents citovens pour s'enrichir de leurs dépouilles , des jiersonuages les plus respectés pour satisfaire sa jalousie , de ses proches même par une antipathie naturelle. Les savants eurent aussi part à ses mauvais traitements. Il en voulait sur-tout aux historiens, parce qu'ils sont les justes dis- pensateurs de la gloire auprès de la postérité. Ingrat envers IÇ^O CHRONOLOGIE HISTORIQUE ceux qui lui avaient rendu les plus grands services, il reçut avec froideur, l'an 85, le célèbre Agricola , beau-père de l'historien Tacite , qui revenait victorieux de TAngleterre et de l'Ecosse, qu'il avait soumises , pour la plus grande partie, à Fempire romain ; et peut-être , sans la crainte d'une sédition , eut-il mis au nombre de ses victimes une tète si précieuse à l'état. Nous tirons le voile sur l'infamie de ses voluptés. Son orgueil égalait ou surpassait peut-être ses autres vices. Cette âme de boue, ce ver de terre, voulait et exigeait qu'on l'ap- pelât seigneur et dmii dans toutes les requêtes qu on lui pré- sentait. Cependant, tout corrompu qu'il était, il fit, au rapport d'Ammien Marcollin , une loi digne d'un grand prince, par laquelle il défendait, sous les plus grandes peines, de luutiler les enfants et de les faire eunuques. Universellement haï, et ne pouvant se le dissimuler, il prenait toutes les pré- cautions imaginables pour se mettre à l'abri de la vengeance ipublique : mais il ne put l'éviter. L'an 96 , il fut assassine , le TiS septembre, par des conjurés, à la tête desquels était Etienne, son intendant. Domitien avait régné quinze ans et cinq jours , vécu quarante-quatre ans , dix mois et vingt-quatre jours. DoMiTiA LoNGiNA, sa femme, fdle du célèbre Domitius Corbulon, avait elle-même formé la conjuration où il périt. NERVA. 9G. CocCElUS Nerva, né à Narni , dans l'Ombrie, le 17 mars de l'an 02 de J. C. , et originaire de Crète, fut déclaré empereur le 18 septembre de l'an 96. Il ne régna que seize mois et neuf jours, étant mort le 27 janvier de l'an 98. Tous les historiens font Téloge de la douceur de son caractère et de l'équité de son gouvernement. Ce prince aimait la décence iS^.^ mœurs. H cassa la loi du sénat qui autorisait, à la demande de l'empereur Claude , le mariage de l'oncle avec sa nièce. La seule vertu qui lui manqua, ce fut la fermeté. Il sentit lui-même sa faiblesse, et pour y suppléer, quelques tems avant sa mort, il se donna pour collègue Trajan , qui suit. TRAJAN. 9S. Ulpius Trajakus Crinitus, né le 18 septembre de l'an 52, à Italica, en Espagne, adopté et fait césar à Co'ogne vers le 28 octobre 97, par Nerva , lui succéda le 27 janvier de l'année suivante. Il était pour lors à Cologne, où il prit l'em- pire et le titre d'uguste dès qu'il apprit, par ^Vdrien , la nouvelle de la mort de Nerva. ( Tillemont. ) En investissant le DFS EMPEREURS ROMAINS. \ ^)t préfet du prétoire par le glaive, (jui était le symbole de sjt puissance , il lui dit ces paroles remarquables : Recevez ce glahc : si je gouoeme bien , sen'ez-vous-en pour mu défense : si je gouverne mal ^ seroez-i'uiis-en contre moi. L'an 102 , il porta la guerre en Dace , contre le roi Décébale , qui avait obligé Domitien à lui payer tribut , et le réduisit à venir lui demander la paix à ge- noux. Décébale, ayant manqué à ses engagements , s'attira de nouveau, lan io5, les armes de Trajan. Cette deuxième guerre finit, l'an 107, par la mort de Décébale qui se tua de désespoir, voyant ses états conquis par les Romains. L'an 1 12, Trajan part de Rome, au mois d'octobre, pour aller faire la guerre aux Parthes. ( ^oy. Chosroès I*""", roi des Parthes. ) Ceux qui met- tent , en 107, une première expédition de ce prince en Orient, se trompent, au jugement de MM, de Longuerue et Muraîo;!. ( On objecterait en vain contre l'opinion de ces derniers b-s actes du martyre de saint Ignace, qui portent que Trajan, étant à Àntioclie, le fit conduire h Rome pour y ê!re dévoré'î parles bétes, et cela sous le consulat de Sura et de Sénécl'jn,' ce qui revient à l'an 107. Tous les savants, dit le P. Saccarc-lli, conviennent aujourd'hui que cette date est une addition faite à ces actes par un interi)olateur. ) En revenant à Rome, Trajaa mourut à Sélinunle , en Cilicie , vers le 10 août de l'an i 17, après avoir régné dix-neuf ans, six mois et quinze jours. Trajan possédait la plupart des vertus qui font l'excellent prince ; niais il y joignait de grands vices, tels que l'ivrognerie, et d'autres qu'il n'est pas même permis de nommer. Une autre tache à sa mémoire, est la persécution qu'il fit aux Chrétiens, non par aucun édit donné contre eux, mais en ordonnant ou permettant l'exécu- tion des lois portées contre ceux qui introduisaient de nouvelles religions. On connaît la lettre que Pline le Jeune, étant pro- consul de Bithynie, lui écrivit à leur sujet, et la réponse qu'il en reçut. Pline demandait ce qu'il devait faire de ceux qui lui étaient dénoncés comme chrétiens, s'il devait punir les accuses quiabjuraient le Chrislianisme après l'avoir professé, de raêmeque ceux qui persistaient dans cette profession ; ce qui l'embarrassait d'autant plus qu'après d'exactes recherches il n'avait rien trou- vé de répréhensible dans les mœurs et la conduite des Chré- tiens. Cependant il ne laissait pas de condamner à mort ceux qui refusaient de sacrifier aux idoles. La réponse de Trajan fut fju'il fallait punir ceux qu'on accusait , s'ils s'avouaient chré- tiens , et renvoyer comme innocents, ceux qui sacrifiaient aux Dieux, quelque suspects qu'ils fussent d'ailleurs. Il défendait en même tems de les rechercher et d'avoir aucun égard aux accusations , si c'étaient des libelles sans nom d'auteurs. Mais s'ils étaient coupables, dit-on , pourquoi ne les pas recherchei, IPjO CHRONOLOGIE HISTORIQUE ceux qui lui avaient rendu les plus grands services, il reçut avec froideur, l'ao 85, le célèbie Agricola, beau-père de l'iiistorien Tacite , qui revenait victorieux de l'Angleterre et fie l'Ecosse, qu'il avait soumises , pour la plus grande partie, à Tempire romain; et peut-être, sans la crainte d'une sédition , eut-il mis au nombre de ses victimes une tète si précieuse à l'état. Nous tirons le voile sur l'infamie de ses voluptés. Son orgueil égalait ou surpassait peut-être ses autres vices. Cette âme de boue, ce ver de terre, voulait et exigeait qu'on l'ap- pelât seigneur et dh^în dans toutes les requêtes qu on lui pré- sentait. Cependant, tout corrompu quil était, il fit, au rapport d'Ammien Marcellin , une loi digne d'un grand prince , par laquelle il défendait, sous les plus grandes peines, de mutiler les enfants et de les faire eunuques. Universellement haï, et ne pouvant se le dissimuler, il prenait toutes les pré- cautions imaginables pour se mettre à l'abri de la vengeance .publique : mais il ne put l'éviter. L'an g6 , il fut assassiné , le 'i8 septembre, par des conjurés, à la tête desquels était Etienne, son intendant. Domitien avait régné quinze ans et cinq jours , vécu quarante-quatre ans , dix mois et vingt quatre jours. DOMITIA LONGINA, sa femme, fdle du célèbre Domilius Corbulon, avait elle-même formé la conjuration où il périt. NERVA. 0)0. CocCEius Nerva , né à Narni , dans l'Ombrie, le 17 mars de l'an '62. de J. C. , et originaire de Crète , fut déclaré empereur le 18 septembre de l'an 96. Il ne régna que seize mois et neuf jours, étant mort le 27 janvier de l'an 98. Tous les historiens font l'éloge de la douceur de son caractère et de l'équité de son gouvernement. Ce prince aimait la décence des mœurs. Il cassa la loi du sénat qui autorisait, à la demande de l'empereur Claude , le mariage de l'oncle avec sa nièce. La seule vertu qui lui manqua, ce fut la fermeté. Il sentit lui-même sa faiblesse, et pour y suppléer, quelques tems avant sa mort, il se donna pour collègue Trajan , qui suit. TRAJAN. 98. Ulpius TRAJA^x^s Crinitus, né le 18 septembre de l'an IJ2, à Italira, en Espagne, adopté et fait césar à Co'ogue vers le 28 octobre 97, par Nerva , lui succéda le 27 janvier de l'année suivante. Il était pour lors à Cologne, où il prit l'em- pire et le titre d'uguste dès qu'il apprit, par Adrien, la nouvelle de la mort de Nerva. ( Tillcmont. ) En investissant le DES EMPEREURS DOMAINS. »9' préfet du prétoire par le glaive, (jul elait le symbole de s;i puissance , il lui dit ces paroles remarquables : Recevez ce glaive : si Je gouverne bien , servez-vous-en pour ma défense : si Je gouverne mal, servez-vous-en contre moi. L'an 102 , il porta la guerre en Dace, contre le roi Décébale , qui avait obligé Domitien à lui payer tribut , et le réduisit à venir lui demander la paix à ge- noux. Décébale, ayant manqué à ses engagements, s'attira de nouveau, 1 an io5, les armes de Trajan. Cette deuxième guerre fmit , l'an 107, par la mort de Décébale qui se tua de désespoir, voyant ses états conquis par les Romains. L'an 1 12, Trajan paît de Rome, au mois d'octobre, pour aller faire la guerre aux Parthes. ( Foy. Chosroès I", roi des Parlhes. ) Ceux qui met- tent , en 107, une première expédition de ce prince en Orient, se trompent, au jugement de MM. de Longuerue et Muraîo.i. ( On objecterait en vain contre l'opinion de ces derniers les actes du martyre de saint Ignace, qui portent que Trajan, étant à Àntioche. le fit conduire h Rome pour y ê!re dévoiél par les bétes, et cela sous le consulat de Sura et de Sénécion,' ce qui revient à l'an 107. Tous les savants, dit le P. Saccarelb, conviennent aujourd'hui que cette date est une addition faite k ces actes par un interpolateur. ) En revenant à Rome, Traja j mourut à Sélinunle, en Cilicie , vers le 10 août de l'an 117, après avoir régné dix-neuf ans , six mois et quinze jours. Trajan possédait la plupart des vertus qui font l'excellent prince ; mais il y joignait de grands vices, tels que l'ivrognerie, et d'autres qu'il n'est pas même permis de nommer.Une autre tache à sa mémoire, est la persécution qu'il fit aux Chrétiens, non par aucun écllt donné contre eux, mais en ordonnant ou permettant l'exécu- tion des lois portées contre ceux qui introduisaient de nouvelles religions. On connaît la lettre que Pline le Jeune, étant pro- consul de Bithynie, lui écrivit à leur sujet, et la réponse qii'il en reçut. Pline demandait ce qu'il devait faire de ceux qui lui étaient dénoncés comme chrétiens, s'il devait punir les accuse:^ qui abjuraient le Christianisme après l'avoir professé, de même que; ceux qui persistaient dans cette profession ; ce qui l'embarrassait d'autant plus qu'après d'exactes recherches 11 n'avait rien trou- vé de répréhensible dans les mœurs et la conduite des Chré- tiens. Cependant il ne laissait pas de condamner à mort ceux qui refusaient de sacrifier aux idoles. La réponse de Tiajan fut qu'il fallait punir ceux qu'on accusait , s'ils s'avouaient chré- tiens , et renvoyer comme innocents, ceux qui sacrifiaient auv: Dieux, quelque suspects qu'ils fussent d'ailleurs. Il défendait en même tems de les rechercher et d'avoir aucun égard aux accusations , si c'étaient des libelles sans nom d'auteurs. Mais s'ils étaient coupables, dit-on , pourquoi ne les pas recherchej', iga CHFxONOLOGIE HISTORIQUE et s'ils ne relaient pas, pourquoi les punir? Du reste cet em- pereur traita ses peuples avec une extrt-me douceur. Ennemi des exactions outrées , il comparait le fisc impérial à la rate qui , à mesure qu'elle s'enfle, lait dessécher les autres membres du corps. Mon moins ennemis des délations, il déclara infâmes ceux qui en faisaient métier. Une de ses maximes était qu'il calait mieux laisser un crirnincl impuni ^ que condamner' un inno- cent. On ne peut dénombrer les ponts, les levées , les grands chemins qu'il fit construire pour arrêter les inondations et fa- ciliter la communication des gi'andes villes entre elles, il en embellit plusieurs, et Rome sur-tout, de superbes édifices publics. Il fit abattre dans cette capitale du monde, l'an 1 14 7 une montagne de ceni quarante-quatre pieds de haut pour faire une place unie, au milieu de laquelle on éleva une colonne de même hauteur : c'est la fameuse colonne Trajane. Mais il se payait piar ses mains , en quelque sorte , de ces louables entre- , prises , par le soin qu'il avait de faire mettre son nom sur tous ses ouvrages, jusque-là que sur le seul pont d'Alcautara, qui n'a que six arches , il se trouve répété en six inscriptions. C'est ce qui le fit appeller Vherhe pariétaire. Il avait aussi la vanité de vouloir passer pour éloquent; et comme il ne l'était pas, il faisait composer ses harangues par Licinius Sura. Ce prince avait épousé Plotitse, morte l'an 129, sans enfants. ( Vuy. Chosroès, roi des Partîtes. ) Suivant Pline le Jeune ( L. "K^Ep. 53, 54), on renouve- lait tous les ans , au 27 janvier , par des réjouissances publiques, la mémoire du jour où Trajan prit l'empire et le titre d'auguste. C'est le jour auquel on voit que l'on commençait son règne. ADRIEN. 117. P. iffiLius Adrianus, né à Rome le 24 janvier de l'an 76, adopté par Trajan, dont il était allié, dans les der- niers jours de sa vie, prit le titre d'empereur à Antioche, le II d'août de l'an 117. Il se rendit, l'année suivante, à Rome, après avoir abandonné tout le pays conquis par Trajan sur les perses. Une perte de sang , à laquelle ce prince était sujet, lui ayant causé une hydiopisie, il en mourut à Rayes, le lo juillet de l'an i38, âgé de soixante deux ans, cinq mois et dix-sept jours, après avoir régné vingt ans et onze mois moins un jour. Ses cendres furent apportées à Rome dans une urne de por- phyre, et placées dans un superbe et vaste mausolée de marbre de Paros . qu'il avait fait construire de son vivant; on l'appela le Mate /idrien. Dans le tcms des incursions des barbares, ce monument fut converti en forteresse ; c'est aujourd hui le châ- BES EMPEREURS ROMAINS. tgS teau Saint-Ange. Le cours du règne de ce prince fut presqu'uii voyage continuel. Il employa treize années à visiter les pro^ vinces , marchant, pour l'ordinaire, à pied, et la tête découverte. De retour'à Rome, il se livra à tous les genres de littérature, d'arts et de sciences , conversant avec les savants et les artistes , exerçant leurs talents, mais, par une basse jalousie, ne souffrant pas qu'ils eussent raison contre lui. Il bannit l'architecte Apol— lodore, et quelque tems après, il le fit mourir sous un faux pré- texte, pour avoir osé bl^,mer le dessin qu'il avait fait lui-même cl un temple, et sur lequel il lui avait demandé son avis. Oa juge bien qu'il eut peu de semblables contradicteurs. Comment^ disait le philosophe Favorin , résister à un homme qui a trente légions armées? Adrien eut un autre défaut qui fut d'être défiant et ombrageux envers les grands. Mais il traita constamment le peuple avec la plus grande humanité. Toutes les villes qu'il parcourut dans ses voyages, se ressentirent de ses libéralités. Il fit rebâtir Jérusalem et lui donna le nom d'AElia. Les Juifs, s'étant ré- voltés à cette occasion, l'an i34» sous les étendards d'un pré- tendu Messie, nommé Barchochebas , attirèrent de nouveau sur eux les armes romaines, qui, pendant une guerre de trois années, en massacrèrent cinq cent quatre-vingt mille; après quoi il leur fut défendu d'entrer dans cette ville, et même de la regarder de loin. On mit , pour leur ôter l'envie d'en appro-- cher, un pourceau de marbre sur la porte qui regardait Beth- léem. Adrien confondit , en cette occasion , la religion chré- tienne avec la juive , en faisant dresser une idole de Jupiter à l'endroit de la résurrection de Jésus-Christ, et une de Vénus au Calvaire. Il n'en demeura pas là; il fit planter un bois à l'honneur d'Adonis à Bethléem, et lui consacra la caverne où le Sauveur était né. Ce prince s'abstint néanmoins de persé- cuter les Chrétiens. Eusèbe nous a conservé un rescrit célèbre d'xVdrien, adressé, l'an i:i6, à iMinutius Fundanus, proconsul d'Asie, et donné sur les sages remontrances de Serenius Gra- nianus , prédécesseur de Mlnutius. Serenius avait représenté, dans une lettre à l'empereur, combien il y avait d'injustice à condamner les Chrétiens sur des délations et des accusations vagues, sans les avoir jugés dans les formes, ni convaincus d'aucun crime. Adrien, par son rescrit, défend de faire mourir personne qu'après une accusation et une conviction juridiques. Mais cela n'empêcha pas qu'il n'y eût des m.artyrs , même à -Rome, sous ce règne, ainsi qu'on le voit par les Actes de sainte Symphorose ; tant la haine qu'on portait aux Chrétiens pré- valait sur les bonnes dispositions de l'empereur à leur égard. Si Ton en croit Lampride, ce prince avait même eu dessein d'éta- blir publiquement le culte de Jésus-Christ. « C'était ])our cela.v IV " IÇ)-f CHRONOLOGIE HISTORIQUE M dit-il, qu'il avait fait construire en divers lieux des lemplejî, » sans y placer aucune idole. » Mais, avec ce louable zèle, ses mœurs n'en étaient pas moins corrompues. On connaît S3i pas- sion pour Antinous , attestée par les médailles , les statues , les temples, les villes et la constellation, consacres à ce favori, qu'il ne rougit pas même de placer au rang des dieux. Adrien , l'an i3i, rendit un grand service à l'état, en publiant l'edit perpétuel , dressé par Salvius Julianus , pour servir de règle aux prêteurs, et auquel il ne leur fut plus permis de rien changer. Jusqu'alors chaque préteur, entrant en charge, faisait connaître, par un édit, les formes et les principes qu'il sui- vrait dans l'administration de la justice. Ainsi la jurispru- dence variait d'une année à l'autre, suivant les lumières et l'équité des préteurs qui se succédaient. La dernière maladie d'Adrien , qui fut longue et résista à tout l'art des médecins, le rendit cruel par désespoir. Ne pouvant se donner la mort faute d'instruments qu'on lui refusait, il ordonna celle de plusieurs personnes distinguées, se plaignant d'être le maître de la vie des autres , et de ne pouvoir disposer de la sienne. Du nombre des victimes de son désespoir fut sa femme , Julie Sabitse, petite-nièce de Trajan , qu'il avait épousée l'an loo, et qu'il fit empoisonner peu de jours avant sa mort. Quoique Adrien n'ait pas régné vingt et un ans pleins, cependant on voit sa 22^ année marquée sur quelques médailles égyptiennes. C'est c}ue les années des princes, comme on l'a dit ailleurs , ne se comptaient pas en Egypte depuis le jour précis de leur av''nement au trône, mais depuis le mois thoth qui avait pré- cédé ce même avènement. Ce fut Adrien qui introduisit l'usage des rescrits , ou lettres du prince , par lesquelles il décidait l'af- faire qu'il avait évoquée à lui, ou la faisait juger par d'autres. Il fut le premier empereur qui prit des chevaliers pour secré- taires et pour intendants de sa maison, ses prédécesseurs ne s'é- tant servis que de leurs affranchis pour leur personne et leur domestique. Il fut aussi le premier empereur qui laissa croître sa barbe; en quoi il ne fut pas imité par ses successeurs. Sous ce règne fleurirent l'historien Suétone , le philosophe Epictète, çt Plutarque qui fut l'un et l'autre. ANTOMN. i38. Titus A^iTO^■I^!US Pius, nommé d'abord Titus AureUus Fiihnis ou Fuh'iiis ^ originaire de Nismes , né à Lavinium le 19 septembre de l'an 86, lutadopté par Adrien le aS février de l'au i38. Il eut dès-lors le titre de césar , et fut proclamé empe- reur le 10 juillet suivant. Ce prince descendait de Marc Antoine DÉS EMPERF.URS ROMAINS. ir)'> par Antonia, sa bisaïeule, fille de Marc Antoine €t d'Octavla , sœur d'Auguste. Antouinrégna vingt-deux ans, septmois elviiigl- six jours, depuis la mort d'Adrien jusqu'à la sienne, arrivée ley mars i6i.Ce prince a porté la vertu aussi loinque lepeimetlait la philosophie stoïcienne , dont il faisait profession. Elle ne le rendit pas néanmoins plus équitable envers les Chrétiens. Avant do parvenir à Tempire , et n'étant encore que proconsul d'Asie, il en avait condamné plusieurs à mort. Placé sur le trône, il parut d'abord incliner vers la douceur à leur égard. On connaît cotte fameuse lettre par laquelle il ordonnait de les absoudre lorsqu'ils seraient déférés, et même de punir leurs accusateurs. Mais avant dans la suite changé de dispositions, il devint leur persécuteur , et en fit tourmenter plusieurs sur la fin de son règne, comme le P. Berli le prouve contre Dodwell. Tel fut l'effet de la superstition sur l'esprit de ce prince phdosophe , d'ailleurs le plus humain des hommes, qui ne cessait de répéter cette maxime de Scipion , (pje la conservation d'un citoyen est préférable à la deslmction de mille ennemis. Il aimait tellement son peuple, qu'il évita les guerres , et préféra le titre de paci- fique à celui de conquérant. Il n'en fut pas moins respecté des nations barbares , dont aucune, sous son régne , n'osa toucher aux frontières de l'empire. Quelques-unes même voulurent avoir des souverains de sa main. Plusieurs le prirent pour arbitre de.* différents qu'elles avaient entre elles. Sa mort, occasionnée par ime indigestion, causa un deuil universel 11 avait épousé Faus- TINE , d'une naissance illustre, mais d'une vie déréglée. Celte- princesse mourut l'an 141 , laissant de son mariage Galère An- tonin, mort avant son père, et Faustine, mariée à Maïc Aurèle. Antonin fit décerner à sa femme les honneurs divins, après sa mort, comme il les avait fait décerner à son prédécesseur. Qu'elle idée ce princeavait il donc deladivinité, en l'attribuautà des personnages si pervers? L'empereur Julien, quoique son adrriirateur, n'a pu s'empêcher de le blâmer et de le tourner en ridicule sur ce point» Les historiens lui ont aussi reproché son asservissement ignomi- nieux à des concubines qui disposaient à leur gré des honneurs et des charges de l'état en faveur des sujets , même les plus in- dignes. Ce fut sous son règne que commença de s'abolir , par- mi les Romains, l'usage de brûler les corps morts ,. et que l'on revint à l'ancien usage de les enterrer, comme firent toujouis les Juifs et les Chrétiens Macrobe , qui florissait au commen- cement du cinquième siècle, assure (6V//z/r«. , L. vji) que de soa tems la crématioa des cadavres était tombée en désuétude. 1C)B CHR0>'0L0G1E HISTORIQUE DEUX EMPEREURS POUR LA PREMIÈRE FOIS. i.«> MARC AURELE. i6i. M. AuRELiUS Antonintjs de l'ancienne maison des Annius, né le :>6 avril 121, élevé par le philosophe Diognète, fut adopté par x\ntonin le même jour qu'Antonin le fut par Adrien, déclaré césar l'année suivante, et proclamé empereur le 7 mars 161. Près de monter sur le trône, il montra de la tristesse. Sa mère lui en ayant demandé la raison, vous ne i^uu- lez pas ^ lui dit-il, que je sois triste ; je vais répner. Ce prince fit la guerre , par ses généraux, contre les Parthes. Il la fit en personne contre les Suéves, les Quades et les Marcomans ; peu- ples qui donnèrent beaucoup d'exercice à sa valeur. M. Aurèle mourut à Sirmich le 17 mars 180, âgé de 58 ans, dix mois et vingt-deux jours ,'- après avoir régné 19 ans et dix jours depuis la mort d'Antonin. Ce prince commença, l'an iB3, la quatrième persécution contre les Chrétiens. Elle fut longue et cruelle. X'apologie du Christianisme, que le phdosophe Athénagore présenta , l'an 166 , aux deux empereurs , ne la fit point cesser. 11 y a bien d'autres taches dans la vie de M. Aurèle, dont la con- duite fut souvent en contradiction avec les belles maximes de morale qu'il débite dans ses Réflexions. Négligent à punir les crimes, surtout dans les sénateurs, il en vint au pointue s'ima- giner qu'il ne devait pas même s'en informer. Tandis qu'il s'amusait à disputer sur des matières de philosophie , ou à dis- serter sur l'art de gouverner les hommes, il laissait les gouver- neurs piller impunément les proyinces, dans la crainte de pas- ser pour sévère, s'il punissait leurs rapines. Il canonisa le crime en faisant mettre au rang des Dieux son infâme collègue, et sa propre femme qui ne vallait pas mieux. Il faut néanmoins avouer que ce prince eut de grandes qualités de cœur et d'es- prit , et qu'à certains égards il fut vraiment digne d'adaiiration. Il ménageait tellement les peuples, que dans un besoin pressant, plutôt que de les charger de nouveaux impôts , il vendit les meubles du palais impérial. ( Aurel. Victor. ) Il avait épousé , vers l'an i4o, A>'MA FAUSTI^"A , fille d'Antonin, femme dé- bauchée, qui mourut l'an 175 , laissant de son mariage Com- ïTiode , qui succéda à son père, et trois filles, Lucille, femme de l'empereur Lucius Verus, Fadille et Vibia Aurélia. 2<^. LUCIUS VERUS. 161. Lucius Ceionius Commodus Verus, né le i5 décembre ï3o, d'iSElius et de Domitia Lucilla, adopté par Antonin le 2S DES EMPEREURS R0:MAI>-S. 197 février i38 , fut associé à rcmpirc et fait auguste, par son cou- sin M. Aurèle , en mars 161, sans avoir passé, suivant la cou- tume , par le degré de césar. On est étonné que M. Aurèle se soit donné un tel collègue dont les mœurs conlrastalenl par- faitement avec les siennes. Pour le retirer de la mollesse où il vivait , ce prince l'envova contre les Parïhes; mais Yerus laissa le soin de cette guerre a ses généraux, Avldius Casslus et ^lartius Yerus, et passa en débauches, dans Antioche, le tems qu'ils employèrent à battre les ennemis. Il revint à Rome après cinq ans d'absence, ramenant son armée infectée de la peste qu'elle répandit sur son passage. Rome et l'Italie furent affligées de ce fléau pendant trois ans ; ce qui n'empêcha pas Yerus de conti- nuer son même genre de vie. Il ne retint de l'autorité souve- raine que ce qui lui en fallait pour satisfaire son penchant à la volupté. Il aimait néanmoins les lettres et avait toujours auprès de lui quelques savants. Mais il se laissait gouverner par ses af- franchis, gens , pour la plupart, très-vicieux et uniquement appliqués à flatter les passions de leur maître. Une apoplexie termina ses jours sur la fin de 169 , à Altino , dans la .Hl)^ année de son âge, et la 9*= de son règne. Il avait épousé, vers l'an iG3, Lucii.LE, fiile de M. Aurèle, que l'empereur (.Commode Ut mou- rir vers l'an i83. Ce prince était blond ; et, suivant Jules Capi- tolin , il était si curieux d'entretenir et de relever la couleur de ses cheveux, qu'il les poudrait avec de la poudre d'or. COMMODE. 180, L. Muvs AuREL.' CoMMODUS, né, l'an 161, le 3i août, fait auguste, contre l'usage, par M. Aurèle , son père, le 27 novembre 177, lui succéda le 17 mars iHo, et régna douze ans, neuf mois et quatorze jours. Ce prince, malgré le soin que son père avait pris de son éducation , porta sur le trône une grande aversion du travail et un penchant très- vif pour la volupté. Mais il paraissait d'ailleurs humain , et les trois premières années de son règne se passèrent sans que ses mains fussent teintes de sang. Un événement changea son caractère et le rendit cruel. L'an i83 , comme il passait sous un portique obscur et étroit pour se rendre à l'araphilhéàtre , un assassin fondit sur lui l'épée à la main en criant -.■Voilà ce que le sénat £en^oie. La menace fit manquer le coup. L'assassin fut pris, et nomma ses complices , à la tète desquels était Lu- cille , sœur de Commode, veuve de Lucius Yerus, et remariée à Claudius Pompelanus , sénateur illustre, qui ne savait rien de son complot. Commode jura dès-lors une haine implacable au sénat , et chercha des crimes aux plus distingués de ses ïgS CHRONOLOGIE HISTORIQUE membres pour les faire périr. Toute la suite de son gouverne-^ ment retraça les horreurs des règnes de Calignla , de Néron et de Domilien. Rome devint un théâtre de carnage et d'abomi- nation. Commode, à la cruauté, joignit la folie. Il quitta son nom de famille pour prendre celui d'Hercule , et se disait , comme lui, fils de Jupiter. A son imitation, on le vit mar- cher vêtu d'une peau de lion, une massue à la main, dont il assommait les boiteux et les infirmes qui se rencoii traient sur son passage. L'adresse , dont il se piquait dans le maiiiment des armes, le rendait passionné puur les jt-ux de Famphithéâtre. Il ne rougissait point de descendre dans l'arène et d'y com- battre nu avec les gladiateurs , ou contre des bêtes sauvages , qu'il faisait venir à grands frais, des pays éloignés, les histo- riens comptent jusqu'à sept cent trente- cinq fois qu'il se donna en spectacle dans ces exercices non moins honteux que périlleux; mais il sa%ait bien se mettre à l'abri du danger, féroce jusque dans ses amours, il immolait à sa barbarie les objets même et les ministres de sa lubricité. Marcia , sa concubine, Lrelus ^ préfet du prétoire, et Electe, son chambellan, ayant découvert qu'il voulait les faire mourir, le prévinrent, et le firent étran- gler par un gladiateur dans la nuit qui finissait Tannée 192. il était âgé de trente et un ans quatre mois. Commode avait épousé Bruttia CHR1SPI^-A , nouvelle Messaline , qu'il fit mourir vers l'an 184. On voit des médailles de Commode frappées en Egypte, qui portent les années 20 , 3o, 3i , Sa. Pour vérifier ces dates , il faut remonter à l'an 161 , qui est l'époque où l'empire entra dans la famille Aurélia , et en même-tems celle de la naissance de Commode. On trouvera par-là que l'an 2.0 de la première mé- daille se rapporte à la première année du règne de Comrhode ; l'an 3o, à la dixième ; et ainsi du reste. Peut-être serait-il aussi vraisemblable de dire que ces médailles expriment 1 âge de Commode , parce qu'étant porphyrogénète ( c'est-à-dire né depuis l'avènement de son père au trône, il était regardé comme empereur dès sa naissance. ' PERTINAX. 193. P. Helvius PertiîsAX, né d'un marchand de charbon, ou d'un charpentier, le 1^'^. août 126, au territoire d'Alba Pompeia , ville aujourd'hui du Montferrat, préteur , puis consul deux fois , ensuite préfet de Rome, proclamé empereur par les prétoriens la nuit même que Commode fut tué , reconnu , le i^'. janvier igS , par l'armée et le sénat, fut assassiné le 28 mars suivant , ayant régné seulement quatre-vingt-sept jours. C'était DES EMPEREURS ROMAINS. igg «n vieillard vénérable , qui s^ctait proposé pour modèles M. Aurèle et Antonin , qu'il eut peut-être surpassés s'il eut régné plus long-tems. Mais il fut la victime des efforts qu'il fit pour réformer les abus de tout genre qui s'étaient introduits sous le règne précédent. Les prétoriens , qui l'avaient élevé , levèrent l'étendard de la révolte; et un d'entre eux, né dans le pays de Tongres , lui pirtant le coup mortel avec sa lance , voilà , lui dit-il , ce que mex camarudes i'eiwoienl. Cependant les troupes l'estimaient, et elles le regrettèrent : Admiruntibus cam virtutcm cui irascehantur. {Hist. Aug.^ p. 54) H laissa de Flavia TiTiANA , sa femme , un fds , nommé comme lui, qui fut tué l'an 21 5. Pertinax transmit , par une sage économie , à ses suc- cesseurs, un trésor de Kncies septies milites H. S. environ cinq cents millions. ( Dion, L. 78. ) QUATRE CONTENDANTS POUR L'EMPIRE. 193. Après la mort de Pertinax , les prétoriens mirent l'em-" pire à l'encan. Julien , et Sulpicien , beau-père de Pertinax , enchérirent plusieurs fols l'un sur l'autre. Enfin le premier étant monté tout d'un coup de cinq mille drachmes pour chaque soldat à six mille deux cent cinquante , l'emporta, fut reçu dans le camp et proclamé auguste. Mais dès que la nouvelle de la mort de Pertmax fut parvenue dans les provinces , les armées firent choix de trois autres empereurs qu'on nommera succes- sivement. x\ JULIEN. 193. M. DiDius Severus Julianus, né à Milan , le 29 jan- vier i33 , d'une famille très-noble , proclamé empereur , comme on l'a vu , par les prétoriens, le jour même de la mort de Pertinax, 28 mars 198, fut reconnu forcément par le sénat. Mais lorsqu'on eut appris à Rome l'élection de Sévère , ce même sénat fit trancher la tète à Julien le 2 juin de la même année. Il avait épousé Maisilia Scantilla , dont il eut une fille nommée Didia Clara. Aurélius Victor l'appelle hominern om- nium turpitudinum. Didius Julianus , suivant la remarque de M. de la Bastie , est le premier qui ait corrompu le titre des médailles d'argent. Il le fit, à ce qu'on prétend, pour remplir plus aisément seç coffres, épuisés par ses largesses en achetant l'empire des sol- dats prétoriens. Depuis lui , le titre alla toujours en baissant. zf". NIGER. 193. G. PESCE>Niys Niger Justus , d'une naissance mç- :200 CHRONOLOGIE HISTORIQUE diocre , mais crun iiiérile (lisîingué , gouverneur de Syrie, fut proclamé empereur à Antioche vers la lin d'avril ig^ , sur la nouvelle de la mort de Pertinax. Au lieu de partir sans délai f)our se rendre a Rome, où il était désiré, il consomma dans es plaisirs d'Antioclie des moments précieux dont Sévère sut habilement profiter, et d'une manière décisive. Niger perdit ensuite trois batailles contre ce rival , et enfin l'empire avec la vie, après la dernière, dans les premiers mois de l'an igS. ( Muratori, Annali. d'It. ) Des cavaliers ennemis l'ayant atteint comme il fuyait vers l'Euphrate , lui coupèrent la tête et la portèrent à Sévère qui l'envoya d'abord au camp devant Bysance pour la faire \oir aux assièges, et ensuite à Rome où elle fut exposée publiquement. Bysance était du nombre des villes qui s'étaient déclarées pour îsiger, et fut la seule qui lui demeura fidèle après sa mort. Ce ne fut qu'au commencement de Tan ic)6 , qu'elle ouvrit ses portes à Sévère , après avoir soutenu un siège de trois ans. On la comptait alors pour une des plus grandes et des plu5 florissantes villes de l'Orient. Ses murs., dont les pierres étaient jointes ensemble par des crampons d'airain , et , si bien taillées , qu'elles semblaient n'en faire qu'une seule , étaient fortifiés par uti grand nombre de tours dont les sept principales se renvovaient les unes aux autres , d'une manière très-distincte , ie bruit cju'on faisait dans la premièie. Sévère , pour se venger de sa longue résistance , la ruina presque entièrement , et fit passer au fil de l'épée la garnison et les magistrats. Mais il fit grâce à l'ingénieur Priscus qui l'avait si bien défendue. Niger avait épousé Pescennia Plâutiana , dont il eut plusieurs enfants. 3". SÉVÈRE. 190. L. Septimius Severus, né, le ii avril i45, à Lcpte, en Afrique, de Septimi\is Géta, sénateur, fut proclamé em- pereur par l'armée qu'il commandait en lUyrie , non le i3aoùt comme le marque Spartien , mais en avril ou en mai, Fan ig3. Le 2 juin suivant , après qu'on eut coupé la télé à Julien , il s'approche de Rome , casse les prétoriens qui étaient venus au-devant de lui sans armes , et fait son entrée dans celte ville, où il est reconnu solennellement par le sénat. 11 fil ensuite l'apothéose de Pertinax , ordonna la recherche de ses meur- triers, et forma un nouveau corps de prétoriens. Vainqueur de Niger en 190, et d'Albin le 19 février 197 , il régna seul depuis cette dernière époque. Sévère était le plus grand homme de guerre de son tems : mais il souilla la gloire de ses armes par d'excessiyes cruautés. Apres la mort d'Albin , il fit jeter dans DES EMPEREURS ROMAINS. 201 îe Rhône sa femme et ses enfants , et extermina sans pitié sa fiimille et ses amis. Il n'épargna pas même les principaux sei- gneurs des Gaules et de la Grande-Bretagne , pour avoir leurs biens ; ce qui le mit en état d'enrichir ses soldats et de se les attacher encore davantage. ( Voy. à l'art, de Niger le traitement qu'il fit à' Bysance. ) il méditait en même-tems la plus ter- rible vengeance contre Rome , où il savait qu'Albin avait eu un puissant parti. Etant revenu en cette ville , il invectiva dans le sénat , contre la mémoire d'Albin , condamna à mort plusieurs personnages illustres pour avoir leurs biens, et associa ses fds à l'empire. L'an ifj'S, il marcha contre les Parîhes. Après les avoir vaincus il retourna , l'an :io3 , à Rome ; et l'année suivante il y célébra les jeux séculaires. Ce prince ne souffrait pas qu'on le trompât Impunément. L'an 2.0^ ou 2o5 , il fit exécuter à mort, le 22 janvier, Plautien , son ministre favori et son beau-frère , qui avait abusé de sa confiance , comme Séjan avait fait de celle de '1 ibère. L'âge et les infirmités n'affaiblissaient point dans Sévère la vigueur de l'esprit , ni l'ambition de se signaler par les armes. L'an 208, il porta la guerre , quoique goûteux , dans la Grande-Bretagne , et y fit construire, l'an 210, une grande muraille pour séparer ses conquêtes du reste de l'ile. Quelques-uns prétendent néan- moins qu'il ne fit que réparer le rempart de terre qu'Adrien avait fait élever depuis Newcastle jusqu'à Carlisle : ce fut sa dernière expédition. L'an 211, il mourut, le 4 février, à Yorck , du chagrin que lui causa la méchanceté de son fils aîné, qui avait voulu attenter à sa vie dans une marche où il le suivait à la tête de l'armée. Sévère alors était âeé desoixante- Cinq ans, neut mois et vingt-cinq jours , et son règne avait ete de dix-sept ans , huit mois et trois jours. Ses cendres furent rapportées à Rome dans une urne d'argent. ( Spartien ) Il avait épousé, 1". Martia, dont on ignore la naissance, 2**. JuLlA DoMNA, fille de Julius Bassianus, prêtre du soleil à Emèse, en Phénicle, dont il eut les deux empereurs qui -suivent après Albin. Julie, princesse également belle, spirituelle et vo- luptueuse , captiva son époux par ses charmes , le servit par ses conseils et le déshonora par ses débauches. S'étant retirée à Antioche , tandis que son fils aîné faisait la guerre en Orient , elle s'y laissa mourir de faim, l'an 217, après la mort de ce prince , sur l'ordre que l'empereur Macrin , qui craignait son esprit , lui avait donné d'en sortir. L'an 202 commença , par un édit de Sévère, la cinquième persécution contre les Chré- tiens : elle dura le reste de son règne, et non pas deux ans seulement , comme le prétend Dodwell. On compte dix-neuf mille martyrs qu'elle fit dans la seule ville de Lyon. Sévère IV. 26 202 CHRONOLOGIE HISTORIQUE Citait un mélange de bonnes et de mauvaises qualités. Ac iif , vigilant , laborieux , faux , cruel , avare, sans probité, sans foi, il porta dans ses entreprises la bardicsse, la confiance, la promp- titude; sacrifia tout à ses intérêts, et ne connut point de bornes dans ses haines et ses vengeances. 4°. ALBIN. 193. Dec. Claudius Septim Albinus , nalif d'Adrumet , en Afrique, d'une famille illustre, gouverneur de la Grande- Bretagne , fut reconnu césar par Sévère, tandis que celui ci avait en tête Julien et iSiger. Mais après la mort de ces deux rivaux, Sévère le déclara ennemi de la patrie. Albin prit alors le titre d'empereur, passa dans les Gaules , et livra une grande bataille à Sévère , dans les plaines de Trévoux , le ic) lévrier iqy. Yaincu , mis en fuite, et poursuivi iuscju'à JAon , Albin s'y tua le même jour. (Muralori. j Sa tète fut apportée à Rome , au bout d'une pique. i^. CAR AC ALLA. 211. M. AuR. Sever. Anton. Caracali,a, fils aîné de Sé- vère, né à Lyon le 4 avril 188 , fait césar par son père en 196 , et auguste vers le 2. juin 198, fut salué empereur avec Géta , son frère, par les soldats , le 4 février 211. Ces deux princes étaient de caractères trop opposés pour qu'ils pussent régner paisiblement ensemble. Géta , maigre les précautions qu'il [)rit Eour se garantir des embûches que lui tcntiait Caracalla, devint ientôt la victime de son ambition et de sa barbarie. Apiès l'avoir mis à mort entre les bras de sa mère, qui fut teinte de son sang, Caracalla veut engager le célèbre jurisconsulte Papi- nien , que Sévère avait fait préfet dn prétoire, à excuser ce forfait devant le sénat. Sacliez ^ lui dit ce grand homme, quil est plus aisé de commettre un parricide que de l 'excuser. D 'ailleurs , c'est se souiller d'un second meurtre que d accuser un innocenl après lui avoir ôtéla <>ie. L'empereur, irrité de celte réponse , le fit décapiter. Il conçut dès-lors une haine mortelle contre tous les gejis de lettres, qu'il poursuivit jusques dans les provinces. Sa fureur s'étendit même sur leurs écrits , qu'il (it ramasser pour les jeter au feu. Au milieu des horreurs qui souillaient son règne , il fit une chose que saint Augustin a beaucoup estimée, en lui supposant un bon principe. L'an 2.12. , ou environ, il donna un édit pour faire tous les sujets libres de l'empire ci- toyens romains , avec les privilèges attachés à celte qualité ; ce qui a fait dire au poète Rutilius , dans son Itinéraire ; Fecisli patriam diversis gentibus unam ; Lrbeiii feciati (juse prius orbis erat. D'-S IMPEREURS ROMAINS. 2o5 Cotle faveur extraordinaire ne prenait cepeno6 CnRO>OLOGIE HISTORIQUE année qu'Alexandre forma son conseil rhs jnriscoasul'Lr's Ulpirn, Paul, ^^liiis Marcianns , Hermogènrs, Callistrate, Modeslin o8 , devant Afjuilée , dont il faisait le siège, apièi avoir vu égorger à ses yeux Maximin , son fils , qu'il avait associé à l'empire. C'était p ;rmi les fumées du vin c|u'il lançait ordinairement ses plus ter- ribles arrêts. Obligé plusieurs fois, son ivresse passée, d'en marquer son repentir et de les désavouer , il eut la sage précau- tion d'ordonner qu'on ne mettrait à exécution que le lendemain les ordres sanguinaires qu'il donnerait pendant le repas. Mais il en donna assez de sang froid pour rendre sa mémoire à jamais détestable. Pendant les trois années de son règne, il dédaigna de visiter Pvome ou l'Italie. Des circonstances particulières l'a- vaient obligé de transporter son armée des rives du Rhin aux bords du Danube. Pauline, sa femme, mourut avant lui. LES DEUX GORDIENS. 2.?)-j . L'Afrique s'étant révoltée contre Maximin, se fit un chef dans la personne de Gordien, proconsul, qui fut pro- clamé auguste à Thysdrum au mois d'avril 207 , malgré sa ré- sistance et sa vieillesse. ( Il était âgé de quatre-vingts ans. ) Son fils Gordien, âgé de quarante-six ans, lui fut associé, et le sénat confirma celte élection le 27 mai 287. Gordien , le fils , perdit la vie devant Carthage , dans le combat que lui livra Capellien , gouverneur de Mauritanie; et Gordien, le père, finit la sienne en s'étranglant. Tout cela , selon le sentiment le mieux appuyé, se passa, du vivant de Maximin, dans l'année u-'i-j , et dans l'espace de six semaines. Gordien , le père, avait épousé Fabia Orestilla , petite nièce d'Antonin. Son fib Gordien était un prince fort débauché. Il avait jusqu'à vingt- deux concubines, suivant Jules Capitolin. Le grand nombre des enfants qu'il en eut, dit cet historien, lui fit donner le surnoia de Priam , que quelques-uns tournaient en celui de Priape , à cause de sa lubricité. Il passait ^ ajoute-t-il , sa oie dans les dé- lices , dans les jardins , dans les bains , dans les plus agréables bos- quets. Ses parents consfrK>ent de lui des écrits en prose et en oers , qui ne sont ni sublimes , ni abjets , mais du genre médiocre . et qui décèlent un bel esprit voluptueux à qui la mollesse ne ptnneitail pus le travail de la lime. i». MAXIME ET BALBIN. 23;. M. Cl,\ud. Puppienus Maximu.s, né, vers Tan 164. 2of$ CHRONOLOGIE HISTORIQUE d'un serrurier ou d'un charron , élevé aux premiers emplois par sa valeur et son habileté , et Decim. Cœlils Balbinus , homme consulaire, orateur distingué, poète célèbre , sage magistrat, furent élus empereurs, le 9 juillet 237 , par le sénat . cpii, le même jour, déclara césar le petit-fds de Gordien. Mais les pré- toriens ne voyant qu'avec peine régner des empereurs choisis par le sénat, massacrèrent Maxime et Balbin , trois mois, ou cent jours , après la mort de Maximin , et un an après leur élection , c'est-à-dire vers la mi-juillet 238. La femme de Maxime se nom- mait QUÏNTIA CrISPILLA. 2.0. GORDIEN /e Jeune. 2.0"]. M. AntOjStius Gordianus Pius AFaic\>"US, fils du consul Junius Balbus, et petit-fils, par Metia Faustina, sa mère, de Gordien le Vieux, né le 20 janvier 2.2.0, fut créé césar par le sénat, le 9 juillet 237, déclaré auguste par les prétoriens vers le i5 juillet 238, et confirmé par le sénat, le peuple et toutes les provinces , avec une joie extraordinaire. Ce prince n'était pas né pour le vice. Mais sa mère lui avait donné, pour tuteurs et pour ministres, des affranchis qui régnaient sous son nom. Frappé des plaintes qu'occasionnaient leurs injustices , il chercha un homme digne de sa confiance, et le trouva dans Misithée, cé- lèbre par son savoir, son éloquence et sa vertu. Gordien le fit préfet du prétoire l'an 241 , après avoir épousé FuRlA Sabina TfiANQUiLLlNA , sa fille. Ce fut par le conseil de cet homme sage qu'il réforma plusieurs abus, et entreprit plusieurs grands édifices, sur-tout au Champ -de- Mars. Ce prince avait de la valeur, et il en donna des preuves éclatantes. L'an 242, appre- nant que Sapor , roi de Perse , dévaste les frontières de l'empire, il se met en marche pour le repousser. En passant par riUyrie , il fait la guerre avec succcès aux Goths et aux S.irmates, qu'il rechasse au-delà du Danube. Arrivé en Syrie, il en vient à une bataille contre Sapor, qu'il met en déroute. Le fruit de cette vic- toire fut la reprise d'Antioihe , de Carrhes et de iSislbe, dont les Perses s'étaient emparés. Gordien entre dans leur pays , et étend ses conquêtes jusqu'à Ctésiphon , capitale de la Perse. Mais ces heureux succès furent contrebalancés par la perte de Misi- thée, qui mourut de la dyssenterie , ou, plus vraisemblable- ment, du poison qu'un officier, nommé Philippe, lui fit donner l'an 243. La dignité de préfet du prétoire, que ce grand homme laissait vacante, fut donnée imprudemment à l'auteur de sa mort. Philippe s'en servit, comme d'un degré, pour par- venir à l'empire par un nouveau crime. Gordien , l'an 244 , ayant une seconde fois battu Sapor près de Piesaire, en Mésopo- DES EMPEREURS ROÎIAIN'S. 20g tamie , s'en revenait tiiompliant. Les vivres manquent tout-à- cuup à son armée par les- artifices de Philippe. Cette disette occasionna une sédition , au milieu de laquelle on exige que Philippe soit associé à l'empire. Gordien demande qu'on lui laisse le commandement entier, et il ne peut l'obtenir. Il harangue l'armée pour que la puissance soit égale entre eux, et il ne Toh- tient pas non plus ; il supplie qu'on lui laisse le titre de césar, et on le refuse ; il demande d'être préfet du prétoire, et on re- jette ses prières ; enfin il parle pour sa vie , et on le mnssacre près du confluent de la petite rivière d'Aboras et de 1 Euphrate, vers le mois de mars 244- Ce prince avait toutes les qualités pour se faire aimer et estimer : aussi fut-il extrêmement re- gretté. PHILIPPE. 244. M. JULIUS Philippus , né d'un chef de voleurs , l'an 204 , à Bostres, dans l'Arabie, préfet du prétoire , engagea lés soldats, après avoir fait assassiner Gordien, à l'élire empereur le 10 mars 244- Philippe était chrétien, selon tusèbe , suivi par saint Jérôme , saint Chrvsostôme , Paul Orose , et d'autres. Cet écrivain rapporte qu'en passant à Antioche , après avoir fait la paix avec les Perses, pour se rendre à Rome , il voulut as- sister aux prières qui se faisaient dans l'église, la veille de Pâques ; mais que l'évèque , saint Rabylas , sachant qu'il était coupable de la mort de Gordien , l'arrêta et Tempècha d'y en- trer. Philippe, ajoute-t-il, se soumit humblement à la rénri- mande de l'évèque , fit la confession de ses crimes , et accepta la pénitence. Mais Eusèbe ne rapporte cette histoire que d'après un bruit qu'il ne garantit pas. Fama est ^ dit- 11. D'ailleurs le même Eusèbe, Laclance, saint Ambroise , Paul Orose, ïhéo- doret, Sulpice Sévère, et presque tous les anciens, attestent que Constantin fut le premier empereur chrétien. De plus , il y a preuve , ainsi que le fait voirie P. Saccarelli , que Philippe, pendant son règne , fit plusieurs actes d'idolâtrie. Ainsi rien de plus douteux que son prétendu Christianisme. Ce prince avant envoyé Dèce pour châtier les auteurs d'une révolte dans la Mé- sie , les troupes du pays , pour éviter la punition qu'elles méri- taient, proclamèrent \}ece^ empereur. Philippe, l'ayant appris, marcha ■contre Dèce , lui livra bataille près de Vérone , fut vaincu et tué vers la mi-octobre 249. Philippe, son fils et son collègue, fju'il avait eu de Marcia Octacilla , sa femme, fut misa mort, peu du jours après, à Rome. Le P. Hardouin donne à Philippe une origine bien différente de celle que nous lui at- tribuons d'après les historiens qui approchent le plus de son tems. <( Les médailles de l'empereur Philippe, dit-il , maruuciit IV. .- ' aïO CHRONOLOGIE HISTORIQUE » qu'il descendait d'Antoine et d'Auguste , de Pompée qni des- *» cendait de Numa Pompilius, second roi des Romains et M gendre de Romulus ; et enfin de Marcius Phillppus, issu » d'Ancus Martius, troisième roi des Romains. Les médailles , I) dit-il, démontrent tout cela visiblement, » Oui, les médailles expliquées à la manière du P. Hardouin. L'an 248, la millième année de la fondation de Rome fut célébrée par des jeux séculaires , qui furent peut-être les plus magnifiques qu'on eût vus jusqu'alors. On y vit, suivant Ca- pitolin , combattre dans l'amphitbéatre trente-deux éléphants , dix ours , dix tigres, soixante lions apprivoisés , un cheval ma- rin, un rhinocéros, dix lions blancs , dix ânes sauvages , qua- rante chevaux sauvages, dix caméléopards, et une infinité d'autres animaux de différentes espèces , sans parler de deux mille gladiateurs, entretenus par le fisc, qui se battirent dans le cirque, et des jeux de théâtre qui durèrent trois jours et trois nuits. Jotapien , en Syrie ; Pacatien, vers le midi des Gaules ; et Carville Marin , en Mésie , prirent la pourpre sur la fin du rè- gne de Philippe, et en furent bientôt dépouillés, avec perte «e la vie. DECE. 249- Cn. Messius Quinttts Trajanus Decius , né , l'an aoi , d'une famille ancienne , suivant Zozime , à Buballe, vil- lage près de Sirmlch , succéda , l'an 24g , au mois d'octobre , à Philippe. L'an 261 , il marche en Mésie avec Hérennlus Dèce , son fils aîné , contre les Goths, fait le ravage dans leur pays , et les réduit au point que , pour se délivrer, il ne leur reste plus d'espérance que dans une bataille. Elle s'engage ; le jeune Dèce, au premier choc, est tué d'un coup de flèche. I,e père, sans paraître trouble , s'écrie que le salut de l'empire n'est pas atta- ché à la vie d'un seul homme. Il poursuit l'ennemi avec tant d'ardeur que , s'étant engagé dans un marais qu'il voidait tra- verser, il enfonce, sur son cheval, dans le limon sans pouvoir s'en tirer. Il y périt des traits dont les barbares le percèrent, sur la fin de novembre. Ce prince méritait un pareil sort pour la cruelle persécution qu il fit aux Chrétiens. ( Elle es! comptée pour la septième. ) On doit néanmoins dire à sa louange que, pendant son règne , il s'occupa sérieusement de la réforme des mœurs publiques , et que dans cette vue il rétablit la charge de censeur. Dèce avait épousé Herennia Cupiennia Etruscilla , dont il laissa Hostllien, dont il sera parlé ci-après, et peut-être deux autres fils. •ES EMPI.REURS ROMAINS. 211 GALLUS ET VOLUSIEN. liSi. C. ViBius Trebonianus Gallus , après la mort de Dèce , à laquelle on croit qu'il eu part, fut proclamé empereur par les troupes de Mésie et de Thrace. 11 donna les titres d'au- guste et d'empereur à Hostilien, fils de Dèce, qui mourut peu de tems après, il fit en même tems césar VoLUSiEN , son fils , et le déclara auguste avant la lin de juillet aSa. (iallus et Volu- sien furent tués, vers la fin de mai 268, à Terni, par leurs ioldats , lorsqu'ils marchaient contre Rmilien , qui s'était ré- volté. Gallus, selon Dexippe , historien du tems, n'a régné que dix huit mois. Son règne n'est presque connu que par la paix honteuse qu'il fit avec les Golhs, par la persécution qu'il fit aux Chrétiens ( c'est la huitième ), et par la peste et les au- tres fléaux qui furent la punition de sa cruauté. EMILIEN. 25.3. C. JULIUS .^MILIANUS, né l'an 207 , s'étant fait pro- clamer empereur dans la Mésie, dont il était gouverneur, fut reconnu par le sénat après la mort de Gallus. Il n'a régné que trois ou quatre mois, ayant été tué par les soldats, près de Spo- letle, vers la fin d'août 253. H existe encore des médailles où il est représenté avec le nom et les attributs d'Hercule le Victo- rieux et de Mars le Vengeur. (Banduri, Numism.j p. 94. ) VALERIEN. 253. P. Liciîîius Valerianus , d'une naissance illustre, et décoré de plusieurs titres, né l'an iqo, fut proclamé em- pereur en Rhétie par les troupes qu'il menait à Gallus con- riincî^aux tyrans qui s'élevèrent dans V empire sous Valérien , Gallien , Claude et Aurélien. 253. SuLPiTius ANTONI^'IIS, proclamé empereur par les troupes de Syrie en 253 , fut tué l'année suivante. On voit une médaille en grand bronze , frappée en son honneur l'an de l'ère d'Emèse 565, c'est-à-dire de J. C. 254. 260. D. LjElius Ingekuus, gouverneur de Pannonie et de Mésie, fut reconnu pour empereur dans ces provinces, lors- qu'on y apprit la captivité de Valérien. Gallien ne lui donna yas le tems de ^'affermir. Il envoya contre lui les généraux Au- STJ2 c»aoi;cLCGiE nir.Tor'.FvtJE- he Emlllcn , ensuite reconnu [),>r Knijiien lui - même aiï mois d'août aod. Le st'frat procliima césar Gallïi-n , sou iils , et \al;rien le déclani aussi iot augusle, en l'associant à Tempire . aitaqué de tous côtés par les barbares. Valérien et Galiicn régnèrent sept ans ensemble. Mais le premier , appre- nant les progrès que Sapor , roi de Perse , faisait en Orient sur les terres des Pvomains, se mit en marche , Tan 259 , pour le repousser. Sur la fin de l'an ^60 , après une défaite , se voyant serré par les l'erscs de manière à ne pouvoir s'échapper, il s^en- gagea dans une conférence avec Sapor , qui le retint prisonnier^ et ne voulut jamais lui rendre la liberté. Ce perfide monarque , après l'avoir traité pendant neuf ans avec indignité , jusqu'à le faire servir de marche-pied lorsqu'il montait à cheval ou dans son char, le fit à la fin mourir en 2B9 (Pagi), et lui refusa même les honneurs de la sépulture ; car Valérien , après sa îBort , fut écorché par ordre de ce barbare, son corps salé, sa peau corroyée , teinte en rouge , et mise dans un temple pour servir de monument éternel de la honte des Romains, l'ous les Chrétiens ont reconnu dans cette fin déplorable de Valérien le doigt de Dieu, qui vengeait le sang innocent qu'il avait ré- pandu. La persécution qu'il commença l'an :i57 , est la neu- vième, en distinguant celle de Gallus de celle de Dèce. Jus- reolns et Celer Verianus , qui le défirent près de Murse. Inge- iiuus , après cet échec , se donna la mort pour ne pas tomber entre- les mains du vainqueur. 2.B1. Q. Non. Regillianus, delà famille de Décébale , roi des Daces , vaincu par Trajan , prit la pourpre en Mésie, après la inort d'ingenuus. 11 était déjà céhbre par les victoires qu'il avait remportées sur les Sarmates. Il continua de faire lagucirc- avec succès à ces perq.les jusqu'en 2.63 , qu il fut assassiné par ses soldats vers la fin d août. 261. M. FuLV. MacriAî^us , homme sans naissance , mais ha- bile capitaine , proclamé empereur en Syrie au mois de mars 261 5 s associa aussitôt ses deux fils, (^. Fulv. MACPiiA>ius et Ck. Fulv. Quietus. Son empire s'étendit sur toute l'Asie et FEgvpte. L'an n^s , il passe en Occident pour détrôner GalIuMi. AureoliJS ravrclc en lUvrie, sur les confins de la Thrace. Atla- cjué le b mars de la même année par Domitien , lieutenant d'Au- reolus, ou par Aureolus lui-même, il est massacré par ses propres soldats ^ avec son fils aîné, Quietus , second fils de Ma- Grien , qu'il avait laissé eh Syrie, fut trahi p?r s-m général Ba- DtS EMPEREURS ROMAI^'S. 2l3 qi» 'alors li avait paru favoriser le Cliristianisme. Ce fut Macrien , préfet du prétoire, et l'un de ses généraux, qui le fit changer de disposition. C'était une suite de sa facilité à recevoir les mau- vaises impressions que d habiles courtisans voulaient lui donner. En général , durant son règne, il ne sut presque jamais discerner le vrai mérite et lui rendre justice. Confiant et méfiant hors de propos, faute de jugement, son imprudence fut la source de son malheur, et fit à la gloire des Romains une tache qu'ils n'ont jamais pu effacer. Mariniana , sa seconde femme , lui donna P. Licinius Valerianus , qui fut tué avec Gallien. Elle moTirut dans la même prison que son époux , qu'elle avait suivi en Perse. GALMEN. aCc». P. LiciN. Gallienus , né l'an 233 , fait césar vers le mois d août aoa , par le sénat, et aussitôt déclaré auguste par \alerien , son père , demeura seul empereur après la capti- lisfe , qui le fit poignarder, avant le mois d'Août 2G2 , dans Emèse , et livra la place à Odenat. ( Tillemont. ) 261. Calpurn. Piso, personnage consulaire , également re- comraaudable par sa naissance et son intégrité, ayant été en- vové par Macrien contre Valens , se fit proclamer empereur en Thessalie, pour imposera son ennemi. Il ne jouit pas long- tems de cet honneur. Yalens , hors détat de lui résister à force ouverte , le fit assassiner par des satellites sur la fin de mai de l'an 2(3i. C'était , dit M. Gibbon , le seul noble parmi tous ces tyrans. « Le sang de Numa coulait depuis vingt-huit généra- » tions successives dans les veines de Calpurnlus Pison , qui , i> lié par les femmes aux plus illustres citoyens , avait le droit » de décorer sa maison des images de Crassus et du grand » Pompée. . . J>es qualités personnelles de Pison ajoiUaient » un nouveau lustre à sa race. . . Le sénat , avec la généreuse » permission de l'empereur , décerna les honneurs du triomphe » à la mémoire de ce vertueux rebelle. » 2.G1. Valer. Yalens, proconsul d'Achaïe , prit la pourpre pour se défendre contre Macrien , qu'il refusait de reconnaître. Celte sauve-garde ne le garantit pas de la fureur de ses sol- dats , qui le massacrèrent l'année même de son usurpation , peu de jours après qu'il eut fait lâchement égorger Calp. Pison. aGi. M. Cas.sia>"us Latienus ( ou Latiîîus) Posthumus, 21 4 eURONOLOGlE HLSTORIQLE vilé (le ce prince , dont il reçut la nouvelle avec un plaisir secret ci une indifférence marquée. Jusqu'alors il avait donne les plus belles espérances. INé avec de grandes qualités, et élevé par le philosophe Plotin, il s'était adonné tour-à-tour à l'étude des I)Llles-lettre,s et aux exercices militaires. Les poètes le regar- daient comme leur émule , les gens de guerre comme un héros naissant : il avait commandé les armées et remporté une vic- toire sur les Sarmates. Sun humanité , sa bienfaisance , sa géné- rosité, lui avaient concilie tous les cœurs : les Chrétiens même se louaient de sa modération et de son équité. iMais il devint un autre homme lorsqu'il eut seul en main les rênes du gouverne— nient. La séduction des courtisans les phis corrompus , auxquels il se livra, le fil tomber dans l'indolence, la crapule et la cruauté. H p.issait les jours à faire bonne chère et à senivrer , Jiéquentait de nuit les lieux infâmes , et laissait à ses affranchis le soin de l'état. Son luxe n'admettait point de bornes. Il ne se sei-valt que de vases d or eniichis de diamants. Ses habits étaient de la plus grande somptuosité: ses souliers même étaient cou- verts de pierres précieuses , et il ne se poudrait les cheveux de basse naissance, mais distingué par ses grandes qualités , qui lui avaient mérité le consulat , fut proclame empereur dan» ies (iaules au commencement de l'an 261. Il commandait en ce pavs depuis l'an 'j.S~ . Potir assurer son usurpation , il fit assassiner Salonin , fils de Gallien , avec Sylvain, son précep- teur, tous deux renfermés dans Cologne. L'Angleteri-e et l'hs- pagne s'empressèrent de le reconnaître. L'empereur Gallien , «tant venu l'assiéger dans Autun, échoua dans cette entreprise, »l fut obligé d'y renoncer après avoir été blessé. Le règne de Posthume fut de sept ans , pendant lesquels il remporta yilu- sieurs victoires sur les Barbares. L'an 2(17, au printcms, après avoir vaincu le tyran Lélien près de Mayence , il fut massacré par ses soldats , pour n avoir pas voulu livrer à leur avidité le pillage de cette ville. Quoique Posthume n'ai joui de la jiûurpre que pendant sept ans , toutefois les dernières médailles île ce prince marquent jusqu'à sa x^ puissance tribunitienne. Mais c'est qu'alors, dit M. Hoze , il commença à les compter, non du jour qu il avait été élu empereur, mais de celui où kl avait eu le commandement des Gaules. Posthume avait un iils , C. Jun. Cass. Posthumus, qu'il s'associa, et qui périt avec lui. 262. Serv. Anicius Balista , général de Macrien et de son iils Quietus , se fit proclamer empereur en Svrle , quelque îcïiîs. l f[u'avec (le la limaille d'or. Pour fournir à ses profcisions , il attarpia , sous divers prétextes, les plus riches sénateurs , dont il se fit adjuger les biens par droit de confiscation , après le<» avoir fait proscrire ou exécuter à mort. Dans l'état déplorable où l'empire se trouva sous ce règne, les barbares qui l'environ- naient ne manquèrent pas d'y pénétrer. Il s'éleva même dans s<>a sein environ vingt ( et non pas trente) tyrans, qui prirent tous le titre d'empereur à la tête des armées qu'ils commandaient. Nous les faisons connaître ci-dessous. Mais nous ne metton'î oint de ce nombre Odenat, prince de Palmyrc , que Gdl- ien fit lui-même auguste et empereur d'Orient en 264' Nous n'y comprenons pas non plus Caius Valéricn , frère de Gai- lien , qui le déclara pareillement auguste la même année, après l'avoir fait auparavant césar. Rien n'était plus nécessaire à l'état: que le premier des deux collègues que ce prince se donna. Tan- dis que Gallien se livrait à la débauche , Odenat soutint l'em- pire sur le penchant de sa ruine, 11 remporta plusieurs victoires sur les Perses, et leur préparait de nouveaux désastres lorsqu'il fut assassiné, l'an 2G7 , avec llérode, ou Hérodien , son iils aîné, à Héraclée, dans le Pont. Gallieu subit le même sort a^"ec après la mort de ce dernier. C'était un homme de tête , qui savait la guerre et n'était pas moins versé dans la politique. \'a- lérien l'avait fait préfet du prétoire et s'était servi utilement de tes avis. Après la captivité de ce prince, les soldats l'ayatit mis à leur tête, il avait passé par mer en Cilicie et sauvé Pom— peiopolis, près de tomber au pouvoir des Perses. De là s'étant avancé rapidement en Lycaonie , il avait taillé en pièces , dans une surprise, l'armée de Sapor, pillé ses trésors, enlevé ses femmes, après quoi il était retourné en Cilicie. On ignorr' ce qu'il fit étant ennpereur. Il régna deux ans , au bout desquels il fut mis à mort l'an 2G4 par ordre, à ce qu'on prétend, d"0- denat. 262. TiB. Cest. Alex, ^.miltanus, gouverneur d'Egypte , fat contraint de prendre la pourpre l'an 262 , pour appaiser une sédition. I/année suivante, Gallien envoya contre lui Théodore, qui le prit, comme il se disposait à porter ses armes dans les Indes, et l'envoya à Rome, ou il fut étranglé. zG?,. ScniPRON. Saturninus fut , malgré lui , proclamé em- pereur sur les confins de la Scythie l'an 268. Loin de remer- cier son armée de l'honneur qu'elle lui faisait, il déplora publiquement sa funeste destinée , en lui disant : « Yous aves 2l6 CHRONOLOGIE HISTORIQUE sa famille le 20 mars de l'année suivante , huitième de son règne, devant Milan, tandis qu'il assiégeait le tyran Aureolus, renfermé dans cette place. Sa femme , nommée JuLlA CoRN. SALOiSl>A , surnommée par quelques écrivains grecs Chrvsogona, lui donna deux fils, Salonin, prince delà Jeunesse, qui fut tué dans Cologne par ordre, à ce qu'on croit, de Posthume, à qui Gallien l'avait confié, et Jules Gallien , avec deux filles , Julia et Licinia Ga- liena , qui furent enveloppées dans le malheur de leur père. A ce mariage Gallien joignit, vers l'an 200 , un conciibinage avec Pipa , ou Pipara , fille d'un roi des Marcomans. ( Tillemonr. ) Ce fut Gallien qui établit la distinction entre Tepee et la magistrature. Jusqu'à son règne, on s'était fait un devoir de réunir le mérite militaire et l'habileté dans les affaires civiles. Mais ce prince voyant s'élever de toutes parts des usurpateurs du titre impérial , interdit la milice aux sénateurs , dans la crainte que ce rang, joint au commandement des armées, ne favorisât l'ambition dans ses entreprises. CLAUDE II , DIT LE GOTHIQUE. 268. M. AUR. Claudius, né dans TlUyrie, le 10 mai ai4 ou 2i5, gênerai de l'armée d'iilyrie, dune famille obscure, fut » perdu un commandant utile, et vous avez fait un bien mal- » heureux empereur. » Ce qu'il prévoyait arriva. Il fut tué l'année suivante , ou l'an 267,81 les médailles qui lui donnent 4 ans de règne, sont véritables. 264. C. Ann. Trebellianus , fameux pirate , proclamé em- pereur en Isaurie, au commencement de l'an 264 , fut tué, l'an- née suivante, dans une bataille contre ( ausisolée , frère de Theo- dote , vainqueur d'Emilien. 264. M. Aurel. Piauvonius VicTORiNUS , choisit pour col- lègue par Posthume en 264, hii succéda Tan 267. Le dérègle- ment de ses mœurs ternit ses qualités brillantes. Des maris jaloux , dont il avait séduit pu violé les femmes , vengèrent l'outrage fait à leur honneur en l'assassinant , dans les premiers mois de l'année suivante à Cologne. Avant d'expirer, il désigna pour son successeur , C. Plauvonius Viclorinus ^ son fils, qui eut, peu de tems après , le même sort que lui. Une pierre , - découverte près de Cologne , porte dans l'inscription : hic sùi sunt Jjrfvrini duo. Après la mort du père , Aurélia Vicfurina ( ou Victoria ) , mère de Victorin le Vieux , prit le titre d'au- guste. Elle fut en Occident ce que Zénubie était en Oiienl. UES EMPEREURS ROMAINS. 3.1 J pr<5clamé empereur après la mort de Gallien , et reconnu avec joie par le sénat , le s+niars 268. Il porta sur le trône le inodèle de toutes les vertus, dont l'âme d'un païen est susceptible- Avant cjue d'y parvenir , il avait commandé les armées avec gloire. En continuant de marcher à leur tète, il triompha de quelques tyrans , et défit entièrement, l'an 269, près de JXaïsse ^ les Goths, qui étaient venus, au nombre de trois cent vingt •mille, piller la Thrace , l'Asie et la Grèce ; ce qui lui mérita le surnom de Gothique. Il mourut de la peste à Sirmich , vers le mois de mai 270, dans la troisième année de son règne. Les ilomains , après sa mort, pour consacrer sa mémoire, lui éri- gèrent dans le Capitole une statue d'or ( c'est-à-dire dorée ) , haute de dix pieds. Depuis Claude jusqu'à Dioclétien , qui rétablit la monnaie d'argent pur, il n'y a plus d'argent du tout dans les médailles , ou s'il s'en trouve, elles sont si rares que l'exception confirme la S'étant mise à la tête d'un certain nombre de légions , elle leur inspira tant de confiance , qu'elles l'appelaient la mère des ar- mées. Elle les conduisait elle-mexTie, avec cette fierté tran- qudle qui annonce autant de courage que d intelligence. Son autorité n'expira qu'avec sa vie vers le milieu de l'an 268. 265. T. Corn. Celsus, proclamé empereur à Carthage l'an aB5, fut tué six jours après par ses troupes. 266. Ulp. Corn. L>elianus (ou L. ySilLiANUs)sefit proclamer empereur à Mayence vers la fin de s.'^^'o. Il perdit la vie près de cette ville, au commencement de l'année suivante, dans une ba- taille contre Posthume. M. Muratori le confond avec Lollianus qui suit ; mais les médailles les distinguent. 267. Sp. Servil. Lollianus, reconnu empereur dans une partie des Gaules , après la mort de Posthume , contre lequel il avait soulevé l'armée, fut défait par les Victorins, et massacré, la même année , par les soldats. 267. Septimia Zénobia , femme d'Odenat , qu'elle accom- pagna toujours dans ses expéditions militaires, prit le titre de reine d'Orient après la mort de son époux, et donna la pourpre à ses trois fils , Hérennien , Timolaiis et Valbalathe. Cette prin- cesse , issue des Ptolémees d'Egypte, réunissait en sa personne le savoir et l'héroïsme. Elle résista aux forces que Gallien et Claude , son successeur , envoyèrent contre elle, et étendit ses conquêtes en Egypte et jusque dans la Galatie. Mais elle trouva IV. u^ SI s CHRONOtOGlE HISTOniQUË règle. On a frappé pour lors sur le cuivre seul , mais après Va-^ voir couvert d'une feuille d'étain. C'est ce qui donne cet œil si Liane aux médailles que nous appelons saucées. Les espèces d'or ont toujours été néanmoins battues sur le fin , parce que les tri- buts ne se payaient qu'en or. ( La Bastie. ) QUINTILLE. 270. M. AuR. Claud. Quintillus, prit , après la mort de Claude , son frère, le titre d'empereur, qui lui fut déféré pai' le sénat et les soldats en Italie. Mais en même tems Aurelien fut proclamé par l'armée qui se trouvait à Sirmich. Quintille, desespérant de pouvoir se soutenir en concurrence avec ce ri- val , se donna la mort , après dix-sept ou vingt jours de règne. AURELIEN. 270. L. Valerius Dûmitius Aurelianus , né, à ce qu'on croit , dans la Dace , Tan 212 , d'une famille abjecte , surnommé un vainqueur dans la personne d' Aurelien. L'an 272, ce prince après deux batailles gagnées sur elle, l'une à Daphné, près d'An- tioche , l'autre sous les murs d'Emèse , vint l'assiéger dans Pal- jnyre. Elle s'y défendit en nouvelle Sémlramis. Mais après avoir épuisé toutes les ressources du génie et de la valeur, elle fut prise. Tannée suivante, en se retirant vers l'Orient, et conduite à Rome , où elle servit avec Tetricus à orner le triomphe d'Aurélicn. Zénobie passa le reste de ses jours à 11— voli. On ignore le sort de ses fds, à l'exception de Valbalathe, nue l'empereur combla de faveurs. Les filles de Zénobie épou- sèrent d'illustres personnages. 26". Man. Acilius Aureolus , général de l'armée d'Illyrie, avec laquelle il avait défait , en 262 , le tyran Macrien , ayant été envové , l'an 267, par Gallien à Milan pour défendre le passage des Alpes contre le tyran Posthume , prit la pourpre en cette ville , où Gallien vint , l'année suivante , l'assiéger. Ce prince ayant été tué durant cette ex-pédltion, Aureolus essaya de proposera Claude, son successeur, un traité d'alliance et cle partage , « Dites lui , répliqua Tintrépide empereur, que de >. pareilles offres pouvaient être faites à Gallien; Gallien les » aurait peut-être écoutées patiemment , il aurait pu accepter j. un collègue aussi méprisable que lui ». Ce dur refus ayant intimidé les assiégés, Aureolus tenta le sort d'une bataille, qui ïut livrée dans le mois d'avril 268, près de l'Adda, entre Milan DES EMP&REURS ROMAINS. 21 «^ TëPEE a la IttAl^ , manu ad jerruni^ à cause de son inclination pour les armes et Je sa valeur , général des armées dJllyrie et de Tlirace , fut proclamé empereur dans le mois de mai 270 , à Slrmich , en même tems que Quintille le fut en Italie. Il régna cinq ans commencés, et fut assassiné en Thrace, entre Hera— clée et Bysance, au mois de janvier :27 5, par la trahison de Mneslhée , son secrétaire, qui avait soulevé ses généraux contre lui sur un faux mémoire. Ce prince, le plus grand capitaine de son siècle y rétablit l'empire dans ses limites , et le rendit for- midable à ses ennemis, li rechassa les Goths , après plusieurs victoires remportées sur eux , au-delà du Danube. Il repoussa les Allemands qui , vainqueurs dans une première bataille don- née près de Plaisance , avalent pénétré jusqu'en Ombrie , et les obligea de retourner en Germanie. Mais ses plus brillants exploits furent contre Zénobie , veuve d'Odenat et reine de Palmyre y qui, après lui avoir donné beaucoup d'exercice, fut prise l'aa 273 , et emmenée captive à Rome. Le vainqueur fit mourir les partisans les plus distingués de cette princesse , et n'épargna pas même le philosophe Longin , son secrétaire , que son savoir et sa vertu firent extrêmement regretter. Son dessein était néan~ moins de conserver Palmyre. Mais ayant appris, la même an- née en Thrace, qu'elle s'était révoltée, il y revint en diligence y passa tous les habitants au fd de l'épée, et détruisit de fond en comble cette superbe ville, dont il reste encore des monuments et Bergame. Il la perdit avec la vie, suivanteTrehellius Pollion.. Zozime dit au contraire qu'il se rendit au vainqueur qui vou- lait lui épargner la vie ; mais que les soldats, s'en étant saisis^ le' mirent à mort. Quoiqu'il en soit , le lieu où se donna. îa bataille fut nommé ¥ons Aureoli , aujourd'hui Pontirole. 267. Meonius, cousin et meurtrier d'Odenat^ se fit proclam.eo empereur, après la mort de ce prince en Syrie. Ses soldats , au bout de quelques jours, le mirent à mort. 268. M. AuREL. Marius,. armurier, fut proclamé empereur dans une partie des Gaules, par les soiiis de Yictoj'lne. Mais, sept jours après son élection , il fut assassiné , dans les premiers mois de Tan 2,68 , par un soldat qui avait travaille dans sa bou- tique et avec une epée faite par Marius même. Ce tyran s'était distingué par rinlrépidlté de sou courage, par une force de corps extraordinaire et par l'honnêteté de ses mœurs grossières. 268. P. PiVESUVius Tetricus , sénateur et gouverneur d^A- quîtaine, fut proclamé empereur dans la ville de Bordeaux, après 220 CHRONOLOGIE HISTORIQUE qui font Tadmiration des connaisseurs. Aurélien était nalureïfe- ment porté à la cruauté Ce funeste penchant se manifestaii jusques dans l'exactitude avec laquelle il faisait observer la dis- cipline militaire ; ce qui lui attira , de la part des soldats, cette raillerie piquante : // a plus versé de sang que personne n'a bu de <>m. Sur la fin de sa vie, il persécuta les Chrétiens, qu'il avait jusqu'alors traités favorablement. Dodwell prétend qu'il se con- tenta de les menact r sans en venir aux effets ; mais Eusèbe ( Hi'st, EccL , L. VII , c. 3o ) dit formellement le contraire , qui d'ail- leurs est prouvé par les actes des martyrs qu'il fit. Il aimait la modestie dans les habits, et ne voulut point permettre à sa femme et à sa fille de porter des robes de soie, disant qu'une étolfe est trop chère lorsqu'elle se vend au poids de 1 or : Absît -ut aura fila peiLS ntur. Cependant il est le premier empereur , suivant Jornandès , qui ceignit le diadème en public. ( Voyez. du Cange sur Joinville , dissert. XXIV, page 290. ) Le nom 3a mort de Marins , à la recommandation de Victorine , qui voulait l'associer à son fils Victorin. Ce ivran se maintint avec gloire l'espace de six ans commencés. Mais las des fréquentes mutineries de ses troupes, il se détermina, l'an 27.^, à se rendre à l'empereur Aurélien. La manière dont il s'y prit ne lui fait pas honneur, Aurélien l'ayant atteint dans les plaines de Chalons, les deux armées en vinrent aux mains. Tandis qu'elles se bat- tent avec tout l'acharnement imaginable, Teiricus, avec son fils, passe du côté de l'ennemi, laissant ses troupes répandre en vain leur sang pour un chef qui les a lâchement îbandonnées- EUes furent presque entièrement taillées en pièces. Aurélien donna à Tetricus un gouvernement en Italie où il mourut, entre septembre 276 et mars 276. Son fils, C. PlA^ESUVlUS , qu'il avait fait césar, fut, par Aurélien, après l'avoir gagné, comblé de biens et d'honneurs. 273. Marcus FiRMïUS , natif de Séleucîe, en Syrie, trans- porté dès sa jeunesse en Egypte , où le commerce le rendit fort opulent, osa s'y faire proclamer empereur, vers le milieu de l'an 273 , après la chute de Zénobie , dont il était ami. C'était un homme d'une taille de géant et d'une force surpi^nante ; ou l'appelait le ( yclope. S'étant rendu maître d'Alexandrie et du reste de l'Egypte , il défendit de transporter à Rome le blé qu'on avait coutume d'y envoyer. Aurélien , dès qu'il eut ap- Î)ris sa révolte à Carrhes, en Mésopotamie, marcha contre lui, et 'ayant pris dans une bataille, il lui fit expier son crime la mômç an née j dans des supplices affreux. DES E5IPEREURS ROMAINS. 221 ôe sa femme était Ulpi\ Severinà; celui de la fille qu'il eut d'elle est inconnu, Rome fut redevable à ce prince d'une nou- velle enceinte , beaucoup plus étendue que la première , et de nouvelles fortifications qui la mirent à Tabri des insultes de» barbares. On évalua son circuit à quarante mUle pas ou environ. TACITE. ayS. M. Claudius Tacitus, bomme consulaire, et l'un des plus illustres sénateurs , fut élu empereur, par le sénat , le 20 septembre 276, après un interrègne de sept à huit mois, pendant lesquels cette compagnie et Tarmée s'étaient renvoyé Î plusieurs fois réciproquement 1 honneur de donner un chef à 'empire. Tacite fut tué par les soldats à 1 yane , en Cappa - doce, dans le mois d'avril 276 , n'ayant régné que six mois, il était âgé pour lors d'environ soixante-seize ans. Sa mort fui: pleurée de tous les gens de bien. Pendant le court espace de son règne , il fit briller toutes les vertus qui avaient illustré ceux de Tite , de Trajan , d'Antonin et de Marc Aurèle. Renon- çant à tout amusement, il se donna tout entier à l'administra- tion de la justice , à la police et a la défense de l'état. Son dé- sintéressement fut tel, qu'il distribua au peuple la plus grande partie de son patrimoine, qui montait à près de huit millions cle revenu. Sa déférence pour le sénat fut si grande , qu'il ne réglait rien que sur ses conseils; sa manière de vivre si simple , qu'il ne fut jamais vêtu que comme un particulier, et qu'il ne permit à l'impératrice, sa femme , dont on ignore le nom , de porter ni or ni pierreries sur ses habits. Il avait culiivé soigneu- sement les lettres avant de monter sur le trône , et s'était nourri sur-tout l'esprit des grandes maximes de politique, que l histo- rien Tacite, dont il faisait gloire de descendre, a répandues dans ses écrits. Devenu empereur, il honora sa mémoire en faisant placer sa statue dans les bibliothèques publiques , et en ordonnant qu'on ferait tous les ans dix nouvelles copies de ses livres aux dépens du fisc, de peur qu'ils ne périssent par la né- gligence des lecteurs. Cette précaution n'a pu néanmoins en garantir une partie de l'injure du tems. Ce grand prince revenait de repousser les Scythes , qui avaient fait une irruption sur les terres de l'empire , lorsqu'il fut mis à mort. FLORIEN. 276. M. Annius Florianus prit le titre d'empereur, en Cilicie, après la mort de Tacite, son frère utérin, sans attendre ni l'autorité du sénat, ni l'élection des soldats. L'armée d'O- rient lui opposa Probus , qui, l'ayant battu deux fois, le rcdu;- 2.2.-J. CHRONOLOGIE HISTORIQUE sit à s'ouvrir les veines de désespoir, vers la mi-juillet, troi» mois après la mort de Tacite. PROBUS. 276. M. AuR. Val. Probus , né, le 19 août 282, d'une famille obscure, à Sirmich , fut élevé, malgré lui, à l'empire , par les troupes de l'Orient , après la mort de Tacite , dès le mois d'avril 1176. Cette élection fut coufn-mée, par le sénat, vers le i3 août suivant Le cours du règne de Proljus fut un en- chaînement de victoires qu'il remporta sur les Lyges, les Francs, les Bourguignons et les Vandales en Occident; sur les Blem- myes , les Isaures et les Perses en Orient. Pour contenir les bar- Lares du ISord, il fit construire en Germanie une haute muraille, fortifiée de tours à des distances convenables. Elle commentait dans le voisinage de iSeudstadt et de Ralisbonne, s'étendait jus- qu'à Wimpfm sur le INecker, et se terminait aux bords du Khin , après un circuit d'environ deux cents milles. Mais ce mur fut renversé par les Allemands , quelques années après la mort de Probus , et ses ruines éparses excitent encore aujourd'hui l'admiration des paysans de Suabe. Ce n'est pas le seul travail public auquel Probus employa les troupes pendant la paix. Do- mitien avait défendu de planter de nouvelles vignes, et ordonné d'arracher la moitié des anciennes. Probus fit refleurir , par les mains de ses soldats, cette branche de l'agriculture, sur-tout dans la Pannonie et dans les Gaules. Mais une occupation qui ne plut pas également aux légions , ce fut le dessèchement qu'il Tyrans qui s'élei>èrent sous le règne de Probus. i". JuL. SATUR^'I^■us , qu'Aurélien avait fait général des. frontières de l'Orient. Etant venu, l'an 2S0 , en Egypte, les ^ ., qi „_-, ^ ^__ grâce et lui proooser un parti avantageux. Mais les officiers de Saturnin , craignant pour eux la vengeance de Probus , empê- chèrent leur chef d'accepter ces offres. Probus fit donc marcher contre lui des troupes qui l'assiégèrent dans Apamée, où il fut pns et mis à mort peu de mois après son usurpation. 2°. TiT. .AEl. Proculus , natif d'Albenga, sur la cote de Gênes , officier distingué par ses services, mais non moins dif- lamé par ses débauches. Ce fui' dans une partie de divertissemcnL DES EMPEREURS ROMAINS. 22? leur fil faire d'un marais autour de Sirmich , sa patrie. S étant mutinées à cette occasion, elles attaquèrent Tempereur dans une tour qu'il avait fait construire pour veiller sur les travaux ; et l'ayant forcé dans cet asile, elles le percèrent de mille traits vers le mois d'août 2H2.. Le repentir suivit de près ce for- fait. Les rebelles déplorèrent leur funeste précipitation, et dres- sèrent, à la mémoire de Probus, un monument glorieux avec cette inscription : Prubus et oerè probus Juc silus est : olctor om- nium gentiuni barbaranim : vir.tor etiam tyrannorum.. Procla, sa femme , lui donna des enfants dont les noms ne sont point connus. L'empereur Julien dit que, pendant son règne, il releva et rebâtit soixante-dix villes. CARUS. 28:1. M. AuR. Cartjs, né, vers l'an sSo, à Narbonne, après avoir passé par tous les degrés des honneurs civils et militaires, fut élu par l'année de Pannonle pour succéder à Probus , vrai- semblablement au commencement d'août 282. L'année sui- vante , accompagné de son deuxième fds , il porta la guerre en Perse , où il remporta plusieurs victoires sur Yararane II, et poussa ses conquêtes jusqu'au Tigre. Mais il mourut la même année 280, vers le 20 décembre, n'ayant régné que seize ou dix sept mois. Le bruit courut qu'il avait été tué d'un coup de foudre , dans un orage qui s'éleva lors de sa mort. Mais il y a lieu de croire qu'il fut assassiné par Arrius Aper , préfet des gardes prétoriennes , dont la fdle avait épousé son second fils. qu'il fui proclamé par ses soldats , l'an 280 empereur à Cologne. Il voulut soutenir ce titre , et prit la poupre à l'instigation de A^iTURGiF, , sa femme. Poursuivi par Probus , il fut défait et pris la même année à Cologne , où il subit le dernier supplice. 3». Q. BONOSIUS , général des troupes de Rhétie. Sa négli- gence fut la cause en quelque sorte de son usurpation. Avant laissé brûler , par les Allemands, les vaisseaux qui gardaient le Rhin, il prit la pourpre, en 280, pour éviter le châtiment qu'il méritait. C'était un des plus grands buveurs de son tems. Il fit cause commune avec Proctdus, et conserva la pourpre plus long- tems que lui. Il soutint une guerre longue et difficile ; mais ayant été pris à la fm , il fut condamné au supplice de la corde. Probus, voyant son corps pendu au gibet, dit : Ce n'est pas un homme ^ c'est une cruche de cin qui est pendue. Ce prince fit grâce aux deux fils qu'il laissa , et traita honnêtement sa veuve HUMLA. 22+ CHRONOLOGIE BISTORIQUE Les Romains, pour témoigner leur regret de sa perte, le miren? au rang des dieux. Magnia Urbica , sa femme, lui donna deux fils , Cariu et Numérien , qui succédèrent à leur père. CÂRIN. 284. M. AuR. Carinus, fils aîné de Carus, né l'an 249, fait césar au mois d'août 282, succéda vers le commencement de l'an 2(S4 à son père. La mcnvC année , après avoir accordé la paix aux Perses, il marcha contre le tyran Julien , qui périt dans une bataille qu'ils se livrèrent près de Vérone. L'année suivante ( 285 ) il perdit la vie à la suite d'une victoire qu'il avait rem- Tyrans qui s'élevèrent dans l'empire , depuis l'an 284 jusqu'en '612. 284. M. AuR. JuLiANUS prit la pourpre en Vénétie , après la mort de Numérien , et périt la même année dans une bataille contre Carin. 285. Cn. Salv. Amatîdus et Pomponius 7\Elianus , s'étant mis à la tête des paysans révoltés dans les Gaules, usurpèrent la pourpre en 285, et donnèrent à leur faction le nom deBagaudes. Herculeus , après plusieurs combats livrés à ces rebelles , les força dans un château, près de Paris, et les dissipa. Les Ba- gaudes se rallièrent dans la suite , et ce parti subsista long tems dans les Gaules qu'il désola. 287. Carausius , né à Saint-David, en Angleterre, et prince du sang royal de Bretagne , suivant le docteur Stukeli (Hisf. Carausii , p, 62.), mais plus vraisemblablement ménapien de la plus basse naissance, comme Lulrope, Auiel. Victor, et le rhéteur Eumènes , le font entendre ; de pilote devenu soldat, puis amiial dnne flotte établie au port de Gessoriaatm , ou Boulogne , pour arrêter les courses des pirates bancs sur les côtes de la Belgique, étant passe, l'an sby , dans la Grande- Bretagne , s'y fit proclamer empereur par les troupes romaines qui gardaient cette île. Dioclétien et son collègue , après avoir fait d'inutiles efforts pour le réduire , prirent le parti de lui céder la souveraineté de cette île, et admirent, quoique avec répugnance, un sujet rebelle aux honneurs de la pourpre. Mais la paix qu'on lui accorda ne fut pas durable. Le césar Constance Chlore ayant entrepris, l'an 21 j2, le siège de Bou- logne , Carausius envoya au secours de la place ses vaisseaux , qui tombèrent, ainsi que Boulogne , au pouvoir des assiégeants. Constaace , encouragé par ce succès , ht de grands préparatifs DES EMPEREURS ROMAINS. 225 portée sur Dloclétien, à Murges, sur le Danube, entre Viminiac et le Mont-d'Or , en Mésie , non loin des rives du Danube. Ce fut un tribun, dont il avait violé la femme, qui l'assassina. Avant que de monter sur le trône , il avait montré quelques bonnes qualités : elles s'éclipsèrent lorsqu'il s'y fut assis. Vain, débauché, fastueux, cruel, il joignit les folies d'Ëlagabale à la férocité de Domitien.ll eut jusqu'à neuf femmes, qu'il répu- dia successivement. NUMÉRIEN. 2.8^. M. AuR. NuMERiANUS , second fds de Carus , déclaré césar au mois d'août 282, fut proclamé empereur avec Carin , pour recouvrer la Grande-Bretagne. Mais avant qu'ils fussent achevés, Carausius fut tué , l'an 2.^)^ ^ par Allée lus , son mi- nistre. Il reste de ce tyran un grand nombre de médailles qui exercent beaucoup la sagacité des antiquaires. On en conserve une de sa femme , nommée Oriuna. 292. L. Elpidius Achilleus prit la pourpre en Egypte , où il régna cinq ans. Dioctétien , étant venu l'assiéger dans Alexandrie en 2ij6 , se rendit maître de la ville , l'année sui- vante , après huit mois de siège , la livra au pillage et condamna le tyran à être dévoré par les lions. L'Egypte presque entière fut abandonnée aux proscriptions et aux meurtres. 294. Allectus prit la pourpre , et se fit reconnaître empe- reur en Angleterre , après avoir assassiné Carausius. Constance et son lieutenant Asclépiodore ayant fait en méme-tems , par deux endroits différents , une double descente en Angleterre , Allectus marcha contre le second , et périt , l'an 297 , dans une bataille qu'il lui livra. 3o6. M. AuR. Maxentius, fds de l'empereur Herculeus , se fit reconnaître empereur à Rome le 28 octobre 3o6. Hercu- leus à cette nouvelle vient le joindre , et reprend la pourpre. Il se brouille ensuite avec son fils , et se retire auprès de Cons- tantin dans les Gaules. Maxence déclare la guerre à ce dernier, qui le défait en trois batailles. Il en livre une quatrième , près du pont Mllvius, à la suite de laquelle il se noie dans le Tibre en fuyant, le 28 octobre 3 12. Il avait eu de la fille de Galère Maximin , son épouse , un fils , Romulus , qui mourut en Sog. 3o8. ALEXA^'DRE prit la pourpre, l'an 3o8, en Afrique , dont il était gouverneur. L'an 3ii , il fut tué par les généraux. de Maxence IV. 29 aaG CHRONOLOGIE HISTORIQUE son frère , vers les premiers j-urs de l'an 284 , après la mort de leur père. La même année , avant le 17 septembre, il fut tué dans sa litière, comme il s'en revenait de Perse, par la perfidie d'Arrius Aper, son beau-père, n'ayant régné qu'environ huit ou neuf mois. îS'umérlen iut le contraste de s-on frère par ses grandes qualités de cœur et d'esprit. Sa femme , à ce qu'on croit, se nommait AlvjA. l'empire part.wé pour la première fois entre quatrs empereurs^ deux augustes et deux césars. DIOCLÉTIEN. 284. C. Val. Aurelius Diocletiaîjus, né d'une famille obscure, à Dioclée, en Dalmatie , vers l'an aSo, fiit élu empe- reur, près de Calcédoine , après la mort de Nuniérien , par l'armée qui revenait de Perse, et dans laquelle il servait, le 17 septembre 284. Aussitôt après sa proclamation , étant monté sur un tribunal de gazon pour haranguer ses soldats, il jura, l'épée nue à la main, qu'il n'avait aucune part au meurtre de Numérien , chargea de ce crime le seul Aper qui était présent , et dans le même moment l'etendit mort à ses pieds. Le grand nombre d'ennemis qu'il avait à combattre à-la-fois en Orient et en Occident , fut le motif qui l'engagea. Tan 2S6 , d'associer à l'empire Maximien Herculeus, qui avait été son compagnon d'armes. Trouvant encore le poids du gouvernement trop lourd, il fit césars, l'an 292, avec la puissance tribunillenne, (.ous- tance Chlore et Galère Maximien. L'empli e fut alors partage , ce qui n'était point encore arrivé ; car, quoiqu'il y eut eu déjà quelquefois deux emjtereurs, ils avaient toujours possédé cha- cun l'empire entier sans partage. Diocletien retint pour lui tout ce qui est au-delà de la mer Lgée, et donna la Thrace et l'illy- rle à Galère ; l'Italie et l'Afrique , avec les îles qui sont entre deux, à Herculeus; les Gaules, l'Espagne, l'Angleterre, etc., à Constance: « tetrarchie orageuse, dit M. de Sigrais, qui exl- >i gealt , pour ne passe détruire elle-même, l'union la plus i) parfiiite , une concorde plus que fraternelle entre quatre » princes nés dans quatre contrées diverses , et dont l'âge , la M naissance, les mœars, le caractère, différaient encore beau- j» coup. Le prodige, qu'on ne pouvait guère espérer, arriva « cependant , dura, par la supériorité du génie conrilialeur de i> Diocletien , près de douze ans ; et d'un système très-vicieux i> de sa nature, résultèrent deux grands biens pour l'empire : M l'un que la milice commença à respecter davantage la vie de n ses empereurs ainsi multipliés; l'autre, que les provinces de * chaque partage, surchargcej , à la vérité, du poids d'une cour DES EMPEREURS ROMAINS. :i2J » dispendieuse, mais velHees Je plus près, secourues plus j> promptement , furent défendues avec plus d intérêt et de vi- » gueur par des souverains, (pi'ellcs ne lavaient été auparavant j» par des généraux indifférents à la gloire de leur prince, et sou- » vent rebelles. » L'an 296, Dioclétien passe en Egypte pour faire la guerre au tyran Achillée , assiège Alexandrie dont il se rend maître au bout de huit mois, fait Achillée prisonnier, et dompte les Thebains, qui avalent eu le plus de part à sa révolte. Pour les contenir dans la soumission, il leur enlève toute leur jeunesse, dont il forme trois légions, qui furent nommées, /* Joviii feliv Thebœorum , 11'^ Maxîmiana TheboEorum , et ///* Diucletiana Thebœurum. {]X\\â^i.) V&n 3o3 , Dlocleticn , à la sollicitation de Galère, commence à iSicomedie, par un édit publié le 2.0 février, la neuvième ou dixième persécution contre les Chrétiens , qu'il avait favorisés jusqu'alors et préférés à tous autres pour les emplois de confiance. Elle fit tant de martyrs, que les ennemis du Ciiristianisme se vantaient de lui avoir porté le coup mortel. On voit encore une médaille de Dioctétien avec cette inscription : NoMiNE Christianohum deleto. Depuis son élévation , ce prince n'avait pas encore vu Rome. Il s'y ren- dit avec Herculeus, la même année ?io3, vers la fin de l'au- tomne , pour T célébrer, le 17 novembre, un triomphe qui est le dernier que jamais ail vu Rome. L'Afrique et la Bretagne , le lihin et le Danube fournissaient de superbes trophées pour cette fête. On portait devant le char impérial les représentations des rivières, des montagnes et des provinces. Les images des femmes^ des sœuis et des enfants {\u grand Rui^f\\n avaient été pris et ren- dus ensuite à la paix, formaietit un spectacle nouveau, et flat- taient la vanité du peuple. ( Voy- Narsès , roi de Perse. ) Dlo- clétlen , piqué des railleries des Homains, les quitte le iq ou le 20 du mois suivant, et s'achemine vers Ravenne malgré la ri- gueur de la saison. Il contracta, sur la route , une maladie lente qui ne le quitta jwint; et depuis ce tems, on vit son esprit s'af- faiblir avec son corps; ce qui fut regardé comme une punition des cruautés qu il exerçait, ou qui s'exerçaient en son nom con- tre les Chrétiens. (Tillemont.) Pressé par Galère, qui l'était venu trouvera jNicomédie, l'an 3o5, il abdiqua l'empire le I ". mai , et se retira à Salone , où il vécut encore huit ans, occupé à cultiver ses jardins, et disant à ses amis qu'il n'avait commencé à vi\re que du jour de sa renonciation. Mais avant que de terminer sa carrière, il eut la douleur de voir Constan- tin embrasser cette religion qu'il s'était flatté d'avoir détruite. D'autres chagrins vinrent encore l'assiéger dans sa retraite. Va- lérie, sa fille, veuve de Galère iMaximin, avait passé dans les- lerrcs de Maximin Daia , croyant qu'elle y serait plus eu sûrclé. 2^8 CttROKOLOGlE HISTORIQUE Celuî-ci n'ayant pu l'engagera l'épouser, l'envoya en exîlavec sa mère, eldemeura sourd aux instances que lui fit Dioclétiei'î pour ravoir sa femme et sa fille. Enfin , Dioclétien ayant appris que Constantin avait abattu ses images avec celles d'Herculeus, paîce qu'il avait paru favorable an parti Je Maxen-- ce , cette nouvelle le plongea dans un tel accablement qu'il ne put y survivre. Pleurant sans cesse, s'agitant en toutes ma- nières, et se refusant la nourriture, il mourut d'épuiseiTient , d'affliction et de désespoir au mois de mai 3i3 (et non le 3 dé- cembre précédent, comme le marque M. Fleuri), à l'âge de soixante-huit ans. Prisca, sa femme, à qui Licinius fit trancber la tête en 3i5, lui donna Galeria Valeria , dont on vient de parler. La mère et la fiîle étaient rbrétiennes , mais elles n'eu- rent pas la force de soutenir leur fol , lorsque Dioclétien leur commanda de sacrifier aux idoles. La fille, dans la suite, eut le même sort cpie sa mère, et périt avec elle, après avoir erré long-tems l'une et l'autre, en diverses contrées. Dioclétien, dont quelques modernes se plaisent à exaller la sagesse, donna dans un faste qui n'avait d'exemple que dans les mauvais princes qui l'avaient précédé. Il portait des robes tlssues d'or et de soie , et jusqu'à des souliers couverts de pierreries. Ce misérable mor- tel voulut qu'on le traitât d'éternel et qu'on se prosternât devant ses statues comme devant celles des dieux. Du reste , on ne peut nier qu'il ne fût un grand capitaine et un bablle politique. On vante, avec raison, 1 équité de la plupart des lois qu'il publia. Il embellit de superbes édifices plusieurs villes, surtout Rome, Milan , Carthage et Nicomédle. HERCULEUS. aSG. M. AuR. Valer. Maximianus Herculeus, né près de Sirmlrh, d'une famille obscure, le 21 juillet de l'an aSo, créé césar le 2.0 novembre 28,5, fut associe à l'empire par Dioclé- tien, le 1*^^ avril 286, suivant Idace, dont le sentiment est le mieux appuyé. Ce cboix ne fit pas bonneur au discernement de Dioclétien. A des manières rustiques, qu'il tenait de sa naissance et dont il ne se dépouilla jamais, Herculeus joignait un carac- tère féroce , un naturel sanguinaire et un penchant invincible pour les plus énormes dérèglements. N'ayant d'ailleurs aucune étude, il n'était recommandable que par sa valeur. Peu de tems après son association à l'empire, il fut envoyé par Dioclétien dans les Gaules pour réduire les Bagandes, laction de paysans que les injustices et les vexations des officiers préposés aux im- pôts avaient soulevés. Après les avoir forcés dans le prin- cipal de leurs postes, situé dans le lieu dit aujourd'hui Saint- Maur, près de Paris, et qui s'appelait autrefois le. château dos Ï.ES EMPEREURS ROMAÎTSS. aag !Bagaudes, Il vint à bout, comme on Ta déjà dit ailleurs , de les dissiper, sans pouvoir néanmoins les détruire. Il fit la guerre ensuite avec le même succès à diverses nations barbares qui s é- taient jetées dans les Gaules, Hérules , Bourguignons, Alle- mands et Caïbons , peuples de Germanie. Ce lut dans le cours de ces expéditions. Tan 28G ou 287, qu'ayant reçu de Dioclétien , au pied des Alpes pennines, Tune des trois légions thébéennes, commandées par saint Maurice , il la fit massacrer toute entière par son armée le 22 septembre , après Tavoir décimée plusieurs fois, sur le refus qu'elle fit de sacrifier aux idoles. ( J^oy. la sa- vante Dissertation de I\I. Rivaz sur cet événement.) Herculeus passa , l'an 297, en Afrique, où il ramena sous le joug de l'o- béissance cinq villes de Lybie qui s'étaient révoltées. Mais l'an So5, il quitta la pourpre, malgré lui, à Milan le 1" mai, le même jour que Dioclétien la quittait à Nicomédie. Il la reprit l'année suivante à Uome , où son fils Maxence s'était fait reconnaître auguste. Il la quitta une deuxième fois en 3o8, pour mieux tromper son gendre Constantin, et la reprit aussitôt à Arles; Mais Constantin s'étant saisi de lui dans Marseille , l'en dé- pouilla , et lui fit grâce de la vie. Convaincu ensuite d'avoir attenté à celle de Constantin , on ne lui laissa que le cboix du genre de mort. Il choisit la corde, et s'étrangla lui-même à Marseille, dans le mois d'avril au plus tard de l'an 3 10. il avait eu de Galeria Eutropia , sa femme, outre Maxence, une fille nommée Fausta , mariée à Constantin. CONSTANCE CHLORE. 292. Flavius A'alerius Constantius, surnommé Chlorus dans les bas tenis, à cause de la pâleur de son visage, fils d'Eutrope et de Claudia, nièce , par Crispe , son père, de l'empereur Claude 11 , ne le 3i mars aSo , à Sirmicb, fait césar le i^^mars 292, succéda, le i" mai .3o5 , avec Galère, à Dioclétien et à Herculeus , qui leur cédèrent l'empire ce jour-là. Constance mourut à Yorck le 25 juillet 3o6 , n'ayant pas régné quinze mois depuis qu'il fut fait auguste. « La modération , la dou- w ceur et la tempérance, caractérisaient principalement cet ai- » mable souverain , et ses heureux sujets avaient souvent occa- » sion d'opposer les vertus de leur maître aux passions violentes » de Maxiniien. et môme à la conduite artificieuse de Dioclétien. » Au lieu d'imiter le faste et la magnificence asiatique , Cons- >» tance conserva la moJeslle d'un prince romain. Il disait avec n sincéiilé que son plus grand trésor était dans le cœur de ses » peuples, et qu'il pouvait compter sur leur libéralité et leur >' reconnaissance toutes les fois que la dignité du trône et que le 2.ho tnROKOLOGIH HISTORIQUE » (langer de l'état exigeaient quelque secours extraordinaire. » ( Gibbon. ) Tandis que ses collègues persécutaient avec fureur les Chrétiens , Constance les favorisa , les employa à son ser- vice, et chassa de sa cour ceux qui avaient sacrifié aux idoles pour conserver leurs emplois. Euscbe assure même (deViià Constantiiii , c. 27), qnil n'adorait qu'un seul liieu. HflÈNE, sa première femme, d'une condition basse {ex ubsr.uriori loco y »lit Zozime ) , lui donna Constantin. L'an 1^92, il fut obligé de la répudier pour épouser ïllEODonA, fille d'Eutropia, femme d'Herculeus, dont il eut Dalmatius, père de Dalmatius césar et du jeune Hannibalien , Jules Constance, père de Gallus (Lésar et de Julien, empereur, et de Conslantin Hannibalien, avec trois fille, Constantia, femme de Licinius, Anastasie , mariée à Bassien César, et Entropie, mère du tyran Népotien. (^luel- ques anciens ont avancé qu'Hélène n'avait été que la concu- bine de Constance. Mais le plus grand nombre assure qu'elle était véritablement sa femme, eJ la répudiation d'Hélène atteste la vérité de leur assertion. Le désintéressement de Constance Chlore lui mérita aussi le surnom de Puuore : titre honorable pour un empereur; et il avait en effet si peu d'argenterie et de meubles précieux, que, lorsqu'il donnait quelc|ue fête , il était obligé d'en emprunter. GALERE. 292. C. GaleRius Valer. Maximinus ou MaximiatsUS. fils d'un paysan du voisinage de Sardlque, surnommé le Pâtre, Ar- MEXTARius, de son premier état, et parvenu par degrés aux pre- mières charges de la milice , fut créé césar le i«f mai 292, par Bioclétien. Féroce par éducation , il engagea cet empereur à persécuter les Chrétiens l'an 3o.3 , le força d'abdiquer le i'^,'^ mai 3o5 , fut déclaré auguste le même jour, et fit nommer césars en même tems Sévère et Maximin Daia ou Daza , fils de sa sœur, à l'exclusion de Maxence , fils de Herculeus , et de Constantin, fils de Chlore, qui furent inutilement proposés par Dioclétien. En 3io, la vengeance divine se fit sentir à Galère ; il fut frappé d'une plaie incurable et d'une affreuse maladie, qui , après lui avoir fait souffrir pendant plus d'un an les plus Vives douleurs, l'emporta vers le i*^"^ mai de lan 3ii, au Lout d'un règne de dix - neuf ans, à compter du tems (ju'il fut fait césar. Galère avait été contraint, comme Antio- chus, de reconnaître la main de Dieu qui le frappait , et avait donné un édit le i*"^ mars 3ii , pour faire cesser la persécu- tion. Il avait épousé, l'an 292, Valeria, fille de Bioclétien , dont il ne laissa point d'enfants, iïais il eut un fils naturel DES EMPEREURS R0MAIX5. SOI nommé Candidlen , qui lui survécul, et à ijui Licinius fit tran- cher la tête l'an 3i.i dans Anlioclie; traitement qu'il fit subir aussi deux ans après, comme on l'a dit ci-dessus, a la belle-mère €t à la femme de Galère. SEVERE II. 3o5. Fl. Vaierius Sevekus, fut déclaré césar à Milan, le j^' mai, par Herculeus, qui lui remit, en soupirant, les orne- ments de sa dignité, avec la po session de l'Italie et de l'Afrique ; et l'année suivante, il reçut le titre d'auguste, mais avec su- bordination à Galère, (jui disposa toujours de la ville de Rome et des autres pays de la juridiction de Sévère. ( ïillemont. ) L'an oo-, au mois de février, étant venu, par ordre de Galère, attaquer Maxence, il se vit obligé, par la désertion de ses troupes, daller se renfermer dans Ravenne. Herculeus, qui avait repris la pourpre, l'y suivit bientôt , et l'assiégea. Sévère prit le parti, au mois d avril , de se rendre à ce piiiice, qui l'emmena, comme captif, à Home, d'où il fut envoyé au lieu dit les Trois- Tavernes. Là, selon les uns. il fut étranglé; et, selon les autres, il lui fut permis, par grâce, de se faire ouvrir les veines. Ce prince laissa un ills. nommé Sévérien , que Li- cinius fit mettre à mort six mois après lui. Sévère était capable d affaires ; mais le vin et les femmes étouffèrent ses talents , et le plongèrent dans l'oisiveté. MAXIMIN. .3o5. G. Val. Maximinus, nommé auparavant Daza , ou Daia, neveu de Galère Maximin par sa mère, créé césar par Dioclétien, le i" mai .Ho5 , se fit lui-même proclamer auguste en lllyrie, par son armée, vers le commencement de 3o8 ; ce qui engagea Galère à déclarer augustes et empereurs , les quatre princes; savoir, lui Galère, Licinius, Maximin et Constantin. Maximin persécuta les Chrétiens avec une fureur inouie ; il fit même la guerre aux peuples de la grande Arménie , parce qu'ils étaient Chrétiens; ce qui doit être remarqué comme le premier exemple d'une guerre pour la religion. I/an 3i.3, Maximin fut battu , le 3o avril , par Licinius. Poursuivi par le vainqueur, il essaya inutilement de s'ôter la vie par le poison; et, tout à coup, il se sentit frappé d'une plaie mortelle, qui le jeta dans une espèce de rage. Au lieu d'une nourriture propre à le sou- tenir, il prenait la terre à pleines mains et la dévorait. Son corps n'élait qu'un squelette; les yeux lui sortaient de la tête, soit à force de la fiapper dans son désespoir contre la muraille, soit 2C3a CHRONOLOGIE HISTORIQUE par la violence des douleurs. On Tentendait crier et répondre comme un criminel que le juge interrogeait : il se confessait coupable , priait Jésus-Christ, en pleurant , de lui faire misé- ricorde. Telle fut, à Tarse, la déplorable fm du plus cruel per- sécuteur de l'église. Il faut qu'il soit mort dans le mois d'août 3i3. Son fils, âgé de huit ans, et sa fille , furent massaci"és peu de tems après sa mort, par ordre de Licinius ; et sa femme , dont on ignore le nom, jetée toute vivante dans l'Oronte , où elle avait fait noyer un grand nombre de femmes chrétiennes. CONSTANTIN. 3o6. C. Flavius Valer. Aur. Claudius Constantinus , fds de Constance Chlore et d'Hélène, né à Naisse, en Dardanie, le 27 février 274? fut proclamé auguste à Yorck, par l'armée, le an juillet 3o6, aussitôt après la mort de son père et sur sa désignation. Mais Galère , qui avait tenté de le faire pcrir en Orient , avant qu'il eût rejoint Constance , ne consentit a lui accorder que le titre de césar. « Constantin, dit Gibbon , avait M la taille grande et l'air majestueux; adroit pour tous les « exercices du corps, intrépide dans la guerre, aifable dans la » paix, il s'accoutuma de bonne heure à déguiser ses passions. u J.a prudence tempérait le feu de sa jeunesse ; et dans le tems M que l'ambition agissait le plus fortement sur son âme, il se i> montrait froid et insensible à l'attrait du plaisir. » Le premier usage que Constantin fit de son autorité, fut, selon Lactance, de tirer le Christianisme de l'oppression. L'an 007, le 1^' mars, Herculeus , qui avait repris la pourpre , la donne à Constantin , avec Fausta , sa fille , en mariage. L'heureux moment appro- chait où la vraie religion allait s'asseoir sur le trône des Césars. L'an 3ii, ou 012, Constantin, étant dans les Gaules, et mar- chant à la tête de son armée , un peu après midi , aperçoit au- dessous du soleil une croix lumineuse, avec cette inscription : Soyez vainqueur par ce signe. La nuit suivante, Jésus- Christ lui apparut en songe avec le même signe, et lui ordonna d'en faire un semblable pour combattre ses ennemis. Le prince obéit, fit graver la croix qu'il avait vue, et la plaça sur un étendard qui fut appelle le Laharum : mot barbare, à ce qu'il paraît , dont il est difficile de déterminer l'origine. « C'était j) comme le bois d'une longue pique, couvert d'or, orné et i> traversé en haut par un autre bois qui formait une croix , des w bras de laquelle pendait un voile tissu d'or et orné de pier- j> reries. Au haut de la croix brillait une riche couronne d'or >> et de pierres précieuses, au milieu de laquelle étaient les i> deux premières lettres grecques du nom de Christ, entre- Ï>FS EMPEREURS HOMAITTS. =35 » lacées Tune dans l'autre. Au-dessus du voile étaient les images }» de l'empereur et des princes, ses enfants. Cinquante de ses j> gardes, des plus braves et des plus pieux, furent choisis ?» pour porter cet étendard. «(Dinouard. j Par-tout où il parut, les troupes furent victorieuses; jamais celui qui le por- tait ne fut ni tué ni blesé. Telle était la vertu de ce signe. Après cela, Constantin, résolu de n'adorer qu'un seul Dieu, se fait inbtruire de la religion chrétienne et l'embrasse. Les succès, promis à ses armes, se vérifient. L'an 3i2, avant passé les Alpes, il force la ville de Suze , défait les troupes de Maxence à Turin , à Bresse , à Vérone, et s'approche de Rome, d'où Maxence étant Sorti le 28 octobre, pour le repousser, engage une bataille qu'il perd, et se noie dans le Tibre en senfuyant ; prince abominable, dont Julien, dans son Banquet des Césars, ne parle qu'avec horreur et mépris, et que Zozime accuse de toutes sortes de cruautés et de débauches. Le lende- main , Constantin fait son entrée triomphante dans Home ^ où il est reçu comme un libérateur. Le sénat, qu'il rétablit dans; ses anciennes prérogatives, lui témoigne sa reconnaissance , en faisant élever, en son honneur, un arc de triomphe, qui sub- siste encore aujourd'hui. Lui-même, pour témoigner sa recon- naissance envers l'auteur de sa victoire, fit ériger, au milieu de la ville, une croix, formée de deux piques, qui fut mise entre les mains de sa statue, avec une inscription latine, por- tant que c'était par ce signe salutaire qu'il avait délivré Rome dit joug de la tyrannie , rendu la liberté au sénat et au peuple romain , €t rétabli la i^ille dans son ancienne splendeur. ( Euseb. Vit. Cons^ tant. ) Les prétoriens furent presque les seuls qui n'eurent pas lieu de participer à la joie publique. Ce corps, jusque là , si formidable , qui s'était arrogé le droit de conférer l'empire et de lôter, se vit tout-à-coup anéanti par un ordre du prince qui le cassa. Mais, nous ne le dissimulerons pas, la conduite de Constantin, à cet égard, n'a pas encore réuni tous les suffrages. Toujours embrasé de zèle pour la vraie religion, la même année, étant à Milan, il rend, de concert avec Licinius. devenu nou- vellement son beau-frère, un écht en faveur des Chrétiens. L'an 3i3 , par une autre ordonnance, il accorde des privilèges et des immunités aux églises et aux clercs. L'an 3i4, la guerre s'al- lume entre Constantin et Licinius. Bataille de Cibales, en Pan- nonle , où Licinius est défait le rt octobre. Constantin lui accorde la paix, sur la fin de la même année, après la bataille de Mardie, enThiace, qui fut neutre. La guerre recommence, entre ces deux princes, l'an 3^3. Licinius battu, le 3 juillet, à Andrinople , et le ib septembre, près de Calcédoine, obtient iV. 3o ê34 chronologie historique sa grâce du vainqTier en abdiquant. Constantin devient par-lS seul mai'tre de tout l'empire, sur la fin de septembre de la rnème année. L'an Saa, pour étouffer dans sa naissance l'hé- résie d'Arius , il assemble à ses frais, au mois de juin, dans son palais de Nicée, en Blthynie, le premier concile œcumé- nique, auquel il assista et prit séance , quoique simple catéchu- mène, et dont // reçut les décisions^ dit Éossuet , comme un oracle du ciel. Avant l'ouverture des séances, plusieurs évêques lui présentèrent des requêtes les uns contre les autres. L'empereur Ht de tous ces libelles un rouleau, qu'il brûla, quelques jours après, en présence des parties, assurant qu'il n'en avait lu aucun. Il faut ^ disait-il, se donner de garde de révéler les fautes des minisires du Seigneur^ de peur de scandaliser le peuple , et de lui prêter de quoi autoriser ses désordres. ( Voy. les Conc.) L'an 026, le césar Crispe, fds aîné de Constantin, accusé par Fausta, sa marâtre , d'avoir attenté à son honneur et formé le projet d'une révolte, est puni de mort, par ordre de ce prince, à Pôle, en Istrle , dans le mois de juillet. L'infortuné père , ayant depuis reconnu son innocence , le pleura amèrement , et ne trouva de consolation qu'en lui faisant ériger à Pôle vme statue d'argent avec une tête d'or, sur le front de laquelle étaient gravés ces lïiots :Jils injustement condamné. Peu de princes ont fait plus de changements dans l'empire que Constantin. Mais voici le plus hardi, le plus étonnant , et celui qui eut les plus grandes suites. L'an nsc) , par vm motif qui n'est pas bien connu , il transfère le siège de l'empire à Bysance , ville ruinée de ïhrace, située à rextrémité de l'Europe, sur le terrain de laquelle, et dans ime enceinte beaucoup plus étendue ( celle de Bysance ne ren- ferme aujourd'hui que le sérail du grand-seigneur), il éleva une autre ville, qu'il nomma de son nom Constantinople. La construction de cette nouvelle Rome (c'est encore le nom qu'oa lui donna ) fut conduite avec tant de célérité , que les fonde- ments en ayant été posés le :>B novembre de cette année , la dédicace s'en fit le 1 1 mai suivant. Constantin n'épargna rien pour la rendre semblable à l'ancienne Rome. Des bâtiments superbes, entre lesquels il faut compter plusieurs églises, des places publiques, des fontaines , vm cirque, deux palais, un capitole , le tout enrichi des plus belles statues , tirées des autres villes, furent les principaux ornements dont il la décora. Il y créa un sénat ; mais il en restreignit l'autorité aux fonctions de la judicature , sans lui accorder aucune influence dans les affaires de l'état. On voit, dit M. Le Beau, par les anciennes îiiédailles de Bysance , que le croissant fut toujours un symbole attaché à cette ville. Il faut l'avouer; Constantin, en fondant^ H^ E3ÏT»1(REURS ROMAINS; 235 sa nouvelle capitale, consulta moins l'inlcict de l'empire, c]i:e sa propre vanité. r< Lorsque le siège de l'empire, dit Montes- 3) quieu, fut établi en Orient, Rome ^ presqu'entière , y 3> passa; les grands y menèrent leurs esclaves, c'est- à- dire j> presque tout le peuple , et l'Italie fut privée de ses habitants.» Celte dépopulation d'un pays qui était auparavant le centre des forces de l'empire , facilita les irruptions des Barbares, et prépara la ruine totale de Tempire d'Occident. L'an 3.^7, Constantin, toujours occupé de l'embellissement de son ou- vrage , meurt , à Achyron , près de ISicoraédie , le 22 mai , dans de grands sentiments de religion,, après avoir reçu le baptême des mains du fameux Eusèbe , évêque de cette ville. 11 fut enterré à Constantinople dans la magnifique église qu'il avait fait bâtir à ce dessein , disant, au rapport d Eusèbe de Césarée dans sa Vie^ qu'il espérait avoir part , même après sa. mort, aux prières que les fidèles viendraient faire en ce lieu. Constantin avait vécu soixanle-trois ans , deux mois et vingt- cinq jours, et avait régné trente ans, neuf mois et vingt-sept jours. Eutrope a dit de lui que les premières années de son règne furent les plus belbs, et que les dernières n'y répondirent pas : Vir primo impenl tempore optimis prinripibus , u/tirno mediis cum pa r and us. Ce juoe ment est plus modéi'é que celui d'Aurelius "Victor, auteur païen, comme Eutrope, suivant lequel' Constan- tin fut un héros dans les dix premières années, un ravisseur dans les douze suivantes, et un dissipateur dans les dix der- nières. Il est aisé de s'apercevoir que de ces deux reproches, l'un porte sur les richesses qu'enleva Constantin à l'idolâtrie , et l'autre sur celles dont il combla l'église. M. l'abbé de Mabli fait de Constantin un portrait plus ressemblant, dont nous ne pouvons copier que les principaux traits. « Brave, dit- il , à la i> tête de ses armées, faible dans sa cour, savant capitaine , n empereur médiocre , habile à prévoir et à prévenir les des- j> seins de ses ennemis, crédule au milieu de ses ministres dont » il était le jouet , il rendit l'empire heureux au dehors et j> malheureux au dedans Attentif aux affaires de Tempire il et toujours occupé de grands projets, son génie allait s at- j> tiédir dans les plus petits détails. Généreux, libéral et po- D pulaire par principe de religion, il fut dur, avare et altiep » quand il était livré à son tempérament Constantin fit n disparaître les faibles restes de l'ancien génie romain , en » retirant ses légions des frontières pour les mettre en garnison j* dans les villes et dans le cœur des provinces. Le soldat y fut a> mauvais citoyen; et quand on voulait le faire repasser suc iu les frontières, il était efféminé. » Ce prince avait épousé^ £3G CHRONOLOGIE mSTORIQUE 1» MlNERViNE, qui le fit père de Crispe, dont on a parlé ci- dessus, créé césar le i" mars 3 17, et trois fois consul ; 2.°^ Tan 3o7, Fausta, fille d'Herculeus, dont il eut Constantin, Cons- tance et Constant, ses successeurs, avec deux filles, Constan- tine, femme d'Hannibalien , roi de Pont, puis de Conslantius Gallus ; et Hélène, femme de Julien. Fausta fut étouffée dans un bain , l'an 3^6 , par ordre de Constantin , pour venger la mort de Crispe, qu'elle avait , comme on l'a dit, occasionnée par ses calomnies. Constantin fit un grand nombres de constitutions que l'on fait monter jusqu'à deux cents, et dont plusieurs sont en fa- veur de la religion chrétienne. Parmi celles qui concernent le civil, on doit distinguer son édit , du i3 mai 3i5 , donné à Naisse, par lequel il ordonnait de prendre sur le trésor public , où sur son domaine, de quoi nourrir les enfants dont les pères ne seraient pas eii état de les entretenir. De son tems il parut aussi deux corps de lois , appelés des noms de leurs rédacteurs, l'un Code Grégorien^ l'autre Code Hermo^é/ii'en. Entre les réformes que ce prince fit dans l'état politique de l'empirej'unedes plus remarquables est celle delà charge de préfet «lu prétoire. Cet ofticier, de simple capitaine delà garde du prince, tel qu'il avait été institué par Auguste, était parvenu à un pou- voir absolu sur les troupes et avait acquis une égale juridiction dans le gouvernement civil. Les édlts du préfet avaient force de loi dans tout l'empire. Tous les tribunaux ressorlissalent à lui ; et il recevait les appellations qu'on interjetait de leurs juge- ments. Après l'abdication de Doclétlen, les deux augustes et les deux césars qui lui succédèrent, eurent , chacun dans leur por- tion de l'empire, un préfet du prétoire. Il n'y en avait plus que deux lorsque Constantin réunit Tempire entier dans sa main. Mais l'autorité dont ils jouissaient faisant ombi-age à la sienne , il les abolit , et en créa quatre autres sur un nouveau plan. Il désarma ceux-ci, auxquels il substitua deux maîtres de la milice pour les troupes, et en fit des officiers purement civils , de fi- nance et de judicature. La division de leurs départements fut à peu près celle qu'avaient faite entr'eux les quatre successeurs immédiats de Dioclétlens. Il y eut par conséquent un préfet pour l'Orient , un autre pour l'Illyrle , un 3« pour l'Italie , un 4^ pour les Gaules. Chaque préfecture se divisait en diocèses qui avaient chacun à leur tête un vicaire du préfet ; et les dio- cèses se subdivisaient en provinces dont les plus considérables étalent gouvernées par un consulaire , celles du 2.^ rang par ui» correcleur, et celles du 3« rang par un président. i)e plus. DES EMPEREURS ROMAIÎïS. O^-f cliaque province avait une principale ville qu'on noTnmait mé- tropole, à laquelle ressortissaient les autres villes. La préfecture (l'Orient comprenait cinq diocèses , l'Orient propre, l'Egypte, l'Asie, le Pont et la Thrace. Celle d'Jllyrie n'en renfermait que deux, la Macédoine, sous le nomde laquelle la Grèce était com- prise, et la Dace. Ces deux prélectiarcs formaient l'empire d'O- rient. Celui d'Occident était composé des deux autres. Dans la Fréfd'cture d'Italie étaient contenus trois diocèses, Tltalle propre lllyrie occidentale , et l'Afritpie. Les Gaules en avaient le même nombre, savoir la Gaule proprement dite , la Bretagne et l'Espagne , à laquelle était jointe la Mauritanie tingitane. En abolissant la charge de préfet du prétoire sur le pied qu'elle avait été instituée au commencement de l'empire , Constantin cassa, comme on l'a dit, les cohortes prétoriennes, et y substi- tua, pour la garde de la personne du prince, un nouveau corps de milice , dont les soldats qu'on' y enrôlait étaient appelles viUites prœsentes , milites in prœsenti ^ milites prœsintanci ^ milites prœsentiales. Cette milice, qui avait son chef particulier , s'ac- crut sous les règnes suivants, et devint semblable à peu près, pour le nombre et la destination , à celles des janissaires dans l'empire Turc. On sait que celle-ci , originairement établie pour garder la personne du sultan , s'est tellement iimltipliée , qu'il n'y en a plus qu'une partie (c'est la moindre), dont la fonction soit de rester toujours auprès du grand seigneur , et que l'autre, partagée en différentes troupes, est distribuée sur les frontières de l'empire ottoman. Jusqu'à Constantin les dignités avaient toujours été des char- ges; « et cela était raisonnable, dit M. de Condillac, parce que M les honneursdevraient toujours être joints aux services. «Mais ce prince donna le premier des titres sans fonctions. Tels furent les patrices, qu'il faut bien distinguer des patriciens, et aux- quels, en les créant, il assigna le rang au-dessus des préfets , sans leur accorder aucun pouvoir sur eux, ni sur tout autre offi- cier. Cette dignité oisive était ordinairement à vie. Il faut néan- moins dire à la décharge de Constantin , qu'elle fut sous lui, et devait toujoiu's être dans son intention, la récompense des services importants rendus à l'état. Il y avait avant lui des comtes, comités^ ainsi nommés parce qu'ils formaient le conseil du prince, et l'accompagnaient dans ses \oyages. Ils étaient de deux sortes; les comtes d 'S largesses impériales, comités sacrarumlargidunum^ et les comtes des affaires privées , comités prioatanim ( reriim. ) Mais Constantin en créa une 3<= espèce qui n'avait que le titre , à peu près comme ceux que la plupart des souverains de l'Europe font de nos jours. Le titre de noùilissime^ également vain, est encore de l'invcn- a38 CHRONOLOGIE HISTORIQUE tion de Constantin. Il en décora ses frères pour les consoler de rinutilité et de l'espèce d'exil où il les retenait. On regarde, avec raison , comme une fable ce que racontent quelques légendaires de la lèpre de Constantin qui , par le con- seil, disent-ils , des magiciens, s'était déterminé à faire égor- ger un certain nombre d'enfants, pour se faire un bain de leur sang, comme un remède infaillible contre ce mal ; résolution , ajoutent-ils, que Dieu 1 empêcha d'exécuter , en Tavertissant dans un songe qu'il guérirait en recevant le baptême. Mais nous avertissons que ce conte est plus ancien que ne pensent nos critiques, puisqu'il se rencontre dans l'Histoire des Arméniens de Moysede Chorène, écrivain du cinquième siècle (p. 209). LICINIUS. 807. C. FlA-V. YaLF.RIAÎ^US LiCINIUS ou LîCINIANUS , né l'an 263, d'une famille obscure, en Dace , fut fait auguste, à Carnunte , par Galère et Dioclétien ( sans passer par le rang intermédiaire de césar ), le 11 novembre 007. Après la mort de Galère, il s'empara de la partie de ses états située en Europe , tandis que Maximin se mettait en possession de celle qu'il avait en Asie. La même année, pour s'assurer la jouis- sance paisible de ses domaines , il fait alliance avec Constantin , dont il épousa la sœur en 3i3, à Milan. Mais s'éfant brouillés ensuite, ils en vinrent à une guerre ouverte. Licinius, battu par Constantin, le 8 octobre 3i4, près de Cibales , en Pan- nonie , lui demanda la paix ; et , pour l'obtenir, il lui céda l'illyrie et la Grèce. Le cœur, d'un côté ni de l'autre , n'eut guère de part à cette réconciliation ; et il resta toujours, entre ces deux collègues, un levcin de jalousie, qui les disposait à une nouvelle rupture. Ce fut de la part de Licinius qu'elle éclata. Ce prince, l'an 3i8, commence à persécuter les Chré- tiens en haine de (onslantin, leur protecteur. (Assem. ) Cette conduite équivalant une déclaration de guerre , les deux princes reprirent les armes; Licinius, ayant perdu plusieurs bat;*iiles en 3^3, remit la pourpre à Constantin, qui le relégua à Thessalonique. Mais accusé, sans preuve légale, de cabalcr pour rennonter sur le trône, il fut étranglé dans cette ville l'an 024, avant le i(3 mai. I icinius était aussi ignorant que cruel. Il ne savait ni lire ni écrire. Ennemi déclaré des gens de lettres, il en fit mettre à mort plusieurs sous divers prétextes. U avait épousé, en mars 3i3 , Consta>;tia , sœur de Cons- tantin, morte, vers 33o, dans l'Arianisrae. Cette princesse lui donna un fils, nommé comme lui, qu'il fit césar en Sijj^ et que Constantin fît mourir en 326. DES EMPEREURS ROMAINS. 23g CONSTANTIN II, dit le Jeune, CONSTx\NCE ET CONSTANT. Deux ans avant sa mort, l'an 335, Constantin le Grand avait partagé l'empire entre ses trois fils: disposition qu'il confirma par son testament. Constantin le jeune eut les Gaules , l'Espagne et l'Angleterre; Constance, l'Asie, la Syrie et l'Egypte; Constant, nilyrie, l'Italie et TAfrique. Les neveux de Constantin, Delmace, créé césar en septembre 3^5 et Hannibalien , son frère , mari de Constantine, étaient aussi compris dans le partage qu'il avait fait, et devaient régner sur des provinces qu'il avait distraites des lots de ses enfants ; mais les armées les rejetèrent , et ne Voulurent point d'autres maîtres que les enfants de ce prince. En conséquence les trois frères furent proclamés seuls empereurs et augustes par le sénat, ils ne prirent néanmoins ces titres que plus de trois mois après, savoir le c) septembre 33y. Les soldats, pour écarter tout ce qui pourrait faire ombrage à ces princes, firent main-basse, par l'ordre, dit-on, de Constance, sur presque toute la famille impériale ; Jules Constance , oncle paternel des trois empereurs, un autre frère du grand Constantin, cinq neveux du même empereur, furent massacrés , avec Delmace et Hanniba- lien , l'an 33^, ou 338. Gallus et Julien n'échappèrent qu'avec peine à ce massacre; le premier , parce qu'il était dangereuse- ment malade , et qu'on ne croyait pas qu'il en dût revenir ; le second , parce qu il était enfant , et qu'on eut pitié de son âge. Tyrans qui s 'élevèrent sous l'empire de Constance et de Constant. 35o. Magnence , né au-delà du Rhin, transporté dans les Gaules après avoir été fait captif, devenu , avec beaucoup de vices et point de vertus, le favori de Constantin le Grand, créé capitaine des gardes de Tempereur Constant, fut proclamé aur guste, le i('S janvier 35o, à Autun. Il envoie aussitôt un officier, nommé Gaïson , pour assassiner Constant. Ce prince s'échappe et se sauve à Elne , dans les Pyrennées ; il y est atteint et mis à mort. Magnence nomme césars ses deux frères, Decentius et Desiderius. Constance marche contre le tyran , et le défait près de Murse, sur la Drave, le a8 septembre 35 1, non par lui-même, mais par ses généraux; car dans le feu de l'action il s'était retiré dans une église. Battu une seconde fois près du mont Séleuque, en Dauphiné , Magnence se réfugie à Lyon, où , voyant ses af- faires désespérées, il se donna la mort, le lo où le ii août 353- 24o CHRONOLOGIE HISTORIQUE CONSTANTIN II. 337. Fl. Claudius Constantinus , né à Arles, l'an 3 16, le 7 août, selon les meilleurs chronologistes , proclamé auguste et empereur, l'an 087, après la mort du grand Constantin, jouit à peine trois ans de celte dignité. Mécontent de son frère Constant , à cause du nouveau partage de l'empire d'Occident , t]u'ils avaient lait depuis lemassacre de Lclmace et d'Hannibalien, il fit une irruption sur les terres de ce prince. Cette entreprise lui coûta la vie. Il périt , l'an 34o , avant le 9 avril, dans une embuscade que lui dressèrent les généraux de Constant , près d'Aquilée. Son corps fut jeté dans la rivière d'Alsa , aujour- d'hui Ansa , d'où il fut retiré pour être porté à Constantinople. Constantin avait signalé sa valeur contre les Sarmates , les Goths et les Francs. Il gouverna ses sujets avec douceur , et fut zélé pour la vraie religion. Mais son ambition , sa mauvaise foi , son imprudence , ont terni la gloire que ses hauts faits et ses belles qualités lui avaient acquise. CONSTANCE II. 337. Fl. Julius Valer. Constantius , le second et le plus célèbre des enfants de Constantin , né à Sirmich , le 7 ou le 10 août 317, fait césar le 8 novembre 320, prit, le 9 septembre 337 , le titre d'auguste et d'empereur. Plusieurs écrivains le font auteur du massacre des princes , ses oncles et ses cousins. S. Athanase le lui reproche ouvertement. L'an 353, Constance devint maître de tout l'empire par la défaite et la mort de Magnence. Vers la fin de l'année suivante , il fit tran- cher la tête au césar Gallus , à Flanone , en Istrie , pour les forfaits qu'il avait commis dans son gouvernement de Syrie. (Gallus , créé césar le i5 mars 35 1 , avait épousé Cons- La courte durée de son régne dévoila son avarice et sa cruauté. Decentius , ayant appris la fin tragique de son frère, s'étrangla dans la ville de Sens le 18 du même mois. Desiderius demanda grâce à Constance, et l'obtint. Justine, femme de Magnence, se remaria depuis à Yalentinien qui fut dans la suite empereur. 35o. Vetranion, né dans les pays incultes de la haute Mésie, devenu par sa valeur général d'infanterie, fut proclamé empe- reur le I mars 35o à Sirmich , et s'empara de toutes les dé- pendances de l'illyrie , savoir la Pannonie , la Mésie, la Grèce et la Macédoine. Philostorge( l. 3 , ch. 2.2. ), dit que ce ne fut pas de son propre mouvement qu'il prit la pourpre; mais qu'il LES EMPEREURS ROMÂl^îS. 24t. tantine , veuvn d'Hanniballen, morte quelques mois avant lui.) Constance eut avec lesPerses d-j fréquentes guerres, où il éprou- va les vicissitudes de la fortune. 1^'an 3t)o , le i5 février , il fait dédier léglise de Sainte-Sophie , qu'il avait fait bâtir ou plutôt achever à Constanlinople. Ce prince , à la veille détre détrôné par le césar Julien , qui , s'étanl fait proclamer empereur dans les Gaules, venait à lui à grandes journées, mourut à Mopsu- crène , au pied du AIont-Taurus , le o novembre 061 , dan la quarante-cinquième année de son âge , la trente -huitième de son règne depuis qu'il eût été fait césar ; la vingt-cin- quième depuis qu'il avait pris le titre d'auguste, et la neu- vième depuis qu'il était maître de tout l'empire. Flavia Au- rélia EusEBlA , sa seconde femme (on ne connaît pas la pre- mière ), qu'il épousa l'an ^02 au plutôt, suivant Tillemont , mourut l'an 35c) , sans lui avoir donné d'enfants. Il donna sa main ensuite à Fausti:ne , dont il eut Flavla Maxima Cons- (anlia , mariée à l'empereur Gratien. Constance, parla faiblesse (juil eut de donner aveuglément sa confiance à des ministres infidèles et à des prélats hypocrites, bouleversa l'église et l'état. On sait les persécutions qu il fit essuyer aux défenseurs du con- cile de >iicee. Fondes sur cette conduite , les modernes n'hé- sitent pas à le donner pour un arien déterminé. Cependant 'J'héoJoret n'en "pensait pas de même. « Quoique Constance , )) dit -il, n'ait pas ^oulu admettre le terme de Consubsiuntiel ^ » néanmioins il en confessa toujours sincèrement le sens. » {H/si. Eccles. , lib. 3 , c. 3. ) Il dit même que vers la fin de ses jours il demanda pardon à Dieu , avec larmes , des fausses dé- marches que les Ariens lui avaient fait faire. {Ibid^c. i.) Saint Grégoire de Nanzianze était dans la m^ême opinion , puisqu'il rapporte comme probable le bruit qui courut après la mort de Constance , qu'au passage de son cadavre par les gorges du Mont-Taurus , pour être porté à Constanlinople , on en- y fut déterminé par Consîantine, veuve d'Hannibalien et sœur de Constance , et que Constance lui-même approuva sa con- duite et lui envoya le diadème pour l'opposer à Magnence , et empêcher celui-ci de s'emparer de riiiyrie. La même chose est attestée par l'empereur Julien ( Orai. I) , par Théonhane et par Zonare. Ce qui est certain c'est que ^lagnence l-.ii ayant envoyé des députés pour lui proposer une alliance , il la rehisa, et préféra celle de Constance. Toutefois il ne persévéra point dans cette disposition , et lit la paix avec Magnence. Instruit «le ce changement , Constance vient surprendre, avec son ar- mée, Yétranion à Sardiqiie. Mais comme celui-ci était supérieur IV. 3i a42> CHROlStOLOGIE HISTORIQUE tendit les anges chanter. ( Orat. 2. , in Jul. , tom. \". , p. i56. ) £t (lu'on n'objecte pas qu'il reçut en mourant le baptême des mains d'Kuzoius , cvêque arien. Peut-être le ronnaissait-il encore moins que Constantin, son père, ne connut Eusèbc, qui lui administra, en de pareilles circonstances, le même sacrement. C'était d ailleurs un prince sans génie , faible , inconstant , soupçonneux, cruel, moins par caractère que par crédulité; ilollaal toujours au milieu de fa foule de ses courtisans qui , le pressant sans cesse , le poussaient en sens contraire ; avide de louanges sans penser à les mériter; mettant la vanité à la place de la grandeur , et jugeant de la splendeur de sa cour par le nombre des o.ficiers , sans s'occuper du choix. On en comptait jusqu'à mille dans sa cuisine , autant de barbiers , beaucoup plus d'échansons, et les eunuques ne se dénombraient pas, lant ils étaient multipliés. Les gages de tous ces domestiques allaient à des sommes immenses; ce qui à fait dire, et l'on n'a pas exagéré , qu'il en coûtait plus pour l'entretien du palais que pour la subsistance des armées. CONSTAINT. 337. Fl. Julius Constats , troisième fds du grand Cons- tantin, né l'an 020 , déclaré césar le 20 décembre 333 , prit le titre d'auguste le (.) septembre 'à'oj. L'an 34o , il réunit à sa part de l'empire la portion de son frère Constantin aussitôt après sa morî , et devint ainsi maître unique de l'Occident. L'année suivante, il marcha contre les Francs, qui avaient passé en forces , il l amuse par l'offre de le reconnaître pour son col- lègue, et cependant il réussit à lui débaucher les principaux of- ficiers de son armée, Vétranion se soumet alors à Constance et; dépose la pourpre à ses pieds, le aS décembre de la même année 35o , à Naisse. Ayant obtenu grâce de l'empereur, il se relire à Pruse, en Rllhyme , où il vécut encore six ans dans les exer- cices de la piété. 3.S0. POPILIUS NÉPOTIÂNUS, petit-fils de Constance Chlore, Ï>ar Eutropia, sa mère, se revêtit de la pourpre près de Rome, e 3 juin 35o. Anicet , préfet du prétoire de jMagnenre , vint à sa i-encontre. Népotien le battit et fit son entrée dans Rome , fiu'il livra au pillage. Il prit alors le nom de Constantin ; mais il fut défait à son tour par Marcelin , grand maître du palais de Magn;^nce, et périt dans le combat, après un règne de vingt- îiuit jours. Rome , après cette bataille , essuya un nouveau pil- lage , et la mère de ÎNépollen fut une des victimes de la fureur des soldats. DES EMPEREURS ROMAINS. 24^ \e. Rliin pour entrer dans les Gaules , et s'en fit des alliés par le succès de ses armes. Appelé ensuite dans la Grande-Erctagne par les troubles qui s'y étaient élevés , il y rétablit la paix , et ca assura la durée par de sages règlements. ï/an 34^ , il obtint de Constance , par ses menaces , le rappel de saint Athanase et des autres évêques orthodoxes, cpie les intrigues des Ariens avaient: fait exiler. Ce prince avait pour la chasse une passion qui lui fil; négliger les affaires de l'état. La sécurité où elle le jeta lui de- vint funeste. Magnence en profita , lan 35o , pour prendre la pourpre. Constant, obligé de fuir en tirant vers l'Espagne , fut atteint dans Elne , au pied des Pyrénées par un officier franc nommé Gaïson,qui le mit à mort le 27 février de la même année, clans la trentième de son âge , la douzième de son règne , depuis tju'il avait pris le titre d auguste , ou la treizième en comptant par les consulats et la dix-septième depuis qu'il fut créé césar. Olympiade, fille du préfet Ablave, qui lui avait été fiancée, se maria , suivant Aramien Marcellin , avec Arsace, roi d'Ar- ménie. Tout jeune qu'était Constant , il était fort tourmenté de la goutle aux pieds et aux mains; ce qui fut cause en partie de la négligence qu'on lui reproche. Au cabinet du roi , l'on voit une médaille en or de Constant , avec des captifs à ses pieds , et cette légende , dictée par la flat- terie , au revers : YiCTon OMNIUM gentium. JULIEN L'APOSTAT. Sf)!. Fl. Julius Claud. Juliakus , fils de Jules Constance , frère du grand ( onstantin , et de Basiliiie , sa seconde femine , lille du préfet Julien, né à Conslanlinople, le 6 novembre 33i, n'avait reçu de la nature aucun avantage du côté du corps , mais il en avait beaucoup du côte de l'esprit , si la passion de régner, jointe à une curiosité sacrilège , ne les eût pas coirompus : Cvjus egj-e^iam indolem decepit , amure doniinandi ^ sacrile^a et deles— tanda curiosUas ^ dit saint Augustin. Il fut élevé avec un soia particulier dans la religion chrétienne, dont il fit profession pendant vingt ans ; il eut morne le degré de lecteur. En 3:j4 » l'impératrice Eusébie lui sauva la vie après la mort de Gallus, son frère. Etant allé, Tannée suivante, perfectionner ses éludes à Athènes , il y connut saint Basile et saint Grégoire de Na— zian/.c. Ce dernier , malgré les déguisements de Julien , recon- nut en lui tout ce que rexpérience ne justifia que trop dans la suite. Quel monstre noiiriU ici r empire l dit ce saint , en voyant sa tète branlante , ses épaules qu il levait et reinuail sans c-sse , ses regards (fiai es , sa démarche incertaine et ciiancelante. La mcme année , Julien fut déclaré césar , le 6 novembre, à Milan, ^44 CHRONOLOGIE UISTORÎQUE et envoyé dans les GauU^s pour repousser les Francs , les Allo- aTiands et les Saxons qui, après avoir ruine quarante-cinc] villes sur le Rhin , s'étaient rendus maîtres d'une grande étemlue de pays. Des victoires que le césar remporta sur les barbares, et la sagesse de son gouvernement rétablirent la sûreté dans lef dépar- lemenl qui lui était confié. Mais loin d inspirera l'empereur des sentiments de reconnaissance, ces succès ne servirent qu'à exci- ter sa jalousie. Les préparatifs qu'il faisait contre les Perses furent un prétexte qu'il saisit pour enlever à Julien l'élite des troupes. L'armée, instruite de 1 ordre donné pour l'exécution de ce des- sein , se révolta, et proclama Julien auguste, à Paris, où il avait fait bâtir un palais dont on voit encore les restes. Cet évé- nement est du mois de mr.rs ou d'avril 36o. En vain Constance fit sommer Julien de quitter le titre qui venait de lui être dé- féré; en vain il engagea les Allemands à s'emparer des gorges des Alpes pour lui en feiiner le passage. Le nouvel auguste , ft'étant mis en marche l'année suivante, franchit les obstacles qu'on lui opposa, traversa l'Italie, l'illyrie , la Macédoine et la Grèce au milieu des acclamations des peuples; et ayant appris sur sa route la mort de Constance , il fit , le 1 1 décembre .Sbi , son entrée dans Constantinople , où il lut reconnu solennelle- ment empereur par le sénat. Revêtu de l'autorité souveraine , il l'employa aussitôt à corriger les abus de toute espèce qui s étaient glissés dans le gouvernement. Pour donner l'exemple , il com- mença par sa cour , en reformant cette multitude prodigieuse de valets, non moins inutile au maître qu'onéreuse à l'ctat. 3Nîais en même-lems il se déclara hautement pour le Paganisme, et n oublia rien pour le relever du discrédit et de l'opprobe où le Christianisme l'avait fait tomber. Il rétablit les sacrifices , institua des pontifes et des prêtres auxquels il assigna des ap- pointements , fit revivre toutes les pratiques de l'Idolâtrie les plus superstitieuses , jusqu'à la magie , qu'il exerça lui-même; écivit contre la religion chrétienne , favorisa les sectes qui 1 al- téraient en la professant , et persécuta , sous divers prelcxlcs , plusieurs personnages distingues entre les Catholiques. vSes efforts ne se termin^Tcnt point là : il entreprit de donner le démenti aux divines Ecritures. Dans cette vue, l'an 363 , il fit venir de tous côtés les Juifs pour rebâtir le temple de .Téru- .salem , ruiné , depuis prés de 3oo ans , par Tile. Pleins dardeur pour celte œuvre, les Juifs commencèrent par arracher les an- ciens fondemen's pour en creuser de nouveaux. Mais quand ils eurent ôté jusqu'à la dernière pierre , et par-là vérifié pleine- ment la prophétie de Jésus-Christ, il sortit du même endroit d'effioyaoles tourbillons de flammes , dont les élancements consumèrent les ou\ricrs. Ce prodige se répéta toules les fois DES EMPEREURS ROMAINS. 2 ^S f]n"'on voulut reprenJre l'ouvrage, et força enfin de l'abandon- ner Ce ne sont pas seulement les auteurs chrétiens qui rap- porlrnl cet événement; c'est Ammien Marcellin , écrivain atta- ché au Paganisme et contemporain, qui laKeste, sans autre vue que de raconter un phénomène extraordinaire. La même année , .(ulien, faisant la guerre aux Perses, reçut ,en les poursuivant, un coup de dard qui lui perça le côté jusqu'au foie ; il mourut de cette blessure, un peu avant le milieu de la nuit du 26 au 27 juin de l'an 363 , dans la trente-deuxième année de son âge , après avoir régné sept ans et demi depuis qu'il avait été iait césar , environ trois ans depuis qu'il avait pris le titre d'au- guste , et seulement 20 mois , non achevés , depuis la mort de Constance. J\tli\ Helena , fille de Contantin et do Fausfa , » les laissait jouir de leurs biens comme empereur juste, et il j> écrivait contre eux comme philosophe. » Cependant Eutrope avoue (liv. x), que Julien persécuta trop vivement la religion chrétienne. Ammien ^Marcellin blâme de même ( llv. xxv), l'injustice de ses lois contre les Chrétiens, et ses artifices pour fomenter la division entre eux. Le témoignage de ces deux païens est au-dessus de tout soupçon. Les actes publics de son tems nous font d'ailleurs connaître un grand nombre de martyrs , que les gouverneurs de différentes provinces firent de son aveu ou par ses ordres. A cela près , Julien fut un grand prince , et peut être ne le céda-t-il à aucun de ceux qui avaient occupé le trùne des Césars avant lui. C'est le témoignage que le poëte Prudence lui rend par ces vers, qui expriment assez bien son caractère : Duclor forlissimus armis, Consultor patriae, sed non cnnsnlîor fiabendoe Religionis. amans terct-ntum millia Diviini , Peilidus ilie Deo, sed non et perfidus orbi. JOYIEN. 363. Flav. Clax:d. Jovianus, né l'an 33i , prhiiiricr des gardes du corps à pied, primicerlus dômes tlcorum ^ dit Casslo- dore , fut élu empereur, après la mort de Julien, le 27 juin ■j63 , par l'armée qui était en Perse. H n'accepta l'empire qu'à condition que tous les sohlals embrasseraient la religion chré- tleimc ; ce- qui lui a fait tlonner le titre de Confesseur par i\u^ Z^G CHRONOLOGIE HIST. DES EMP. ROMAI^•S. fin: titre qu'il avait déjà mérité , par d'autres actions, sous Julien. Après avoir fait avec les Perses une paix de trente ans, telle que l'extrême nécessité où 11 se trouva l'obligeait de la faire , il revint avec les débris de Tarmée , travailla à réparer les maux de l'état, rendit la paix à l église , et rappela saint Athanase avec les autres évéques exilés. La durée de ce règne heureux fut courte. Dieu se contenta de montrer ce prince aux hommes comme un éclair , pour leur faire voir quel bien il pouvait leur donner , mais en même tems qu'ils en étalent indignes. On trouva Jovien mort dans son lit la nuit du i6 au 17 février 364, après un règne de sept mois et vingt jours. Ca- RlTO, sa femme , fdle du général Lucillien , mourut en ve- nant au-devant de lui. Il en eut un fils, nommé Yarronien , à qui l'on fit crever un œil pour l'exclure du trône impérial, parce qu'un borgne ne pouvait pas être empereur. On ignore ce qu'H devint dans la suite. CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES EMPEREURS D^ OCCIDENT. VALEISTINIEN I. 3G4. V ALENTi'siE's I , fils de Gralien , comte d'Afrique, nô à Cluales, en Pannonie Tan '62.1 , capitaine des gardes de Jo- vien, fut élu empereur à Nicée y le 2.S février 364, P'^r l'^r- mée romaine. Il était pour lors à Ancyre ; et comme ce jour- là commençait le bissexte , jour que les romains jugeaient être malheureux à leur république , il se tint couché jusqu'au lendemain, ou même, selon quelques-uns , jusqu'au sur-len- demain. Valentinien était zélé pour la religion catholique , et l'avait confessée généreusement sous Julien, au péril de sa for- tune et de sa vie. Parvenu au trône , l'amour fraternel lui fait Îirendre un parti, dont la saine raison et l'amour du bien pu- )lic aurait dû le détourner. Le 28 mars suivant, étant à Conslantinople , il se donne pour collègue Yalens , son frère ; et , au mois de juillet , s'étant rendu à Naisse, il partage l'em- pire avec lui , gardant l'Occident pour sa part , et laissant à Valens l'Orient. Valentinien fit d'excellentes lois , et fut sévère jusquà l'excès à les faire observer. Sa grande maxime , qu'il avait sans cesse à la bouche , était que la sévérité est fâme de la justice , et que la justice doit être l'âme de la puissance^ soui'eralne. Il ne choisissait pas, de dessein prémédité , des hommes in- humains pour gouverner les provinces; mais lorsqu'il avait rais en place des hommes de ce caractère, loin de les contenir, il les animait par des louanges , il les encourageait par ses lettres 2^8 CHRONOLOGIE UISTOniQUE à punir rigoureuseinenl les moindres fautes. Pour mettre le peuple à l abri des vexations, il iasiitua , Tan 3G5 , de concert avec son collègue, dans chaque ville, des défenseurs tirés du l'ordre des bourgeois notables. Ce n'était pas une magistrature, mais une fonction autorisée , telle , à peu près , qu'avait été , pour la ville de Kome, celle des tribuns dans leur première institution. (Le Beau,) \alentinien, après avoir pacifié l'A- fri(jue révoltée , porta la guerre, l'an 368 , chez les xMlemands et leurs voisins , ravagea les terres des Quades , et les obligea de lui envoyer des députés pour lui demander la paix. Mais le choix, cjuMs firent pour celte fonction , ne fut pas heureux. A la vue de ces députés, gens grossiers et mal ^ élus, l'empe- reur, croyant qu'ils venaient l'insulter , entra dans une telle colère, qu'il se rompit une veine, et en mourut , le jour même, 17 novembre 07.^, à Brégétio, dans la Pannonie. Il était dans la SS*' année de son âge , et la 12'= de son règne. Ilavait épousé, i" Valeria Severa , qu'il répudia, l'an 36^, pour son avarice , ou plutôt par fantaisie , après en avoir eu Gratien qui suit : 2° , l'an 368, Justine , veuve du tyran ^lagnence , fameuse arienne, morte en 388 , dont il laissa \alentinien II et trois filles, Justa, Galla , ft^mine du grand Theodose , et Grata. Yalentinien eût été un prince accompli , s'il ne se fût pas laissé dominer par la colère , et tromper par ses ministres et ses généraux. Mais il se lit un point d'honneur de dissimu- ler les concussions dos uns et les trahisons des autres , pour ne point paraître avoir fait de mauvais choix. Il fit plus : il punit cruellement leurs dénonciateurs. Il peignait, dit-on, a%'ec grâce , et fut l'inventeur de nouvelles machines de guerre. Socrate lui attribue une loi qui permettait aux habitants de l'empire romain d'avoir deux femmes légitimes en même tems. Mais c'est une fausseté réfutée par M. Bonomy. ( Méin. del'A- caclcmie des B. i. , t. XXX , pp. 3cj4-3o8. ) L'usage des selles •T chevaux ne paraît pas remonter au delà du rcgne de ce prince. Auparavant on se contentait de couvrir dune housse carrée le dos du cheval, comme on le voit dans la statue équestre d'Antonin , qui est encore aujourd'hui au Capilole , et souvent même on le montait à cru. GBATIEN. 37S. Gratien, fils de Talentinien et de Severa, né à Sir- mich le 18 avril, ou le 20 mai 359. élevé par le célèbre Au- sone , fait auguste , par son père , le 24 août 867 , sans avoir passé par la dignité de césar, lui succéda , à l'âge de seize ans et demi, le 17 novembre 876. La première chose, qu'il fit sur DES EMPEREURS D'oCCIDENT. 2.^^ le trône, fut de rappeler sa mère Severa de l'exil où son époux l'avait condamnée. Il la rétablit dans les honneurs de son rang; et, comme elle avait beaucoup d'esprit et de jugement , il se faisait un devoir de la consulter et de prendre ses avis. Mais il ne fut pas toujours fidèle à cette loi. Ce fut sans doute à l'insa de cette princesse que le général Théodose , l'honneur et le soutien de l'état , fut exécuté à mort , l'an -JyG , par un ordre surpris à la religion de Gratien , dans la capitale de l'Afrique ■qu'il venait de conservera l'empire. L'an ^78, Gratien signala sa valeur contre les Allemands, nommés Lentiens, dont le pays s'étendait vers la Rhétie. La bataille , qu'il gagna sur eux, se donna dans la plaine d'Argentaria , aujourd'hui le village de Harbourg, vis-à-vis de Colmar. Devenu maître de l'Orient, la même année par la mort de \'alens, il donne une loi pour faire cesser la persécution des Ariens, fait venir d'Espagne Théodose le fils , qui s'y était retiré après la mort de son père, et l'associe à l'empire , le 19 janvier 'ôjl) , en lui donnant l'O- rient avec ime partie de l'illyrie, Gratien aimait sincèrement la religion. L'an 882 , il fit éclater son zèle contre le Paganisme, en faisant abattre l'autel de la Victoire placée dans la salle du sénat : monument auquel la superslitution avait attaché le sort de l'empire. ( Constance l'avait déjà détruit en 35^ , mais Ju- lien l'avait rétabli. ) Gratien fit plus ; il supprima les revenus et les privilèges des prêtres idolâtres et des vestales, et atiribua les fonds dont ils jouissaient à l'épargne. Une grande famine , dont Rome fut affligée l'année suivante , ne manqua pas d'être regardée , par les Païens , comme l'effet de la colère des dieux que l'empereur méprisait. Les Chrétiens se distinguèrent, dans celte malheureuse conjoncture , par la charité qu'ils exer— rèrent envers les étrangers , qu'on avait d'abord chassés de la ville , et qui furent ensuite rappelés sur les remontrances du préfet de Rome. La grande facilité de Gratien lui avait fait accorder, à quantité de particuliers, des privilèges et des exemptions , dont étaient écrasés ceux qui demeuraient assu- jettis aux charges publiques. S'étant depuis aperçu de l'abus des grâces , il les révoqua ; et, pour donner l'exemple , il se ré- duisit lui-même au droit commun , et voulut que sa maison partageât le fardeau des contributions. Dans la crainte d'être surpris, il défendit de faire exécuter aucun ordre du prince qui ne serait pas justifié par des lettres-patentes. Mais un point sur lequel il ne se corrigea pas , ce furent les faveurs qu'il prodiguait à des barbares , et sur-tout à des alains , qu'il avait attirés à son service. Il leur donnait des emplois distin- gués dans ses armées , et les approchait de sa personne. Cette eonduite aliéna de lui ses sujets , et excita de grands murmures lY. Sa ê5o CaROXOT.OGÎE HISTORIQUE dans IVmpire. Maxime , qui commandait dans la Grande-* Bretagne, profitant de ces dispositions , se fit proclamer empe- reur par l'armée qui était à ses ordres , et passa aussitôt dans les Gaules. Gratien marcha contre lui, et te joignit près de Paris. Mais, abandonné par ses troupes au moment de livrer bataille , il s'enfuit à Lyon , où il fut pris et mis à mort , par un traître, au sortir d'un festin où il l'avait invité, le 2.S août 38o , à l'âge de vingt-cpjatre ans accomplis. Il avait régné seize ans depuis qu'il eut été fait augute , et sept ans, neuf mois depuis la mort de son père. Saint Ambroise , qu'il nomma plu- sieurs fois pendant qu'd recevait les coups mortels , versa des larmes sur son tombeau , qu'il regardait comme celui d'un martyr. Le saint prélat fait , en toute occasion , l'éloge de sa piété et de ses autres vertus , plus digne de foi , sans contredit, c[ue Philoslorge , arien fanatique , qui ose démenlir l'iiisîoire et noircir la mémoire de ce bon prince jusqu'à le comparer à Néron. Gratien avaitépousé , i*-', l'an 074 , JuLiA Co^;sTA^TiÂ, fille de l'empereur Constance , morte six mois avant son époux; Tyrans gui s 'élei'èrent dans l 'empire , depuis I année 38.^ jusqu 'en 3(j4- 363. Mag>'US Mâximus , espagnol, général de troupes ro- fnaines en Angleterre , s'étant fait proclamer auguste en 38.'^ , f)assa aussitôt dans les Gaules , où il vint à bout de débaucher es troupes de Gratien. Ce prince abandonné s enfuit à Lvon. Maxime, l'ayant fait suivre , le fit assassiner dans cette ville le 25 août 383. Resté maître des (iaules , de l'Espagne et de l'An- gleterre , il oblige Théodose à le reconnaître pour empereur. L'an 387, Il entre en Italie, et enlève cette portion de l'empire à Yalentlnlen le jeune, qu'il contraint de se retirer auprès de Théodose avec sa mère. L'an 388 , Théodose , après avoir rem- porté deux victoires sur Maxime , le prend dans Aqullée , où il s'était réfugié. Maxime est mis à mort, à trois milles de cette ville, par les soldats, le 27 août 388. Victor, son fils, qu'il avait fait auguste, fut pris dans les Gaules, au mois de sep- tembre suivant , par Arbogaste, et décapité comme son père. 3g2. Eugène, maître du palais de Valentinien II, fut re- connu empereur à Vienne vers la fin de mal 392 , par les soins d'Arbogasle , meurtrier de ce prince ; il le fut aussi dans l'Ita- lie. L'an 3c)4 1 Théodose , l'ayant battu au pied des Alpes ju- liennes, le prit et lui fit trancher la tête, le 6 septembre, sur le champ de bataille. Arbogaste, s'étant échappé, se tua lui- Biôme deux jours après. DES EMPEREURS D'0CCIDE^•T. nSl 2®. LvKTA, dont la famille est inconnue. Vcgèce(l. i , c. 2.0. ) (lit que, sous Graticn , les soldats, trouvant leurs aiTues tro[> pesantes, obtinrent de quitter leur cuirasse, et ensuite leur casque ; de façon qu'exposés aux coups sans défense , ils ne son- gèrent plus qu'à fuir. Jusqu'à Gratien exclusivement , les empereurs ont reçu la robe pontificale , comme le prouve le baron de la Bastie. ( Mém. ds l'Ac. des B. jL. , t. XV, p. 4o. ) Ce prince la refusa lors- qu'elle lui fut offerte, et depuis il n'en est plus fait mention. VALENTINIEN II. 383. Valentinien 11 , fils de Valentlnien I et de Justine , né sur la fin de oy i , proclamé empereur à Acinque , en Pan- nonie , le 2.2. novembre SyS, succéda , l'an 383 , à Gratien , son frère. Dépouillé de ses états par le tyran Maxime , il se réfugia dans ceux de Tbéodose , qui vint en Occident , défit -Maxime, à qui il fit couper la Icte , le 27 août 388, rétablit Valentinit u , et entra triomphant à Rome avec lui. Depuis ce tems , saitil Ambroise devint le père spirituel de ce jeune prince et son plus fidèle conseil. La paix qu'il fit régner dans ses états, et la modération avec laquelle iltraitases peuples, furent prin- cipalement dues aux sages leçons de ce prélat. Mais il avait à la tête de la milice un général qui tirait avantage de son ha- bileté , de ses services et de la confiance des troupes pour le maîtriser. C'était Arbogaste , franc d'origine. Las de vivre sous sa dépendance , Valentinien prit le parti de lui retirer le com- mandement de l'armée. Arbogaste , furieux de cet affront , conçut le dessein de s'en venger, et l'exécuta par la plus noiie trahison , en faisant étrangler son maître à Vienne , dans les Gaules , un samedi i5 mai de l'an 392. Valentinien , alors âge de vingt ans et quelques mois , avait porté seize ans et près de six mois le titre d'auguste, quoiqu'il n'ait régné que huit ans et près de huit mois depuis la mort de Gratien. Il n'était encore que catéchumène , et attendait saint Ambroise qu'il avait mandé pour lui administrer le baptême. La date de sa sépul- ture est ainsi marquée dans saint Epiphane ( Lib. de Fonder, it mens. ) lia \>ero dies erat juxta Mgyptios msnsU pachon 2.1 ^ jiixta Grœcos vero ( Maceduniun meiisiLus ii/eiites) Artemtsii ^3, juxta Romanos 17 rulend. junias. Arbogaste lui substitua le 1)1 an Eugène , qui fut défait par Theodose et mis à mort par son ordre , le 6 septembre 3g 4 • HONORIUS. 3^5. rîoNO?itUS, second fils de Théo.dosc, né îe g septembre; jl5â CHRONOLOGIE HISTORIQUE 384, fait anguste le lo janvier, ou le 20 novembre SgS , fîif déclaré empereur d'Occident par son père, le 17 du mois de janvier 3g5. Honorius fut zélé pour la foi; mais du reste, il n'eut rien des grandes qualités de Théodose , non plus que son frère Arcade. Ces deux princes , dit Muratori , étaient plutôt faits pour êfticp gouvernés que pour gouverner. Honorius mourut d'hydropfeie à Ravenne , le 1 5 août 4^3 , âgé de trente-neuf ans , après avoir régné vingt-huit ans et environ sept mois. Il ne laissa point d'enfants de ses deux femmes. Marie et Ther- llA:SitTlE ; elles étaient toutes deux fdles de Stilicon , vandale de naissance, ce ministre fameux à qui Honorius fit trancher la tête à Ravenne pour ses perfidies réelles ou supposées par ses ennemis , le 2.6 août 4o8 , et dont le fils Eucher et la femme Hérène, nièce du grand Théodose, subirent, peu de temi après, le même supplice. Honorius avait épousé , l'an 3j^8, la première, décédée en 4o4' ^ donna sa main, l'an 408 , à la seconde, morte en 4iS- I>'empire d'Occident, sous Honorius^ tomba dans Topprobre et la misère. Alaric , roi des Golhs , chassé d'Italie par Stilicon , après la célèbre balaille de Pol- lentia , donnée le 29 mars 4^3, y rentra lorsqu'il eut appris là mort de ce général avec lequel il était d'intelligence , dit-on , pour mettre Jucher, son fils, sur le trône impérial. Alors il marcha droit à Rome, dont il fit le siège sur la fin de Tan 4o8. Bientôt réduit à l'extrémité faute de vivres , le peuple romain lui fait une députation pour demander la paix à des conditions raisonnables, menaçant de sortir de ses murs en cas de refus, et de lui livrer bataille. Le barbare , instruit de l'état des assiégés et de leurs dispositions , rit de la menace. A la bonne heure , dit-i! , jamais un pré nest plus aisé à faurlier que quand l'herbe est drue. On lui demande ce qu'on peut donc espérer de lui ; la oie, répond-il. Il se radoucit néanmoins, et accepte l'offre qu'on lui fait de cinq mille livres d'or, trente mille d'argent , quatre mille robes de soie et trois mille pièces teintes en écarlale. Rome, cette fois, se garantit par-là du pillage. Pour accorder la paix et faire même alliance avec l'empire , Alaric ne demande , en se retirant , que la charge de maître de la milice romaine ; et Honorius , tout incapable qu'il est de lui résister , est assez mal avisé pour la refuser. Piqué de cet affront , Alaric revient quelque tems après devant Rome, et en forme de nouveau le siège. La famine y devint si affreuse , que le peuple , assemblé dans le cirque , s'éciia , transporté de fureur : Qu 'on mette en vente la chair humaine , et qu 'on en taxe le prix. Honorius se détermine enfin à traiter avec Alaric , malgré le serment qu'il avait fait , par une impression étrangère, de n'en jamais rien faire. Les deux princes s'abouchent à trois IMIS EMPEREURS d'oCCIÎJEÎST. 253 lieues Je Ravenne. Mais tandis qu'on négocie, Sarus , capitaine goth , qui avait quitté Alaric pour s'attacher aux Romains, sort inopinément de Ravenne avec sa troupe , vient fondre sur un quartier du camp d'Alaric, et taille en pièces un grand nombre de ses gens. Cette perfidie rompit les conférences. Alaric , furieux , reprend la route de Rome qu'il assiège pour la troisième fois , et dont il se rend maître le 24 août. Le feu , l'épée , les chaînes , partagèrent le sort de cette superbe maîtresse du monde , qui avait résisté à tant d'ennemis depuis onze cent soixante-deux ans qu'elle subsistait. Dieu fit voir néanmolnsen cette occasion combien il est le maître des volontés des hommes , même les plus féroces. Alaric , prince arien , en permettant le pillage aux soldats, avait défendu de toucher aux églises ; et si quelques-unes furent la proie des flammes , ce fut par la communication de celles qui consumaient les maisons voisines. Un grand nombre de ceux qui s'étaient réfugiés dans «es asiles mirent par-là en sûreté leur vie. Le respect d'Alaric pour la religion s étendit même aux effets mobiliers qui lui étaient consacrés. Un officier goth étant entré chez une diaco- nesse qui avait en dépôt ceux de l'église de Saint-Pierre , lui demande si elle a de l'or et de l'argent. J'en ai beaucoup , répon- dit-elle , et je i>ais les exposer à i^os yeux. En même-tems elle Tyrans qui s'élevèrent dans l'empire, sous le règne d'Honort'us. 407. Cl. Constantinus , simple soldat , proclamé empe- reur l'an 407, par l'armée de la Grande Bretagne, puis reconnu dans les Gaules , d'où il passa ensuite en Espagne, et enfin , l'an 4091 p3r Honorius lui-même, fut pris, l'an 4^^» dans Arles avec Julien, son fils, par le général Constance, qui les envoya à Honorius, après les avoir tirés d'une église , où Constantin s'était fait ordonner prêtre. Ce prince les fit déca- piter au mois de septembre de la même année, à douze lieues de Ravenne , contre la promesse que Constance leur avait faite de la vie sauve lorsqu'ils se rendirent à lui. Honorius se crut moins obligé à tenir l'engagement de son général , qu'à venger ses cousins Didyme et Verinien, que ces deux tyrans avaient fait mourir. Constantin avait un autie fils, nommé Constant, qu'il avait fait césar, de moine qu'il était auparavant, et que Gé- ronce, son général, qui l'avait abandonné dès l'an 4^'9 1 ^^^ assas- siner à Vienne, au commencement de l'an 41 1 1 mais Géronce, battu peu de tems après devant Arles, dont il faisait le siège; par Constance, général d'Honorius, fut réduit à se sauver en Espagne, où ses propre soldats le tuèrent l'an l^m , suivant 2. '.4 CnaoNOLOGIE HISTORIQUE etaia un grand nombre de vases précieux. Ce que cous ious l'usez ; mais pensez au compte ijue vous eii rendrez à Dieu. Pour moi j'en serai décharj^èe ^ n'étant pas en état de vous résister. Le barbare n'osant toucher à ce dépôt , envoie demander au roi ses ordres, -^laric ordonne que ces vases soient reportés à la basilique de Saint-Pierre, et qu'on y conduise, sous une sauve-garde, cette vierge si généreuse , avec tous ceu>; qui pourraient se joindre à elle. (Orose. ) M. de Tilleraont place la prise de Rome en 410. Mais Pagi emploie divers argumenls pour montrer que cet évé- nement est de 4f>9- Il y il des autorités pour et contre. Si d'un coté saint Isidore rapporte le sâc de Piome , par Alaric , à 1 ère «l'Espagne 447 1 f|"' répond à l'an 4^9 de Jésus-Christ , de l'autre , Prospère Tiro et Cassîodorele mettent sous le consulat de TertuUé et de Yarane , qui appartient à Tannée suivante. Orose. Oljiripiodore et Sozomène disent qu'il se tua lui-même après avoir égorgé sa femme Nonniquie , comme elle l'en avait prié. 409. Maxime , homme de basse naissance , officier dans les troupes de la maison impériale, prit la pourpre en Espagne, Tan 40g, à ta sôtticitaîimî de Gértince, après que celui ci eut abandonné le parti de Constant, fds de Constantin. Avant été chassé de ce pavs, il y rentra Tan 4^9 i et s'y maintint l'espace d'environ trois ans, après quoi il fut pris et amené à Ravenne , oVi il fut mis à mort en 422 (Ttllemont. ) M. Hardion se trompe en disant qu'on le laissa vivre par pitié. 409, ou f^\a. Priscus Attalus , préfet de Rome , fut un fantôme d'empereur, qu'Alaric , assiégeant Rome pour la deu- xième fois, fit couronner par les Romains. Après avoir été pen- dant (juelques mois le jouet de ce roi barbare , Attalus, suivit la cour d'Ataulphe, qui tantôt Tappuya , tantôt l'abandonna. En- fin, Tan 4'6, ayant été livré à Honorius, il marcha devant le char de ce prince à l'entrée solennelle qu'il fit à Rome , après quoi il eut la main coupée , et fut exilé dansTile de Lipari. 4ii. Jovix , l'un des principaux seigneurs d'Auvergne, s'étant fait proclamer empereur à Slayence , vers le mois d'août ^.1 1 , fit alliance avec Alaulphe , beau-frère J'Alarlc , qu'il in- vita à passer dans les Gaules , où il fonda le royaume des Visi- j2;oths. Mais, ayant associé depuis Sébastien, son frère, à Ternpire, il se brouilla , à cette occasion, avec Ataulphe , lequel ayant sur- pris Sébastien dans ISarbonne, lui fit trancher la tête. Ataulphe libnrsalvit c-Asuiti Jovj:! , l,e fur'-a d:ius la yiUc de Valci.cc, DES EMPEREURS D'orCÎDE>T. 255 * C'est une chose étrange, dit Muratori, que lo îems précis » d'une si horrible tragédie demeure encore incertain. » Àlaric survécut très-peu de toms à celte expédition. Une apoplexie l'emporta tandis qu'il faisait le siège de Reggio, en Calabre. Les Go! lis Tenlerrèrent au milieu d'une rivière , près de Coscnce, eu Calabre Constance, général (i'Honorius, empêcha la ruine totale de l'empire d'Occident , et le délivra de plusieurs tyrans qui avaient pris le litre d'empereur. Pour récompense de ses services, Honorius , qui l'avait déjà fait son beau-frorc , l'éleva, le S février 42 i , à la dignité d'auguome , après la mort de son maître. Théodose envoie contre lui Artlaburc avec Aspar , son fils. Ardabure est pris sur mer et conduit à Ravenne ; où Jean s'était retiré. Il gagne les offi- ciers du tyran , qui l'avait reçu avec bonté , tt dont 11 avait feint, suivant Olympiodore, d'embrasser le parti , appelle son fils Aspar , qu'il introduit dans Pvavenne , se saisit de Jean , et l'envoyé à l'impératrice Placidie, qui lui fit trancher la tète à Aquilée , vers la mi-juillet 420. 256 CHRONOLOGIE HISTORIQUE malgré elle , le i'^. janvier 417 , G alla Placidia, sœurd'Ho- norius et veuve d'Ataulphe , dont il eut Yalentinien qui suit et Justa Grata Ilonoria , qui fit venir les Huns en Occident. Honorius fit, avec succès, un coup d'autorité que Constantin et Théodose le Grand avaient tenté sans pouvoir y réussir; il abolit les combats des gladiateurs par un édit de l'an 40^» ou de l'an 404 , qui était une année séculaire de Rome. YALENTINIEN III. 424. Valentinien III , fils du général Constance et de Placidia , fille du grand Tliéodose , ne le 3 juillet /^ii^ , déclaré césar l'an 4^4 j à Thessaloniquc , re(5Ut les ornements impé- riaux à Kavenne le 2H octobre 4^5 , après la défaite et la mort du secrétaire Jean , qui avait usurpé la pourpre. L'an 4^9 , il perdit l'Afrique par la révolte du comte Boniface, qui livra cette partie de Templre aux Vandales. Ce fat la jalousie du général Aëtius qui causa la trahison de Boniface , contre le- quel il ne cessait d'aigrir l'esprit de Placidia et celui de son fils. La princesse reconnut son erreur et Boniface son crime , lorsqu'il n'était plus tems de les reparer. Aëtius devint alors ce 'qu'd voulait être , un homme néces.>jire à l'état. On le connut mieux lorsqu'on voulut essayer de s'en passer. Valentinien en effet, pressé par sa mt^re , l'ayant dépouillé, l'an 4^^ ■> de ses dignités , sentit bientôt le besoin qu'il avait de lui pour arrêter les progrès des barbares dans l'empire. Aëtius, rétabli la même année, continua de justifier, par de nouveaux exploits, la haute idée qu'on avait de s >n habileté. L'un des derniers traits de sa valeur fut le plus brillant: il réussit , l'an /^?>i , à chasser Attila des Gaules. Placidia, mère de Valentinien, n'était plus alors. Elle avait terminé .ses jours le 27 novembre 4^0' Quoi- qu'elle eût toujours élevé sou fils dans la mollesse, elle sut toutefois modérer l'impétuosité de ses passions. Après sa mort^ il s'y livra sans retenue. On vit dès lors l'empire se précipiter \ers sa ruine, sur-tout depuis la mort d' Aëtius, que Valenti- nien , à qui l'eunuque Héracluis l'avait rendu suspect, poi- gnarda de sa propre main , l'an 454- Il succomba lui-même sous le fer de deux assassins, le i6 mars 4-^^i dans la trente-sixième année de son âge , après un règne de viugt-neul ans et près de cinq mois , à compter du 2..i octobre n:iS. Ce prince avait épousé , le 29 octobre 4.S7 , LiciNlA EuDOXiA , fille de Theo- dose II , et pour parvenir à ce mariage il avait cédé à Théodose , suivant Cassiodore , cette partie de l'iUvrie qui appartenait à l'empire d'Occident , c'est-à-dire les deux Pannonies. Son épouse lui donna deux filles, Eudoxie et Placidie , qui furent emmenées captives , avec leur mère, en Afrique, par Genséric. DES EMPEREURS bV.Ctt)EΫt, 257 ïliicîoxïn épousa Kuneric, el Placldi^, ronvoyée av^ sa mère à Conslanliiiople Tau 4^^- i '^' mariéct à Olybrius , depuis em- pereur (I Ucculent. I.e t-mbeau u(; Valcntinien III csl avec ceux cl'iiorionus , de Constance et de sa femme, dans l'église *le Sainl-Vilal de iiaveune. MAXIME. 45n. Petroîîius Max:mus, ï\p dans les Gaules l'an SgS, auteur de la mort de Valenlinleu 111, prit la ponrpre, et fut déclaré auguste à Kome , le 27 mars 4S0. Il était illustre p^r la noblesse et les dignités de ses ancêtres, avait lui - même passé par fous les honneurs et possédait de grantles richesses. Il épousa rmipeiatrice lùidoxie, et eut l'imprudence de lui avouer ensuite la part qu'il avait eue à la catastrophe qui l'avait rendue veuve. La princesse ,, irritée de se voir entre les bras du meur- trier de son premier époux , fait venir d'Afrique Genséric pour venger la mort de Valentinien. Au bruit de l arrivée du roi des Vandales tout prend la fuite, et Maxime lui-même. Alors le peuple et les soldats s'étanl soulevés , Maxime est arrête et mis en pièces, le 12 juin 4'^^ » trois mois moins cinq jours après s'être emparé de l'empire, (hi croit que son fiis Paîladius, qu'il avait fait césar et marié avec Eudoxie , fille de Valentinien , pé-> lit avec lui. AVITE. 455. Flav. Cœcilius (ou MoECiLius) AviTUS, auvergnat,'' tie race sénatoriale, général des armées romaines, proclamé empereur par les Visigoths, le 10 juillet 455, à Toulouse, oit il était pour traiter de la paix avec leur roi Théodoric, fut de nouveau proclame, au mois d'août suivant , dans la ville d'Ar-» les, par l'aruiée romaine et les principaux seigneurs gaulois». S'étanl rendu ensuite à Rome avec Sidoine ApoUmaire, son gen- dre, il y fut reijU avec acclamation, et uiiauimemeut reconnu par tous les ordres Avant que de quitter cette vil c pour retour- ner dans les Gaules, il créa général de ses armées Ricimer ou llechimer, ijsu de la race royale des Suèves . et p^tit-^fils, par sa mère, de Vallia. roi des Visigoths, le plus grand capitaine qu'il y eut alors, mais l'homme en même tems L^ {)lus ambitieux, le plus foui be et le plus rusé. Ricirner soutint , par quehjues avan- tages qu'il remporta sur les flottes des Vandales la réputation de valeur f-u'il s'était acquise. Il fit également connaître la mé— chancelé de son caractère en cabalant contre Avite, avec lequel il s'était brouillé. Ce prince étant revenu en Italie, fut arrêté à Plaisance par Kicimer, et dépouillé des marques dn la dignité lY. 33 âS5 ctïftÔNOLOGilî HiSTOftiQUÉ mipciiaté le 6 ou le i6 octobre tle l'an 4^6, après avoir ténti l'empire environ quatorze mois. Pour oter à son ennemi tout Citibrage , il se fit ordonner évêque de Plaisance. Mais apprenant f|Uf* le st'nat , dont il s'était fait haïr (on ne sait pourquoi), demandait sa mort, il s'enfuit en Auvergne, et mourut sur la foute. Son corps fut inhumé dans l'église de Saint-Julien dd Brioude, où l'on volt encore Une grande urne de marbre , dans laquelle on préfend que ses cendres sont enfemiées. ( Tille-» :^Dnt.) Depuis sa déposition, l'empereur Marcien, et Léon après lui, eurent le titre de souverains en Occident. (Le Beau.) tiugues de Fleuri nous apprend qu'Avlte laissa un fils , nommé Écdicius, que renipereuf Anthème éleva aux grades de comte et de maître de la milice dans les Gaules , et que Julius Népos dé- cora du litre de patrice. H dominait souverainement en Aqui- taine, dont il est qualifié roi très-chrélien ,j rex christiaidssîmus ^ dans l'ancienne Yie de saint Sardot, évêque de Limoges (Bou- Cjuet, foni. lïl pag. SBa. n.) Sidoine Apollinaire, qui, avant son épiscopat, avait épousé sa sœur Papianilla. fait un grand éloge de ses vertus guerrières , politiques et chrétiennes (liv. III > *'p. 30 MÂJOPaEN. 4^7- JULÎUS VaLERIUS Majorianus, fait générât le 28 fé- vrier 4^7 , passa de ce titre à celui d'empereur d'Occident, qui lui fut donné, d'un consentement universel, à Ravenne, le i*"', août de cette année ; ce qui fut continué par l'empereur Léon. ^ Beauvais. ) « Il semblait, dit M. le Beau , que la providence » l'eut réservé pour relever l'empire, penchant vers sa ruine : 3\ elle avait réuni dans sa personne les vertus de se?* prédéces- >j seurs, sans mélange d^aucun de leurs vices ». Il débuta sur le; fr('>ne par des lois très- sages, pour réformer divers abus. Il ré- î.iblit f-iicimer, avec lequel il était Hé d'amitié, dans la charge de général, dont celui-ci ne tarda pas à faire usage contre les <*hnemis de Tempire. L'an 4^''^'; ""t^ flotte, chargée de Van- dales et de maures, vint attaquer les cotes de Campanie. Ces Troupes, ayant débarqué entre le Liris et le Vuîturne, furent bal lues par les P^omainsdans le territoire de Sinuesse , qu'elles commençaient à ravagei'. Sersaon , leur général, beau -frère de Genséric, périt dans la mêlée avec un grand nombre des siens 5 ce qui obligea le reste à regagner prompfement la mer. J>yon , îcouîevé par Théorie II, roi des Vlsigoths, refusait de recofi- Tiaîïre le nouvel empereur. Egldlus, qui commandait pour les Piomalns dans les Gaules, ayant reçu de Majorleri un secours Considérable, vient assiéger celte ville qu'il force à lui ouvrir isb perles. Pour la punir de sa révolte , il la prive de ses privï-f MS ES-IPEREURS D'OCCIDENT, 23^ Vges," et y établit une garnison qui mil le comble aux Hiaujj qu'elle avait soufferts pendant le siège. Majoricn était toujours 4 Bavenne. Il en part au mois de novembre, franchit les Alpes malgré les glaces et les neiges qui les couvraient , et arrive dans les Gaules où sa présence était nécessaire pour contenir les bar-r bares. Sidoine Apollinaire, gendre d'Avitus, et par cette raison ennemi jusqu'alors de Majorien, vient le trouver, fait sa paix et celle des Lyonnais avec lui , et peu après lui donne un gage écla- tant de son retour, en prononçant son panégyrique en vers, quç -nous avons encore. Majorien cependant méditait une descente en Afrique, et dans cette vue rassemblait de tous les ports le plus «le vaisseaux qu'il était possible. Procope Çde bello Vandcil,, llv. i , chap. 7), raconte que, pour mieux connaître les forces de ses ennemis., il se rendit sur les lieux après s'être déguisé, et alla trouver Genséric , en qualité d'ambassadeur ^ sous prétexte de lui proposer un traité de paix. Le barbare, ajout e-t-il, le reçut favorablement , lui montra son palais , son arsenal , et fit passer en revue devant lui son armée. Mais cette anecdote , dont nul autre écrivain ancien ne fait mention , paraît, fort suspecte. Quoi- qu'il en soit, l'an 4^0, Majorien, ayant réuni sa flotte au port de Carlhagène , se mit en route au mois de mai pour aller eu prendre le commartdement et la conduire en Afrique. Mais les Vandales, aveitis par des Iraitres, suivant Idace et Marins d'A- vencbes , vinrent fondre inopinément sur elle, prirent le plus, grand nombre de ses bâtiments qu'ils emmenèrent en Afrique , et dissipèrent le reste. Ce revers fit manquer l'expédition de Ma- jorien , et n'empêcba pas néanmoins Genséric de lui envoyer clés ambassadeurs pour traiter de la paix; ce qui prouve la peur quje l'armement de Majorien lui avait causée. Le traité conclu, Ma^ jorien quitta l'Espagne, et revint en Italie par les Gaules. L'ap- plication qu'il continua de donner aux affaires de l'état, l'habileté avec laquelle il les fnanîait , et les lois sages qu'il publia pour la réformation des abus, le faisaient regarder comme le restaura- teur de l'empire, et donnaient lieu d'espérer qu'il le i'étaiili-= rait dans son ancienne splendeur. Mais l'éclat de la répuiation qu'il s'acquérait, blessa les yeux jaloux de Ricimer. Ce perûd*- ayant conjuré sa perte, le surprit par ses fourberies , le déposa de l'empire à Tortone, le 'j. août 4<3i , et k fit tner à YogWr'a; cinq jours après. Majorien n'avait régné que quatre ans et uïjt four. SÉVÈRE IIL 461. LiBius Severus, surnommé Serpentinus,^ îucanîen ,. homme sans réputation comme sans mérite , fut élevé à, l'euv- Çire par Ricimei: agrès la mort de Majorien ,. et prQcl^crwyh ftiSè - CHRONOLOGIE HISTORIQUE empereur à Ravenne,le icj novembre de l'an 4^1- lî en porta le titre environ qnatre ans, jusqu'en 465, qu'il mourut à Home dans son palais, le i5 août, empoisonné, à ce qu'on pretenil, par Ricimer. L'Occident fut sans empereur jusqu'au mois d'avril 467. ANTHEME. 4f>''. Pbocopius Atsthemius, fils (lu patrice Frocope, gendre de Marcien , était général d'armi e dai.s l'empire d'Orient^ lorsqu'il fut choisi par le sénat, Tannée et le peuple romain pour empereur d'Occident. On fit une députation à Léon , successeur de Marcien, qui agréa ce choix. Anthème partit de Constant inople après avoir été déclaré césar par Léon , vint en Italie avec une grande armée , et fut prodarné auguste auprès de Rome . le 12 avril 467. Pour s'attacher Riclmer, qui se faisait un jeu de donner des maîtres à l'empire et de les faii'^ périr, U lui donna sa fille en mariage. Mais celte alliance ne produisit pas l'effet (ju'il en espérait. Ricimer s'élant relire de la cour, après s'être brouillé avec son beau-père, assembla une armée à IViilan pour lui faire la guerre. Anthème, de son côté, leva îles troupes pour aller à sa rencontre. Saint Epiphane , éveque de Pavie , s'étant rendu médiateur, réussit à leur faire con- duis la paix avant qu'ils en vinssent aux mains. Mais cette ré- conciliation fut de courte durée. L'année suivante, Ricimer s'étant révolté de nouveau , vint assiéger Rome ; et 1 ayant forcée, par la misère ou il la réduisit, de lui ouvrir ses portes, il fit assdssiner Anthème ; après quoi il livra la ville au pillage et à la fureur de ses soldats. Ainsi périt Anthème par la cruauté de son gendre qui ne lui survécut que trois mois , le 1 1 juillet 472 , après un règne d'environ cinq ans. De Flavia Euphfmi a, sa femme, fille de l'empereur Marcien, il eut quatie enfan's , Marcien , qui épousa Léoiitia , fille de l'empereur Léon ; Ro— mulus, Procope, et la femme de Ricimer, OLYBRIUS. 472. Anicius Olybrius, retiré à Constantînople depuis!» prise de Rome par Genséric , et envoyé de là par l'empereur Léon pour secourir Anthème contre l^«icimer, fut proclimé lui-m-^me empereur en Italie par ce traître, avec lequ- 1 il était d'in:fliigence , sur la fin de mars 472. H mourut le 2^ octobre sui\ant, trois mois et quelques jours après celui qu'il avait supplanté. Olybrius avait épousé, l'an 455, Flacidie, fiile de Valentinicn lll, dont il eut une fiile nommée Julienne, qui énousa le patrice Aréobinde : celui-ci refusa Tempire DES EMPEREURS D'OCCIDEîïT. 26 1 d'Orient que le peuple de Constantinople, soulevé contre l'em- pereur Anastase , voulait lui déférer. GLYCERE. 473. Flavius Glycerius prit de lui-même le litre d'empe- reur à Ravenne le 5 mars 473, et ne le porta qu'un an c» un peu plus. L empereur f.éon, mécontent de ce qu'il avait pris la pour- pre sans sa participation , reconnut empereur d'Occident INépos, parent de sa femme Véri ne. ISépos , arrivé en Italie, surprit Glycère dans le port de Rome, le 24 juin 474 > l'obligea, avant que d'en sortir, de renoncer à l'empire, lui fit couper les che- veux, et le fit ordonner évèque de Salone, en Dalmaiie. Sidoine Apollinaire fait un grand éloge de Glycère dans une lettre écrite à Castalius Innocentius Audax , que ce prince avait fait préfet de Rome. JULIUS NÉPOS. 474' JuLius NÉPOS fut déclaré césar dans le mois de février au plus tard , à Ravenne , par Domitien, officier de l'empereur Léon, et proclamé empereur, dans Rome, le 24 juin 474- L'année suivante, le patrice Oreste, qu'il avait envoyé avec une armée dans les Gaules pour l'y faire reconnaître, se révolte. A cette nouvelle, Népos va se renfermer dans Ravenne. Oreste vient aussitôt l'y assiéger. La place étant sur le point d'être forcée, Népos s'enfuit, le 28 août, en Dalmaiie, son pays natal. Il fut tué, le 9 mai 4^0, dans une terre qu'il avait près de Salone, par Vialor et Ovide, qui étaient auprès de lui en qualité de comtes. Quelques-uns ont attribué cet assassinat aux sollicitations de Glycère qui ne pouvait, dit-on, lui pardonner sa déposition. Sidoine Apollinaire fait un grand éloge des talents militaires et des mœurs de Népos. Il avait épousé une nièce de Yérine, femme de l'empereur Léon : et ce fut cette alliance, jointe à son mérite , qui détermina Léon à lui conférer l'em- pire d'Occident dont il se croyait en droit de disposer. AUGUSTULE, der^^ier empereur D'OccIDE^'T. 475. RoMULUS, ou MOMYLUS AuGUSTUS , appelle plus com- munément AUGU5TULE, OU parce qu'il était fort jeune ou par dérision, fut reconnu solennellement empereur à Ravenne, le 25 ou le 3i octobre 47^, par le crédit d'Oreste , son père, qui pouvait tout dans l'empire après l'expulsion de Népos. Son rogna fut de peu de durée. L'an 47'i , Odoacre, roi des Hérules, l'ayant pris dans Piome vers ic mois de septembre, l'obligea de ren- teSa CHRONOLOGIE HIST. DES EMPEREURS D^OCCIDENT. voyer les ornements impériaux à l'empereur Zenon, disanÊ qu'un seul chef suffisait à l'empire romain ; puis il le relégua au château de LucuUane, en Campante, où il passa le reste de ses jours dars l'état de particulier, avec une pension de 6000 livres d'or. Ainsi fut éteint en Occident l'empire romain, après avoir duré cinq cent six ans moins quelques jours, depuis la bataille d'\ctium,et douze cent vingt-neuf commencés depuis la fondation de Rome. Sa chute, dit M. d'Anville , ne fit aucun, bruit: elle ne pouvait causer de surprise. Ce fut le dernier soupir d'un corps qu'une longue maladie avait privé de tous sça yesi^orts. ( Voyez Odoacre. ) CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES EMPEREURS D'ORIENT; VALENS. 364- Valeks, né vers l'an 328, fait auguste par Valentînîen^ son frère , le 28 mars 064 (i), eut, au mois de juillet suivant^ l'Orient en partage. C'était un homme peu instruit, sans expé-« rience dans la guerre, et un protecteur déclaré des Ariens. Dès la seconde année de son règne , il devint s\ odieux qn^on le com- parait à Tibère. Procope , parent de Julien , profitant de cette disposition des esprits , se fit reconnaître auguste à Constanti- nople, le 28 septembre 365, pendant que Valens était en Cap- padoce. Mais peu digne de commander, il fut trahi par ses généraux dans une bataille que Valens lui donna, le 27 mai 366, f>rès de Nacolie , en Phrygie, pris et livré à ce prince qui , le endemain , lui fit trancher la tête. Au printems de Tanné sui- vante, Valens, pour se préparer à la guerre contre les Goths , reçoit le baptême de la main d'Eudoxe, chef des Ariens. L'an Syo , au mois de janvier, après avoir accordé la paix aux Goths, sur lesquels il avait remporté divers avantages , il marche en Orient contre les Perses. Les Catholiques de Constantinople luii députèrent quatre-vingts ecclésiastiques , pour redemander Evagre, leur évêque , qu'il avait exilé. Valens, pour réponse, fait noyer ces députés. En passant à Césarée , il veut obliger saint Basile de communiquer avec les Ariens. Le saint résiste, CO Voyez page z^j. 'a64 cnRoxOLoniE HisTOP.îQtJE et laisse l'empereur dans l'aJmlralU'n ue sa fermeté. L'an .^76 ^ "Valens permet aux Goths , chassés de leur pays par les Huns , d'habiter la Thrace. Ulphilas , leur évêque , en avait fait la de- mande; et, pour l'obtenir, il avait embrassé l'Arianisme. DleUf par un juste jugement, se sei-vit de ces mêmes barhares pour fiunir l'impiété et les cruautés de Valens Bientôt ils ravagèrent e pays qu'on leur avait donné pour retraite. Une famine, qui désola cette contrée, jointe aux rapines des commandants im- périaux, Maxime et Lupicin, les y contraignit. Les Alains et les Huns, qu'ds appelèrent à leur secours, mirent le comble à la désolation. Valens , qui était pour lors à Antioche , se hâta de faire la paix avec la Perse pour venir les réprimer. Il perd contre eux, le q août .^7^, la fameuse bataille d'Andrinople , où les deux tiers de son armée restèrent sur la place. Blessé lui-même et porté dans une cabane, il y fut brûlé vif , sans être connu , par les vainqueurs, le même jour, à Tàge de cin- quante ans, après avoir régné quinze ans, quatre mois et quel- ques jours. Albia DoMiNiCA, qu'il avait épousée avant d'être empereur, fut celle qui le pervertit et l'engagea dans l'erreur, après s'être montrée zélée catholique. Il laissa d'elle deux filles, Carausie et Anastasie. THEODOSE LE Grand. .379. Théodose, à qui èçs grands exploits, et encore plus sa haute pieté, son zèle pour la foi, son amour pour l'église, ont mérite le surnom de Grakd, était fds du comte Theodose, le plus habile général de son tems , qui , succombant à l'envie des courtisans, fut exécuté à Carthage l'an 3-6. Théodose, soa fils , naquit en Espagne vers Tan 6^6 , et y fut élevé. Il suivit son père h la guerre; et lorsqu'il l'eut perdu, il retourna dans sa patrie. Apros la mort de Valens, Gratien, convaincu de l'injustice que lui-même avait faite au père et du mérite du fils, rappela celui-ci d'Espagne, le choisit pour son collègue, le 19 janvier 379, et lui donna l'Orient en partage. Théodose avait un grand zèle pour la religion catholique. U en fil preuve, l'an 384, par un rescrit qu'il adressa, le 21 janvier, à Cynège , préfet du prétoire, pour chasser les Hérétiques de Constanti- nople. Plus ennemi encore du Paganisme, il chargea le même préfet d'aller en Egypte et en Syrie fermer les temples des idoles, et d'en adjuger les revenus aux églises catholiques. Quelque désir qu'eut Théodose de venger la mort de Gratien, les conjonctures l'obligèrent à faire la paix, en 38+, avec le tyran >laxime. U la fit sincèrement, quoiqu'en dise Zozime, qui lui reproche, comme une lâcheté , de l'avoir faite, et l ac- DES EMPEREURS d'oRIENT. 26^ •use, en même tems, (ravoir eu le dessein de la rompre à la première occasion. Maxime, à la vérité, lui en donna sujet par SCS nouvelles entreprises contre le jeune Valentinien. Théodose en profila pour déclarer la guerre au tyran ; qui fut pris , après plusieurs défaites, dans Aquilée, et amené, à trois milles de là,' au vainqueur, dont les soldats lui tranchèrent la tête le 27 août 388. L'année 390 est fameuse par le cruel châtiment que Théodose, à la sollicitation de ses ministres, exerça sur la ville de Thessalonique, pour une sédition qui s'y était élevée : chati- timent dont les exécuteurs outrepassèrent ses ordres; elle l'est encore plus par la manière édifiante dont il expia son crime, et par la conduite sage et prudente de saint Amhroise, qui le sé- para de la communion des fidèles, et ïy rétablit solennelle- ment, le jour de Noël , après huit mois de pénitence. Théodose était alors à Milan. Il revit Thessalonique Tannée suivante , en traversant la Macédoine , vers la fin de juillet , et y donna de nouvelles marques de son repentir. La ville de Constantinople, où il rentra, le 10 novembre de la même année , après avoir défailles barbares, s'aperçut que ses dispositions étaient meil- leures qu'auparavant. L'an 3g4, il remporta, le 6 de septembre, sur le tyran Eugène, une victoire qui fut jugée miraculeuse, et qui le rendit maître de TOccident. '.^e prince , couvert de gloire et plein de bonnes œuvres, mourut saintement à Milan , le 17 janvier de l'an 396, à Tâge de cinquante ans, après seize ans moins deux jours de règne. Il est le dernier empereur qui ait possédé l'empire romain en entier. En mourant, il le partagea entre ses deux fils. Théodose publia des lois Irès-sévères contre les Idolâtres et les Hérétiques ; mais il eut la prudence de ne point en presser l'exécution. Elles servaient pour retenir les uns et les autres dans la crainte, et l'église quelquefois les employait effectivement pour arrêter leur ardeur. La mort de Théodose le Grand peut être regardée comme l'époque fatale d<*. la décadence des deux empires d'Orient et d'Occident. Ce prince avait épousé, 1°. y^LiA. Flaccilla, fille, à ce qu'on croit , d'Antoine, préfet des Gaules, morte, en odeur de sain- teté, le 14 septembre 385, après lui avoir donné Pulcherie , décédée peu de tems avant sa mère, et deux fils. Arcade et Honorius; ^^ l'an 386, Galla , fille de Valentinien I"., morte en couches, l'an 394, dont il eut Placidie, femme d'Ataidphe, roi des Visigoths, puis de Constance III, collègue d'Hono- rius. ARCADE. SyS. Arcade, né en Espagne, vers l'an 877, de Théodose etde Flaccilla, fait auguste le i6 ou le 19 janvier 383, suç- IV. 34 ft6G CHRONOLOGIE HISTORIQUE céda, le 17 janvier 3ij5, à son pire, et eut. TOrient en partage. 11 mourut, le premier mai l^oS , âgé de trente et un ans, après avoir régné douze ans avec son père , et treize ans , trois mois . quatorze jours depuis la mort de Théodose. Ce prince était mal fait, d'une figure désagréable et d'une foil)le complexion. » Une i) humeur douce, tianquille et pacifique, était en lui l'effet » d'une stupidité naturelle qu'annonçaient un parler lent , M des yeux morts et languissants; et, tes soins que Théodose }> avait pris de son éducation , en le confiant aux maîtres les » plus capables de le former, n'avaient pu lui procurer ce que » la nature lui avait absolument refusé. » ( Hardion. ) Deux hommes, également méchants , s'emparèrent successivement des affaires au commencement de son règne, ilufin et l'eunuque Eutrope. Le premier, gaulois de naissance , originaire d'Eause, s'étant élevé, sous Théodose, par un mélange de services im- portants et de fourberies adroites , en 386 , à la préfecture d'Orient, en 390, à la charge de grand-maître des officiers; et , en 3c)2 , au consulat , crut , après la mort de ce prince , pouvoir aspirer à l'empire; et, dans cette vue, il introduisit les Huns en Asie, et les Goths en Thrace : trahison que les soldats, excités par Stilicon, lui firent expier en le massacrant, le 27 novembre 3cj5, à la vue de l'empereur. Le second, non moins insolent ni moins ambitieux que Rufin , après avoir été fait patrice en 3c)8 , désigné consul pour l'an 399, fut dé- pouillé de tous ses emplois cette dernière année , à la sollicita- tion du général Gainas, et à la demande de l'impératrice, qu'il avait osé menacer de la faire chasser du palais, banni en Chypre et décapité à Calcédoine. Gainas , qui avait également contribué à la perte de Rufin , voulut ensuite remplacer ceux qu'il avait détruits. Sa conduite les fit regretter. Il débuta par exiger qu'on lui livrât trois des principaux ministres de l'em- pereur, qui se livrèrent d'eux-mêmes et furent exilés en Epiie. A'^oulant ensuite se rendre maître de Cousîantinople, il y fit entrer secrètement un grand nombre de Goths, ses compa- triotes. Mais, voyant que le peuple se tenait sur ses gardes, il sortit de cette ville sous prétexte d'aller rétablir sa santé à la campagne. Pendant son absence . le peuple s'étant ému, fit main-basse sur les Goths qu'il avait laisses dans la ville , et en massacra un grand nombre. Gainas fit de vains efforts pour y rentrer. Après avoir ravagé tout le pays, il passa dans la Cher- sonèse pour aller en Asie. Mais Fravlta , goth comme lui, général delà flolle impériale, l'ayant attaqué dans le trajet, fit périr, dans ia mer, une grande partie de ses troupes. Gainas, éîant retourné dans la Thrace , passa le Danube , et se relira chez Cl'J'm , chef des liuns. Mais ce prince, redoutant DES EMPEREURS d'ORIENT. S?!/ tin Vîôle si dangereux, lui lit couper la têle, qu'il envoya aus- silôt à Conslantinople, l'an 4oo ou J^oï. L'impératrire /EnA. EuDOXiA, fille de Éaulon , seigneur franc, et femme d'Arcade, qui lui avait donné sa main le 27 avril 390, gouvernail alors à son tour Tesprll de son folble époux. Mais -, toute impérieuse qu'elle était, elle se laissait elle-même gouverner par une l'oule de femmes et d'eunuques qui ne travaillaient qu'à s'en- richir aux dépens du peuple. Elle ne leur c(*da!t point en ava^ rice , et partageait , avec les officiers préposés au recouvrement des deniers publics, le produit de leurs extorsions. Egalement vindicative, elle ne pardonna point à saint Jean Chrisoslôme les invectives qu'il faisait en chaire contre le luxe et l'avidité des femmes, s'imaginant qu'elle y était notée. Ce fut la pre- mière cause de la violente persécution qu'elle lui suscita , et. dont elle ne vit pas la fm , étant morte le 6 octobre 4o4- ^^^^ laissa un fils (]ui suit,, et quatre fdles , Faccille, Pulclierie, Arcadie et Marine. THEO DOSE LE Jeune, 4o8. ThÉodose II, fds d'Arcade et d'Eudoxie , né au mois de janvier ou d'avril 401 , déclaré auguste dès le. 1 1 janvier 402 , succéda , je premier mai 4o8 , à son père , et mourut à Cous- tanlinople, d'une chute de cheval, le 2S juillet 45o , dans la cinquantième année de son âge, après avoir régné quarante- deux ans et près de trois mois depuis la inort de son père, et un peu plus do quarante-huit ans depuis qu'il eut reçu le titre d'auguste. '1 héodost- avait tout ce qu'il faut pour devenir saint dans une vie privée ; mais il manquait de plusieurs qualités essentielles pour le gouvernement. Pulcherie, sa sœur , quoi- que âgée seulement de deux ans plus que lui, fut d'un grand secours à ce prince, lui servit comme de tutrice, et le corrigea de plusieurs défauts. L'an 421 , il fit preuve de son zèle pour ta religion en ouvrant un asile dans l'empire à des chrétiens de Perse, qui fuyaient la persécution. Le roi Vara «ne les ayant redemandés, Théodose lui répondit que, pour traîner en Perss ceux dont il voulait verser le sang, il faudrait qu il vînt les arra- cher d'entre ses bras. Sur celte réponse généreuse, la guerre fui déclarée entre l'empire et la Perse. Les généraux de Théodose la soutinrent avec gloire; et, par les avantages qu'ils remportèrent sur les Perses, ils obligèrent Vararanc, l'an 42:i, à faire cesser la persécution par un traité de paix. L'an 4)^i-i la cou- ronne des mains d'un évêque. Léon fut zélé pour la foi catho- lique, et la maintint contre les Eutychicns. il consacra les prémices de son autorité par une ordonnance qu'il publia puur confirmer le concile de Calcédoine. L'empire était toujours en état de guerre avec les Goths. L'an 4^' -, Léon fit la paix avec ^Vélamir, leur général, qui envoya en otage à Conslantinopie le jeune Théodoric, son neveu. ( C'est celui qui , dans la suite , devint roi d'Italie. ) Les évèques excitaient toujours le zèle de Léon contre les Hérétiques. L'an 468, par une loi du 3i juillet, il exclut des charges quiconque n'aura pas embrassé la religion catholique. La même année, une flotte, qu'il avait envoyée contre les Vandales d'Afrique, est prise en partie, ou brûlée, par la trahison de Basilisque , son beau-frère, qui la comman- dait. Léon punit le traître par l'exil. Aspar était un autre enne- mi domestique qu'il s'était fait, en refusant de créer césar Ar- dabure , son fils, comme il l'avait promis en recevant l'em- pire. Pour prévenir les effets de son ressentiment , que sa hauteur et ses menaces annonçaient , il lui opposa Zenon , l'un des chefs des Isaurlens, nation accoutumée au pillage, auquel il donna une de ses filles en mariage, et qu'il éleva ensuite au consulat. La partie n'était pas égale entre ces deux rivaux. Aspar s'était acquis une grande estime par les services importants qu'il avait rendus à l'état. Zenon n'avait pour lui que la faveur, sans vertus et sans talents. Léon, voyant le pre- mier sur le point d'éclater, feint de se réconcilier avec lui, et tient enfin la parole qu'il lui avait donnée. Mais, peu de tems après ( l'an 47 ^ ), il fait massacrer le père et le fils à ses yeux, sur la découverte ou le soupçon d'une conspiration qu'ils tra- înaient contre lui. Ils étaient ariens l'un et l'autre. Les Goths, leurs compatriotes, pour venger la mort de ces deux hommes qui faisaient leur principal appui,. ravagèrent , pendant près de deux ans, les environs de Constantinople, et firent ensuite la paix à des conditions avantageuses. L'an 474 1 Léon meurt à Constantinople d'une dyssenterie , au mois de janvier, après un règne d'environ dix-sept ans. Cette maladie, qui fut longue, l'avait atténué au point que, quand on mettait du feu devant ou derrière lui, on voyait au travers de son corps. (Cédrénus.) Le aèle de Léon pour la foi et la régularité de ses moeurs lui méritèi-ent des éloges; mais l'avarice obscurcit ces vertus. Il accabla d'impôts les provinces , et prêta l'oreille aux délateurs, qui souvent l'engagèrent à punir des innocents. Il avait épousa DES EMPEREURS d'oR1E? p-""' Easilisque qui , s'étant emparé du trône , en fui renversé lui-même, au mois d'août 477» P^'" celui qu'il avait supplanté. Mais c:?s dates sont fort suspectes à Muratori , qui lour oppose trois lois publiées par Zenon, l'an 47 ^ l'âge de soixante ans. Celte cérémonie souffrit d'abord de la difficulté. Comme il était plus que suspect d'hérésie, le patriarche £u- phémiiis, pour lui imposer le diadème, l'obligea de signer une •j)rofc'ssion de foi orthodoxe , et d'y joindre une promesse de soutenir les décrets du concile de Calcédoine. On fut assez surpris de son élévation à l'empire. Ce fut louvrago d' \RIADNE, veuve de Zenon , qu'il épousa vivant que de parvenir à celte dignité suprême, il avait été engagé dans le clergé de Constan- tinople, et avait été même élu, mais non sacré, patriarche d'Antioche. H avait embrassé dès-lors les erreurs d'Ealychès et du Manichéisme; ce qui porta le patriarche Eupliémius, dans la suite, à faire abattre à Constantinople la chaire où il avait enseigné. ( Yilloison, Anecd. Grœca , t. II, p. 3o. ) Ariastase ,' placé sur le trône impérial, devint l'instrument de la justice clivinp, et employa tout son pouvoir à protéger les flérétiques qui l'avaient séduit. Fourbe, cruel et lâche, il dupa le peuple par son hypocrisie, persécuta les bons évéques par finatisme, fomenta les séditions par politique , et ne vint à bout de ses ennemis que par des bassesses , ou par rhabilcté de ses géné- raux. Le plus dangereux de ses ennemis fut Vitalieti , maître (h la milice et petit-fils du célèbre général Aspar. L'intérêt de ia religion servit de prétexte à sa révolte. Ce fut alors qu'on rit pour la première fois l'orthodoxie armée poilr sa défense. Jusqu'alors les fidèles n'avaient opposé aux tyrans que la pa- tience et la fermeté immobile de leur foi dans les tourments. Anastase envoie Hypace, son neveu, contre le rébelle qui ap- prochait de Constantinople avec une armée formidable : Hypace^' ayant été pris dans un combat, fut enfermé dans Une cage de 1er, qu'on traînait sur un charriot à la suite du vainqueur. Enfin, après avoir ravagé la Scythie, la jMésie et la Tlirace , "Vitalien obligea l'empereur d'entrer en négociation avec lui. Anastase promit de rappeler les évéques exiles , et de ne plus inquiéter les Catholiques. Ce fut à ces conditions que Vitalien congédia son armée. Vitalien vécut tranquille à la cour avec le titre de général de la Thrace qu'il avait dévastée. Telle était la faiblesse d'Anastase : ce prince avait néanmoins quelques bonnes qualités naturelles; et il fit des actions qui lui attirèrent de grandes louanges, comme la suppression des spectacles, où des hommes combattaient contre des bëtes; de la vénalité des charges, de l'impôt honteux, n()mmé chrysargvie , qui subsistait depuis Vespasien. Pour défendre Constantinople contre les incursions des barbares, il fit élever un mur d'environ dix-huit lieues, fortifié de tours d'espace en espace, et qui allait du Septentrioa IV. 35 ij';4 CÏÎROSOT.OGIE HI.STORlQtÈ au Midi, depuis l'une des deux mers qui baignent cette ville jiis-- qu'à l'autre. Cet ouvrage , loué à cause de son utilité , dit M. de Condillac, n'était dans le fond qu'un monument de la faiblesse de l'empire. Anastase lit de plus construire des aqueducs dans la ville d'Iilérapolls, bâtit un port à Césarée, et rétablit le phare d'Alexandrie ; trois faits qu'on ne connaît que par l'orateur Procope. Ce prince mourut la nuit du 8 au g juillet 5i8, âgé de quatre-vingt-huit ans, après un règne de vingt-sept ans, trois mois moins quelques jours. Sa mort rendit la paix à l'é- glise. Ariad^se , sa femme, l'avait précédé de trois ans au tombeau. JUSTIN I, DIT LE Vieux. Si 8- JusTiK, nél'an 45oàBédénane, enThrace, fut reconnu empereur le 9 juillet 5i 534. Cette dernière édition est celle que nous avoi.s aujourd'hui. Le Code fut suivi du Digeste, publié le 3o décembre 533, et des Institutes. Vinrent plusieurs années après les Novelles ; recueil composé de cent soixante-trois consiilutions et de treize édits de Justinien. Tout cela, quoique défectueux à quelques égards, a raérité justement à ce prince le titre de restaurateur de la ju- risprudence. Il a peut-être également droit à celui de restaura- teur de l'empire, par les soins qu'il se donna pour lui redonner une nouvelle face. Plusieurs villes seraient demeurées ensevelies sous leurs ruines, sans les travaux qu'il entreprit pour les rele- ver. Il en décora d'autres de superbes édifices. Constantinople fut le principal objtt de son attention. Entre les monuments de sa magnificence qu'il y éleva, le plus mémorai>le, qui subsiste encore de nos jours , est l'église de Sainte-Sophie, dont il fit la dédicace le 27 décembre 537, et que le Mahomet isme a conver- tie en mosquée. Pour fermer aux barbares l'entrée de l'empire, il en lés issa les frontières de bonnes ciiadelles; ensorte que, sem- blable à une ville bien fortifiée, son enceinte présentait de tou- tes paris des ouvrages propres à le mettre à l'abri de toute sur- prise, et à résister aux altarjucs de ses ennemis. Un prince, occupé de tant de soins divers, ne devait guère trouver de tew)»- jiour le repos et le plaisir. Aussi Justinien ne coniiut-il nlTuii^j, 'fjS CHRONOLOGIE HISTORIQUE ïii l'autre. Il Iravaillait sans relâche, ne dormait presque point J mangeait très-peu, et ne prenait même de la nourriture en Ca- rême que de deux jours l'un , encore n'était-ce que des herbes sauvages qu'il mangeait sans pain. Jusqu'ici , nous avons mon-^ tré Justinien par le côté brillant. Voici le revers. Peu scrupu- leux sur les lois de la bienséance , il avait tiré du théâtre Theo- DORA pour en faire sa femme. Non moins artificieuse que belle et spirituelle, elle acquit sur l'esprit de ce prince un ascendant: qui lui fit commettre beaucoup d'injustices. J^e zèle, qu'il té- moigna pour faire revivre et faciliter l'étude des lois, ne le ren-^ dit pas plus attentif a les faire observer. Ses officiers les violaient impunément au gré de leur avarice ; et Tn-bonien, le chef des tlix jurisconsultes qu'il employa pour la rédaction de son code, çt d'autres compilations de lois, se permettait les gains les plus illicites et les plus sordides. On regarde avec raison comme une faiblesse dans Justinien, la passion qu'il marqua pour les spec-^ ^^acles , et l'intérêt qu'il prit dans les querelles qu'ils occasion- naient.. De tems immémorial régnaient dans le cirque deux factions, nommées les Bleus et les Verts, à raison des couleurs que prenaient les cochers qui se disputaient le prix. Le peuple se passionnait entre les uns et les autres, souvent juscju'à la fu-. reur. Justinien eut l'imprudence de se déclarer pour les Bleus^ et causa par-là une sédition qui coûta la vie à plus de trente mille hommes. Ce désastre arriva l'an 532. (Le Beau. ) La fausse éco^ ïiomie de Justinien rendit inutiles les précautions qu'il avait prises , pour mettre en sûreté les frontières de l'empire contre les invasions des étrangers. S'imaginant que, garnies de bonnes forteresses, elles n'exigeaient que peu de bras jwui" les défendre^ il supprima les troupes destinées à les gaider. Le retranche- ment des gratifications, qu'il faisait tous les cinq ans à chaque soldai, fut une autre plaie qu'il fit à la bonlé du service. Les vé-. térans se retirèrent, et ne furent point remplacés. Justinien, dans les beaux tems de son règne, avait six cent quarante mille hommes armés ; et , dans ses dernières années , on n'en comp- tait que cent cinquante mille. On reproche encore à ce prince d'être entré trop avant dans les querelles de religion Sa curio-. site et la démangeaison qu'il avait de dogmatiser, le jetèrent à la fin dans l'erreur des Incorruptibles, qu'il voulut faire passer en dogme par voie d'autorité. 11 mourut , sans l'avoir rétractée et sans laisser d'enfants, le 14 novembre .565 , à l'âge de c|uatre- vingt-quatreans , après un règne de trente-huit ans, sept mois eb treize jours. ThÉodûra , sa femme , l'avait précédé au tombcai* dans le njois de juin 64^. Rélisaire, son général, finit ses.joursi environ huit mois avant lui. Depuis cinq ans, ce grand homme, ^tait dans la disgrâce, privé de ses dignités, sur l'accusatioii; DES EMPEREURS D'ORIEÎST. :i77 d'êlre entré dans une conspiration où l'un de ses domestiques se trouvait impliqué; mais il n'est pas vrai, comme l'avance un écrivain du onzième siècle, que Justinien lui avait fait crever les yeux, et l'avait réduit jusqu'à demander l'aumône. Justinien est le premier empereur qui se soit attribué le droit de confirmer l'élection des papes. Il commença par celle de Pe- lage; I , à l'imitation des rois Goths qui en avaient usé de la sorte, tandis qu'ils dominaient à Rome. 11 est aussi le premier empereur qui ait porté une couronne fermée. JUSTIN II, DIT LE Jeune. 565. Justin, le Jeune , curopalale , ou grand -maître du palais , fds de Dulclssime et de Vigilantia , sœur de Justinien , hil couronné empereur, par le patriarche Jean, le i4 novembre 565. Au commencement de son règne, il donna des marques éclatantes d'équité , de modération et de générosité ; mais la suite fit voir que ces vertus n'étaient point dans son caractère. Las de se contraindre , il ne tarda pas à se montrer tel qu'il était. On ne vit dès-lors en lui qu'un prince faible, indolent, volup- tueux, et moins porté à la douceur qu'à la cruauté. Vers l'an 566, il fit assassiner , par jalousie, Justin, son cousin, qui avait rendu de grands services à l'état. S'étant fait ensuite apporter sa tète, il eut la cruelle lâcheté de la fouler aux pieds. Ixs mau- vais succès de ses généraux contre les Perses , qui , après s'olrn rendus maîtres de ï)ara , ravagèrent impunément la Syrie , lut causèrent un chagrin , dont son indolence ne paraissait point susceptible. Son cerveau même en fut affecté; et , l'an 074, étant tombé en frénésie, il créa césar, au mois de décembre , Tibère, son gendre , sur lequel il se déchargea ensuite d'une partie dn gouvernement. Cette association fut salutaire à l'empire. Le gé- néral Justinien, que Tibère envoya contre les Perses, effaça, par ime victoire signalée , la honte des échecs qu'ils avaient fait es- suyer aux Romains. L'an 578, Justin mourut, le 5 octoljre, après un règne de douze ans , dix mois et vingt-deux jours. II avait épousé en secondes noces Sophie, nièce de l'impératrice Théodora , dont il laissa une fille ^ nommée Arabie, qui épousa le curopalaie Badicaire. Sophie eut le même caractère que sa tante , et prit sur l'esprit de son époux le même ascendant qu'a- vait acquis Théodora sur celui de Justinien. L'une et l'auire, par-là , causèrent de grands maux à l'état. Justin avait eu d'ua premier mariage Anastasie, femme de Tibère. M. le comte du Buat met la mort de Justin en 677. TIBÈRE II, SURNOMMÉ CONSTANTIN. 578. Tibère II , né en Thrace, d'une famille ignorée, maître £7 8 CHRONOLOGIE HISTORIQUE d'écriture dans sa jeunesse , soliLit ensuite et promu par degrés, aux premiers honneurs de la milice, fait cestn , .m mois de décembi-e 874, à la sollicitation de rimpéralrice Sophie, fut couronné empereur , le 2(1 septembre 5-^ , par ordre de Justin, dix jours avant qu'il mourut, Tibère prit alors le surnom de CoiviSTA>TlN. Le régne de ce prince fut glorieux p?>r les vic- toires qu'il remporta sur les Perses. 11 l'eût été davrutage, si ce prince eût secouru l'Italie contre les Lombards, et profité de l'espèce d'anarchie où ils se trouvaient , pour rendre ce beau pays à l'empire. Tibère mourut le j.i août 562 , d une maladie de langueur, ayant régné quatre ans int>ins deux mois, depuis la mort de Justin, D Ama.stasie, son épouse , fdle de Justin , il laissa Constantine , mariée à son successeur, et Canto, femme d'un seigneur, nommé Germain. Paul, diacre, donne jusqu'à sept années de règne à Tibère , parce qu'il avait été fait césar U'ois ans avant la mort du Justin. MAURICE. 583. Maurice , né l'an SSg , à Arabisse, en Cappadoce, fu^ déclaré césar, le 5 août 682 , par Tibère qui le fit couronner em^ pereurle i3 du même mois. Son élévation lutle prix des services, qu'il avait rendus à l'empire, surtout dans la guerre contre- les Perses. Panrii de grandes vertus, Maurice eut un grand défaut ; ce fut une fausse économie qui approchait de l'ava-^ xice. Nous ne dirons pas cependani , rivic quelques modernes^ qu'elle fut cause delà perte de douze mllie hommes prisonniers, romains, que le khan des Abares fit égorger, Tan 600, sur le refus qu'avait fait Maurice de payer une modique somme qu'il exigeait pour leur rançon. C'étaient des soldats mutins qui avaient irrité Tempeieur par des séditions , et (ju il crut par ressentiment devoir abandonner à l'ennemi , n'imaginant pas , à ce qu'on présume , qu'il se porterait à une si cruelle exécution. Ce qui est certain, c'est que idaurice , l'ayant ap- prise, en fut inconsolable ; et que, se l'impulant à soi-même^ U pria Dieu de le punir plutôt en celte vie qu'en l'autre. Il fut exaucé. Ce prince , l"an 602 , s'étant obstiné à vouloir que ses. troupes hivernassent au-delà du Danube, pour les faire vivre aux- dépens de l'ennemi , elles se mutinèrent , et Phocas ,. pxarque des centurions, s'étant mis à leur tète , les amena , dans le mois de novembre, à Constautinople. Maurice fut ar- rêté , avec sa femme et ses enfants, par ce chef des rebelles qui. l'avaient décoré du titre d'empereur. Après avoir vu le mas- g.icre de cinq de ses fils , pendant lequel il répétait souvent i^iiî paroles de David : T'ous éfç^ Juste ^ ^eif/ieur , çl i^ofrej'i:^^- DES EMPEREURS DORiENÎ. ^70 ment est èquilahle ', il fut égorgé lui-même le 27 novembre G02. « Ainsi |)f'rit ce prince , à l'âge de soixante-trois ans , grand » capitaine avant de régner , monarque médiocre ^ héros à la w mort ». (Le Beau. ) Constaîntinl , sa femme , fille de ïl- Lère , fut assassinée , l'an 6o5 , avec ses trois fiiles , par ordre de Phocas On conserve dans les cabinets des curieux quelques médailles d'or frappées à Vienne, à Arles et à Marseille, au coin de l'empereur Maurice. Ces villes néanmoins ne relevaient en au- cune manière de l'empire ; et d ailleurs il est certain que les rois des fiançais ^ à qui elles appartenaient , avaient le privi- lège de fa lie frapper à leur coin des espèces d'or qui avaient cours dans l'empire , ai/isi que dans leurs états; prlvilégedont ne jouissaient ni les rois de Perse ni les autres rois barbares , comme l'atteste Procope {de bello Goth.^ 1. 3). Que signifient donc les pièces de monnaie dont nous venons de parler ? L'est surquoi l'on a proposé diverses conjectures dont aucune ne nous a paru satisfaisante. i>[e serait-il pas plus naturel de dire que la monnaie de l'empire ayant cours en France comme celle de France dans l'empire, on frappait indifféremment à l'un et à l'autre coins des espèces à Vienne, à Arles et à Marseille? sur- tout depuis que Justinlen avait confirmé lacesslon faite vers 5o6 de la Provence aux Français par les Ostrogoths. Avant le règne de Maurice on ne trouve aucune trace d'é— triers pour monter achevai, ni dans les auteurs , ni dans les monuments, il en est expressément parlé dans un Traité de Tac- tique fait de son tems , où il est dit : iCp;?... i^^iv iiç TÙç ^T II. . 64i. Constant IT, fils d'HcracIlus Constantin et de Gre-- goria, né le 7 novembre G3o, reconnu empereur avant l'exil d'Héraeléonas , lui succéda au mois d'octobre 64 î. Les Mono— thelites Tavant séduit, Paul, patriaichc de Couslanliiiopie ^ l'engagea, i'an 64^,3 publier ledit , nommé 7///^, ou formu- laire , pour imposer silence aux deux pariis. Cette loi pi-oduisit de grands maux dans 1 église. Constant , s elanl reufiu odieux à Constantinople par la persécution qu'il fil aux ( alholiques , par la lubriclle de ses mœurs et par la férocité de son carac- tère , cjuitte cette ville en 661 , y laissant sa femme avec ses trois- fils, < onstantiti , Tibère et Heraclius, arrive, le 5 juillet (iGo y à Rome , en sort , le 17 du même mois , après en a\oir enlevé ce qu il V avait de plus pi'écieux , et se relire à Syracuse, où il fut tué dans le bain par André , fds du patrice Troïle , sur la fin de septembre 608 , dans la vingt-septième année de son règne et la trente-huitième de son âg;\ ( P^^gi , Muratori, ) Les histo- riens ne lui donnent aucune vertu , et lui atlri[)uisla. ( e prince dégénéra sur la lin de son lègne. Devenu soupçonneux et cruel, il fit couper le nez à ses frères , €t les fit ensuite mourir secrètement , dans la crainte d'en être supplanté. Couslantin mourut au mois de septembre 6iS5 , après avoir régne dix-sept ans et environ deux mois. Il laissa d'A^■AS'! ASIE , sa (emme , Justlnit ri qui suit. Jusqu'à C.onslanlin Togonat , les empereurs, depuis Justi— niejî I , prenaient le consulat avec l'empire ; mais au mois de janvier suivant ils commençaient un nouveau consulat avec les solennités accoutumées ; et c'est tlepuis ce dernier consulat qu il faut compter les années de leur post-consulat. Pogonat négligea le premier de se faire proclamer consul aux calendes de janvier qui suivirent son inauguration impériale: en quoi ses successeurs l'imitèrent. ( ISÎansi in Pagium. ) JUSTIMEN II, DIT Rhinotmète. GSS. JuSTlTSîlEN II , fds ds Constantin Pogonat et d'Anasîa- sie , né l'an 6;o , fait auguste en 681 , succéda , Tan 685 , à son père. L année suivante , il conclut une paix désavantageuse avec le calife Abdolmalek , par l'engagement qu'il prit de s'opposer aux Mardaïles , on Maronites , qui servaient de bar- lière à l'empire. L'an 688 , il fit une guerre heureuse contre les Escla\ons, et les obligea de lui fournir trente mille hom- mes , qu'il incorpora dans ses troupes. L'an 690 , se voyant détesté pour ses débauches et ses exactions , il ordonne su gou- verneur de Constautinople défaire de nuit un massacre géné- ral du peuple, en commençant par le patriarche ; mais celte même nuit il fut détrôné par le patrice Léonce. Le peuple voulait qu'on lui ôtàt la vie ; mais Léonce se contenta de lui faire couper le nez et les oreilles, après quoi il l'envoya en exil dans la Chersonèse. S'élant sauvé de-là , Justinien alla se jeter entre les bras du cagan , ou chef des Turcs appelles Cha- zars , qui lui donna Théodora , sa fille , en mariage. Mais lie s'y trouvant jias en sûreté malgré cette alliance, il alla de- mander une retraite à Terbcllis, roi des Bulgares, qui le reçut lioaorablement , et luj promit ilc le rétablir, LÉONCE. G;}5. LÉONXE fut déclaré empereur aussitôt qu'il cutdépouUlc 2S4 «CHRONOLOGIE HISTGRIQL'E Justlnien. Il avait fait la guerre en Orient avec beaucoup Je succès , et venait d'être fait gouverneur delà Grèce , avec ordre de partir le même jour. Léonce envoya en Afrique le patrice Jean , grand capitaine , qui reprit Carthage sur les Musul- mans l'an 69- ; mais ceux ci , l'année suivante , y rentrèrent. Ainsi fut étemte la domination des Romains en Aaique , dont ils avaient f^té maîtres depuis l'an 608 de Kome : épof|ue de la prise de Carthage par Scipion, L'armée romaine , après cette perle , n'osant revenir vers Léonce , proclama empereur Absi- mare , qu'on surnomma Tibère. Il vint à Constanlinople , prit Léonce, lui fit couper le nez , et le relégua dans le monastère de Saint-Dalmace, après trois ans de règne. ABSIMARE TIBERE. 69S. Absimare, fait empereur , l'an 698, parla flotte qui revenait d Afrique , après la funeste expédition contre les Mu- sulmans , régna sept ans, jusqu'à la fin de '-o5 , qu'il fut obligé de prendrela fuite au retour de Juslinien II. Pendant son règne, ie général Ileraclius, son frère , remporta de grands avantages sur les Sarrasins, en Cappadoce et en Syrie. JUSTINIEN II, rétahU. 700. JuSTi!^ir:N II remonta sur le trône, par le secours de Ter- bellis , roi des Bulgares , vers la fin de 700. S'étant fait ame- ner dans le cirque au milieu du peuple , Léonce , qu'on avait tiré de son monastère, et Absimare, qui avait été arrêté dans sa fuite , il les foula aux pieds , et leur fit ensuite trancber la îéte. Le général Héraclius et les principaux officiers de son armée furent pendus, et le patriarche Callinicus eut les yeux crevés. Ces premiers actes de vengeance furent suivis du mas- .sacre d'une infinité de soldats et d'habitants, ?Non moins ingrat envers ses bienfaiteurs que cruel envers ses ennemis, Jusli- nien fît la guerre , en 708, aux Bulgares qui l'avaient rétabli; mais il ne remporta que de la honte de celte expédition. L'an- née suivante, il donna ordre au patrice Théodore, qui com- mandait 1 armée impériale en Sicile , de faire voile vers la ville de Ravenne , pour la punir de la joie qu'elle avait témoignée de sa déposition. Ayant ouvert ses portes sans résistance , elle fut saccagée et livrée aux flammes, après qu'on eut enlevé les principaux de ses habitants pour les liansporler a Constantin nople , ou ils finirent leurs jours par divers supplices. la lille de Chersone, dans la Crimée , était encore plus coupable aux yeux de Jusliulen , pour avoir formé le complot de l'assassinei;' DES EMPEREURS D'ORIE^'T. S(S5 OU (le le livrer à Tibère, liésolu dextermincr toute la Crimée, il y euvova une grande flotte , commandée par le palrice 3itienne , t]ui fit main-basse sur tout ce qui se rencontra dans la ville et la province. On ne réserva qu un petit nombre dfs iiabilants les plus distingues , qui furent embarqués pour Cons- lantinople. Jusiinicn en fit un exemple afheux , en faisant brûler vifs les uns , et noyer les autres dans la mer. Etienne avait enargné les enfants de la Crimée, Le barbare empereur, y envoie une nouvelle ilolte pour continuer le massacre. Ceux des habitants qui s'étaient sauves par la fuite, ayant appris celte résolution , s'enferment dans les places pour s'y défendre. Fik'pique , officier romain , relègue dans ce pays , se mit à leur tète ; et , ayant débauché l'armée impériale, il la ramena à Constanlinople. Justinien , qui ne s'attendait pas a celte révolution , lui ayant été livré sur-le-champ , eut la tète tran- chée , par ses ordres , le ii décen)bre yi i ; et , peu de jours après, Tibère, son fils, qu'il avait eu de Théodora , subit le même sort. En lui finit la famille d'Héraclius, qui avait oc- cupé le trône pendant la durée précise d un siècle dans les per- sonnes de six empereurs. Justinien 11 , faisant un mélange monstrueux de barbarie et de dévotion , fut le premier empe- reur qui fit graver l'image de Jesus-Clirist sur ses monnaies. Ce prince , pour cacher , autant qu'il était possible , sa diffor- mité , s'était fait faire un nez et des oreilles d'or. FII-ÉPIQUE, dit communément VmiA^nQ}]^.. 71 1. FiLÉPiQUE , nommé , par les modernes, Philippîqup, et surnommé BARDA^'E , arménien, d'une naissance illustre, fut proclamé empereur, vers la mi-décembre 711 , par les troupes que Justinien avait envoyées pour faire main-basse sur tous les habitants de la Chersonèse, où Filépique était , comme on Ta dit , en exil. Ce prince était attache au Mono- thélisme ; ce qui fut cause que les Romains ne voulurent point le reconnaître, ni recevoir la monnaie happée à son coin. D'ailleurs plein de valeur et d'activité , avant qu'il montât .sur le trône , il tomba , dès qu'il y fut assis , dans un état d'in- dolence , qui enhardit les Bulgares et les Sarrasins à faire des courses fréquentes et funestes sur les terres de l'empire, dont ils envahirent plusieurs places en Pisidie. Il dormait après un repas somptueux, qu'il avait donné pour la fêle de l'établisse- ment de l'empire à Constanlinople, lorsqu'un officier, nommé Kufus , vint le saisir et le traîna dans l'Hippodrome, où il eut les yeux crevés le 3 juin de l'an ^i3. Après ce châtiment, 286 COROMOLOGIE HISTORIQUE il fut conduit dansun lieu d'exil , où il mourut de misère au bout de quelques jours. ANASTASE II, ou ARTEMIUS. 71 3. Anastase II , nommé auparavant Autémius , fut pro- clamt! enîpereur à Coiistantinople le 4 juin 710, le lendemain de la déposition de Mlepique , dont il était secrétaire. Son pre- mier soin fut de rétablir la paix dans l'église. L'an 710 , ayant appris que le calife Soliman se préparait à l'attaquer, il arma une flotte pour le prévenir. Mais les troupes, s'étant muti- nées à Khodcs , tuèrent le diacie Jean , leur chef, forcèrent Tliéodose , receveur des impôts à Adramite, eu Natolie , de se mettre à leur tête , et le proclamèrent empereur. Anastase , au premier bruit de cette révolte, sortit de Constantinoplc , après y avoir laissé une forte garnison, et se rendit à ÎNicée , où il se mit en état de faire une longue défense. Les rebelles, après six mois de siège, s'étant rendus maîtres de la ville im- périale, en firent conduire les principaux citoyens à Nicée. Anastase , jugeant alors qu'il ferait de vains ef^t'orls pour se maintenir sur le trône, fit son accord avec ïhéodose , à con- dition d'avoir la vie sauve. Il prit le parti du cloître, et fut relégué à Thessaionlque après deux ans , sept mois et douze jours de règne. Cet état n'était pas fait pour lui. L'an 719, ce prince, las de la sollilude , implora le secours des Bulgares pour remonter sur le trône. Ils l'amenèrent jusqu'au portes de (^onstanllnople ; mais apprenant qu'il n'était pas agrcaltle aux Grecs , ils le livrèrent a Léon l'isaurien , pour lors empe- reur, qui lui fit trancher la tèle la même année. THEODOSE III. 716. TîlÉOBOSE III fut proclamé empereur au mois de jan- vier , ou de fevîicr 71(3. Léon , général des troupes orientales , refusa de le reconnaître. Theodose, se sentant trop faible contre ce rival , lui céda l'empire , vers le mois de mai 717 , après un règne d'environ quatorze mois. 11 fut ordonné clerc avec son fils, et passa le reste de ses jours en paix dans un mo- nastère d'Epiièse. LLON ÏÎI, riT l'Isaurien. '717. LÉON III , fils d'un cordonnier de Séleucie, en Isaurie ^ et petit mercier dans sa jeunesse , puis soldat, et ensuite gé- néral des armées d'Orient , fut reconnu empereur le 2.'J mars Des EMPtREtrns d'orii]sï. 28-/ 71'^. Durant les neuf premières années de son rè^ne , Léon se lit eslimcr par son courage , par son liabllelé dans l'arl de la eiicrre , et par sa capacité pour le gouvernement. Mais toutes ces qualités commencèrent à disparaître lorsqu'd se fut déclaré contre les saintes Images, et eut enfanté l'hérésie des Iconoclastes. « On avait vu sur le tione , dit M. le Ijeau, plu- » sieurs princes hérélif|ues; Léon fut le premier empereur hé- i> résiarque. » Entêté de son erreur et déterminé à la faire pré- valoir , le fanatisme le rendit imprudent, fourbe et cruel. L'an 726 , avant le mois de septembre , il donna un édit pour sup- primer le culte des saintes Images et les détruire. Par ce nom d'Images, il entendait des peintures et des figures plates ; car l'église grecque n'honora jamais et n'honore point encore au- jouid'hui de statues ni de figures en bosse. Le scandale qu'ex-> cila dans tout l'empire cette ordormance fut extrême , et lit re- garder Léon comme un impie qui ne méritait pas de régner. J^es peuples des Cyclades et de la Grèce en prirent occasion de se révolter; et, ayant élu pour empereur un noîiiaié Cosme , ils vinrent se présenter, le i8 octobre, devant Cens- tantinople avec une puissante Hotte. Mais elle fut défaite et consumée par les flammes au moyen du feu grégeois. Cosme, ayant été pris , fut amené à l'empereur qui lui fit trancher la tc'te. {Theuphan. Chronogr.) Léon, après ce succès, croyant pouvoir tout oser, envoie des officiers pour abattre les Images dans les places publiques. Mais ils sont mis en pièces par le peuple , et Léon tire de cette sédition une vengeance affreuse. Pour donner plus de relief à son parti, ce prince A'oulut y en- 1 rainer les gens de lettres préposés à la bibliothèque publique. ]Ne pouvant y réussir, il les fait enfermer dans ce bâtiment auquel il fait mettre ensuite le feu. ils périrent dans cet in- cendie avec trente mille volumes , et un nombre très consi- dérable de tableaux et de médailles qui furent réduits en cen- dres. L'édit de Léon ne fut pas mieux accueilli à Pvome qu'à Constantinople, Le pape Grégoire 11 lui écrivit , pour le faire re\enir de son erreur, deux lettres très-pressantes , que Pagi rapporte à l'an 7^0 , et Muratori , avec plus de vraisemblance, à i an 729. Mais elles neservirent qu'à l'irriter davantage. Depuis ce tems , il ne cessa de tendre des embûches à ce pontife, et de chercher l'occasion d'aile.iter à sa vie. Les Romains, instruits de son dessein, veillèrent sur les jours de leur pasteur, et mirent en défaut les émissaires envoyés pour le mettre à mort. Le patriarche Germain ne s'opposa pas avec moins de fer- meté que Grégoire à l'impiété de l'empereur. La déposition et l'exil furent ie prix de sa généreuse résistance. L'an 782 , I^con apprenant que Grégoire lll, successeur de Grégoire II j^ û88 CHRONOLOGIE HISTORIQUE a tenu un concile à Rome , où l'on a prononcé anatlièiric contre tous ceux qui s'opposeront à la vénération des (mages , fait équiper une flotte pour passer en Italie et se venger des Romains. IMais une tempête dissipe et submerge ses vaisseaux, et fait manquer l'expédition. Autre malheur bien plus terrible. L'an 740 (et non pas 74-» comme le marque un moderne), le 2G octobre, un grand tremblement de terre renverse les murs de Constantinople avec quantité d'édifices de cette ville, couvre de ruines la Thra e, et culbute les villes de Nicée, de Pre- nète Lt de Nicomédie. Ce fléau se fit sentir à diverses reprises pendant le cours d une année . et s'.^tcndit dans l'Egypte et tout l'Orient , où plusieurs villes furent abîmées avec leurs ha- bitants. ( JSiréph. BreQ.^ p. 'd'c'y . Cedren. - p. 4-^~-) L'empe- reur augmenta d'un douzième la capiîatiun du peuple de Consîantinople poui' la réparation des murailles, et l'impôt subsista toujours . lors même qu'elles furent réparées. Léon mourut le 18 juin 741 » après avoir régné vingt-quatre ans , deux mois et vingt-cinq jours. Il eut de Marie, sa femme, Constantin ijui suit, et Anne , épouse d'\riabasde ou Arta- vasde, ou même Artabase , gouveineur d'Arménie, COINSTANTIN IV, dit COPRONYME. 74i- CONSTANT'.?? IV, fils de Léon et de Marie, né en 719^ surnommé CoPRoNYJlE, parce qu'il avait souille les fonts sacrés a son baptême, qu'il reçut ie 25 octobre de la même année , fait auguste le .">i mars 720 , succéda, le i8 juin -l^i ^ à son père. Jl marche presqu'aussitôl contre les Musulmans qui faisaient des courses enx\sie. Pend.uit sort absence, Artabasde, son beau-frère, se fait proclamer empereur à Constantinople,où l'on fit accroire au peuple que Constantin élait mort en Phrygie. Constanlin , élantrentré à Cowstanlinople le 2 novembre 74-^1 s'^ saisit d' Arta- basde et de ses deux fils, ISicéphore et iNicéfas, leur fit crever les veux, et les envova en exil i.'an 782 , il commen(;a une nou- velle persécution contre bs défenseurs des saintes images, sur- tout contre les Moines, qu'il délestait à cause de leur zèje pour la vérité. Il leur fit soufiiir divers tourments ; et lorsqu'il fit mettre l'abbé saint Etienne en prison , ce saint homme y trouva trois cent quarante-deux moines de divers pays dont les uns avaient les mains coupées, d autres le nez mutilé , d'autres les yeux crevés, pour avoir refusé de souscrire aux edits contre les saintes Images. Cette prison devint un monastère, ou l'office se faisait régulièrement. Constantin eut avec les Bulgares de fréquentes guerres, dont les succès furent variés. Dans la der- nière expédition qu'il entreprit contre eux, se voyant attaqué d'un charbon pestilentiel , il s'embarqua pour revenir à Cous- DES EMPEREURS d'oRIENT. 289 tantlnople ; mais dans la route il expira au pied du château de Strongyle, le 14 septembre de Tan 776, après avoir régné trente-quatre ans deux mois et vingt-huit jours depuis la mort de son père. « Les écrivains contemporains, dit M. le Beau , » dépeignent Constantin Copronyme comme un prince livré » aux plus sales voluptés, puni de ses débauches même pendant w sa vie par des infirmités honteuses, par des ulcères qui lui « firent perdre plusieurs de ses membres ; troublé sans cesse de » terreurs qui lui ôtaient le sommeil ; brutal à l'égard de ses " domestiques, qu'il faisait déchirer à coup de fouet, degra- » dant la majesté impériale jusqu'à les frapper lui-même , in- " humain autant qu'injuste , se faisant apporter les mernbres » sanglants des martyrs et se repaissant de leurs supplices ;' » cruel persécuteur , ennemi de Dieu et des hommes , digne » d'être loué par ceux qui lui ressemblent. » Il avait épouse ,. 1°. , l'an 782 , Irène , qui lui donna Léon . son successeur ; 2°. Marie , dont on ne sait que le nom ; S"". EuDOXiE , dont il eut quatre fils , Nicéphore , Christophe, Nicétas et Eudoxe y avec une fille nommée Anthuse, que ses vertus éminentes , sur- tout sa grande charité envers les pauvres, a fait mettre au' rang des saints. LÉON IV , SURNOMMÉ CHAZARE. 770. LÉON IV, fils de Constantin et d'Irène , né le aS jan- vier 760, associéàl'empireleGjanvier 75 1, succéda, le i4sep- tembre 7 7 5, à son père. Il fut surnommé Chazare parce qu'Irène sa mère , était fille d'un prince des Chazares ou Chazars , peuple qui s'étendait depuis les Palus Méotides ( aujourd'hui la Cri- mée ) jusqu'à la mer Caspienne. Léon régna cinq ans seul et mourut le 8 septembre 780. D'abord et assez long-tems il dissi- mula son aversion pour les Images; mais il la fit" éclater la der- nière année de son règne , et persécuta les Catholiques à 1 exemple de son père et de son aïeul. Sa mort fut regardée comme une punition divine. Une couronne, que l'empereur Maurice avait suspendue sur l'autel de Sainte-Sophie , l'éblouit par l'éclat des pierreries dont elle était ornée, il la fit enlever et la mit sur sa tête. Il sortit aussitôt de son front des charbons pestilentiels, qui lui causèrent une fièvre ardente dont il mou- rut le même jour. ( Le Beau.) Il avait épousé la fameuse Irène dont il eut Constantin qui suit. * CONSTANTIN V , et IRÈNE , sa mÈre. 780. Constantin V, fils de Léon et d'Irène, né le 14 jan vier 771 , associe à l'empire h i 4 avril 776 , succéda , le 8 seo- Iv. o_ ago CHRONOLOGIE HISTORIQUE tembrc 780 , i son père. Sa mère , à raison de son bas-Sge , prit le gouvernement de l'empire ; et pour se l'assurer contre ses quatre beaux-frères, fils de Copronyme , elle commença par les faire ordonner prêtres. Cette précaution ne lui paraissant p is encore suffisante, elle fit crever les yeux à l'aîné, et couper la langue aux trois autres ; puis les envoya en exil à Athènes, où dans la suite ils furent égorgés par ses ordres. Irène ne traita pasf l'empereur , son fils , avec moins de cruauté. Ce prince, lors- qu'il se vit majeur, ajant voulut reprendre de ses mains l'au- torité dont elle n'était que dépositaire , elle traita de conjura- tion cette entreprise, et le fit enfermer dans le palais après l'avoir fait fouetter. Délivré de cette prison l'an 790 , Constantin la relégua elle-même dans vm château ; mais deux ans après, sé- duit par ses caresses, il la rappelle. Ceite mère, vitidicative et dénaturée, cherche à perdre son fils. Dans ce dessein barbare, elle lui conseilla. Tan 795 , de répudier jNIakie, sa femme , pour épouser ThÉODOTE, l'une des suivantes de la jeune impé- ratrice. Ce mariage souleva, comme Irène, l'avait prévu , tout le clergé contre lui. Irène se range du coté des mécontents , gagne les principaux officiers , et fait mettre sou fils dans une prison, où, par ses ordre, on lui creva les yeux avec tant de violence, qu'il en mourut le 19 août 797 , dans la dix septième année de son règne. H laissa de IMarle une fille , nommée iiu- ]»hrosyne , qui épousa Michel le Bègue. Irène régna seule en- viron cinq ans, jusqu'au trente-un octobre 8o:i , qu'elle fut dé- posée par un soulèvement général. ( C'est la première femixie qui s'assit en son nom sur le trône des Césars. ) Elle mourut , le 9 août 80.'), dans l'ile de Lesbos, où l'empereur Nicéphore l'avait exilée. Le plus grand mérite de cette princesse , est d'a- voir été zélée pour la religion catholique. Ce fut elle qui procura la tenue du septième concile général. Mais ce service, rendu à la religion , n'effacera jamais, aux yeux delà postérité, les for- faits de celte femme abominable, qui , pour satisfaire son ambition , fit périr ses beaux-frères et son fils. NICÉPHORE. 8o2. NicÉPHORE , patrice et grand-trésorier , fut proclamé lumultuairement empereur , le ài octobre 802, et couronné le lendemain, il était manichéen et iconoclaste. Ses mœurs , aussi corrompues que sa doctrine , le firent bientôt détester de ses sujets. l'an «Soâ , le palrice Bardane, surnommé le Turc, général de l'armée d'Asie, se vit conlraint par ses troupes d'ac- cepter l'empire. Mais ayant horreur de faire verser le sang des Chréliens pour sa cause, il abdiqua presque aussitôt de lui- DES EMPEREURS d'oRIENT. 2fjl mèmff , et prit ]'lK\bit monastique. Cette sauve-garde ne le ga- ranlit pas du ressentiment Je ÎSicéphore qui lui fit crever les yeux , contre le serment cju^il lui avait fait. Pour fixer les li- mites de l'empire grec du côté de l'Occident, ISicéphore fit celte même année bo'") , par ses ambassadeurs, un traité avec Charlemagne qui le laissa jouir de la partie orientale de ce qu'on nomme aujourd'hui le royaume de Naples et de Sicile. Il assura par ce traité la tranquillité de l'empire grec sur une de ses fi"on~ 1 1ères. JNIais il avait pour voisin à l'Orient un autre Charlemagne dans la personne du calife Haroun Raschlld , qu'il était égale- ment de son intérêt de ménager. Au lieu de prendre ce parti , Nicépliore ose le braver en lui redemandant, dans une lettre pleine de hauteur et de menaces, l'argent qu'il s'était fait don- ner par l'impératrice Irène pour lui accorder la paix. Haroun lui renvoie sa lettre avec cette apostille :Je vais moi-même vous parler ma réponse. Il part en même tems , passe comme un éclair au travers de l'Asie, et s'avance jusqu'à Héraclée, en Bithynle, mettant tout à feu et à sang. Nlcéphore , aussi prompt à prendre l'épouvante qu'Haroun à la donner, et plus faible qu'Irène, se soumet, pour obtenir la paix, à payer un tilbut annuel. Mais ne yiouvaut se résoudre à tenir cet engagement , il obligea par ses infidélités le calife à revenir sur les terres de l'empire dans les trois années consécutives. Enfin poussé à bout , l'an 806 , il fait avec Haroun un traité par lequel il s'assujettit à un tribu de irente-lrois mille pièces d'or, et s'engage de plus à ne point rétablii- les forteresses qu'Haroun avait détruites. Délivré du fléau de la guerre , Nlcéphore désola ses peuples par ses vexations pendant la paix. Il établit des impôts sur toutes les denrées, sur tous les chefs de famille, et taxa jusqu'au feu. L'argenterie des églises, les biens des hôpitaux, l'argent des négociants furent la proie de son a\arice. Toutes ces voleries occasionnèrent des ré- voltes qu'il punit par des exécutions qui firent déserter la plu- part des villes. L'an 811 , il marche contre les Bulgares, qui , depuis quatre ans, ravageaient la Thrace. Crumne, leur roi , demande la paix. N'ayant pu l'obtenir, il vient à bout d'enfermei l'armée des Grecs le 2.5 juillet , fond sur elle et la taille en pièces. Nlcéphore fut du nombre des morts , après un règne de huit ans et neuf mois. Ce prince laissa un fils qui lui succéda , et une fille. Procopia , femme de Michel Curopalate. C'est sous ce règne, dit M. de Beauvais, que les médailles grecques, qui ont cessé depuis Galère Maximien , se retrouvent, jusqu'à la fin de l'eiTipire. STAURACE. 811. Staurace, fils de Nlcéphore, fut du petit nombre de S^â CttftONOLOGïE HISTORÎQtlÉ ceux qui sVcliappèrenl du comliat où péril son père; mnî.«! il ^n rempoitA une blessure mortelle qui ne lui ôla pas néanmoins la passion de régner. S'étant iransporfé à Andrinople, où les débris de l'armée s'étaient rassemblés, il harangua les soldats, et porta l'indécence dans son discours jusqu'à invectiver contre la conduite de son père. Ce trait d'un mauvais naturel fut couvert par la haine qu'on portail à Nicéphore. On espéra qu'un fils, qui osait le condamner publiquement, prendrait une route opposée à celle qu'il avait suivie; et, le 20 juillet 811, il fut proclamé empereur. Mais sa blessure s'aigrissant de jour en jour, il fut contraint d'abdiquer le premier octobre suivant. S'étant retiré ensuite avecTHEOPHANON, sa femme, nièce de l'impéra- trice Irène, dans le monastère de Baucense, il y mourut le 5 ou le 6 janvier de l'an 812. Staurace avait une figure hideuse avec tous les vices de son père. MICHEL CUROPALATE, sur>ommé RHANGABE. 81 î. Michel Curopalate, beau -frère de Staurace, fut couronné empereur, le 2 octobre 811, après avoir évité les embûches que l'impératrice ïhéophanon lui avait dressées pour le perdre. Equitable, généreux, libéral, bon catholique, et zélé pour la religion, il réunissait dans sa personne toutes les qualités qui font l'excellent particulier; mais il manquait des talents nécessaires pour le gouvernement. Son règne ne fut que de vingt et un mois, pendant lesquels il eut presque toujours les armes à la main contre les Bulgares, et toujours avec désa- vantage. ( Voyez Crumne , roi des Bulgares.') Léon, gouverneur cleNatolie, ayant été proclamé empereur le 10 juillet 8i3 , Michel se réfugia dans une église avec Procopia, sa femme , ses trois fils, Théophilacle, Staurace et Nicétas, ( celui-ci prit ensuite le nom d'Ignace, et devint patriarche de Constanti- ïiople), et ses deux filles, Gorgon et Théophanon. Là, ils se coupèrent chacun les cheveux, et prirent tous Thabit monas- tique. Léon épargna la vie à Michel, et lui assura une pension modique qui fut assez mal payée, pour subsister dans un mo- nastère d'une île delà Propontide, où il se retira, et où il vécut encore trente-deux ans, sous le nom d'Alhanase. LÉON V, DIT L'ARMÉNIEN. 8i3. LÉOTï V, fds de R:>.rdas, originaire d'Arménie, ayant été proclamé empereur par les soldats , fut couronné , le 1 1 juillet 8i3, par le patriarche Nicéphore. Ce prélat, en lui mettant la couronne sur la tête, crut avoir touché des épines, Î)T.^ EMPEREURS d'oRIF.ÎîT. SgS t.lnt Srtn poil était rude. Criimne, roi des Bulgares, remporta sur lui de grands avantages, et fit des conquêtes rapides dans la Thrace. La mort en délivra Léon, comme il se préparait à faire le siège de Constantinople. Ce prince fut plus heureux contre Doucom , successeur de Crumne. ( Voyez les Bulgares. ) Léon fut appelle Camé/éon, à cause de ses mœurs changeantes et de son hypocrisie. Il parut d'abord catholifjue ; mais la se- conde année de son règne , il se déclara contre les saintes Images, chassa le patriarche Nicéphore, persécuta les Catholi- ques, et sur- tout les Moines, à l'imitation de Copronyme. L'an ISso , le 24 décembre, comme il assistait à matines, plu- sieurs conjurés l'attaquent; Léon se sauve dans le sanctuaire, prend une croix pour parer les coups ; mais un des conjurés lui décharge un si grand coup de cimeterre, qu'il lui abat le bras avec l'épaule, et un autre lui coupe la tête. Telle fut la fin de Léon , après sept ans et demi de règne : prince mémorable et digne de régner plus longtems , s'il nVût été persécuteur et cruel, lorsqu'il ne devait être que sévère. Ce fut le jugement que porta le patriarche Nicéphore , apprenant dans son exil la mort de Léon : La religion est déliorée d'un grand ennemi ^ dit- il en soupirant , mais l'état perd un prince utile. (Le Beau. ) De TnÉonosiA , son épouse, ce prince laissa quatre fils, que Mi- chel, son successeur, fit eunuques, après les avoir fait trans- porter, avec le cadavre coupé de leur père , dans l'île de Proté. MICHEL LE BEGUE. 820. Michel, successeur de Léon qui l'avait tiré de la plus basse condition , était en prison et condamné à être brûlé vif, pour avoir conjuré contre ce prince , lorsque Léon fut assassiné. A la nouvelle de cet événement, Michel sortit de prison; et ayant encore les fers aux pieds , il s'assit sur le trône , et fut salué empereur : il se rendit ensuite, vers le midi , dans la grande église , où il fut couronné par le patriarche. Michel rap- pela les exiles, quoiqu'il n'honorât pas les Images: mais bientôt après, il persécuta les Catholiques, et surtout les Moines. L'an 821, Thomas, soldat de fortune, qui, par degrés, était par- venu au commandement de l'armée d'Orient , s'élève contre Michel , sous prétexte de venger la mort de Léon , son bienfai- teur; et après s'être fait couronner empereur dans Antioche, il amène, l'an 822, son armée devant Constantinople, dont il entreprend le siège. Il échoua dans un violent assaut , qu'il livra par terre et par mer; ce qui lui fît prendre le parti de se re- tirer. L'année suivante au printems, étant venu assiéger de nouveau la ville impériale, il est battu d'abord parles Bul- ^9+ CIÎKONOLGGIE HISTORIQUE gares, que IVspoir du bulin avait allirés au secours de MiclicI ; onsuite, après leur retraite , par Michel lui-même ; double échec qui , l'ayant déconcerté , le réduisit à s'aller renfermer dans Andrinople. Il s'y défendit pendant cinq mois , au bout desquels les habitants, épuisés par la famine, le livrèrent à l'empereur qui , lui ayant fait cûu[)er les pieds et les mains, le fit promener en cet elat monté sur un âne, après quoi il ic laissa mourir, sans aucun soulageraertt , vers la mi-octobre 8:23. Le calme qui suivit fut très-court. L'an 8:i4, les Sarrasins d'Es- pagne enlevèrent aux Grecs l'île de Crète. Michel fit de grands, mais vains efforts pour les en chasser. Ils s'y fortifièrent , et bâ- tirent , dans un lieu nonmie Candax, la ville de Candie , dont toute l'île a pi is le nom.Ceux d'Âfri(jue, de leur côté, se rendirent maîtres, l'an 827, de la Sicile par la trahison du patrice Eu- phémius, qui, s'étant fait proclamer empereur, fut tué, la même année, dcvr.nt Syracuse , qu'il assiégeait. Michel mourut d'une colique néphrétique le premier octobre 82fj, après un règne de huit ans et environ neuf mois. Ce prince, dit un moderne, eut tous les vices et commit tous les crimes. Son ignorance «Tailleurs était si grande, qu'il ne savait ni lire ni écrire. De Thecle , sa première femme, il eut Théophile, qui suit, et Hélène, mariée au patrice Théophobe, issu du sang royal de Perse. Euphrosyne , sa seconde femme , . ne lui donna point es autres se réfugièrent sur les terres des Musulmans , d'où ils firent des courses sur celles de l'empire , pour se venger des cruautés qu'on avait exercées contre leur secte. L'an SSy, l'em- pereur Michel , par le conseil du césar Bardas , son oncle , fait renfermer sa mère dans un couvent avec ses filles. Alors 11 laisse le soin du gouvernement à Bardas, pour se livrer entièrement à ses passions. A la débauche , ce prince mêlait l'impiété , en con- trefaisant, avec les jeuiies gens de sa cour, les cérémonies les plus augustes de la religion. Bardas , irrité contre le patriarche Ignace qui lui avait rchisf, ia communion pour cause d'iuceste , 29R CHRONOLOGIE HISTORIQUE commence rexcrcice de son ministère parle chasser de son siège , et mettre Photlus à sa place, (^o/. les Patriarches de Constan- llnople. ) L'an 8B6, sur l'accusa tion secrète de Symbace , gen- dre de Bardas et Intendant des postes , homme violent et ambi- tieux , Michel persuadé que son oncle cherche à s'emparer du trône, le fait assassiner, le 21 avril, par les mains de Basile le Macédonien , qui l'avait porté à cette violence, et qu'il associa , le 26 mai suivant , à l'empire. L'an 8B7 , Basile , averti que Mi- chel veut attenter à sa vie , le prévient , et le fait poignarder le 24 septembre , comme il était plongé dans l'ivresse. Michel avait régné vingt-cinq ans, huit mois et quelques jours. Il n'eut point d'enfants de sa femme Eudocia. L'impératrice Théodora, sa mère, était morte peu de jours avant lui. Au milieu de ses dé- bauches et de ses divertissements sacrilèges, Michel fit cons- truire quelques églises , et enrichit de nouveaux ornements celle de Sainte-Sophie. Il crut faire preuve de sa haine contre l'héré- sie des Iconoclastes, par une action barbare, dont le récit fait horreur. L'an 865 , ayant fait tirer de leurs tombeaux les cada- vres de Constantin Copronyme et du patriarche Jean Lécano- mante , il les fit apporter dans le cirque. Là , exposés aux yeux du peuple assemble pour les jeux, ils furent battus de verges, et ensuite jetés au feu. Après cet affreux spectacle, on scia le tombeau de Constantin, qui était du plus beau marbre verd, et l'on en forma le balustre d'une église que l'empereur faisait bâ- tir. (Le Beau.) BASILE LE MACEDONIEN. 867. Basile , né de parents très -pauvres dans un village de ]\Iacédoine, mais originaire d'Arménie, succéda, le :24 septem- bre S^n , à Michel. Il avait d'abord été soldat ; et s'étant intro- duit à la cour de l'empereur Michel , il était parvenu par degrés à l'honneur suprême d'être associé au trône par ce prince. Ce n'était point , comme le prétendent les écrivains du tems, à une conduite irréprochable, à une probité soutenue, à une piété exemplaire qu'il était redevable de son élévation. Les faits avoués, par ces mêmes écrivains, prousent au contraire qu'il n'épargna ni les bassesses, ni les parjures, ni les meurtres , ni d'autres forfaits pour son avancement. Donnons quelques exemples de sa «''^retendue probité. Nous avons dit qu'il avait été l'instigateur et l'exécuteur de l'assassinat de Bardas. Ajoutons que c'était lui qui avait porté Symbace , gendre de ce prince , à le déférer à l'em- pereur comme avant de mauvais desseins contre sa personne ; que pour calmer les craintes du césar, qui commençait à se défier de lui, il avait juré avec l'empereur dans un écrit dressé par SJÏÏS empereurs b'ORIEW. b0 îrtiotius et signé avec une plume trempée dans le sang de J. C. , qu'on n'avait aucune intenlion de lui nuire , et cela peu de jours avant que de le mettre à mort. Michel , s'ennuyaut du com-« mcrce qu'il entretenait depuis long-teins avec Eudocie Ingérine, avait proposé, l'année précédente, à Jîaslle de la prendre pour épouse. Celui-ci, peu délicat sur le p>inl d'honneur, y consen- tit, répudia en conséquence Marie , sa femme, dont il avait un fils, nommé Tonstantin , et livra en échange Thèc'e, sa sœur, aussi ambitieuse et plus dissolue que son Irère. Basile, devenu seul possesseur du trône par la mort de Michel, se montra di- gne de le remplir. Dès qu'il ne lui en coûta plus rien pour être \ertueux , il ne conserva que ses bonnes qualités. Peu de jours après son couronnement, il chassa Photius de son siège, et rappela saint Ignace. Tout occupé du bien de l'empire, il ré- forma les abus qui s'étaient introduits dans la judicature et les finances sous le rc'gne précédent , soulagea les peuples oppri- més , et rétablit la discipline dans les armées. Mais le patriarche Ignace étant iTiort l'an Syy , Photius , dont la retraite n'avait pas amorti l'ambition , se donna des mouvements pour re- monter sur le siège dont on l'avait fait descendre -, et il ne tra- vailla pas en vain. L'empereur, flatté d'une généalogie que cet imposteur avait fabriquée pour le faire descendre des Arsa- cides , lui donna un asile dans le palais de Magnaure , l'admit dans ses conseils , lui confia l'éducation de ses fils , et liai laissa reprendre les fonctions éplscopales. L'an 880 , Basile , après avoir vaincu les Sarrasins en Orient et en Italie , ne peut les empêcher de dévaster le Péloponèse , et d'achever la con- quête de la Sicile par la prise de Syracuse qui fut défendue par les habitants au milieu détentes les horreurs qu'une ville assié-» gée peut éprouver. Un accident, arrivé à ce prince à la chasse et qu'on raconte diveisement , lui causa une fièvre qui l'em-» porta le i mars 886 , à la fin d'un règne de dix-huit ans , cinq mois et six jours depuis la mort de Michel III, De sa seconda femme il laissa trois fils , léon et Alexandre , ses succes- seurs, et Etienne qui fut patriarche de Constantlnople. A l'exemple de Justinien , Basile avait fait, l'an 8jy , une com- pilation des lois en quarante livres. Son successeur y en ajouta vingt autres. Ces soixante livres , connus sous le nom de Ba- sllisques , ont servi de règle à la jurisprudence de l'empire grec jusqu'à sa destruction. On a de plus de ce prince un petit ouvrage qui subsiste encore , sous le titre d'y/m au prince Léon. LÉON VI , DIT LE Philosophe* 886. Léon VI , tils de Basile et d'Ingérine , né le premier IV. 38 5q,^ CllROKOÎ.OGlF. mSTORlQtJE septembre 866 (If iieau ) , fait auguste l'an 870, succéda J le premier mars 8«6 , à sou père. Dès la première année de sou règne, il chassa Photius du siège de Constantinople , et y plaça Etienne, son frère. Léon, assez habile en politique , fut très-malheureux à la guerre. Les Musulmans, après avoir battu ses troupes , lui enlevèrent Tile de Samos. Les ducs lom- bards s'emparèrent de presque tout ce qui restait aux Grecs en Italie. Les Bulgares remportèrent sur Léon d'autres avantages. Pour leur résister , il appela les Turcs qui défendirent avec succès l'empire , dont ils devaient être un jour les destruc- teurs. La crainte lui fit admettre d'autres barbares dans l'em- pire. Deux nomades de scylhes, les Serviens et les Croates, étant venus lui demander des terres , obtinrent de lui celles qui portent aujourd'hui leurs noms. Léon eut les surnoms de Phi- losophe et de Sage, non à cause de ses mœurs qui étaient cor- rompues , mais par rapport à son amour pour les lettres. Il se mêlait de coiiiposer des sermons, au lieu de s'occuper de la défense de l'empire. Le tems nous a conservé trente-cinq de ces pièces qui sentent plus le déclamateur que l'orateur chrétien. Son Traite de la Tactique sert à faire connaître l'ordre des batailles de son tems , et la manière de combattre non seu- lement des Grecs , mais des barbares auxquels ils avaient af- faire. Ce prince mourut à quarante-cinq ans le 11 mai 911 , après vingt-cinq ans , deux mois et dix jours de règne. Il eut successivement quatre femmes , Théophanon , ZoÉ , Eu- DociE et ZoÉ-CARBONOPSmi-; , mère de Constantin , dit Por- phyrogénète, non parce qu'il était ne sous la pourpre , mais parce qu'il était né dans le palais de Porphyre , où, dans la suite, les impératrices firent ordinairement leurs couches. Ce dernier mariage , contraire aux lois civiles et canoniques des Grecs, qu'il avait lui-même confirmées, occasionna de grands troubles dans l'église et dans l'état. ALEXANDRE, CONSTANTIN VI , dit PorphyrogénètE, ROMAIN Lecapèî^e , CHRISTOPHE , ETIENNE Et CONSTANTIN YH , dit Porphygénète , empereurs. Qîi. Alexandre, né vers Tan 870, succéda, le xi mai qii, àLéon son frère, avec Constantin PoRPHYROGÉNÈTE,soa neveu. Mais le 6 juin de l'année suivante, les débauches, auxquelles il était livré , le conduisirent au tombeau. Le jeune Constantin , né au mois de septembre goS , commença de ce jour à régner seul. Zoé, sa mère, étant revenue de l'exd , où Alexandre l'avait envoyée, se mit à la tète des affaires. Elle foulint pendant sept ans , par la valeur du général Léon Phoeas, BES EMPEREURS D'ORIEiNT. ag^^ îa guerre contre Siméon , roi des Bulgares. L'an 919^ Romain- Lecapène , arménien de naissance et drungaire , ou grand amiral de Fempire , s'étant emparé de l'esprit de Constantin , l'engagea épouser, le i5 avril, Hélène, sa fille. Bientôt après, il persuade à ce prince de reléguer sa mère dans un couvent, et enfin il vient à bout de se faire déclarer par lui-même son collègue. Romain reçut îa couronne impériale le 17 ou le 24 décembre de la même année 919. Depuis ce tems , il fiit char- eé du gouvernement, pendant que Constantin s'appliquait à l'étude. L'an 920 , le 20 mai , Romain associe à l'empire son fils aîné Christophe ; et , l'an 928 , ses deux autres fils , Etienne et Contantin ; de celte sorte, il y eut alors cinq- empereurs à la fols. Christophe mourut au mois d'août 98 1. L'an 944» Romain fut enlevé du palais , le 20 décembre , par ordre d'Etienne , son fils , et conduit dans l'île de Proté : il y mourut dans l'état monastique le i5 juillet 948. Ce prince avait de la valeur et de la piété. L'an 927 , il avait obligé les Bulgares à lui demander la paix ; et pour la cimenter , il avait donné en mariage sa petite-fille à Pierre , leur roi. L'an 941 , il avait gagné contre les Russes , par ses généraux , une grande bataille navale sur le Pont-Euxin. Il avait remporté de sem- blables avantages sur les Turcs qui étaient venus l'attaquer à deux reprises, et les avait forcés à laisser l'empire en'repos. Il avait enrichi les temples d'ornements , et avait fait beaucoup de biei>> aux ecclésiastiques pour lesquels il avait un grand respect. De Theodora , son épouse , décédée le 20 février 922 , il eut , outre les enfants qu'on vient de nommer, Théophylacfe , pa- triarche de Constantlnople. L'an 945 , les deux empereurs , fils de Romain , convaincus d avoir conspiré contre Porphyro- génele , sont arrêtés le 27 janvier, et envoyés en exil. L'im- ératrlce Hélène , de l'aveu de son époux, j>rit alors en main es rênes de l'état. Cette princesse avare mit tout à prix d'ar- gent , le sacré comme le profane , et accabla les peuples d'im- pôts. L'an 9^9, Constantm Porphyrogénète mourut à Tage de- cinquante-quatre ans , le 9 ou le 1 5 novembre , du poison que Romain, son fils, à l'insligahon de Théopli^inon , sa femme, lui avait donné plusieurs mois auparavant. H emporta dans le- tombeau la réputation d'un prince au-dessous du médiocre , et d'un savant du premier ordre. On a de lui une Histoire d«- Basile le IMacédonien, son aïeul, un Traité de l'Art de gouver^ ner , adressé à Romain , son fils , et quelques autres ouvrages. Avec son successeur , il laissa quatre filles , dont l'aînée , Théo-» dora, fut mariée à l'empereur Jean Zimisquès. Le père Pagl se trompe lorsqu'il dit que les années de Cons- tsnllrj Porphyrogénète se prennent de l'an 91a, ï)lles commeu- l 3oO CHRONOLOGIE HISTORIQUE cent en gn à la mort de son père , comme le prouve Mura tort. ( Annal. d'Ital. , t. Y, p. 274. ) ROMAIN II , DIT LE JEUNE. 959. Romain II , fils de Constantin Porphyrogéncteet d'Hé- lène, né Tan g3g , associé au trône, par son père, dès l'an ()48, lui succéda le 9 ou le i5 novembre 909. Son règne fut tel qu'on devait l'attendre d'un parricide. Romain vécut dans la débauche et l'oisiveté. Cependant il eut le bonheur d'avoir deux habiles généraux, JNicéphore Phocas et Léon Phocas , <)ui firent de grandes conquêtes sur les Sarrasins et sur les Russes, Ce prince mourut d'épuisement , causé par ses dé- bauches, le i5 mars 968, n'ayant régné que trois ans et quatre Tnois. Il avait épousé, i** , l'an 94>^, Beuthe , fille naturelle de Hugues , roi d'Italie , morte sans enfants ; 2*^ THEOtHANON, iille d'un cabarctier, dont il laissa deux fils en bas âge , Basile •et Constantin , depuis empereurs; avec deux filles, Théoplia— nie , femme d'Otton II, empereur d'Allemagne, et Anne, înarlée à Vladimir, duc de Russie. Après la mort de Ttomain, Théophanon , sa veuve , fut déclarée , en mars 963 , régente de l'empire et tutrice de ses deux deux fils. NICEPHORE PHOCÀS. 963. NiCEPiiORA Phocas , grand capitaine , célèbre par plusieurs victoires qu'il avait remportées sur les Musulmans efe sur les Russes , fut élevé à l'empire , par l'armée qu'il comman- dait , le 2. juillet 963 , à l'âge de cinquante et un ans; et le 16 août suivant , il fut couronné , parle patriarche Polvenrie , à Constantinople. L'impératrice 1 héophanon , loin de s oppo- ser à son élévation , la favorisa secrètement; et quelques jours après son couronnement , elle lui donna sa main Nicéphore était fils du patrice Bardas, qu'il déclara césar en monlahl sûr le trône. Voulant signaler le commencement de son règne par «|uelque expédition militaire , il envoya une armée en Sicile pour en chasser les Musulmans. Mais elh' y périt toute entière jlar la témérité de Manuel, son général , fils naturel de Léon, oncle de Nicéphore , jeune homme sans expérience et sans ca- pacité. Jean Zimisquès, autre général de Nicéphore , soutenait cependant en Cilicie la gloire des armes romaines contre ces mêmes infidèles, dont il fit dans une bataille un si gr.'i:idcar- Âiage , que le lieu où elle se donna fut appelé la Colline de sui/f^. ÎSicéphore vint en personne les attaquer en 966 ; et après les âYok chas&és de la Cilicie , il reconduit sur eux file de. DES EMPEREURS d'oRIENT. 3or Chypre. Etant passé de là en Syrie , toutes les places de cette province lui ouvrirent leurs portes, à l'exception d'Antioche , dont les pluies l'empêchèrent de se rendre maître. Après son dé- part , le patrice Burzès, malgré l'ordre qu'il lui avait donné de rester sur la défensive, entreprit la conquête de cette place, et y réussit sans avoir perdu un seul des siens. Ce succès ex- cita la jalousie de Nicéphore , et occasionna la disgrâce du gé- néral qui fut révoqué. Celle de Zimisquès suivit de près. L'an 968 , Nicéphore, résolu de rendre à l'empire tout ce que les Musulmans lui avaient enlevé en deçà du Tigre , se remet en marche le 22 juillet. Il pénétra jusqu'à Nisibe , qu'il attaqua sans succès , ravagea la Mésopotamie , et repassa l'Euphrate , après avoir fait trembler le calife dans Bagdad. Ce prince n'a- vait de passion que pour la guerre ,. sans aucun talent pour gou- verner les hommes. Il accabla d'impositions ses peuples pour enrichir ses soldats, altéra les monnaies, dépouilla les églises, et exerça un monopole affreux sur les blés dans un tems dç disette. D'ailleurs , insociable par caractère et d'une figure presque hideuse, il s'attirait la haine de tous ceux qui l'envi- ronnaient. L'impératrice , sa femme , à laquelle il était de- venu insupportable, s'étant concertée avec Zimisquès , le fit assassiner par une troupe de conjurés, à la tête desquels était ce général , la nuit du 10 au 11 décembre 96g. Le règne de IS'icéphore fut de six ans, trois mois et vingt-six jours ; il mou- rut âgé de cinquante-sept ans. JEAN ZIMISQUES, BASILE II ET CONSTANTIN VIII. 96g. Jeais Zimisquès , ainsi nommé de la petitesse de sa taille , mais d'une valeur éprouvée dans plusieurs batailles contre les Sarrasins , fut proclamé empereur le jour même qu'il assassina Nicéphore Phocas, et couronné le jour de Noël suivant. Dans le même tems , il déclara qu'il associait à l'em- pire Basile et Constantin, fils de Romain IL Zimisquès eut continuellement les armes à la main contre les ennemis de l'empire , les Russes, les Bulgares et les Sarrasins. L'an 976, comme il se préparait à faire le siège de Damas , il mourut , le 10 janvier, du poison , à ce qu'on prétend, que l'eunuque Basile , son grand-chambellan , lui avait fait donner , dans la crainte d'être dépouillé des grands biens qu'il avait amassés. Ce prince avait épousé, i" Marie, sœur du général Bardas Sclérus ; z" ThÉODORA , fille de Constantin VU. 3oâ CHRONÛWGÏE HISTORIQUE BASILE II, CONSTANTIN VIII, frères. 976, Basile II et Constantin VIII , nommé quelquefoU PoRPHYROGÉNÈTE , fils de Romain II , ou le Jeune , succé- dèrent à Zimisquès le 10 janvier 976. Ces deux frères ont régné environ cinquante ans ensemble; mais Constantin abandonna le soin du gouvernement à Basile pour se livrer entièrement à ses plaisirs. Basile , pendant les onze premières années de son règne, eut les armes à la main contre Bardas Sclérus et Bardas Phocas , qui voulaient lui enlever l'empire et le partager entre eux. Vainqueur de ces deux rebelles , après onze années de combats, il attaqua les Sarrasins , fit des conquêtes sur eux , et les força à demander la paix. ïl se tourna ensuite contre les Bul- gares , et remporta sur eux de grandes victoires , qui lui mé-» ritèrent le surnom de Bulgaroctone. Mais, l'an 1014 , les ayant défaits entièrement, le 29 juillet, il ternit la gloire de cette journée par la plus insigne barbarie. Sur cent des prisonniers qu'il avait faits , au nombre de quinze mille , il fit crever les deux yeux à quatre-vingt-dix-neuf, et un seulement au cen- tième , puis les renvoya ainsi , chaque centaine étant con- duite par un borgne à leur roi Samuel. Il continua la guerre contre ces peuples, et réussit enfin, l'an loig, à soumettre la Bulgarie à l'empire. Ce prince mourut dans la soixante-^ dixième année de son âge , au commencement de décembre 102$, peu regretté de ses peuples, dont il avait sacrifié le repos à sa passion pour la guerre. On ignore s'il avait été ma- rié. Constantin , son frère , mourut au même âge le 12 no- vembre 1028, laissant d'HÉLÈNE , sa femme, trois filles, Eu-> docie, qui se fit religieuse , Zoé et Théodora, Trois jours avant sa mort , il contraignit Romain Argire de répudier sa femme pour épouser Zoé , qui lui apporta l'empire pour sa dot. ROMAIN III, DIT ARGYRE. 1028. Romain Argyre, d'une famille ancienne et illustre, succéda , le 12 novembre 1028 , à Constantin.il était âgé pour lors de cinquante-cinq ans. Ayant porté la guerre contre les Sarrasins, il fut défait le 1 3 avril io3o ; ce qui lui causa une mélancolie dont ses peuples ressentirent les tristes effets. Mais, dans la suite, il répara cet échec par plusieurs victoires qu'il remporta sur les infidèles , et par la conquête de plusieurs villes qu'il leur enleva. Romain fit beaucoup de bien pendant son règne qui ne fut que de cinq ans et environ six mois. Zqé, sa femme , en abrégea la durée , pour élever sur le trône ua DÉS ËMtËRÈtlRS d'oïIIEKT: So5 tliangèur et faux-monnoyeur, nommé Michel, à qui elle s'é- tait abandonnée. Cette princesse débauchée fit étouffer son époux dans le bain le 1 1 avril io34, après lui avoir fait donner Un poison trop lent au gré de ses désirs. MICHEL IV , DIT PAPHLAGONIEN. 1084. Michel PaphlaGonien , ce vil changeur, adultère de Zoé, fut marié avec elle, reconnu empereur, et couronné le II avril io34, le jour même de la mort de Romain. Peu propre au gouvernement ^ il en abandonna le soin à l'eunuque Jean , son frère , qui ne daigna point le partager avec Zoé. Cette princesse, trompée dans ses espérances, voulut se venger, et n'y réussit pas alors. Michel ne manquait pas de valeur. Il en donna des preuves. Tan 1041» dans une expédition qu'il fît avec succès en Bulgarie , quoique attaqué d'une hydropisie déjà formée , pour réprimer une révolte qui s'y était élevée. Tous les soirs , il se couchait en si mauvais état, qu'on pensait qu'il ne relèverait pas de son lit ; et le lendemain , on le voyait aa point du jour à la tête de son armée. Cependant Michel était agité par des remords qui , joints à ses infirmités , le firent tomber en démence. Il eut néanmoins de bons Intervalles , dans lesquels il lit plusieurs choses édifiantes et utiles. A la fin , il prit le parti d'abdiquer , et se retira dans le monastère des Anar- gyres, où il mourut dans l'état de moine , le 10 décembre io4i» MICHEL V, DIT CALAFATE. îo4t. Michel, fds d'Etienne , calfateur de vâlsseau-t, et de Marie , sœur de Michel Paphlagonien , surnommé CalafatE, du métier de son père , succéda , par la faveur de Zoé, qui l'a- vait adopté pour son fils , à Michel Paphlagonien , son oncle ^ et fut couronné le 14 décembre io4î. Il avait promisà sa bien- faitrice de la reconnaître toujours pour sa maîtresse et sa mère» Mais ayant donné sa confiance à Constantin ^ son oncle , il relégua Zoé dans l'île du Prince. Le peuple, irrité de cette in- gratitude , proclama impératrice Théodora, n'ayant point Zoé en son pouvoir. Michel, hors d'état de se soutenir , fut contraint de se retirer dans le monastère de Stude avec son oncle. Le peu- ple les en tira de force le 21 avril 1042 , et leur fit crever les yeux. Constantin souffrit ce supplice avec une fermeté digne d'une meilleure cause. Michel, au contraire , montra sa lâcheté et sa faiblesse par des lamentations , des pleurs et des cris af» freux. ( Le Beau. ) L'oncle et le neveu furent ensuite reléguéâ en deux monastères différents , où Us achevèrent leur destiuéé» Michel avait régné cinq mois et cinq jours. ( Pagi. ) 3^4 CHRONOLOGIE HISTORIQUE ZOÉ ET THÉODORA. 1042. Zoé, de retour à Constantinople , fut reconnue pour souveraine avec ThÉodoRA , sa sœur , après l'expulsion de Mi- chel Calafate. Elles régnèrent moins de deux mois ensemble , quoique les historiens grecs en comptent trois , parce que leur règne commença dans le mois d'avril et finit dans le mois de juin. Ce fut pour la première fois qu'on vit l'empire soumis à deux femmes. On leur obéit d'abord avec joie, par respect pour le sang de Basile. Mais bientôt le peuple , se dégoûtant du gou- vernement des deux sœurs , tout occupées d'amusemens fri- voles , pressa Zoé de se remarier ; ce qu'elle fit , quoiqu'âgée de soixante- trois ans. CONSTANTIN IX, dit MONOMAQUE. 1042. Constantin Monomaque , du rang des nobllis- simes , exilé par Michel Paphlagonien, et rappelé après la mort de ce prince , épousa, le 1 1 juin 1042, l'impératrice Zoé, dont il avait été l'amant, et le lendemain , il reçut la couronne im- périale. Ce fut un prince voluptueux et indolent, qui se laissa gouverner par Sclérène, sa maîtresse. Cette femme, à l'instiga- tion de Romain Sclérus, son frère, engagea l'empereur à des- tituer le général Maniarès , distingué par plusieurs victoires sur les Sarrasins. Maniacès, outré de cet affront , se révolta, prit la pourpre, battit deux fois les troupes qu'on avait envoyées contre lui , et périt, sur la fin de 1042, dans la seconde ba- taille, entre les bras de la victoire. L'an 1044» nouvelle révolte. Léon Tornicius , parent de Monomaque , se fait proclamer empereur à sa place. Il assiège Constantinople, et manque l'oc- casion d'y entrer. Ses troupes l'abandonnent; il est pris et à les yeux crevés. L'an io5o, selon Banduri , io54, selon Pagi et M. le Beau , Zoé meurt âgée de soixante-douze ou soixante-» seize ans. L'an io54 , Monomaque. étant tombé malade, pense à se donner un successeur. Il jette les yeux sur Nicéphore Bryenne. Théodora , sa belle-sœur, en étant instruite, se fait reconnaître impératrice. Cette nouvelle accable Monomaque , et avance le moment de sa mort , que MM. Fleuri et Le Beau placent au 3o novembre io54 , en lui donnant douze ans et près de six mois de règne. La négligence de ce prince, tourmenté de la goutte depuis qu'il était sur le trône, donna lieu aux: Turcs de faire de grands progrès en Syrie et en Asie, sous la conduite de Togrul-Beg , nommé par les Grecs Tragolipix. Ce fut sous le règne 4e Monomaque que se consomma le schisme des Grecs, DES EMPEREURS d'oRIENT. 3o5 THÉODORA , IMPÉRATRICE. ïo54- Théodora , sœur de Zoé, fut reconnue seule impé- ratrice après la mort de Constantin Monomaque. Cette princesse , par le choix qu'elle sut faire de bons ministres et de bons géné- raux, rendit son gouvernement aimable au-dedans, et redou- table au-dehors. Elle mourut à Tàge de soixante-seize ans , le 2.2. août io56, après dix -neuf mois de règne. MICHEL VI , mT STRATIOTIQUE. io56. Michel, surnommé Stratiotique , succéda, le 21 août io56, à Théodora, par le choix de cette impératrice. Il était vieux , ne savait que la guerre, et n'entendait nullement les affaires du gouvernement. Aussi s'éleva-t-il bientôt des ré- voltes contre lui. Isaac Comnène, s'étant mis à la tète de la dernière , l'obligea de lui céder la dignité impériale le 3i août loSy. ISAAC COMNÈNE. loSy. Isaac Comnène, d'une famille illustre, qu'on croit originaire de Rome , fut proclamé auguste , par les troupes qu'il commandaiten Asie, le 8 juin loSy , reconnu, le 3i août , à Constantinople , par Michel qui lui remit l'empire, et cou- ronné le I*^ septembre de la même année. Il ne conserva cette dignité, selon Zonaras, que deux ans et trois mois, pendant lesquels il enchanta ses peuples par la sagesse de son gouverne- ment. Dégoûté des grandeurs humaines, à l'occasion d'une ma- ladie qu'il eut, il abdiqua l'empire, en loSg, en faveur de Constantin Ducas, au refus de Jean , son propre frère. Isaac se rendit ensuite au monastère de Stude , où il vécut encore un an dans l'état religieux. Après sa mort , son cadavre se fondit en peu de jours, ensorte que son cercueil se trouva rempli d'eau. L'impératrice Catherine , sa femme , fille de Samuel , roî des Bulgares , s'était d'abord opposée à sa retraite; mais ensuit» elle prit le même parti avec Marie , sa fille. CONSTANTIN X , DUCAS. loSg. Constantin X, Ducas, né, l'an 1007, ^^ l'illustre famille des Du 3o6 gUroîîologie historique tielles pour le gouvernement. La réforme qu'il fit clans sc§ troupes, par esprit de lésine, enhardit les Turcs à faire des incursions sur les terres de l'empire. Sans la peste et les Bul- gares qui les exterminèrent , ils eussent envahi l'Asie et la Thrace. Constantinople, pendant son règne, fut agitée violem- ment par des tremblements de terre, qui en renversèrent les plus beaux édifices. Ce prince mourut âgé de soixante ans, au mois de mai 1067, après sept ans cinq mois de règne. De l'im- pératrice EUDOCIE, son épouse , fille de Constantin Dalassène , princesse célèbre par ses talents, ses vertus et ses ouvrages, il laissa trois fils, Michel, Andronic et Constantin, avec trois fdles , Anne, Théodora et Zoé , dont la deuxième épousa Do- minique Silvio , qui fut doge de Venise. Constantin étant au lit de la mort , fit promettre , par écrit , aux sénateurs , de ne point reconnaître après lui d'autres sou- verains que ses fils, et à sa femme de ne point se remarier. EUDOCIE AVEC MICHEL VII, dit PARAPINACE, AN- DRONIC ^^ ET CONSTANTIN XI, ses fils, et RO- MAIN IV, SURNOMMÉ DIOGÈNE. 1067. Eudocie, après la mort de l'empereur Ducas, son époux , prit en main les rênes de l'empire avec ses trois fils , Michel , Andronic et Constantin. Romain Diogène , dont le père avait fini ses jours dans l'exil pour avoir usurpé la pour- pre sous Romain Argyre, veut imiter son ambition , sans crain- dre le châtiment qu'elle lui avait attiré. Instruite de son des- sein , Eudocie s'assure de sa personne , et le condamne à mort. Mais avant l'exécution , elle est curieuse de le voir. La bonne roiine du coupable , et les grandes qualités qu'elle aperçoit en lui, charment l'impératrice, au point que, non contente de lui accorder sa grâce, elle pense à l'épouser. Un seul obstacle l'arrêtait ; c'était la promesse que Constantin Uucas en mou- rant l'avait obligée de signer. Pour la retirer des mains du pa- triarche, et l'engager à la déclarer nulle, elle lui fait espérer qu'elle choisira Bardas, son frère, ou son neveu , pour époux. Le prélat, séduit par cet appât, donne dans le piège. L'écrit rendu et annulé du consentement des sénateurs (|u'il avait ga- gnés, l'impératrice fait aussitôt venir au palais Romain Dio- gène , lui donne sa main et l'associe au trône. Ceci est du I*'. janvier 1068. Mais Eudocie ne fit une dupe que pour fairt; un ingrat. Diogène n'eut pas plutôt l'autorité suuveraine en main , qu'il commença par exclure de fadminist ration des af- faires l'impératrice et ses enfants. Eudocie profita du repos au- quel son époux l'avait condamnée , pour mettre la dernière DES EMPEREURS D'ORIENT. SoJ rnaln à une espèce de dictionnaire qu'elle intitula : lonia , Vio- larîum ; ouvrage grammatical , mythologique et historique , qu'elle eut la générosité de dédier à Romain Diogène lui-même, et que M. d'Ansse de Villoison a donné au public , avec des dissertations et des notes qui en lèvent toutes les difficultés et en font sentir tout le mérite. Piomain Diogène fit contre les Turcs trois campagnes, dont les deux premières furent heu- reuses. La dernière l'eût également été, si, content d'avoir chassé les Turcs hors des limites de l'empire , il ne les eût point foursuivis jusqu'en Perse , et ne leur eût livré bataille contre avis de ses généraux. Il fut pris au mois d'août loyi , et con- duit au sultan Asan , qui lui rendit, peu de tems après, sa li- berté. Mais au moment qu'on eut appris à Constantinople sa captivité , le césar Jean Ducas , oncle des jeunes princes , fit reléguer Eudocie dans un couvent , et déclarer seul empereur Michel, fils aîné de cette princesse. Diogène, revenant à Cons- tantinople , fut arrêté sur la route par le gouverneur d'Ar- ménie, qui lui fit crever les yeux avec tant de violence, qu'il en mourut au mois d'octobre de la même année loyi , dans l'île du Prince, où on l'avait confiné. Il laissa d'Eudocie, Constantin , qui épousa Théodora Comnène , Nicéphore , qui fut privé de la vue sous Alexis Comnène pour cause de révolte ; privation malgré laquelle il devint un célèbre mathématicien; et Léon, qui périt dans un combat contre les Scythes. Romain avait eu d'une première femme un fils, qui passa au service des Turcs, et fut tué en combattant sous leurs drapeaux. A l'égard de l'in^pératrice Eudocie, elle vécut au-delà de l'an 1096. Michel VII, fils de Constantin Ducas et d'Eudocie, sur^ rapacité lurent tres-tunestes a l emp scldgioucides d'un côté , les Sclaves et les Scytes de l'autre, firent de grands progrès en Asie et en Thrace sous son règne. L'an 1078, le peuple de Constantinople, partagé entre deux concurrents qui s'étaient élevés contre lui, l'obligea de descen- îlre du trône le '61 mars. Il se retira au monastère de Stude, d'où il fut tiré dans la suite pour être fait archevêque d'Ephèse. Mais il n'alla qu'une seule fois dans son église , d'où , étant revenu aussitôt , il acheva sa vie dans son monastère , travail- lant de ses propres mains. Michel avait régné six ans et enviroa six mois. Il eut de Marie , son épouse , un fils, nommé Cons- tantin , qui mourut, sous le règne d'Alexis Comnène, ayec le titre d'auguste. Michel j au commencement de son règne , avait envoyé deux. 3o8 CHRONOLOGIE HISTORIQUE moines à Rome avec des lettres , où il témoignait son respect pour le pape , et son attachement à l'église romaine. Grégoire Vil profita de cette ouverture pour travailler à la réunion des deux églises. Il chargea , l'an loyS , Dominique , patriarche de Yeiiise , d'aller négocier cette importante affaire à Constantino- ple ; et l'année suivante il adressa à tous les fidèles , une lettre clatéc du 1*^ mars . pour les engager à réunir leurs forces contre les Turcs en faveur des Grecs. On peut regarder cette lettre , dit ÎVI. le Beau , comme le premier son de trompette qui réveilla l'Occident , et commença d'allumer dans les cœurs le feu des croisades. NICÉPHORE BOTONIATE et NICÉPHORE BRYENNE. 1078. NiCÉPHORE BOTONIATE et NlCÉPHORE BuYENNE furent déclarés tous deux empereurs l'an 1077; le premier en Orient , le 10 octobre , par l'armée qu'il commandait ; le second en Occident , aussi par ses troupes , le S du même mois. Bo-» toniate , appuyé des Turcs, marche à Constantinople , où il fit son entré le 2.0 mars 1078. Il y fut couronné , le 3 avril sui- vant, parle patriarche Cosme , et non par Emilien , patriar- che d'Antioche , comme le prétendent des modernes. Maître de la capitale, il fit la guerre à Bryenne qui, ayant été fait prison- nier par Alexis Comnène, fut amené à Constantinople, et eut les yeux crevés. Alexis délivra ensuite Botoniate d'un autre rival, nommé Basilace, qui avait pris la pourpre à Thessalonique. Mais s'étant depuis brouillé avec Botoniate , il se révolta lui- même , et se fit proclamer empereur dans la Thrace au mois de mars 1081. Il s'achemine aussitôt vers Constantinople qu'il prend le i^^ avril suivant. Le faible Botoniate, se voyant aban- donné, s'enfuit dans un monastère, où il mourut peu de tems après. Il avait épousé, 1*^. Verdine ; 2". Marie, femme de Parapinace , du vivant de ce prince. Il paraît qu'il ne laissa point d'enfants. A l'égard de Nicéphore Bryenne , il eut un fils , nommé comme lui , qui devint l'épuux d'Anne , fille d'Alexis Comnène , et composa l'histoire grecque de son tems. ALEXIS 1". , COMNENE. 1081. Alexis P"^: , Comnène, fils de Jean Comnène, né l'an io4'^', proclamé empereur au mois de mars 1081 , fut couronné le i*'". avril suivant. Le 18 octobre de la même année , il fut battu, près de Duras, en Dalmatie, avec une armée de cent soixante-dix mille hommes, par Robert Guiscard , duc <)«" Calabre , qui n'en avait que quinze mille. Il le fut encore d'eu* DES EMPEREURS d'ORIENT. Sog fols, l'an ioS3, par Boémond , fils de Giiiscard , qui mit fusuite le slfge devant Larisse , eu ïhessalic. Mais Alexis , avec le secours des Turcs , l'obligea de se retirer avec perte. L'an 1084, les Vénilieus , s'étant allies avec Alexis, remportèrent deux victoires sur Guiscard , qui eut sa revanche dans un troi- sième combat. Les Turcs cependant poussaient leurs conquêtes en Asie. L'an 1092, Alexis, pressé de toutes parts, envoya demander du secours en Occident. Le pape Urbain II lui pro- mit trois cent mille hommes. La croisade, publiée en logS, tripla ce nombre et au-delà. L'an 1096 , Alexis vit arriver une partie île la première division des croisés , conduite par Gau- tier, dit Suns-Avoir^ lieutenant de l'ermite Pierre, auteur de la croisade, qui le suivait de près avec l'autre. Le tout n'était (lu'un ramas de brigands. Les désordres cju'ils commirent sur les terres de l'empire , et sur-tout aux environs de Conslanti- nople , firent regarder à l'empereur cette milice comme des ennemi^ non moins dangereux que les Turcs. Pour s'en déli- vrer, il se hâta de leur faire passer le Bosphore. La deuxième division , qui parut ensuite, ne lui inspira pas plus de confiance. Elle était, à la vérité , mieux disciplinée; mais il y voyait, entre les chefs , Boémond , son ennemi capital. Alexis fit néan- moins un traité avec eux ; après quoi ils passèrent en Asie , et commencèrent leurs conquêtes par la prise de Nicée. Depuis ce terns , si l'on en croit les historiens latins, Alexis n'oublia rien pour faire périr les croisés en Asie. On cite même une lettre des chefs de la croisade au p3pe Urbain, où ils disent que l'em- pereur grec leur fit tout le mal qui fut en son pouvoir. Ce qui est certain, c'est que, départ et d'autre, on se manqua de parole. Alexis avait promis un corps de troupes aux croisés, et ne le fournit pas. Le.^ croisés , par représailles, manquèrent à la promesse qu'ils lui avaient faite de restituer à l'empire les con- quêtes qu'ils feraient sur les Turcs. Delà vint la mésintelligence qui régna perpétueilement entre les croisés et les Grecs. Alexis mourut le i5 août ni8 , âgé d'environ soixante-dix ans, après un règne de trente-sept ans, quatre mois et demi. On ne peut refuser à ce prince de la valeur, de l'équité envers se^ sujets, du savoir et du zèle pour la conversion des Hérétiques. 11 paraît qu'il fut toujours en communion avec leglise romaine, Il laissa d'iREME DuCAS, son épouse, qui lui survécut et finit ses jours dans un monastère , Jean . son successeur ; Isaac Comnène, tige des empereurs de Trébisondc ; Anne, mariée à Mcephore Ëiyennc , le fils, et auteur d'une vie de son père en quinze livres; Thécdora , femme de Constantin l'Ange, souche des l'Ange, qui parvinrent à l'empiie , etc. L'empereur Alexis Comnène ï\i\. surnomme Bambacurax , Ti.-)rcc nu'il était 5io c^RO^"o:.OGlE kistouique Lègue et qu'il avait la voix rauque : défaut dont Anne, sa fille, convient. (Liv. i, p. 19. ) JEAN COMNÉNE. 1118. Jea>' Comnè>;e, né Fan 101S8, déclaré auguste par Tempereur Alexis , son père , à Tago de quatre ans, lui succéda le i5 août 1 1 18. On a donné à ce prince deux surnoms qui sem- se contredire. Les uns l'ont surnommé le Maure, à cause de îa couleur de ses cheveux et de sa peau : carne et capillo nîger , dit Guillaume de Tyr ; les autres Pont appelle Calojean , ou ie Beaujean , à cause de ses talents et de ses vertus ; et c'est la dénomination sous laquelle il est le plus connu. Irène, sa mère, et Anne , sa sœur, après la mort d'Alexis, firent leurs efforts pour faire tomber l'empire à ÎNicépbore Bryenne , époux de la dernière, et mirent un grand nombre d'ofticiers du palais dans leur parti; maisîa prudence de Jean dissipa cette conjuration. Anne, dans l'impuissance de sa fureur, se plaignit de n'être pas homme pour avoir la force de tuer son frère. Les Turcs seld- gioucides ayant rompu la paix qu'ils avaient faite avec Alexis , Jfean marcha contre eux l'an 1120, et reprit plusieurs places qu'ilsavaient enlevées à l'empire. Ses armes ne furent pas moins heureuses en Thrace contreles Turcs patzinaces, qui avaient passé le Danube. Ilvainquit aussi les Triballes, appelles dès-lors Ser— viens. L'an 1 14'^, s'ctant fait une blessure à la chasse avec une flèche empoisonnée , il en meurt, en Cilicle, le 8 avril, à l'âge de cinquante-cinq ans, après un règne de vingt-quatre ans, sept mois et vingt-quatre jours. (F. Piaimond , prince d'Antioche.) De Pyrisca , dite InÈNE , son épouse, fille de Geisa 1 , roi diî Hongrie, qu'il avait épousée avant l'an iio5, morte en 1124, il laissa Isaac et Manuel, son successeur, avec trois filles. « Ce » prince, héritier, dit M. le Beau , du courage, de la prudence M et des autres grandes qualités de son père, le surpassa encore *> par une vertu sans mélange d'aucun vice. H eut été digne de » naître dans les beaux jours de l'empire Romain; c'est le Marc- « Aurèle deConstanlinople ». Son corps fut rapporté dans cette ville et inhumé dans la grande église. MANUEL COMNÈNE. 1 143. Manuel Com>;è?oy. aussi Kilidge Ars- lan II, sultan d 'Iconium^ pour les guerres qu 'il eut aoer DJanuel. ) L'an 1180, Manuel finit ses jours le 24 septembre, âgé de soixante ans, après avoir régné trente-sept ans, cinq mois et seize jours. En mourant, il demanda pardon d'avoir ajouté foi aux astrologues qui lui avaient promis encore quatorze ans de règne. Ce prince, de même que son père et son aïeul, se montra bien intentionné pour la réunion des deux églises. Mais il prétendait , à l'exemple de la plupart de ses prédécesseurs ; être l'arbitre né des controverses théologiques, même des plus frivoles; et malheur à quiconque ne se rendait pas à son sentiment, la déposition ou l'exil était la peine de son opposition. Les Grecs et les Latins se sont accordés à décrier Tempereur Manuel; 3l2 CHRONOLOGIE HISTORIQUE ceux-là, parce qu'il les avait accablés d'impôts ; ceux-ci , parce qu'il en avait mal usé envers les croisés. Mais les besoins de l'état justifiaient ses exactions, et la conduite des croisés à son égard semblait l'autoriser à les traiter en ennemis. Une faute , plus réelle et plus grave en politique, qu'on lui reproche, c'est d'avoir aboli la marine, parce qu'elle coûtait trop à entretenir. Il avait épousé, i'^. , l'an n44 •> Berthe , dite Irèîse par les Grecs, soeur de Gertrude , femme de l'empereur Conrad, dont il laissaMarie Comnène, femme deRainier, marquis de iVlont- ferrat ; 2"., l'an 1161 , Marie, fille de Raimond, prince d'An- tioche, dont il eut Alexis, qui suit. Manuel eut encore d'un com- merce scandaleux avec Théodora, sa nièce , femme hautaine et arrogante, un fils, nommé aussi Alexis, à qui Andronic fit crever les -yeux en ii85, et qu'on ne doit pas confondre avec Alexis, neveu de ce même empereur, (f^. les rois de Hongrie , Geisa II et Etienne II, pour les guerres que Manuel eut avec eux. ) ALEXIS II, COMNENE. 1180. Alexis II, Com^è>e, fils de Manuel et de Marie, né le 10 septembre 1167, parvint à l'empire le 24 sep- tembre 1180, sous la tutèle de sa mère. Celte princesse fit part de la régence au sébastocrator Alexis, neveu de Ma- nuel. Ce choix ne fut pas heureux. L'abus que le sébastocrator fit de son autorité, souleva la plupart des grands contre lui. Ils appelèrent à leur secours Andronic , cousin du défunt empe- reur, qui l'avait envoyé en exil. Andronic , s'étant rendu maître t\e Constantinople au mois d'avril i 182, fit crever les yeux au sébastocrator, et s'empara de la régence, A peine en fut-il re- vêtu, qu'il fit massacrer tous les latins établis à Constantinople, sans épargner ni sexe, ni âge, ni condition. Le 16 mai de la mê- me année 1 182 , il fit couronner le jeune Alexis avec Agnès , fille de Louis le Jeune , roi de France, qui lui était fiancée de- puis le 2 mars 1180. La mort de l'impératrice Marie suivit de près cette cérémonie. Andronic la fit étrangler, après en avoir fait signer l'ordre par l'empereur. L'an ii83, Andronic se fait associer à l'empire dans le mois de septembre. Au mois d'Oc- tnlire suivant, il fait étrangler Alexis avec la corde d'un arc. Le cadavre de ce malheureux prince lui ayant été apporté , il le poussa du pied en disant que sa tnère avuit été une impudique ^ son père un parjure^ et lui unimbér.ille. Alexis avait régné trois ans et quelques jours. Ce prince était né sans esprit et avec de* penchants vicieux, que l'éducation n'avait pu réformer. DES EMPEREURS D'0RIE??T. 3l3 ANDRONIC, 1, COMNENE, bit le Vieux. II 83. Androtîic I, petit-fils de l'empereur Alexis I, par ïsaac son père, fut reconnu seul empereur au mois d'octobre ii83, après la mort du jeune Alexis. Les seules villes de Pruse et de Nicée lui refusèrent l'obéissance. Andronic, les a^ant ré- duites, y commit des cruautés inonies. L'an ii85, Guillaume, roi de Sicile, excité par Alexis, neveu de l'empereur Manuel, entreprit la conquête de l'empire grec. Dans ce dessein, il fait partir u ne flotte avec une forte armée de terre. Ses généraux, après avoir pris Duras le 24 juin , Thessalonique le 2.S août suivant, marchent droit à Constantinople. Andronic envoyé contre eux un corps de troupes, qiii fut mis en fuite au premier choc. Furieux de ce revers, il s'en prit à plusieurs seigneurs de Constantinople, qu'il soupçonnait faussement d'intelligenceavec l'ennemi. H en fit; mourir la plupart. Du nombre de ces innocentes victimes devait être Isaac l'Ange , qui lui était d'ailleurs odieux, parce que le peuple l'aimait. Isaac se sauve dans l'église de Sainte-Sophie, où le peuple, s'étant attroupé, le proclame empereur. Andronic , à cette nouvelle , veut s'enfuir par mer. Il est pris, charge de chaînes, et ramené aux pieds d'Isaac , qui l'abandonne à la po- pulace. Il n'y eut sorte de tourments et d'outrdges qu'on ne lui fît subir durant plusieurs jours. Il les soutint avec une grande fermeté , ne disaut autre chose que Ky?-ie eleison. Enfin, après avoir été promené par la ville, monté sur un chameau , il fut mené au théâtre où on le pendit parles pieds. Andronic expira de cette sorte le 12 septembre n85. Il avait épousé en troi- sièmes noces Ag^ïès be Frvnce, fiancée à son devancier. An- dronic , s'il eût su modérer la fougue de son caractère emporté et violent, était capable de régner avec gloire. Il aimait la justice, craignait de fouler le peuple, et punissait sévèrf'ment la rapacité de ceux qui levaient les deniers publics. Il avait d'ailleurs l'esprit orné, parlait avec une éloquence persuasive, et composait avec facilité. ISAAC L'ANGE. ii85. Isaac l'Ange, nommé Cursath par les Latins, issu d'Alexis Comnène par les femmes , succéda , le 12 septembre 1 1 85, au vieux Andronic, du vivant duquel il avait été cou- ronné. Ce fut un prince faible, indolent et voluptueux, qui abandonna le soin des affaires à des ministres indignes de sa con- fiance. Il eut cependant le bonheur, au commencement de son règne , de battre les Siciliens , et de recouvrer sur eux la Thes- IV. 40 3l4 CHRO^■OLOGIE HISTORIQUE salie , par la valeur du général Uranus. Celui-ci s'étant révolte depuis, perdit la vie devant Conslantinople qu'il assiégeait. L'an 1 1 1)5 , Isaac l'Ange, devenu odieux à tout le monde par ses dé- bauches et ses cruautés , fut détrôné , le 8 avril par Alexis l'Ange , son frère , qui le fit enfermer , après lui avoir fait cre- ver les yeux. Il avait régné neuf ans , six mois et vingt-six jours. Ce prince eut, d'une première femme, Alexis, depuis em- pereur, et Irène, mariée, i". à Hoger, roi de Sicile; ■j.'^. à Philippe de Suabe. Marguerite, fille de Bêla, roi de Hon- grie, sa seconde femme, lui donna JVIanuel , à qui Boniface, marquis de Monlferrat, fit prendre vainement le titre d'empe- reur , après avoir épousé sa mère. ALEXIS III , L'ANGE , dit COMNENE. 1195. Alexis l'Ange succéda, le 8 avril 1195,3 son frère Isaac, et prit le nom de Comnène. Alexis le Jeune, fils d'Isaac , s'étant évadé , se sauva d'abord en Italie , vint à Rome porter ses plaintes au pape, et passa ensuite en Alle- magne, où il fut bien reçu par Philippe de Suabe , alors empe- reur, son beau-frère. De là, étant venu dans les étals de Ve- nise, il s'adressa aux croisés qui s'y trouvaient, pour en obte- nir du secours contre son oncle. Il fit un traité avec eux ; après quoi leur armée ayant mis à la voile , arriva, le 28 juin i2o3, à la vue de Constantinople. La ville fut attaquée aussitôt et em- portée d'assaut le 18 juillet suivant. L'empereur Alexis , détesté de ses sujets, prit la fuite, après huit ans. trois mois et dix jours de règne. Ce prince, devenu fugitif, courut diverses aventures, et fut arrêté par le marquis de Montferrat : s'étan t échappé de ses mains, il se réfugia, l'an 1204, chez le sultan d'Iconium , et tomba , l'année suivante , entre les mains de Théodore Las- caris , son gendre : c'était son ennemi déclaré. Lascaris le fit enfermer dans un monastère , où il finit ses jours. Alexis l'Ange n'avait ni courage ni sentiment d'honneur. Pour se livrer à la débauche , il avait abandonné les rênes du gouvernement à sa femme Euphrosïne Ducène , qui les mania au gré de son ava- rice et de son orgueil. S'étant laissé battre par les Turcs et les Bulgares, il n'avait terminé cette guerre honteuse, qu'en ache- tant bassement la paix à force d'argent. De son mariage il laissa trois filles, Irène, femme d'Alexis Paléologue ; Anne, mariée en premières noces à Isaac Comnène , et en secondes à Théodore Lascaris: Eudocle, qui épousa successivement Etienne, roi de Servie, Alexis Murzuphle, empereur, et Léon, qui se rendit maître de Corinthe après la deuxième prise de Constantinople. C'est Alexis l'Ange <|ul créa la dignité de despote, et qui lui DES EMPEREURS D'oRIENT. 3i5 (ionna le premier rang après l'empereur , au-dessus de l'auguste et du césar. Les despotes étaient ordinairement les fils ou les gendres des empereurs. Leprincede Valachie,et quelques autres petits souverains tributaires du turc , prennent encore ce titre. On appella despotats les apanages qu'ils eurent. De-là le nom de despotat qu'a toujoui's conservé depuis la Livadie, qui est l'an- cienne Etolie. 1SAA.C L'ANGE rétabli, ALEXIS IV, le jeune, son fils, NICOLAS CANABÉ, ALEXIS DUC AS, dit MURZUPHLE. i2o3. IsAAC l'Ange fut tiré de prison le 18 juillet i2o3, et remis sur le trône. Aussitôt il ratifia le traité fait entre les croi- sés et Alexis , son fils , qui fut couronné le premier août de la même année. Le jeune Alexis, maître des affaires, se fîtgénéra- lement haïr par la dureté avec laquelle il tirait de ses sujets l'argent qu'il avait promis aux croisés. Ceux-ci, de leur côté , tandis qu'ils attendaient leurpaiemcnt et la saison propre à s'em- barquer, achevaient de pousser à bout les Grecs parleur licence. Alexis Ducas, surnommé Murzuphle, de l'épaisseur de ses sour- cils , profita de ce mécontentement pour exciter une sédition. Elle éclata tout à coup le ^5 janvier 1204. Le peuple, s'étant assemblé tumultuaîrement, demanda un autre empereur. Nico- las Canabe fut élu sur champ, et sacré au bout de trois jours. Isaac l'Aveugle était à l'agonie , et mourut dans ces entrefaites. Murzuphle , s'étant saisi du jeune Alexis, le dépouilla des ha- bits impériaux, dont il se revêtit, et le jeta dans une affreuse prison. Il y mit aussi Canabé. Ayant ensuite essayé d'empoison- ner Alexis sans pouvoir y réussir, il l'étrangla le 8 février 1204. Alexis n'avait régné que six mois et huit jours. Les croisés alors se crurent en droit de conquérir l'empire grec. La chose fut ainsi décidée par les évcques. Les Français et les Vénitiens, ayant fait entre eux un traité pour le partage de la conquête, at- taquent Constantinople, et la prennent par escalade le lundi 12 avril de l'an 1204 de J. C. , 6712 de l'ère des Grecs, ou de Constantinople , Indiction vu, selon Nicétas et Ducas. La nuit suivante , Murzuphle s'enfuit , après avoir régné deux mois et demi. Le lendemain, on permit le pillage, mais avec défense de toucher aux choses sacrées, de mettre à mort les habitants , d'attenter à l'honneur des femmes, et avec ordre, sous peine de la vie , de porter tout le butin dans trois églises désignées, pour être ensuite distribué à chacun dans une proportion équitable. Ces sages précautions des chefs furent, à la vérité, mal obs>?rvées Mais il s'en faut bien que les désordres , auxquels se livrèrent les vainqueurs , aient approché de la description horrible qu'en 3i6 CHRO;?;OLOGIE HISTORIQUE ont faite les hlstori>m3 grecs. « Les prêtres et les moines , qui a se trouvaient en grand nombre entre les croisés, travaillèrent a» avec tant de zèle à calmer la fureur de la victoire, qu'il n'y w eut dans la ville que deux mille hommes de tués , encore le » furent-ils piesque tous par des Latins qu'Alexis avait chassés 3» de Constantinople ». (Le Beau.) Les reliques furent le butin que le<5 Latins se crurent le plus permis. Il y en avait une quan- tité prcidigievise à Constantinople. LUes se répandirent depuis dans les églises d'Occident , et sur-tout en France. Après la ■prise de Constanîinople , les croisés nommèrent douze électeurs pour choisir un empereur, six français et six vénitiens. L'élec- lion, s'itant faite le a*" dimanche après Pâques (q mai), tomba sur Baudouin , comte de Flandre. Mais avant que de procéder à cette opération , les chefs de la croisade avaient eu soin de se réserver dans la conquête des lots qui restreignirent beaucoup le nouvel empire, et le réduisirent presque à la Thrace et à la Mésie. Xes Vénitiens se donnèrent les îles vers le Péloponèse , et quelques villes des côtes de Phrygie, qui n'avaient point subi le joug des Turcs; Boniface , marquis de Montferrat , prit pour lui les provinces situées au- delà du Bosphore ; le lot de Ville- liardoum , maréchal de Champagne , fut l'Achaïe , ou la Grèce proprement dite; et Jacques d'Avenues du Haînaut eut l'île L^ubée , ou le Negrepont pour son partage. L'empereur latin n'avait même la souveraineté que dans un quart de la ville de Constantinople, dont les trois autres quarts étaient partagés entre les Français et les Vénitiens. EMPEREURS FRANÇAIS. BAUDOUIN L i2o4. Baudouin I, comte de Flandre , fut couronné empe- 3-eur, le 16 mai i:io4, dans l'église de Sainte - Sophie. Cette côremonie faite , les croisées procédèrent à un nouveau par- tage. Li; mai'quis de Montferrat, au lieu des provinces d'au- delà du iiosphore, aima mieux la Thessalie, qui le raprochait des états du roi de Hongrie , son beau-frère , et on l'érigea en royaume; le comte de Blois eut la Bithynie avec le titre de duché. Un gentilhomme de Bourgogne, nommé la Pioche, obtint Athènes: de là vinrent les sires de Thèbes et les ducs d'Athènes. Guillaume ue ChaiTq)litte , seigneur franc-comtois, eut lAchaïe, ou la Grèce proprement dite. On créa diverses autres principautés pour récompenser les différents chefs de l'ar- inée; mais les mieux partagés furent les Yônitiens. ( V. Henri DÈS EMPEREURS D'oRIENT. 'SfJ DanJolo , doge de Venise.) La fuite de Murzuphle ne le déroba pas à la vengeance des croisés. Il fut arrêté près du Bosphore par Thierri de Loos , suivant Villehardouin , et amené au nou- vel empereur qui , par jugement de son conseil, le condamna à être précipité du haut d'une colonne très-élevée , qui était au milieu de la ville; ce qui fut exécuté. El oyez^ dit cet écrivain, une grant merveille , que en celé columne , dont il chait aval , aooit images de maintes manières ovrécs cl marbre. Et entre celcs images si en aouii une qui ert laborée en forme d 'empereur , et celé si chait outre val. Car de long-tems ert proféticie qui auroit un empereur en Constantinople ^ qui de^oit estre gitez aval de la columne. Et ensifut celé semhlance et ccle proféticie avérée. L'année suivante, Baudouin fut défait, le i5 avril, près d'Andrinople, et fait prisonnier par Joannice, roi des Bulgares, que les Grecs avaient appelé à leur secours. Ce roi barbare , après avoir retenu Baudouin près d'un an dans les fers , lui fit couper les bras et les jambes , et jeta le tronc dans un précipice , où il fut la proie des oiseaux, et mou- rut au bout de trois jours. Tel est le récit que INicétas CWoniate fait de la mort de Baudouin. Les autres historiens ne convien- nent pas de' ces circonstances. Meyer et Raynaldi laissent en doute s'il fût tué sur le champ de bataille , ou fait seulement prisonnier. Mais la réponse que le roi des Bulgares fit au pape Innocent III , qui lui avait écrit pour demander l'élargissement de l'empereur , lève toute difficulté. Joannice marqua au pape qu'il ne pouvait lui donner cette satisfaction , parce que Bau- douin était mort dans sa prison : quia debitum carnis exsolverat , cum in carrera leneretur. ( Gesta Innoceniii III ., pag. 117.) Bau- douin est fort loué, même par les Grecs, pour sa charité, sa justice et sa chasteté. ( Voyez Baudouin IX , comte de Flandre. ) HENRI I. 1206. Henri I , frère de Baudouin , né à Valenciennes l'an T174, élu régent de l'empire après la bataille d'Andrinople, fut élevé sur le trône impérial lorsqu'on se crut assuré de la mort de Baudouin. Son couronnement se fit à Sainte-Sophie, le 2.0 août i2o6. Henri continua la guerre contre les Bulgares, qui furent à la fin réduits à demander la paix. Il tourna ensuite ses armes contre Théodore Lascaris, son rival, avec lequel il eut une guerre opu/iâl.'-e et cruelle. Les hostilités finirent par une trêve, durant iaquidle Henri mourut, le 11 juin 1216, dans la quarante-troijlcrae année de son âge , et la dixième de son rè- gne. Il avait épousé, 1°. Agnès, fille du marquis de Montferrat ; a**. N. fille de Joannice, roi des Bulgares, laquelle, dit-on., l'empoisonna. Ol5 CHRONOLOGIE liliTOniQUE PIERRE DE COURTENAI. 1216. Pierre de Courtenai, comte d'Auxerre, petit-fiisde Louis le Gros, roi de France, par Pierre de France, son père, époux d'Isabelle de Courtenai , fut élu par les barons de Cons- tantinople, an refus d'André, roi de Hongrie, pour succéder à l'empereur Henri. Etant parti d'Auxerre à cette nouvelle , avec Yolande, sa seconde femme, il vint à Rome pour s'y faire couronner par le pape Honorius III. Le pontife lui refusa d'abord cette faveur pour deux raisons; la première, pour ne pas donner atteinte aux droits du patriarche de Constantinople; la seconde, parce qu'il ne convenait pas, selon lui, de cou- ronner en Occident un empereur d'Orient. Mais à la fin , vaincu par les instances de Pierre et de sa femme , il fit la cé- rémonie le n avril 1217, non dans l'église de Saint-Pierre, mais dans celle de Saint-Laurent, hors des murs, afin que Pierre ne pût s'en prévaloir pour étendre ses prétentions sur l'empire d'Occident. Pierre s'embarqua ensuite à Brindes , sur des vais- seaux de la république de Venise , assiégea , mais inutilement , Duras, qu'elle revendiquait sur Théodore l'Ange Comnène , qui s'en était rendu maître ; et, s'avançant de là par terre vers i onstanlinople, il fut arrêté dans un repas par ce même Théo- dore , contre la foi d'un traité qu'ils avaient fait ensemble. Ce perfide, qu'il ne faut pas confondre avec Théodore Lascaris, qui régnait alors à Nicée , passa au fil de l'épée , peu d'heures après, la petite armée de Pierre, et fit mourir, au mois de janvier 1218, au plus tard, Pierre lui-même en prison. Yo- lande, qui était arrivée par mer à Constantinople, gouverna fort sagement pendant la prison de son mari , et mourut au mois d'août 121g. Cette princesse, sœur des empereurs Bau- douin et Henri, eut de son époux, Pierre, destiné à l'état ecclésiastique Philippe , marquis de Namur , Piobert , qui suit, Henri, marquis de jSamur après Philippe, Baudouin, succes- seur de Robert, Yolande, deuxième femme d'André II, roi de Hongrie, Marie , alliée, en 1219,3 Théodore Lascaris P', empe- reur des Grecs , Marguerite , nommée Sibylle par Albéric dans sa Chronique, mariée, vers l'an 1210, à Piaoul III, seigneur 'l'issoudun ; puis, en 1217, à Henri, comte de Vianden au duché de Luxembourg; Elisabeth, dite aussi Sibylle, femme, 1" de Gaucher, fils de Milon iV^, comte de Bar-sur-Seiue ; -^'^ d'Eudes de Bourgogne, seigneur de Montaigu ; Eléonore , Jemme de Geoffroi de Villehardouin II du nom, prince d'A- chaïe; Constance et Sibylle, mortes à Fontevrault. (F. Agnès, eomtessc de Ne<.'crs , première femme de Pierre de Courtenai. ) DES EMPEREURS I) ORIENT. Oig ROBERT DE COURTENAI. 1221. Robert, second fils de Pierre et d'Yolande, succéda dans l'empire à son père , l'an 1219, au refus de son aîné Phi- lippe , comte de Namur. Etant parti de France sur la fia de 1220, il fut couronné à Sainte-Sophie de Constanlinople , le zS mars 1221. Pendant l'interrègne il y avait eu deux régents de suite, Conon de Béthune, sénéchal de Romanie, qui mourut peu de mois après avoir été nommé par les harons, et Marin Michel , qui remit à Rohert le gouvernement après son sacre. Robert, indolent, voluptueux, donna lieu, par sa né- gligence, à l'établissement de deux nouveaux empires, outre l'empire de Nicée; savoir, celui de Trébisonde, et celui de ïhessaloiiiquc. Jean Vatace , empereur de Nicée, après avoir battu Robert, l'an 1224, à la journée de Pimarin , et resserré par ses conquêtes l'empire des i.atins dans le territoire de Cons- tantinople , obligea Robert à lui demander la paix , et ne la lui accorda qu'à des conditions humiliantes. Robert mourut , en 1228, du chagrin que lui causa l'outrage qu'on avait fait à une demoiselle d'Artois , qu'il voulait épouser. BAUDOUIN II ET JEAN DE BRIENNE. 1228. Baudouin II, fils de Pierre de Courtenai et d'Yolande , né à Constantinople, succéda, l'an 1228, à Robert, son frère, n'ayant tout au plus que onze ans. Jean de Brienne , ci-devant roi de Jérusalem , et alors occupé à faire la guerre en Italie à l'empereur Frédéric II , son gendre, pour le pape Grégoire IX, fut appelle, l'an 1229, par les barons, avec la permission du pontife, pour gouverner pendant la minorité de Baudouin: il gouverna effectivement avec titre d'empereur à vie depuis Tan iiZi, époque de son arrivée, jusqu'en i23y, et mourut le 2.6 mars de cette année , à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. C'était un vieillard vénérable et vigoureux , qui joignait à une taille avantageuse et bien proportionnée, beaucoup de probité, de prudence et de valeur. Baudouin, à la mort de son tuteur, était en Flandre, où il sollicitait du secours contre les Grecs. De retour, il remporta des avantages considérables sur eux , l'an 1240 : mais ne se trouvant plus en forces les années sui- vantes, il vint en Italie, sur la fin de 1244, pour implorer de nouveaux secours. Ceux qu'il obtint ne détournèrent point le malheur qui le menaçait. L'an 1261 , le césar Alexis Stratégo- pule, envoyé par l'empereur Michel Paléologue contre Michel, despote d'Epire, s'empara de Constantinople, sans dessein pré- 320 CHRONOLOGIE HISTORIQUE médité, la nuit du ^5 juillet. Baiitlouin, réduit alors à se sauver dans une barque, passe dans Tîle de Négrepont, et de là en Italie, où il mourut sur la fm de 1273. Ainsi finit la domination des Francs à Conslantinople , dont ils avaient été maîtres l'espace de cinquante-sept ans. Baudouin laissa de Marie, sa femme, fille de Jean de Rricnne, qu'il avait épousée l'an 12.34 1 ^" ^1'^ nommé Philippe, qui mourut , l'an 1274 •, avec le vain litre d'empereur de Conslantinople. Cesf empereur, (dit le Miroir Historlal , en parlant de Baudouin, estuit jeune de sens et de simple gom^ernemenl. Il despendit le sien follement ; par quoy ses ehei>aliers le laissèrent. ( Voyez Baudouin II , comte de Namur. ) EMPEREURS GRECS. THEODORE LASCARIS I. 1204. Théodore Lascaris T , époux d'Anne, fille d'Alexis l'Ange, passa en Natolie après la prise de Constanlinople, et s'y fit reconnaître en qualité de despote. Deux ans après (l'an i 2116), il se fit proclamer empereur à Nicée. Il étendit sa domination dans l'Asie jusqu'au Méandre, tandis qu'un autre grec, nommé Maurozume , occupait ce qui est de l'autre côté de ce fleuve. Deux princes de la maison des Comnène , David et Alexis, qui étaient frères, s'emparèrent dans le même tems, le premier de la Paphlagonie , le second de Trébisonde et de la Colchide , ap- pelée Lazique dans le bas-empire. Théodore Lascaris fut le plus grand homme de guerre, et le meilleur politique de son tems. Il établit une sage police dans ses états. Placé entre les Latins et les Turcs , il soutint avec valeur les effoi ts obstinés qu'ils firent de part et d'autre pour le dépouiller. Théodore mourut l'art 1222 , après avoir régné dix-huit ans depuis la prise de Conslan- tinople par les Latins. Il avait épousé, 1°. comme on l'a dit, Anne Comnène, dont 11 eut Hélène, mariée à Jean Valace, qui suit; Marie, femme de Bêla IV, roi de Hongrie, et Eudoxie ; 2°. Philippine, fille de Rupin, prince d'Arménie, qu'ils répu- dia après en avoir eu un fils mort avant lui ; 3°. Tan 1219 , Ma- rie, fille de l'empereur Pierre de Courtenai, morte peu de tems après son époux. JEAN DUCAS VATACE. 1222. Jean Ducas Vatace succéda , l'an 1222 , à Théodore Lascaris, son beau-père. Il se trouva pour lors quatre princes qui prenaient le litre d'empereur de Conslantinople ; savoir, Robert DES EMPEREURS d'oRIENT. Sail tîe Courtenai , qui était en possession de la ville ; Jean Ducas Vatace , à Nicée ; David Coranène , à Trébisonde ; et Théodore l'Ange Coninène,àïliessalonlque.Vatacefit de rapides conquêtes sur les Français, et resserra leur empire juscjues dans le terri- toire de Constantinople. L'an 1240 , l'empereur liaudouin II l'obligea de lever le siège de Constantinople , qu'il faisait pour la troisième fois. Ayant fait ensuite la paix avec les l^atins, Va- tace tourne ses armes contre les Bulgares , et leur enlève plu- sieurs places. Il soumit aussi par la lorce plusieurs villes grec- ques , qui ne voulaient point le reconnaître. Vatace, couvert de gloire et chéri de ses peuples , mourut , le 00 octobre luSS , à l'âge de soixante-deux ans , après en avoir régné trente-trois. II avait épousé, 1". Hélène IjASCaris, dont il eut Théodore, qui suit ; 2**. Anne , fille naturelle de Frédéric II , empereur d'Al- lemagne. THEODORE LASCARIS II. 1255. Théodore Lascaris II, fils de Jean Vatace, lui suc- céda, l'an 1255, à l'âge de trente-ti'ois ans, et fut couronné le jour de Noël de la même année. ( Mansi, ) L'an laSy, il fut attaqué par Michel, roi des Bulgares, qui reprit plusieurs des villes que Vatace lui avait enlevées. Mais l'année suivante, Théodore eut l'avantage à son tour, et obligea Michel à de- mander la paix, qu'il lui accorda. Ce prince était brave , savant et ami de ses sujets; mais d'un caractère impétueux, qui le porta quelquefois à des cruautés. Il ne régna que trois ans et environ huit mois, étant mort au mois d'août 1259. D'HÉLÈNE, sa femme, fille de Jean Azan, roi de Bulgarie, il laissa Jean ,1 qui suit , et trois filles , qui épousèrent trois seigneurs francs. JEAN LASCARIS et xMICHEL PALEOLOGUE. 125g. Jean Lascaris, fils de Théodore , lui succéda, dans le mois d'août i25c), à l âge de six ans. Son père avait donné par son testament la régence de l'empire à Georges Muzalon ; mais les grands s'élevèrent contre Muzalon, ((ui fut assassiné neuf jours après la mort de Théodore. On mit à sa place Michel Paléologue, qui fut proclamé empereur, le premier décembre, à Magnésie, et ensuite couronné, l'an 1260, à Nicée. L'an 1261 , la ville de Couslanlinople ayant été reprise la unit du 25 juillet par le césar Ah^xis Stratégopule, Michel, qui était en Asie, partit en diligence pour s'y rendre, et y fit son entrée \e 14 août 1261. La même année, il fit aveugler Jean Lascaris» le jour de Noël, margré les serments qu'il lui avait faits. Michel Paléologue travailla beaucoup pendant son règne à IV. 4i éi2 CHRONOLOGIE HISTORIQUE réunir les deux églises. Il signa l'acte d'union au mois d'avril 1277, et envoya au pape la formule de sa profession de foi et de! son serment d'obéissance ; ce t]ui souleva les Grecs schlsmati- ques contre lui, et occasionna des révoltes. D'un autre côté, le pape, Martin IV, était si persuadé du peu de sincérité de la soumission de Michel , qu'il l'excommunia , comme fauteur du schisme et de l'hérésie des Grecs, le 18 novembre 1281. Mi- chel mourut le 1 1 décembre 1282, après vingt-trois ans de règne, selon Pachymère. De Theodora Duceme, sa femme, petite-Nièce de Yatace, morte le 16 février 1284, il eut An- dronic, son successeur; Irène, femme de Jean Asan III, roi des Bulgares ; Eudoxie , mariée à Jean Comnène, empereur de Trébisondc; Anne, femme de Michel Crotulas , fds de Michel l'Ange , empereur de Thessalonique. ANDRONIC II PALÉOLOGUE , dit LE VIEUX. 1282. A>;dronic 11 Paleologue, né l'an 1268, couronné empereur le 8 novembre 127.H, succéda, le 11 décembre 1282^ à Michel Paleologue, son père. C'était un prince crédule, timide, irrésolu. Séduit par les Schismatiques , il commença ison règne par rompre l'union avec les Latins, et persécuta ceuK qui demeuraient allachés à l'église romaine. Andronic , se sentant incapable de résister aux ennemis de l'empire, acheta d'eux la paix , et accabla son peuple d'impôts pour les satis- faire. Il altéra les monnaies, et par là fit tomber le commerce avec l'étranger. Voici un exemple éclatant de sa crédulité. L'an i2yo, 11 fit mettre , sur quelques faux rapports, Constantin, son fière^ dans une cage de fer, où ce prince mourut au bout "de seize ans. L'empereur, dans la suite, reçut la juste peine de cette inhumanité. L'an i328, Andronic, son petit-fils , qu'il avait fait couronner empereur trois ans auparavant, , s'étant rendu maître de Constanlinople , le 24 mai, s'empara de toute l'autorité, laissant seulement à son aïeul les ornements im- périaux , avec un appartement dans le palais , d'où il lui dé- fendit de sortir. Réduit en cet état, le vieil empereur prend l'habit mcnastique, sous le nom d'Antoine. Il vécut ainsi trois ans et neuf mois, et mourut, le i3 février i332, à l'âge de soixante- quatorze ans ^ après un règne de cinquante ans, à compter depuis 1282 jusqu'à sa mort. Il avait épousé, i°. Anne, fille d'Etienne V, roi de Hongrie, dont il eut Michel , couronné empereur le 21 mal 1294^ ^t mort en i32o; et Constantin; 2". Irène, fille de Guillaume le Grand, marquis de Monferrâtj qui lui donna trois fils et une fiUe, BES EMPEREURS D'oRIENT; 3^5 ANDRONIC III PALÉOLOGUE , dit LE JEUNE. i332. Andronic III, fils de Michel et petit-fils d'Andronic- le Tieux, né vers Tan 1296, associé à l'empire, et couronné le 2 février 1 3^5 , succéda, l'an i3oi, à son aïeul, qu'il avait dépossédé quatre ans auparavant. En montant sur le trône, il trouva les affaires dans un état déplorable. Elles ne firent qu'empirer sous son règne , malgré les efforts qu'd fit pour les rétablir. L'an i3d3, les Turcs lui enlevèrent Nicée, dont ils firent leur capitale. Les Vénitiens voyant que les conquêtes de ces infidèles s'étendaient sur leurs terres, forment , pour les repousser, une ligue, dans laquelle ils firent entrer le pape J,ean XXII, l'empereur Andronic, les rois de France, de Naples , de Chypre et le grand-maîtré de Rhodes. Mais tout le fruit du grand armement que firent ces confédérés, se borna à, une victoire stérile qu'ils remportèrent sur les côtes de Grèce.. L'an i3oc), Andronic envoya des ambassadeur* aii pape Be- noît XII , pour traiter de la réunion. Barlaam , chef de cette^ ambassade , proposa la convocation dua concde général pour aplanir toutes les difficultés. Mais celte voie n'étant point pra-. ticable pour lors, les choses restèrent au même état. L'empe- reur et sa femme étaient fort attachés à la doctrine des Quié— listes et à Grégoire Palamas , leur chef. On a déjà dit ailleurs que ce prince , l an 1341 , ayant assemblé dans son palais un, concile sur ce sujet, il y harangua, quoique malade , avec tant de véhémence en faveur du Quiétisme , que son mal, étant r.ugmenté, l'emporta quatre jours après ( le i5 juin.) Ce prince fut extrêmement regretté de ses sujets, dont il avait mérité l'amour et le respect par ses grandes qualités. On ne doit pas lui faire un crime particulier de la cause de sa mort. C'était depuis, longtcjiis la manie des empereurs grecs de vouloir se mêler dans toutes les querelles îheologiques et de s'en rendre les ar- bitres. Andronic lll avait régne treize ans depuis l'expulsion de son aïeul. Il laissa deux fils , Jean et Michel , sous la tutelle de l'impératrice, Amne de Savoie, leur mère, et sa seconde femme. Il avait épousé en premières noces Jeanne, fille dje Henri. le Mcivcilleux^ duc de Brunswick-Grubenbagen, JEAN Ie^ PALÉOLOGUE et JEAN CANTAGUZÈNE, i34i. Jean Paléologue, fils d'Andronic le Jeune , né, le. 18 juin i332, à Didimotique, surcéda, le i5 juin i34i , à soii_^ père, et fut couronné le 19 novembre suivant. Comme ij était mineur, Jean d'Apri, patriarche de Constantinople , et Jean Çantaciizènej grand-domestique, voulurent s'attribuer chacuij. 3*24 CHRONOLOGIE HISTORIQUE la conduite de l'état. Celui-ci prit même les ornements impé- riaux dès le 26 octobre i34i , se portant pour collègue et pro- tecteur du jeune prince. Cinq ans après il, se fit couronner em- pereur dans Andrinople par Lazare , patriarche de Jérusalem , et fit ouvertement la guerre à Jean Paleologue. Ce furent, selon lui, les calomnies du général Apocauque et du patriarche de Constantinople , qui l'obligèrent d'en venir à cette e.xti'émité. Plusieurs villes entrèrent dans son parti, sans se faire prier ; il en soumit d'autres par les armes. Enfin il entra par surprise dans Constantinople, le 8 janvier iS+y , au moyen d'une ou- verture que ses partisans avaient faite dans le mur. Jean Paleo- logue et sa mère avalent alors d'autres soins plus importants, se- lon eux, que celui de se mettre en garde contre les entreprises de ce rival. Ils étaient occupés à faire déposer dans un concile le patriarche Jean d'Apri, pour son opposition à la doctrine de Palamas. Maître de la ville impériale, Jean Cantacuzène s'y fît couronner de nouveau, le i.'-J mai, avec Irène, sa femme. Xa mish-e où l'empire était réduit parut bien à cette cérémonie. J>es couronnes qu'on y employa n'étaient que de pierres fausses, et le repas n'y fut servi qu'en vaisselle de terre et d'étain. Jean Paleologue , après avoir fait la paix avec Cantacuzène , s'était alors retiré à Thessalonique pour y faire sa résidence , laissant à celui-ci Constantinople. Vl.iis la bonne intelligence ne fut point durable entre eux. L'an i353, pressé par les Turcs et par Jean Paleologue , Cantacuzène se tourne du côté de l'Occident pour avoir du secours. Dans cette vue, il envoie une députation au pape Innocent VI , nouvellement élu , témoignant désirer la réunion. Pour maintenir le trône dans sa famille, l'an i3S4,au mois de février , il fit couronner empereur son fils, Mathieu Cantacuzène. Mais Jean Paleologue étant rentré dans Constan- tinople au mois de janvier i35S , Jean Cantacuzène , pour n'être pas la cause de nouveaux troubles, prit le parti d'abdiquer; et s'étant fait religieux sous le nom de Joseph, il alla se renfermer dans le monastère de Mangane. Sa femme Irène embrassa le même état sous le nom d'Eugénie. De leur mariage soriirent , outre Mathieu, dont on vient de parler, trois autres fils, Tho- mas, Manuel, prince de Sparte , Andronic; et trois filles, Hé- lène , femme de Jean Paleologue; Marie, qui épousa Nicé- pliore; et Théodora, femme d'Orcan , sultan des Turcs. On a de Jean Cantacuzène des Mémoires de sa vie et d'autres ou- vrages. La retraite de ce prince entraîna la chute de son fils aîné. Mathieu , battu , pris et envoyé en exil dans la même an- née, fut obligé, l'année suivante, de quitter la pourpre, à l'exemple de son père. Cependant les Turcs continuaient de Ifaire des progrès sur les terrçs de l'empire , et s'approchaieuÇ DES EMPEREURS d'oRIENT. 325- <3e Constantlnople en subjuguant tout ce qui l'environnait, li'an i369 , Jean Paléologue vint en Occident solliciter du secours contre ces infidèles, il vit à Rome le pape Ur- bain V, entre les mains duquel il fit une profession de foi très-orthodoxe ; mais il ne remporta de son voyage que de vaines promesses. L'an i3-3 , Andronic , fils de l'empereur , et Cuntuza , fils du sultan Araurath , s'étant rencontrés, conspi- rèrent ensemble contre les jours de leurs pères. Le complot ayant été découvert , Amurath fait crever les yeux à son fils ; Andronic est mis en prison, avec sa femme et son fils Jean , dans le fort d'Anemio, par ordre de Jean Paléologue , et privé seulement d'un œil, ainsi que Jean, son fils. Délivré au bout de deux ans par les Génois établis à Galata, il arrête son père, et le traîne avec Manuel , son autre fils , dans la même prison où il avait été dans les fers. L'empereur s'échappe au bout de deux ans, et se réfugie auprès du sultan Bajazet , qui lui fournit des troupes avec lesquelles il rentra dans Constantlnople. An- dronic se retire à Sélivrée, où il finit ses jours. Dans la crainte que Bajazet ne lui enlève Constantlnople, dont les murs fai- saient presque les bornes de l'empire, Jean Paléologue la fait fortifier. Mais Bajazet lui mande de faire démolir les ouvrages qu'il a commencés, avec menace, s'il n'obéit promptement , de faire crever les yeux à son fils jManuel, qui est à la cour ot- tomane. L'empereur, en conséquence, fait abattre les forlifi— cations qu'il a élevées. Ce prince , aussi méprisé que méprisable, dépourvu de talents et de vertus , livré aux femmes , à la cra- pule , à la chasse et au jeu, incapable de prévoir les dangers , et ne sentant les malheurs que lorsqu'il en était accablé, finit ignominieusement ses jours lan i3c)i , laissant d'HÉLÈNE Càn- TACUZÈNE, sa première femme , Irène , mariée à Basile Com- nène, empereur de Trébisonde, et d'autres enfants. EuDOClE, sa seconde femme , ne lui en donna point. MANUEL PALÉOLOGUE. i3gi. Manuel Paléologue, second fils de l'empereur Jean, né Tan i348, associé, le 2.S septembre i373, au préju- dice d'Andronic , son aîné , par son père, à Tempire , lui suc- céda l'an 1391. Ce fut à la cour du sultan Bajazet, où il était en otage, qu'il apprit la mort de l'auteur de ses jours. A cette nou- velle, il s'échappe furtivement, et se rend en diligence à Cons- tantlnople , où il fut universellement reconnu. Le sultan, ir- rité de son évasion, passe dans la Thrace, saccage tous les lieux où il passe, et investit ensuite Constantlnople, qu'il réduit , en interceptant les vivres, à Tetat le plus déplorable. Mais , de- 3a6 CHRONOLOGIE HISTORIQUE terminé à porter la guerre en Hongrie , il se fetîre dans la ré4 solution de revenir ^rès cette expédition. Il reparut en effet , l'an i397 , devant celte ville, dont il fît le siège , et qu'il aurait emportée sans la crainte que son grand-visir lui inspira d'une croisade prête à se former, disait-il , pour défendre ou recou- vrer Constantinople. Ce visir était bien mal informé de l'état des affaires de l'Europe. Bajazet suivit le conseil qu'il lui donna de faire la paix avec l'empereur, et ia fit à trois conditions ; 1*^, qu'on lui payerait dix milles pièces d'or par an; 2.°. qu'on îjâtirait à Constantinople une mosquée pour les Musulmans; 3°. qu'ils y auraient un cadi, nommé par le sultan, pour juger leurs affaires. Bajazet , n'osant prendre Constantino])le à force ouverte , se proposait de l'obtenir par accommodement. Dans cette vue, il contraignit, le 4 décembre 1^99, Manuel à se donner pour collègue le piùi^ce Jean , son neveu , iils d'An- dronic , sous la promesse que Jean lui fit d'échanger avec lui Conslantinople pour la Morée. Mais, sur le refus que celui-ci fit ensuite de tenir cet engagement, Bajazet se prépare à faire de nouveau le siège de la ville impériale. Manuel , l année sui-. vante , passe en Occident pour solliciter des secours contre les Turcs, et s'en revient, l'an i4oi , avec l'unique et frivole sa- tisfaction d'avoir été reçu partout avec de grands honneurs,^ Heureusement il apprend à son retour que Bajazet a été fait prisonnier par Tamerlan, Mais les fils du sultan continuent la guerre contre les Grecs. Manuel cependant vint à bout de faire , quelques années après, une paix avantageuse avec Soliman P^ , successeur de Bajazet. Ce traité fut respecté parles sultans Ché— lébi et Mahomet 1^"", qui vinrent ensuite 1 un après l'autre, et laissèrent l'empire grec respirer pendant leurs règnes. Mais , l'an 1423, le sultan Amurath II, irrite contre Manuel de ce qu'il avait épousé la cause de Mustapha , son oncle , qui lui disputait l'empire , vient mettre le siège devant Constantinople» avec une armée de cent cinquante mille hommes. Il réduit en cendres les environs de la ville, et lui fait essuyer tout ce que la guerre a de plus cruel. Le canon jusqu'alors n'ètoit point connu dans l'Orient. Amurath en fit usage à ce siège. Les effets de ce terrible instrument n'abattirent pas le courage àcs Grecs. Ils se défendirent, hommes et femmes, avec toute la valeur possible, ÎLnfin, le 6 septembre de la même année , Amurath lève le siège pour aller s'opposer à Chélèbi-Mustapha, son frère , qui venait de se rendre maître de Nicée. L'an 1428, Manuel conclut, avec Amurath , un traité de paix , dont on ignore les conditions. îi était à peine signé , que Manuel finit subitement ses jours le 21 juillet. Ce prince avait régné trente-quatre ans depuis la snort de son père , et avait vécu sçixante-dijc-sept ans et vingt-. Èinq jours. Quelques auteurs disent qu'en 1419,1! avait abdiqué fen faveur de son fils aîné, aprè, l'avoir fait couronner empe— reur. Si cela est, son abdication, comme on vient de le voir » ne l'empêcha pas de vaquer aux affaires de l'état. Il est plus certain que, deux jours avant sa mort, il se retira dans un mo-» nastère , où il prit l'habit et le nom d'Antoine. Ses funérailles furent honorées des larmes de ses sujets, qu'il avait gouvernés avec beaucoup de douceur. Il avait fait fermer l'entrée de la Morée , ou du Péloponèse , par un mur, dans la largeur de l'isthme, qu'on estime, d'après cette largeur, d'environ six milles ; ce qui l'a fait appeler hexamUle par les Grecs du bas- empire. jManucl eut de sa femme Irène , fille de Constantin Dragasès , souverain d'une petite contrée de la Macédoine , huit enfants, qui furent Jean, qui suit ; Théodore, prince de Sparte ; Andronic , prince de Thessalonique; Constantin, empereur; Démétrlus , prince du Péloponèse ; Thomas , prince d'Achaïe ; Hélène , femme de Lazare , souverain de Servie ; et Zoé , qui fut mariée à Jean Basile , duc de j^Ioscovie, JEAN PALÉOLOGUE IL 1425. Jean Paléologue, né le 25 décembre 1890, cou-^ tonné empereur, à ce qu'on pi'éteud , le 19 janvier i4'9 » suc-* céda, le 2.1 juillet 1426, à l'empereur Manuel , son père. Il faut distinguer, avec Sponde , deux commencements du règnâ de Jean Paléologue , pour ne pas tomber dans la méprise dii iquelques historiens, qui ont cru que Jean Paléologue, cou-* tonné , comme ils le reconnaissent, en 1419, était fils d'Ati- dronic, et différent de Jean, fils et successeur de Manuel. Là situation déplorable à laquelle ce prince se trouva réduit pai* les Turcs , le porta à penser à la réunion des deux églises, dans l'espérance d'obtenir du secours des liatins. Il y eut , pour cet effet, différentes ambassades de part et d'autre , depuis 142(9 jusqu'en i4'^>7- Le 27 novembre de cette dernière année , l'em* pereur partit de Constantinople sur des galères envoyées parlé pape Eugène IV, arriva, le 8 février i43JS, à Venise, et de-là se rendit à Ferrare , où il fut reçu , le 4 mars , par Eugène , qui s'y était rendu pour le concile qu'il y avait indiqué. L'année suivante , le concile ayant été transféré à Florence, l'affiaire de la réunion y fut heureusement terminée. ( Voyez les Conciles année i43g. ) L'empereur quitta Florence le 26 août i43g» s'embarqua, le n octobre, à Venise, et rentra, le i'"". févrief i44f>, à Constantinople. La réunion fut d'aussi courte durée qu'elle avait tté solennelle. Marc d'Ephèse , le seul des Greca ^^ui avait refusé de la souscrire à Florence , renouvela le schisme 3^8 CHRONOLOGIE HISTORIQUE à son retour ; et échauffa tellement les esprits , que depuis il ji'y a plus eu moyen de réconcilier les deux églises. Pour com- h\e de désolation, l'intérêt mit la division dans la famille im- périale. Constantin, frère de Jean Paléologue , s'empara des domaines de Démétrius , son frère , qui avait accompagné l'em- pereur en Italie, Demélrius, voyant que l'empereur, sovu'd à ses plaintes, ne lui donne aucune satisfaction, s'adresse au sultan Amurath, qui lui fournit des troupes, avec lesquelles il vient assiéger Constant! nople le z'à avril i44>^- Obligé de lever le siège, après avoir ravage tous les dehors de la ville, il fait sa paix, et obtient une principauté sur les bords du Pont-Euxin , où il va s'établir. L'année suivante, après la célèbre bataille de Yarne, gagnée sur les Chrétiens par Amurath, le lo novembre, Jean Paléologue se voit menacé de toutes les forces des Turcs, sans apercevoir aucune ressource contre ces infidèles. Dans cette extrémité, il eut recours à la clémence du sultan, qui lui ac- corda la paix, et le laissa tranquille le reste de ses jours. Jean Paléologue, mourut sans enfants, le 3i octobre 6967 de l'ère de Constantinople, selon Phranzès, ( i448 de Jésus-Christ. ) Ce prince n'était point guerrier; mais il ne manquait pas de politique, et fit avec les Turcs des traités aussi avantageux que les circonstances le permettaient. Il aimait d'ailleurs ses sujets , et il ne tint pas à lui qu'il ne les rendît heureux. Il avait épousé trois femmes, dont on ne voit point qu'il ait eu aucun enfant, 1**. Anne de Moscovie, morte l'an 1417 ; 2.°. Sophie , fille de Jean II, marquis de Montferrat, qui abandonna son époux , et revint en Italie l'an 14^6; 3°. MARIE CoMNÈ^'E, fille d'Alexis, empereur de Trébisonde. CONSTANTIN XII, PALÉOLOGUE, dit DRAGASÈS. 1448. Constantin, quatrième fils de l'empereur Manuel et d'Irène Dragasès, né vers la fin de février i4o3, prince du Pont, puis du Péloponèse , succéda, au commencement de novembre i44^î à l'empereur Jean, son frère. Démétrius , son cadet, ayant voulu lui disputer l'empire, le sultan Amurath se rend arbitre de la querelle, et décide en faveur de Constantin. L'an 1453, Mahomet II, successeur d'Amurath , ayant trouvé l'occasion de rompre l'alliance avec Constantin , marche vers Conslantinople à la tête d'une armée de trois cent mille hommes; quatre cents galères turques couvrent en même tems le détroit du Bosphore. Le siège est commencé par terre le 2 avril. Mais l'entrée du port étant fermée par deux chaînes d'une force ex- traordinaire, Mahomet, après avoir fait couper un chemin à travers les montagnes derrière le Bosphore , fait transporter , DES EMPEREURS d'ORIENT. 39.q à force de bras, en une nuit, ses bâtiments par terre jusqu'à l'autre côté du golfe de Cérat; ce qui formait un trajet de deux lieues. La ville, dont la garnison n'était que de huit mille hommes, se défend avec un courage incroyable. Enfin la valeur opiniâtre des Turcs triompha de la belle résistance des Grecs. La malheureuse Constantinople fut emportée d'assaut le 29 mai J453. Constantin y périt les armes à la main dans la cinquan- tième année de son âge , et la cinquième de son règne. La ville fut pillée et saccagée : le sultan avait défendu d'y mettre le feu ; mais à la réserve de l'incendie, les victorieux y exercèrent, pendant trois jours , tout ce qu'on peut imaginer de plus abo- minable en tout genre d'excès. Telle fut la fin de l'empire d'Orient; et Constantinople, fondée par Constantin le Cïrand, qui en avait fait la dédicace le 1 1 mal 33o , tomba sous la puis- sance des Turcs le 29 mai i453, après avoir été onze cent vingt-trois ans et dix-huit jours le siège des empereurs grecs, dont le dernier portait le nom de Constantin. C'est ainsi que l'empire d'Occident, fondé par un Auguste, finit sous un Au- gustCi Démétrius et Thomas, freines de Constantin Paléologue , lui survécurent , et se soutinrent quelque tems dans le Pélopo- nèse , c'est-à-dire jusqu'en i4^8, que Mahomet s'en rendit maître. Enfin il restait aux Grecs Trébisonde, où régnait David Comnène; Mahomet s'en empara, l'an 1462, et emmena David à Constantinople , où , peu de tems après, il le fit mourir. IV. 4a CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES ROIS ARSACIDES DES PARTHES , DEPUIS JESUS - CHRIST. AjE royaume des Parthes eut pour fondateur Arsace, bactrien de naissance , suivant Georges le syncelle. L'an 4:^)^ de Home , 256 ans avant Jésus-Chrisl , il engagea les Parthes à secouer le joug des Perses, leurs maîtres, et à lui déférer le titre de roi. Cette monarchie, petite dans ses commencements, s'étendit avec rapidité , embrassa la plus grande partie de l'Asie, et devint la terreur et l'émule de Tempire romain. Les successeurs d'Arsace furent au nombre de quatorze , lui compris , jusqu'à Jésus- Christ. Leur résidence était tantôt à Ecbatane , tantôt à Ctési- phon, qui furent les deux capitales de leurs états. Il est bon d'observer que , sur l'histoire des Parthes et des Perses leurs successeurs, ainsi que sur la chronologie de leurs rois , les his- toriens persans et arabes ne sont pas toujours d'accord , à beau- coup prés, avec les Grecs et les Latins. Ceux-ci ne s'accordent pas mieux entre eux. Il en est de même de nos historiens mo- dernes ; ensorte que rien n'est plus embrouillé que la matière que nous enti'eprenons de traiter dans ce chapitre. De tous les écrivains modernes, celui qui paraît l'avoir étudiée avec plus de soin et discutée avec plus de critique , d'après les Grecs et les Latins, c'est l'abbé de Longuerue , dans ses Annales latines des rois arsacldes, imprimées à Strasbourg en lySs, par les soins de M. Schoeptlin : ce sera aussi notre principal guide. eiIRON. HIST. DES ROIS ARSACIDES DES PARTHES. 3Sl Mais en le suivant , nous aurons l'attention de relever quelques méprises où il est tombé, et de fournir la preuve de notre sentiment. XIV. PHRAATE IV. L'an 37 avant J. C. (219-220 des Arsacldes ) , Puraate, associé au trône par son père Orodès , le fait empoisonner. Il ajoute à cette barbarie celle de faire massacrer vingt-neuf de ses Irères, Auguste étant venu, l'an 20 avant Jésus-Christ, en Asie, obligea Phraafe à lui renvoyer les drapeaux cris sur Crassus et Antoine, avec les prisonniers romains qu'il avait faits; et de plus à lui donner en otage ses quatre fils Saraspade , Cerospade, Phraate et Vonone , deux de leurs femmes , et quatre de leurs fils. L'an 1 3 de Jésus-Christ , ce prince parricide reçoit la peine du talion, par la conspiration de Thermuse , sa concubine, italienne de nation , et de Phraalace son fils , qu'il avait désigné pour son successeur. (Longuerue. ) M. de TiUemont m^ct sa mort en l'an 4 ^^ Jésus-Christ. XV. PHRAATACE. L'an i3 de Jésus-Christ (268-269 des Arsacides ) , Phraa- TACE , fils de Phraate, monta sur le trône des Parthes , après l'avoir souillé du sang de son père. Au bout de quelques mois, ses sujets, indignés de son parricide, le mettent à mort dans une sédition, ou, selon d'autres, l'envoient en exil, où il pé- rit quelque tems après. XVL ORODÈS II. L'an 14 de Jésus- Christ (269-270 des Ars.), OrodÈs II, fils de Pacore, et, suivant M. de Tillemont, pelit-fils de Phraate ou fils de Phraate même, selon Muratori, fut élevé sur le trône des Parthes après la mort de Phraatace; sa cruauté lui valut le sort de son prédécesseur, dans le septième mois de son règne. XVII. VONONE I. L'an iS de Jésus-Christ (270-271 des Ars.), VononeI, fils de Phraate IV, suivant M. de Tillemont ,-^tenu en otage à Kome, fut renvoyé aux Parthes, qui le redemandaient pour les gouverner. Mais bientôt , dédaignant d'obéir à im roi qui avait été esclave (c'est ainsi qu'ils regardaient les otages), ils ap- pellent, de Médle, Arlaban , du sang des Arsacides, pour lo supplanter. Vonone, battu et mis en fuite par ce rival, s;» 332 CHRONOLOGIE HISTORIQUE retire en Arménie , dont le trône vint à vaquer presque dans le mt^me tems , par la \nort d'Ariobarzane. Il en est élu roi ; mais, poursuivi par Artaban , il abandonne presque aussitôt ce nou- veau royaume, et va chercher un asile chez les Romains. Il est reçu en Syrie parle gouverneur Silanus, et de là envoyé à Pom- peiopoHs, en Cilicie, où on lui donne des gardes. Mais ayant tâché de s'échapper, il fut assassiné dans sa fuite l'an 15 de Jé- sus-Christ. XYIII. ÂRTALAN III. L'an 18 de Jésus-Christ ^273-274 des Ars.), Artaban 111, de la race des Arsacides , et roi ou gouverneur de Médie, s'em- pare du trône des Parthcs , après en avoir chassé Vorione. Ce rival étant mort , il redemande aux Romains les trésors qu'il avait emportes dans sa retraite. Sur leur refus, il attaque la (lap- padoce , d'où il est bientôt contraint de se retirer. Artaxias , roi d'Arménie, ayant cessé de vivre, Artaban mit Arsace,son fils, sur le trône de cette monarchie , sans égard pour l'empereur Tibère, qu il méprisait souverainement. Mais Lucius Vitellius, gouver- neur de Svrie, lui suscita des compétiteurs , qui l'obligèrent à se retirer de l'Arménie. L'an 36 , l'inconstance des Parthes leur fait désirer un autre roi. Tibère , à leur ilcmande , leur en- voie de Rome Tiridate , fils de Phraate IV. Artaban , à son ar- rivée , se voyant généralement abandonné , prend la fuite. XIX. TIRIDATE. L'an 36 de Jésus- Christ (292-293 des Ars.), Tiridate, après la fuite d'Artaban , est proclamé roi des Parthes. Sa mauvaise conduite lui aliéna bientôt les coeurs de ses sujets. Ar- taban , rappelé , attaque son rival , et l'oblige de s'enfuir en Syrie. ARTABAN , rétallL L'an 36 de Jésus-Christ , Artaban remonte sur le trôrw. Tibère , loin de s'en offenser, mande à Vitellius, gouverneur de Syrie , de faire avec ce prince un traité d'alliance et d'ami- tié , dans la crainte où il était qu'il ne rentrât dans l'Arménie , et qu'après l'avoir soumise , il ne poussât plus avant ses con- fjuètes. L'entrevue du gouverneur et du roi se fit sur un pont de i'Euphrate, chacun étant accompagne d un nombreux cortège. Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, qui s'y était rendu, Tes régala splendidement ensuite l'un et l'autre, dans un magnifique salon qu'il avait fait construire au milieu du fleuve. Arlaban, peu de tems après , envoya Darius , son fils , en otage à Tibère DES ROIS A RS ACIDES DES PARTHES. 333 avec divers présents, parmi lesquels on remarquait un juif, nommé Éléazar , qui avait cinq coudées de hauteur (Joseplie). Mais l'année suivante, Darius, son fils, étant mort, Artaban se brouille de nouveau avec les Romains. 11 écrira Tibère, qu'il dé- testait, de satisfaire le peuple romain en se donnant la mort. L'an 4i , lesParthes, mécontents, le déposent une seconde fois; mais il est presque aussitôt rétabli. Il meurt l'an 4-^ . fort regretté de ses sujets , dont il avait regagné les cœurs. M. de Tillemont, qui met sa mort en 44 i ^^it qu'il fut assassiné par Gotarze , son fds. XX. VARDANE. L'an 45de Jésus-Christ (298-299 des Ars.), Vardane, fds aîné d'Artaban, lui succède. Il déclare aussitôt la guerre aux Romains, contre le gré des Parthes , qui le déposent pour ce sujet, et le chassent. XXL GOTARZE. L'an 43 de Jesus-Christ , Gotarze, ou Ghudarze , deuxième fils d'Artaban , est substitué à Vardane , son frère. Le premier acte qu'il fit de son pouvoir, fut de faire mourir Artaban , l'un de ses frères. Les Parthes, irrités de cette cruauté, rappelent Vardane. Guerre entre les deux frères. Sur le point d'en venir à une action décisive , ils s'accommodent tout-à- coup. Gotarze cède le royaume à Vardane , et passe en Hircanie pour écarter tout ombrage. VARDANE, rélabli. Vers la fm de l'an 43 de Jésus-Christ, Vardane , replacé sur le trône , travaille à regagner l'affection de ses sujets. Mais l'année suivante, Gotarze, excité par Je roi des Médes , tra- vaille à recou\ rer Iv^ royaume qu'il avait cédé. Il est battu avec son allié, qui perd lui-même ses états. Vardane établit roi des ÎSièdcs Vonone , qui depuis régna aussi sur les Parthes. L'an 47 , Vaidane est assassiné par ses sujets. M. de Tillemont vnvt sa liiOrt deux ans plus tard. GOTARZE , rétaUL L'an 47 de Jésus-Christ ( 3o2-3o3 des Ars.), Gotarze re- monte sur le trône avec les mêmes vicesqui l'en avaient fait des- cendre. L'an 4<.)i tes Parthes, révoltés, lui opposent Méher- dato, fils de Tonone, qu'ils avaient fait venir de Rome. Gotarze, ayant pris ce rival dans un combat, lui fait couper les oreilles j 334 CHRONOLOGIE HISTORIQUE îTiais Tine maladie le concliiit lui-même au tombeau Tannci: suivante. XXII. VONONE II. L*an de Jésus-Christ. 5o (3o5-3oG des Ars. ), Tonone II, roi tics Médes , issu du sang, des Arsacidos , succède à Gotarze dans le royaume des Parlhes. Il mourut la même année sans avoir rien fait de mémorable. XXIII. YOLOGESE. L'an 5o de Jésus-Christ, VoLOGÈSE , fils de Vonone II, succède au royaume de son père. Pour se concilier l'amitié de ses frères, Paroi^e et Tiridate, il donna la Médie au premier, et l'Arménie à l'autre ; mais les Romains empêchèrent celui- ci de se mettre en possesssion de son royaume. Vologèse prend les armes pour le soutenir. Il est battu par Corbulon , et obligé. Tan 55 , d'envoyer à Home des otages. L'an 60 , Tigrane , de la race des Hérodiades , est créé , par les Romains , roi d'Armé- nie. Yologèse recommence la guerre. L'an 6G , Tiridate , par convention faite avec Corbulon. vient recevoir à Rome la cou- lonne d'Arménie, des mains de Néron. L'an -2., les Alains font irruptior» dans la Médie, d"où ils chassent le roi Pacore ; de là ils passent dan^ l'Arménie, qu'ils ravagent. Le roi Tiridate, vaincu dans un combat , est obligé de prendre la fuite. Volo- gèse implore alors le secours des Romains, et. demanda à Ves- pasien un de ses fds, pour le mettre à la tête de ses armées contre ces barbares. Ves[)asien, que le roi des Parthcs avait in- disposé par ses hauteurs, selon M. de Tillemont, demeure sourd à sa demande. Les Alains cependant se retirent. On ignore, dit M. de Longuerue , l'année de la mort de Voiogèse. M. de Guignes la met en l'an 90 de Jésus-Christ. Mais l'abbé de Lon- guerue place, vers cette même année, la mort du successeur immédiat de ce prince. On va voir qu'elle est de l'an 81 , au plus lard. XXIY. ARTARAN lY. Artaban IY, de la race des Arsacides, est donné, par l'abbé de Longuerue el les auteurs de l'Histoire Universelle, pour successeur immédiat à Yologèse, dont il était fils, suivant les derniers. L'an Si , il donna retraite dans ses élats à un impos- teur, nommé Terenlius Maximus , qui se disait être Néron, ;i qui il ressemblait par le visage et par la voix , et menaça même Tcmpereur Tite, suivant Zonare , de placer ce fourbe sur le irone impérial. Mais l'an 88, il le rendit à Domitien , non sans peine, Aviaban mourut environ deux ans après. LES ROIS A RSA Cl ors CTS PAÎITHES. 335 XXV. PACOFiE II. L'an go, ou environ, PacORE, ou BaKOUR, fils d'Artaban, lui succéda. Ses liaisons étroites avec Décébale, roi des Daces, don- nèrent de l'inquiétude à Dornitien : il parait néanmoins qu'il vécut toujours en paix avec les Romains: mais il eut beaucoup de guerres avec ses propres sujets. Pacore mourut l'an mG, sui- vant M. de Guignes. Il embellit la ville de Chaîné, fondée, dit- on, par Nembrod, enfitla capiialedesesétats, etlui donnale nom de Ctésiphon. XXVI. CHOSROÈS I. L'an io6. Chosroès I, ou Khosrou , frère de Pacore II, suivant M. de Longuerue , petit-fds de Vardane , selonM.de Guignes, fut élevé. Tan io6, sur le trône des Parthes. L'an 112, il met sur le trône d'Arménie Exedaie , son neveu, sans consul- ter les Romains. I. 'empereur Trajan, se croyant outrage par cette entreprise , part de Rome au mois d'octobre de la même année, pour en tirer vengeance. Arrivé, l'an 1 13, à Athènes, il y reçoit des ambassadeurs de Chosroès, qui lui demande la paix , et l'Arménie pour Parthamasiris , son autre neveu, qu il voulait substituer à Exédare. Trajan répond qu'il fera justice sur les lieux. L'an ii4, il s'empare de l'Arménie , qu'il réduit en province de l'empire. L'an 116, l'empereur pénètre dans le royaume des Parthes, se rend maître de Nisibe, entre victorieux dans Ctésiphon, et oblige Chosroès, à prendre la fuite. L'an ht, il dépose Chosroès , et nomme à sa place un autre roi. XXVII. PARTHAMASPATE. L'an 117 de J. C. ( Sya-SyS des Ars. ) , Partjiamaspate, arsacide , fils du roi d'Arménie, fut substitué par Trajan à Chosroès dans le royaume des Parthes, La même année après la mort de cet empereur, ses sujets l'ayant chassé, Adrien lui donna l'Arménie pour dédommagement. CHOSROÈS, /-^VaW/. L'an 117 de J. C. Chosroès , après l'expulsion de Partha- maspate , remonta sur le trône des Parthes , avec le consente- ment de l'empereur Adrien. L'an 1 i8, il fit, avec les Romains, un traité, par lequel il fut dit que l'Euphrate servirait de limite aux deux empires. Depuis ce tenis, Chosroès vécut en paix. M. de Guignes met sa mort en l'an i33, et M. Pellerin, d'après les mé- dailles , en 121 5 ou 12a. 336 CHRONOLOGIE HISTORIQUE XXVIII. VOLOGESE IL 121 ou 122. VologÈse II, fils de Chosroès, lui succéda dans le royaume des Parthes. L'an i6i, après la mort de l'empereur Antonîn , il se jeta sur l'Arménie , où il tailla en pièces l'ar- mée romaine commandée par Sévérien. Mais l'empereur Lu- cius Verus étant venu sur les lieux, l'année suivante, ses généraux réparèrent cet échec par plusieurs victoires signalées qu'ils remportèrent sur les Parthes pendant le cours de quatre années consécutives. La mésopotamie resta aux Romains, pour fruit de ces avantages. M. de Tillemont dit que les Parthes, irrités de leurs défaites et de leurs pertes , déposèrent Yologèse , et le chassèrent l'an i65. Constantin Manassés avance qu'il fut tué vers le même tems. Mais l'abbé de Longuerue se contente de dire que Vologèse , après les échecs qu'il avait reçus , demeura en paix le reste de son règne, sans marquer le tems ni le genre de sa mort , qu'il croit être fort incertains. Ce que nous pouvons assurer d'après deux médailles produites par M. Vaillant {Arsacid. imper^ t. VIH. pp. 3SS-338) c'est que les Parthes, après avoir chassé Vologèse, lui substituèrent Mornèse, sur lequel , au bout d'un an, il reprit le sceptre qu'il conserva jusqu'à la fin de ses jours, que quelques-uns placent vers le commencement du règne de l'empereur Commode. XXIX, VOLOGESE III Vologèse III, qu'Hérodien nomme Artaban , fut le suc- j cesseur de Yologèse II, son père. L'an ig^, Pescennius Niger, gouverneur de Syrie , ayant pris la pourpre après la mort de l'empereur Pertinax, Vologèse se déclara en sa faveur ; mais on ignore ce qu'il fit pour sa défense. Tout ce que l'histoire nous apprend, c'est qu'après la mort de Niger, les soldats de celui-ci, redoutant la vengeance de Sévère, se retirèrent chez les Parthes auxquels ils apprirent l'usage des armes romaines. Sévère , l'an 198, étant venu en Syrie, marcha de-là contre les Parthes, en suivant le cours de l'Euphrate. Il arriva en peu de tems à Sé- leucie et à Babylone, qu'il prit sans peine , les ayant trouvées désertes l'une et l'autre. Après avoir fait le dégât dans le pays , il s'avança jusqu'à Ctésiphon, où Vologèse était alors. Il y sou- tint un siège qui fut assez pénible pour les Romains, puisqu'ils se trouvèrent réduits à vivre des herbes qui croissaient autour de la place. Mais la voyant serrée déplus en plus, il prit la fuite avec quelques cavaliers. Sévère , après s'en être rendu maître vers ia fin de l'automne de la même année 198, la livra au pil- lage. Presque tous les modernes placent la mort de Vologèse eu bÈS RÔlS ÀRSÂCIDES îitS PARTHESJ 33^ i'an 2i4; mais M. Pèlerin prouve, par les médailles , qu'elle arriva l'an 198. XXX. ARTAliAN V. L*an itjg ^e Jésus -Christ (469-470 des Àrs. ) , Artaban^- nommé Ardavan par les Persans , fils aîné de Yologèse , lui Succède, malgré ses frères, qui lui disputaient le trône. L'ara ai6, l'empereur Caracalla , étant en Syrie, lui fait demander sa fille en mariage. La princesse lui estamenée avec une escorte nombreuse et brillante, que le perfide empereur fait tailler era pièces. La guerre est alors déclarée entre les deux empires. Tel est le récit de quelques anciens auteurs. D'autres racontent avec plus de vraisemblance que le roi dt-s Partbes, se doutant que Caracalla n'en voulait qu'à sa couronne, refusa l'alliance qui lui était proposée ; et que l'empereur , irrité de ce refus y entra subitement sur les tenes des Parîhes , qu'il en ravagea tine grande partie , qu'il rasa des villes, et entr'autres celle d'Arbelles , ou étaient les tombeaux des rois. Les Partbes, reve- nus de leur terreur, s« préparent à venir attaquer, les liomains. Bans ces entrefaites , Caracalla est mis à mort au mois d avril 217. Macri^ , son successeur , fait une paix honteuse avec les- Parthes , à la suite d'un bataille sanglante qui avait duré deux jours , et dont le succès ne lui avait pas été avantageux. L'ara 222 , un perse nommé, parmi les Latins , Artaxerrès par les uns , Artaxare par les autres , et Ardschir par les Orientaux ^ s^élève contre Àrtaban , lui déclare la guerre, et met en dé- route l'armée qu'il lui oppose. L'an 228 , vainqueur encore ^ans une deuxième bataille , il met en fuite Artaban , et se rend maître du trône. C'est à cette époque , comme le prouve M. Asserïiani (y^c/fl Mari. Prœf.)^ qu'il faut rapporter l'ex- ilnction de l'rmpire des Parthes arsacides , et le comrrience- tnent de celui des Perses sassanides. L'an 226, Artaban esttud dans une troisième bataille qu'il livre à son rivaL ÎV, 45 CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES ROIS SASSANIDES DES PERSES; 1. ARTAXERCES I. JL^'an 223 de Jésus-Clirist, Artaxercès , ou Artaxarè ^' (Ardschir en persan ) fils de Sassan , après avoir mis en fuite Artaban , fonde la dynastie des Perses sassanides sur les ruines de celle des Parthes arsacides. A l'exemple des anciens rois de Perse , il prend le titre de grand roi , ou de roi des rois. Il ré- tablit dans ses états la religion des Mages , opposée au Poly- théisme , fait de nouvelles lois , et érige des tribunaux pour les faire exécuter. Un de ses plus beaux règlemerits , fut de ran- ger le peuple en différentes classes de professions et de mé- tiers , donnant à chacune des instructions et des docteurs par- ticuliers. Il rebâtit les villes qui tombaient en ruine , et en fonda de nouvelles. Ayant affermi sa monarchie, il se mit en tête de l'étendre aussi loin que le grand Cyrus, dont il pré- tendait descendre , l'avait portée. Plein de cette idée , il en- Voie redemander aux Romains tous ce qu'ils possédaient au- delà du Bosphore , comme une usurpation faite sur se s an- cêtres, (".e fier message équivalant à une déclaration de guerre, l'empereur Alexandre assemble , l'an 2'52 j trois armées , qui devaient s'avancer par différents chemins, et envahir la Perse dans le même tems. Cette expédition , bien concertée et mal exécutée , n'eut point un heureux succès. Des trois armées ro-" maines , la première , étant entrée dans la Babylonie , s'y trou- va environnée par des troupes supérieures en nombre qui la jdétruiisirenî enùèremenS. JLa seconde ^ après ayoiï ravagé le^ CHRON. HIST. DES ROIS SASSANIDES DES PERSES. SSg provinces voisines de la Médie, périt en grande partie de fa- mine et de fatigue en repassant les montagnes. L'empereur , qui conduisait le troisième et principal corps, au lieu de se porter dans le centre de la Perse , pour soutenir les deux grands clétachements , passa l'été dans l'inaction en Mésopotamie , doù il ramena honteusement à Antioche des troupes que les mala~i dies avaient considérablement diminuées , et qu'irritait la con- duite indolente de leur chef. Artaxercès néanmoins , par les Sertes que ses victoires lui avaient coûtées, se trouva hors 'état de poursuivre les projets de conquête qu'il avait formés, ( Héroâian. l, VI. ) Il y renonça sagement , et ne s'occupa plus qu'à perfectionner la police de ses états. Ce grand prince mou- rut l'an 238 , après un règne glorieux de treize ans. ( Vaillant , Assemani.) Il avait épousé la veuve d'Artal^an, son prédécesseur. Mais cette princesse, regrettant son premier époux, voulut se défaire du second. Artaxercès , instruit de son dessein , la ïnit entre les mains d'un de ses ministres pour la faire périr. Celui-ci, voyant que la reine était grosse et que son maître était sans enfants, résolut de conserver la princesse dans ua lieu secret, où elle accoucha d'un fils. Artaxercès , à qui l'en- fant fut depuis présenté dans une occasion favorable, loua la prudence du ministre , et fit élever ce fils avec soin. Ce mo- narque cultiva les lettres, et outre des Commentaires de sa vie, il composa un ouvrage intitulé : /Idab alaisch, eu règles pour, bien vivre. ( D'Herbeîot. ) XL SAPOR I. L'an 238, Sapor I , ou Schah-por , dit aussi Schavar ^ et surnommé ïirdeh , fils d'Artaxercès , fut placé sur le trône de Perse après la mort de son père. Il fit sa résidence dans la ville de Gandaschavar qu'Artarxercès , son père, avait rebâtie , et à laquelle il donna le nom de son fils. L'an 241 , il enlève aux Romains plusieurs villes en Syrie , et en Mésopo- tamie , qui furent reprises, les deux années suivantes , par le jeune Gordien. L'an 244 » après la mort de Gordien, il con- clut la paix avec l'empereur Philippe, qui lui cède la Mésopo- tamie et l'Arménie , suivant 2iOnaras; ce qui est hors de vrai- semblance , comme l'observe Muralori, L'an 268 , un magis-^ trat d'Antioche , nommé Mariade, chassé par ses concitoyens , pour ses malversations, s'étant leliré auprès de Sapor , l'ex- cite à se rendre maître de celte ville , et lui en suggère les moyens. Le monarque sans délai se met en marche, avec soi», yrmée, pour la Syrie. Mais sur sa route, il s'empare de Carrhes et da Nisibe, après en avoir chassé les garnisons. Comme iL 34o CHRONOLOGIE HISTORIQUE approchait d'Antioclie, les habitants étaient occupés au spec^ tacle (l'un histrion et de sa femme , qui les faisaient éclater de rire. La femme tout-à-coup s'écrie : mon mari , oiijeréoe, ou les Perses sont près d'ici. Tous les yeux , à l'instant , se tournent du coté de la montagne , d'où l'on voit effectivement descendre l'armée des Perses. Saporenlre sans résistance dans la ville cju'il met à feu et à sang, après l'avoir pillée. Il en fait autant dans les en\ irons , et pénètre jusqu'en Cappadoce , dont il assiège la capitale , Césarée , qui fut vaillamment défendue par Démos- ihènes, son gruv.'rneur. Il eut vraisemblablement échoué devant cette place s;ms un médecin de Césarée qui , ayant été fait pri- sonnier, et mis à la torture, indiqua l'endroit faible par oùl'oa fourrait la prendre. On comptait alors à Césarée quatre cent mille habitants, dont la plupart furent massacrés par le vain- queur, qui livra ensuite la ville aux flammes, après l'avoir pillée. En s'en retournaiit, chargé d'un immense butin , il prit Jî-mèse, qui éprouva le même traitement. Mais le traître Ma-^ riade , qui avait livré sa patrie, reçut le juste salaire de saper- iidie. Sapor , avant de rentrer dans ses états, le fît brûler vif,; selon Jean Malala, ou décapiter, suivant Amraien Marcellin- Du reste ce iViariade paraît être le même que Cjriade , dont Trcbellius Pollion raconte qu'ayant engagé Sapor et Odenat à faire la guerre aux Romains, il profita des troubles de l'Orient pour usurper la pourpre dont il fut dépouillé presque aussi- tôt par ses soldats qui le tuèrent (i). L'an 269 , l'empereur Vet- lérien étant venu en Orient , Sapor le défait en bataille rangée. Réduit , vers la fin de Tannée suivante, par le mau- vais état de son armée, à demander la paix, Valéiien s'en- gage dans un pourparler avec Sapor, qui le fait arrêter, et le condamne à la plus ignominieuse captivité. ( Voy. les Empe- reurs romains. ) Odenat, prince de Palmyre , craignant pour son pays m^enacé par Sapor , lui envoie plusieurs chameaux charges de riches présents , avec une lettre respectueuse où il lui demande son amitié. ) notre trône ; qu'il paraisse devant nous les mains liées derrière (i) La chronologie que nous suivons ici est celle de Trebellius, Pollion, adoptée par MM. de Tillemout et Muratori ; M. Gibbon, Ja trouvant coniuse et peu naturelle , a jugé à propos de la cbanger, en plaçant, comme le marque Zoqaras , la prise d'Antioche après i;\, capliyité de Vaierieni DES ROIS SASSÂTÎIDES lîES PERSES. 34l '« le dos. S'il hésite, une prompte destruction écrasera saleté,' » sa race et son pays. » Ces paroles, rapportées au prince de Palmyre , loin d abattre son courage, le rendirent un héros. Ayant fait alliance avec les Romains , il déclara une haine irré- conciliable aux Perses. Dès la même année :>6o , il remporta sur eux de si grands avantages , qu'il obligea Sapor à rej)asser l'Euphralc , après lui avoir tué beaucoup de monde en divers combats , enlevé quelques-unes de ses femmes et pillé ses tré- sors. L'année suivante , il reprit Carrhes , Nisibe et toute la Mésopotamie. Peu s'en fallut rnéme qu'il n'emportât Ctésiphon, dont il forma le siège. Gallien , informé de ses succès , le nom- ma général de l'Orient, et lui-même prit le titre de roi qu'il communiqua à son fds Hérodien. Jusqu'à sa mort , arrivée l'an 267 , il ne cessa d'avoir les armes à la main contre les Perses , et la victoire ne cessa de couronner les assauts qu'il leur livra. L'an 271 , au mois de décembre , Sapor , devenu de plus en plus insupportable à ses sujets, est assassiné par les satrapes, à Gandi-Sapor , ville qu'il avait bâtie sur les ruines de Persépolis , dans la province d'Elam , et où ses successeurs firent leur résidence, au lieu de Ctésiphon et de Sélcucie, que les rois des Parthes avaient faites les deux sièges de leur empire. Bar Hcbrœus dit que ce fut dans cette ville que Sapor garda pri- sonnier l'empereur Valérien. I-es Syriens la nomment souvent Lapetha , ou Beth-Lapetha. Ils lui donnent aussi le nom d'Ely- maïde , quoique l'ancienne Elymaïde fût à quelque dislance. Ce fut sous le règne de Sapor que p.irut en Perse le faïueux béré— siarque Manès ou Mani , surnommé Zendik par les Orientaux, et Cubri(jue par les Grecs et les Latins. Sa doctrine éiait un mé- lange de Magisme et de Christianisme , dont le principal fon- dement était la supposilion de deux principes contraires et co- étcrnels , l'un du bien et l'autre du mal. Il se mcbit aussi de médecine. Mais ayant échoué dans le traitement d'un fds de Sapor, qui mourut entre ses mains, il fut mis en prison. Ayant trouvé depuis moyen de s'échapper, il se sauva sur les terres des Romains, où ses erreurs firent des progrès rapides malgré la conf'.isi.n dont le couvrit Archelaiis, évèque de Cascar, en Mésopotamie , dans une conférence publique qu'il eut avec lui en 272 , suivant Photius, et dont nous avons les actes authen- tiques. Enfin , étant retourné en Perse , il y fut mis à mort par ordre, non pas de Sapor, comme le dit un moderne, mais dq luii de ses successeurs , ainsi qu'on le verra ci-après. m. HORMISDAS. • L'an 271 , HoRMïSDAS, ou HoRMopz, fils de Sapor, lui sucï S4a CHRONOLOGIE HISTORIQUE céda. C'était un prince de très-bonne mine, robuste et de bclî» taille, 11 s'adonna à l'étude ; mais sa science lui nuisit , car elle le fit tomber dans les erreurs de Manès. Il chérit cet imposteur au point qu'il lui fit bâtir , dans le Kbusistan, qui est la Susiane «nchâteau pour lui servir de retraite contre ceux qui le pour- suivaient à cause de son impiété. Le règne d'Hormisdas fut très- court. Il mourut en s.-jzouz'jS. IV. YARARANE L 272 ou 27.3. Varara^e I (ou Bahram) , fils d'Hormisdas , le remplaça sur le trône. Ennemi des Romains, il envoya des secours à Zénobie contre Aurélien. M. de Tillcmont met sa mort en 276, et M. de Guignes en 279. Vararane, au commen- cement de son règne, fit paraître de l'inclination pour la doc- trine de Manès, et voulut que ses mages, c'est-à-dire les docteurs de la secte de Zoroastre, entrassent en dispute avec lui. Mais ce n'était qu'un ruse de ce prince pour faire sortir cet imposteur de son fort et l'avoir entre ses mains. Manès , avant donné dans le piège, le roi le fit écorcher vif, et exposer sa peau , remplie de paille, dans un lieu fort élevé, pour inspirer la terreur à tous ceux de sa secte. Cette exécution en effet mit en fuite les Mani- chéens, dont la plupart se sauvèrent aux Indes, et quelques-uns- même jusqu'à la Chine. D'autres passèrent sur les terres de l'em- pire romain, où ils séduisirent un grand nombre de chrétiens, (D'Herbeiot.) V. VARARANE IL 276 ou 279, Vararane II , fils aîné du précédent, lui suc- céda. Son règne, suivant Albufarage , fut de 17 ans, pendant lesquels il fut presque toujours en guerre avec les Romains. L'ar» ^79 ou environ , vovant l'empereur Probus approcher de la Perse, après avoir triomphé des Llemmycs, peuple voisin de l'Egypte , il lui fit une Jéputation pour ilemander la paix. Les ambassadeurs rencontrèrent l'empereur sur une haute monta- gne, assis sur l'herbe au milieu de ses soldats, et mangeant dans une jatte de terre des pois avec du porc salé. Probus leur dit , sans se lever, que si leur maître ne faisait pas une prompte et entière satisfaction , il rendrait les campagnes de la Perse aussi rase que l'était sa tête, et en même tems , ôtant son bonnet il leur fit voir une tête parfait épient chauve. Vararane, effrayé par le récit de ses envoyés, vint lui-même trouver Probus, et lui a»:-» corda tout ce qu'il exigeait. Mais, l'an 282, sur quelques man- quements des Perses envers la majesté du nom romain , la paiîc fut rompue, e^ PrQbusayaptrévolévers U Perse, prit Ctésiphoj* DES ROIS SASSANIDES DÈS t'ËRSÉS. 343 ôprès avoir battu Yararane. Carus continua les conquêtes de Pro- bus sur les Perses. Dioclétien , l'an 28(3, obligea Vararane , par laseule terreur de son nom, à rendre aux Romains la Méso- t)otamie. Vararane avoir un frère puîné, nommé Ormiès ou Hormisdas, qui, las de vivre en sujet, se révolta Tan 298, et prétendit monter sur le trône. Ce part» ne lui réussit pas. ^ a- rarane mourut l'an sgS, suivant M, de Tillemont, ou 296 selon M. Rivaz. TI. VARARANE III- sg3 ou 296. Vararane III , successeur de Vararane II , son père, et surnommé Segansaa, selon Agathias, ou Sauaham , suivant Eutychius, ne régna tout au plus qu'un an. De-là vient peut-être qu'Abulfarage n en parle point. (Tillemont.) VIL KARSÈS. :s94 ou 297. NarsÈs , ou Narsi, second fils de Vararane, parvint à la couronne de Perse après la mort de son père. Il re- prit la guerre contre les Romains, et la fit d'abord avec succès. L'an 001 , suivant M. de Longuerue, et non pas 297, comme le marque M. de Tillemont, il battit le césar Galère Maximien, et s'empara de la Mésopotamie. L'année suivante il se rendit maître de l'Arménie. Mais le césar Galère étant tombé inopi- nément sur lui vers le commencement d'avril 3o2, tailla en pièces son armée, lui enleva ses femmes et ses fdles , et l'obligea de prendre la fuite. Narsès prit alors le parti de faire la paix avec les Romains. Il lui en coûta, pour l'obtenir, cinq provinces sur le Tigre, outre laMésopotamie si long-tems disputée, et sur laquelle il céda toute prétention à l'empire. Ce prince mourut Tan ôoà , après un règne de sept ans. VIII. HORMISDAS IL 3o3. Hormisdas , fils de Narsès, fut reconnu pour son suc- cesseur dans le royaume de Perse. Son règne paisible et heureux fut de cinq ans, suivant Abulfarage , ou plutôt de sept ans cinq mois selon Agathias, que nous préférons. Il mourut par con- séquent l'an 3io. Les grands, loin d'élever Hormisdas, son fils, sur le trône, se saisirent de lui aussitôt que le père eut fermé les yeux , le chargèrent de chaînes , et l'enfermèrent dans une tour située sur une colline à la vue de sa capitale. La cause de ce traitement était la menace qu'il avait faite de les traiter comme Marsyas le fut par Apollon, c'est-à-dire de les faire lécorcher vifs lorsqu'il aurait le sceptre en main , et cela pour 344 CHRONOLOGIE HISTORIQUE ne s^être point levés devant lui clans un banquet royal , où iî, était suiyenu en arrivant de la chasse. IX. SAPOR II. 3io. Sapor II, fils posthume d'Hormisdas II, fut déclaré son successeur avant que de naître. Les mages firent même dès- lors la cérémonie de son couronnement , en mettant le diadème sur le ventre de sa mère, persuades, ou feignant de Têtre , qu'elle était enceinte d'un fils. L'an 323 , Hormisdas, son frère, ayant trouvé movtn de s'échapper de sa prison, va se réfugier chez le roi d'Arménie, qui 1 envoie sous bonne escorte à l'em- pereur Constantin, dont il est très- favorablement accueilli. îSapor, non-seulement ne le redemande point, mais il lui ren- voie même sa femme avec honneur, llormisdas, s'étant fixé à la cour impériale , y embrassa le Christianisme , et rendit pen- dant quarante ans des services importants aux Homains dans leurs guerres contre les Perses. (Tiilemont , le Beau. ) L'an 3ii6, Sapor, à la sollicitation des mages, commence à persécuter les Chrétiens de ses états. (Assemani.) L'empereur Constantin lui écrivit en vain une lettre pathétique en leur faveur. Llle ne fit aucun effet sur lame de ce prince , irrité par les mages. L'an 337, peu de tems avant la mort de Constantin , il redemande aux Romains les provinces ïr-anstigritaines : on donnait ce nom à cinq provinces situées, pour la plupart, entre l'Euphrate et le Tigre, que l'empereur Maxiinien Galère avait conquises, comme on l'a dit , sur ISarsès son aïeul. Constance hérita de cette guerre. Sur le refus qu'il fit à la demande de Sapor , celui-ci , l'année suivante, vient mettre le siège devant Nisibe. Mais après avoir serré cette place durant soixante-trois jours , il est obligé de se retirer honteusement , poursuivi et harcelé dans sa retraite par l'ennemi qui lui tue beaucoup de monde , sans parler de ceux que la fatigue , la famine et les maladies firent périr. L'an 34o , il renouvelle, avec une fureur incroyable, la persécution contre les Chrétiens. Elle dura quarante ans. (Assemani , Acta ISIart. ) L'an 348 , vers le mois d'août , suivant saint Jérôme et Idace , il gagne , sur l'empereur Constance , la célèbre bataille de Sin- gare, en Mésopotamie. Elle lui coûta cher; son fils, héritier de la couronne , ayant été fait prisonnier dans cette journée , les Romains, dans la rage de se voir enlever une victoire dont ils se croyaient assurés, le massacrèrent indignement. Sapor, l'an 35o, revient devant Nisibe , qu'il tint assiégée pendant quatre mois , sans pouvoir encore la prendre. Elle avait au milieu d'elle «on évèque, saint Jacques , qui la défendait par ses prières. Sa— f)or , obligé de lever le siège et d'avouer que Dieu combat pour es Romaius , tire une flèche contre le ciel dans son désespoir^ LtS nOlS SASSANIDES DES PERSES. 3+5 î/'au Sog , il reprend la guerre qu'il avait itilerrompue pendant neuf ans , et assiège pour la troisième fois iSisibe avec aussi peu de succès que par le passé, il se dédommage sur Amide , qu'il emporte d'assaut au milieu de l'automne , après des efforts in- croyables, et dont il fait passer la garnison au fd de l'-épée. L'an- née suivante , il se rend maître de Singare et de Besabde , en Mésopotamie , qu'il traite comme Amide. Constance arrête ses progrès, et l'obligea se tenir stir la défensive, l'an 363, pour- suivi par l'empereur Julien jusques dans le cœur de ses états, la Providence le délivre de cet ennemi redoutable dans un com- bat , où Julien fut blessé à mort le 26 juin. Peu de jours après cet événement, il fait une paix avantageuse avec Jovien , suc- cesseur de Julien. Sapor regagne , par ce traité, les cinq pro- vinces Transtigritaines qui avaient fait le sujet de la guerre. L'an 370, il est battu par l'empereur Valens , qui l'oblige à lui demander une trêve. L'an 38o , Sapor meurt après un règne de soixante-dix ans. (Assemani.; Outre l'affreuse persécution qu'il fit aux Chrétiens , Procope , ( de BelloPers. , liv. i , chap. 5 , ) rapporte d'autres traits de sa barbarie , qui font également horreur. L'orgueil de ce prince ne le cédait point à sa cruauté ; témoin sa lettre à l'empereur Constance , à la tété de laquelle il se qualifiait , Roi des rois , compagnon des astres , frère du so- leil et de la lune : Rex regum Sapor, particeps siderum , f rater so- ù's ac lunœ. X. ARTAXERCÈS II. 38o. Artaxercès I! , frère, ou du moins proche parent de Sapor II, devint son successeur , et régna, suivant Agathias , l'espace de qaatrc ans. C'est le sentiment qu adoptent ]\I. de Guignes et les auteurs de l'Histoire Dniverselle, préîVrablcment h celui de Kondemir , qui donne à ce prince douze ans de règne. Sa mort est arrivée , par conséquent , Tan 384- tle fut lui , ou son successeur, qui envoya cette année des ambassadeurs char- gés de présents magnifiques à ïliéoduse , pour renouveler la paix entre les deux empires. XL SAPOR IIL 384. Sapor III, fils de Sapor II, régna cinq ans et quatre mois depuis la mort d'Artaxercès II. Eloigné de la barbarie de ses prédécesseurs, il gouverna ses états avec modération, vécut en paix avec les Romains , et mourut vers l'an 389 , regretté de ses peuples. XII VARARANE IV. 089. Vararane, fils de Sapor III , monta sur le trône des IV. 44 346 CHROJsoLOGif; liisroiiiQt'E Perses après la mort de son père. Ahulfarage ne le compte point entre les rois de Perse. Mais le vide d'environ onze ans , qu'il laisse entre Sapor III et Isdegerde, fait voir qu'il y a dans sa liste , un prince intermédiaire d'oublié. Nous plaçons la mort de Vararane III , d'après ceux qui en font mention , en l'an 3gg. XIII. ISDEGERDE I. 099. Isdegerde I , ou Jazdegerde , fds de Sapor lil , commença, suivant Abulfarage, à régner la cinquième année de l'empereur Arcade, c'est-à-dire l'an 3()q, étant âgé pour lors de vingt et un ans. Il vécut en si bonne intelligence avec Arcade, que ce prince, en mourant, si l'on en croit Procope , le nomma tuteur de son fds Théodose le Jeune. Ce qui est cer- tain , c'est que ce monarque guerrier, loin de profiter de l'oc- casion que lui présentait la minorité de Théodose, pour éten- dre les bornes de ses états , se déclara hautement soti défenseur. Il lui écrivit une lettre pleine d'affection ; conclut avec les Ro- mains une paix de cent ans, et envoya au jeune empereur un eunuque grec fort savant, nommé Antiochus , pour l'instruire clans les lettres. Le Christianisme s'étendit en Perse sous sa pro- tection. Mais l'an 41*^ ( Assemani) et non l'an 420 , il changea de disposition envers les Chrétiens, à l'occasion d'un temple que l'évèque Arbdaas avait eu l'imprudence de brûler. Depuis cet événement il ne cessa de les persécuter ; et cette persécution , continuée sous ses deux successeurs , dura trente ans, suivant Théodoret. Isdegerde mourut l'an 420. XIV. VARARANE IV. 420. Vararane IV (ou Bahram Gour), se mit en posses- sion du trône de Perse après la mort d'Isdegerde , son père. Il continua la persécution contre les Chrétiens , et enchérit sur la cruauté de son prédécesseur. Les Chrétiens qui purent échapper à ses recherches , se sauvèrent à Constantinople , où ils furent bien accueillis par l'empereur Théodose le Jeune. Vararane ayant envoyé les redemander comme des fugitifs , Théodose répondit avec courage que l'empire était un asile toujours ouvert aux in- nocents ; que le Christianisme faisant tout le crime de ceux que Vararane poursuivait, il était du devoir d'un empereur chrétien de les protéger , et que pour les traîner en Perse , afin d'y répan- dre leur sang, il faudrait que Vararane vînt les arracher d'entre ses bras. Cette réponse généreuse fut suivie d'une rupture entre l'empire et la Perse. Ardabure, général de Théodose, s'étant mis le premier en campagne , repiporta, sur les Perses coraman- DIiS ROIS SÂS5AMDES HT S P-ERSFS. 3^7 dés pai'Narsès, une victoire qui fut célébrée, le 6 septembre 421, à Constantinople par de grandes réjouissances. Narsès , poursuivi par le vainqueur , se retire à Nisibe , où il ne tarda pas d'être assiégé. Le roi de Perse rassemble toutes ses forces et celles de ses alliés, pour les envoyer au secours de la place, il arriva une chose singulière : les deux armées qui se cherchaient Tune et l'autre , prirent l'épouvante toutes les deux lorsqu'elles s'aprochèrent, et fuirent chacune de leur côté. Les Perses se précipitèrent dans l'Euphrate, où il en périt près de cent mille. Les Romains abaa- donnèrent le siège de Nisibe, brûlèrent leurs machines, et se retirèrent sur les terres de l'empire. Cette guerre finit , l'an 422 , par un traité de paix , dont la principale condition fut que le roi de Perse laisserait aux Chrétiens de ses états la liberté de pro^ fesser leur religion. Mais cet article ne fut pas fidèlement ob- servé. Les mages, qui étaient les plus acharnés contre les Chré- tiens, engagèrent Varai'ane , peu de tems après, à recommencer la persécution. Elle ne finit pas même à sa mort, anivée lan XV. ISBEGERDE IL 44o. ISDEGERDE II , nommé aussi Vararane par quelques, auteurs grecs , posséda le trône des Perses de])uis la mort de Yararane , son père, jusqu'à la sienne, arrivée l'an ^S~. XYL PEROSE. 407. PÉROSE (ou Phirouz) s'empara du trône , avec le se- cours des Euthalites (ou Huns blancs, suivant M. de Guignes; Hongrois , selon M. Fischer), au préjudice dHormoz , son frère, que le testament de leur père îsdegerde y avait appelé. îî eut ensuite la guerre avec ses bienfaiteurs, cantonnésalnrs dans la Maourennaahar.. Vaiiltjueur dans le premier combat , pris dans le second et renvoyé, il périt dans le troisièmel'an 48^.(1)6 Gui- gnes.) Le Nestorianisme fit de grands progrès çn Perse , sons le règne de ce prince par les soins de Barsumas, évêque de Ni^ sibe , qui vint à bout de lui persuader que , parmi le« Chrétiens de ses états, il n'y avait que les Nesloriens qui fussent attachés au gouvernement , et qu'il devait regarder ceux qui suivaient 1.^ doctrine des Romains comme autant d'espions et de traîtres , qui entretenaient des corre.spondances dangereuses avec les enne- mis, et étaient toujours prêts à les seconder dans l'occasion. Au, moyen de ces insinuations, il excita une violente persécution en Perse contre les Catholiques, remplit les sièges d'évêquos sestoriens , et en fonda de nouveaux pour ceux de cette seclf qj de sorte qu'ils vieillissent sans barbe, semblables à des eu- >» nuques, et sans aucun agrément dans le visage. Une tête V énorme enfoncée dans de larges épaules , tous les autres u membres sans proportion , une difformité universelle les IV. 45 S54 CHROlïîOLOGIE HISTORIÇtJE >. ferait prenJre pour des bêtes à deux pieds, ou pour les orÎTÎ- >} naux de ces pieux que l'on taille grossièrement en figures » d'hommes pour les mettre sur les parapets des ponts, » Cette nation était divisée par hordes ou par tribus , qui avaient toutes la même manière de vivre. Les Huns , ennemis de l'agri- culture . ne connaissaient point l'usage du pain. « Les racines M et la chair à demi-crue, mortifiée entre la selle et le dos de » leurs chevaux , faisaient leur nourriture. Ils ne se croyaient » point en sûreté dans une maison ou dans un bâtiment solide ; » errants dans les plaines et dans les forêts , ils laissaient leurs » femmes et leurs enfants sous des tentes qui étaient posées sur M des chariots, et qu'ils transportaient où ils jugeaient à pro- n pos. Ils n'avaient aucune demeure fixe , et n'étaient ha- » billes que de peaux ou de toile qu'ils laissaient pourir sur » leur corps. Ils étaient toujours à cheval; c'était ainsi qu'ils » tenaient leurs assemblées; et ils étaient si peu accoutumés à w rester sur leurs pieds, qu'ils se couchaient sur le dos de leurs » chevaux pendant la nuit — Ils étaient fourbes, inconstants , » sans religion, avides de richesses, cruels, colères, en un « mot semblables en tout aux Calmouks d'à présent et aux ïar- » tares de Crimée. » ( De Guignes, ) Les Huns n'avaient point de rois , mais des chefs dont l'auto- rilé était assez mal établie. BALAMIR. 376. Balâmir, ou Balember, était chef des Huns lorsqu'ils passèrent les Palus INléotides, et se rendirent maîtres de tout le pays qui est enti'e le Tanaïs et le Danube , en chassant les Goths, les Alains et autres barbares. Ce fut aussi lui qui , après leur avoir fait passer ce dernier fleuve, les conduisit en Pannonie , dont il les rendit maîtres par les victoires qu'il remporta sur les Romains à leur tète. L'an 3^7, ap[)elé parle perfide Hufin, ministre du faible Arcade , il se jette sur les terres de l'empire , Aoisines delà Pannonie, d'où il emporte un butin considé- rable. On rapporte sa mort à la fin du quatrième siècle. ULDÈS. 400. UldÈS, dit aussi Uldin , chef des Huns, attaqua, par divers combats , le traître Gainas, goth de nation , qui , chassé des terres de l'empire , contre lequel il s'était révolté après avoir servi dans les armées romaines avec réputation , voulait s'établir dans l'ancien pays des Goths , au-delà du Danube, le défit, le tua, et envova sa tête à l'empereur Arcade. Elle fut portée en triomphe à Constantinople le 3 janvier 4oi. En 4o5 , Slilicon oignit à ses troupes celles du même Uldès , pour marcher cou- DES CHEFS DES HUNS. 355 trc "Radagalse , qui périt avec toute son armée de quatre cent mille hommes , par un miracle visible de Dieu. Uldès devint ensuite ennemi des Romains en 4oB , sous Théodose le Jeune, et ne voulut faire la paix qu'à des conditions qui ne pouvaient lui être accordées ; mais des rcimains s'elant insinués dans son camp, y excitèrent un soulèvement contre lui. Uldès se voyant abandonne d'une partie des siens, prit le parti de se retirer promplement au-delà du Danube. Mais dans sa retraite il fut attaqué par les Romains, qui lui tuèrent beaucoup de monde , et firent un plus grand nombre de prisonniers. CÂRATON. 4i2. Caraton était le principal chef des Huns vers l'an 412. Donat, autre chef de cette nation, ayant été assassiné parles Romains, Caraton en fut extrêmement irrité, et résolut d'en tirer vengeance. Mais l'empereur Théodose le Jeune trouva le moyen de lappaiser par des présents. Ce fut peut-être sous le rè^ae de Caraton qu'Aëtius , général romain , obtint, l'an 4^4 » un secours de soixante mille Huns pour soutenir le parti du secrétaire Jean , qui avait usurpé la pourpre après la mort d'Ho- norius. Quoiqu'il, en soit, la mort prompte du tyran ayant rendu ce secours inutile , il fallut donner une somme considé- rable aux Huns pour les engager à s'en retourner. ROILAS. RoiLAS , chef des Huns méridionaux, pénétra. Fan 4-^» dans la Thrace , et menaçait Constantinople. Mais il fut tue d'un coup de foute que la défaite entière des Huns n'augmentât la puissance du roi des Visigoths , qui était avec lui, fit qu'il em- pêcha ce prince de forcer le camp des barbares et de les massa- crer tous. Attila eut le tems de retourner vers le Rhin , d'où il Fassa en Pannonie, pour y recruter ses troupes. De là il entre , an 452 , en Italie , qu'il ravage sans presque nulle opposition. Aquilée, Milan, Pavie et d'autres villes , éprouvèrent tout ce que la férocité d'un vainqueur avide de carnage et de butin peut lui inspirer. Arrivé sur les bords du Pô , il délibère s'il ira faire le siège de Rome. Valentinlen, qui s'y tenait renfermé, crai- gnant qu'il ne prenne ce parti , lui députe le pape saint Léon , avec deux sénateurs pour le détourner de ce dessein. Le pon- tife l'ayant rencontré au confluent du Mincio et du Pô , suivant la plus commune opinion , ou selon Maffei , dans l'endroit où est aujourd'hui Pesquiera , l'engage à faire la paix avec les Ro- mains moyennant un tribut auquel il se soumet au nom de Va- lentinien. Attila reprend, au mois de juillet la route de ses états , chargé d'immenses dépouilles , mais avec une armée con- sidérablement diminuée par les maladies. Il y mourut, en 4^3» d'une hémorragie qui l'étouffa la nuit de son mariage ave:: une fille nommée lldico. Telle fut la fin de cet homme, qui avait été la terreur et le fléau de l'univers. Jornandès décrit ainsi la figure d'Attila : « Il était de petite taille, avait la poitrine large, j> la tête grosse, les yeux petits, la barbe claire, le nez épaté , » les clKîveux mêlés. Son regard et sa démarche annonçaient la 3i> fierté de son âme. Il entreprenait la guerre avec ardeur et la j) faisait a%ec prudence. » Il dit ailleurs qu'Attila méprisait le faste, qu'il était équitable envers ses sujets, mais fourbe envers ses ennemis. Son empire fut renversé avec lui par la mésintelli- gence de ses enfants; circonstance dont les princes subjugués profitèrent pour secouer le joug. Cependant, les Huns firent encore des ravages sur les terres de l'empire. L'an 4^*7 , Hermi- das, chef d'une troupe de cette nation, fut défait par A nthcmius, proclamé empereur la même année. On voit un Dengizic, ou Dingic, fils d'Attila, entreprendre la guerre contre les Romains vers 4'J'^- Jî^llefut terminée par la mort de l'agresseur, dont la tète fut apportée à Constantinople l'an 4**9. CHRONOLOGIE HISTOPdQUE DES KOIS DES VANDALES. Ï-JES Vakdales, peuple venu des bords de la mer Baltique, Vîs-à-vis de l'ile que Dexippe appelle Scanzia, s'arrêtèrent d'abord dans l'ancienne Dace, et s'établirent ensuite dans la Pannonie, d'où Stillcon, suivant l'opinion commune, les ap- pela dans les Gaules au commencement du cinquième siècle. GODIGISELE. 4oi. GODIGISÈLE, OU GoDlSÈLE, est le premier roi connu des Vandales. Il fut tué dans un combat contre les Francs l'an 4o6. C'en était fait de tous les Vandales , si Respendial , chef des Alains, niassagète d'origine, ne fût venu à leur secours, et n'eût empêché les Francs de les exterminer. GONDERIC. 4o6- Go^dÉric , fils de Godigisèle, fut élu roi des Vandales après la mort de son père. Pour réparer l'échec que les Francs avaient fait essuyer aux Vandales, il fit alliance avec les Alains et les Suèves. Ces trois peuples s'étant réunis, passèrent le Khin, le 3i décembre 4°^ ^ après avoir marché sur le ventre aux Francs qui s'opposèrent à leur passage, et mis en fuite les g.nnisons romaines qui gardaient les bords du fleuve. De là ils se répandirent dans les Gaules qu'ils ravagèrent pendant trois iins, après quoi ils passèrent en Espagne l'an 4og. Idace, dans sa Chronique, écrite au cinquième siècle, date ce passage de la lin de septembre et du commencement d'octobre de l'an 447 CHRONOLOGIE HISï. DES ROIS DES VAÎsDALFS. 35^ <îc l'ère d'Espagne : ce qui revient effectivement à l'an 409 de J. C. Mais Isidore de Sévllle , qui écrivait au sixième siècle , semble l'avancer d'une année, en le plaçant à l'an 44^ ^^ 1^ même ère. On peut néanmoins concilier ces deux historiens, en disant que le premier compte par années courantes, et l'autre par années révolues. Les progrès des Vandales en Es- pagne furent rapides , parce qu'il ne s'y trouva point d'armée pour les arrêter. S'étant emparés, l'an 4ii, (îe la Galice, ils étendirent leurs conquêtes jusqu'au détroit de Gibraltar. Ayant alors fait une espèce de partage avec leurs alliés, ils abandon- nèrent aux Suéves la Galice , qui comprenait aussi les Asturles, et s'établirent dans la Rétique, qui, de leur nom, fut appellée Vaudalousle ou Andalousie. Ce fut là qu'ils fondèrent une nou- velle monarchie. Mais bientôt Us se brouillèrent avec les Suéves et tournèrent leurs armes contre eux. L'empereur îlonorlus, au lieu de laisser ces barbares s'entredétrulre , eut l'imprudence de secourir les Suéves. Les Vandales , devenus par là plus fu- rieux, ravagèrent tonte l'Espagne, démolirent Carthagène, em- portèrent Sévilla d'assaut, et y commirent les plus grandes cruautés. Gonderic , leur roi , mourut en 428. GENSERIC. 428. Genséric , frère de Gonderic , lui succéda l'an 428. C'était, selon quelques écrivains, un apostat, qui, de catho- lique, s'était fait arien. La même année, apprenant qu'Her- migaire , général des Suéves, ravage les provinces qui l'invi- ronnent , il marche contre lui , l'attaque dans les plaines de Mérlda , et le met en déroute de manière qu'une partie de son armée fut taillée en pièces, et que lui-même en fuyant se noya dans le Tage. L'an 429 , appelé par le comte Bonlface , que rinimltlé d'Aëtius avait engagé à se révolter, Gensérlc, au mois de mai, passe en Afrique avec une armée composée, non seulement de vandales ( ceux-ci ne montaient qu'à trente mille hommes), mais d'alains, de suéves , de goths , et d'autres nations barbares que l'espérance d'un riche butin avait réunis sous ses drapeaux. ( Possid. in oîtâ S. Augus. ) Avec des forces si considérables , il se rend maître en peu de tems de toutes les villes d'Afrique , à l'exception de Carthage , d'îiippone et de Cirlhe , qui tombèrent néanmoins, dans la suite, au pouvoir des Vandales. En vain le comte Boniface , qui était rentré dans le devoir, veut s'opposer aux progrès de ces barbares. Il est défait l'an 43o , et assiégé dans Hippone sur la fm de mal , trois mois avant la mort de saint Augustin. L'an 4'^i , vers le mois do juillet, les Vandales lèvent le sié^e 36o CHRONOLOGIE HISTORIQUE d'Hlppune , qui durait depuis environ quatorze mois. Mais ils gagnent , peu de tems aprè^ , une grande bataille sur les Ro- mains. Ils brûlent ensuite Hippone , que ses habitants avaient abandonnée. Genséric, l'an 4^5, le 1 1 février, fait la paix avec l'empereur Valentinien. Ce fut Trigetius , gouverneur d'A- frique , qui en dressa le traité , par lequel Genséric demeura propriétaire de la Proconsulaire, à l'exception de Carthage , de la Bysacène et de la Numidie. L'an 4-^7 ? il commence à persécuter les Catholiques. ( C'est la première persécution des Vandales.) L'an 43c^, le 19 octobre, les Vandales , au mépris du traité de paix, prennent Carthage par surprise, la pillent -durant plusieurs jours , et en adjugent les églises aux Ariens. ( Genséric date de cette époque les années de son règne. ) Ses vues peut-être ne se seraient point portées sur l'Italie, s'il n'y eût été appelé par l'impératrice Eudoxie , pour venger sur Maxime, auquel elle était remariée, la mort de Valentinien , son premier époux, dont il était le meurtrier. Flatté de l'espé- rance d'un riche butin , il met à la voile avec son armée pour le pays où il était invité , et après son débarquement , il marche droit à Rome, où il entre sans résistance, le 12 juin de l'an 455. Saint Léon sauva le fer et le feu à Rome ; mais elle fut pillée pendant quatorze jours. L'impératrice et ses deux lillcs , Placidie et Eudoxie , furent transportées en Afrique, avec d'autres personnes illustres, du nombie desquelles fut Gau- dence , fds du général Aëtius. Le vainqueur , de retour en Afrique, acheva d'engloutir ce que Valeniinien y avait soustrait à sa voracité. Ainsi affermi dans cette partie du monde, l'em- pire de la mer devint l'objet de son ambition. Il lui fut aisé de l'obtenir, ayant une marine très-supérieure à celle des Ro- mains. Mais au Heu d'employer ses flottes à enrichir ses sujets par la voie du commerce, il ne les fit servir qu'à exercer la plus affreuse piraterie. Il ne se passa point d'année dans la suite de son règne qui ne fut marquée par quelque descente funeste des Vandales en Sicile, en Sardaigne, sur les côtes d'I- talie , ou sur celles d'Espagne, même sur celles d'Illyrie et du Peloponèso. Le général Ricimer, en 456 , battit leur flotte à la hauteur de la Sicile, et après lui, le comte Marcellin dé- fendit cette île contre eux et la préserva d'une invasion , tant qu'il eut le commandement. L'an 4^<' ■, Genséric , averti d'un grand armement que l'empereur Majorien faisait à Carthagène pour aller descendre en Afrique, le prévint , brûla une partie de ses vaisseaux dans le port même, et enleva le reste qui ser- vit à augmenter ses forces maritimes. Ce barbare mourut le 2^ janvier 477 , après trente sept ans , trois mois et six jours de régne depuis la prise de Carthage , laissant au moins trois fds, BES ROIS DES VANDALES. 36lt ttunéric qui suit , Genton , et ïhéodoric. Genséric , suivant Jornandès ( de reb. Guth. c. 33 ) , était de moyenne taille , et boiteux d'une chute de cheval. Il avait l'air pensif , parlait peu, méprisait la volupté, et s'occupait toujours de grandes entreprises. Procope dit qu'il usa du droit de conquête envers les Africains dans la plus grande rigueur; et que, non con- tent de leur ôter leurs terres et leurs esclaves pour les donner aux Vandales, il les surchargea d'impôts si excessifs, qu'en travaillant beaucoup ils ne pouvaient suffire à les acquitter, HU>vÉRIC 477. HuNÉRic , ou HoNORic , succéda , le 24 janvier 477 J à Genséric, son père. 11 païut d abord plus modéré que lui à l'é- gard des Catholiques. L'an 479 , il leur permit d'élire \\n évêqua pour Carlhage , qui était sans pasteur depuis Tan 45^. Ce ne fut que Tan 4''"j3 qu'il commença la persécution contre eux. Elle fut une des plus cruelles que les Chrétiens eussent souffertes j mais elle fut courte et ne dura pas deux ans entiers. On compte jusqu'à quarante mille catholiques qui furent les victimes de sa cruauté. Parmi les supplices qu'on fit souffrir aux confesseurs de la vraie foi , plusieurs eurent la langue coupée jusqu'à la ra- cine, avec la main droite; et cependant ils continuèrent de parler, comme Fat lestent trois témoins oculaires, Victor de Vite, rhls(orien Procope et Enée de Gaze. La cruauté d'Hune- rie s'étendit jusqu'à sa propre famille. Genséric, dans la vue de donner à son peuple les princes les plus sages et les plus ex- périmentés de sa maison , avait réglé qu'on mettrait sprès lui sur le trône celui de ses descendants qui se trouverait le plus âgé, sans avoir égard à la ligne de primogéniture , et cela à perpé- tuité. Par cette fausse politique il remplit sa maison d'assassi- nats. Hunéric, pour faire tomber la couronne à son fils Hildi- cat, fit massacrer ses frères et leurs enfants mâles. Mais deux fils de Genton échappèrent à sa fureur. ( Le Beau. ) Ce mauvais prince niourut enfi.u le ii décembre de l'an 4^4 1 après avoir régné sept ans, dix mois et dix-huit jours. Son fils Hildlcat, qu'il avait eu d'une première femme qui n'est point connue, était descendu avant lui au tombeau. 11 avait ensuite épousé, l'aa 462, EunoxiE, fille de l'empereur Valentlnien III, que Gen- séric, son père , retenait alors en captivité. Cette princesse lui ayant doinie Hildéric qui viendra ci-après , lasse de vivre avec un prince arien ,»se sauva, au bout de seize ans de mariage, à Jérusalem, où elle embrassa le tombeau d'Eudoxie , sonaïeule, et ne survécut que quelques jours à son arrivée Procope représente les Vandales comme un peuple qui, après IV. 46 Sèi CHRONOLOGIE HISTORIQUE la mort de Genscric , était tombé clans la mollesse « et s'éfaÏÉ abandonné à toutes les voluptés. Ils passaient les journées en- tières dans des bains parlâmes , ou au théâtre ; leurs habits étaient tissus d'or et de soie; ils étalaient sur leurs tables le luxe le plus recherché ; ils avaient à la ville et à la campagne des maisons superbes et des jardins délicieux. Les spectacles et les tournois faisaient leur occupation la plus sérieuse , et la chasse leur unique travail. Ils jouissaient dans la plus grande sécurité de leurs conquêtes, et négligeaient en conséquence l'art militaire, ne jugeant pas avoir dans la suite rien à craindre des empereurs d'Orient. GUNTHAMOND. 484- GuNTHAMOND , fds de Genton , succéda le 1 1 décem- bre 4'^4 à Hunéric. L'an 4^5, il rappela les évcques exilés, et permit d'ouvrir les églises d'Afrique , qui étaient fermées depuis plusieurs années. Les Maures, sous le règne précédent, s'étaient emparés du Mont-Aurase, en Numidie. Gunthamond entreprit de les en chasser , mais avec si peu de succès , qu'ils se rendirent maîtres de toute la côte d'Afrique depuis Cadix jusqu'à Césarée. Ce prince mourut le :n septembre 49^ j après un règne de onze ans neuf mois et onze jours. TRASAMOND. 496. Trasamo>;d, ouTrasimond, frère de Gunthamond, lui succéda le 2.1 septembre /^^.fQ. » Ce nouveau prince faisait a» espérer un règne doux et heureux ; il était bien fait de sa j> personne , généreux, spirituel ; il aimait les lettres; il n'era- ï> ploya d'abord que la séduction des récompenses et l'attrait » des' honneurs et des grâces pour engager les Catholiques à » l'apostasie. Mais voyant le peu de succès de ses artifices , il j) devint furieux, et ne mit plus en œuvre que les rigueurs et 31 les supplices. ( Le Beau. ) » Il relégua, Tan 5o4 ou 5oiî, jus- 3i qu'àdeux-ceni-vingts évêques en Sardaigne. Saint Fulgence , si célèbre par sa doctrine et sa piété , fut du nombre de ces il- lustres exiles. Le mariage de Trasamond avec AmalfrÈDE , sœur de Théodoric-le- Grand, le rendit maître de Lilibée, en Sicile. H vécut en paix avec l'empire , et mourut , au mois de miai 62.^ , du chagrin que lui causa une grande défaite de son armée vain- cue par les Maures. HILDÉRIC. 523. HildÉRIC , fils d'Hunéric et d'Eudoxie, succéda, dans wn âge javancé , le 24 mai 5^3 , à Trasamond , son cousin. Ce, DES ROIS 1>ES VANDALES. 365 prince en mourant lui avait fait promettre avec serment qu'é- tant sur le trône, il n'ouvrirait pas les églises des Catholiques et ne rappellerait pas leurs évi ques exilés. Hikléric fit le con- traire, et rendit la paix à l'église d'Afrique. Mais il manquait de valeur, qualité qui se rencontrait heureusement dans Hoa- mer, son frère, qu'il chargea du commandement de ses armées contre les Maures. Hoamer, après avoir remporté sur eux plu- sieurs victoires signalées, fut à la fin battu si complètement que presque toute son armée périt dans l'action. Ce revers excita de grands murmures parmi les Vandales. Gelimer, fils de Géla- ride, petit-fils de Genton , et arrière-petit-fils de Genséric , se prévalut de ce mécontentement pour s'emparer du trône dont il était l'héritier présomptif. Ayant séduit, par de fausses insinua- tions, les seigneurs Vandales, il se saisit d'Hilderic et de ses deux frères , Hoamer et Evagès, fit massacrer les officiers les plus attachés à leur prince légitime, et ne trouva plus alors d'obstacles à ses desseins. C'est ainsi qu'Hildéric fut détrôné dana le mois d'août 53o , après avoir régné sept ans et trois mois. GÉ LIMER. 53o. Gélimer se mit en possession de la monarchie des Vandales en Afrique, Tan 53o, après s'être rendu maître de la personne d'Hilderic L'empereur Justinien avant appris la dis- grâce de ce dernier, dont il était ami, fait la paix avec les Perses,, pour tourner ses armes contre l'Afrique. Bélisaire est chargé de cette guerre, qu'il termina au bout de deux ans, par la conquête de tout le pays qui était sous la domination des Vandales, tant; en Afrique qu'en Sicile, en Sardaigne et sur les côtes d'Italie» Gélimer lui-même fut obligé de se rendre, l'an 534, ^u géné- ral Pharas, que Bélisaire avait envoyé contre lui. Pharas envoya prisonnier ce malheureux prince à Bélisaire , qui le reçut à Carthage , d'où il l'emmena i Constantinople. Ainsi finit la do- mination des Vandales en Afrique, après avoir duré cent cintj ans. On fait état de plus de cinq millions d'hommes qui périrent dans les deux dernières années; et Procope dit que l'Afrique devint alors tellement déserte, qu'on pouvait y voyager des, journées entières sans rencontrer un seul homme. CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES ROIS BARBARES D'ITALIE, JL'an 47^ fst l'époque de Textinction de l'empire en Occident, et rétablissement d'une monarchie nouvelle en Italie. Ce pays fut érigé en royaume au moment qu il cessa d'être une portioa de Tenipire. Il devint, le domicile des barbares qui l'avaient conquis; et leur chef, s'étant mis à la place des césars , exerça, sur tout ce qui s'étend depuis les Alpes jusqu'en Calabre, la même autorité dont ils avaient joui , mais sous un autre titre, L'Italie cependant ne fui pas toujours assujettie aux mêmes barbares. De In domination des Hérules, elle passa sons celle des Goths ; à ces derniers, succédèrent les Lombards, dont la puisr- sauce plus durable fut enfin détruite par Charlemagne, qui, l'an 800, rétablit Tempire en Occident. ODOACRE, ROI DES HERULES. L'an 4761 Odoacre, fds d'Edicon, le même vraisemblable-^ ment que Prisque met au nombre des ministres d'Attila, ruge ou scylhe, de nation, mais élevé en Italie et l'un des officiers des gardes du corps de l'empereur , demande , au nom des bar- bares incorporés aux milices romaines, le tiers des terres d'Italie, p^irv fixer leur demeure. Oreste, père de l'empereur, s'etant durement oppose à celte demande, Odoacre passe en Paunonie , ou il ramasse différents corps d'hérules, de skirres, de turcilinges, etc., à la tête desquels il fait irruption en i(aliç, prend et livre aux flammes Payie, où le patrice Oreste CHRON. HIST. DES ROIS BARRARES d'iTALIE. 365 sVlait réfugit', remmène prisonnier avec toute la garnison , entre dans Ravcnne, où il lait décapiter le patrice Paul, frère» d'Oreste, marche à Rome, dont il trouve à son arrivée les portes ouvertes et le sénat disposé à le recevoir, dépose Au- gustule de la dignité impériale, mais sans lui faire d'autre mal par compassion pour son âge, se fait proclamer roi d'Italie par son armée, le 22 août 47*^^ revient à Plaisance, où il fait mourir Oreste le 28 du même mois, et commence un règne <:]ui fut paisible et sans perte, res[)ace de treize ans , comme saint Severin . apotrc du Noriquc le lui avait prédit à son pas- sage par ce pays pour entrer en Italie. JMais l'an 4''^9 1 Tliéo- tloric, étant venu fondre sur l'Italie à la tête des Ostrogotlis, défit , près d'Ariuilee, Odoacre le 2(S août de cette année, et le battit une deuxième fois près de Vérone, le 27, ou le 00 sep- tembre suivant; mais trahi par un de ses généraux, fhéodoric fut obligé de se retirer à Pavie, où son ennemi vint l'assiéger après avoir ravagé la l.igurie. ïhéodoric , dans sa détresse , ap- pela les Visii^Oihs avec lesquels il remporta une troisième victoire le 1 i août 490. Odoacre alors va se renfermer dans' Ravenne, s'y fortifie, et après s^y être défendu avec beaucoup de courage pendant trois ans, se trouve enfin ol)ligé de traiti'r a\ec ïhéodoric L'accorel fut conclu le 27 février 49-^- Tbèo- doric fil son entrée triomphante dans lÀavenne, le 5 mars, et tua de sa main, peu de jours après, Odoacre, malgré lesoiment qu'il avait lait de lui conserver la vie. Jamais peut-être con- habile et intrépide , conquérant juste et humain , roi paci- 3> fique, il sut par un heurenx mélange de sévérité et de douceur, 3> contenir ses sujets victorieux dans une exacte discipline, et se » faire chérir des peuples vaincus. Il s'était fait construire un j> mausolée qu'on voit encore à Ravenne , et dont le dôme est 3> d'une seule pierre d'Istrie, et d'une masse énorme. » ( Le Beau. ) Théodoric avait régné trente sept ans, à commences DES ROÏS BARBARES d'iTALIE. 6G7 de son entrée en Italie , et trente-trois ans depuis la mort d'Odoacre. C'est de la première de ces deux époques que les années de son règne se comptent dans ses rescrils. Il ne laissa de sa femme AudeflÈDE , sœur de Clovis, qu'Amalasonte, femme d'Eularlc , qu'elle fit père d'un fds qui suit. Théodoric, avant son mariage, avait eu d une concubine deux autres fdles, Ostrogothe, qui épousa Sigismond, roi de Bourgogne, et Thiu— dicote, ou ïliéodocote, lemme d'Alaric , roi des Visigoths. ÎN'oublions pas de dire que Théodoric, quoique élevé à la cour de Constantinople, ne savait pas m^'me écrire, et que pour signer les actes il se servait d'une lame de cuivre, où l'on avait gravé à jour les cinq premières lettres de son nom. 1-e bon sens chez lui suppléait au défaut d'étude. Les lois qu'il fit pour les peuples soumis à sa domination, sont une preuve de l'éten- due, de la pénétration et de la justesse de son esprit. Il est remarquable que, dans ce code, pour distinguer les Italiens des Osirogolhs , il désigna ceux-là par le nom de Komains, et ceux-ci par celui de Barbares. II. ATHALARIC. 526. Athalaric , petit-fds de "^l'héodoric , fds de sa fdîe AmalasoDte et d'Eutarlc , déjà mort , succéda à Théodoric à l'âge de neuf ans. Pendant sa minorité, Amalasonte , sa mère, tint les rênes du gouvernement. Elles ne pouvaient être maniées par de plus habdes mains. Cette princesse, douée de toutes les qualités propres à faire les grands rois, confia son fils à d'ex- cellents instituteurs, et tandis qu'ils le formaient aux sciences, à i'art de rogner et à la vertu , elle s'appllcjua à maintenir la pais dans ses états, et a en écarter les guerres étrangères. Le célèbre Cassiodore , que son père et son époux lui avaient laissé pour ministre, pourvut à la sûreté des côtes contre les descentes des Grecs, et commanda lui-même les troupes destinées à les gar- der. D'autres généraux d'Athalaric repoussèrent les Lombards que l'empereur Justin avait excités à se jeter sur les terres de Dalrnalie occupées par les Ostrogoths. Justin, admirant la sagesse d'Amalasonte, répond favorablement à une lettre très- soumise qu'elle lui avait écrite au nom de son fds , et devient son ami. L'an 5H3, quelques seigneurs goths, las d'être gou- vernés par une femme, animent Athalaric contre sa mère. Elle trouve moyen d'éloigner de la cour les trois principaux d'entre eux , en leur donnant des gouvernements en Calabre , et de les faire ensule périr. L'année suivante, Athalaric est attaqué de la peste, dont il meurt le a octobre, n'ayant régné q^ue huit ans. Il ne fut point marié. 368 CHROS'OLOGIE HISTORIQUE III. THEODÂT. 534- ThÉODât, fils de Téodabad , roi d'une partie des Lom- bards en Germanie, et d'Amalfrède, sœur du roi Théodoric, fut tiré de la vie privée qu'il menait en Toscane, et placé sur le trône le 3 octobre 534, par Amalasonte , dont il était cousin; mais oubliant bientôt ce qu'il devait à celte princesse, il l'envoya, le 3o avril 535 , en exil , et l'y fit étrangler dans un bain. Les affaires des Goths cbangorent bien de face sous le régne de Théo- dat. L'an 535 , après la cliùte d'Amalasonte , Eelisaire , général de Justinien , fait une descente dans la Sicile, dont il se rend maître avant la fin de Tannée. De là il passe, au printems de l'an 53B , en Italie . où il assiège Naples , qu'il prend après vingt- deux jours de siège. A cette nouvelle , Théodat se met en mar- che pour s'opposer aux progrès des Grecs. ÎNIais les Golbs, in- dignés de sa lâcheté, proclament roi le général Vitigès, grand capitaine. Théodat prit la fuite , fut poursuivi et mis à mort par Oktaris, vers le mois d'août de l'an 536, n'ayant pas régné deux ans entiers. Il avait épousé Gudeline, dont on ignore la naissance. Il en eut uii fils , nommé Thédégisil , que Vitigès fit mourir en prison ; et une fille , Théodénanle , qui fut mariée , ou fiancée , au général Evermond. IV. VITIGÈS. 536. ViTiGES fut élu roi des Goths, en Italie, l'an 536, au mois d'août. Son élection fut d'assez près suivie de la prise de Roine , dont Belisaire s'empara sans aucune peine , la même an- née 536 , soixante ans après qu'elle était tombée entre les mains des barbares. Vitigès voulut la reprendre sur les Grecs ; mais inutilement. Il fut ol)ligé de se retirer au mois de mars de l'aa 538 , après un siège d'un an et neuf jours. S'étant enfermé dans Ravenne , il y fut assiégé, l'an 539, par Belisaire, piis l'an 640, et transporté à Constantinople avec la reine Matha- SONTE , fille d'Amalasonte et d'Eutharic , qu'il avait forcée de l'épouser. Ce prince avait régné environ quatre ans. Il mourut l'an 542 , ou 543. Mathasonte, après la mort de Vitigès, épousa en deuxièmes noces Germain , neveu, et non pas frère, de l'empereur Justinien. V, HELDIBADE , ou TIIÉODEBALDE. 540. Heluibade fut élu roi par les Goths qui étaient au- delà du Pô, après la prise de Vitigès, l'an 54o. Ce choix était sage, Heldibade prit toutes les mesures convenables pour faire DES nOIS BARBARES d'iTALIË; SB§ Wprencîre aux Goths l'avantage sur les Grecs ; mais pour lô malheur de ses sujets, il fut tue dans un repas l'an 54t. Il était neveu de Theudis , roi des Visigoths. VI. ÉRARIC. 54ï. Eraric, ruge de naissance, fut choisi par ses compa-\ \riotcs , établis en Italie , pour comrrander les Goths après la mort d'Heldibade ; il eut le même sort que lui cinq mois après J sur la fm de la sixième année de la guerre des Goths. YII. TOTILA. 54r. ToTiLA , dit aussi Baduilla , fds de Manduc, frère d'Heldibade , fut élu , l'an 54i , vers le mois d'août, pour suc- céder à Eraric. Il profita de l'absence de Bélisaire , occupé con- tre les Perses, pour rétablir les affaires des Goths en Italie,' L'an 542, il battit l'armée romaine sur les bords du Pô. L'an 543, il se rendit maître de Naples au mois de janvier, après ua long et vigoureux siège. En passant par le Samnium , il voulut voir saint Benoît, et il éprouva qu'il avait le don de prophétie. Il prit Rome le 17 décembre de l'an 54^ , suivant Pagi et Mu- ratori, ou 847 , suivant D. Bouquet, renversa le tiers de ses murs, brûla le Capitole; et après avoir pillé toutes les maisons opulentes et les églises, il se retira. Bélisaire , qui était revenu en Italie, rentra dans Rome, et commença à en relever les murs. Totlla se rendit maître de Rome une deuxième fois, l'an 549- Il avait résolu de la garder ; mais Tan 552 , il fut défait et perdit la vie, au mois de juin , dans une grande bataille donnée contre Narsès. Après cette victoire, Narsès rentra dans Rome, Ainsi furent accomplies toutes les prédictions que saint Benoît, suivant saint Grégoire le Grand, avait faites à Totila. Ce prince avait régné environ onze ans. Héros digne des plus grands éloges, vigilant, actif, prudent, généreux, modéré dans la Erospérité , jamais déconcerté par les revers , zélé pour les onnes mœurs, il releva le royaume des Goths sur le penchant de sa ruine, et n'eut eu besoin que d'une plus longue vie pour le rétablir dans son premier éclat. VIII. THÉIAS. 552. Théias fut élu roi par les Goths échappés de la bataiUe où périt Totila, l'an SS2.. Ce prince ne négligea rien pour raf- fermir la monarchie chancelante de sa nation en Italie. Il sol- licita le secours des Français, .mais inutilement ; enfin après plusieurs actions de bravoure , il périt le i". octobre de l'an 553, IV. 47 BjÔ CHROÎ?. HIST. DES ROIS BARBARES u'iTALlE. Ce fut le dernier roi des Ostrogoths , dont la domination fut éteinte avec lui , après avoir duré soixante ans, depuis l'an 49^» que Théodoric se rendit maître de l'Italie, par la défaite et la mort d'Odoacre. Ce peuple néanmoins, après la mort de Théias, îie se tint pas pour vaincu sans ressource. Conduits d'abord par Aligern. frère de Théias , ensuite par d'autres chefs, la plupart firent les derniers efforts pour se rétablir. Leur valeur donna «encore , l'espace d'un an , beaucoup d'exercice au général Nar- rés. Enfin , 1 an 554, ayant perdu Vérone et Brescia, deux villes où ils s'étaient maintenus, les uns vidèrent l'Italie, les autres subirent le joug , et montrèrent la même soumission que les Ita- liens pour l'empire romain. CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES DUCS D'ITALIE. WWM/WVWWiVWVVWWtA NARSÈS. 553. Lj'eunuque Narsès, persan de nation, après avoir détruit la monarchie des Golhs en Italie, fut créé gênerai du Fays , sous le titre de duc. La ssgesse de son gouvernement, intégrité de ses mœurs , et la piété dont il faisait profession , réunirent , pendant quelques années, les suffrages en sa faveur. Mais à la longue, l'autorité qu'il exerçait dans Rome lassa les sénateurs, parce qu'elle gênait la leur. Ils prirent occasion de ses richesses pour l'accuser de concussion auprès de l'empereur Justin II , menaçant de se donner un autre maître si on ne leur envoyait pas un autre ministre. L'an 667 , Narsès, rappelé sur cette accusation , se rend à Naples , dans le dessein de s'embar- quer pour Constantinople. Le pape Jean III va le trouver, et l'engage à revenir. Il rneurt à Rome la même année , à l'âge de quatre-vingt-quinze ans. Ce grand homme , avant que d'arriver en Italie, avait été capitaine des gardes de l'empereur, grandi logolhète , ou grand trésorier, désigné consul et creé patrice. Sans aucune teinture des lettres, il avait un jugement admira- ble et une éloquence naturelle , qui triomphait de tons ceuxr- qu'il voulait persuader. Il ne faiit point le confondre, à l'exem- ple de Baronius, avec deux autres Narsès , qui fleurirent dans le même tenis à la cour de Constant inople. L'un , frère d'Aralius ^ et dont parle Procope avec éloge ( de Bello Go/h , liv. 2 , ch, 2'è) 372 CHRONOLOGIE HISTORIQUE fut tué SOUS Justinien dans la guerre de Perse ; l'autre, célébré par ïhéopliane, et ami de saint Grégoire le Grand, fut brûlé .vif par ordre du tyran Phocas. EXARQUES DE RAVENNE. I. LONGIN. 568. Le patrice Flavius Lokgimus , envoyé par la cour de Constantinople pour succéder à Narsès , arrive en Italie l'an 5t)8 , et choisit Ravenne pour le lieu de sa résidence. Il prend le titre d'exarque, que portait déjà le gouverneur d'Afrique. Il donne lui-même le titre de duc aux gouverneurs de Rome , de la Pentapole, de Naples , et autres villes et contrées soumises' encore aux Grecs. Son pouvoir était sans bornes. La seule marque de sa dépendance était la révocabilité. Il fut en effet révoqué l'an 584, après avoir fait d'inutiles efforts pour arrêter les progrès des Lombards en Italie. Ce fut lui qui conseilla, par im esprit d'avarice, à Rosemonde , veuve et meurtrière d'Aï— hoin , d'empoisonner son amant. Celui-ci , en buvant la coupe funeste qu'elle lui avait présentée comme un breuvage excellent, s'étant aperçu de la fraude, l'obligea d'avaler le reste , et l'en- traîna ainsi avec lui dans le tombeau. La mort de ces deux cou- pables rendit l'exarque maître des trésors qu'ils avaient apportés à Ravenne. II. SMARAGDE. 584. Le patrice Smaragde ou Sméralde, fut donné pour successeur à l'exarque Longin. Pendant son gouvernement , il fatigua les peuples par des exactions criantes, pour satisfaire l'avarice de l'empereur Maurice et la sienne. L'an 586 , il fit , avec le roi Aulbaris , une trêve de trois ans , qui fut assez mal observée de part et d'autre. L'an 588, il contraignit, à force de mauvais traitements. Sévère, patriarche d'Aquilée, résident à Grado depuis l'invasion des Lombards , de signer , avec trois de ses suffraggnts , la condamnation des trois chapitres. Cette violence , faite à la sollicitation du pape Pelage 11 et de Jean , archevêque de Ravenne, fut blâmée de l'empereur, sur les plaintes que les prélats maltraités lui en portèrent. L'an Sgo , Smaragde reprend, sur les Lombards, Mantoue, Modène et trois autres villes. Il est rappelé à Constantinople la même année. III. ROMAIN. 5go. Le patrice Romain fut substitué à Smaragde. Pendant DES DUCS D'iTALIE. .^7 3 son exarchat, qui fut de sept ans, il ne cessa d'avoir les armes à la main contre les Lombards. Trouvant son avantage à faire la guerre parce qu'elle l'enrichissait, il rendit inutiles les mouve- ments que saint Grégoire le Grand se donnait pour procurer la |iaix en Italie. Ce saint pape fait, dans ses lettres, un portrait affreux de l'avarice de Romain, et des concussions innombrables dont elle fut la source. Enfin , il obtint le rappel de cet exarque l'an 697. IV. CALLINIQIIE. 597. Le patrice Callimque succéda , l'an 597, à Romain. Pressé par saint Grégoire le Grand, il conclut, l'an 599, le traité de paix que ce pape ménageait avec les Lombards. Mais , l'an 601 , il le viole, en faisant arrêter le gendre et la filie d'Agilulphe , qui passaient sur les terres des Romains Les mal- heurs qu'attira cette perfidie , et les plaintes que les habitants de Ravenne firent de la conduite de Callinique à la cour de Constantinople j engagèrent à le rappeler l'an imz. SMARAGDE , pour la deuxième fois. 602. Smaragde, après le départ de Callinique, fut renvoyé pour le remplacer. L'an Go^ , Sévère, patriarche schismalique de Grado , étant mort, Smaragde fait venir à Ravenne les évê- ques de ce patriarcat, et les oblige à nommer un patriarche de la communion romaine. Les éveques lombards, de retour chez eux, protestent contre la violence qu'on leur a faite, rétablis- sent le siège patriarcal d'Aquilée , et élisent , pour le remplir, l'abbé Jean , opposé , comme eux , au cinquième concile. De- puis ce tems, il y eut deux patriarches, l'un à Aquilée, l'autre à Grado, ce qui produisit un nouveau schisme. L'an 611, Sma- ragde fut rappelé. V. JEAN LÉMIGIUS. 611. Jean Léwiigius fut envoyé, l'an 611, pour relever Smaragde. Son orgueil et sa tyrannie soulevèrent contre lui tous les habitants de Raveime. L'an 616, ils le massacrèrent dans une sédition , avec tous les officiers qu'il avait amenés avec lui. VI. ELEUTHERE. 6i6. Le patrice Eleuthère, successeur de Lémigius, com- mença par faire le procès à tous les meurtriers de son prédéces- seur. Il y eut , à cette occasion , de nombreuses et sanglantes CHRONOLOGIE HISTORIQUE 11 lileuthère devient lui-même rebelle , et usurpe la pourpre, ïitant parti de Raveiine pour aller se faire couronner à liome , son armée le mit à mort sur la route. T:i. ISAAC. i P19. Le patrice IsAAC fut, à ce qu'on croît, le successeur immi'diat d'Eleuthère. L'an Gi5 , il donna retraite su roi Ada- loald chassé par les Lombards, ot se mit en devoir de le réta- blir. L'an fj.ij , il \ ient à Lomé, et pille le trésor de Snint-Jean de Latran pour payer ses troupes. J.'an 638 , il meurt peu de tems après avoir fait trancher la téfe au carlulaire Maurice, qui avait soulevé les Romains contre lui. YIIl. Pi.ATON. 638. Le patrice Platon remplaça immédiatement, selon M. de Saint-Marc, Texarquc Isaac. Il n'est connu que par les actes du pape saint Martin, où il est dit que lorsque le patriarche Pyrrhus vint à Rome (au commencement de 646), PLton était exarque d'Italie. On croit que ce fut lui qui obligea depuis ce patriarche à révoquer la rétractation qu'il avait faite à Rome de ses erreurs. Platon fut rappelé Tan 648 au plus tard. IX. THÉODORE CALLIOPAS. 648 , au plus tard. Le patrice Théodore Calliopas prit la place de l'exarque Platon, et fut rappelé l'an 649. (Saint-Marc) X. OLYMPIUS. (549. Le patrice Olympius fut donné pour successeur à Calliopas avant le mois d'octobre 649. il vint à Rome dans ce mois pour faire souscrire le Type de Constant par le concile qui .se tenait pour lors à Saint-Jean de Latran. Ce formulaire ayant été rejeté par l'assemblée , Olympius veut faire arrêter le pape saint Martin , et ne l'ose , par la crainte du peuple qui se dispo- sait à défendre son pasteur. L'an 602, il revient à Rome dans le même dessein , et y trouve le même obstacle. Il veut ensuite faire assassiner le saint pontife , tandis qu'il communie chacun à sa place, suivant l'usage. Le coup manque par la terreur sui)ite de celui qui était chargé de rexécullvn. Olympius passe d« »ES nVCS D'ITALIE. ' 3; S Borne en Sicile pour combattre les Sarrasins. Il y meurt la même année 65:i , à la suite d'une victoire remportée sur lui par cca infidèles. ( Pagi , Muratori , Zanetli. ) THÉODORE CALLIOPAS, une deuxième fois. 652. C.VLLIOPAS fut renvoyé pour succéder à l'exarque Oïym- pius. L'an 653 , il arrive à Rome le i5 juin , arrête le pape saint Martin par ordre ^ l'empereur Constant , et le fait eniuarquer pour Constant inople le irj du même mois. Calliopas n'était plus exarque en bb6. XI. GRÉGOIRE. 666 au plus fard. Le patrice Grégoire , gouverneur d'0-« derzo, avait remplacé, l'an 666, et peut être encore plutôt , l'exarque Calliopas. On connaît qu'il exev<;ait cette année les fonctions di' l'exarchat, par une letire de l'empereur Constant, où ce prince l ixhorle à protéger la révolte de Maur, arche- vêque de Ravenne , contre le saint siège, dont il prétendait ne point dépendre. Grégoire s'acquitta fidèlement , à ce qu'il pa^ raît , de sa commission; mais l'empereur n'en demeura point là. Par un diplôme donné à Syracuse le I^^ mars de la même an- née (i66 , il déclara l'église de Ravenne exempte de tout supé-^ rieur ecclésiastique, et lui accorda le privilège de l'auîocépha- lie. L'exarchat de Grégoire était fini en 678, (Zanetti, Saint- Marc. ) XII. THÉODORE H. 678 au plus tard. Le patrice Théodore II , différent de Théo- dore Calliopas , comme le prouve Muratori , remplaça , l'aa 678 au plus tard , l'exarque Grégoire. C'était un homme vrai- ment pieux, ainsi que sa femme Agathe. L'extinction du schisme d'istrie, qui cessa entièrement l'an 679 , fut en grande partie due à ses soins. Il mourut à Ravenne l'an 687. XIII. JEAN PLATYN. 687. Le patrice Je \îs Platyn prit possession de l'exerchat da Ravenne pendant la m.iladie et avant la mort du pape (^onon , arrivée le ai septembre 6H-, H fit ses elf!)rls pour faire substi- tuer à ce pontife' l'arrhitliacre Pascal , (jui lui avait promi<; reni: livres d'or en cas de réussite. Sergius avant emporté les suffrages pour la papauté, Platyn exigea de lui la même somme , et rL>b- tint. L'an 702 , Platyn mourut ^ ou fut rappelé» OjG CHRONOLOGIE HISTORIQUE XIV. THÉOPHYLACTE. 702. Le patrice Théophylâcte , fait exarque par Tibère Absimare , vint de Constantinople par la Sicile , directement à Kome, contre l'usage de ses prédécesseurs. A son arrivée, le peuple s'imagina qu'd avait quelques mauvais desseins contre le pape Jean VI. La milice s'attroupe, er se met en devoir de le chasser ; mais la prudence du pape appaisa ce tumulte. Théo- phylâcte passa de Uome à Kavenue. Cette ville était coupable aux yeux de l'empereur Juslmien II , pour avoir témoigné de la joie de sa dernière disgrâce, et Juslinien , prince vindicatif, avait résolu de la punir. L'an 709 , le patrice Théodore y ar- rive de Sicile, livre la ville au pillage, et envoie prisonniers à Constantinople l archevêfjue Félix , avec les principaux citoyens. Uempereur les fait tous mourir , à l'exception du prélat, qu'il se contente de reléguer dans la Chcrsonf'se, après lui avoir fait crever les yeux. Theophvlacte ne paraît point avoir eu de part à ces événements. 11 mourut à Ravenne l'an 710. XV. JEAN RIZOCOPE. 710. Le patrice Jean Rizocope fut envové de Constanti- nople, l'an 710 , pour succéder à Texarque Théophylâcte. Avant que de se rendre à Ravenne, il passa par Rome, ou il fît tran- cher la tête à trois officiers du pape Constantin , en son absence. Arrivé à Ravenne, il trouva tout l'exarchat soulevé contre l'em- Îiereur Justinien. Il périt, l'an 711, dans un des combats qu'il ivra aux rébelles. XVI. EUTYCHIUS. 711. L'eunuque Eltychius , fait exarque par Justinien II , après la niort de Rizocope , fut révoqué , Tau 7i3 , par Anas- tase II. ( Saint-Marc. ) XVII. SCHOLASTIQUE. 713. ScHOLASTiQUE fut donné pour successeur, l'an 7i3, à Eutychius. L'an 716, Paroalde, duc de Spoh'tte, s étant rendu jnaîlre , par surprise, du port de Classe, le roi Liutjirand, sur les plaintes de Texarque , l'obligea de rendre cette place. Scho- lastique fut rappelé l'an 727. XVIII. PAUL. 727. Paul remplaça Scholastique, l'an 727 , dans l'exaichal DES DUCS D'iTALIE. Z'JJ de Ravenne. Il était chargé par l'empereur Léon l'Isaurîen , de faire assassiner le pape Grégoire II, en haine du zèle de ce pontife pour le culte des saintes Images. Les Romains, à son arrivée à Rome , prennent les armes pour la défense de leur pasteur. L'exarque passe à Ravenne , où il est aussi mal ac- cueilli qu'à Rome. On en vient aux mains ; Paul est tué dans le tumulte l'an 728. (Muratori, Zanetti. ) EUTYCHIUS , une deuxième fois. 728. EuTYCHius revint en Italie l'an 728 , pour succéder à l'exarque Paul. L'an 729 , il recouvre , avec le secours des Vénitiens , Ravenne , dont le roi Liutprand s'était rendu maître l'année précédente. L'an 742 , près de se voir enlever toute la Pentapole par ce prince , il obtient, parla médiation du pape Zacharie , qu'il rende une partie de ce qu'il a pris sur les Grecs. L'an 751 , Aslolphe , successeur de Liutprand, fait la conquête de l'Istrie. L'an 762, il reprertd la Pentapole , s'em- pare de Ravenne , et réduit sous ses lois tout ce que les Grecs possédaient en - deçà du duché de Rome. Fulychius , hors d'état de lui résister, s'enfuit à Naples. Ainsi finit Texarchat de Ravenne, après avoir duré cent quatre-vingt-quatre ans. (Za- netti , Saint-Marc. ) IV. • 48 CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES ROIS LOMBARDS EN ITALIE» IVWVWWWWVWVWWWM JLiES Lombards ( en latin Langohardi ^ et non pas Longobardî) ont commencé , pour la première fois , à paraître , selon Gro- tius,cité par M. deTillemont, l'an 379, sous l'empire de Gra- tien. Saint Prosper est le premier, dit-on, qui en ait parlé. Leur nom se trouve cependant longtems auparavant dans Pto- lémée , Tacite et Strabon ; mais Grotius prétend que le mot de Lombards , dans ces auteurs, marque divers peuples d'Alle- magne appelés Lombards , à cause de leur longue barbe ; ce que signifie ce mot dans l'allemand, et non les Lombards qui s'éta- blirent en Italie. Ces derniers, dont parle saint Prosper, sortis des extrémités de l'Océan et de la Scandinavie , cherchant de nouveaux pays sous la conduite des deux frères Ibor et Aïon , attaquèrent et défirent , vers l'an 379 , les Vandales qui étaient en Allemagne. Dix ans après, leurs chefs étant morts, ils créèrent, pour leur premier roi, Agilmond, fils d'Aïon , qui régna trente-trois ans. L'an ôay , ils entrèrent en Pannonie sous la conduite de leur roi Haldouin, ou Haudouin, et y res- tèrent quarante-deux ansnonentiers,iusqu'àcoqu'ils passèrent en Italie l'an 568. On ne sait pourquoi M. Fleuri dit qu'ils avaient demeuré quatre cents ans en Pannonie ; car Sigebert et Paul, diacre marquent expressément qu'ils y demeurèrent quarante- deux ans. L'an 566 , Alboin , leur roi , secouru des Abares, es- pèce de Huns qui habitaient ce qu'on nomme aujourd'hui la Moldavie , recula les limites de ses états aux dépens des Gépides, CHRON. HIST. DES ROIS LOMBARDS EN ITALIE. Syg r|u'il défit dans une bataille , où périt leur roi Hunimond. Ce fut l'époque de la ruine de cette nation. Les Gépides n'eurent plus désormais de souverains ; ils furent soumis , partie aux Lombards , partie aux Abares, qui s'emparèrent aussi de la Pan- nonie , après que les Lombards l'eurent abandonnée pour passer en Italie. La plupart des auteurs attribuent l'irruption de ces derniers en Italie aux invitations de Narsès , qui les y appela , dit-on, pour se venger de l'empereur Justin et de l'impératrice Sopbie. Mais c'est une fable imaginée , comme le prouve Mu- ratori , par les ennemis de ce grand homme. M. Gaillard prouve ( Mém. de VAc. des Belles-Lettres ^ tom. XXXII) que les Lombards avaient embrassé le Christianisme dès la fin du cinquième siècle. Mais l'hérésie arienne corrompit ensuite leur créance. Paul, diacre, décrit ainsi, d'après les peintures qu'on voyait de son tems , la manière de s'habiller des premiers Lombards. Ils se rasaient le derrière de la tête, et partageaient le reste des cheveux , de façon que , tombant également du front le long des joues, ils s'unissaient à leur longue barbe, vis-à-tis de leur bouche. Leurs habits courts, mais très-amples, étaient fait» ordinairement de toile et chamarrés de larges rubans. Ils n'eu- rent d'abord pour chaussure que des espèces de sandales, qui laissaient à découvert tout le dessus du pied. Ils y substituèrent des guêtres de cuir, qu'ils recouvraient d'autres guêtres d'étoffe, ou de toile rouge, à la façon italienne, lorsqu'ils montaient à cheval. L ALBOIN. 568. ÀLBOiN , fils de Haudoin , dixième roi des Lombards hors d'Italie , et de Rodelinde, fille de Théodahart , et nièce , par sa mère Amalfrède, de Thédoric , roi des Ostrogoths, sort de la Pannonie le lendemain de Pâques, 2 avril 568, à la tête d'une armée composée de lombards , gépides , bulgares , etc. entre en Italie par laVénélie, dont il prend presque toutes les villes ; de là passe en Llgurie , s'empare de Milan le 4 septem- bre 569 , fait rapidement la conquête du reste du pays , et ne trouve que Pavie qui lui résiste. Cette place ne se rendit que l'an 572 , après un siège de trois ans, pendant lequel Alboln subjugua l'Emilie en partie , la Toscane , l'Ombrie , et le du- ché de Bénéveut. Alboin termine enfin le cours de ses prcîpé- ïilés avec celui de ses jours, le :i8 juin ÔyS ( Muratori), ayant régné, suivant Paul, diacre , trois ans et demi en Italie, à comp- ter de la prise de Milan. Toutes ses conquêtes à sa mort se trou- vèrent partagées en différents duchés qu'il avait disti ibués au); SSo CHRONOLOGIE HISTORIQUE officiers qui l'avalent le mieux servi. Alboin eut deux femmes, Clodoswiisde , fille de Clotaire P^, roi de France, qui ne lui donna point d'enfants, et RoSEMONDE , fille de Kunimond , roi des Gépides , qu'il avait tué de sa propre main dans une bataille. Forcée par son époux de boire dans le crâne de son père , dont il se servait en manière de coupe, cette princesse se vengea de cet outrage, en le faisant assassiner. Alboin laissa d'elle une fdle nommée Abswinde, qui fut envoyée à Constantinople par l'exarque Longiii , après la mort de sa mère. Rosemonde eut la fin qu'elle méritait. S'élant relirée à Ravenne avec Elmigise , son amant et le meurtrier de son époux, ils périrent l'un et l'autre du poison qu'ils se donnèrent mutuellement. (Zannetti, delregno di Longobardi ^ tom. I. ) La défense des Romains contre Alboin fut très-méprisable ; il ne paraît pas qu'ils lui aient livré une seule bataille. Cependant Alboin , non-seulement n'entre- prit point la conquête de Ravenne , ni celle de Rome, mais il laissa au pouvoir des Romains cinq villes dont le territoire, ap- pelé Pentapole, composa Texarchat de Ravenne. (Le comte du Buat. ) II. CLEPH. SyS. Cleph ou ClÉphon , fut élu roi des Lombards au mois d'août Syù-i. Son règne ne dura que dix-huit mois; mais il le rendit mémorable par beaucoup d'injustices et de cruautés. Ce méchant prince fut assassiné, par un de ses domestiques, au mois de janvier SyS. Comme il ne laissait de Massana , sa femme, qu'un fils en bas âge, les Lombards aimèrent mieux se passer de roi que de placer un enfant sur le trône. Cet état d'anarchie subsista l'espace de dix ans, durant lesquels trente ducs administrèrent les affaires de la nation. L'Italie, dans cet intervalle , eut beaucoup à souffrir de la férocité des Lombards. Les pays limitrophes se ressentirent aussi de leur voisinage. L'an 576, ils firent une irruption dans les Gaules, après avoir commis d'honribles dégâts, leur armée fut taillée en pièces par le patrice Mommole. L'an 58^, ils pillèrent le JMont-Cassin , dont les moines furent assez heureux pour échapper à leur fu- reur. Ces barbares, néanmoins, respectèrent les corps de saint Benoît et de sainte Scholastique. Les Romains, excédés de leurs brigandages, députèrent à Constantinople le patrice Pamphronius avec cent trente livres d'or pour engager l'empereur Tibère à affranchir l'Italie de l'oppression dans laquelle la tenaient les Lombards. Tibère, qui n'avait en tête que la guerre de Perse, rendit à Pamphronius l'argent qu'il avait apporté , et ne lui donna du reste que dos conseils. « Essayez , lui dit-il , si , avec DES ROIS LOMBARDS EN ITALIE. 38 1 » cet argent , vous ne pourrez pas débaucher quelques seigneurs j> lombards avec leurs troupes et les engager à ne plus troubler M l'Italie : ce serait un moyen sûr d'y réussir, si vous pouviez » leur persuader de passer en Orient au secours de l'empire. Si '> les Lombards refusent d'aller faire la guerre hors de leur >' pays, achetez l'alliance de quelques ducs de France, et enga- » gcz-les à faire la guerre aux Lombards. » C'était ainsi qu'un empereur des Romains s'acquittait envers l'ancienne Rome des obligations que ce titre semblait lui imposer. IH. AUTHARIS. 584- AuTHARis , ou AuTHARic, fils du Toi Cleph et de Mas- sana , parvenu à l'âge de majorité, fut enfin élu , l'an 584, pour successeur de son père. Il prit le nom de Flavius qu'avaient pris tous les empereurs depuis Constantin , par où il annonça ses prétentions à la conquête de toute l'Italie , ou du moins à l'in- dépendance. Feu (le tems après son avènement au trône , il con- firma les ducs dans leurs duchés , au mo^en de la moitié de leurs revenus , qu'ils sobligèi ent à lui payer , et à la charge du service, nommé depuis féodal. Tel est proprement l'origine des fiefs. La même année, attaqué par Childebert , roi d'Austrasie , Autha- ris lui abandonne la campagne et s'accommode ensuite avec lui. L'an 5(^o, il rend inutile la nouvelle irruption de ce prince ea Italie. L'an 887, il remporte une victoire signalée sur les Grecs. L'an 589, il bat l'armée de Childebert , qui s'était jointe aux Grecs, pour l'attaquer une troisième fois. Frédégaire, sans avouer cet échec des Français, dit qu'alors les Lombards se sou- mirent à leur payer un tribut pour avoir leur amitié. Mais Paul diacre, qui écrivait sur les Mémoires de Secundus , abbé de Trente , auteur contemporain , atteste la déroute de ces der- niers, et leur retraite qui la suivit de près. L'an Sgo , assailli de nouveau par les Français et par les Grecs, Autharis perd une partie de ses villes par la lâcheté des ducs que la terreur sub- jugua. La dysscnterie arrête le progrès des Français. Autharis, dans ces entrefaites, meurt de poison à Pavie, sa capitale, le 5 septembre 690 (Paul, diacre. ) THÉODELI^'DE , sa veuve, fille de Garibald, duc de Bavière, éloigne de ses états les Français , qui s'en retournent pour ne plus revenir. Autharis avait de grandes (jualités", qui le firent extrêmement regretter. Il ne laissa point d'enfants. IV. AGILULPHE. Si}i. Agilulphe, ou Agon, parent d'Autharis et duc de Tu- rin , lut proclamé roi de Lombardie au mois de mai oq!. Il fut 382 CHRONOLOGIE HISTORIQUE redevable de la couronne à son mariage avec ThÉODELINDE , veuve d'Autharls, princesse tellement respectée des Lombards , fju'ils promirent de reconnaître pour roi celui qu'elle choisirait pour époux. Elle était catholique, et Dieu se servit de son mi- nistère pour retirer Agilulphe de l'hérésie arienne. Cette con- version est de l'an 6oa au plutôt. Agilulphe , en rentrant dans le sein de l'église, fraya le chemin à sa nation. Cependant elle n'y revint qu'avec le tems , parce qu'elle eut dans la suite d'au- tres rois qui furent ariens. Quoique pacifique par caractère, Agilulphe eut de longues guerres à soutenir contre les Grecs. Une les interrompit que par des trêves qu'il fit acheter bien cher aux cmpereuis Maurice Phocas et Héraclius. La taxe était de 12000 sousd'oioour chaque trêve. Les pauvres et les églises reçurent de grandes ;aarques de sa libéralité. Ce prince fut le protecteur des gens de bien. Saint Colomban , s'étant retiré vers l'an 612, en Italie, pour se soustraije à la persécution de Thierri, roi de Bourgogne , il lui permit de choisir tel lieu de ses états qu'il voudrait pour sa demeure. Agilulphe mourut, comme le prouve Muratori, l'an 6i5, après un règne de vingt - cinq ans, à compter du mois de novembre Sgo , époque de son mariage avec Théodelinde. Il laissa de cette princesse un fils qui lui succéda, et une fille, Gondeberge , qui épousa successivement deux rois de Lombardie. Agilulphe et ses successeurs dataient leurs di- plômes du jour du mois , de l'an de leur règne et de l'indiclion. Ce fut sous le règr>e de ce prince qu'on vit pour la première fois des buffles en Italie. {Paul Biac. de Gest. Langob. L. 4i c. 11.) On conserve dans le trésor de l'église de Saint - Jean- Baptiste , à Monza , la couronne du roi Agilulphe. Elle est d'or, du poids de vingt et un marcs et douze deniers, à la- quelle pend une croix d'or, garnie de pierreries, qui pèse vingt- (juatre onces et qualoj'ze deniers. Ce qui la rend plus digne de curiosité c'est l'inscription qu'on lit dessus, composée par Agi- lulphe lui-même, dans les termes et les caractères suivants : i AGILUL. GRAT. DI. VIR. GLOK. REX. TOÏIUS. 1 TAL. OFFERT. SCO. lOAANM. BAPTISÏAE. IN. ECLA. WODICIA. V. ADALOALD. fii.5. AuALOALD, autrement dit Adoalu, ou Adaxtald, fils d'Agilulphe et de Théodelinde , né l'an 602 , associé par son père au trône l'an 604, au mois de juillet, lui succéda l'an 610, sous la tutelle de sa mère. Tant que cette princesse vécut , elle sut entretenir la paix dans ses états , et contenir les grands dans k devoir. Mais presque aussitôt après sa mort, arrivée au corn-* DES ROIS LOMBARDS EN ITALIE. 383 mencement de 628 , les clioses changèrent de face. Arioald , duc de Turin , beau-frère d'Adaloald , abusant de quelques lé- gèretés de ce jeune prince, le fit passer pour insensé, forma contre lui un parti considérable, ou les évèques même entrèrent , Tobligca de prendre la fuite et se mit à sa place. Adaloald fai- sait des efforts pour remonter sur le trône , lorsqu'il fut em- poisonné dans le printems de Tan 626. ( ependant le P. Pagi produit un diplôme de ce prince , par lequel il paraît qu'il régnait encore sur une partie des Lombards en 628 ; mais cette pièce est fausse, ou altérée, comme le prouve Muratorl. Dans le trésor de l'église de Saint-Jean de Monza , dont la reine Théodelinde est fondatrice , on montre la fameuse poule d'or avec sept poulets de même métal , qu'on dit avoir été l'emblème des sept provinces que cette princesse possédait. VI. ARIOALD. 625. Arioald, ou Ariwald, gendre d'Agîlulphe et de Théodelinde, par sa femme Gondeberge, s'empara du trône Tan 626, sur Adaloald, son beau-frère; mais il ne fut univer- sellement reconnu pour roi par les Lombards que l'an 626 , après la mort de son rival. Il était arien. Son règne fut de onze ans. H mourut l'an 63G sans laisser d'enfants de sa femme, qui lui survécut. ( Muratori , Ann. d'Ital. t. IV. Zanetli , dei regno de Long. t. I. ) VII. ROTHARIS. G36. RoTHARis , duc de Brescia , fut proclamé roi des Lom- bards , après avoir épousé Goîjdeberge, veuve d'Arioald. L'an 641 , il fit la conquête de toutes les places qui restaient aux Grecs depuis les Alpes cottiennes jusqu'à Lune, en Tosca- cane. L'an 643, il fait rédiger en un corps les lois des Lombards. Ce code fut publié le 22 novembre de la même année , dans la diète générale de la nation. Parmi les lois qu'il renferme, il y en a pour empêcher la propagation de la lèpre , espèce de ma- ladie qui n'était point connue en Italie, à ce qu'on prétend, avant le lègne de ce prince. L'an 662 , Rotharis meurt âgé de quarante-sept ans, après un règne de seize ans, quatre mois, suivant Paul, diacre. Gondebcrge ne lui donna point d'enfants ; mais il avait eu celui qui lui succéda d'une première femme qu'il répudia pour épouser la deuxième. (Quoique arien , il fut enterré dans la basilique de Saint-Jean de Monza, que Gonde- bcrge, bonne catholique, avait bâtie. Le duel était si accrédité 384 CHRONOLOGIE HISTORIQUE SOUS le règne de ce prince, qu'il se fit à Pavie, suivant Sigoniug, un règlement portant que « tout homme, qui se trouve en pos- » session depuis cinq ans de quelques meubles ou immeubles , >» et qui est attaque sur la légitimité de cette possession, peut » justifier son titre par le duel. » Celui des combattants qui cédait le terrein , et mettait seulement le pied hors de la ligne qui était marquée, perdait sa cause comme vaincu. En quelques endroits la rigueur de la loi était extrême; les haches et les cordes, les gibets et les échafauds étaient préparés hors du champ de bataille pour le malheureux vaincu. (Muratori, Ann. d'Ital. t. IV. Bianchlni , ISot. in Paul. diac. Zanetti , del regno de Long. t. I. ) VIII. RODOALD. 652. RoDOALD, fils de Rotharis , monta sur le trône après la mort de son père. On lit dans Paul, diacre, qu'il régna cinq ans et six jours ; mais c'est une faute du copiste qui a mis cinq ans au lieu de cinq mois. Une ancienne chronique des Lom- bards , publiée par Muratori ( Rer. Ital. Script., tom. II ) , ne donne effectivement à ce prince que six mois ( commencés) de règne. Il mourut, par conséquent , en 653 au plus tard. Sa mort ne fut point naturelle. Un bourgeois , dont il avait outragé la femme, l'assassina. IX. ARIBERT I. 653. Aribert , ou Aripert , bavarois de nation , fils de Gondoald , frère de la reine Théodelinde, et d'une mère lom- barde, fut substitué à Rodoald dans les premiers mois de l'an 653. Son règne fut d'environ neuf ans. Il mourut l'an 66i , laissant deux fils qui lui succédèrent , et une fille , qui épousa le roi Grimoald. Aribert professait la religion catholique, X. PERTHARIT et GODEBERT. 66 1. Pertharit, ou Bertharit, et Godebert, ou Gonde- BERT, tous deux fils d'Aribert , et princes catholiques, parta- gèrent les états de leur père après sa mort, de manière que le premier fixa sa résidence à Milan , et l'autre à Pavie, Bientôt ils se brouillèrent au sujet des limites de leur partage. Gode- bert, ayant appelé à son secours Grimoald , duc de Bénévent , est assassiné par ce prince. Pertharit, à cette nouvelle , prend la fuite et se retire en Pannonie chez les Abares , laissant Ro- DÉLINDE , sa femme, et son fils Cunibert, encore enfant, à la discrétion de Grimoald , qui se contenta de les envoyer pri- DES ROIS LOMBARDS EN ITALIE. 385 sonnîers à Bénévcnt. Godebert laissa pareillement un fils en bas âge , nommé Ragirabert , que les amis de son père mirent en sûreté. XI. GRIMOALD. 662. Grimoald , maître de Pavie par la mort de Godebert , et de Milan par la fuite de Pertharit, n'eut pas de peine à se faire proclamer roi par la diète des Lombaitls. L'an 6G3 , il fait sommer le khan des Abares de lui livrer Pertharit. Le klian le refuse , craignant de violer les droits de l'hospitalité. Per- tharit, comptant sur la générosité de (irimoald, vient de lui- même se remettre entre ses mains. Il est reçu avec bonté , traité avec magnificence ; mais bientôt devenu suspect , il se sauve, l'an 664, en France, d'où étant revenu en Italie l'an G6.S , à la tête des troupes du roi ( lotaire III , il est en- tièrement défait près d'Asti, et contraint de s'en retourner. L'an 6G6 , le samedi-saint , Grimoald surprend Forlimpopoli , ville de l'empire, qui avait encouru son indignation, livre la place au pillage, et massacre les habitants, sans épargner les ministres de l'autel, occupés alors au baptême des catéchu- mènes. L'an G7 i , ce prince meurt, laissant, d'une première femme, ou plutôt d'une concubine, un (ils, nommé Romoald, qui lui succéda au duché de Bénévent, avec deux filles; et d'une deuxième, un fils en bas âge, nommé Garibald. qu'il nomma son successeur en Lombardie. ( Voy. Grimoald, duc de Bénévent.^ PERTHARIT, rétabli G71. Pertharit, ayant appris la mort de Grimoald , rentre en Italie, chasse Garibald, et remonte sur le trône trois mois après la mort de Grimoald. Alors il se fait renvoyer de Bénévent sa femme, avec son fils Cunibert , qu'il associa, l'an G77, à la royauté. L'an 678 , il reçoit chez lui Wilfrid , archevêque d'Yorck, qui allait à Rome pour se défendre contre ceux qui l'avaient déposé. Les ennemis de "VVilfrid font offrir de grands jnésents à Pertharit pour le retenir et l'empêcher d'aller à Rome. Il en avertit le prélat ; et après lui avoir raconté la générosité dont le klan des Abares avait usé envers lui-même dans sa fuite , il ajouta : Si. les droits de l'hospitalité ont eu tant de poui-oir sur le cœur d'un prince barbare idolâtre, ne dois-je pas , (i plus forte raison , les respecter , moi qui connais et adore le orai Dieu ! Non , pour tous les trésors du monde , Je ne voudrais point perdre mon âme. L'an 686 , Pertharit meurt avant le lo no- vembre , emportant au tombeau les regrets de ses sujets , dont il avait gngné les cœurs par la douceur et la sagesse de son IV. 386 CHRONOLOGIE HISTORIQUE gouvernement. ( Muratori, Ann. d'Ital. , ad an. 688.) C'est ce prince qui a exercé , quoique sans succès , le génie de Cor- neille dans la tragédie qui porte son nom. XII. CUNIBERT. 686. CuNiBERT, fds de Pertharit, après avoir été neuf ans le collègue de son père, devint son successeur l'an 686. Dépouillé, l'an 690, par Alachis, duc de Trente et de Brescia , qui lui de- vait ce second duché, il livre bataille , sur les bords de l'Adda, à cet usurpateur , qui périt dans la mêlée. Cunibert , rétabli dans son royaume , le gouverna paisiblement jusqu'à sa mort arrivée , l'an 700, à Pavie. Paul, diacre , l'appelle Cunctis ama- hilîs pn'nreps, éloge complet en trois mots. Cunibert laissa d'HERMÉLiNDE, sa femmc , fille d'un des rois anglo - saxons ^ un fils qui lui succéda. XIII. LIUTPERT. 700. LiUTPERT, encore enfant, succéda, l'an 700, à Cuni- bert, son père, sous la tutelle d'un soigneur nommé Ansprand. A peine avait-il régné buit mois, qu'il fut dépouillé , l'an 701 , par Pxagimbert , fds du l'oi Godebert , et duc de Turin. XIV. RAGIMBERT. 701. Ragimbert, maître du trône de Lombardîe qu'il avait envahi, le quitta pour descendre au tombeau l'année même de son usurpation. Il eut de sa femme , dont on ignore le nom , deux fds, Aribert, qui lui succéda, et Gombert , qui se retira, l'an 712 , en France, après le malheur de son frère. XV. ARIBERT II. 701. Artbert, fds de Ragimbert, lui succéda sur la fm de 701. L'année suivante, attaqué par Ansprand et Liutport, il fait prisonnier le second, à qui, peu .à près, il ôte la vie, met en fuite l'autre, et fait périr ensuite sa famille, à l'exception de l.iutprand, son second fds, qu'il laisse aller rejoindre son père. L'an 712 , Ansprand rentre en Italie à la tête d'une armée de bavarois. Aribert lui livre une bataille, dont le succès fut d'abord douteux. Se voyant enfin abandonné des siens, il prend la fuite, et se noie dans le Tesin. Ce prince avait de grandes qualités, dont il ternit l'éclat par des traits de cruauté, auxquels il se porta moins par son caractère que par une espèce de nécessité des conjonctures. Ï)ES ROIS LOMBARDS E^- ITALIE. S87 XVI. ANSPRAND. 712. AnSPRAND, bavarois de naissance ou d'origine, suivant la ronjecture de Muratori , proclamé roi de Lombardie l'an 71:1, après la mort d'Aribert II, ne jouit du trône que trois mois, étant mort le 10 ou 11 juin de la même année, à l'âge de cinquante-cinq ans. Avant que de mourir, il eut la satisfaction de voir élire son fils pour lui succéder. XVII. LIUTPRAND. 712. LlUTPRAND, rds d'Ansprand, lui succéda au mois de juin 712. L'an 728, voyant l'Italie prête à se soulever contre l'empe- reur Léon risaurien, à l'occasion de son édit contre les saintes Images, il profite de cette disposition pour faire de nouvelles conquêtes. Kavenne, par où il débute pour faire d'abord un grand coup , lui est livrée par trahison. 11 se rend maître ensuite des villes de la Pentapole, de Bologne^ d'Osimo dans la Marche d'Ancône, et de Fcltri dans le duché de Rome, petite ville avec un château, dont il fit présent à Téglise romaine. M. de Saint- !Marc se trompe , en comprenant dans ce don plusieurs des au- tres places que Liutprand venait de prendre. L'an 729, l'exarque Eutychius, qui s'était retiré chez les Vénitiens, reprend , avec leur secours, Ravenne , Classe et la Pentapole. Liutprand , ins- truit que le pape avait excité les Vénitiens contre lui, se récon- cilie avec l'exarque pour se venger de ce trait qu'il taxait d'in- gratitude. Ils concertent ensemble d'aller faire le siège de Rome après avoir toutefois réduit les ducs de Spolette et de Rénévent, qui affectaient l'indépendance envers le roi des Lombards. Ayant soumis sans peine ces deux rebelles, ils paraissent devant Rome , qui n'était pas en état de leur résister. Le pape vient au- devant d'eux, (îésarme par son éloquence le roi des Lombards, et l'a- mène à l'église du Vatican , où il donne des marques éclatantes d une humilité profonde et d'un sincère repentir. Le pape , à sa prière, lève l'excommunication qu'il avait lancée contre l'exar- ue qui lui en témoigne sa reconnaissance. Tout occupé du soin 'améliorer ses états, Liutprand fait bâtir, vers l'an 734, sur la voie Emilie, à quatre milles de Mouène, une ville qui, ayant dégénéré par le malheur des tems, est aujourd hui le bourg de iMtta Nuova. L'an 740, ce prince, ayant rassemblé ses troupes, se met en marche pour contraindre les Romains à lui remettre Thrasimond, duc de Spolette, qui s'était retiré chez eux après s'être révolté une deuxième fois. Il entre dans le duché de Rome , »ù il prend quatre villes , et menace la capitale. Le pape Gré— :i 388 CHRO>-OI,OGlE HLSTORIQrË goire III implore à cette occasion le secours de Charles Martel, diarles, ami tle Llntprancl, n'offre au pape et aux Romains que sa médiation auprès de ce prince. Ils la rejettent ; et Agalhon , duc de Pérouse pour l'empereur, s'étant mis à la tête des trou- pes de Rome, les mène devant Bologne, pour reprendre cette place , dont Liutprand s'élait rendu maître en 729. L'entreprise échoue; et Grégoire ill, étant mort sur ces entrefaites, les cho- ses changent de face; Liutprand, tléchi par les remontrances de Zacharie, successeur de Grégoire, consent de lui rendre les qua- tre villes qu'il avait prist^ l'année précédente sur le duché de Bome ; il restitue en même tems une grande étendue de terres que Us Lombards avaient enlevées à l'église romaine, et fait la paix pour vingt ans avec le duché de Rome. Mais l'exarchat de jRavenne, n'étant point compris dans ce traité, il fait des prépa- ratifs, l'année suivante, pour s'en emparer, i^e pape, sollicité par l'exarque Eutycliius et par les villes qui étaient menacées, vient trouver à Pavie le roi des Lombards, la veille de Saint- Pierre , et après une conférence de trois jours, réussit à le désar- 3"ncr. L'an 744 1 Liutprand meurt vers le mois de janvier au plus tard , après un règne de trente et un ans et sept mois. Ce Y)rince réunissait presque toutes les vertus civiles, héroïques et chrétiennes; pieux, chaste, vaillant, appliqué à la prière, et Irès-libéral envers les pauvres. Ce fut lui qui, vers l'an 722, retira des mains des Sarrasins, à prix d'argent, le corps de saint Augustin , et le lit transporter de l'île de Sardalgne à Pavie. Liutprand fut le premier des rois, dit M. de Saint-Marc, qui s'a\ isa d'avoir une chapelle domestique. XVIII. HILDECRAISD. 744- HlLDEBRAND, OU HiLPRATfC , associé, !'an 706, à Liut- prand, son oncle, remplit seul le trône après la mort de ce dernier. Il ne régna , suivant Sigebert , que sept mois. La na- lioTi , indignée de ses vices , qu'il avait cachés du vivant de son oncle, le déposa vers le mois d'août 744- (Zanetti, del regno de Longob. t. IL ) XIX. RATCHIS. 744- Ratchis , duc de Frioul , fut élu roi par la même as- semblée qui déposa Hildebrand. Il commença son règne par confirmer, à la prière du pape Zacharie, le traité de paix conclu entre Liutprand et les Romains. L'an 749 ^ sous prétexte de quelques infractions faites à ce traité par les Romains, il va faire le siège de Pérouse, ville du duché de Rome. Le pape, l'étant DES ROIS LOMBARDS EN ITALIE. SSçj venu trouver devant cette place, lui parle si efficacement de la vanité du monde, quil l'engagea à le quitter. Ratchis abdique ia même année, reçoit l'haijit monastique des mains du pape, et se retire au Mont-Cassin. Tasie, sa femme, et Katrude . sa fille, fondent en même tems, près de cette abbaye, le monas- tère de Piombarole , où elles se consacrèrent à la vie religieuse. Katchis , comme on le verra ci-après , s'ennuya du cloître au bout de quelques années , et voulut reprendre son premier état. XX. ASTOLPHE. 749- ASTOLPHE , frère et successeur de Ratchis, commença de régner le i^"^ mars 749 ^ su plus tard. La confirmation qu'il fit des lois de Rotharis et de Liutprand, le i'^'' mars -54, en est la preuve , puisqu'elle est datée en même tems de la cinquième année de son règne. L'an yoa , au mois de juin, il éteignit, par la prise de Ravenne, l'exarchat d'Italie. Non content de celte conquête et de celle delà Pentapole qu'il fit en même tems, il porta ses vues sur le duché de Rome. L'an 754, battu par les troupes de Pépin, roi de France, et ensuite assiégé par ce prince dans Pavie , il promet, avec serment , de rendre Ra- venne avec les autres villes de l'exarchat et de la Pentapole. L'année suivante, il viole son serment, et va mettre le siège devant Rome. Pépin repasse les monts à cette nouvelle. Son arrivée oblige le roi lombard de lever le siège de Rome pour aller se renfermer à Pavie. Pressé par le roi de France , il de- mande la paix, et l'obtient en restituant les villes usurpées sur les Grecs et les Romains. Il en retint cependant encore quel- ques unes. L'an 766, au mois de décembre, Astolphe meurt d'une chute de cheval. De Giseltrude, sa femme, sœur d'An- selme, qu'il avait créé duc de Frioul , il ne laissa que des filles qui se firent religieuses. XXL DIDIER, DERMER ROI des Lombards. '■'■ 756. Didier, duc d'Istrie, si l'on en croit André Dandolo , fut proclamé roi des Lombards le 8 décembre 7-J6, ou peut- être un peu plus tard, malgré les efforts que fit Pialchis pour remonter sur le trône. Il est certain néanmoins que ce dernier resta maître du palais royal jusqu'au mois de mars 707. LIne charte, rapportée par Muralori , prouve aussi qu'il régnait dans une partie de la Toscane au mois de lévrier de la même année. Mais enfin les ordies du pape Etienne Tobligèrent , peu après, de retourner au Mont-Cassin. L'an 770, uidier négocie une triple alliance avec la maison de France, par le m.ariage d'Adal SijO CHRON. HIST. DES ROIS LOMBARDS EK ITALIE, gise, son fils, avec Gisèle , sœur des deux rois ( cette alliance ne s'accomplit pas ), par celui de sa fille Dësidérate avec Char- lemagne , et par celui de Gerberge , son autre fille , avec Car- loman. L'an 772, Didier se brouille avec le pape Adrien, au sujet des villes de Ferrare , de Faënza et de Commacbio , qu'il venait de prendre, et dont il refusait de se dessaisir. Adrien, à l'exemple de ses prédécesseurs , a recours au roi des Français. Charlemagne passe les Alpes et entre en Italie dans l'été de l'an 77-^, après avoir mis en fuite Adalgise , que Didier, son père, dont il el;iit collègue depuis 769, avait envoyé pour lui fermer les gorges du Mont-Cenis , oblige Didier lui même à s'aller renfermer dans Pavie, forme le blocus de cette place au mois d'octobre , desespérant de la prendre d'assaut , et la réduit ])ar famine au mois de mai suivant. Didier, sa femme AlssA et sa fille Desiderate, que Charlemagne, son époux, avait répudiée, Viennent se remettre entre ses mains et sont retenus prisonniers; après quoi il fait son entrée dans Pavie au commencement de juin ; de là il va faire le siège de Vérone défendue par Adalgise. Le prince lombard , sur le point d'être forcé, trouve le moyen de s'évader , et se sauve à Constantinople, où il est favorable- ment accueilli de l'empereur qui l'élève à la dignité de patrice, et change son nom en celui de Théodote. Vérone se rend après sa fuite, et Gerberge, veuve de Carloman , qui s'y était retirée avec ses deux fils, Pépin et Siagre , tombe au pouvoir du vain- queur. Ainsi finit le royaume des Lombards en Italie, où il avait duré l'espace de deux cent six ans. En retournant en France, Charlemagne emmena avec lui Didier et sa femme, <]u'il relégua l'un et l'autre à Liège, d'où le mari fut ensuite transféré au monastère de Corbie dans lequel il acbcva sainte- ]Tîent ses jours. Outre les enfants dont on vient de parler, il eut (le son mariage Adalberge, femme d'Arigise , duc de Eénévent, Anspergc , abbesse de Sainte-Julie de Brescia, et Liulpcîge, qui épousa Tassillon, duc de Bavière. Adalgise retiré à Cons- îantinopie, fit de vains efforts pour recouvrer le royaume de Lombardie. Après avoir échoue dans les soulèvements qu'il excita en Italie parles intelligences qu'il y entretenait, ii s'avisa d'y faire une descente en 788. Mais s'étant avancé dans le pays, il fut pris et mis à mort la même année par les Français. (Bou- quet. ) On voit des Chartes qui ne font commencer le règne de Didier qu'en 707, apparemment parce qu'il ne fut reconnu so- lennellement qu'en celte année, après la dernière retraite de l\atcliis. TABLE DES CONCILES. •«VWWt-VWWlAAVWt A. AcHME (d'), Achaïcum, tora. II, p. :i63. Adena , Adanense , tom. III , p. 207. Adria , Adiiense , tom. II , p. 3o6. Afrique , Africanum ^ tom. II , p. 282 , 291 , tom. III , p. ll^. Agaune, Agaunense , tom. II, p. 3i3-, tom. III, p. Gj. Agde , Agathense , tom. II , p. 3o8. Alri , Airiacense ^ tom. III, p. 87. Aix , en Provence, Aqucnse ^ tom. III , p. 101, Aix-la-Chapelle , A^uisgmnetise, tom. III , p. 35 , 36, 37 , 38, 3;^ , 41 ? 43 , 44 ? 4^? 54 , 56 , 81 , l52. Albans ( Saint ), ad S. Albanum , tom. III, p. i63. Albi , Alhiense , tom. III , p. 180. Albon , Epaonenscj tom. II, p. 3ii. Alcala de Henarès , Cumplutense ^ tom. III, p. 209, 2i3. Alexandrie, Alexandrinum, tom. II, p. 262, 266, 268, 270," 271 , 278 , 280 , 287 , 2y5 , 3o4 , 3o5, tom. III, p. 6, 8, 12 , 66. Altbeim , Altheimense ^ tom. III , p. 72 , 73. Altino , Altinense^ tom. III , p. 34. Anagni , Anagninuvi , tom. IH , p. i5o. Anazarbe , Anazarbir.um , tom. II , p. 296. Ancvre, Ancyranum , tom. II , p. 268, 276. Angers , Andegavense ^ tom. II , p. 3o3 ; tom. III , p. 98 , 10© 190. Angleterre, A ngUcanum on Anglicum, ou Brùannicum , tom. I!I, p. 10, 20,22, 3o , 78, 104, 107, 121. Foyez Londres et Cantorberi. Sga TABLE DES CONCILES. Anse, Ansamim ou Anseiise ^ tom. III, p. 82, 90, io3, ia4, i3o. Antioche , Antiochenum ^ tom. II, p. aGo , 265, 270, 271, 273, 274, 275, 276, 278, 280, 282, 285, 28(1, 294, 2g6, 297 , 299, 3o4 , 3o5 , 3o9, 3io, 317 ; tom. 111 , p. 6li, 144. Apt, Aptense^ tom. 111, p. 214. Aquilée, Aquileiense ^ tom. 11, p. 283; tom. 111, p. 2, 23, 192 , 202 , 222. Aquitaine, tom. 111, p. 92. Arabie, Aiabkum ^ tom. II, p. 263. Aragon, Aragonense ^ tom. III, p. lop. Aranda , Arandense, tom. 111 , p. 237. Arboga , Arhogense^ tome III, p. 217. Arles, Arelatense ^ tom. II , p. 267, 275, 298, 3oi, 3o2, 3o3, 004, 3o5 , 3i3; tom. III , p. 2, 38 , 92, 99 , 160 , 162, 172, 182, 188. Armach , Armachanum ^ tom. III, p. i53. Arménie (petite) , Nicopoliianum^ tom. II , p. 280, Arménie, Armenum , tom. III, p. 212. Arneberg, ArnehorrJiiense ■, tom. III, p. 85. Aschaffenbourg , Aschaffenbuvgense ^ tom. III, p. igS, 229, 236. Asille, Atiilianum , tom. III, p. 70. Astorga, Asturkense ^ tome III, p. 74. Attigni, ylttiniacense^ tom. III , p. 3o, 4o 1 58 , 61. Auch, Aiiscense, ou Aiisdtanum , tom. 111, p. io3, 197, 2o3. Ausbourg, Augustanum ^ tom. 111, p. 75, 96. Autun, Augiistodunense ^ tom. lll , p. 17 , 109, 120. Airxene, Altisslodurense ^ tom. III , p. 7. Avignon, Aveniunense ^ tom. III, p. ii3, i6i , 187, 189, 191, 208 , 209 , 211 , 237. Avranches, Abrincatense , tom. III , p. i53. B. Bacanceld, Bacanceldense ^ tom. III, p. 23. Voy. Becanceld. Eagaïs, Bagaiense ^ tom. II, p. 287. Bàle , Basîlcense ^ lora. III , p. 100, 226. Eamberg , Bambergense , tom. III, p. 87, 96. 148. Barcelonne, i>flmrtone«5g, tom. Il, p. 3i6; tom. III, p. 10, 71, 97, io3. Bari , Barense, tome III, p. 120. Basie (Saint-), Remeiise, tom. III, p. 81. Eazas, Vasatense , lom. lîl , p. i56. TABLE DES CO.XCILES. Sr^H Ficaugencl , Balgenciase , tom. III , p. laG , 148. Eeauvals , Belluoar.ense , tom. III , p. ^y , 10:1 , i36 , i5o, BécancelJ, Becanceldense , tom. 111, p. 35. Voy. Bacanccld. Benévent , Benepsntanum , tom. III, p. gij , 116, ny, 12g, i34 , io5. Tienningflon , Benmngdoncnse . tom. III , p. 5o. Benoît ( Saint-) sur-Loire, Floriacense ^ tom. III , p. 129, Ilorgame , Bergomense ^ tom. III , p. 206. ÎJergamsled , Bergamstedense ^ tom. III , p. 23. îicrni, tom. III , p. 5. Jjéryte, Berytense ^ tom. lî , p. 29g. Désalu (du château de), Bisuldinense , tom. III , p. iio. Bcverlei , Bci'er/acense , tom. III , p. i83. liéziers , Biterrense^ tom. II, p. 276; tom. III, p. 172, lyB, ^^11 \ ^'"^9' ^96, 2.1'^' Bisunti'num , tom. III , p. i3y. I3ithynie , Bithyniense , tom. II , p. 268. Eonœuil, apud Villani Bonoitum ou Bonogisîlum^ tom. III , p. 52. Lorgolio , BorgoUi , tom. III , p. 208. Boulogne ou Bologne, Bononiense , tom. III, p. i85. Lourdeaux ou Bordeaux , Burdigalense , tom. II , p. 284 ; tom. in, p. ly, ii3, 180. lîourges, Bituricense ^ tom. II , p. 3o5 ; tom. III , p. gi , i45 , 167 , 189 , ig3 , 210 , 23o , 234 , 241. Brague , Bracarense , tom. III , p. 3, 4 1 *8. Brème , Bremense , tom. III , p. 186, ig5. Breslaw, Vratislaineiise ^ \om. III, p. 178, 186. Bretagne, Brilannîcum^ ou Armovicanum^ tom. III, p. 48, iil. Brevi, Britannicum^ tom. II , p. 3 12. Urionne, Brwn/iense , tom. III, p. 96. Bristol, Ang/fcanum , tom. III, p. 166. îirixen, Brixinerise , tom. III, p. 11 3. Bude , Budense. tom. III, p. igo, 2o3. J^ursps ^ Biirgense ., tom. III, p. 112, i4i- Eyzacène , Byzacenum ^ tom. II, p. 2g3 , Siy. c. Cab.\rSussi , Caharsussîanum , tom. Il, p. 287.' Calcédoine , Cha/cedoneiise , tom. II, p. 3oi. Calnc , Calnense , tom. III, p. 80. IV. • .5o 2g4 TABLE DES COMCILES. Cambrai , Cameracense , tom. 111 , p, 202 , 2i5. Cantorbeii, Cantuariense^ tom. 111, p. 11, iig, i58, ic)7, 211» Capoue, Capuanum^ tom. 11, p. 28b, tom. 111 , p. ii6, i35. Cappadoce , in Cappadocia , tom. 11, p. 280. Carpentras , Carpentoraclense ^ tom. II, p. 3 1 4. Carrionense ^ tom. 111, p. i4o. Carthage , Cartilagineuse^ tom. II , p. 262, 268, 264, -67 , 270,274, 285, 286, 287, 289,290, 291 ,292, 290, 294, 3o5 , 3i3 , 3i5. Cashel , Cassiliense ^ tom. III, p. i53, 23G. Cavernes de Suze ( des) , Caverneuse , tom. II , p. 287. Celchyt , Calcliutcnse ^ tom. 111 , p. 82 , 09. Ceperano, Cyperanum , tom. 111 , p. i3i. Césarée , Cesareense Palestinum ^ tom. il , p. 261. 270,276, Césène , Cetsenense ^ tom. III , p. gi"). Châlons-sur- Saône, Cabilonense ^ iom. \\ ^ p. 3o4 ; tom. 111, p. 5,9,10, 14, 38 , 45 1 66 , 101 , 104 , io5. Châlons-sur-Marne , Catalauneuse ^ tom. 111, p, 1.09. Charne , Charnense seu Theodosiopolitanum ^ tom. 111, p. 12, 210. Charroux , Carrofense , tom, 111, p. 81, 90, ii3, 157. Chartres, Carnulene ^ tom. III, p. 49 5 i46- Chateau-Gontier , opud , Castruni Gonterii , tom. III, p. 170, 179, 210. Chêne ( du ) , ad Quercum , tom. II , p. 290. Chichester, Giceslrense , tom. III, p. 195. Chypre, Cyprhim , tom. IJ, p. 288. Cilicie , Ci/iriense, tom. II , p. 294. Cirte ou Zerte , Cirlense, tom. Il, p. 2G6, 291. Citta di Fiiuli , Forojuliense , tom. 111 , p. 34- Clarendon , C/ai-endonense , tom. 111 , p. i5i. Clermont, en Auvergne, Arvernense ou C/aromontanum, tom. II, p. 3i5 , 3i8 ; tom. III , p. 7 , 12 1 , i4o. Cllchl , Clippiarcnse y tom. 111, p. 12 , i3 , i5. Cliffe , Clooeshooiense , tom. III , p. 27 , 35 , 36. Coblentz , Confluentinum , tom. Ill , p. 54 , 72 , 87. Cognac, Copriniacense , tom. III, p. 174? 182, 184. Cologne, Coluniense^ tom. H, p. 278; tom. III, p. 32, 57 , 67 , 98, 129, i33, io5, 157 , i58 , 178, i83 , i85 , 191, 202, 2o3, 208 , 216, 225, 236 ,241- Compiègne, Compendiense , tom. 111 , p. 3o , 4o , 4^ , 62 , 63, 64, iiG, i58, 173, 187 , 189, 199, 209. CompostcUe , Compostellanum , tom. Ill, p. 79 , 98 . i32. Constance, Constantiense , tom. III, p. 85, gS, 119, i49) TABLE DES C0NCILE5. OyS Constant! nople , Constantihopolitanum , lom. H , p. 271 , 1177 y 283 , 2.^l^. , 287 , 2f)o y 2g4 , 299 , 3oo , 3o4 , 3o5 , 3o6 , 3 1 o, 3i2,3i5,3i6,3i9; tom. 111 , p. i , 3,7, 12, 14 , 20 , 22 , 23 , 24 , 29 , 32 , 37 , 38 , 09 , i^'ày 45 , 53 , 55 , 58 , 59 , 60 , 66, 71, 72, 73, 75, 78, 90, 97, 102, i3o, 143, 145, 146, 149, i52 , 153, 157 , 16G, 190 , 192 , 19.6 , 211 j 212,, 236. Copenhague, Hafmense y loni. III, p. 225. Cordoue , Cordubense y tom II , p. 274; tom. III, p. 5o» Corinthe , Corinthium ^ tom. Il, p. 261. Coulène , in oilta Colunia , tom. III , p. 46. Coyança, Cuyacense ^ lom. III, p. 96. Creixan, Creîssanxim ^ tom. 111 , p. il^i. Crémieu , Stramiacense -, tom. III , p. 44- Crémone, Cremonense , tom. III , p. 168. Cressl ou Crécl , Christiacum ^ tom. III , p* 18. Crète (île de ) , Crefense y tom. III , p. 17. Ctésiphon , Ctesiphontis , tom. II , p. 294. Cyzicjue, Cyzicenum, tom. II, p. 281. D. Dalmatie , Baîmalicum , tom. IH , p. ïSg. Danemarck, Danicum . tom. III » p. 181. Denis, en France ( Saint- ) , San-Dîonydanum , îom. III, p^ 43 , 83. Dijon, Divionense , tom. III, p. 109, i34, i5g. Diospoîis , Dwspolitanum^ toiTi. II, p. 292. Dingf'lfing, BingoMiig^^nse y tom. Ill, p. 3i, 73. Dortmont , Trtmoniense , tom. III , p. 86. Douzi-lès-Prés , Ditziacense y tom. III, p. 61 y 62» Dublin, Duhlinense^ tom. III, p. 21,3. Duren , Diuiense^ tom. III , p. 3i. E. Ecosse (d'), Scoticumy tome III , p, 168. Egara , Egarense^ tom. lll , p. 11. Egypte, JEgypiiaciim^, iom. Il , p. 276 ; tom. III , p. 5»^ Elne, Elibeiitaniim , tom. li, p. 266. Enham, JEnhamense , tom. 111 , p. 86. Ephèse, Epheslnuruy tom. II , p. 261 , 263, 289 , 295 , 296^, 3oo , 3o5. Erfort, Erpfordiense j tom. 111, p. 73 , io5. OqG table des COKC1LE5. Etarnpes , 5'/dm^^/25^, tom. III. p. 118, iSg, 17-. Excester, Exoiiiense , tome III , p. 194. F. Ferra RE, Ferrarîense tome III, p. 229, Fîmes, apud Sancfain Macram^ tom. III , p, G6 , yS. Finklei, Finchalense , tom III , p. 35. Florence, Florenfinum ^ tom. III , p. 97, 128, 220 , 23o. Fontaneto , apud Fontaiietiim , tom. 111, p. 98. Fonlenal , Tauriacense ^ tom. III, p. 4^. Forcheim, Forcheimense ^ tom. III , p. 68, yi, log. Francfort - sur - le - Mcîn , Francojordiense ou Francofurtcnse ^ tom. III , p. 33 , 5o, 84, 86 , 172. 220 , sSo. Frisingue, Frisingense., tom. III, p. 234- Fritzlar , Fritizlariense , tom. III, p. i35, 177. Galice , Gallarîœ , tom. II , p. 299, Gangrc. Gaiigi-eiise ^Inm. il, p. 271. Gaules ( des ) , GalUcamiin , tom. Il, p. 278 , 278 , 281 , 298 , tom. III , p. 19 , 04. , 59. Gaza , Gazeuse ., tom. II, p. 817. Gcislar , Gc'ilddense (aujourd'hui Geislingen') ^ tom. III , p. 90. Gênes, Gemiejise j tom. III, p. 166 Genlilli, Gentiliaccnse ^ tom. III, p. 3o. Germanie , Germunicum , tom. III , p. 24 , 27 , 88 , 94. Germigni , Germa niciense ^ tom. III , p. 46- Gerstungen, Gerstungcnse -, tom. III, p. ii5. Gévaudan , Gahaiitanuin , tom. III , p. 8. Gilles ( Saint ) Sanclî JEgidii ^ tom. III , p. gS , 161. Gironne, Gcrimdense, tom. II, p. 3ii.; tom. III , p. 102 ^^ 123. Gisors et Trie (entre), tom. III , p. i58. ' Gnesne , Gnesnense , tom. III, p. 84- Goslar , Goslan'ense , tom. Itl , p. 87. Grado (île de) Gradense, tom. III, p. 5, Gran , Stiigoniense , lom. Ill , p. i3i. Gratlei , Grateleanum , tom. III , p. 73. Guastalla, Guasiallense ^ tom. III, p. 128. H. Hall , Hallense, tom. III , p. i54, 207. HaipJjourg, Hammahurgense ^ toini. IIÎ , p- 218^ TABLE DLS CONCILE5. ZqJ Herford, Herfordiense . tom. III, p. i8. liihernie ( d' ) , apud pontem Hihenda , tom. III , p. 184. Hieiaple, Hlerapolituiami , lom. Il, p. 261. Hippone , Hip/joneme , tom. II , p. 1:86 , 287, 294- Hut'sca, O.scense ^ tom, II!, p. 10. Huzillos , Fme/e/ise , tora. III, p. 116. I. ICONE, Icom'ense , tom. II, p. 262, zS2. lllyrie, Illyricum , Illyricianum ^ ou I/lyriense, tom. II, p. 281, 2Q2. , 3 10. Ingclhelm, Inge/heimeme, tom. III, p. Sa, 4i, 4^, 74? 7^> 79? 80. Irlande, Hiliernieiise on Hibernicum ^ tom. III , p. 122, i4^ > Isle ( r ), Inmhnum , tom. IIî , p. 179 , i94' Issoudun , Exulidunense ^ tom. lll, p. 114. Istrie, Istn'iim, tom. III, p. 9. Italie , Italicum , tom. II , p. 284, 290 , tom. III , p. 92. Jacca , Jacetamim ,, tom. ÎII, p. loi. Jérusalem, Jeroso/ymi/anum , tom. II, p. 260, 271 , 274» 288, 292 , 3a3 , 3i2 , 3i6 , tom. III , p. 2 , i3, 3o , 66, 129 , i3f , 144. Jome ( cîbbaye de Saint ) , Lin!;onense ^ tom. III, p. 53. Jonquières, /u72r7/é'mV , tom. III, p. 71- Jouarre ( abbaye de) , Jotrense , tom. JII , p. 14 f. Junque , Juncense ^ tom. H, p. 3;3. K. Kalisch , Caliscidense ^ tom. III , p. 225. L. Lac:ny, Lati'w'arcnse ^ tora. 111, p. 144- Lambèse , Lambesîtanum , tom. II, p. 262. Lambeln, Lam6etheiise , tom. III, p. 120, iGi , i83 , 19:, 210. Lampsaque, Lampmcemim , tom. II, p. 279. Landaff, Lundaoense ^ tom. III, p. 2, 7.3, 7S, 81, 98. ^.angoi, Langesiacum , ou 1 angensiense ^ tom. 111, p. 187, i8j. Sj8 tacle des co: 96 5 i<32. Marano , Maranense , tom. III , p. 8. Marciac , Marciacense , tom. 111 , p. 209, 210. Marzaille, Marzalkiise ^ tom. 111 , p. 79. Mayence , Mogunlinum ou Moguntiacum, tom, III , p, 27 ^ 38 , 42 , 48 , 5o , 53, 54 , 67 , 89, 95 , 96 , 97 , io3, 104 , ii3,ii6, iio, 127,141,149, 167, 172, 174,182, 184, 204, 21 5 , 2.33,2^4. Meaux, Meldcnse y tom. lit, p. 4? > ^^j i'4> 160, 169,170. Médina-del-Campo , Salmanticense , tom. 111, p. 2i5. Melfi , MeJfUanum , tOm. 111, p 99, m6, 124» i4^î *92« jVIélitène, Me/ùinense^ tom. H, p. 276. Mcllifont (au monastère de), Hibernlcum , tom. 111, p. 148. Melun , Melodunense 1 tom. 111, p. 166, 167, 197. Mésopotamie. Dispute célèbre d'Archelaiis, évêque de Caschar^ tom. 11, p. 260. Mérida, Emeritensc , tom. III , p. i6. Merton , Mertoneiise ^ tom. 111, p. 182 , 197. Metz , Melense , tom. 111 , p. 8 , 29 , .S3 , 56 , 60 , 67. Meun sur Loire, Magdiinense ^ tom. Ill , p. 68. Milan, MediuUinense ^ tom. Il, p. 273, 2-4, ^jS , 282, 2S4 , 280 , 3oi ; tom. 111, p. 19 , 86 , i25 , i34 , 194 1 'S^- Milève, Mi/evitaiium , tom. II, p. 289, 292, Montélimar , Montis-Limarii on M ontilieiise , tom. 111, p. 161. Montpellier, Monspeliense , tom. 111, p. i5o, 139 , i63, 167 , 182. Mont-Sainte-Marie, apud Montem Sanctœ Maiiœ , tom, III, P- 79- Mopsuesle , Mopsuesienum , tom. Il , p. 018. Moret , apud Mun'ftum ou Moretum , tom. 111 , p. 5o. Morlai , Marhirense , tom. III, p. 18, Mouzon , Mosomense , tom. 111 , p. 74 , 82 , 167. Muldorf , Mildorfianum , tom. III , p. 178. N. Nantes, Nannetense, tom. III, 16, i38, 1 85, 229. Naplouse, NeapoUtanum , tom. 111, p. i36. 4o> TABLE DES CONCILES. Narbonne , Narôonense , tom. III , p. 8, 33 , y4 » 8i , g3 , cj^ , 98 , 117, 1^2 . 168 , ij'-i , 17') 1 214. Naumbourg, Niiuntburgense ^ tom. III , p. igS. Nazareth, tom. 111 , p. i5o. îs'éelle , JSigel/ense , tom. lil, p. 160. Néocésarée , JS eorœsai pense , tom. II , p. 268 , 276. Nesterfielc) , IS esierjieldense ^ tom. lil , p. sS. Neuf-Marcbë, ujjud Numim Mercatum , lom. III , p. i5o. Neustrie , in Neusina , tom. III , p. 64. Nice, en Thrace, tom. II, p. 277. ÏSicée , JSicœnum , tom. Il , p. 268 ; tom. lîl , p. 32 , 170 , i-g. Nicomédic , IS icomedicnse , tom. Il , p. 279. Nicopoli. Voyez Arménie. Jiicosie , JSicosiense , tom. III, p. 196, 211. Nid, JMdelanum. tom. III , p. 2.3. Nimègue , Noviomagense , tom. III, p 43- 87. Nismes , Nemausense , tom. II, p. 286; tom III, p. 122. Nogaro , Nugaruliense . tom. III , p. i44 ^ '9^ ? 202 , 206. Norshampton, JSorlhamptomense ^ tom. 111, p. i4i , i52, i54, 162 , i85. Northausen , Norihusanum ou JS orthusense ^ tom. III, p. 127. Noyon , Nuoiomense , tom. III , p. 38, 171 , 212. Numidie, m JSiimidi'a, tom. II , p. 274. Nuys , Coloniense ^ tom. III , p. 178. Nymphée, Nymphaense ^ tom. III, p. 171. Nysse, Nyssenum ^ tom. II , p. 281. o. Ode^isÉe. Oihoiiiense, tom. III, p. 17G, Omer (Saint), Audumarense ^ tom. III, p. 128. Oppenheira , apud Oppenheùn , tom. lil , p. 108. Orange , Arausùanum , tom. 11 , p. 297 , 014. Orléans, Aurelianense , tom. 11 , p. Sog , 3i5 , 3i6 , 3i8 ; t. III ^ p. i3, 8g. Osbor (du château d') , Oslon'ense , tom. III , p. loi. Osrhoëne , Osrlioënum ^ tom. II, p. 261. Oviédo, Ovetanum^ tom. III, p. 63, i33. Oxford, Oxoniense, tom. III, p. i5o, 166, 1-5, 2i5, 220. PaDERBORN, Paderbomense , tom. III , p. 3i , 32. Padoue , Patavnnum , tom. III , p. 21 3. Palencia, Palentinum ^ tom, III , p. i32, iSg, 216. TABLE DES CONCILES. 4^1 Palerme, Panormitanum ^ tom. ill, p. :n6. Palestine, Palestinum, tom. II, p. 268. Palith, Paîithense, tom. III, p. 91. VâTineTS^ Apamiense^lova. 111, p. 162. Pampelune, Pampelonense ^ tom. III , p. 90. Paris, Parisiense , tom. II , p. 277 ; tom. 111 , p. 2 , 4 1 1 1 , 4i, 42,47^ 49,51,90,96, 106, 127, 1.39, 146, i57, 159,160, i6i , 162 , i63 , 167 , 168 , 178 , 179, 180 , 181 , 180, 184, 191 , 197 , 199 , 204 , 206 , 208 , 209 , :iI2,2l6, 217, 218 , 219 , 226 , 240. Pavie , Papiense ou Ticinense , tom. III, p. 5o , 62 , 58 , 63 , 68, 83 , 88, 94 , 1 13 , i38 , i5o , 225, Pegna-Fiel , apud Pennam Fidelem ^ tom, III , p. 197. Pergame , Pergamenum , tom. II , p. 261. Perpignan , Perpinîacense , iom. III , p. 21g. Perse , Persicum, tom. II , p. 807 , 317, Big. Perth, Peiihanum , tom. III, p. 160. Péterkau , Peterkaoense , tom. 111, p. 238. Pharense, en Angleterre, tom. III , p. 16. Pliiladelphie , Philadelphiense ^ tom. II, p. 262. Pbilippopolis , en Thrace ; tom. II , p. 273. Tise , Pisanum , tom. 111 , p. i4i 1 220, 238. Pitres, Pistense ^ tom. III, p. 56, 57, 60. Plaisance, Placentinum ^ tom. IIÏ , p. 120, 14 1 • Poitiers , Pictaviense ^ tom. III, p. 8, 84 , 89 , io5 , 106 , 1 10 , 124, 128. Polden , Poldense , tom. III , p. 84. Pont , Ponticum , tom. III , p. 261. Pont-Audemer, ad Pontcm Audomari , tom. 111, p. 186 , 189. Pontion , Poniigonense , tom. III, p. 63. "Port (du ) , de Portu ^ tom. III , p. 67. Portugal, Lusitanîcum , tom. III, p. 169. Prague, Pragense, tom. 111, p. 2i3, 2i5 , 216, 223. Pré ( du prieuré du ) , Pratense , tom. 111 , p. 210. Presbourg, Posom'ense ^ tom. III, p. 2o3. Provins, Prmnnense , tOm. 111, p. 179. Ptolémaïde , Pio/emaïdense , tom. 11 , p. 291. •Pui,.en Wé\sà, Aniciense^ tom. 111, p. 189 , i56. Puze, Puzenscj tom. 11, p. 281. Q- QUEDLIMBOURG , Quîntilibiirgense , tom. Ill , p. ii5, 127 Quentin ( Saint- ) , apud Saint-Quintinum , tora. III , p. 174 , 187. IV. Si 4.02 tABLE DES CONCILES. Quierzl- sur-Oise, Carisiacum ou Carisiacense, tom. III, p. » + 49 , 5i , 52 , 53. R. llATiSBO>'NE , Ratisbonense , tom. III , p. 3i , 33, 34, 73. Ravenne, Ra^'ennatense , ou Ravennense , tom. II, p. 2g3; tom. III , p. 1)2 , 64, 70 , 78 , 83, 87, 1 38 , 179 , 184 , igS, 2o4, 2o5 , 206, 207. RéaJing, Redlngense , tom. III, p. 190. Redon (du monastère de Saint-Sauveur de), Rotonense, t. III,' P- 49- Reims , Rememe , tom. III , p. 1 2 , 38 , 62 , 68 , 70 , 72 , 80 , 82, 87, 94 7 119 7 123, 127, i32, i35 , i4o, 149, i52, 17^1 n)4, 1971 '98, 219. Rennes, Redoncnse , , tom. III, p. 187. Riez, Regiense ^ tom. II , p. 297 ; tom. III, p. ig3. Riga, Rigcnse , tom. III, p. 226. Rimini , ylriniinense ^ tom. II, p. 276. Rockingham , Rockinghamnz , tom. III , p. 11 g. Viorne ^ Ronuinu m ^ tom. Il, p. 261, 262, 2' 3 , 2G4 , 265, 267, 272 , 274 , 275, 276, 279 , 280 , 281 , 2S2 , 284, 285, 281) , 2g5 , 296 , 298 , 299 , 3i)0 , 3o2 , 3o4 , 3o5 , 3o6 , 307, 3o8 , 3i5 ; tom. 111 , p. 9 , 10, 11 , i4 , i5, 17, 19, 23 , 24 , 25 , 27, 3 1 , 35 , 39 , 40,41 , 49 » 5 ' , 55 , 56 , 57 , Sg , 62 , 63 , 64 , 65 , 66 , 69 , 70 , 75 , 76 , 77^ 78 , 79 , 80 , 81, 83, 84, 85, 86, go, 93,94, g5 , 96, g7, g8, gg, 100, ici, io4, loS, 106, 107, .1 10, 1 1 1 , 112, 1 14 ? 1 15, Il 6, 123, 125, 126, 127, 129, 145, 160, 162, 168, 198, 222. Rouen, Rotomagense , tom. 111, p. g5 , gM , 104, io5 , 106^ 122 , i35 , i36 , i38 , i58 , 167, ig6 , 234. Ruffec, Rojffiacense , tom. III, p. 182, 20g. S. Saitstes , Santonense ^ tom. III , p. 3 , 1 13, 117, 122 , igr. Salamanque , Salmanticense ^ tom. 111, p. 204» 210, 21 5, 222. Salisbéri , Salisherieiise , tom. 111, p. i34. Salone , Salonitanum, tom. 111, p. 109. Saltzhourg, Sallzhurgcnse , tom. III ,~ p- 37, i55, 188 , l t^» ig4 , 193 , 2o3 ,211, 2i5 , 224 , 206 , 238. Sangare , Sangarense , tom. H, p. 286. Sarclaigne , in Sardiniâ , tom. Il , p. 3i3. Sardiijue , Sardicense, tom. II, p. 273. TABLE DES CONCILES. 4o3 Saragosse, Cœsar Augustanum, tom. II , p. 288 ; tom. III , p. g, ai , 2.0"]. Saumur, Salmun'ense , tom. III, p. 179, 189, icj5, 2.06 , 211. Saurci , Sauriciacum ., tom. III, p. 8, Savonnièrt , ajjud Saponarias ^ tom. III , p. 53. Schening, Schœningiense , tom. III , p. 178. Schirvan , Schirvunum^ tona. III, p. Sy. Segni , Signiense y tom. 111 , p. i56. Séleucie , Seleuciense^ tom. Il, p. 277, 291 , 3oG , tom, III , P.- ^' Sellngstadt, Salegunstaâiense ^ tom. III, p. 88. Senlis , Sih'anectense ^ tom. III, p. 62, 81, 178, 2o4 , 206 , 207 , 208. Sens , ifc«one«5(? , tom. III , p. 10,48, 94, 14^» ïSg, 175, J79 , 181 , 186 , 190 , 207 , 237. Septimunîcum^ en Afrique , tom. II , p. 293. Séville , Hispalense^ tom. III , p. 9, ii. Side, Sidense y tom. H, p. 286. Sidon , Sidonense ^ tom, II , p. 3io. Sienne , Senense , tom. III , p. 98 , 22S. Slrmich, Sîrmiense ^ tom, II , p. 274 , 276. Siponto , Sîpontinum , tom. III , p. 96. Sis, Sisense ., tom. III, p. 202. Sleswic , Stesi'i'cense , tom. III , p. 100, 166. Soissons , Suessionense , tom. III, p. 27, 5o , 55, 56, 58, 7?, 118, 182, i36, 149» 160, 236. Spalatro, Spalatense , tom. III, p. 61 , 99, io3, 107 , 157. Suffète , Suffefanum , tom. II , p. 3i3. Suffetula, Suffetulense ^ tom. II , p. 298. Sutri , Sutrinum , tom. III , p. 98, 99. Synnade , Synnadense , tom. II , p. 262. Sviie , Syriacmn , tom. III , p. io3. Szabolchs , Szabolchense , tom. III , p. 1 18, T. Taraçona , Turiasonense , tom. III, p. 169. Tarragone , Tanucunense ^ tom II, p. 3o4 , 3io, t. III , p. io5 , 170, 174, 170, 176, 177 , 179, 191 , 190 , 202, 207. Tarse, Tarseiise , t-ia. Il , p. 2c,6 , tom. Ill , p. i54. ïhènes , Tlienesiuin ^ tom. il, p. 21 j3. ïhessalonique , Thessa/uidrensia , tom. Ilî p. i5. Theveste , Th^'estanum ^ tom. H, p. 278. Thevis, T henné use ^ tom. II , g. 016. 4o4 TABLE DES CONCILES. Thionvllle, apud Theodonis Villam, tom. III, p. 4o , 43, 46, «5. Tiben , Tihenense^ tom. II, p. Sig. Tiberi (abbaye de Saint-), apud S. Tiberianum, tom. III, p. 71. Tolède, Tolelanum^ tom. Il , p. 288 , 299, 3i4, tom. 111 . p. 6, 7 , 10, II , 12 , i3, 14, i5, 16, 18, 20, 21 , 22, 23, 33 , 208, 211, 2i3. Tortose , Ueftosanum ^ Xorci.Ml ^ p. 226, Toul , TuUense , tom. II , p. 3i8 , tom. III, p. 53. Toulouse , Tolosaiium , tom, III , p. 98, loo , io3 ,111,117, i35, 139, i5o, 166, 169. Tournus, Trenorchiense ,, tom. III, p. i33. Tours, Tiironense ^ tom. III , p. 3 , 38 , 67 , 96, 97, 100, 122, i5i, 173, 174, ^92, 238. Trente , Trident! num^ tom. III , p. 241. Trêves , Trei>irense , tom. II, p. 280 , tom. III , p. 72 , 74, 92 , l4(> , 1C8, 174 , 204 ,2X1, 225. Tribur , Tn'bun'ense <, tom. III , p. 69, 92, 108, Troja, Trojoniim , tom. III, p. 119, i33 , i38. Troll , Trosîelanum , tom. III , p. 71, 72. Troyes, Trecensc , ou Tricassinum , tom. II , p. 295 , tom. ÎII , p. 59, 64, 126, 128, i3.S. Tuluge, Tuhigiense t tom. 111, p. 94, 102. Turin , Taurinense ^ tom. II, p. 289. Tusdre , Tusdrense , tom. II , p. 292. Tusey , Tusiarense ^ tom. III , p. 55. Tyane , Tyanense , tom. 11, p. 279. Tyr , Tyriense , ou Tyrium , tom. H , p. 27 1 , 299 , 3 1 2. u. Udine , Utinense ^ tom. III , p. 200. Udward , Udwardcnse , tom. 111 , p. 2o3. Utrech*L, Ultrajectcnsc ^ tom. 111 , p. m, 178, 216. V. Vaison, Vaseuse^ tom. II, p. 297, 014. Yalcnce, Valentinum , en Dauphiné , tom. Il , p. 281, 3i4, tom. Jil , p. 6 , 5i , 68, 124, 1(31 , 178. Yalcnco , en Espagne , Valentinum^ tom. II , p. 3i8 ; tome III , p. 170. Yalladolid, apud Vallem Oleti ^ tome III , p. 208, Tannes, Venetense^ tom, 11, p. 3o4. TABLÉ" DES "CONCILES. 4o5 "Venise , Venetum , tom. III. p. 92 , i55. Vern (du château de), Vernense, tom. III, p. 29, 46. Verberie , Vermeriense^ tom. III, p. 27 , 5i , ôy, 60. Verceil, V^ercellense , Xova.. III,, p. 96. Verdun, Virdunense , tom. III, p. 74* Verlam, Verolamense ^ tom. III, p. 33. Véroll, Verulaniim ^\OYa.\\\^ p. i3o. Vérone , Veroncnse , tom. III , p. i56. Vienne, en Autriche, Viennense , tom. III, p. i86. Vienne, en Dauphiné, Fiennense, tome 111 , p. 61, 68, 99, i3i, i35, 169, 2.o5. Vincent ( de l'abbaye de Saint- ) , Laudunense, tom. III , p. 74. w. Westminster , Westmonasterîense ou Londinense , tom. III ^ ç. iSy, 108, 144 , i5r , i53 , 166, 169. Winchester, Vintoniense , tom. III, p. Sa, io3, 108, 142, i43. Windsor ., Vindsorîense, tom. III , p. i3i. Winuwskl , Uniej'oviense , tom. III, p. 21 5. Wurtzbourg, Vurtzeburgense ^ tom. III, p. 112, i4o, 1^2. f 193. Worchester, Wigoiiiîense y tom. III, p. lyS. Worras , IFormatiense ^ tom. III . p. 4^ > 53, Sg, 68 , 94 ? 107, i36,i38, 148. Y. YoRCK, Eboracense j tom. III , p. 169, 214. z. ZÈLE , Zelense , tom. II , p. 278. ZéCugma^ Zeugmafense y tom. Il , p. 296. riN DU QUATRIEME VOLUME. Ko/a. La disposition de l'ouvrage ti' ayant pas permis de prolonger ce volume jusqu'à âco pages , l'Editeur doit pie'venir le Public que les tomes subséquents contiendront en plus l'ecjuivalent des feuilles qui manqueni à celui-ci. Il en sera usé de même dansions les cas sem- blables qu'on n(* pouna éviter. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. A. ÀNTIOCHE ( PATRIARCHES d' ) ; l c. CONSTANTINOPLE (PATRIARCHES DE ) . . . . . . 65 Consuls romains avant J. C , . . i3a E. Empereurs romains. ...:.;.,.. lyi H. Huns ( chefs des ) . ^ . . 353 I. Italie ( rois barbares d' ) 364 Italie (ducs d') 3^1 J. Jérusalem (patriarches de) ...... . 32 L. Lombards en Italie (rois) 378 O. Occident ( empereurs d' ) -247 Orient ( empereurs d' ) . . . . ' . . . . . 263 P. Parthes ( rois arsa<;ides des ) 33o Perses ( rois sassanides des ) i3S I\ Ravenne (exarques de) . , 872 V. Vandales ( rois des ) 35^ DATE DUE .1^ m 9 ■ fl 9 fl GAYLORD PRINTED IN U.E.A, * UC SOUTHERN REGIOMAL IIBRARY FAC'L A 000 598 139 4